21/05/2010

Pentecôte sur le monde, sur l'Eglise
et en chacun de nous…

Chers amis, bonjour !


Nous célébrons en ce dimanche la Fête du don du Saint Esprit aux Apôtres, cette force, ce feu, ce souffle qui fait d’eux des témoins et des messagers du Christ ressuscité. Traditionnellement, pour les juifs, la Pentecôte rappelait le don de la loi sur le Sinaï. C’est d’ailleurs l’une des trois fêtes pour lesquelles ils montaient à Jérusalem: «Quand arriva la Pentecôte, ils se trouvaient réunis tous ensemble». Mais cette fois-ci, il se passe quelque chose d’inédit. L’Esprit que le Christ avait promis aux apôtres est présent: «…toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint…» (Actes 2, 3-4) . N’oublions pas que Marie est avec les apôtres, les membres de la famille de Jésus et quelques autres disciples : environ 120, note Luc (Actes 1, 15).



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Voici les références bibliques des textes que la liturgie nous propose en ce jour de fête :

Lecture du Livre des Actes des Apôtres. 2. 1 à 11 : "Chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit."

Psaume 103: "Tu envoies ton souffle, ils sont créés… Tu renouvelles la face de la terre."

Lettre de saint Paul aux Romains. 8. 8 à 17 : "C'est l'Esprit-Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu."

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14. 15 à 26 : "Il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."


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PREMIERE LECTURE - Actes des Apôtres 2, 1-11


1 Quand arriva la Pentecôte, (le cinquantième jour après Pâques)

ils se trouvaient réunis tous ensemble.

2 Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent :

toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.

3 Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues

et qui se posa sur chacun d'eux.

4 Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint :

ils se mirent à parler en d'autres langues,

et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.

5 Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des juifs fervents,

issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.

6 Lorsque les gens entendirent le bruit,

ils se rassemblèrent en foule.

Ils étaient dans la stupéfaction

parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.

7 Déconcertés, émerveillés, ils disaient :

« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?

8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?

9 Parthes, Mèdes et Elamites,

habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,

des bords de la mer Noire, de la province d'Asie,

10 de la Phrygie, de la Pamphylie,

de l'Egypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici,

11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,

tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »



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L’Esprit-Saint vient éclairer l’intelligence des disciples pour une compréhension et une connaissance parfaites de la Parole de Dieu. Il éclaire au sens où il fait sauter les verrous de l’obscurité, de l’enfermement, des traditions enkystées dans les peurs… Il est feu qui brûle sans se consumer, vent qui souffle sans dévaster… en écho au feu et au bruit du buisson ardent. L’Esprit-Saint, un véritable souffle créateur qui vint renouveler, c’est-à-dire donner du sens à notre vie désormais nourrie et tendue vers l’annonce de l’Evangile de Jésus Christ. C’est le sens du Psaume de ce jour [Ps 103 (104)]: Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes, Seigneur, tu nous combles de joie !…



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PSAUME 103 ( 104 )


Bénis le Seigneur, ô mon âme ;

Seigneur mon Dieu, tu es si grand !

Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !

La terre s'emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, ils expirent

et retournent à leur poussière.

Tu envoies ton souffle; ils sont créés;

tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais!

Que Dieu se réjouisse en ses œuvres!

Que mon poème lui soit agréable;

moi, je me réjouis dans le Seigneur.


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… «Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.» C’est tout le contraire de l’épisode de Babel où les hommes, remplis de leur orgueil, ne se comprennent plus et s’entredéchirent. Au contraire, la nouvelle Pentecôte préserve et réhabilite la diversité des cultures, elle affirme l’universalité du message chrétien. Universalité également de la mission de l’Eglise (l’image de cette ecclesia rassemblée dans cette maison) par son extériorité. L’Esprit-Saint est un Esprit de joie qui agit aussi en chacun des membres de cette Eglise: «Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.»

C’est dans ce contexte qu’il convient de comprendre la distinction que l’Apôtre Paul établit entre le corps (mortel) et la chair, celle-ci prenant vie sous la seule emprise de l’Esprit-Saint. La création n’est donc pas un acte figé de longue date, elle se poursuit sous la puissance de l’Esprit de Dieu dans le cœur de ses messagers. Dieu renouvelle son alliance avec les hommes, il les accompagne dans cette œuvre d’emplissage, «d’envahissement» du monde. Car nous sommes désormais de vrais fils de Dieu au sens de «créés par Dieu» que nous pouvons appeler «Père»: «Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c'est un Esprit qui fait de vous des fils.» (Rm 8, 14-15). Et lorsque nous chantons: «Donne-nous, Seigneur, un cœur nouveau, mets en nous, Seigneur, un esprit nouveau», c’est bien parce que l’Esprit de Dieu nous oblige au renouvellement profonde de notre être. Saint Paul exhortera à vivre non plus «selon la chair» mais «selon l'Esprit». C’est cela le monde nouveau que nous sommes appelés à bâtir pour les hommes et en chacun d’eux…


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DEUXIEME LECTURE - Romains 8, 8 - 17


Frères,

8 sous l'emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu.

9 Or vous, vous n'êtes pas sous l'emprise de la chair,

mais sous l'emprise de l'Esprit,

puisque l'Esprit de Dieu habite en vous.

Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ

ne lui appartient pas.

10 Mais si le Christ est en vous,

votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché,

l'Esprit est votre vie,

parce que vous êtes devenus des justes.

11 Et si l'Esprit

de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts

habite en vous,

celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts

donnera aussi la vie à vos corps mortels

par son Esprit qui habite en vous.

12 Ainsi donc, frères, nous avons une dette,

mais ce n'est pas envers la chair ;

nous n'avons pas à vivre sous l'emprise de la chair.

13 Car si vous vivez sous l'emprise de la chair,

vous devez mourir ;

mais si, par l'Esprit,

vous tuez les désordres de l'homme pécheur,

vous vivrez.

14 Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu,

ceux-là sont fils de Dieu.

15 L'Esprit que vous avez reçu

ne fait pas de vous des esclaves,

des gens qui ont encore peur ;

c'est un Esprit qui fait de vous des fils ;

poussés par cet Esprit,

nous crions vers le Père en l'appelant « Abba ! »

16 C'est donc l'Esprit Saint lui-même

qui affirme à notre esprit

que nous sommes enfants de Dieu.

17 Puisque nous sommes ses enfants,

nous sommes aussi ses héritiers ;

héritiers de Dieu,

héritiers avec le Christ,

à condition de souffrir avec lui

pour être avec lui dans sa gloire.


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L’Evangile de ce dimanche dit l’essentiel de la feuille de route des ceux qui acceptent d’accueillir la Parole du Christ et qui s’engagent à la vivre en église. Garder la Parole du Christ, tel est le gage fondamental de la fidélité à son amour, c’est-à-dire entièrement au service des autres. Tout le chapitre 13 de Jean rapporte cette condition de l’amour de Dieu: «mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés» (Jn 13, 34). L’Esprit de Dieu qui nous affranchit de nos esclavages est désormais le Défenseur «qui sera toujours avec nous».



EVANGILE: Jean 14, 15-16. 23b-26


A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,

il disait à ses disciples :

15 « Si vous m'aimez,

vous resterez fidèles à mes commandements.

16 Moi, je prierai le Père,

et il vous donnera un autre Défenseur

qui sera pour toujours avec vous.

23 Si quelqu'un m'aime,

il restera fidèle à ma parole ;

mon Père l'aimera,

nous viendrons chez lui,

nous irons demeurer auprès de lui.

24 Celui qui ne m'aime pas

ne restera pas fidèle à mes paroles.

Or, la parole que vous entendez

n'est pas de moi :

elle est du Père qui m'a envoyé.

25 Je vous dis tout cela

pendant que je demeure encore avec vous ;

26 mais le Défenseur,

l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,

lui, vous enseignera tout,

et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »



18/05/2010

"… je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi…"

Bonjour !


Voici le texte de la Deuxième Lecture de ce dimanche 16 mai, extraite de l'Apocalypse de Jean au chapitre 22, 12 ... 20



Moi, Jean,

j'ai entendu une voix qui me disait :

12 « Voici que je viens sans tarder,

et j'apporte avec moi le salaire

que je vais donner à chacun selon ce qu'il aura fait.

13 Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier,

le commencement et la fin.

14 Heureux, ceux qui lavent leurs vêtements

pour avoir droit aux fruits de l'arbre de vie,

et pouvoir franchir les portes de la cité.

16 Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange

vous apporter ce témoignage au sujet des Eglises.

Je suis le descendant, le rejeton de David,

l'étoile resplendissante du matin. »

17 L'Esprit et l'Epouse disent : « Viens ! »

Celui qui entend, qu'il dise aussi : « Viens ! »

Celui qui a soif, qu'il approche.

Celui qui le désire,

qu'il boive l'eau de la vie, gratuitement.

18 Et moi, je témoigne

devant tout homme qui écoute les paroles de la prophétie

écrite dans ce livre :

si quelqu'un inflige une addition à ce message,

Dieu lui infligera les malheurs dont parle ce livre ;

19 et si quelqu'un enlève des paroles à ce livre de prophétie,

Dieu lui enlèvera sa part des fruits de l'arbre de vie

et sa place dans la cité sainte

dont parle ce livre.

20 Et celui qui témoigne de tout cela déclare :

« Oui, je viens sans tarder. »

- Amen ! Viens, Seigneur Jésus !



Ce texte, qui est en quelque sorte un synopsis de l’Apocalypse, reprend de manière concentrée les grands thèmes de cette œuvre magnifique, à travers des mots et expressions qui ont nourri cette vision. Un point retient particulièrement mon attention: le Messie annoncé jadis par les prophètes, rejeton de David, est Dieu, il se nomme et se révèle aux hommes … C’est dans le désert, près d’un buisson en flammes et qui cependant ne se consume pas, que Moïse va apprendre à connaître l’Eternel par la révélation de son " NOM " et recevoir de Dieu les moyens d’action pour sauver le peuple d’Israël esclave du Pharaon, en Egypte (Exode 3, 14). Une voix qui La Parole de Dieu, et un feu qui son Esprit-Saint… c’est sous ces signes que le Seigneur révèle son NOM à Moïse et à son peuple. En effet, Dieu dit à Moïse: «JE SUIS CELUI QUI SUIS». Puis il ajouta: «c’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle " JE SUIS " m’a envoyé vers vous.»

Il n’est pas donc pas étonnant que ce soit Jean qui reprend, dans sa vision apocalyptique, cette essence même de Dieu en son Nom. Déjà dans l’Evangile qu’il avait écrit, il insiste sur ce saint Nom : voir Jn 4, 26 - 6, 20 - 6, 35 - 6,35 - 8, 23 - 8, 58 – 9, 5 – 10, 7 – 10, 11 – 10, 36 – 11, 25 – 13, 13 – 14, 6 – 15, 1, etc. Lui, l’arbre de vie, déclare: «Je suis l'alpha et l'omega, le premier et le dernier, le commencement et la fin» (…) «Je suis le descendant, le rejeton de David». L’œuvre de Dieu est bonne, et Jean en entrevoit la splendeur et la gloire; le projet de Dieu depuis la création est une œuvre bonne et, avec nous les chrétiens, l’humanité entière est dans l’attente de la réalisation plénière du royaume de Dieu… nous sommes dans l’attente du retour annoncé de Celui qui nous dit: «Oui, je viens sans tarder.» A nous donc de clamer: «Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre sauveur et notre Dieu, viens, Seigneur Jésus!»

C’est cette attente que Jean traduit dans cet extrait de l’Evangile de ce dimanche. Jésus sait que ses disciples n’ont pas tout compris, surtout dans ces derniers moments où ses paroles devenaient de plus en plus énigmatiques. Peu importe, il parle à son Père, il lui fait un compte-rendu de mission avant de quitter ce monde. Dans cet extrait, je retiens (entre autres) deux points essentiels : 1)- Jésus élargit sa fratrie à tous ceux qui accueilleront sa parole et croiront en lui. Il dessine et renforce ainsi l’universalité du projet de Dieu. Au-delà du petit groupe des apôtres et de ceux qui ont gravité autour de lui, qui l’ont suivi plus ou moins régulièrement pour ses enseignements, il assigne cette mission d’évangélisation à « ceux qui sont là », dans l’unité de l’Eglise: «Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé.» 2)- Jésus nous fait partager sa gloire auprès du Père. Et il prie à cette fin: «Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire, celle que tu m'as donnée…». Quelle grâce et quelle promesse de bonheur il nous fait là ! Jésus, que le Père a aimé avant toute création, réconcilie en son nom toute la création. C’est que magnifient le Psaume 96 (97) de ce dimanche, et surtout le Psaume 150 qui invite à louer Dieu pour sa puissance, ses actions éclatantes et sa grandeur.


Nous savons par ailleurs que ceux-là mêmes qui ont refusé de s’ouvrir à la Parole de Jésus, qui l’ont condamné à mort, crucifié et enseveli, sont demeurés sceptiques et incrédules devant sa résurrection triomphante. Au point de continuer de persécuter ses disciples, ceux qui ont accepté la mission d’annoncer à travers le monde sa Bonne Nouvelle. Eux aussi subiront le martyre… Et pourtant, le projet d’amour de Dieu pour les hommes est si puissant qu’aucune force ne peut en entraver la réalisation finale. Cette prière de Jésus est un Credo de Dieu pour les hommes et la création tout entière.


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EVANGILE - Jean 17, 20 – 26


A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,

les yeux levés au ciel, il priait ainsi :

20 « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là,

mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole

et croiront en moi :

21 que tous, ils soient un,

comme toi, Père, tu es en moi,

et moi en toi.

Qu'ils soient un en nous, eux aussi,

pour que le monde croie

que tu m'as envoyé.

22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée,

pour qu'ils soient un

comme nous sommes un :

23 moi en eux,

et toi en moi.

Que leur unité soit parfaite ;

ainsi, le monde saura

que tu m'as envoyé,

et que tu les as aimés

comme tu m'as aimé.

24 Père,

ceux que tu m'as donnés,

je veux que là où je suis,

eux aussi soient avec moi,

et qu'ils contemplent ma gloire,

celle que tu m'as donnée

parce que tu m'as aimé avant même la création du monde.

25 Père juste,

le monde ne t'a pas connu,

mais moi je t'ai connu,

et ils ont reconnu, eux aussi,

que tu m'as envoyé.

26 Je leur ai fait connaître ton nom,

et je le ferai connaître encore :

pour qu'ils aient en eux l'amour dont tu m'as aimé,

et que moi aussi, je sois en eux. »

"J'ai vu la gloire de Dieu…"

Chers amis, bonjour !


Avec ce dimanche situé entre l'Ascension et la Pentecôte, s'achèvent les lectures suivies du temps pascal : Actes des Apôtres, Apocalypse, Evangile selon saint Jean. Les trois extraits de ce dimanche peuvent être lus à la lumière de ce double mystère que la liturgie nous fait célébrer : L'Ascension, l'exaltation de Jésus dans la gloire du Père et La Pentecôte, l'envoi de l'Esprit-Saint qui anime l'Eglise des témoins.


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Le 11 mai 2010, dans l’avion qui le conduisait au Portugal pour y célébrer le 50e anniversaire de la fondation du sanctuaire du Christ Roi d'Almada, le pape Benoît XVI a déclaré : "Nous l'avons toujours su mais nous voyons aujourd'hui de façon beaucoup plus terrifiante que la plus grande persécution de l'Eglise ne vient pas d'ennemis extérieurs mais naît du péché de l'Eglise". Si la résurrection du Christ nous a donné la certitude que son Eglise est inébranlable parce que marquée du sceau de l’Esprit de vie, nous autres chrétiens qui sommes les membres de ce Corps vivant, sommes appelés à annoncer sa Parole et témoigner de son amour entre nous et autour de nous. L’exhortation à cette unité en Christ est une mission difficile, semée d’embûches… mais pas impossible avec l’aide du Christ lui-même. Saint Paul ne dira-t-il pas: « J’ai donné ma foi au Christ crucifié. Non! ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi, il me sauve»? Cette mission est glorieuse parce qu’elle nous fait converger vers l’unité trinitaire du Père, du Fils et du Saint-Esprit tous ceux qui auront reconnu que le Fils est l’envoyé du Père. Cette unité des chrétiens en Eglise n’est pas toute faite, elle est à inscrire dans notre chemin d’espérance. La première lecture de ce dimanche 16 mai 2010 est un vibrant exemple de la fidélité à Jésus Christ dans un monde qui résiste à s'ouvrir à son Esprit.


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PREMIERE LECTURE - Actes 7, 55 - 60


Etienne était en face de ses accusateurs.

55 Rempli de l'Esprit Saint,

il regardait vers le ciel ;

il vit la gloire de Dieu,

et Jésus debout à la droite de Dieu.

56 Il déclara :

« Voici que je contemple les cieux ouverts :

le Fils de l'homme est debout à la droite de Dieu. »

57 Ceux qui étaient là se bouchèrent les oreilles

et se mirent à pousser de grands cris ;

tous à la fois ils se précipitèrent sur lui,

58 l'entraînèrent hors de la ville

et commencèrent à lui jeter des pierres.

Les témoins avaient mis leurs vêtements

aux pieds d'un jeune homme appelé Saül.

59 Etienne, pendant qu'on le lapidait, priait ainsi :

« Seigneur Jésus, reçois mon esprit. »

60 Puis il se mit à genoux et s'écria d'une voix forte :

« Seigneur, ne leur compte pas ce péché. »

Et, après cette parole, il s'endormit dans la mort.



Pour ce qui est de la procédure de condamnation, pourrait-on dire, nous sommes en face d’un remake de celle de Jésus lui-même : une accusation qualifiée de très grave et une sanction tout aussi proportionnée. Il faut dire qu’en ces premiers temps de l’église, les disciples sont surveillés ; leurs propos sont scrutés par les hommes du pouvoir romain (et même par certains juifs qui les rapportent en haut lieu. Etienne fait montre d’une témérité déconcertante. Devant ses accusateurs, il ose déclarer: «Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l'homme est debout à la droite de Dieu.» Quelle énormité ne dit-il pas là ! Alors que le pouvoir ne veut plus entendre parler de ce Jésus, voilà que l’un de ses disciples «persiste et signe»… Pendant qu’on le lapide, on entend comme Jésus sur la croix parler à son Père: «Seigneur, ne leur compte pas ce péché» [« Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font »].

Il faut noter que certains propos d’Etienne sont dans l’exacte continuité de ceux des prophètes Joël, Ezéchiel, Isaïe, par exemple. Lorsqu’il reproche à ses accusateurs de résister à l’Esprit-Saint de Dieu, lorsque regardant vers le ciel, il dit voir «la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu», il rappelle aux juifs ces paroles fondamentales: «Voici venir des jours, oracle du Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël une alliance nouvelle… Je serai leur Dieu et eux seront mon peuple… Je mettrai ma loi au fond de leur être et ne me souviendrai plus de leur péché…». La résurrection de Jésus avait dérouté les disciples, son ascension les avait découragés; mais avant de repartir vers son Père, Jésus leur a fait la promesse de leur envoyer son Esprit-Saint qui leur révèlera le sens de ce que leur raison ne pouvait encore pleinement saisir. C’est ce même Esprit-Saint qui s’emparera de certains autres disciples, au premier rang desquels Paul, le persécuteur des chrétiens, pour faire de lui l’apôtre de l’évangélisation qu’il nous est donné de continuer aujourd’hui encore… Le psaume que la liturgie nous propose en méditation exalte cette grandeur du Seigneur, roi de l’univers, joie pour tous les peuples de la terre. Exactement la vision d’Etienne. Mais ce Psaume 96 (97) peut être lu en écho du Psaume 47(46): «Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie! Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable, le grand roi sur toute la terre, Car Dieu est le roi de la terre: que vos musiques l'annoncent! Il règne, Dieu, sur les païens, Dieu est assis sur son trône sacré. Les chefs des peuples se sont rassemblés: c'est le peuple du Dieu d'Abraham. Les princes de la terre sont à Dieu qui s'élève au-dessus de tous.»



PSAUME 96 ( 97)


Le Seigneur est roi! Exulte la terre!

Joie pour les îles sans nombre!

Justice et droit sont l'appui de son trône.

Les cieux ont proclamé sa justice,

et tous les peuples ont vu sa gloire.

A genoux devant lui, tous les dieux!

Tu es, Seigneur, le Très-Haut

sur toute la terre:

tu domines de haut tous les dieux.



06/05/2010

La gloire de Dieu l’illumine
et sa source de lumière, c’est l’Agneau.”

Bonjour !

La vision de saint Jean prolonge à dessein le premier texte de ce dimanche. Il est encore question de Jérusalem, de la sainte Cité de Dieu. Non pas la ville en ruine du fait de l’infidélité des hommes, mais celle qui descend du ciel d’auprès de Dieu, c’est-à-dire le Christ lui-même en son église bâtie sur du roc jusqu’à la consommation des siècles. Nous retrouvons ici les chiffres symboliques: le chiffre 3 (qui représente le Dieu trinité), le chiffre 4, c’est-à-dire le carré symbolique de ce qui est humain… puis le chiffre 12 (multiple de 3 et de 4 ) comme pour montrer que cette cité nouvelle est une œuvre divine partagée avec les hommes. 12 comme le nombre des tribus d’Israël, 12 comme le nombre des Apôtres.


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DEUXIEME LECTURE - Apocalypse 21 , 10... 23



Moi, Jean, j'ai vu un ange

10 qui m'entraîna par l'esprit sur une grande et haute montagne ;

il me montra la cité sainte, Jérusalem,

qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu.

11 Elle resplendissait de la gloire de Dieu,

elle avait l'éclat d'une pierre très précieuse,

comme le jaspe cristallin.

12 Elle avait une grande et haute muraille,

avec douze portes gardées par douze anges ;

des noms y étaient inscrits :

ceux des douze tribus des fils d'Israël.

13 Il y avait trois portes à l'orient,

trois au nord,

trois au midi,

et trois à l'occident.

14 La muraille de la cité reposait sur douze fondations

portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau.

22 Dans la cité, je n'ai pas vu de temple,

car son Temple,

c'est le Seigneur, le Dieu tout-puissant,

et l'Agneau.

23 La cité n'a pas besoin de la lumière du soleil ni de la lune,

car la gloire de Dieu l'illumine,

et sa source de lumière, c'est l'Agneau.


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Tout d'abord, il convient de noter combien l’Apôtre Jean insiste sur la lumière qui illumine cette cité céleste de la gloire de Dieu. Souvenons-nous: Dans le Livre de la Genèse (1, 3-4), après avoir créé les Cieux et la terre, «Dieu dit: Que la lumière soit, ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres».

Arrêtons-nous quelques moments sur la centralité de la Lumière au cœur de la création. Lorsque Dieu sépare la lumière d’avec les ténèbres, initiant le premier jour, il introduit là le temps dans sa réalité cosmique, succession des jours et des nuits… Puis s’ensuivit la mise en place du soleil, de la lune est des astres, les luminaires. Dieu crée la lumière et il est lui-même lumière. C’est cette lumière qui révèle sa présence glorieuse sous des formes variées, le feu du «Buisson ardent», l’épaisse fumée qui brûle sans se consumer, les langues de feu sur la tête des apôtres, etc. (voir Jean 1, 5— Exode 3, 2-3 — Isaïe 9, 1 et 60, 19-20) — Timothée 6, 16 — Les psaumes 27, 119, 130-131 entres autres — L’étoile des Mages en Matthieu 2, 9 etc,). Oui, le psalmiste de clamera: «Le Seigneur est ma lumière et mon salut» et Jésus lui-même le confirmera: «Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit aura la lumière de la Vie et ne marchera plus dans l'obscurité» (Jean 8, 12 et 12, 46). Et sa résurrection symbolisera la victoire de la lumière, c’est-à-dire de la vie, sur la mort, c’est-à-dire les ténèbres.

Oui, cette lumière est Parole de vie qui inspire chacun de ceux qui l’accueillent pour le rendre digne et apte à remplir sa mission d’évangélisation. «La lumière est venue dans le monde, mais les hommes préfèrent l'obscurité à la lumière parce qu'ils agissent mal», dit Jean dans son Prologue. Voilà pourquoi il nous fait partager cette vision lumineuse de la cité céleste qu’illumine la gloire de Dieu, celle promise à l’immense foule des élus de Dieu. Il ne s’agit pas ici de la lumière des luminaires (soleil, lunes et divers astres) mais de cette lumière qui a présidé à la création du monde, intemporelle et inépuisable. Et la source de lumière, c'est l'Agneau. Qu’il nous souvienne ici le contenu de la prière sacerdotale de Jésus:



17.1 Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit: Père, l'heure est venue! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie,

17.2 selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu'il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.

17.3 Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.

17.4 Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire.

17.5 Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût.

17.6 J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m'as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole.

17.7 Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m'as donné vient de toi.

17.8 Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé.

17.9 C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi;

17.10 et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; et je suis glorifié en eux.

17.11 Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous.

“Que les nations chantent leur joie !”

Bonjour !

Le Psaume ci-dessus qui nous est proposé en méditation souligne l’universalité du destin d’Israël. Par-delà la loi mosaïque et les nombreuses traditions spécifiques au peuple choisi, il sait que la grâce qui lui est donnée d’avoir été le partenaire privilégié de l’ancienne, puis de la nouvelle Alliance lui fait obligation de la portée jusqu’aux extrémités de la terre. Car il également «la porte par laquelle toute l'humanité entrera dans la Jérusalem définitive», comme nous le verrons plus tard dans la vision apocalyptique de saint Jean. C’est le sens de cette action de grâce pour le fruit qu’a porté cette terre ensemencée de la présence du Seigneur: «Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l'adore!»


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PSAUME 66 ( 67 )

Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,

que son visage s'illumine pour nous :

et ton chemin sera connu sur la terre,

Que les peuples, Dieu, te rendent grâce :

qu'ils te rendent grâce tous ensemble !

Que les nations chantent leur joie,

car tu gouvernes les peuples avec droiture,

sur la terre, tu conduis les nations.

Que les peuples, Dieu, te rendent grâce :

qu'ils te rendent grâce tous ensemble !

La terre a donné son fruit :

Dieu, notre Dieu, nous bénit.

Que Dieu nous bénisse,

et que la terre tout entière l'adore !

«L’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé…»

Bonjour,

Aujourd’hui, en ce sixième dimanche de Pâques, l’Eglise nous invite à méditer la Parole de Dieu à travers les textes bibliques dont voici les références :

Lecture du Livre des Actes des Apôtres. 15. 1 à 2 29

Psaume 66 : “Que les nations chantent leur joie !”

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean. 21. 10 à 22. 23

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 14. 23 à 29

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PREMIERE LECTURE - Actes 15, 1-2. 22-29

1 Certaines gens venus de Judée

voulaient endoctriner les frères d'Antioche

en leur disant :

« Si vous ne recevez pas la circoncision

selon la loi de Moïse,

vous ne pouvez pas être sauvés. »

2 Cela provoqua un conflit et des discussions assez graves

entre ces gens-là

et Paul et Barnabé.

Alors on décida que Paul et Barnabé,

avec quelques autres frères,

monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens

pour discuter de cette question.

22 Finalement, les Apôtres et les Anciens

décidèrent, avec toute l'Eglise,

de choisir parmi eux

des hommes qu'ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé.

C'étaient des hommes

qui avaient de l'autorité parmi les frères ;

Jude (appelé aussi Barsabbas), et Silas.

23 Voici la lettre qu'ils leur confièrent :

« Les Apôtres et les Anciens saluent fraternellement

les païens convertis, leurs frères,

qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie.

24 Nous avons appris que quelques-uns des nôtres,

sans aucun mandat de notre part,

sont allés tenir des propos

qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi.

25 Nous avons décidé à l'unanimité

de choisir des hommes que nous enverrions chez vous,

avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,

26 qui ont consacré leur vie

à la cause de Notre Seigneur Jésus-Christ.

27 Nous vous envoyons donc Jude et Silas

qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :

28 L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé

de ne pas faire peser sur vous d'autres obligations

que celles-ci, qui s'imposent :

29 vous abstenir de manger

des aliments offerts aux idoles,

du sang,

ou de la viande non saignée,

et vous abstenir des unions illégitimes.

En évitant cela, vous agirez bien.

Courage ! »

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Quelques pistes de réflexion à partir de ce texte somme toute bien explicite :


- Certes, Jésus a choisi des juifs galiléens comme premiers apôtres, et cela se comprend aisément dans le contexte sociopolitique qui était le sien. Mais lorsqu’il dit à Simon-Pierre «tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église», il annonce là son Eglise pour laquelle il leur donnera mission de l’étendre jusqu’aux extrémités de la terre. Donc, au-delà des seuls juifs, jusque chez les païens, la proclamation de l’Evangile sous la gouverne de l’Esprit-Saint de Dieu devient un projet vivant qui fait de chacun des baptisés un coopérant de son œuvre de salut.

- L’Eglise d’Antioche est très particulière : à la suite du martyre d’Etienne, elle a été fondée par des juifs de la diaspora ayant adopté la langue grecque et qui se sont convertis au christianisme. Oui, des juifs, avec leurs nombreuses traditions (au premier rang desquels la circoncision) qu’ils veulent imposer à tout païen désireux de devenir chrétien, c’est-à-dire disciple du Christ. Des agitateurs se chargent de semer le trouble dans la communauté naissante, et c’est la raison pour laquelle Paul, Barnabé et quelques hommes «qui avaient de l'autorité parmi les frères» montent à Jérusalem pour s’en remettre à l’avis des Apôtres. Et ceux-ci de trancher avec la garantie apostolique: «L’Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé…».

- La mission conduite par Paul et Barnabé monte à Jérusalem, la ville où Dieu fait résider son Nom (1er Livre des Rois 11. 36). Mais s’il est vrai que c’est dans le Temple que réside la présence divine au milieu de son Peuple, le Trône de Dieu demeure cependant dans les cieux. Et c’est des cieux qu’il est descendu parmi les humains pour assumer cette rupture qui «renouvelle la face de la terre». De l’ancien Temple, il ne reste que des ruines… Cependant, Jésus-Christ, l’envoyé de Dieu, est désormais «[ cette] pierre à toute épreuve, une pierre angulaire précieuse, établie pour servir de fondation » (Isaïe 28. 16) pour ce corps glorieux qui est l’Eglise du Seigneur. Paul, dans sa Lettre aux Corinthiens, en tirera les conclusions les plus heureuses : l'Eglise est désormais le Temple de Dieu et nous aussi qui sommes membres de l'Eglise.