03/08/2009

"Moi, je suis le pain de vie"

Bonjour !
Nous sommes au cœur de la révélation de Jésus comme fils de Dieu, envoyé par lui pour éveiller tout ce qui est endormi, l’homme enchaîné par le péché et la création tout entière, et les élever à lui dans la vie nouvelle qu’il donne. Jusqu’à présent, tout se passe comme si les foules qui suivent Jésus étaient sourdes ou tout au moins malentendantes. L’effort pédagogique de Jésus n’est pas insensé. Certes! nombreux sont les obstacles qui les empêchent de voir au-delà de l’extraordinaire, du miracle… et d’entendre cette parole qui donne la vie parce qu’elle est la vie même. Mais tout cela est bien difficile à comprendre. Les gens s’attendent à des actes concrets qui règlent des problèmes concrets; d’ailleurs, ils ne se privent pas de rappeler les hauts faits de Moïse dans le désert, véritable florilège de cette épopée historique qui a été rapportée à travers les générations. Le peuple juif, nous le constatons à nouveau, est resté (comme du temps de Moïse) impatient, incrédule et quelque peu borné à s’accrocher aux Ecritures sans vraiment les relire à la lumière de ce que proclame cet homme à travers la Judée, la Samarie, la Galilée… Dans cet épisode, Jésus passe un nouveau cap dans son ministère. Il sent que le moment est venu de livrer aux foules qui le suivent les clés de son enseignement nouveau et, par-dessus tout, de se révéler comme le Messie, le Fils de Dieu, Celui qui a été annoncé par les prophètes et qu'ils attendent avec impatience… Mais les juifs le comprendront-ils? l'accepteront-ils?
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EVANGILE - Jean 6, 24 - 35

24 La foule s'était aperçue que Jésus n'était pas au bord du lac,
ni ses disciples non plus.
Alors les gens prirent les barques
et se dirigèrent vers Capharnaüm
à la recherche de Jésus.
25 L'ayant trouvé sur l'autre rive,
ils lui dirent :
« Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
26 Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé du pain
et que vous avez été rassasiés.
27 Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd,
mais pour la nourriture qui se garde
jusque dans la vie éternelle,
celle que vous donnera le Fils de l'homme,
lui que Dieu, le Père, a marqué de son empreinte. »
28 Ils lui dirent alors :
« Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Jésus leur répondit :
29 « L'œuvre de Dieu,
c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. »
30 Ils lui dirent alors :
« Quel signe vas-tu accomplir
pour que nous puissions le voir, et te croire ?
Quelle œuvre vas-tu faire ?
31 Au désert, nos pères ont mangé la manne ;
comme dit l'Ecriture :
Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
32 Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
ce n'est pas Moïse
qui vous a donné le pain venu du ciel ;
c'est mon Père
qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
33 Le pain de Dieu,
c'est celui qui descend du ciel
et qui donne la vie au monde. »
34 Ils lui dirent alors :
« Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. »
35 Jésus leur répondit :
« Moi, je suis le pain de la vie.
Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim ;
celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif. »
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Jésus vient donc de réaliser un miracle (la multiplication des pains) et le bruit court à travers la galilée. Alors, la foule le recherche et le retrouve finalement à Capharnaüm. A la question somme toute banale mais non moins intéressée («Rabbi, quand es-tu arrivé ici ?»), Jésus prononce ce qu’il est convenu d’appeler «un discours eucharistique» dans lequel il se présente comme la vraie nourriture par son corps et par son sang. Les juifs réclamaient un signe de sa grandeur (analogue à celui de la manne), mais lui répond qu’il transmet l’enseignement du Père, qu’il est le vrai pain, assimilable par la foi. Avouez que c’est très ardu… et les juifs, à l’exception de Pierre et des autres disciples, ne comprennent rien à ce langage «anthropophagique». Tellement ils sont ancrés dans la tradition et la lettre des Ecritures. Pourtant, cette pédagogie du Pain nouveau est déjà présente depuis l’exode même dans l’enseignement de Moïse qui sans cesse essayait d’amener le peuple à lire (décrypter) le vrai message de Dieu au-delà des apparences matérielles: «Il (Yavhé) t’a humilié, il t’a fait sentir la faim, il t’a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te montrer que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Yavhé» (Dt 8, 3).

En se présentant ouvertement comme le Pain venu du ciel pour nourrir le monde, Jésus se révèle comme procédant du Père donc lui seul connaît les mystères et, à son tour, les révèles aux hommes. Mais il va plus loin. Pain vivant descendu du ciel pour un monde nouveau, Jésus annonce pour la toute première fois qu’il est, lui le nazaréen, ce pain vivant qui apaise la faim, à la seule condition que l’on vienne à lui et qu’on le cherche avant qu’il ne soit trop tard. Venir à Jésus veut dire exactement la même chose que croire en Jésus. «Amen, amen, je vous le dis…», une interpellation qui ressemble à la déclamation des prophètes «Ainsi parle le Seigneur Dieu…» quand il s’agissait d’annoncer un message de Dieu, certes difficile à comprendre, mais inaltérable.
Dans sa pédagogie, Jésus vient de passer un cap déterminant. Aux œuvres que réclament les juifs, il oppose la foi à l’envoyé de Dieu qu’il est en chair et en os. Pain véritable que préfiguraient la manne et le pain multiplié la veille sur la rive du Lac de Tibériade, Jésus invite les hommes à son repas. Il se montre à eux mais ils ne le voient pas encore parce qu’ils ne le discernent pas et ne le reconnaissent encore (et d’emblée) comme le Fils réellement envoyé par le Père. Nous entrevoyons ici la réponse qui sera celle de Père à la question de Jésus: «Et pour vous, qui suis-je ?». La confession de Pierre sera tempérée par Jésus: «Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non pas de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux.» (Mt 16, 17)

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