31/08/2009

… ce qui sort de l'homme,
voilà ce qui rend l'homme impur !

Bonjour !


Le texte l'Evangile de ce dimanche est de Marc, un texte étrangement ressemblant à celui de Matthieu 15, 1-9 : Jésus y fait le point sur les excès pharisaïques et délivre son enseignement sur l’impur et la vraie pureté.


EVANGILE - Marc 7, 1-8. 14-15. 21-23


1 Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem.

Ils se réunissent autour de Jésus

2 et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas

avec des mains impures, c'est-à-dire non lavées.

3 - Les pharisiens, en effet, comme tous les Juifs,

se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger,

fidèles à la tradition des anciens ;

4 et au retour du marché

ils ne mangent pas avant de s'être aspergés d'eau,

et ils sont attachés encore par tradition

à beaucoup d'autres pratiques :

lavage de coupes, de cruches et de plats. -

5 Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus :

« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas

la tradition des anciens ?

Il prennent leur repas sans s'être lavé les mains. »

6 Jésus leur répond :

« Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites,

dans ce passage de l'Ecriture :

Ce peuple m'honore des lèvres,

mais son cœur est loin de moi.

7 Il est inutile, le culte qu'ils me rendent ;

les doctrines qu'ils enseignent

ne sont que des préceptes humains.

8 Vous laissez de côté le commandement de Dieu

pour vous attacher à la tradition des hommes . »

14 Puis Jésus appela de nouveau la foule :

« Ecoutez-moi tous, et comprenez bien.

15 Rien de ce qui est extérieur à l'homme

et qui pénètre en lui

ne peut le rendre impur.

Mais ce qui sort de l'homme,

voilà ce qui rend l'homme impur. »

21 Il disait encore à ses disciples, à l'écart de la foule :

« C'est du dedans, du cœur de l'homme

que sortent les pensées perverses :

inconduite, vols, meurtres,

22 adultères, cupidités, méchancetés,

fraude, débauche, envie,

diffamation, orgueil et démesure.

23 Tout ce mal vient du dedans,

et rend l'homme impur. »

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L’occasion est belle pour les pharisiens d’interpeler Jésus à cause de ses disciples pris en flagrant délit de non-respect de la tradition. Ils se disent vivre «séparés, à l'écart des autres» et se targuent d'être les gardiens de la tradition reçue des pères pour ce qu’elle régit la vie quotidienne jusque dans ses plus petits détails, et ils se croient légitimes pour relever le manquement des disciples du Nazaréen: «Pourquoi tes disciples ne se comportent-ils pas suivant la tradition des anciens, mais prennent-ils leur repas avec des mains impures?» (5). Rappelons que, avant tout repas, les juifs avaient coutume de se laver les mains et de procéder à un lavage méticuleux des coupes, cruches et plats d’airain qu’ils utilisaient pour leur repas.

Mais Jésus profite de cette occasion pour dire ce qu’il pense non pas tant du pharisianisme qui a ses mérites, mais plutôt des pharisiens qui en faisaient trop avec cette tradition, c’est-à-dire tous ces préceptes et pratiques que les rabbins avaient, au fil des ans, ajoutés à la Loi de Moïse. Des traditions par lesquelles ils étaient censés préserver l’identité juive face aux païens. Jésus connaît les Ecritures, il le montre à ses interlocuteurs en rappelant la prophétie d’Isaïe à ce sujet (Is 29, 13) et la substance de la loi mosaïque (Ex 20, 12 ; 21, 17 – Dt 5, 13 ; Lv 20, 9). Et de les traiter sévèrement «d’hypocrites»: «Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes.» Et quel est donc ce commandement? Servir Dieu dans le respect des hommes. Oui, Jésus rappelle aux pharisiens et aux scribes que le Dieu annoncé par les prophètes est un Dieu non pas du mépris des hommes mais de leur rapprochement, de leur rassemblement dans son pardon donné et son amour infini. La vraie impureté, c’est donc celle qui souille le cœur et qui en émane: «C'est du dedans, du cœur de l'homme que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l'homme impur.» (21) Et Jésus a joint l’acte à la parole. Il a parlé aux pharisiens eux-mêmes ainsi qu’aux païens pour montrer que le projet de Dieu est une œuvre de rassemblement et d’amour. D’ailleurs, après cet épisode, il se rend au pays de Tyr où il guérit de la tourmente du démon qui la possédait une femme païenne, syro-phénicienne de naissance.

Pour nous, cet Evangile souligne la spécificité de l’apport de Jésus vivant au milieu des hommes: l’homme qui reçoit la Parole de Dieu dans son cœur est appelé à la vivre en actes au milieu de ses frères, y compris ceux qui ne partagent pas ses traditions, dans un élan inébranlable de tolérance, de rassemblement et de solidarité. C’est à leur façon de vivre cette parole qu’ils ont reçue de l’Esprit que tous reconnaîtront la force et l’amour de Jésus le nazaréen, celui-là même qui l’a enseignée à travers toute la Palestine, depuis l’Idumée dans le Sud et la Syro-Phénicie et la Trachonitide au Nord, en passant par la Judée, la Pérée, la Samarie, le décapole et la Galilée.


L'Evangile de Jésus-Christ,
une Parole à vivre dans l'amour des frères…

Bonjour !


La seconde lecture de ce dimanche est extraite de la Lettre de Saint Jacques; mais avant toute chose, il est peut-être bon de dire un mot de ce Jacques. Il s’agit très vraisemblablement de Jacques le Mineur, le frère (cousin) de Jésus, et donc bien connu des habitants de Nazareth et chef de la communauté chrétienne de Jérusalem. Certes, il n’a rien de l’érudition de Paul le théologien, car sa Lettre s’adresse plutôt à des nouveaux convertis (pour la plupart venus du judaïsme) à qui il demande de se conformer à quelques prescriptions rituelles de la Loi. Dans l’Eglise naissante, ce type d’enseignement est d’une importance capitale pour la conversion et la fidélisation des nouvelles communautés et des personnes venues d’horizons divers: la Parole de Dieu semée en vous, cette «Parole de vérité» (l’ensemble de la révélation de Dieu aux hommes) qui est un don merveilleux et gratuit, ne vous contenter pas de l’écouter, mais mettez-la en pratique, particulièrement dans l’aide et la solidarité aux orphelins et aux veuves. C’est la meilleure manière de vérifier que cette Parole a porté en nous les fruits que Dieu en attend. Deux thèmes commandent cette Lettre de Jacques: d’un côté, l’exaltation des pauvres (donc le souci des humbles, favoris de Dieu, cf. «Les Béatitudes de l’Evangile») et l’avertissement des riches, et de l’autre, l’accomplissement de bonnes œuvres et la mise en garde contre une foi stérile.

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DEUXIEME LECTURE - Jacques 1, 17-18. 21b-22. 27


Frères,

17 les dons les meilleurs, les présents merveilleux,

viennent d'en haut,

ils descendent tous d'auprès du Père de toutes les lumières,

lui qui n'est pas, comme les astres,

sujet au mouvement périodique

ni aux éclipses passagères.

18 Il a voulu nous donner la vie

par sa parole de vérité,

pour faire de nous les premiers appelés

de toutes ses créatures.

21 Accueillez donc humblement

la parole de Dieu semée en vous :

elle est capable de vous sauver.

22 Mettez la parole en application,

ne vous contentez pas de l'écouter ;

ce serait vous faire illusion.

27 Devant Dieu notre Père,

la manière pure et irréprochable

de pratiquer la religion,

c'est de venir en aide

aux orphelins et aux veuves dans leur malheur,

et de se garder propre au milieu du monde.


Se rendre digne d'entrer dans la Maison de Dieu…

Bonjour !


Ce psaume, véritable précis de morale sociale et religieuse, que je pourrais relier au psaume 26 (27), déclame en substance les conditions de l’entrée dans la Maison du Seigneur. Car pour celui qui connaît l’infinie bonté du Seigneur et la puissance de ses bienfaits pour son peuple et pour tous ceux qui le craignent, il est agréable d’habiter la demeure sainte, de savourer la douceur de Dieu, sans crainte.


PSAUME 14 ( 15 ), 1a. 2. 3bc. 4ab.5


1 Qui entrera dans ta maison, Seigneur ?

Qui habitera ta sainte montagne ?


2 Celui qui se conduit parfaitement,

qui agit avec justice

et dit la vérité selon son cœur.


3 Il met un frein à sa langue,

ne fait pas de tort à son frère

et n'outrage pas son prochain.


4 A ses yeux le réprouvé est méprisable

mais il honore les fidèles du Seigneur.

S'il a juré à ses dépens,

il ne reprend pas sa parole.


5 Il prête son argent sans intérêt,

n'accepte rien qui nuise à l'innocent.

Qui fait ainsi demeure inébranlable.

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Dans le droit fil du texte du Deutéronome (4, 1-8), le psalmiste rappelle que la maison de Dieu ne peut accueillir celui qui n’en est pas digne. Quiconque «cherche la face du Seigneur » doit se rendre digne d’aller le consulter en son sanctuaire pour mieux le connaître et vivre en sa présence : « Heureux, impeccables en leur voie, ceux qui marchent dans la loi de Yavhé.» (Ps 119, 1).

Le mot «loi» est à comprendre ici dans la richesse de sa signification hébraïque; il faut le traduire par témoignage, promesse, précepte, commandement, volonté, parole, voie, jugement, ordre. C’est-à-dire au sens le plus large d’enseignement révélé, tel que l’ont transmis les prophètes. L’hôte de Yavhé, celui qui veut entrer en sa demeure doit d’abord se restaurer et rétablir sa relation avec lui en (re)devenant fidèle, pieux et dévot. Tous les prophètes ont «rappelé à l’ordre» tous ceux qui ont enfreint à la loi divine, celle-là même que Moïse reçut des mains de Dieu sur la Montagne Sainte et que le Christ a marqué du sceau de la perfection avec ses conseils évangéliques relatifs aux devoirs essentiels envers Dieu et le prochain: «Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère.» (Mc 10, 19). Véritable exhortation à la sanctification, ce psaume doit résonner en nous comme une voix intérieure qui nous rappelle aux exigences de notre engagement de croyant, de chrétien, de «craignant-Dieu».

"Que je chante ta Loi, ô mon Dieu…"

Chers amis, bonjour !


Les trois textes que la liturgie nous propose en ce dimanche 30 Août parlent tous de la loi (commandements, décrets, ordres, préceptes…). Mais non pas celle des hommes, conçue à leur convenance et leur consensus et pour leur seule convention de vie collective. La loi dont il est question ici est celle qui vient de Dieu, une loi de Vérité et de Liberté.


PREMIERE LECTURE
- Deutéronome 4, 1... 8

Moïse disait au peuple :

1 « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets

que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique.

Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession

du pays que vous donne le Seigneur,

le Dieu de vos pères.

2 Vous n'ajouterez rien à ce que je vous ordonne,

et vous n'y enlèverez rien,

mais vous garderez les ordres du Seigneur votre Dieu

tels que je vous les prescris.

6 Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ;

ils seront votre sagesse et votre intelligence

aux yeux de tous les peuples.

Quand ceux-ci entendront parler de tous ces commandements,

ils s'écrieront :

Il n'y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !

7 Quelle est en effet la grande nation

dont les dieux soient aussi proches

que le Seigneur notre Dieu est proche de nous

chaque fois que nous l'invoquons ?

8 Et quelle est la grande nation

dont les commandements et les décrets

soient aussi justes

que toute cette Loi que je vous présente aujourd'hui ? »

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Lorsque Moïse envoya des émissaires prospecter le pays que Dieu leur avait promis, il savait qu’ils ne lui en rapporteraient que des images merveilleuses. Il en fera l’éloge aux enfants d’Israël: «Le pays que le Seigneur nous donne, c'est un bon pays», un pays ruisselant de lait et de miel, c’est-à-dire une Terre tout autre sur laquelle ils seraient tous appelés à vivre dans le bonheur, la justice et la paix. Bonheur d’une terre qui offre en abondance les fruits du travail des hommes et des femmes, justice dans la protection des pauvres, et paix dans la cohabitation avec les peuples (parfois idolâtres) qui y vivent déjà. Or cela ne serait possible que dans le respect de la loi de l’Alliance et dans la fidélité au Dieu qui sauve. Mais Moïse mourut sans qu’il eut contemplé cette Terre promise, Canaan (que l’on appellera plus tard Palestine). Cette Terre n’est pas qu’un territoire, un espace géographique ordinaire… Non ! cette Terre est un pays, c’est-à-dire un lieu dans lequel la relation homme-terre et homme-homme est vécue dans l’harmonie et engagée dans le respect libre de la Torah, la loi divine. Entre temps, les enfants d’Israël ont pris beaucoup de liberté, beaucoup trop même, s’adonnant à l’idolâtrie, s’écartant de la loi du Seigneur. C’est dans ce contexte qu’il convient (entre autres) de comprendre ce texte du Deutéronome: cette Terre a été promise pour y vivre dans le respect de la loi de Dieu, dans le bonheur et l’épanouissement. Terre des hommes, certes ! mais aussi terre de Dieu qui y sème son amour et sa tendresse afin que chacun y trouve place.

«Vous les garderez (les ordres du Seigneur), vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples» (6). Autrement dit, la loi du Seigneur est l’outil de compréhension du dessein de de Dieu pour les hommes, mais aussi la règle qui ordonne la vie de ceux qui l’acceptent. Il ne s’agit pas d’une loi morte, mais d’une loi résolument vivante pour un projet vivant. Le peuple des baptisés est également appelé à mettre en pratique cette loi qui procède non pas du bon vouloir des hommes ou d’une quelconque entente entre eux, mais de l’Esprit.


28/08/2009

«…nous croyons, et nous savons
que tu es le Saint, le Saint de Dieu. »

Bonjour !

Ce texte extrait de l’Evangile de Jean marque la fin du discours sur le pain de vie, et il est intéressant d’en faire le parallèle avec celui de Josué. En effet, Jésus vient de prononcer les paroles fondatrices de son ministère. Non seulement il vient de révéler le fond de son enseignement, mais en plus il vient de se révéler à ses nombreux disciples et à toute la foule des cinq mille hommes (sans compter les femmes et les enfants) qui l’ont suivi jusqu’ici.

EVANGILE - Jean 6, 60 - 69

Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm :

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang

a la vie éternelle. »

60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s'écrièrent :

« Ce qu'il dit là est intolérable,

on ne peut pas continuer à l'écouter ! »

61 Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples.

Il leur dit :

« Cela vous heurte ?

62 Et quand vous verrez le Fils de l'homme

monter là où il était auparavant ?...

63 C'est l'esprit qui fait vivre,

la chair n'est capable de rien.

Les paroles que je vous ai dites sont esprit

et elles sont vie.

64 Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. »

Jésus savait en effet depuis le commencement

qui étaient ceux qui ne croyaient pas,

et celui qui le livrerait.

65 Il ajouta :

« Voilà pourquoi je vous ai dit

que personne ne peut venir à moi

si cela ne lui est pas donné par le Père. »

66 A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent

et cessèrent de marcher avec lui.

67 Alors Jésus dit aux Douze :

« Voulez-vous partir, vous aussi ? »

68 Simon-Pierre lui répondit :

« Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ?

Tu as les paroles de la vie éternelle.

69 Quant à nous, nous croyons,

et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. »

Oui, Jésus déclare: «C’est l’Esprit qui fait vivre», ce même Esprit qu’il promettra à ses disciples avant son acsension auprès du Père. Mais ses paroles sont dures à entendre et à comprendre: «Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.» La Passion est annoncée en filigrane et Jésus en profite pour mettre tous ceux qui le suivent devant un choix: croire ou ne pas croire en lui. «Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas.» (63-64). Et voilà que la foule s’étiole et que seuls douze des disciples restent avec lui. La réponse de Simon-Pierre à la question de Jésus ne vient pas de ses propres forces, mais de celles de l’Esprit: «… personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père.» (65). Une profession de foi, fruit du don précieux de l’Esprit, et qui résonne comme celle des enfants d’Israël devant Josué: «Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c'est lui notre Dieu.» (Josué 24, 18).

Il est intéressant de noter que plusieurs de ceux qui avaient suivi Jésus «s’en allèrent» comme par un phénomène de décantation. C’est n’est certainement pas la difficulté à comprendre les paroles de Jésus qui explique l’abandon de tous ces disciples, mais plutôt leur incapacité à s’ouvrir à cette parole nouvelle, à l’accepter et à croire avec une confiance inébranlable en celui qui se révèle à eux comme le Fils de l’homme. Plus tard, lorsqu’il aura rendu l’âme sur la croix, et devant le terrible déchaînement des forces naturelles (tremblements de terre, grondements du ciel, etc.), certains s’exclameront: c’est vrai ! Il était bien le Fils de Dieu.

"Celui qui aime sa femme s'aime soi-même."

Bonjour !


DEUXIEME LECTURE - Ephésiens 5, 21 - 32


Frères,

21 par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ;

22 les femmes, à leur mari,

comme au Seigneur Jésus ;

23 car, pour la femme, le mari est la tête,

tout comme, pour l'Eglise, le Christ est la tête,

lui qui est le sauveur de son corps.

24 Eh bien ! Si l'Eglise se soumet au Christ,

qu'il en soit toujours de même pour les femmes,

à l'égard de leur mari.

25 Vous, les hommes,

aimez votre femme à l'exemple du Christ :

il a aimé l'Eglise,

il s'est livré pour elle ;

26 il voulait la rendre sainte

en la purifiant par le bain du baptême et la Parole de vie ;

27 il voulait se la présenter à lui-même, cette Eglise,

resplendissante,

sans tache ni ride, ni aucun défaut ;

il la voulait sainte et irréprochable.

28 C'est comme cela que le mari doit aimer sa femme :

comme son propre corps.

Celui qui aime sa femme s'aime soi-même.

29 Jamais personne n'a méprisé son propre corps :

au contraire, on le nourrit, on en prend bien soin.

C'est ce que fait le Christ pour l'Eglise,

30 parce que nous sommes les membres de son corps.

Comme dit l'Ecriture :

31 à cause de cela,

l'homme quittera son père et sa mère,

il s'attachera à sa femme,

et tous deux ne feront plus qu'un.

32 Ce mystère est grand :

je le dis en pensant au Christ et à l'Eglise.

Saint Paul n’est pas le premier à vouloir donner sens à l’union de l’homme et de la femme. Dans l’ancien Testament déjà, les sages et les prophètes ont cherché à comprendre cette merveille que Dieu avait consacrée dans le jardin d’Eden: «Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa ; homme et femme il les créa.» (Gn 1, 27). Tout comme l’Alliance de Dieu avec le peuple d’Israël est le signe de l’union de Dieu lui-même avec l’humanité tout entière, le mariage de l’homme et de la femme s’insiprera de cette fidélité inébranlable à travers les temps. De même, cette figure du couple se nourrira des exigences de l’amour du Christ pour l’humanité et pour son Eglise. Ce sur quoi Paul insite dans ce texte, c’est la réciprocité de la tendresse débordante des époux qui n’ont désormais qu’un seul exemple: le Christ lui-même qui, par amour, s’est offert en sacrifice sur la croix.

Mais l’Apôtre ne s’arrête pas là. Il faut se replacer dans le contexte de ces communautés d’Ephèse où c’est en réalité l’homme, le chef de famille, qui se soumettait la femme, et qui pensait que tout lui était dû. Paul, comme par un effet de miroir, replace le couple dans son intégralité, c’est-à-dire homme et femme, en face de l’amour du Christ pour son Eglise. Et c’est alors qu’il se risque courageusement à prononcer ce que les hommes n’avaient pas l’habitude d’entendre: «Vous, les hommes, aimez votre femme à l'exemple du Christ…» (25). Car la femme n’a plus à craindre d’être soumise à son mari, puisque celui-ci est convié à l’aimer d’abord comme lui-même s’aime, puis comme le Christ aime son Eglise.

Pour prolonger notre méditation, voici quelques paroles de foi:


La Parole de Dieu : Col 3, 23-24

Quel que soit votre travail, faites-le de bon cœur, pour le Seigneur et non pour plaire aux hommes : vous savez bien qu’en retour le Seigneur fera de vous ses héritiers. Le maître, c’est le Christ; vous êtes à son service.

La Parole de Dieu : Ga 6, 9-10

Ne nous lassons pas de faire le bien; en son temps viendra la récolte, si nous ne nous relâchons pas. Ainsi donc, tant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien à l’égard de tous et surtout de nos frères dans la foi.

La Parole de Dieu : 1 Jn 4, 16

Nous avons reconnu et nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous. Dieu est amour: celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui.

La Parole de Dieu : Ga 6, 7b-8

Dieu ne se laisse pas narguer, car ce que l'homme sème, il le récoltera. Celui qui sème pour sa propre chair récoltera ce que produit la chair: la corruption. Celui qui sème pour l'Esprit récoltera ce que produit l'Esprit: la vie éternelle.

« … sa louange sans cesse sur mes lèvres.»

Bonjour !
Ce dimanche encore, la liturgie nous fait méditer sur d’autres versets de ce psaume 33 (34), particulièrement sur la souffrance du juste. Je voudrais relever deux points importants : la souffrance une donnée intrinsèque à notre vie humaine; souffrance physique, morale, souffrance personnelle ou souffrance de voir souffrir les autres… Et devant cette souffrance, l’homme pleure, il crie… et c’est bien normal.

PSAUME 33 ( 34 ), 2-3, 16-17, 20-21, 22-23

2
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
3
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !

16
Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
17
Le Seigneur affronte les méchants
pour effacer de la terre leur mémoire.

20
Malheur sur malheur pour le juste,
mais le Seigneur chaque fois le délivre.
21
Il veille sur chacun de ses os :
pas un ne sera brisé,
22
Le mal tuera les méchants ;
ils seront châtiés d'avoir haï le juste.
23
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

Ils sont nombreux dans l’histoire d’Israël les justes qui ont été frappés par le destin et qui ont enduré malheurs sur malheurs. La Vierge Marie, Joseph et Jésus lui-même n’ont pas été épargnés. Pourtant, dit le psalmiste, à la différence des autres, ceux qui craignent le Seigneur, c’est-à-dire qui croient librement en sa puissance de délivrance et de salut, Dieu les regarde, il entend leurs cris et «Il veille sur chacun de ses os: pas un ne sera brisé.» C’est que le Seigneur Dieu est toujours là qui veille sur nous, nous regarde et nous conduit vers des chemin de notre délivrance, et ce en dépit des apparences.
Mais, qu’on ne s’y trompe pas. Il n’y a pas un camps des «bons et des justes» d’un côté et celui des «méchants» de l’autre. Les premiers promis automatiquement au salut et les seconds à la damnation éternelle. Si Dieu combat le mal, c’est également par la force qu’il nous donne de l’affronter, de la supporter. Dieu, dans son infinie miséricorde, sait qu’au fond de tout homme , même celui qui fait le mal et qui parfois s'en réjouit, sommeille une flamme d’amour, si infime soit-elle. Et c'est cette flamme qu'il attise de sa miséricorde. Rappelons-nous l’épisode du larron repenti à Jésus dit: «ce soir même tu seras avec moi dans le paradis».
Alors, ce psaume nous invite à croire toujours et sans cesse en l’amour du Dieu de tendresse qui a souffert pour nous sa passion, et qui a vaincu la mort par sa résurrection glorieuse pour notre salut.

« C'est le Seigneur qui sauve » (Nombre 13, 16)

Cher amis, bonjour !
Je vous adresse avec un petit retard mes réflexions sur les textes de dimanche dernier 23 août. Il le fallait bien car autour du dernier extrait du chapitre 6 de l'Evangile de Jean, la liturgie nous a donné de méditer celui de Josué et la suite de la Lettre de Saint Paul aux Ephésiens.
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PREMIERE LECTURE - Josué 24, 1-2a. 15-17. 18b

1 Josué réunit toutes les tribus d'Israël à Sichem ;
puis il appela les anciens d'Israël
avec les chefs, les juges et les commissaires ;
ensemble ils se présentèrent devant Dieu.
2 Josué dit alors à tout le peuple :
15 « S'il ne vous plaît pas de servir le Seigneur,
choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir :
les dieux que vos pères servaient au-delà de l'Euphrate,
ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays.
Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. »
16 Le peuple répondit :
« Plutôt mourir que d'abandonner le Seigneur
pour servir d'autres dieux !
17 C'est le Seigneur notre Dieu
qui nous a fait monter, nous et nos pères,
du pays d'Egypte, cette maison d'esclavage ;
c'est lui qui, sous nos yeux, a opéré tous ces grands prodiges
et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru,
chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés.
18 Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur,
car c'est lui notre Dieu. »
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Pour mémoire, Josué est celui que Moïse choisit pour lui succéder, c’est lui qu’il encouragea de ne pas se laisser abattre car le Seigneur marcherait avec lui et ne l’abandonnerait pas (Dt 31, 7-8), et c’est encore lui qui eut le privilège et la responsabilité de conduire les fils d’Israël en terre promise. La scène décrite dans le texte de ce jour se déroule au soir de sa vie. Avant de mourir, Josué rassemble les douze tribus d’Israël à Sichem, la ville symbolique des grands choix de certaines grandes figures d’Israël (Abraham, Jacob, Joseph et bien d’autres…) pour consacrer leur engagement indéfectible pour l’Alliance jadis conclue au Sinaï entre Dieu et Israël.
Josué a fait l’expérience de la faiblesse du peuple d’Israël devant les difficultés endurées sur la route vers la Terre promise. Il a vu certains des siens s’adonner à l’idolâtrie, c’est-à-dire au culte d’autres dieux que celui de l’Alliance. Alors, il décide de les mettre tous au pied du mur en les obligeant à choisir leur dieu. Sa propre vie est un témoignage vibrant de cette indéfectible foi en ce Dieu seul qui sauve, ce Dieu qui a fait tant et tant de merveilles dans le désert, tant et tant de hauts faits dont il s’emploie à magnifier l’extraordinaire puissance: aucun autre dieu n’est capable d’en faire autant. Josué sait que le chemin de la délivrance ne s’arrête pas sur les terres de Canaan. En réunissant les douze tribus d’Israël dans ce qui peut être appelé «une cérémonie de profession de foi collective», et en obtenant de tous leurs membres de s’engager à rejter les idoles et les faux dieux ou de s’en éloigner, et de ne servir que le seul Dieu de l’Alliance, Josué pose ici ce qui sera le leitmotiv de la morale paulinienne: dans le nouveau Testament, avec Christ il y a désormais un avant et un après, car il est la référence vivante par laquelle le définit le salut de tout homme. Il y a donc deux voies qui sont ouvertes à notre libre choix: d’un côté, celle du refus ou de la négation de Dieu, de l’idolâtrie et du pouvoir de la chair, et de l’autre celle du Christ, le nouveau Josué, celle de l’acte de foi et de l’espérance qui nous est faite, parce que fils de Dieu, de partager sa gloire en son Royaume.

17/08/2009

Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle…

Chers amis, bonjour !


Jésus continue son enseignement par lequel il se révèle comme l’envoyé de Dieu, celui qui est venu donné vie au monde, celui qui est la vraie nourriture qui sauve. Ces paroles sont dures à comprendre, et c’est bien la raison pour laquelle Jésus demande à ceux qui le veulent de le croire humblement. Cet «homme-là», comme disent certains de ceux qui l’écoutent, c’est le «Fils de l’homme», le fils de Dieu en chair et en sang. Dans le désert, la manne a sauvé la vie au peuple qui en ramassait et en mangeait ; mais la manne n’était qu’une nourriture matérielle. «Vos pères ont mangé la manne et ils sont morts», leur dit Jésus. Mais le pain qu’il promet, lui l’envoyé de Dieu, c’est son corps et son sang qui donne la vie éternelle à celui qui en mangera. Et dans cette invitation à la communion (en latin = union avec), Jésus nous annonce un cooptation: de même que lui vit et procède du Père, tout homme qui mangera son corps et son sang vivra et procèdera de lui, Fils de Dieu. L’Eucharistie (ici liée à l’incarnation dans le mot “chair“) communique aux fidèles la vie que le Fils tient du Père. Jésus est le vrai pain à la fois comme Parole de Dieu et comme victime offerte en sacrifice, par son corps et son sang, pour la vie du monde. En réalité, Jésus est bien conscient de la dureté de son propos; il sait que ses paroles sur le pain céleste révèle une réalité divine donc seul l’Esprit peut donner l’intelligence, comme ce sera le cas pour bien d’autres révélations que même les apôtres auront du mal à saisir («Ne vous en faites pas, je vous enverrai l’Esprit…»).

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EVANGILE - Jean 6, 51 - 58


Après avoir multiplié les pains,

Jésus disait à la foule :

51 « Moi, je suis le pain vivant,

qui est descendu du ciel :

si quelqu'un mange de ce pain,

il vivra éternellement.

Le pain que je donnerai, c'est ma chair,

donnée pour que le monde ait la vie. »

52 Les Juifs discutaient entre eux :

« Comment cet homme-là

peut-il nous donner sa chair à manger ?

53 Jésus leur dit alors :

« Amen, amen, je vous le dis :

si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme

et si vous ne buvez pas son sang,

vous n'aurez pas la vie en vous.

54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang

a la vie éternelle ;

et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

55 En effet, ma chair est la vraie nourriture,

et mon sang est la vraie boisson.

56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang

demeure en moi, et moi je demeure en lui.

57 De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé,

et que moi je vis par le Père,

de même aussi celui qui me mangera

vivra par moi.

58 Tel est le pain qui descend du ciel :

il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé.

Eux, ils sont morts ;

celui qui mange ce pain

vivra éternellement. »

Pour toutes choses, rendre grâce à Dieu…

Bonjour !
Voici la deuxième lecture de ce dimanche 16 Août, extraite de la Lettre de Saint Paul Apôtre aux Ephésiens 5, 15-20

Au milieu des nombreux conseils que Paul prodigue avec insistance aux chrétiens d’Ephèse, on relever plusieurs points de concordance avec les deux premiers textes de ce dimanche : vivre comme des sages et rendre grâce à Dieu le Père (à tout moment et pour toutes choses). Chez Paul, la sagesse de Dieu doit être empreinte dans notre manière de vivre ; nous devons donc sans cesse nous laisser habiter par le Saint-Esprit qui nous ensemence de ses grâces, dont la sagesse de Dieu: «Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père a qui appartient la gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître.» (1, 17). Manière de nous conduire, c’est-à-dire de cheminer vers la Christ qui est la vraie lumière, telle est la nature profonde de la sagesse chrétienne. Cette attitude chrétienne est à renouveler au présent, à chaque instant, en vivant dans la foi les moments présents, si difficiles soient-ils. Oui, il faut faire face en faisant chaque fois l’effort de décrypter et de comprendre dans les évènements que nous vivons la volonté de Dieu. Et s’il faut s’enivrer, ce n’est pas sûrement de vin, mais de l’Esprit Saint qui vie et sagesse de Dieu.
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Deuxièle Lecture - Ephésiens 5, 15 - 20

Frères,
15 prenez bien garde à votre conduite :
ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages.
16 Tirez parti du temps présent,
car nous traversons des jours mauvais.
17 Ne soyez donc pas irréfléchis,
mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.
18 Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche.
Laissez-vous plutôt remplir par l'Esprit Saint.
19 Dites entre vous des psaumes, des hymnes, et de libres louanges,
chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur.
20 A tout moment et pour toutes choses,
rendez grâce à Dieu le Père,
au nom de notre Seigneur Jésus Christ.

« Venez manger mon pain et boire le vin…
vous vivrez. »

Chers amis, bonjour !

Au lendemain de la fête de l'Assomption de Marie, c'est-à-dire de son élévation dans le Ciel où elle a été glorifiée par son Fils et l'assemblée des Saints, des Anges et de toutes les puissances célestes, la liturgie de ce dimanche nous propose des textes qui portent essentiellement sur la Sagesse de Dieu, celle qui nous invite au banquet auquel nous ne devons pas nous dérober: «La Sagesse a bâti sa maison. Elle a dressé sa table et mélangé son vin. Elle appelle ses enfants : Venez manger de mon pain et boire le vin que j’ai préparé pour vous.»

PREMIERE LECTURE - Livre des Proverbes 9, 1 - 6


1 La Sagesse a bâti sa maison

elle a sculpté sept colonnes.

2 Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin,

dressé sa table,

3 et envoyé ses servantes.

Elle proclame sur les hauteurs de la cité :

4 « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »

A l'homme sans intelligence elle dit :

5 « Venez manger mon pain, et boire le vin que j'ai apprêté !

6 Quittez votre folie et vous vivrez,

suivez le chemin de l'intelligence. »


La Sagesse, mais qu’est-ce ? On pourrait la définir comme un ensemble de réflexions élaborées qui se nourrissent autant des questionnements de l’homme dans sa relation avec les phénomènes extra ou sur-naturels que des situations très concrètes de la vie matérielle et sociale, particulièrement dans ce que celle-ci droits et obligations pour un bien-vivre-ensemble. C’est dire que la sagesse revêt une dimension à la fis individuelle et collective. Bien avant Moïse — et les civilisations égyptienne, schiite, arabe, chinoise, etc. en témoignent — des hommes ont tenté de répondre aux questions fondamentales de la vie (qui suis-je ? où vais-je ? comment est né ce monde ? quelle est ma place dans ce monde ? comment et pourquoi vis-je ? et les autres, qui sont-ils par rapport à moi ? pourquoi la mort, et existe-t-il un au-delà de la mort ? …), ils ont ainsi élaboré des proverbes, des maximes qu’ils rendaient accessibles à tous les membres de leurs communautés, indépendamment de leurs origines et de leur culture. Dans certaines sociétés s’instituèrent ou furent déclarés «sages» des personnes dont la fonction principales consistait à «réfléchir» sans cesse pour démêler le réel quotidien et scruter l’invisible afin de montrer aux autres le chemin de l’intelligence. Le roi Salomon contribua sans conteste à l’enrichissement de la littérature sapientielle d’Israël par les magnifiques proverbes et maximes qu’il nous a laissés et dont certains annoncent déjà la morale de l’Evangile de Jésus-Christ.

Longtemps auparavant, Adam et Eve furent trompés par le serpent et, dans leur folie de penser égaler et dépasser leur Créateur, ils voulurent s’emparer de la décision sur le bien et sur le mal. La sanction fut radicale: Dieu les priva du fruit de l’arbre de la vie parce qu’ils avaient manqué de sagesse. Et ce fut la déchéance. L’histoire du salut est donc fondamentalement la réouverture de ce chemin, de ce cheminement vers la vraie sagesse, non pas celle des hommes, mais celle de Dieu lui-même: «Au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu.» (Jean 1. 1). Oui, si Dieu en personne nous invite à nous laisser attirer par lui pour nous rassasier du festin de son royaume, c’est justement parce que la sagesse est un don de Dieu. Elle n’est pas timidité ni morosité, encore moins mesure ou retenue… Non ! la Sagesse véritable est folie, démesure, explosive. Parce que le Christ en est l’exemple le plus glorieux, cette folie de Dieu pour nous les hommes s’est manifestée dans la Croix: «il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime». La promesse et l’appel permanent de Jésus à vivre pour son royaume ressemble point pour point à une invitation au banquet divin: le «Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.» du “discours du Pain de vie“ (Jean 6. 51), est donc à comprendre écho du «Venez manger mon pain et boire le vin… vous vivrez.» de l’extrait de ce dimanche (Proverbes 1. 6).

Le psaume 33 (34) qui nous est proposé en méditation est en réalité un psaume dit «alphabétique», donc d’action de grâces (même si l’ordre des strophes est troublé). La parole est ici réhabilitée dans son appartenance divine. Parce que le Verbe de Dieu est puissance créatrice de Dieu lui-même, ma parole humaine est appelée à dire essentiellement la louange du Créateur. De mes lèvres ne doivent donc pas s’échapper des paroles méchantes, désobligeantes, calomnieuses. Et, dans le même sens, éviter le mal est le parfait synonyme de l’obligation de ne dire que le bien. L’acte et la parole se rejoignent ici comme participant au grand dessein de Dieu pour l’humanité. Ce psaume rappelle un principe fondamental que l’on trouvera autant dans le livre de la Sagesse (“Sagesse de Salomon“) que dans l’Ecclésiastique (“Sagesse de Sirach“): La racine, le commencement et la plénitude de la Sagesse, c’est la crainte du Seigneur, c’est-à-dire son amour. Le psalmiste ne s’y trompe pas qui précise: «Pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge». La crainte est donc totale confiance en Dieu, car «rien ne manque à ceux qui le craignent» (10).


PSAUME 33 ( 34 ), 2-3, 10-11, 12-13, 14-15


2 Je bénirai le Seigneur en tout temps,

sa louange sans cesse à mes lèvres.

3 Je me glorifierai dans le Seigneur :

que les pauvres m'entendent et soient en fête !

10 Saints du Seigneur, adorez-le ;

rien ne manque à ceux qui le craignent.

11 Des riches ont tout perdu, ils ont faim ;

qui cherche le Seigneur ne manquera d'aucun bien.

12 Venez, mes fils, écoutez-moi,

que je vous enseigne la crainte du Seigneur.

13 Qui donc aime la vie

et désire les jours où il verra le bonheur ?

14 Garde ta langue du mal

et tes lèvres des paroles perfides.

15 Evite le mal, fais ce qui est bien,

poursuis la paix, recherche-la.


07/08/2009

"Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel"

Chers amis, bonjour !
L'Evangile de ce 19ème dimanche ordinaire est extrait de Jean 6, 41 - 51:

41 Comme Jésus avait dit :
« Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel »,
les Juifs récriminaient contre lui :
42 « Cet homme-là n'est-il pas Jésus, fils de Joseph ?
Nous connaissons bien son père et sa mère.
Alors, comment peut-il dire :
Je suis descendu du ciel ? »
43 Jésus reprit la parole :
« Ne récriminez pas entre vous.
44 Personne ne peut venir à moi,
si le Père qui m'a envoyé ne l'attire vers moi,
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
45 Il est écrit dans les prophètes :
Ils seront tous instruits par Dieu lui-même.
Tout homme qui écoute les enseignements du Père
vient à moi.
46 Certes, personne n'a jamais vu le Père,
sinon celui qui vient de Dieu :
celui-là seul a vu le Père.
47 Amen, amen, je vous le dis :
celui qui croit en moi
a la vie éternelle.
48 Moi, je suis le pain de la vie.
49 Au désert, vos pères ont mangé la manne,
et ils sont morts ;
50 mais ce pain-là, qui descend du ciel,
celui qui en mange
ne mourra pas.
51 Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu'un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c'est ma chair,
donnée pour que le monde ait la vie. »
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Ce texte fait partie de ce que nous avons appelé dimanche dernier le discours sur le pain de vie, chez Saint Jean. Jésus vient de déclarer une chose fondamentale bien que difficile à comprendre par les seuls moyens de notre intelligence humaine: «Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel». Autrement dit, Parole faite chair (incarnée) parce sortie de la bouche de Dieu lui-même, Parole qui nourrit et apaise la faim spirituelle des hommes de toutes races et de toutes nations. Et le Christ précise les modalités pratiques pour se rapprocher de lui. Tout d’abord, c’est Dieu qui a l’initiative et qui propose à chacun de nous de se laisser attirer à lui, librement et sans contrainte. C’est Christ qui nous parlera de son Père car lui seul l’a vu et le connaît: «…personne n'a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.»
Pour les Juifs qui connaissaient ce Jésus, fils de Joseph le charpentier, les propos qu’il tenait étaient presque blasphématoires: «…si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.» La manne qui est restée le symbole de la toute puissance et de la miséricorde de Dieu pour son peuple au milieu des terribles épreuves dans le désert, cette manne n'est plus qu'une pâle copie de cette nourriture vivante, de ce pain véritable dont parle Jésus. Lui qui se présente comme l’envoyé de Dieu pour nous faire connaître le mystère de sa volonté et la grandeur de son dessein pour la création tout entière, revendique la proximité avec nous; il s'est fait chair et a habité parmi nous. Vrai homme et vrai Dieu, il est avec nous. Oui, puisque Dieu nous appelle, pourquoi résister, pourquoi ne pas nous laisser attirer et nous laisser conduire dans la connaissance du Père ?