13/09/2014

Ô Croix, tu nous sauveras…

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Chers amis, bonjour!

En ce jour où nous fêtons la solennité de la Croix Glorieuse, j'ai la joie de partager avec vous cette homélie du RP Joseph YONGOLO, prêtre congolais en mission dans le diocèse de Cayenne en Guyane. en effet, la croix est un objet qui fait partie de notre quotidien. Un objet qui ne revêt pas la même signification chez ceux qui la portent, l'exhibent de manière ostentatoire. Bien sûr, à travers l'histoire cette croix a servi diverses démarches mais globalement punitives. Mais depuis que Jésus a porté cet instrument de torture au sommet duquel il sera suspendu au sommet du Calvaire, la croix a revêtu — en tout cas pour les chrétiens de tous les temps — un sens spirituel complètement nouveau. D'instrument de supplice, elle est devenue symbole de la victoire de la vie sur la mort. Et lorsque aujourd'hui nous nous signons avant toute célébration sacramentelle, avant toute action de notre vie courante, nous renouvelons cette puissance de la vie donnée aux hommes en Jésus Christ, nous réaffirmons notre foi en la promesse d'amour faite aux hommes de toute race, nation ou culture, et nous nous engageons en tant que baptisés à toujours placer nos actes sous la gouverne du Père, du Fils et du Saint Esprit.
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HOMÉLIE POUR LA SOLENNITÉ DE LA CROIX GLORIEUSE
(par le RP Joseph YONGOLO)


Mes amis, chers frères et sœurs,


Les lectures de ce jour nous parlent abondamment de la croix. La croix, cet objet dont nous avons l’habitude, est devenue un signe pour les chrétiens. Cette croix, nous la retrouvons dans nos églises et nos maisons; mais aussi, aux carrefours de nos chemins, ou encore sur les tombes de nos défunts.

Dans bien des cas, elle fait partie des signes que les chrétiens des générations anciennes nous ont légués. Et Pour certaines personnes, la croix est devenue un beau bijou de grande valeur.

Oui, bien sûr la croix est tout cela. Mais cette croix, c’est aussi celle qui marque douloureusement la vie de millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde: je pense à celle qui s’appelle longue maladie, exclusion, souffrance physique ou morale, désespoir pour certains. Les médias nous parlent régulièrement des catastrophes et des accidents spectaculaires, de la violence et des conflits, des guerres…. On nous dit que telle personne a été transportée à l’hôpital, puis on n’en parle plus. Et pourtant, ils sont nombreux ceux et celles qui, à la suite d’un accident, portent une lourde croix dans les Centres de rééducation, et ça dure des mois, voire même,  des années.

Cette croix si douloureuse pour beaucoup, Jésus l’a portée avant nous. En voyant cet instrument de supplice, nous pensons à la souffrance morale, l’accusation injuste, la haine. Les évangiles nous décrivent le mépris des accusateurs, la trahison de Judas, le reniement de Pierre, l’abandon des disciples.


Mais en ce jour, l’évangile de saint Jean nous invite à regarder au-delà. Il nous annonce Jésus élevé sur la croix. Cette élévation n’est pas seulement physique. Ici, c’est de son exaltation et de sa glorification qu’il s’agit. Nous regardons la croix, non pour y voir l’horreur subie par le condamné, mais la glorification du Messie.



Pour nous aider à comprendre cela, l’évangile nous parle d’un événement très connu de l’Ancien Testament. Au cours de leur traversée du désert, les Hébreux se sont, à maintes reprises, révoltés contre Dieu. Or voilà qu’ils se sont trouvés dans une région infestée par des serpents venimeux.

Il y eut de nombreux morts, suite aux morsures de ces bêtes. Alors le peuple pense que la colère de Dieu s’est abattue contre eux, et qu’ils sont punis à cause de leur péché. Ils demandent donc à Moïse d’intervenir en leur faveur auprès de Yahvé. Moïse leur propose de la part de Dieu un geste symbolique : «Faites-vous un serpent de bronze que vous mettrez au bout d’un étendard ; celui qui aura été mordu et qui regardera le serpent de bronze avec foi sera sauvé.»


Entendons-nous bien : Ce n’est pas l’objet qui les sauvait, mais Dieu vers qui ils se tournaient. Ils étaient invités à laisser de côté leur révolte et à renouveler leur confiance en Dieu sauveur et libérateur.

Cet évangile nous rejoint aujourd’hui. Nous sommes tous plus ou moins malades, mordus par le péché, tentés par le serpent de la Genèse qui détourne l’homme de Dieu.

Mais nous pouvons être guéris et sauvés, en nous tournant vers la croix du Christ. Bien sûr, ce n’est pas un geste magique, mais une démarche de foi et de confiance envers le Christ Vainqueur. Désormais, rien ne peut nous séparer de son amour. Avec lui, il n’y a pas de situation sans issue.


Il arrive que, parfois, nous sommes désespérés ; nous n’avons plus la force ni l’envie de prier. C’est alors que nous pouvons nous arrêter, bien simplement devant la croix du Christ, et la regarder en silence. Et nous découvrons alors qu’elle nous rééduque spirituellement. Elle nous renvoie au courage du Christ mourant.

Mais cette contemplation nous révèle aussi notre médiocrité d’enfants gâtés, qui réclament toujours plus à Dieu. Devant le crucifié, le cœur de l’homme apprend à dire oui, là où le pécheur dit non. Notre Dieu n’est pas le comptable d’une facture que nous pourrions lui remettre. Il n’a aucun compte à nous rendre.

Simplement, il nous aime d’un amour passionné, et il veut nous combler bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer. Il attend de nous une réponse libre, accueillante et aimante. Il nous attire à lui, par le rayonnement de son amour. Mais il respecte notre liberté. La décision nous appartient, et personne ne peut la prendre à notre place.

En regardant cette croix, nous apprenons à imiter le Christ. Lui-même nous a aimés jusqu’au don total de sa vie. C’est sur ce chemin du don de soi que nous sommes invités à le suivre jusqu’au bout. C’est à cette condition que nous pourrons prendre part à son exaltation et à sa glorification.

Alors oui, prenons le temps d’accueillir cet amour fou de notre Dieu. Il n’a pas envoyé son Fils pour juger et condamner le monde, mais pour le sauver. Jésus savait ce qu’il y avait dans le cœur de l’homme; et lui seul pouvait juger. Mais on ne juge pas, on ne condamne pas ceux qu’on aime.

Cette découverte nous renvoie à nous-mêmes : pourquoi nous acharner à vouloir condamner ce monde que nous disons pourri ? C’est vrai qu’il y a des pourris dans notre monde. Il y a aussi de la pourriture dans le raisin. Ça n’empêche pas d’en faire du bon vin. C’est ainsi que Dieu fait appel à ce qu’il y a de meilleur en nous.

Quand nous traversons un désert de souffrances, de peurs et de doutes, arrêtons-nous devant croix du Christ. A travers elle, c’est Dieu qui nous fait signe et nous invite à la confiance.


En fêtant la Croix glorieuse, nous fêtons la résurrection de Celui qui y a été suspendu. Cet instrument de torture et d’horreur est devenu L’Arbre de Vie.




Mes amis, chers frères et sœurs,

La solennité qui nous est donnée de célébrer aujourd’hui, me fait penser à une scène plutôt amusante mais pourtant bien éloquente, et profondément significative et édifiante.
Il s’agit d’un Évêque de passage pour une visite pastorale dans une paroisse. Rencontrant les enfants du KT pour une causerie. L’Évêque Posant des questions, demande à l’un enfant assis devant lui, ce que c’est que la foi, selon ce qui lui a été enseigné au catéchisme, et d’après ce que ses parents lui en ont dit. En quoi consiste l’essentiel de la foi, ajoute t-il. Et l’enfant de tracer alors gravement sur lui-même, un beau signe de croix. «C’est tout ?» lui demande l’Évêque. « Et oui, c’est tout ! » répond l’enfant.

En ce jour de la fête de la crois, pensons aussi aux parents ou grands parents qui guident les petite main de leurs enfants et petits enfants pour leur apprendre à faire le signe de croix.

Des signes de croix, il y en a de toutes sortes: grands, petits, machinaux, intériorisés.

Des croix, on en voit aussi de toutes sortes : croix de procession, croix de mission, croix fixées dans nos maisons, croix tracées sur nous même, etc.…

La croix, certains la rejettent. Elle leur fait peur. D’autres tombent dans le dolorisme, et même un excès de vénération qui s »apparente au fétichisme,

Nous devons nous rappeler que la croix n’est rien sans l’amour. La croix n’est rien sans la résurrection et la vie de Dieu donnée.

D’ailleurs à l’origine, cette fête était liée aux solennités de la dédicace de la Basilique de la Résurrection (l’Église du Saint Sépulcre) érigée sur le tombeau même du Christ, le 13 Septembre en 335, à Jérusalem (suite à la découverte de la croix du Christ en 330).


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La croix dit d’abord et avant tout l’Amour de Dieu. Dieu est Amour car :

«Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique». (Jn 3)

Si Jésus a effectivement beaucoup souffert, c’est guidé par son amour pour nous, pour tous les Hommes (pour la multitude).

Jésus est venu sauver tous les Hommes. Jésus signifie Dieu sauve (du péché, du mal, de la mort). Il est venu pour les malades et les pécheurs.

Nous fêtons aujourd’hui l’Amour infini de Dieu, l’Amour parfait, l’Amour total, l’Amour oblatif, qui s’offre, qui se donne pour ceux qu’Il aime.

Guidé par son amour infini, le Christ, qui est Dieu, né de Dieu, se vide (Kénose) de sa divinité pour se faire homme, pleinement homme. (2 Phil)  

Et, devenu l’un de nous, il s’abaisse plus encore, dans une obéissance totale à sa mission d’amour. « Il faut que le fils de l’homme soit crucifié !».

 Et Jésus meurt sur la croix, comme le dernier des hommes. (La croix était le supplice réservé aux criminels et aux esclaves).

Mais tout cela, c’est par amour. – (Dieu a tant aimé…). Le prophète Jérémie appelle cela L’amour fou de Dieu pour son peuple.

Il y a un plan d’amour de Dieu sur le monde qui se réalise et se réalisera malgré le péché des hommes. Y croyons-nous assez ?

Le Mal, le péché, comment les vaincre sans avoir combattu ?

Mais notre confiance, c’est l’amour plus fort ! L’Amour en marche. L’Amour de Dieu l’emportera.

Le chemin pour y parvenir ? – La Foi ! « Tout homme qui croit en Lui obtient par Lui la vie ».

Il nous faut Croire ! Oser croire ! Faire des actes de foi (même imparfaits) qui touchent Dieu.

Risquons-nous dans la Foi ! C’est nous décentrer de nous-mêmes, pour aimer les autres comme Jésus.

Regardons la croix. Passons de longs moments à contempler le mystère d’amour de Jésus, et redisons Lui notre désir d’aimer comme Lui, de ne pas penser à nous, mais à Lui et aux autres, à tous ces « prochains » qu’Il met sur notre route et qu’Il nous invite à aimer … comme Lui !

« Seigneur, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant,
nous te rendons gloire et nous t’offrons notre action de grâce
toujours et en tout lieu, car tu as attaché au bois de la croix
le salut du genre humain, pour que la vie surgisse
à nouveau d’un arbre qui donnait la mort,
et que l’ennemi, victorieux par le bois,
fût lui-même vaincu sur le bois,
par Jésus-Christ, notre Seigneur.
Aussi nous te supplions humblement :
que cette communion au mémorial du Sacrifice
rédempteur nous purifie de nos fautes
et nous donne part à la gloire de la résurrection
de celui qui nous a fait revivre par le bois de sa croix. »

Au Nom Du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, Amen !