22/08/2008

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant »…

Chers amis, bonjour !

L'Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 16, 13-20), pour ce 21ème dimanche du temps ordinaire, nous parle de la révélation de l'identité de Jésus et de l'extraordinaire confession de Simon, fils de Yonas, qui sera fait "premier pilier d'une communauté naissante : l'Eglise de Dieu".
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16
13 Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : «Le Fils de l'homme, qui est-il, d'après ce que disent les hommes ?»
14 Ils répondirent : «Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d'autres, Élie ; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes.»
15 Jésus leur dit : «Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?»
16 Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
17 Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
18 Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle.
19 Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.»
20 Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu'il était le Messie.
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Quelques pistes pour notre méditation :

Cet extrait de l’Evangile selon Saint Matthieu présente, dans sa construction, une structure très simple en cinq étapes, pour la scène que l’évangéliste relate :

v.13-14 : question-réponse sur ce que pensent « les hommes »
(antropoi : humains), c’est-à-dire les gens du peuple, de l’identité de Jésus
v.15-16 : question de Jésus aux disciples
(réduction du champ de l’auditoire ) et confession de foi de Pierre
v.17 : Révélation de son identité (qui vient de Dieu lui-même)
v.18-19 : Mission future confiée à Pierre
v.20 : recommandation du secret absolu

Rappelons-nous : Pendant la vie publique de Jésus Christ, la Palestine compte trois grandes divisions politiques :
1- La Judée et la Samarie avec quelques villes frontières sont administrées par un procurateur romain ;
2- La Galilée et la Pérée appartiennent au tétrarque Hérode Antipas ;
3- La Balanée, la Trachonite, la Gaulonite, l'Iturée, l'Auranitide, dépendent de son frère le tétrarque Philippe.
Les trois provinces de la Judée, de la Samarie et de la Galilée, les plus citées dans le Nouveau Testament, sont celles qu’a arpentées Jésus. Elles étaient l'une au-dessus de l'autre, entre le Jourdain et la mer, la Judée au Sud, la Samarie au centre, la Galilée au nord [Quant à la Pérée, elle comprenait tout le pays compris au-delà du Jourdain, au Sud de la tétrarchie de Philippe].
La région géographique mentionnée dans ce passage est celle de Césarée-de-Philippe (par Philippe, entendons fils d’Hérode le Grand). Située à environ 40 km au nord de la Mer de Galilée et sur la base du Mont Hermon, Césarée-de-Philippe est le lieu de l'une des plus grandes sources qui nourrissent le Jourdain. Véritable point d'attraction pour des centres religieux, cette ville nouvelle construite par ce Philippe abrite de nombreux temples dont l'un d'eux dédié au dieu Pan (mi-homme et mi-bouc, et souvent dépeint jouant de la flûte, il est le dieu de l'“épouvante“, de la “panique“) et aux nymphes. C’est donc en terre païenne que Jésus révèle son identité à tous les hommes.

Jésus interroge ses disciples sur la représentation que la foule se fait de son identité : le peuple le prend pour Jean-le-Baptiste, Jérémie ou Elie. Il n’est pas anodin de noter que référence est faite ici à des prophètes qui ont eu un lien direct avec l’annonce du Messie. Puis, s’adressant au cercle plus restreint (presque intime) de son entourage le plus proche, Jésus pose la même question, mais sur un ton plus direct… la réponse de Pierre l’est tout autant. Ce dernier parle au nom de camarades et en son nom propre aussi : «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !», déclare-t-il. Cette confession est révolutionnaire, elle bouleverse et redéfinit la nature des liens que Jésus entretiendra dorénavant avec ses disciples. Nouvelle identité, nouveau regard et appel à un nouvel engagement. Le fruit est désormais mûr… A cet instant, Jésus sait qu’il peut commencer la formation en profondeur de ses disciples, car il faut bien de telles assises pour comprendre et accepter l’annonce de sa passion et de sa résurrection.

Oui, Pierre va au-delà de la filiation primaire que la foule concède à Jésus : Fils de Dieu, comme les rois d’Israël qui s’étaient attribué ce titre, certes ! Mais Jésus l’est de manière exceptionnelle, il est de même nature que le Père. C’est cela que Pierre confesse, au-delà des barrières de la chair et du sang, sans vraiment en saisir la portée, et c’est la raison pour laquelle Jésus lui répond aussitôt : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux». Il faut être animé par le Saint-Esprit de Dieu pour déclarer une telle vérité fondamentale de la foi. En effet, les disciples ne le comprendront qu’avec l’aide du Saint-Esprit de Dieu, bien plus tard… à la Pentecôte. Porteur de la béatitude de Dieu («Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas»), Simon-le-pécheur devient en plus Simon-le-Rocher, la fondation sur laquelle sera bâtie l’Eglise de Dieu, inébranlable, indestructible, inaltérable par les forces du Mal…

«Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle» : cette parole du Jésus est à la fois créatrice et re-créatrice. En effet, Simon, un disciple, énonce la véritable identité de Jésus, le Messie et le Fils non pas “d’homme“, mais de Dieu, puisqu’il appelle Dieu «son Père». Il a saisi soudain la cohérence de la vie du Maître dans ses paroles et dans ses actes, et les miracles trouvent aussitôt leur justification, leur clé de lecture et la logique de leur compréhension. Alors, Jésus l’appelle «Pierre» (Kifâ). Tout se tient désormais. Mais en outre, Pierre reçoit une mission : constitué pierre angulaire, Jésus lui confie les clés de son Eglise dont il sera désormais l’intendant en chef sur la terre, avec pouvoir d’ouvrir et de fermer, de lier et de délier
[nous retrouvons ici une similitude avec le texte d’Isaïe (Is 22, 19-23)].

Au-delà et à travers Pierre, Jésus nous apelle à devenir nous aussi des pierres angulaires d’une Eglise vivante, de son Eglise. A l’image de Pierre, Jésus nous appelle à faire et re-faire sans cesse le pas de la foi. Comme Pierre, Jésus nous invite à nous laisser enseigner par son Esprit Saint. En nous révélant sa filiation intrinsèque avec Celui qu'il nomme "Père", Jésus nous élève au rang de Fils de Dieu. Voilà pourquoi, dans la prière qu’Il enseignera lui-même, il nous demandera de dire désormais : «Notre Père qui es aux cieux…».

Enfin, Jésus recommande à ses disciples
le secret absolu au sujet de la révélation qu'il vient de leur faire sur son identité. Avouons qu'il leur demande là une mission presque impossible, tellement le secret est énorme. A nous aussi, Jésus demande parfois de garder dans notre for intérieur certaines manifestations de sa miséricorde et de sa grâce en nous et au milieu de nous. Dieu œuvre souvent dans le silence des cœurs. L'humilité de sa présence parmi nous est bien le signe de sa puissance aimante et agissante. Qu'il nous plaise simplement de lui rendre grâce en tout temps et en tout lieu. Laissons donc agir en nous le(s) temps de Dieu… laissons-nous guider dans ses voies, si impénétrables soient-elles, avec ardeur, confiance et foi, à l'exemple de Pierre !


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