27/11/2008

Etre veilleur et éveilleur dans une attente active…
car le Seigneur viendra comme un “voleur“ !

Bonjour !
Nous entrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent, celui de l’attente de la venue du Seigneur : Noël approche, le compte à rebours a commencé. Dans quelques temps, les rues des villes s’illumineront de milles couleurs. Noël sera bientôt en réclame et en rayons dans les super-marchés pour donner de la fébrilité et du rêve. Oui, c’est souvent de la sorte que l’on oublie que Noël est avant tout un rendez-vous : celui de la rencontre de Dieu avec l’humanité. Le temps de l’Avent que nous commençons aujourd’hui en même temps que le début de l’année liturgique nous prépare à la venue du Seigneur. Dieu appelle chacun de nous, ainsi que son peuple tout entier à l’évènement fondateur du salut de tous les hommes. L'Evangile de ce dimanche est extrait de saint Marc (Mc 13, 33-37) :
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13

33i Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
34 Il en est comme d'un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
35 Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.
36 Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis.
37 Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »
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«Veillez, car vous ne savez pas quand viendra le Maître de la Maison… Veillez et priez dans l’attente du Seigneur…»

Dieu vient, il va venir chez nous et se faire l’un de nous pour que, à notre tour, nous allions vers lui. Voilà la Bonne Nouvelle à accueillir et à partager. Dans notre monde où l’on cherche à réduire les temps d’attente pour gagner du temps, la Parole de Dieu nous invite, en ce premier dimanche de l’Avent, à entrer dans une attente constructive, celle qui forme, qui prépare, une attente qui est un appel à veiller.
Bien souvent, nous tombons dans les pièges que nous distillent nos sociétés à doses homéopathiques: information foisonnante et ambigüe, publicité abondante et agressives pour succomber aux faux bonheurs de la consommation, drogues de toutes sortes qui endorment les consciences ou les appâtent pour un confort dérisoire et passager… il n’est pas jusqu’à notre imaginaire qui ne soit atteint par cette folie matérialiste qui nous sèvre du goût de l’invisible, de l’au-delà de ce monde et de nous-mêmes. Face à toutes ces quêtes de bonheur où l’homme se trouve décentré et écartelé, l’Eglise nous annonce que seule la quête et l’attente de Dieu peuvent faire naître et grandir en nous le vrai désir, le désir du Vrai. Car cette attente-là est le chemin où notre propre désir rencontre l’appel de Dieu.
Il ne nous a pas échappé que l’Evangile de ce dimanche est court, très court même. Pourtant, par quatre fois, dans ces quelques versets seulement, Marc emploie le verbe «veiller». Ainsi donc, si l’Avent est le temps de l’attente, il est aussi le temps des veilleurs: nous attendons celui qui vient. Naturellement, il est déjà venu il y a 2000 ans prendre chair dans notre monde, partager notre condition d’homme et notre histoire. Mais il vient encore chaque jour dans nos vies, et il viendra à la fin des temps au Jour du Jugement. Maintenant encore Christ de cesse de frapper à nos portes parce qu’il veut habiter chez nous, en nous; il veut vivre avec nous une communion toujours plus parfaite en nous communiquant sa propre vie divine.
Alors, dans l’attente de sa venue, veillons ! Accueillons ce temps de l’Avent comme le premier cadeau de Noël. Veillons, même si parfois ou même souvent nous nous sentons impuissants face aux multiples courants qui nous tourmentent et nous emportent «ailleurs» que vers Dieu. Notre monde est à l’heure de choix fondamentaux pour son devenir. Il ne s’agit pas, par exemple, de simples rafistolages convenus pour une crise financière qui oublient les hommes et des femmes derrière des formules mathématiques et des montages froids. Non ! il s’agit de véritables choix de vie et de destinée individuelle et collective pour maintenant et pour l’au-delà. Seule la Parole de Dieu peut nous y aider. A temps et à contre-temps, annonçons celui qui vient et que nous attendons. Oui, notre attente est fructueuse parce que porteuse de vie et d’espérance. Celui que nous attendons est à la fois grand et petit, il est Roi et serviteur. Alors, soyons veilleurs et éveilleurs au cœur de notre monde à faire revivre d’un Esprit nouveau.

24/11/2008

Nos plus grandes richesses : celles de la Parole,
et toutes celles de la connaisance de Dieu…

Bonjour !
La seconde lecture de ce dimanche 30 novembre 2008 est extraite de la Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1Co 1, 3-9).

1
03i Frères, que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.
04 Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu'il vous a donnée dans le Christ Jésus ;
05 en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu.
06 Car le témoignage rendu au Christ s'est implanté solidement parmi vous.
07 Ainsi, aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ.
08 C'est lui qui vous fera tenir solidement jusqu'au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ.
09 Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.
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Il est de coutume pour l’Apôtre Paul de commencer ses adresses et salutations aux membres des communautés qu’il rencontrait par une prière d’action de grâces. Au tout début de nos messes, cette adresse est reprise par le célébrant comme pour nous signifier que l’instant eucharistique est un moment privilégié au cours duquel la communauté chrétienne en ce lieu rassemblée est en communion parfaite avec celui dont elle fait revivre le mémorial de la cène (certes!), mais surtout celui dont elle est le signe manifeste de sa présence réelle: «La grâce de Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous!» … et nous répondons à chaque fois : «Et avec votre esprit!».
Car en effet, dans cette adresse, est concentrée la quintessence du credo paulilien: en Jésus -hrist, mort et ressuscité pour nous, Dieu nous a comblés de ses nombreuses grâces («toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu») et rendus dignes de partager sa gloire; telle est notre foi dans l’attente du Jour de sa Révélation. Les expressions sont variées qui désignent ce moment: “Jour du Christ“, “le (ce) Jour“, “ce jour-là“, “le Jour du fils de l’Homme“, “le Jour de Dieu“, “le Jour de la visite“, “le grand Jour“, “le dernier Jour“… Toutes ces expressions désignent l’accomplissement, dans l’ère eschatologique inaugurée par le Christ, de ce “Jour de Yavhé“ annoncé par les prophètes, et réalisée en partie avec la première venue du Christ (son incarnation, sa vie au milieu des siens, sa mort et sa résurrection puis son ascension dans le ciel. Cette étape ultime de l’histoire du salut sera achevée avec le retour glorieux du Christ. D’où l’insistance de la part de saint Paul auprès des membres des jeunes communautés chrétiennes de se tenir prêts et de se préparer en conséquence. Dans cette attente, nous ne sommes pas seuls et nous ne pouvons la vivre tout seuls : Christ nous a envoyé son Esprit Saint qui habite en nous et fait de nous des temples de Dieu.

Seigneur, fais-nous vivre et invoquer ton nom !

Bonjour !
Il est préférable de lire ce psaume en entier pour en saisir à la fois le rythme et le message. Invocation du Dieu puissant et misécordieux pour un peuple souvent infidèle et peu confiant, il crie l'espérance intarissable qui naît de la connaissance de ce Dieu qui pardonne et qui aime toujours.

Psaume (79, 2.3bc, 15-16a, 18-19)

02 Berger d'Israël, écoute,
toi qui conduis Joseph, ton troupeau :
resplendis au-dessus des Kéroubim,
3b Réveille ta vaillance
3c et viens nous sauver.

15 [R / ] Dieu de l'univers reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
16a celle qu'a plantée ta main puissante,

18 Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l'homme qui te doit sa force.
19 Jamais plus nous n'irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
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Ce psaume est en réalité une prière pour la restauration d’Israël dans sa globalité, c’est-à-dire aussi bien Israël du Nord (dévasté par les Assyiriens) que Juda après le sac de Jérusalem par les armées du cynique roi Nabuchodonosor. La restauration invoquée ici induit la réunification du Royaume dans es limites géographiques naturelles, «jusqu’à la mer et du côté du Fleuve» (v. 12). Il est intéressant de noter que le psalmiste impute la situation désastreuse que vie le peuple d’Israël à son éloignement de Yavhé. Se séparer de Yavhé ou même s’éloigner de lui est donc la cause de toute errance, parce qu’on se retire soi-même de l’ombre de ses ailes protectrices. Vers Dieu dont il pense qu’il s’est retiré de la scène humaine, vers celui dont il n’aperçoit plus la face, le psalmiste lance un cri de détresse et d’espérance à la fois: «Dieu de l'univers reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois: visite cette vigne, protège-la, celle qu'a plantée ta main puissante…».
Et puis, il y a cette image de la vigne, symbole d’Israël et de la joie nourrie par le vin qu’elle produit. Mais aussi cette vigne à laquelle le Christ, par son incarnation, s’identifiera comme cette plante vivante au cœur de l’humanité et de son Eglise: «Je suis le vrai cep et mon Père est le vigneron » (Jn 15, 1 et sq). Nous savons également qu’il fera du «fruit de cette vigne» l’Eucharistie de la nouvelle Alliance. Rappelons-nous les paroles du célébrant au moment des offrandes pendant la messe: «Tu es béni, Dieu de l'univers, Toi qui nous donnes ce pain et ce vin, fruits du travail des hommes; nous te les présentons pour qu'ils deviennent le corps et le sang de l'alliance nouvelle»… Lui le cep, la vraie vigne ne décevra pas l’attente divine.

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• Note complémentaire

Notons également l’usage par le psalmiste de divers mots et expressions pour dire une pensée précise : il parle d’Israël (c’est-à-dire le peuple élu dans son ensemble) puis de Joseph (c’est-à-dire le Royaume du Nord, dont Ephraïm et Manassé sont les tribus dominantes) — Dans la représentation juive, l’Arche de l’alliance était placé au-dessus des chérubins et des autres puissances célestes, comme lieu du trône de Dieu — «Dieu des armées»: ce terme désignant celui qui commande les armées des anges et des étoiles et qui assigne sa place à toute chose dans l’univers, qui le contrôle, le régit et donc peut sévir toute “effraction“ à l’ordre par lui établi (voir aussi dans le Ps 24, 10) — Israël, le fils que Dieu a rendu fort (“Israël est mon fils, mon premier-né“ – Ex 4, 22) par la puissance de la main droite de Dieu: étonnante association des mots fils et droite qui rappelle la signification même du nom de Benjamin, à savoir “Fils de ma droite“ (voir Gn 35, 18). — “Le Fils de l’homme“: ici, cette expression désigne Israël, Ben adam, tiré de la terre et du milieu des hommes. — «Invoquer le nom de Dieu» est en soi un gage de salut; le psalmiste l’invoque et même le convoque dans la vie d’Israël qui l’appelle par son nom de chef : “Eternel, Dieu des armées“.

Seigneur, nous sommes tous l'ouvrage de tes mains…

Bonjour !
La première lecture de ce dimanche 30 novembre 2008 est un texte d'Isaïe. En le replaçant dans le corps d’ensemble dont il est extrait, nous pouvons mieux en saisir le message. Tout d’abord, rappelons qu’il fait partie d’un grand psaume du prophète, que l’on peut situer entre la fin de l’exil et le début du retour. Il évoque donc naturellement le passé d’Israël, il chante et vante la réconciliation de Yavhé avec «les tribus qui lui appartiennent», parmi lesquelles «le peuple de la tribu de Jacob, sa part d’héritage» (Dt 32, 9), et il implore sa venue pour reconstruire la Ville sainte et le Temple. Ce psaume est présenté en deux temps qui, par un effet de miroir, se renvoient l’un à l’autre: la première partie (16b-17.19b) expose le désespoir et les supplications, et la seconde partie (64, 2b-7) l’action salvatrice du Seigneur.
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Livre d'Isaïe (Is 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7)


63
16b Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur :
tel est ton nom depuis toujours.
17 Pourquoi Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin,
pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ?
Reviens,
pour l'amour de tes serviteurs
et des tribus qui t'appartiennent.
19b Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais,
les montagnes fondraient devant toi.

64

2b Voici que tu es descendu,
et les montagnes ont fondu devant ta face.
03 Jamais on ne l'a entendu ni appris,
personne n'a vu un autre dieu que toi
agir ainsi envers l'homme qui espère en lui.
04 Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie
et qui se souvient de toi en suivant ton chemin.
Tu étais irrité par notre obstination dans le péché,
et pourtant nous serons sauvés.
05 Nous étions tous semblables à des hommes souillés,
et toutes nos belles actions
étaient comme des vêtements salis.
Nous étions tous desséchés comme des feuilles,
et nos crimes, comme le vent, nous emportaient.
06 Personne n'invoquait ton nom,
nul ne se réveillait pour recourir à toi.
Car tu nous avais caché ton visage,
tu nous avais laissés au pouvoir de nos péchés.
07 Pourtant, Seigneur, tu es notre Père.
Nous sommes l'argile, et tu es le potier :
nous sommes tous l'ouvrage de tes mains.
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Il est intéressant de noter que déjà Isaïe révèle l’identité du Seigneur: le Rédempteur, c'est-à-dire Celui qui non seulement sort vainqueur de la mort pour lui-même, mais aussi Celui qui arrache l’humanité entière des griffes de la mort et du néant.
La fin de l’Exil est certes un moment de délivrance, mais l’avenir immédiat est encore flou et imperceptible pour un peuple d’autant plus impatient qu’il souffre de diverses calamités naturelles ou d’inévitables tensions communautaires. Le Seigneur est appelé à l’aide parce qu’il est le seul capable de donner confiance, de redonner vie. Le verset 19b est très expressif de cette impatience: «Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi»… une complainte pleine d’espérance, et qui rappelle les élans d’âme du psaume 144 ou la première vision du «combat eschatologique» de Jean dans son Apocalypse (19, 11): «Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle “Fidèle“ et “Vrai“, il juge et fait la guerre avec justice.» [le blanc étant la couleur symbole de la victoire]

Dans la seconde partie, le prophète révèle la diversité des œuvres du Seigneur à l’avantage de son peuple, justement comme pour combler ses prières et ses espérances. On y retrouve des élans du Te Deum royal (le psaume 18, 8) : le déchainement des éléments cosmiques que le Seigneur maîtrise par sa puissance. «Qu’il vienne, notre Dieu, et ne se taise plus», clame le psalmiste dans le psaume 50. Oui, malgré ses «impuretés» (64, 5) [pour toutes les règles relatives au “pur“ et à “l’impur“, lire le Lévitique, 11 et sq], son ingratitude et ses crimes, Yavhé est toujours resté un Père pour son peuple dont il a modelé l’histoire telle une argile dans les mains d’un potier (image qui renvoie à l’acte créateur de Dieu au jour de la création de l’homme).

19/11/2008

Le Royaume en héritage
pour “les bénis de mon Père…“

Bonjour !
Nous fêtons en ce dimanche la solennité du Christ, Roi de l'univers. L'Evangile de ce jour est extrait de saint Matthieu (Mt 25, 31-46). L’année liturgique s’achève aujourd’hui avec cette belle fête du Christ Roi de l’univers. A cette occasion, l’Eglise nous propose non pas l’image d’un Christ triomphant et encore moins le récit d’une manifestation éblouissante du Fils de Dieu, une sorte de feu d’artifice, mais un texte qui dépeint pour nous une grande fresque du Jugement dernier. Jésus y apparaît comme le Roi de l’humanité, siégeant au ciel à la droite de Dieu le Père et séparant les brebis des chèvres.
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25

31i Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siègera sur son trône de gloire.
32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres :
33 il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : 'Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.
35 Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ;
36 j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !'
37 Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ?
38 tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ?
39 tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?'
40 Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.'
41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : 'Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges.
42 Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ;
43 j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.'
44 Alors ils répondront, eux aussi : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?'
45 Il leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.'
46 Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.»
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Quelques repères pour notre méditation

«Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait…»

Le Seigneur Jésus nous a quittés pour siéger à la droite de son Père. C’est cette réalité que l’Eglise célèbre déjà à travers la fête de l’Ascencion. Certes, celui qui nous a quittés règne au ciel, mais il reste présent au milieu de nous, auprès de nous dans le prochain, cette sœur et ce frère que nous côtoyons, qui a besoin de nous et que nous devons considérer et servir comme un roi. Tous les domaines que je dois à un roi, je dois les rendre à celui qui frappe à ma porte, celui qui a faim, qui est nu, qui est étranger ou en prison. Car Dieu non seulement se reconnaît dans ces «pauvres», mais il lui-même le premier Pauvre. Car monde lui est hostile, le méprise, le néglige ou l’ignore; on peut même se jouer de lui, fermer les yeux et passer à côté, tout près de lui sans (pour ne pas) le voir. Pourtant, il crie vers nous pour attirer notre attention, car Dieu n’est pas comme les puissants de ce monde qui, eux, demandent ou obligent d’être obéis ou servis. Ce que Dieu sollicite auprès de nous, c’est notre amour. Un amour calculé en vue d’une récompense ou d’une reconnaissance, mais un amour gratuit.
Les justes de la parabole ne savaient pas qu’ils servaient et aimaient Jésus en servant et aimant leur prochain dans le besoin. Ils l’ont fait sans aucune arrière pensée ; ils l’ont fait comme mus, poussés par une nécessité, une obligation intérieure: signe de la vraie compassion. Le Christ-Roi règne en lavant les pieds de ses disciples, en ayant été pris de pitié pour les foules sans berger, pour les malades, les affamés, les endeuillés et les laissés-pour-compte de son temps, toutes ces femmes, tous ces hommes et tous ces enfants… Le Christ-roi règne du haut de la Croix, dans la soif, avec un grand cri de douleur et une parole d’espoir.
Ainsi Jésus nous enseigne-t-il que, dans notre prochain le plus misérable, nous rencontrons déjà notre roi, notre juge. En tous cas, le jugement est en cours et notre destin se joue dès maintenant, dans nos mains ouvertes ou fermées, nos mains tendues ou repliées pour l’accueil, le partage ou le rejet. Alors, posons-nous chaque fois la question: «chaque fois que j’agis, suis-je du côté des bénis ou des maudits?». Tout dépend de la réponse à la question que le Christ lui-même nous pose: «Que fais-tu de ton frère?».
Un Père de l’Eglise rapporte pour nous ce mot de Jésus (qui n’est pas dans l’Evangile): «Tu as vu ton frère, tu as vu Dieu». En fin de compte, nous serons bien jugés sur l’amour de Dieu et du prochain. Voilà pour nous la clé du Royaume; elle nous est confiée jusqu’à la fin des temps. A nous donc de la saisir et de jouer dès maintenant la mélodie de cet amour simple mais exigeant dans tout ce qui constitue la trame du quotidien de notre vie, pour nous entendre dire au soir de notre vie: «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde…».

18/11/2008

C'est dans le Christ
que tous ceux qui seront à lui revivront…

Bonjour !
La seconde lecture de ce dimanche du Christ, Roi de l'univers est extraite de la Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1Co 15, 20-26.28)

15
20i Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité.
21 Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection.
22 En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ; c'est dans le Christ que tous revivront,
23 mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra.
24 Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal.
25 C'est lui en effet qui doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis.
26 Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort,
28 Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.
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Quelques pistes pour notre méditation

Avec cet extrait de la Première lettre aux Corinthiens, saint Paul nous donne le cœur et le fondement de sa foi et de son enseignement : la mort et la résurrection du Christ, et l’attente de sa venue pour nous prendre dans la gloire. Comme les autres apôtres, l’avorton (comme aime s’appeler Paul) a été témoin de la résurrection du Christ, c’est-à-dire de la preuve décisive de la résurrection générale à venir, dont l’Ancien Testament contenait déjà le pressentiment et l’espérance. La résurrection est donc le fondement de notre foi chrétienne en ce qu'elle justifie les deux moments de l'Alliance (l'ancienne et la nouvelle); et Paul ne se trompe pas en y fondant son enseignement : elle est prémices des morts qui ressusciteront à leur tour, à la suite (et par la puissance) du Christ. Et l’Apôtre n’en démord pas dans son enseignement auprès de toutes les communautés qu’il évangélise :

- «Et si l’esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous» (Rm 8, 11) – idem en Rm 5, 12.
- «Et il (le Christ) est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise : Il est le Principe, Premier-Né d’entre les morts, car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par son sang» (Col 1, 18-20): Christ est premier-né et premier ressuscité car il est le «principe dans l’ordre du salut» au cœur de l’univers “rempli“ de la présence créatrice de Dieu. Pour Paul, l’incarnation et la résurrection du Christ a placé sa nature humaine à la tête de l’univers créé, désormais intéressé au salut comme il avait été affecté par le péché. Réconciliation universelle, donc, à travers un seul homme, le Christ Jésus.
- «Puisque, nous le croyons, Jésus est mort puis est ressuscité, de même ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les amènera avec lui» (1 Th 4, 14).

Avec le Seigneur, je ne crains rien…

Bonjour !
Nous connaissons tous ce merveilleux psaume pour ce qu’il affirme : Dieu nous fait paître et, de ce fait, nous conduit. Rappelant d’abord les bienfaits consolateurs du présent, il expose ensuite ceux à venir.
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Psaume (22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

01 Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
2a Sur des prés d'herbe fraîche,
2b il me fait reposer.

2c Il me mène vers les eaux tranquilles
03 et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.

04 Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

05 Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

06 Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
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Le psalmiste montre d’abord la suffisance de la promesse divine, son abondance (« …Je ne manque de rien») et l’effet de sa sollicitude (« …Il y refait mon âme ») dans des prés d’herbe fraîche. Ceci renvoie à d’autres messages de ce Pasteur dans les Evangiles: «Moi je suis le Bon Pasteur» (Jn 10, 11), ou encore : «Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit ; n’êtes-vous pas beaucoup plus qu’eux?» (Mt 6, 26). Si donc Dieu pourvoit à tout ce qui relève de notre vie ou survie matérielle et immédiate (la manne, le miel du Rocher, l’eau fraîche… dans le désert), le texte nous invite en réalité à nous lever et nous élever pour rechercher les autres pâturages où doivent paître nos âmes (les enseignements sacrés des Ecritures et des réalités spirituelles, car la Parole divine instruit et affermit), vers les eaux de la vie nouvelle, l’eau de la sagesse et du baptême [«Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures et je vous purifierai de toutes vos idoles» (Ez 36, 25)].
Le verset 4 parle compare le Seigneur à un chef et un protecteur. L’«ombre de la mort» évoque la tribulation présente, car cette, proximité du corps, est le signe des ténèbres obscures de nos péchés. Dieu est houlette, c’est-à-dire «direction du chemin», et bâton, c’est-à-dire soutien. (le fameux «sceptre de droiture» dont il est fait mention dans le Ps 44, v 7). Et c’est justement dans le cadre cette abondance et de cette discipline autant que du soutien du Seigneur, que celui-ci nous dresse une table et nous invite au festin.
Il n’est pas totalement faux de renvoyer cette image de la table à la triple table dont il est question dans les Ecritures:
- la table de l’ancienne Loi,
- la table du Nouveau Testament,
- la table du Royaume.
La table du Royaume fait partie des bienfaits consolateurs du futur, lorsque «j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours» (v 6). Par sa miséricorde, la grâce et le bonheur seront le lot de ceux qui se rapprochent de Dieu, qui se convertissent. Car la récompense sera grande dans les cieux quant à la participation plénière aux dons divins et au bénéfices de la "fruition" de Dieu lui-même dans son Eglise sur terre, dans la Patrie, c'est-à-dire son Royaume (cf saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, IIIa, q.8, a 3). Le psaume 26 (verset 4) exaltera encore davantage cette grâce ultime de ceux qui sont conviés à la table eucharistique et qui trouveront leur bonheur dans la maison de Dieu: «J’ai demandé une seule chose au Seigneur, je la rechercherai : c’est d’habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie».

17/11/2008

Gloire au Christ, Seigneur et Roi de l'univers…

Bonjour !
En ce dimanche 23 novembre 2008, nous fêtons le Christ, Roi de l'univers. Cette grande festivité marque en même temps la fin de l'année liturgique. A cette occasion, l'Eglise nous propose des textes qui rappellent la mission pastorale du Christ ainsi que l'appel qui nous est fait à vivre l'amour qu'Il nous a enseigné et qu'Il a lui-même pratiqué jusqu'à donner sa vie sur la croix en rémission de nos péchés. Oui, plus que jamais, aimer le prochain — et surtout les plus petits et les plus faibles d'entre nos frères — dans l'attente de la venue de notre Maître au "Dernier Jour".
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Livre d'Ezékiel (Ez 34, 11-12.15-17)


34
11i Parole du Seigneur Dieu : Maintenant, j’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles.
12 Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d'obscurité.
15 C'est moi qui ferai paître mon troupeau, et c'est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur Dieu.
16 La brebis perdue, je la chercherai ; l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice.
17 Et toi, mon troupeau, déclare le Seigneur Dieu, apprends que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs.»
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Dans l’annonce de la théophanie, Isaïe parle ainsi du Seigneur qui vient avec puissance: «Tel un berger qui fait paître son troupeau, recueille dans son bras les agneaux, les met sur sa poitrine, conduit au repos les brebis mères» (Is 40, 11). Cette prévenance du Seigneur, Moïse l’avait déjà décrite dans son cantique (Dt 32, 11): «Tel un vautour qui veille sur son nid, plane au-dessus de ses petits, il déploie ses ailes et le (son peuple) prend, il le soutient sur son pennage». Le Psaume 17 sera une belle hymne à la toute puissance du Seigneur et à sa sollicitude pour sa part d’héritage, les fils de la tribu de Jacob. Plus tard, Luc, dans l’épisode de “La brebis perdue(15, 4) , puis Matthieu dans ce que l’on nomme “Le discours ecclésiastique“ (Mt, 18, 12-14) réaffirmeront l’un des traits essentiels de caractère messianique du Christ : il est venu «sauver ce qui était perdu». L’épisode du Jugement dernier consacre cette puissance du Christ lors de son dernier avènement, c’est-à-dire à la fin du monde. A ce moment-là, Christ, Roi-Messie, fera passer les élus de son Royaume à celui de son Père.
Ramener la brebis égarée, soigner celle qui est blessée, redonner force à celle qui est faible, faire paître celle qui est grasse avec justice… plus que de simples formules, le prophète révèle là un Dieu qui jugera les hommes non pas sur leurs œuvres exceptionnelles, mais sur les œuvres de miséricorde, à l’image de cette miséricorde qu’il témoignent envers chacune de ses brebis.

12/11/2008

Dieu moissonne là où il n'a pas semé…
il récompense le serviteur bon et fidèle !

Bonjour !
Très beau texte que cet extrait de l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 14-30) en ce 33ème dimanche du Temps ordinaire: Dieu nous fait confiance sans aucune distinction de classe sociale, de niveau de culture, de sexe ou de race… Il est Don total, il est Don parfait. Et c'est justement pour cette raison qu'il nous engage dans sa puissance d'amour pour partager avec nos frères les talents que nous avons reçus par grâce.
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25
14i Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
15 A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
16 Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres.
17 De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.
18 Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.
19 Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes.
20 Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : 'Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. —
21 Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.'
22 Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. —
23 Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.'
24 Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain.
25 J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient.'
26 Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu.
27 Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts.
28 Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.
29 Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a.
30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !'
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Quelques points de repère pour notre méditation

«Celui qui a recevra encore et il sera dans l’abondance. Mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a…». Elle est surprenante voire même choquante la logique de cette parabole. On peut comprendre que les auditeurs de Jésus en soient scandalisés. «Quelle injustice !», pouvaient-ils penser. Car en effet, à première vue, comment peut-on accepter que le Maître soit si dur envers le troisième serviteur qui lui a remis son dû, tel qu’il le lui avait confié ? On pourrait alors être amené à donner raison à l’adage populaire qui dit: « on ne prête qu’aux riche…!». Les pauvres seraient-ils donc condamnés à rester pauvres sur toute la ligne? Mais est-ce ainsi qu’il faut comprendre et interpréter le récit de l’Evangile ci-dessus?
Ces paraboles, si provocantes soient-elles veulent en réalité attirer notre attention et nous forcer à déchiffrer le vrai message que Jésus veut nous livrer; un message caché à décoder, à décrypter… Nous y apprenons que dans le Royaume des Cieux où nous sommes tous appelés, tout est donné, personne n’a un capital qu’il n’ait reçu: une immense fortune qui ne nous appartient pas, elle nous a seulement été confiée. Cette inestimable fortune, c’est la vie. Tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons (biens matériels et biens spirituels) sont un don de Dieu: nous n’en sommes que les gérants. Un jour, il nous faudra en rendre compte à Celui qui nous les a confiés. Dieu nous a fait don de la vie, il nous a donné un monde à construire et tant d’autres cadeaux connus et inconnus qui sont des talents à ne pas laisser en jachère, mais au contraire à fructifier. Sans oublier la richesse de l’Evangile qui nous a été laissée en héritage. Tout cela, nous aurons à en rendre compte.
Il est vrai que certains ont été moins gâtés que d’autres . Mais, quelle que soient la qualité et la quantité des talents que le Seigneur nous a confiés, sachons que nous devons en tenir compte, chacun selon ce qu’il a reçu. Notre devoir est non seulement de fructifier, mais aussi de partager avec les autres ce que nous avons reçu. Dès l’origine, à la création, l’homme avait déjà reçu cette consigne: «soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, soumettez-la…» (Gn 1, 28). Ainsi donc, quelle que soit la fortune de l’homme, rien ne lui appartient, tout est à Dieu. A notre mort, nous n’emportons rien dans notre tombe, nous laissons tout ici-bas; c’est pourquoi, plutôt que de nous agripper à nos richesses éphémères dont nous devons user avec détachement, nous sommes exhortés à les mettre au service des autres, avec amour. Et l’amour, c’est le plus beau des cadeaux que Dieu nous ait faits. Un amour que nous avons reçu à la mesure de notre cœur; un amour rayonnant qui doit nous habiter et que nous devons partager et (re)distribuer autour de nous pour qu’il soit encore plus beau, plus grand, plus fort, et qu’il puisse ainsi porter en abondance de bons fruits à l’exemple du premier et du deuxième serviteur qui, aussitôt le talent reçu, se sont mis immédiatement à la tâche. En eux, la confiance et l’amour se sont accrus à la mesure de ce qu’ils avaient reçu. Ils ont réussi à doubler la mise.
Le dernier serviteur lui n’a pas fait fructifier son talent. Crispé et reclus dans sa peur et dans ses préjugés, il a enfoui l’argent de son Maître sous terre, comme on enterre les morts. Dans son cœur, pas de place à la confiance et à l’amour. Frileux, méfiant, il a rapporté au Maître son dû: «Seigneur, je le sais, tu es un homme dur qui moissonne là où il n’a pas semé, et qui ramasse là où il n’a pas répandu le grain. J’ai eu peut et j’ai enterré ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient ». Cette fermeture à la confiance et à l’amour le condamne. Aussi le Maître le juge-t-il avec dureté, selon ses propres mots. La richesse qui lui avait été offerte lui est ôtée. Il se voit jeté dans les ténèbres, au pays des pleurs et des grincements de dents; un pays sans amour et sans vie, un pays où Dieu est absent.
Cette parabole nous interpelle donc à plus d’un titre. Malheur à nous si nous ne mettons pas à profit les immenses trésors visibles et invisibles que Dieu nous a donnés et dont il continue de nous combler dans son Eglise et à travers sa Parole, Bonne Nouvelle. Pour nous, de même, la sanction sera terrible et le malheur absolu. Aujourd’hui, le Christ nous met en garde. Si nous voulons nous entendre dire cette belle sentence: «Serviteur bon et fidèle, tu t’es montré fidèle pour peu de chose, je t’en confierai davantage. Entre dans la joie de ton Maître», alors ! ouvrons notre cœur, laissons-nous habiter et enrichir par cette vie d’amour, de partage et de joie que Dieu lui-même nous offre. Lui qui, si riche, s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté.

"Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure…"

La seconde lecture de ce dimanche est extraite de la Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (1Th 5, 1-6)

5
01 Frères, au sujet de la venue du Seigneur, il n'est pas nécessaire qu'on vous parle de délais ou de dates.
02 Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit.
03 Quand les gens diront : « Quelle paix ! quelle tranquillité ! », c'est alors que, tout à coup, la catastrophe s'abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper.
04 Mais vous, frères, comme vous n'êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur.
05 En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n'appartenons pas à la nuit et aux ténèbres.
06 Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres.
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Quelques pistes pour notre méditation

«Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure…». Oui, la vigilance est recommandée en attendant l’avènement du Seigneur. Inutile de parler de délai ou de dates, comme le dit Paul. L’image est très forte de comparer le seigneur à un voleur en pleine nuit. Un voleur ne prévient pas de son passage dans vos murs et en général il ne le fait pas au grand jour. Dans toute célébration liturgique, à l’anamnèse, nous proclamons que «Christ est venu, Christ est né, Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité, Christ est vivant, Christ reviendra, Christ est là».
En effet, le Christ lui-même avait déjà mis en garde ses disciples sur le moment non programmé de son retour. Il parlait des “Temps“, des “Moments“ pour décrire son Avènement dernier qu’il faut attendre en veillant (voir Mt 24, 36 +, 42 +, 50). Paul l’avait déjà annoncé à toutes les communautés qu’il a évangélisées (1 Co 16, 13 — Col 4, 2 — 1 P 1, 13 et 5, 8 ): le temps est court. On peut même voir qu’à des périodes longuement séparées, Jérémie et Jean en ont également parlé: c‘est lorsqu’on croit vivre en paix et en sécurité, dans le confort et l’insouciance, qu’on relâche la garde «Ils pansent la blessure de mon peuple à la légère, en disant Paix, paix ! [Jr 5, 14], alors qu’il n’y a point de paix», s’indigne le prophète en faisant allusion aux promesses des faux prophètes. Ces derniers, en effet, parlent de la paix de manière simpliste, seulement comme une absence de danger, alors qu’elle doit être rappelée comme un idéal de bonheur dans la prospérité individuelle et collective et dans l’harmonie sociale, cet idéal que réalisera la paix messianique) — «Allons ! Rappelle-toi de quel cœur tu accueillis la parole ; garde-la et repens-toi. Car si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai» (Jn 3, 3). Que ce soit en rappelant les “Jours de Noél“ ou en utilisant “la parabole des dix vierges(voir Mt) , ou chez Luc (13, 25) avec celle de “La porte étroite, le rejet des Juifs infidèles et l’appel des païens(«Dès que le Maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, et que, restés dehors, vous vous serez mis à frapper à la porte en disant: “Seigneur, ouvre-nous“, il vous répondra : “je ne sais d’où vous êtes“»), le message est le même: l’attente du Seigneur doit être un moment actif de notre sanctification en Christ.

Se sanctifier dans et par son travail…
et vivre dans la crainte de Dieu !

Bonjour !
Ce dimanche 16 novembre, la liturgie nous propose de méditer sur la dignité tirée de son travail, la crainte de Dieu au cœur de notre vie et la confiance absolue en sa justice, en son amour. En voici la première lecture et le psaume.

Livre des Proverbes (Pr 31, 10-13.19-20.30-31)

31
10 La femme vaillante, qui donc peut la trouver ?
Elle est infiniment plus précieuse que les perles.
11 Son mari peut avoir confiance en elle :
au lieu de lui coûter, elle l'enrichira.
12 Tous les jours de sa vie,
elle lui épargne le malheur
et lui donne le bonheur.
13 Elle a fait provision de laine et de lin,
et ses mains travaillent avec entrain.
19 Sa main saisit la quenouille,
ses doigts dirigent le fuseau.
20 Ses doigts s'ouvrent en faveur du pauvre,
elle tend la main au malheureux.
30 Décevante est la grâce, et vaine la beauté ;
la femme qui craint le Seigneur
est seule digne de louange.
31 Reconnaissez les fruits de son travail :
sur la place publique, on fera l'éloge de son activité.
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Ces versets sont extraits du poème acrostiche sur la femme parfaite ; il est dit alphabétique car bâti sur le genre: «tout ce que vous avez voulu savoir sur une femme parfaite de a (aleph) à z (tav)». En effet, en reprenant la première lettre de chaque verste (ou strophe), on retrouve l’alphabet hébreu. La femme parfaite est décrite ici non pas par rapport à ses attributs extérieurs (la beauté, les vêtements et parures, etc.) mais à ses valeurs intérieures: ses qualités d’accueil, de prévenance et de son travail font la joie de son mari. On retrouve là le même éloge qui est fait à l’épouse dans le psaume 127 ci-après : elle est comparée à une «vigne généreuse» au cœur de la maison, c’est-à-dire source de bonheur non seulement pour le mari mais également pour les enfants et tous ceux qui entrent dans ladite maison. Cette femme-là est parfaite parce qu’elle craint Dieu, qu’elle trouve grâce en sa présence et qu’elle envisage l’avenir avec confiance, qu’il s’agisse de la destinée de sa famille que de la récompense qu’elle espère de Dieu. On pourrait même dire qu’en identifiant la “femme sage“ à la “femme, crainte de Dieu“, les auteurs de ces Proverbes ont voulu nous donner une description de la Sagesse personnifiée. Ce n’est pas sans rapport avec le fait que la liturgie romaine applique cet éloge aux Saintes Femmes.
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Psaume (127, 1-2, 3, 4.5c.6a)

01 Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
02 Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! A toi, le bonheur !

03 Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier.

04 Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur.
5c tous les jours de ta vie,
6a et tu verras les fils de tes fils.
Paix sur Israël !

07/11/2008

… Le Temple dont il parlait, c'était son corps.

Bonjour !

L'Evangile de ce dimanche de la Dédicace est de Jean 2, 13 - 22
. Il reprend cette thématique du Temple de Dieu dans le contexte très particulier de la préparation de la Pâque juive. Jésus prophétise sur sa mort et sa résurrection; il révèle que con propre corps est le véritable Temple vivant.
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13 Comme la Pâque des Juifs approchait,
Jésus monta à Jérusalem.
14 Il trouva installés dans le Temple
les marchands de bœufs, de brebis et de colombes,
et les changeurs.
15 Il fit un fouet avec des cordes,
et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs ;
il jeta par terre la monnaie des changeurs,
renversa leurs comptoirs,
16 et dit aux marchands de colombes :
« Enlevez cela d'ici.
Ne faites pas de la Maison de mon Père
une maison de trafic. »
17 Les disciples se rappelèrent cette parole de l'Ecriture :
« l'amour de ta maison fera mon tourment. »
18 Les Juifs l'interpellèrent :
« Quel signe peux-tu nous donner
pour justifier ce que tu fais là ? »
19 Jésus leur répondit :
« Détruisez ce Temple,
et en trois jours je le relèverai. »
20 Les Juifs lui répliquèrent :
« Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple
et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
21 Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.
22 Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts,
ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ;
ils crurent aux prophéties de l'Ecriture
et à la parole que Jésus avait dite.
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«Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai» : cette cinglante réplique de Jésus résonne doublement comme un défi et un affront à ses interlocuteurs. En effet, les parvis du Temple de Jérusalem grouille de marchands, d’animateurs de toutes sortes (amuseurs, vendeurs d’animaux, charmeurs de serpents…), ce Temple que le peuple d’Israël a mis 46 ans pour le construire, ce Temple qui a fait la désolation puis la joie de son peuple ! Il est compréhensible que les juifs soient surpris par l’outrecuidance de ce ce jeune nazaréen qui leur parle de ce Temple comme de la «maison de son Père» et, par conséquent, qui "se prend" pour le Messie. Cette autoproclamation est tellement grave qu’ils lui exigent une preuve de ce qu’il avance.
Rappelons-nous : Jésus a été présenté au Temple quarante jours après sa naissance par Joseph et Marie. Il décide, à l’âge de douze ans, de rester au Temple au milieu des docteurs de la loi, pour rappeler à ses parents qu’il doit se consacrer aux affaires de son Père. Et chaque année, il est monté au Temple pour la Pâque, sans oublier ses nombreux pèlerinages à Jérusalem pour les fêtes juives. Mais s’il chasse les marchands du Temple, c’est justement parce qu’il pense qu’il est un lieu de prière, de rencontre intime avec son Père. Et pourtant, paradoxalement, au seuil de sa passion, il annonce la ruine future de ce Temple dont il ne restera plus pierre sur pierre (cf Mt 24, 1-2). Or, c’est justement parce qu’il s’est identifié comme le Temple vivant, la demeure définitive de Dieu parmi les hommes (cf. Jn 2, 21 ; Mt 12, 6). Voilà pourquoi sa mise à mort corporelle (cf. Jn 2, 18-22) annonce la destruction du Temple qui manifestera l’entrée dans un nouvel âge de l’histoire du salut. En envoyant sur les Apôtres son Esprit Saint, Christ fait de tous ceux qui accueillent sa Parole de vie dans le baptême et l’eucharistie, sa propre demeure. C'est également ainsi qu'il nous fait participer à sa sanctification. La destruction du Temple de Jérusalem et le triomphe du Christ dans sa résurrection et son ascension dans le ciel ont inauguré le Temple mystique que nous sommes conviés à «expanser» par toute la terre, sans distinction de race, de peuple ou de nation.

Nous sommes le temple de Dieu…

Bonjour !

La seconde lecture en cette fête de la Dédicace est extraite de la Lettre de saint Paul Apôtre aux
Corinthiens (1 3, 9... 17).

Frères,
9 vous êtes la maison que Dieu construit.
10 Comme un bon architecte,
avec la grâce que Dieu m'a donnée,
j'ai posé les fondations.
D'autres poursuivent la construction ;
mais que chacun prenne garde
à la façon dont il construit.
11 Les fondations, personne ne peut en poser d'autres
que celles qui existent déjà :
ces fondations, c'est Jésus-Christ.
16 N'oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu
et que l'Esprit habite en vous.
17 Si quelqu'un détruit le Temple de Dieu,
Dieu le détruira :
car le temple de Dieu est sacré,
et ce temple, c'est vous.
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Longtemps avant Paul, ou tout au moins dans l’Ancien Testament, le Temple a toujours symbolisé le lieu physique, la résidence de Dieu sur la terre. Alors, toute la vie était réglée par un ensemble de rites dont certains se passaient dans l’enceinte du Temple même, celui de Jérusalem. L’essence et la finalité de l’histoire du peuple d’Israël consisteront à se laisser préparer par Dieu lui-même à accueillir, en tant que peuple, le véritable Temple vivant, son Messie, Jésus Christ son fils. «Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous», s’exclamera saint Jean, comme tout le peuple du nouveau testament.

Mais voilà ! Christ n’est plus avec nous sous sa forme humaine. Sa présence désormais tangible par l’action de son Esprit Saint fait de nous de véritables finisseurs de l’œuvre qu’il a commencée. Mais bien plus encore! Parce que nous sommes tous appelés à continuer cette construction du Temple de Dieu, Christ nous a faits temple de Dieu en son Eglise. Lourde charge, certes! mais passionnante mission qui nous oblige à être vigilants sur la façon de poursuivre cette construction: «Les fondations, personne ne peut en poser d'autres que celles qui existent déjà : ces fondations, c'est Jésus-Christ».
Notre responsabilité est donc grande : continuer la construction du Temple de Dieu et en assurer la vie, la pérennité. A la fois temples du dedans et du dehors, nos destins sont désormais rythmés par la vie de l’Esprit de Dieu en nous. Nous sommes le nouveau Temple de Dieu: «Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, entrez dans la construction de la Maison habitée par l'Esprit, pour constituer une sainte communauté sacerdotale, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ.» (1 Pi 2, 5). C’est peut-être dans ce sens qu’il convient d’entendre la parole du Christ à Pierre: «Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les forces de l’enfer ne l’emporteront pas sur elle».

06/11/2008

Dieu, notre Dieu, Maître de toutes choses…

Psaume 45 ( 46 )

2 Dieu est pour nous refuge et force,
secours dans la détresse, toujours offert.
3 Nous serons sans crainte si la terre est secouée,
si les montagnes s'effondrent au creux de la mer ;

5 Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
6 Dieu s'y tient : elle est inébranlable ;
quand renaît le matin, Dieu la secourt.

9 Venez et voyez les actes du Seigneur ;
10 Il détruit la guerre jusqu'au bout du monde.
12 Il est avec nous, le Seigneur de l'univers :
citadelle pour nous, le Dieu de Jacob !
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Ce psaume qui comprend (dans sa forme intégrale) douze versets répartis en trois strophes, est un véritable condensé de la foi du peuple d’Israël en son Dieu, maître de éléments cosmiques (tout l'univers) qui trône dans la ville sainte (Jérusalem) et domine les nations (les peuples du monde entier). La présence divine au Temple protège la ville sainte, des eaux symboliques la purifient et la fécondent pour en faire un nouveau paradis. Il ne faut pas se méprendre du ton guerrier qui se dégage de tout ce psaume; il signifie simplement que le Dieu de Jacob est le Roi des rois, le Seigneurs des seigneurs, et qu’il fait la guerre à la guerre.
Comme il est de coutume dans les Ecritures saintes, les textes se recoupent entre eux, renvoient les uns aux autres, d’une époque à l’autre. Ainsi, par exemple :
Isaïe (54, 10) dans son Apocalypse fera écho au verset 3: «…Car les montagnes peuvent s’en aller et les collines s’ébranler, mais mon amour pour toi ne s’en ira pas, et mon alliance de paix avec toi ne sera pas ébranlée, a déclaré Yahvé qui a pitié de toi.» — Job (9, 5-6): «Il déplace les montagne à leur insu et les renverse dans sa colère. Il ébranle la terre de son site et fait vaciller ses colonnes.»
Genèse (2, 10) en écho au verset 5: «Un fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras
Isaïe (2, 4) en écho au verset 10: «Il exercera son autorité sur les nations et sera l’arbitre de peuples nombreux, qui de leurs épées forgeront des socs et de leurs lances des faucilles. Les nations ne lèveront l’épée l’une contre l’autre et l’on ne s’exercera plus à la guerre.» — ou chez Ezéchiel (39, 9)…On n’ira plus chercher du bois dans la campagne, on n’en coupera plus dans la forêt, car c’est avec les armes qu’on fera du feu…»

Ce psaume que l’on peut qualifier d’eschatologique annonce le règne de Dieu sur toutes les nations de la terre : son empire est proche, il s’étendra à tous les peuples qui viendront se joindre au peuple élu, et au-delà…