28/12/2011

Jésus est le Messie-prophète qu'on attendait, il est le Messie-prêtre, il est le Messie-Roi.


Chers amis, bonjour !
Vous avez été nombreux à regretter la mise entre parenthèses de ma méditation de la Parole de Dieu et des textes bibliques. Après ce temps de silence, c’est avec joie que je reprends cet exercice de spiritualité qui nourrit la vie de tout chrétien. Car en effet, la Parole de Dieu, porteuse de souffle et d’espérance, est bien cette sève qui nourrit la vie du chrétien au quotidien…
Il n’y avait pas meilleure occasion pour renouer avec cet exercice que la fête de Noël pour tous les symboles qu’elle représente dans nos sociétés. La liturgie nous propose d’ailleurs des textes forts qui, aujourd’hui encore, nous parlent de la foi et de l’espérance que vient affermir en nous cet enfant qui vient élever notre humanité jusqu’à Dieu et la réconcilier avec Lui.
Voici les deux textes de méditation et le psaume que la liturgie nous a proposés en ce dimanche 25 décembre 2011 ainsi que l’Évangile de ce jour de solennité, jour de la naissance du Messie. Pour mémoire, Le titre de "Messie", celui qui est "oint" était d'abord attribué, dans la Bible, au roi au moment de son intronisation, après qu'il eut reçu l'onction. Jésus sera considéré comme le "Messie" définitif, envoyé par Dieu, et Dieu lui-même.

PREMIÈRE LECTURE Isaïe 52, 7-10
7 Comme il est beau de voir courir sur les montagnes
le messager qui annonce la paix,
le messager de la bonne nouvelle,
qui annonce le salut,
celui qui vient dire à la cité sainte :
« Il est roi, ton Dieu ! »
8 Ecoutez la voix des guetteurs,
leur appel retentit,
c'est un seul cri de joie ;
ils voient de leurs yeux
le SEIGNEUR qui revient à Sion.
9 Eclatez en cris de joie,
ruines de Jérusalem,
car le SEIGNEUR a consolé son peuple,
il rachète Jérusalem !
10 Le SEIGNEUR a montré la force divine de son bras
aux yeux de toutes les nations.
Et, d'un bout à l'autre de la terre,
elles verront le salut de notre Dieu.

PSAUME 97 (98), 1-6
Chantez au SEIGNEUR un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

2 Le SEIGNEUR a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
3 il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
4 Acclamez le SEIGNEUR, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !

5 Jouez pour le SEIGNEUR sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments;
6 au son de la trompette et du cor 1,
acclamez votre roi, le SEIGNEUR !

DEUXIÈME LECTURE
Commencement de la lettre aux Hébreux 1, 1-6
Souvent, dans le passé,
Dieu a parlé à nos pères par les prophètes
sous des formes fragmentaires et variées;
2 mais, dans les derniers temps,
dans ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par ce Fils
qu'il a établi héritier de toutes choses
et par qui il a créé les mondes.
3 Reflet resplendissant de la gloire du Père,
expression parfaite de son être,
ce Fils qui porte toutes choses par sa parole puissante,
après avoir accompli la purification des péchés,
s'est assis à la droite de la Majesté divine
au plus haut des cieux ;
4 et il est placé bien au-dessus des anges,
car il possède par héritage un nom bien plus grand que les leurs.
5 En effet, Dieu n'a jamais dit à un ange :
« Tu es mon Fils,
aujourd'hui je t'ai engendré. »
Ou bien encore :
« Je serai pour lui un père,
il sera pour moi un fils. »
6 Au contraire, au moment d'introduire le Premier-né
dans le monde à venir,
il dit :
« Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui. »

L’Évangile de ce dimanche est tiré d’un des plus beaux textes qu’il nous soit donné de méditer : le commencement de l'Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (1, 1-18)
Et pour nous aider à le comprendre, j’ai choisi de partager avec vous l’homélie prononcée ce 25 décembre 2011 par le RP Michel Clémencin, prêtre du diocèse de LYON et membre de l’équipe pastorale de SAINT-PRIEST (69).

Il est venu chez les siens,
et les siens ne l'ont pas reçu.
12 Mais tous ceux qui l'ont reçu,
ceux qui croient en son nom,
il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu.
13 Ils ne sont pas nés de la chair et du sang,
ni d'une volonté charnelle, ni d'une volonté d'homme :
ils sont nés de Dieu.
14 Et le Verbe s'est fait chair,
il a habité parmi nous,
et nous avons vu sa gloire,
la gloire qu'il tient de son Père
comme Fils unique,
plein de grâce et de vérité.
15 Jean Baptiste lui rend témoignage en proclamant :
«Voici celui dont j'ai dit :
Lui qui vient derrière moi,
il a pris place devant moi
car avant moi il était.»
16 Tous nous avons eu part à sa plénitude,
nous avons reçu grâce après grâce :
17 après la Loi communiquée par Moïse,
la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
18 Dieu, personne ne l'a jamais vu ;
le Fils unique, qui est dans le sein du Père,
c'est lui qui a conduit à le connaître.


« Je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple ! » Il y a deux mille ans, quand Jésus naît, l’ensemble de la population est croyante. C’est l’ensemble du peuple juif qui attend la réalisation des promesses de tous les prophètes : Dieu n’abandonnera pas son peuple aux désastres d’une vie malheureuse. En ce temps-là, on a des raisons d’avoir peur, mais on espère : les multiples guerres, l’esclavage en Egypte, les déportations à Babylone, les famines et les maladies graves cesseront. Si ce bébé qui naît à Bethléem est vraiment le Messie ! Alors oui, c’est la fête, on est sauvé !
Et nous ce soir, dans une société qui se dit amplement agnostique, avons-nous besoin d’un sauveur ? Sommes-nous en situation de péril ? Beaucoup s’inquiètent…
« Surtout ne pas perdre son emploi – Ne plus être à découvert à la fin du mois – Ne pas perdre le triple A - Choisir le bon candidat aux élections – Ne pas vivre dans l’insécurité et l’angoisse de voisins violents. Et plus douloureux peut-être – ne pas voir son garçon sombrer dans l’alcool ou la drogue – Ne pas voir sa fille tomber dans un réseau mafieux – Ne pas vivre avec son conjoint une séparation qui couve ! » Nous avons tous une liste de peurs, fantasmées ou bien réelles. Un sondage ce matin dans le journal révélait que prés de 80% de nos concitoyens se déclarent pessimistes : nous sommes les champions du monde du pessimisme ! A bien y regarder, nous aussi nous attendons un salut !
Et pourtant, ceux qui voyagent sur la planète entière constatent que nous vivons plutôt mieux que beaucoup d’autres peuples. On songe aux multiples conflits qui brisent le destin de tant d’hommes, femmes et enfants, aux chrétiens ici ou là persécutés, et aux drames qui, comme en Syrie, relèguent l’humanité en de nouvelles barbaries ! Chez nous, il y a bien sûr l’angoisse de ceux qui sont au chômage, la souffrance de ceux qui sont malades, ou qui se débattent dans des drames familiaux complexes, mais nos magasins regorgent de biens, nos solidarités sont fortes, nos régimes, de gauche ou de droite, nous assurent une démocratie que bien des peuples nous envient.
Alors, qu’est-ce qui nous manque ? Quel est le plus grand péril qui nous guette ? A n’en pas douter, c’est le souffle spirituel de l’amour que nous tenons trop à distance de nos cœurs, de nos communes, de nos églises…
L’incarnation de Dieu sur terre, c’est Dieu lui-même qui, par Jésus, vient nous dire que l’essentiel de nos vies, c’est d’aimer ! Ce n’est pas le capitalisme, ni l’hédonisme qui doivent dominer nos vies, mais l’art d’aimer et d’être aimé. Dieu vient partager notre humanité pour nous apprendre ce qu’aimer veut dire. Dieu, qui nous a créés à son image, veut pour notre monde le bonheur et la paix, la justice et la joie, la tendresse et la bonté. Ce bébé vulnérable, dans une étable inconnue, deviendra cet homme libérateur et audacieux, qui nous apporte les clefs de la vie, salut pour tous les exclus, espérance pour tous ceux qui souffrent.
Nous ne sommes plus écrasés par la fatalité, mais nous sommes élevés par Jésus, jusqu’à Dieu. Avec Noël, nous devenons les partenaires de Dieu.
Noël ainsi nous fait lever les yeux, redresser la tête, marcher avec plus d’assurance. Que le doute alors, ne domine pas sur la foi ! Souvenez-vous : Jean-Baptiste qui est le dernier prophète, va lui-même douter. Il s’inquiète : Ce Jésus qui traîne avec les collecteurs d’impôts, qui pardonne aux prostituées, qui guérit l’esclave d’un occupant romain… Ce Jésus surprend, alors qu’on attendait un Messie puissant comme un monarque, riche et guerrier. Jean-Baptiste lui fera demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir ou bien devons-nous en attendre un autre ? » Jésus fera cette réponse : « Allez dire à Jean ce que vous constatez : les aveugles voient, les lépreux sont guéris, la Bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, le Royaume de Dieu est déjà parmi vous ! » Jésus vient nous donner les clefs du Royaume : « Vous avez en vous le « feu » de l’Esprit Saint, Esprit d’Amour. Il vous aidera à discerner entre les ténèbres et la lumière, entre vos aveuglements mortifères et ce qui conduit à une vie saine, entre le mensonge qui détruit et la vérité qui apaise. Il suffit d’aimer ! Non pas dans l’égoïsme, la séduction, la manipulation, la possession… mais dans le don de soi et le pardon ! « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
J’entends le mot d’un de mes anciens élèves qui traverse un divorce compliqué : « Ah bien sûr, vous les cathos, c’est le pays des bisounours ! Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Non ! La vie n’est pas un long fleuve tranquille ! »
Sa douleur est réelle. Comment l’inviter à ne pas jeter l’espérance avec ses problèmes ? Les chrétiens ne sont pas des naïfs, mais ils ont repéré dans la Parole du Christ un chemin qui réconcilie l’immanence et la transcendance, la foi et la raison, le rêve et le concret. En ce soir de Noël, faites trois cadeaux majeurs à votre cœur : la Foi, l’Espérance et la Charité ! C’est cela le Salut !
1 – Faites à votre cœur le cadeau d’un panneau photovoltaïque : Il nous faut capter l’amour du Christ. Si Dieu est le soleil, le Christ en est les rayons et l’Esprit est cette chaleur d’Amour qui en résulte. (Ephrem de Nisibe au 4° siècle) Il nous faut davantage connaître le Christ, et le prier. Réellement et pas seulement avec le regard soupçonneux des médias ou des sceptiques ; pas seulement le doux Jésus de notre première communion, mais le Christ libérateur de toutes les oppressions, le Christ audacieux pour dénoncer l’injustice et briser les cercles de violence. Il y aura pour nous tous et jusqu’à la fin, une part de doute. Mais la foi est décisive, car elle nous porte vers ce qui est possible, vers ce qui est ouvert. Victor Hugo disait : « L’utopie c’est la vérité de demain ». Noël apporte sans doute une part de rêve. Ne tuons pas les rêves. Ils sont importants. « I have a dream », « J’ai fait un rêve », disait Luther King ! Ce rêve de justice et de dignité pour ses frères de couleur se réalise. Il avait la foi !
2 – Faites à votre cœur le cadeau d’une boussole. Cette boussole de l’espérance vous orientera toujours du côté de Dieu, de son amour, de sa vérité. Dans vos nuits humaines, vos dépressions ou vos échecs, contemplez le Christ et invoquez l’Esprit Saint : il vous donnera la sûreté du jugement devant les défis du monde. Vous garderez le cap sur l’essentiel, sans vous égarer vers les séductions trop illusoires d’une société marchande, sans vous laisser endormir par un « prêt-à-penser médiatique » désespérant de fatuité et de vacuité. C’est par la prière, la méditation, la communion avec vos frères et sœurs en humanité, que vous garderez l’espérance : cette petite flamme en nous qui refuse de mourir, parce que c’est l’étincelle de vie et d’amour qui nous vient de Dieu et soutient nos vies.
3 – Faites à votre coeur le cadeau d’un ringard. Oui, ça surprend ! Vous pensez à ce qui est obsolète, archaïque et dépassé … bien sûr ! c’est le sens commun du mot ; mais le premier sens du mot ringard (vous irez vérifier dans votre dictionnaire), c’est un tisonnier, un bâton de fer pour attiser le feu. Non seulement le christianisme n’est pas démodé, mais il reste le feu qui couve dans les braises quand on croit que l’amour est mort. Jésus nous demande de ne pas éteindre la braise qui fume encore, mais la remuer pour que renaisse la flamme et rayonne sa lumière.
3 ou 4% de pratiquants, alors qu’il y a encore en France 50 % de baptisés… il y a un problème ! Où sont donc les chrétiens, dans ce monde qui jette aux oubliettes la spiritualité, la religion, la communion ? Tout de même, on peut aujourd’hui traîner le Christ dans la boue, pour ne pas dire plus, et les chrétiens se taisent et se cachent. Remuez les cendres de vos cœurs ! Tenez-vous debout pour exprimer vos convictions, partout où vous êtes, sans ostentation bien sûr, mais sans complexe non plus. Un laïcisme affligeant tente d’imposer cette régression du vivant qui consiste à reléguer toute expression religieuse et spirituelle dans la « sphère du privé ». Comme si nos cœurs et nos esprits pouvaient réduire ou dissimuler les sources qui les animent et les rendent heureux !
Quand Dieu s’incarne, il ne va pas dans la seule sphère du privé ! Bien sûr chacun est libre de le reconnaître ou de le refuser, mais Jésus parle au milieu de tout le monde, son ministère est public. Et le nôtre ? Oh ! bien entendu il ne s’agit pas de pavoiser, ni de multiplier des démonstrations extérieures qui blesseraient la laïcité chère à notre pays, ou qui mettrait mal à l’aise les incroyants ou les gens d’autres religions. Bien sûr que non. Mais simplement, partout où il y a des chrétiens, qu’ils soient capables de répondre de leur foi, de ne pas rougir de leur baptême et surtout de contribuer à la vérité, à la construction de la justice et de la paix. Les extrémistes et intégristes de toutes les religions, y compris les laïcistes, sont très minoritaires. On entend trop peu les agnostiques et les croyants de toutes les religions, capables partout de respect, de compassion et de fraternité.
Le Christianisme n’a pas dit son dernier mot, car le Christ reste pour beaucoup la Lumière qui vient en ce monde disperser nos ténèbres et éclairer nos chemins. Si nous voulons que le monde aille mieux, il faut aimer davantage, comme le Christ, dans le don et le pardon : c’est là le salut du monde. On se sent alors capable de ne plus regarder simplement ce qui nous manque, mais ce qui est possible ! Non pas ce qui nous effraie, mais ce qui nous apaise. Non pas seulement ce qui nous fait peur, mais ce qui nous donne de l’espoir.
Si Noël reste une fête populaire, ce n’est pas seulement pour la gigantesque entreprise marchande qu’elle met en route, mais parce qu’elle réveille en nous la part spirituelle de nos vies, trop souvent en sommeil. Empruntons avec les bergers et les mages les chemins sûrs et joyeux de la Foi, de l’Espérance et de la Charité !
P. Michel CLÉMENCIN – St Priest - 24 décembre 2011.