07/12/2009

“… et tout homme verra le salut de Dieu“.

Chers amis, bonjour!

L'EVANGILE de ce deuxième dimanche de l'Avent est extrait de Luc 3, 1-6

1 L'an quinze du règne de l'empereur Tibère,
Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode, prince de Galilée,
son frère Philippe, prince du pays d'Iturée et de Traconitide,
Lysanias, prince d'Abilène,
2 les grands prêtres étant Anne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert
à Jean, fils de Zacharie.
3 Il parcourut toute la région du Jourdain ;
il proclamait un baptême de conversion
pour le pardon des péchés,
4 comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe :
A travers le désert, une voix crie :
Préparez le chemin du Seigneur,
aplanissez sa route.
5 Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les routes déformées seront aplaties ;
6 et tout homme verra le salut de Dieu.
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Ce texte est intéressant à plusieurs titres. Nous n’allons pas rentrer dans une exégèse de datation fine du tableau que dresse Luc; mais une chose est sûre: par les repères historiques que l’évangéliste prend la peine d’annoncer dans son préambule, nous notons — et c’est la chose la plus importante — que Jésus est de Galilée et qu’il est bien entré dans la temporalité humaine par sa naissance en un lieu et à un moment précis, et que sa contemporanéité avec ceux-là mêmes qui seront les acteurs de sa passion et de sa mort est posée:
- Ponce Pilate, le fonctionnaire romain qui, plus tard, sera muté pour irresponsabilité;
- Hérode, le tétrarque. fils d’Hérode le Grand. C’est lui qui fera mourir Jean le Baptiste, et c’est devant lui que comparaîtra Jésus. En réalité, il n’est qu’un jouet entre les mains du pouvoir romain ;
- Philippe, l’autre fils d’Hérode le Grand, régent des terres païennes qui s’étendent au nord du Lac de Tibériade;
- Anne et Caïphe, les deux grands prêtres que l’on retrouvera également lors du procès de Jésus.

Tels sont donc les hommes de pouvoir qui pisteront Jésus durant toute sa vie et particulièrement durant son ministère. Convenons-en: il pouvait espérer un meilleur cadre politique, mais telle a été la volonté de son Père de le faire naître en ces temps et en ces lieux.
Puis, Luc fait démarrer son Evangile avec Jean Le Baptiste. Et ce n’est pas anodin: Jean Le Baptiste rappelle et amplifie le ministère de la Parole, la puissance du Verbe. Celui dont il annonce la venue sera le «Verbe fait chair», et «il habitera parmi les hommes», c’est-à-dire dans un pays rongé par des pouvoirs politiques et religieux, morcelé en tribus de toutes origines. Le peuple dans lequel il choisit de naître est en proie au désespoir et à la crise de la foi. Plus que jamais il se demande comment il peut encore être possible de croire aux prédictions et aux oracles des prophètes, comment se sortir de ce pouvoir romain qui met toutes les contrées au pas et les presse comme dans un étau?
Comme dans le texte de Baruch, les expériences de déportation et d’exil sont évoquées, la présence et la fidélité de Dieu aux côtés de son peuple glorifiées: Dieu est puissant et prévenant à l’égard de ceux qui l’accueillent; les arbres poussent dans le désert, les montagnes et les collines sont aplanies, les passages tortueux redressés… La conversion à laquelle exhorte Jean Le Baptiste est bien celle du cœur: les yeux tournés vers le Seigneur, il s’agit de se laisser prendre dans un regard qui renouvelle de l’intérieur.
Mais au-delà du peuple juif dont les expériences sont ici rappelées, il s’agit d’une véritable universalité qui advient avec le Messie: «…et tout homme verra le salut de Dieu.» Un salut décrit comme une libération de tous les hommes par Celui qui vient. Oui, autrefois, c’étaient des cohortes de déportés qui allaient et revenaient d’exil, errant sans repères à travers le désert; aujourd’hui, c’est Dieu lui-même qui vient tracer sa route dans le désert de nos vies individuelles et collectives, avec une différence de taille: désormais, c’est lui qui est le chemin qu’il montre à l’humanité, c’est lui qui dorénavant éclaire notre monde qui vivait dans les ténèbres. Le messie nous introduit dans un monde de lumière et de justice-paix… tel est d’ailleurs entre autres la signification de son nom.

” Que votre amour vous fasse progresser
de plus en plus dans la connaissance vraie
et la parfaite clairvoyance.”

DEUXIEME LECTURE - Philippiens 1, 4-6. 8-11

(du deuxième dimanche de l'Avent)


Frères,

4 chaque fois que je prie pour vous tous,

c'est toujours avec joie,

5 à cause de ce que vous avez fait pour l'Evangile

en communion avec moi,

depuis le premier jour jusqu'à maintenant.

6 Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail,

je suis persuadé qu'il le continuera

jusqu'à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus.

8 Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous

dans la tendresse du Christ Jésus.

9 Et, dans ma prière,

je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus

dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance

10 qui vous feront discerner ce qui est plus important.

Ainsi, dans la droiture,

vous marcherez sans trébucher

vers le jour du Christ ;

11 et vous aurez en plénitude la justice

obtenue grâce à Jésus-Christ

pour la gloire et la louange de Dieu.


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S’il est un caractère que l’on peut lire dans cette lettre de Paul, c’est celui de la joie de l’action de grâce et de la prière. L’Apôtre vient d’être incarcéré pour — soi-disant — trouble à l’ordre public. Notons qu’il devient coutumier du fait, car le pouvoir romain n’apprécie pas trop la ferveur chrétienne des communautés qu’ils fondent à travers tout le pays. Or, c’est donc en prison qu’il décrit cette expression de joie chaque fois qu’il prie pour les chrétiens de Philippes «à cause de ce (qu’ils ont ) fait pour l’Evangile en communion avec (lui), depuis le premier jour jusqu’à maintenant».

Même si les contextes sociopolitiques ne peuvent être comparés point pour point, il est cependant intéressant de noter la similitude de ton entre les deux messages de Baruch et de Paul: le premier prophétise que «… la terre sera aplanie, afin qu'Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu», le second rassure que «dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ; (11) et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus-Christ pour la gloire et la louange de Dieu» ou encore «à la lumière de sa gloire».


Or, à bien regarder les faits, il n’y a pas de grande différences avec ce que nous vivons aujourd’hui au 21e siècle, et ces paroles de Paul sont d’une actualité frappante: des peuples entiers, dans le monde, n’ont pas encore reçu la Parole de Dieu, ou en sont privés. Informations filtrées et contrôlées, voire même censurées, rassemblements strictement encadrés, manifestations vivantes de la foi interdites ou sèchement réprimées… comme chez les israéliens en exil, ou les jeunes communautés chrétiennes depuis Jérusalem en Palestine jusqu’à Rome en Italie. Oui, sous d’autres formes (certes !) le témoignage de sa foi n’est pas toujours chose facile dans notre monde fait de stéréotypes de «modernité». Cela fait ringard d’aller à la messe, cela fait «has been» de se déclarer chrétien, sous prétexte de laïcité dominante. Les chrétiens sont devenus en quelque sorte des Jérémie du monde moderne ; la crainte gagne, de peur d’être l’objet de la risée des collègues, des voisins… Paul insiste sur la force de la prière, celle qui nous fait communier au projet de Dieu pour les hommes, celle qui nous ancre dans cette espérance active nourrie des promesses du Christ lui-même (pensons aux Béatitudes): «Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance (10) qui vous feront discerner ce qui est plus important».

“Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire“

Chers amis, bonjour !


Voici les références bibliques des textes que la liturgie nous propose en ce deuxième dimanche de l’Avent:

Première lecture : Livre de Baruch 5. 1 à 9: “Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice.”

Psaume 125: “Il s’en va, il s’en va en pleurant. Il s’en vient, il s’en vient en chantant“.

Deuxième lecture : Lettre de Saint Paul aux Philippiens 1, 4-6. 8-11:”Que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance.”

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc : 3. 1 à 6: “Tout homme verra le salut de Dieu.”


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• PREMIERE LECTURE - Baruch 5, 1 - 9


1 Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère,

et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours,

2 enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu,

mets sur ta tête le diadème de la gloire de l'Eternel.

3 Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel,

4 car Dieu pour toujours te donnera ces noms :

« Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ».

5 Debout, Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur,

et regarde vers l'Orient :

vois tes enfants rassemblés du Levant au Couchant

par la parole du Dieu Saint ;

ils se réjouissent parce que Dieu se souvient.

6 Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis,

et Dieu te les ramène, portés en triomphe,

comme sur un trône royal.

7 Car Dieu a décidé

que les hautes montagnes

et les collines éternelles seraient abaissées,

et que les vallées seraient comblées :

ainsi la terre sera aplanie,

afin qu'Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu.

8 Sur l'ordre de Dieu,

les forêts et leurs arbres odoriférants

donneront à Israël leur ombrage ;

9 car Dieu conduira Israël dans la joie,

à la lumière de sa gloire,

lui donnant comme escorte

sa miséricorde et sa justice.



Avant toute chose, il serait utile de rappeler brièvement la particularité de ce Livre de Baruch. D’après son introduction, il aurait été écrit par son auteur pendant l’exil à Babylone et envoyé aux communautés de Jérusalem pour être lu dans les assemblées liturgiques. D’où son ton d’encouragement ferme et son rappel des espoirs messianiques. Rapportée dans le chapitre 6 de ce Livre, la «Lettre de Jérémie» — ainsi titrée pour ce qu’elle montre la filiation spirituelle de Baruch au Prophète chantre de l’espérance —est une cinglante condamnation de l’idolâtrie qu’il conclut avec cette parole de sagesse et de foi: «… mieux vaut l’homme juste, qui n’a pas d’idoles; c’est lui qui échappe au déshonneur» (6, 72).

Le texte qui nous est proposé en première lecture de ce deuxième dimanche de l’avent est de contrastes tout fait: une Jérusalem dont les effets du climat politique depuis Nabuchodonosor ne se sont jamais déteints ni améliorés pour le peuple juif subissant, les yeux baissés, les affres des injustices du pouvoir politique étranger. Et pourtant, c’est cette Jérusalem (ville de la paix) qui se déploie sur les hauteurs du pays que Baruch exhorte au sursaut: «Debout, Jérusalem! Tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l'Orient: vois tes enfants rassemblés du Levant au Couchant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient.» Autrement dit: Enfants d’Israël, relevez la tête, ne baissez pas les bras, car Dieu s’est souvenu et a décidé de vous prendre dans sa gloire. Alors, vous tous qui êtes partis au loin, captifs ou exilés, mettez-vous en marche pour converger de partout vers la terre de nos pères, vers le lieu que Dieu s’est choisi; Dieu aplanira le chemin et vous cheminerez en sécurité dans sa gloire.

Une telle exhortation, si vigoureuse et si pleine d’espérance, peut surprendre quand on sait que l’auteur fait référence à des faits qui se sont déroulés il y a bien longtemps. Elle vient même des années après les prophéties d’Isaïe. Et pourtant, c’est là son actualité non seulement pour les juifs de la «diaspora» auxquels elle était adressée en priorité, mais aussi pour nous aujourd’hui. Se relever, c’est ce à quoi nous invitaient les textes de dimanche dernier. Puis, marcher, cheminer sur les routes avec désormais Dieu lui-même en tête du cortège. Le rassemblement des enfants d’Israël indique déjà combien Dieu est au centre d’un projet universel de justice et de paix.

Avec une importance fondamentale de Jérusalem, dont Baruch développe les autre noms messianiques: «Paix-de-la-justice» et «Gloire-de-la-piété-envers-Dieu». Mais Jérusalem, c’est en réalité la ville que Dieu lui-même a choisie comme lieu de ralliement de tous les enfants d’Israël, le lieu qu’il a choisi d’habiter, et c’est là qu’il a ordonné au prophète Gad de demander à David d’y ériger son autel sacré . C’est à Jérusalem que plus tard se jouera le sort de l’humanité… Nous avons ici en écho la prophétie d’Isaïe: «Il arrivera dans l'avenir que la montagne de la Maison du Seigneur sera établie au sommet des montagnes et dominera sur les collines. Toutes les nations y afflueront. Des peuples nombreux se mettront en marche et diront: Venez, montons à la Montagne du Seigneur, à la Maison du Dieu de Jacob...» (Is 2, 2 - 3). Cette vision du peuple libéré n’est pas pur rêve ni pure élucubration mentale. Elle est inscrite dans la chair et dans l’histoire d’un peuple qui a laissé mûrir en son sein, souvent à travers des drames insoupçonnés, cette foi en un Dieu-qui-sauve l’humanité tout entière. C’est en somme ce que nous exprime ce Psaume 125 (126) proposé en méditation:



• PSAUME 125 ( 126 )


1 Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,

nous étions comme en rêve !

2 Alors notre bouche était pleine de rires,

nous poussions des cris de joie.

Alors on disait parmi les nations :

« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »

3 Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :

nous étions en grande fête !

4 Ramène, Seigneur, nos captifs,

comme les torrents au désert.

5 Qui sème dans les larmes

moissonne dans la joie.

6 Il s'en va, il s'en va en pleurant,

il jette la semence ;

il s'en vient, il s'en vient dans la joie,

il rapporte les gerbes.


27/11/2009

"Restez éveillés et priez en tout temps…"

Bonjour !


Il ne faut surtout pas se méprendre sur le style apocalyptique de ce texte de Luc. Au milieu de ces signes de terreur qui accompagneront l’ébranlement des puissances des cieux, c’est bien la re-venue du Fils de l’homme «avec grande puissance et grande gloire» qui est annoncée. C’est la victoire de Dieu à la fin des temps, une victoire définitive sur les forces du Mal. Et, dans ce contexte, Jésus nous recommande non pas une attente passive dans la plus totale irresponsabilité, mais une entrée en prière permanente, en vigilance: «veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure…», dira-t-il par ailleurs.


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EVANGILE de Jésus-Christ selon saint Luc - Chap. 21, 25-28, 34-36


Jésus parlait à ses disciples de sa venue :

25 « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles.

Sur terre, les nations seront affolées

par le fracas de la mer et de la tempête.

26 Les hommes mourront de peur

dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde,

car les puissances des cieux seront ébranlées.

27 Alors on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée,

avec grande puissance et grande gloire.

28 Quand ces événements commenceront,

redressez-vous et relevez la tête,

car votre rédemption approche.

34 Tenez-vous sur vos gardes,

de crainte que votre coeur ne s'alourdisse

dans la débauche, l'ivrognerie et les soucis de la vie,

et que ce jour-là ne tombe sur vous à l'improviste.

35 Comme un filet, il s'abattra sur tous les hommes de la terre.

36 Restez éveillés et priez en tout temps :

ainsi vous serez jugés dignes

d'échapper à tout ce qui doit arriver,

et de paraître debout devant le Fils de l'homme. »

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En effet, ceux qui seront installés dans la prière ne seront pas surpris par tout ce qui surviendra ce jour-là, car l’Esprit-Saint de Dieu leur révèlera le sens des signes précurseurs à la venue du Fils de l’homme: c’est donc dans l’éveil et la prière qu’ils seront jugés «dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver et de paraître debout devant le Fils de l’homme». Notons la position non pas couchée mais debout de ceux qui renaissent en Christ. En envoyant son Fils bien-Aimé dans le monde, Dieu avait comme dessein de redresser, relever ce qui avait été brisé dans le monde, ce qui avait été cassé par le péché… Oui, Dieu nous veut debout et libres, conscient et prêts à l’accueillir pour entrer dans sa gloire. Le voleur ne surprend que celui qui dort ou qui s’éparpille dans l’inessentiel (la débauche, l'ivrognerie…) ou se laisse envahir et accaparer par les soucis de la vie qu’il estime pouvoir dissiper par ses seules forces. Au fond, dans son infinie bonté, Jésus nous «dévoile» et nous «révèle» à la fois un petit coin du tableau final, lors de sa venue dans la gloire. Et, comme dans la barque ballottée par la tempête sur le lac, il avait répondu à ses disciples transis de peur «Pourquoi avez-vous tellement peur? Comment n'avez-vous pas de foi?» (Mc 4, 40) et par la suite apaisé les éléments, ici également Jésus nous livre la clé de la paix et du salut au milieu de cette atmosphère de terreur qu’il décrit: la prière et le partage de son corps et de son sang. C’est par et dans la prière que Dieu se fait présent à nous pour nous écouter et nous apaiser, surtout lorsque nous avons le cœur brisé. Dieu est toujours à nos côtés, dans nos moments de joie et dans nos moments de tempête et de malheur. Mais pour celui qui a les yeux tournés vers lui avec foi et espérance, nulle crainte car il éclaire le chemin et instruit en sagesse. Celui-là pourrait même clamer: «Moi, j’ai mis ma foi dans le Seigneur, avec lui je ne crains rien car il me guide au long des ours, je suis sûr de sa parole». C’est alors que redressé et la tête relevée il sera digne... «de paraître debout devant le Fils de l'homme».

En toute chose, se conduire pour plaire à Dieu…

Bonjour !


La DEUXIEME LECTURE de ce premier dimanche de l'Avent est extraite de la Première Lettre de Saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens, chap. 3, 12 - 4, 2


Frères,

3.

12 que le Seigneur vous donne,

entre vous et à l'égard de tous les hommes,

un amour de plus en plus intense et débordant,

comme celui que nous avons pour vous.

13 Et qu'ainsi il vous établisse fermement

dans une sainteté sans reproche

devant Dieu notre Père,

pour le jour où notre Seigneur Jésus

viendra avec tous les Saints.

4.

1 Pour le reste, vous avez appris de nous

comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ;

et c'est ainsi que vous vous conduisez déjà.

Faites donc de nouveaux progrès,

nous vous en prions, frères,

nous vous le demandons dans le Seigneur Jésus.

2 D'ailleurs, vous savez bien quelles instructions

nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.


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Le texte de Paul que la liturgie nous propose comme deuxième lecture en ce premier dimanche de l’Avent est très ressemblant à celui de Jérémie. Le contexte est tout aussi dangereux et les communautés nouvellement converties ne sont pas toujours bien vues des autorités politiques. Ce jésus dont les Apôtres annoncent la Parole en sillonnant toutes contrées de Palestine et bien au-delà dérange toujours. Pourtant, en dépit des dénonciations, des calomnies et des persécutions brutales, Paul se réjouit des bonnes nouvelles que rapporte de Thessalonique son frère Thimothée. Par l’action de son Esprit-Saint, la foi a germé dans les cœurs de ceux qui s’adonnaient à l’idolâtrie ; il a opéré en eux la conversion vers «le Dieu qui sauve».

Les encouragements de Paul pourraient paraître condescendants. Qu’on ne s’y trompe pas ! Les communautés de Thessalonique sont faites de très jeunes convertis dont les pratique et la morale étaient très à l’opposé du message évangélique. Voilà pourquoi Paul encourage à l’unité, à la solidarité…: «Se conduire pour plaire à Dieu», car c’est ainsi que Dieu les établira fermement «dans une sainteté sans reproche». Le message est clair : l’amour, toujours plus d’amour entre vous, mes frères, pour paraître devant Dieu notre Père, «le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les Saints».

Un Germe naîtra de la lignée de David…

Bonjour !

En ce 29 novembre 2009, nous célébrons le premier dimanche de l’avent. Nous entrons également dans la nouvelle année liturgique (C). Et l'Eglise nous propose les lectures suivantes:


Jr 33,14-16 Annonce du Messie

Ps 24, 4-5. 8-10.14 Vers toi j’élève mon âme

1 Th 3,12 - 4,2 Se préparer pour le jour du Seigneur

Lc 21,25-28.34-36 La venue du Fils de l’Homme


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PREMIERE LECTURE - Jérémie 33, 14 - 16


14 Parole du Seigneur.

Voici venir des jours

où j'accomplirai la promesse de bonheur

que j'ai adressée à la maison d'Israël

et à la maison de Juda :

15 En ces jours-là, en ce temps-là,

je ferai naître chez David un Germe de justice,

et il exercera dans le pays le droit et la justice.

16 En ces jours-là, Juda sera délivré,

Jérusalem habitera en sécurité,

et voici le nom qu'on lui donnera :

« Le Seigneur est notre Justice. »


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En langage commun, on pouvait bien se dire: «qu’il est gonflé, ce Jérémie!». En effet, qu’il nous souvienne que le contexte sociopolitique de sa prophétie est plus que chaotique pour le peuple d’Israël : Temple détruit, nombreux juifs faits prisonniers pour un exil forcé à Babylone, le royaume de Salomon divisé en deux entités antagoniques (la maison d’Israël dans Nord et celle de Judas au Sud autour de Jérusalem)… au point qu’il ne reste en réalité plus rien ni du trône de Jérusalem demeuré vacant ni encore moins de la fameuse dynastie de David… Au-delà de l’intention pédagogique, lorsque Jérémie prévient que ce qu’il va dire est une «Parole du Seigneur», il faut l’entendre comme un appel solennel à l’espérance, à la renaissance, à la foi en la fidélité du Dieu de l’Alliance: «Je ferai naître chez David un Germe de justice»: en langage biblique, cela veut dire que «un nouveau roi, descendant de David, va naître et régner à Jérusalem»… une parole bien difficile à comprendre dans les circonstances ci-dessus mentionnées. Certes ! mais aussi «une promesse de bonheur». De l’arbre de Jessé longtemps desséché, Dieu fera naître Celui qui sera le Roi de justice et de paix, un Roi qui rétablira la sécurité dans Juda et gouvernera par le droit et non l’arbitraire. Alors, Jérusalem redeviendra littéralement «Ville de la paix».

Ce texte de Jérémie est un véritable message d’espérance bien encore d’actualité. En effet, que divisions, de séparations entre peuples, entre nations, entre familles, entre frères ! Et pourtant, c’est lorsque aucun horizon n’est visible ou qu’aucune solution de «réunification» n’est même pensable que la promesse de renaissance nous est faite par Dieu lui-même dans la chaleur invisible mais agissante de sa fidélité. Oui, la Parole de Dieu n’est pas pour du rêve, elle est à écouter, accueillir et tracer dans nos vies pour être ses «témoins». Non pas qu’au sens des apôtres, c’est-à-dire des «martyres» (de sang versé), mais des lampions qui illuminent la nuit de nos vies, une sève qui fasse revivre le figuier géant qu’est notre monde si éloigné de Dieu.

Or cette confiance en Dieu suppose notre humilité à reconnaître nos fautes et nos péchés. Nous n’allons pas à Dieu par nos propres forces. Au contraire, c’est lui qui nous enseigne avec patience et fidélité les chemins qui mènent ou ramènent à lui, lui «le Dieu qui me sauve» : voie, route, chemin, connaissance, humilité, amour et vérité, loi, Alliance… tous ces mots qui jalonnent les 22 versets de ce psaume ont une force libératrice de l’angoisse et de la détresse du peuple d’Israël. Le «Dieu qui sauve» est celui qui parle à son peuple et agit pour son bonheur à travers la loi de liberté qu’il a donnée aux hommes; ce n’est pas un dieu de pierre ou de bois, une idole dont les yeux ne voient, ni les oreilles n’entendent… Se tourner vers le «Dieu qui sauve», tel est le véritable acte de conversion, le chemin véritable de notre salut: «Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme… ceux qui t’espèrent ne seront pas déçus».

C’est en substance le message de ce psaume 24 (25) qui nous est proposé en méditation : une exhortation à l'humilité et à la conversion.



PSAUME 24 (25), 4-5, 8-9, 10-14


4 Seigneur, enseigne-moi tes voies,

fais-moi connaître ta route.

5 Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi

car tu es le Dieu qui me sauve.

8 Il est droit, il est bon, le Seigneur,

Lui qui montre aux pécheurs le chemin.

9 Sa justice dirige les humbles,

Il enseigne aux humbles son chemin.

10 Les voies du Seigneur sont amour et vérité

pour qui veille à son Alliance et à ses lois.

14 Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ;

à ceux-là Il fait connaître son Alliance.

Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur…

Chers amis, bonjour !

Ce dimanche 29 novembre 2009, nous entrons dans le Temps de l’Avent. Conçu d’abord comme un «carême de Noël», l’Avent fut défini et adopté à Rome au 6ème siècle: il fut alors délimité à quatre semaines et devint le Temps de l’attente joyeuse de l’avènement du Seigneur. Depuis, la période de l’Avent ouvre le cycle liturgique annuel. C’est ainsi que, d'un point de vue liturgique, les lectures des dimanches de l’Avent ont revêtu et gardé depuis un caractère propre à chaque dimanche à travers les trois années du cycle (A, B et C): la venue du Seigneur à la fin des temps (premier dimanche) — la figure de Jean Baptiste (deuxième et troisième dimanches) — les évènements qui ont préparé la naissance du Christ (quatrième dimanche). Les lectures de l’Ancien testament portent principalement sur des prophéties autour du Messie et des temps messianiques; c’est la raison pour laquelle la plupart d’entre elles sont extraites du Livre d’Isaïe. Quant aux deuxièmes lectures, elles sont sélectionnées parmi les textes qui développent différents aspects du mystère de l’Avent.

Le mot Avent vient du latin «adventus», c’est-à-dire avènement, ce qui doit arriver. L’attente a toujours été caractéristique de la relation entre Dieu et son peuple, depuis les premiers frémissements de l’alliance avec l’humanité jusqu’à sa venue au milieu des hommes. Tous les moments-clés de l’histoire humaine en sa destinée trouvent leur sens dans cette attente, cette tension dans laquelle Dieu se révèle patiemment aux hommes à travers Israël, ce peuple choisi pour être témoin au milieu des Nations. Et comme toute attente, celle-ci fut emplie de rires et de larmes, de joie et de tristesse. Jusqu’au jour de la naissance du Sauveur… c’est de cette longue préparation que nous faisons mémoire durant ces quatre semaines.
Mais ce temps de l’Avent est propice pour nous éveiller , nous sortir des brumes de nos faux désirs et de nos fausses convictions, nous arracher des griffes de nos convenances et de nos petits conforts matériels… Car il nous faut lire et reconnaître dans les signes qu’il nous prodigue la puissance de son germe ; il nous faut entendre et répondre à l’appel qu’il nous adresse aujourd’hui: se convertir, c’est-à-dire changer de fond en comble, se renouveler dans la générosité et le pardon. L’avent, c’est également le temps de la marche, de la mise en mouvement: «Préparez le chemin du Seigneur; Aplanissez la route, Tout homme verra le salut de Dieu» (Evangile du 2ème dimanche). Il ne s’agit donc pas d’une attente passive. Non ! Dieu sollicite l’effort des hommes, il l’accompagne dans cette espérance d’un monde transformé par la justice et la paix.

«Lève-toi, Jérusalem, tiens-toi sur la hauteur et contemple la joie qui te vient de ton Dieu» (Ba 5, 5)… Temps de pénitence purificatrice et de joie, temps de veilleurs et des artisans de l’aube nouvelle, l’Avent est aussi profondément marial (à partir du 17 décembre). En effet, la venue du Messie est indissociable de l’histoire de cette jeune fille pure qui accueillit le message de l’Ange Gabriel avec une foi inébranlable, en se faisant «servante du Seigneur»: «…qu’il me soit fait selon ta parole». Et elle portera l’enfant béni en son sein jusqu’à cette nuit où elle l’offrit au monde pour qu’il lui rende gloire. Car, dans cette Nouvelle Alliance que Dieu scelle ainsi par sa présence au milieu des hommes dont il assume totalement la condition, tout désormais part du Christ et aboutit à lui. En prenant chair dans le sein de Marie, Dieu glorifie notre corps humain. C’est là le premier acte de salut qui culminera dans la mort et la résurrection du Christ Sauveur. Saint Paul dira à bon escient: «Vous ne vous appartenez pas, vous avez été rachetés pour un prix», sous-entendu au prix du sacrifice de Jésus-Christ; il ajoutera cette exhortation: «Glorifiez donc Dieu dans votre corps» ( 1Cor. 6, 19-20 ).

20/11/2009

"Alors, es-tu roi?": "C'est toi qui dis que je suis roi"…

Bonjour !


L'Evangile de ce dimanche, fête solennelle du Christ-Roi, est extrait de Jean 18, 33b-37


33 Alors Pilate rentra dans son palais,
appela Jésus et lui dit: «Es-tu le roi des Juifs?»

34 Jésus lui demanda: «Dis-tu cela de toi-même,
ou bien parce que d'autres te l'ont dit?

35 Pilate répondit: «Est-ce que je suis Juif, moi ?
Ta nation et les chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu donc fait?»

36 Jésus déclara: «Ma royauté ne vient pas de ce monde ;
si ma royauté venait de ce monde,
j'aurais des gardes qui se seraient battus
pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
Non, ma royauté ne vient pas d'ici.»

37 Pilate lui dit: «Alors, tu es roi?»
Jésus répondit: «C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né,
je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité.
Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix.»


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En lisant cet extrait, on ne peut s’empêcher de dire: comment Jésus, qui à maintes reprises vient d’annoncer sa passion, peut-il continuer à développer un discours aussi décalé des attentes immédiates de ses disciples et, de plus, dans un langage à faire pâlir les plus fidèles d’entre eux? Comment, alors qu’il vient d’être arrêté et conduit devant Pilate, s’emploie-t-il à s’affirmer comme un roi, alors qu’il va être fait prisonnier. Il est plus que vraisemblable que le pouvoir romain avait mis sous surveillance étroite le nazaréen, et qu’il avait connaissance de tous ses actes et de tous ses enseignements. Pilate le sait qui hésite à lui porter une quelconque charge. En langage moderne, on dirait que le dossier de l’accusation est vide: aucun fait probant passible de la moindre condamnation. Mais tout de même, lorsque Jésus rétorque: «C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix», Pilate réalise se sent piqué au vif. «Ma royauté ne vient pas de ce monde…», s’entend-t-il répondre.

En ramenant ces paroles à l’ensemble de son enseignement, la démarche de Jésus est plus qu’explicite; elle est dans la droite ligne de ce qu’il ne cesse de répéter à ses disciples: «…si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit l’esclave de tous. Car le Fils de l’homme est venu non pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mc 10, 42-45). Ce sont ces textes-là que l’Eglise nous a proposés ces derniers dimanches : le royaume dont parle Jésus n’a rien de comparable avec ceux des hommes sur la terre. Il s’origine en Dieu dont il tire sa légitimité, sa vérité, c’est-à-dire son inébranlable fidélité: «Je suis le chemin, la vérité et la vie». Ainsi, quiconque se laisse habiter et instruire par cette vérité-là — et qui donc écoute la voix du Seigneur — appartient à Dieu qui est la Vérité en personne: «Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix.» Cet appel à l’écoute, que les juifs connaissent bien depuis Moïse («Ecoute, Israël…») jusqu’à Jean le Baptiste, a été marqué par Dieu lui-même à l’occasion du baptême de son Fils ou de sa transfiguration sur le mont Thabor: «Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en lui j’ai placé ma confiance… Ecoutez-le!» (Mc 9, 2-10 ou Lc 9, 28-36). Ne lisons-nous pas ailleurs, dans les Evangiles: «Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende»? Mais entendre quoi ? C’est ce que Pilate ne saisit pas. La vérité qu’il veut se faire expliquer n’est pas une chose du discours, elle est Dieu en personne et elle doit nous interpeler en paroles et actions, elle une force qui transforme, une puissance qui renouvelle tout homme qui se laisse toucher par elle.


… je suis celui qui est, qui était et qui vient…

Deuxième lecture: Ap 1, 5-8


05 de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né d'entre les morts, le souverain des rois de la terre. A lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang,

06 qui a fait de nous le royaume et les prêtres de Dieu son Père, à lui gloire et puissance pour les siècles des siècles. Amen.

07 Voici qu'il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront, même ceux qui l'ont transpercé; et, en le voyant, toutes les tribus de la terre se lamenteront. Oui, vraiment! Amen!

08 Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, je suis celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.

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Il est intéressant de souligner que ce extrait débute par ce que l’on pourrait considérer comme la signification du nom de Dieu: «Il est, Il était et Il vient». Comme jadis Moïse en reçut la révélation de Yavhé lui-même sur la Montagne (Ex 3, 14): «Je suis Celui qui suis». Puis, Jean énonce les attributs de Jésus Christ: «Témoin fidèle, le Premier-né d’entre les morts, le Prince des rois de la terre»:


- Christ est la parole efficace, réalisation de la promesse faite à David et dont il est le Témoin dans sa personne et par ses œuvres: «Je concluerai avec vous une alliance éternelle, faite des grâces à David promises. Voici, j’ai fait de toi un témoin pour les peuples, un chef et un maître pour les nations.» (Is 55, 3-4) Cette Nouvelle Alliance (voir Is 59, 21 et 61, 8), Jérémie en a aussi prophétisé la pérennité (Jr 31, 31).

- Par sa résurrection, Christ a été constitué «Premier-né d’entre les morts». C’est Paul qui fait de cet attribut le fondement de sa dogmatique, particulièrement explicitée dans la Lettre aux Colossiens: le Seigneur Jésus-Christ est «l’Image du dieu invisible, Premier-Né de toute créature, car c’est en lui qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Seigneuries, Principautés, Puissances; tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui. Et il est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise: Il est le Principe, Premier-Né d’entre les morts, (il fallait qu’il obtienne en tout la primauté), car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude» (Col 1, 15-19).

- Christ est Prince des rois de la terre car par la destruction de tous ses ennemis dont il fera le marchepied de son trône, il recevra la domination éternelle: «Un nom est inscrit sur son manteau et sur son étendard: Roi des rois et Seigneur des seigneurs» (Ap 19, 16).


Jean (comme Paul) réaffirment cette primauté du Seigneur Jésus-Christ tant dans l’ordre de la création naturelle que dans celui de la re-création surnaturelle, c’est-à-dire de sa résurrection. C’est pourquoi la puissance et la gloire lui sont destinées, et cette glorification s’élève vers lui de toute la création, de tout l’univers, comme l’exalte si bien le Cantique des trois Enfants (Daniel 3). Le Seigneur Dieu est un Roi vêtu de majesté: «Voici qu'il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront, même ceux qui l'ont transpercé; et, en le voyant, toutes les tribus de la terre se lamenteront. Oui, vraiment! Amen». Mais la royauté à laquelle il nous destine en tant que fils de Dieu ne sera effective que si nous transformons nos cœurs de pierre en cœurs de chair… Telle est notre profonde espérance, avec la grâce de son Esprit-Saint.


Ecce homo : « voici l’Homme »…

Chers amis, bonjour !

Ce dimanche, l'Eglise fête la royauté du Fils de l'homme. C'est la solennité du Christ, Roi de l'Univers (instituée par le Pape Pie XI en 1925 par son Encyclique Quas primas du 11/12/1925). A cette occasion, la liturgie dominicale nous propose des textes suivants:

Daniel 7, 13-14 La royauté du Fils de l’Homme

Psaume 92, 1-2.5 Le Seigneur est roi

Apocalypse 1, 5-8 Un peuple de prêtres

Jean 18,33b-37 Je suis roi


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Première lecture : Dn 7, 13-14


13 Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d'homme; il parvint jusqu'au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.

14 Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.


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Regarder et voir… ce dernier mot est employé deux fois. Un Vieillard, c’est-à-dire Dieu, sans que le prophète le nomme précisément, mais on devine de qui il parle. Un Fils d’homme, autrement dit un homme que l’on fit avancer devant le trône de ce Viellard, et qui reçoit de celui-ci domination, gloire et royauté éternelles. Il faut bien noter que ce Fils d’homme ne conquiert ni ne s’approprie rien: tout lui est donné.

Voilà ! En quelques mots, le tableau est dressé par Daniel qui , cependant, précisera plus loin dans vision que ce Fils d’homme qu’il voyait n’était pas en réalité un individu, mais un «peuple des Saints du Très-Haut», c’est-à-dire le peuple d’Israël ou du moins ceux de ses enfants qui étaient restés fidèles au Dieu de l’Alliance en dépit des persécutions (nous sommes vers 165 av. J.-C., sous le règne du tyran Antiochus!). Certes, pour les juifs, cette prophétie de Daniel constitue un encouragement à garder espérance en Yavhé — d’ailleurs, la paix reviendra quelques temps après leur révolte contre ce souverain —, mais elle fut gardée en mémoire par tout le peuple au-delà des situations du moment pour la projeter dans l’attente du Messie, ce Fils d’homme véritable qui rassemblera en un seul corps l’humanité tout entière alors lavée du péché. Lavée eu sens de libérée dans ses yeux, se mains, sa bouche, ses oreilles, son odorat… dans tous ses sens en quelque sorte pour enfin regarder, entendre et voir les signes de la présence du Fils d’homme dans le monde.

Le peuple d’Israël est donc, dans cette vision comme dans d’autres de Daniel et des différents prophètes, le pont, le creuset du projet universel de Dieu pour les hommes. Dieu a un seul dessein: libérer l’humanité tout entière des chaînes du Mal et nous faire participer à la royauté de son sacerdoce: «Peuple de prêtres, peuple de rois, assemblée des saints, peuple de Dieu, chante ton Seigneur»… Qu’il est beau ce refrain composé par le RP Lucien Deiss.

Dans le psaume [Ps 92, 1-2, 5 (a)] qui nous est proposé en méditation, la stabilité et l’éternité du règne du Seigneur sont proclamées avec force. Pour mémoire, ce psaume introduit une très riche collection de neuf psaume célébrant également la royauté du Seigneur: Dieu règne, peuples criez d’allégresse! La royauté dont parle le psalmiste est celle manifestée par les lois qu’il impose au monde physique, et également par la Loi qu’il donne aux hommes. Une Loi qui est justice et amour. Mais, ce psaume qui, faisant référence aux premiers moments de la terre habitée par le vivant et surtout par l’homme que Dieu créa à son image, était récité avec ferveur la veille du sabbat, fut tourné vers l’avenir, dans l’attente d’un Roi-Messie. C’est dans ce sens qu’Isaïe, au moment du Retour d’Exil qui marquera une ère nouvelle, envisagera moins le règne d’un roi terrestre que celui de Yavhé lui-même. Le réveil de Yavhé dans Sion préfigurant sa royauté universelle, c’est-à-dire de Sion jusqu’aux extrémités de la terre: «Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du porteur de bonnes nouvelles qui annonce la paix, qui apporte le bonheur, qui annonce le salut, et qui dit à Sion: “Ton Dieu règne“» (Is 52, 7).


Ps 92, 1-2, 5 (a)


01 Le Seigneur est roi ; il s'est vêtu de magnificence, le Seigneur a revêtu sa force. Et la terre tient bon, inébranlable;

02 dès l'origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es.

05 Tes volontés sont vraiment immuables: la sainteté emplit ta maison, Seigneur, pour la suite des temps.