23/04/2010

« Personne ne peut rien arracher de la main du Père ».

Chers amis, bonjour !


Voici l'Evangile de ce dimanche, extrait de Jean 10, 27-30


Jésus avait dit aux Juifs :

« Je suis le bon pasteur (le vrai berger). »

Il leur dit encore :

27 « Mes brebis écoutent ma voix ;

moi je les connais,

et elles me suivent.

28 Je leur donne la vie éternelle :

jamais elles ne périront,

personne ne les arrachera de ma main.

29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout,

et personne ne peut rien arracher de la main du Père.

30 Le Père et moi,

nous sommes UN. »


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Il conviendrait de relire dans son intégralité cet extrait de l’Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean pour ne pas omettre les autres figures évoquées par Jésus face aux juifs. Nous savons tous qu’ils essayaient par tous les moyens (et surtout quand se faufilaient quelques scribes et pharisiens) à le faire trébucher au détour d’une affirmation vite sortie de son contexte et rapportée en Haut-lieu. Mais Jésus n’en cure, il assume sa mission et n’hésite pas, en fin pédagogue, à utiliser des formes narratives appropriées à chaque auditoire. Ici, au moyen d’une parabole, il parle du «bon pasteur», une image qui trouve écho auprès des juifs qui l’écoutent. Car eux-mêmes sont de tradition pastorale, ils savent donc combien il est vital de préserver son cheptel, si petit soit-il, des attaques des loups et des voleurs. Et le pasteur connaît chacune de ses brebis et les appelle chacune par son nom.


Cette image est importante car elle tranche avec celle que l’on avait d’un Dieu éloigné des hommes et inaccessible. Au contraire, Jésus décrit ici la vraie identité de son Père avec lequel il ne fait qu’UN: Dieu est proche des hommes, et ce Dieu qui l’a envoyé sur terre pour sauver chaque brebis du troupeau de son parcage est là parmi les hommes, avec eux pour les conduire en sécurité vers la vie éternelle. Et chaque brebis est d’un prix inestimable aux yeux du Père qui les tient dans sa main: «Personne ne peut rien arracher de la main du Père». Lui, le Christ, est la porte par laquelle on rentre dans le bercail; avec lui donc, pas d’effraction possible car il n’est pas comme le voleur qui entre par la fenêtre… De plus, il ne les nourrit pas que d’herbe et d’eau fraîches, mais il affirme que c’est qui «leur donne la vie éternelle, jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main»... Ce genre d’affirmation était non seulement dur à accepter intellectuellement mais blasphématoire pour les juifs et politiquement dangereux. Jésus décline en effet son identité de messie et de fils de Dieu. D’ailleurs, Saint Jean nous dit un peu plus loin: «Les Juifs, à nouveau, ramassèrent des pierres pour le lapider.» Pourtant son affirmation est sans appel, elle sonne même comme une mise en garde à l’attention de ceux qui s’aviseraient de semer le trouble dans le cœur des hommes et qui les pousseraient à l’impiété et à l’idolâtrie ou les faux prophètes: «Mes brebis écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle.» Aux incrédules, à ceux des siens qui refusent de le reconnaître comme l’envoyé de Dieu, il tend également la main. Il leur dit que toute personne qui se laisse prendre dans et par la main de Dieu, celui-ci ne l’abandonne jamais. Car, entre les mains de Dieu, l’homme est comme entre celles d’un potier qui donne forme et vie… c’est entre les mains de Dieu que se trouve le salut (Jr 18, 16) et la sainteté (Dt 33, 3).

« …purifiés dans le sang de l'Agneau. »

Bonjour !


La Deuxième Lecture de ce dimanche est extraite de l'Apocalypse de Jean (7, 9 ... 17) :


Moi, Jean,

9 j'ai vu une foule immense,

que nul ne pouvait dénombrer,

une foule de toutes nations, races, peuples et langues.

Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l'Agneau,

en vêtements blancs,

avec des palmes à la main.

14 L'un des Anciens me dit :

« Ils viennent de la grande épreuve ;

ils ont lavé leurs vêtements,

ils les ont purifiés dans le sang de l'Agneau.

15 C'est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu,

et le servent jour et nuit dans son temple.

Celui qui siège sur le Trône

habitera parmi eux.

16 Ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif,

la brûlure du soleil ne les accablera plus,

17 puisque l'Agneau qui se tient au milieu du Trône

sera leur Pasteur

pour les conduire vers les eaux de la source de vie.

Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »


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Dans cette merveilleuse vision apocalyptique, Jean nous parle d’une foule innombrable qui sert Dieu jour et nuit. Une foule de gens de toutes nations, races, peuples et langues qui ont purifié leur vêtements dans le sang de l’Agneau, le sang du Pasteur qui les conduira vers les eaux de la source de vie. Nous retrouvons ici la thématique de la délivrance, de la libération: autrefois, le peuple juif avait été arraché des mains du Pharaon pour cheminer vers Canaan, la Terre Promise; ce fut la grande expérience de l’Alliance de Dieu avec son peuple. L’incarnation de Jésus qui vient prendre corps en notre humanité nous a fait entrer dans cette nouvelle Alliance, celle par laquelle l’amour et la fidélité de Dieu pour les hommes se manifeste dans sa forme la plus absolue, celle de la mort et de la résurrection de son Fils bien-aimé et de la promesse qui est faite à tous ceux écoutent, accueillent et vivent son Evangile de partager la vie éternelle et sa gloire en son royaume. Désormais, servir Dieu n’est plus une condition de servitude mais liberté véritable. «(2) servez le Seigneur dans l'allégresse, venez à lui avec des chants de joie!», disait le psalmiste… Or, qui d’autre peut nous mener vers le royaume de la vie si ce n’est le Christ lui-même, Pasteur de son peuple, Porte d’entrée sécurisée vers son royaume, le Christ qui «le chemin, la vérité et la vie» !


A plusieurs moments, dans la tradition juive comme dans les évangiles même, il est question de rites de purification. Avec cette fonction particulière de l’eau qui rafraîchit et qui lave de toutes souillures on plonge dans la piscine de Siloé comme dans les eaux du Jourdain ; plus tard, c’est le Christ lui-même qui lavera les pieds de ses disciples en signe d’humilité, mais le Christ qui déclarera à la samaritaine: «… celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; au contraire, l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle.» (Jn 4, 14). Le même Jean rapportera: «je vis l’eau vive jaillissant du corps du Christ» (Jn Ap 21) [le «Vida Aquam egredientem de Templo a latere dextro» qui est clamé lors de la cérémonie pascale], autrement dit, le corps du Christ est temple spirituel d’où jaillit la source de vie. Que Jean nous décrive ici sa vision dans des images qui renvoient à la fois aux rites juifs et chrétiens, cela ne doit pas nous étonner, car il s’agit là d’un continuum depuis les temps anciens, particulièrement à travers la vision du prophète Ezéchiel (Ez 47). Oui, le petit filet d’eau qui sort du côté droit du Temple et qui devient un fleuve impétueux qui se jette dans la Mer, la purifie de toutes ses souillures et donne en son sein la vie en abondance, c’est en réalité ce petit filet d’eau qui sort du Côté du Christ, celui que qu’avait observé l’apôtre Jean au pied de la croix; et c’est ce petit filet qui se répand depuis sur le monde et dans le monde, pour le purifier sans cesse et pour donner la vie: nous en avons une réalité "tangible" aujourd’hui à travers l’eau du Baptême qui est le don du Saint-Esprit. La blancheur, symbole de la pureté dans la nouvelle Alliance, et le sang signe suprême de la vie du Christ donnée pour le salut du monde.


«…les disciples étaient pleins de joie dans l'Esprit Saint.»

Chers amis, bonjour !


La liturgie de ce quatrième dimanche de Pâques nous fait la parabole du «Bon pasteur». Avec un message précis : Jésus est le « Bpn pasteur » qui aime ses brebis, les connaît chacune individuellement et les appelle par leur nom, il est la porte de la bergerie et il aime ses brebis jusqu’à sacrifier sa vie pour elles : il les conduire à la vie éternelle. Les quatre textes que la liturgie de ce jour nous propose s’articulent autour de cette thématique. En voici les références bibliques :


Lecture du Livre des Actes des Apôtres. 13, 14. 43-52

Psaume 99 : "Acclamez le Seigneur, terre entière"

Lecture de l'Apocalypse de saint Jean. 7, 9 ... 17

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 10, 27-30


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PREMIERE LECTURE - Ac 13, 14. 43-52


Paul et Barnabé

14 étaient arrivés à Antioche de Pisidie.

Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue.

43 Quand l'assemblée se sépara,

beaucoup de Juifs et de convertis au judaïsme

les suivirent.

Paul et Barnabé, parlant avec eux,

les encourageaient à rester fidèles à la grâce de Dieu.

44 Le sabbat suivant,

presque toute la ville se rassembla

pour entendre la parole du Seigneur.

45 Quand les Juifs virent tant de monde,

ils furent remplis de fureur ;

ils repoussaient les affirmations de Paul avec des injures.

46 Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance :

« C'est à vous d'abord

qu'il fallait adresser la parole de Dieu.

Puisque vous la rejetez

et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle,

eh bien ! nous nous tournons vers les païens.

47 C'est le commandement que le Seigneur nous a donné :

J'ai fait de toi la lumière des nations

pour que, grâce à toi,

le salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre. »

48 En entendant cela, les païens étaient dans la joie

et rendaient gloire à la parole du Seigneur ;

tous ceux que Dieu avait préparés pour la vie éternelle

devinrent croyants.

49 Ainsi, la parole du Seigneur se répandait dans toute la région.

50 Mais les Juifs entraînèrent les dames influentes

converties au judaïsme,

ainsi que les notables de la ville ;

ils provoquèrent des poursuites contre Paul et Barnabé,

et les expulsèrent de leur territoire.

51 Ceux-ci secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds

et se rendirent à Iconium,

52 tandis que les disciples étaient pleins de joie dans l'Esprit Saint.


Paul, Barnabé et tous les autres apôtres pensaient qu’ils devaient en priorité évangéliser l’ensemble du peuple juif. Celui-ci étant comme naturellement disposé à accueillir favorablement la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ présenté comme le Messie qu’ils attendaient depuis des temps immémoriaux. D’ailleurs, ils avaient probablement en tête cette recommandation du Christ lui-même à leur égard: «Ne prenez pas le chemin des païens... allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël» (Mt 10, 5). Et pourtant, ce sont les juifs qui repousseront en majorité, c’est-à-dire ceux qui ont décidé de s’enfermer dans la loi juive caractéristique d’un «monde ancien» et de se fermer à l’appel qui leur est lancé de faire le pas dans le «monde nouveau», celui de la vie et de la joie partagées dans l’Esprit Saint de Dieu.


Mais en réalité, la maison d’Israël avait ouvert ses murs à l’universel, elle s’était élargie au-delà des seuls juifs de naissance formant le fameux «reste» jusqu’aux juifs d’adoption et aux «craignant Dieu» que Luc appelle «les païens». Ceux-ci en particulier «… étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur ; tous ceux que Dieu avait préparés pour la vie éternelle devinrent croyants.» Oui, en entendant Paul et Barnabé proclamer la parole du Seigneur, « les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur ; tous ceux que Dieu avait préparés pour la vie éternelle devinrent croyants. Jésus Christ leur était annoncé comme la porte du salut, la source de la vraie vie dont ils rendaient témoignage.»


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Le psaume 99 (100) que la liturgie de ce dimanche nous propose en méditation faisait naturellement partie intégrante de cette fervente action de grâce à laquelle les apôtres conviait les communautés chrétiennes qu’ils évangélisaient. Véritable proclamation de foi en un Dieu qui s’est révélé jadis à Moïse dans le buisson ardent par son nom imprononçable (« je suis celui qui est », «YHVH» et qui est venu en notre monde vivre au milieu des hommes… Un Dieu qui a libéré son peuple de la servitude du Pharaon pour l’élever la louange de sa gloire, un Dieu qui nous adopte dans son troupeau, un Dieu dont l’amour et la fidélité demeurent d’âge en âge.


PSAUME 99 (100)


1 Acclamez le Seigneur, terre entière,

2 servez le Seigneur dans l'allégresse,

venez à lui avec des chants de joie !

3 Reconnaissez que le Seigneur est Dieu :

il nous a faits et nous sommes à lui,

nous, son peuple, son troupeau.

5 Oui, le Seigneur est bon,

éternel est son amour,

sa fidélité demeure d'âge en âge.