27/04/2014

Jean XXIII, le pape de la docilité à l'Esprit,
Jean-Paul II, le pape de la famille…

Chers amis, bonjour !


IL EST 10H CE MATIN. Une Place de Saint-Pierre noire de monde. Des pèlerins et même des non-croyants ainsi que de simples curieux venus de par le monde. Ils ont bravé la petite pluie de la nuit et, tôt le matin, ont pris place pour vivre en communion avec tous les chrétiens et toutes personnes de bonne volonté, la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II… Une image incroyablement forte en début de cérémonie : l’accolade puis les mains liées des deux papes, Benoît XVI et François 1er. C’est là aussi un signe fort adressé au monde. Un signe de respect, de continuité de l’Église à travers les âges.

Ensuite, la cérémonie proprement dite commence. Autour du Pape François, sont présents entre 140 et 150 cardinaux, mille évêques, six mille prêtres, ainsi que deux cents diacres. La Maîtrise du Vatican entonne la litanie des saints qui est reprise par une foule immense amassée sur la Place et qui s’étire tout le long de la célèbre Via della conciliazione. Après les trois pétitions prononcées par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints, pétitions par lesquelles il demande au Saint Père de canoniser les deux Papes et d’inscrire leurs noms au catalogue des saints, le Pape François répond à la première par une invite à la prière, à la seconde par l’invocation de l’Esprit Saint et à la troisième par une approbation définitive. La foule en liesse acclame les deux reliques que portent pieusement des chrétiens : une fiole contenant du sang du pape Jean-Paul II et celle contenant un bout de peau du pape Jean XXIII.
À signaler également le choix de ces deux canonisations en ce premier dimanche de Pâques que justement Jean-Paul II avait placé sous le signe de la miséricorde divine. Cette miséricorde divine dont le pape François dit qu’elle est « une grande lueur d’amour et de tendresse, c’est la caresse de Dieu sur les blessures de nos péchés. » (Extrait de l’homélie du Pape François le lundi 7 avril 2014 en la chapelle de la maison Sainte Marthe au Vatican).
Tellement d’émotions en ce jour exceptionnel pour l’Église, tellement de mots qui résonnent encore dans ma tête des heures après la célébration de cette messe. Mais j’en retiens deux expressions par lesquelles le pape a caractérisé chacun des deux papes : Jean XXIII, le pape de la docilité à l’Esprit Saint, et Jean-Paul II, le pape de la famille.


DANS SON HOMÉLIE, courte mais incisive, le pape François a été développé ce qu’on peut appelé une spiritualité (ou une théologie) du corps autour des plaies du Christ. Je vous en donne ici une version du texte enrichi par les équipes du site eglise.catolique.fr

Au centre de ce dimanche qui conclut l'Octave de Pâques, et que Jean-Paul II a voulu dédier à la Divine Miséricorde, il y a les plaies glorieuses de Jésus ressuscité.

Il les montre dès la première fois qu'il apparaît aux Apôtres, le soir même du jour qui suit le sabbat, le jour de la résurrection. Mais ce soir là Thomas n'est pas là ; et quand les autres lui disent qu'ils ont vu le Seigneur, il répond que s'il ne voyait pas et ne touchait pas les blessures, il ne croirait pas. Huit jours après, Jésus apparut de nouveau au Cénacle, parmi les disciples, et Thomas aussi était là ; il s'adresse à lui et l'invite à toucher ses plaies. Et alors cet homme sincère, cet homme habitué à vérifier en personne, s'agenouille devant Jésus et lui dit « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).

Les plaies de Jésus sont un scandale pour la foi, mais elles sont aussi la vérification de la foi. C'est pourquoi dans le corps du Christ ressuscité les plaies ne disparaissent pas, elles demeurent, parce qu'elles sont le signe permanent de l'amour de Dieu pour nous, et elles sont indispensables pour croire en Dieu. Non pour croire que Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité. Saint Pierre, reprenant Isaïe, écrit aux chrétiens : « Par ses plaies vous avez été guéris » (1P 2,24 ; Cf. Is 53,5).

Jean XXIII et Jean-Paul II ont eu le courage de regarder les plaies de Jésus, de toucher ses mains blessées et son côté transpercé. Ils n'ont pas eu honte de la chair du Christ, ils ne se sont pas scandalisés de lui, de sa croix ; ils n'ont pas eu honte de la chair du frère (Cf. Is 58,7), parce qu'en toute personne souffrante ils voyaient Jésus. Ils ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage (parresia) du Saint Esprit, et ils ont rendu témoignage à l'Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde.


Ils ont été des prêtres, des évêques, des papes du XXème siècle. Ils en ont connu les tragédies, mais n'en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort ; plus forte était la foi en Jésus Christ rédempteur de l'homme et Seigneur de l'histoire ; plus forte était en eux la miséricorde de Dieu manifestée par les cinq plaies ; plus forte était la proximité maternelle de Marie.

En ces deux hommes, contemplatifs des plaies du Christ et témoins de sa miséricorde, demeurait une « vivante espérance », avec une « joie indicible et glorieuse» (1P 1,3.8). L'espérance et la joie que le Christ ressuscité donne à ses disciples, et dont rien ni personne ne peut les priver. L'espérance et la joie pascales, passées à travers le creuset du dépouillement, du fait de se vider de tout, de la proximité avec les pécheurs jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'écœurement pour l'amertume de ce calice. Ce sont l'espérance et la joie que les deux saints Papes ont reçues en don du Seigneur ressuscité, qui à leur tour les ont données au peuple de Dieu, recevant en retour une éternelle reconnaissance.

Cette espérance et cette joie se respiraient dans la première communauté des croyants, à Jérusalem, dont nous parlent les Actes des Apôtres (Cf. 2, 42-47). C'est une communauté dans laquelle se vit l'essentiel de l'Évangile, c'est-à-dire l'amour, la miséricorde, dans la simplicité et la fraternité.
C'est l'image de l'Église que le Concile Vatican II a eu devant lui. Jean XXIII et Jean-Paul II ont collaboré avec le Saint-Esprit pour restaurer et actualiser l'Église selon sa physionomie d'origine, la physionomie que lui ont donnée les saints au cours des siècles. N'oublions pas que ce sont, justement, les saints qui vont de l'avant et font grandir l'Église. Dans la convocation du Concile, Jean XXIII a montré une délicate docilité à l'Esprit Saint, il s'est laissé conduire et a été pour l'Église un pasteur, un guide-guidé. Cela a été le grand service qu'il a rendu à l'Église ; il a été le Pape de la docilité à l'Esprit.

Dans ce service du Peuple de Dieu, Jean-Paul II a été le Pape de la famille. Lui-même a dit un jour qu'il aurait voulu qu'on se souvienne de lui comme du Pape de la famille. Cela me plaît de le souligner alors que nous vivons un chemin synodal sur la famille et avec les familles, un chemin que, du Ciel, certainement, il accompagne et soutient.

Que ces deux nouveaux saints Pasteurs du Peuple de Dieu intercèdent pour l'Église, afin que, durant ces deux années de chemin synodal, elle soit docile au Saint Esprit dans son service pastoral de la famille. Qu'ils nous apprennent à ne pas nous scandaliser des plaies du Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde divine qui toujours espère, toujours pardonne, parce qu'elle aime toujours.



Puis, j’ai suivi en direct sur ma télévision sur France 2 et avec mon ordinateur sur Diretta TV (la télévision digitale du Vatican) le déroulement de cette messe au cours de laquelle j’ai de temps en temps shooté des images d’écran qu’avec plaisir je partage avec vous :

L'esplanade de la Place Saint-Pierre de Rome
La célèbre Via della Concilliazone qui prolonge la Place Saint-Pierre
La foule nombreuse de pèlerins venus du monde entier
Le Pape François confirmant la canonisation des deux papes
Près de 150 cardinaux, 1000 prêtres, 6000 prêtres et 900 diacres…
Le Pape tenant le lectionnaire avant la liturgie de la Parole
Encensement de l'autel et de l'assistance
Le pape Émérite Benoît XVI en prière. Dans son regard une lueur d'humilité…

Le Pape François reçoit les reliques des mains des chrétiens
Liturgie des offrandes
Benoît XVI tout en prière et en communion avec tous ses frères consacrés…
Les deux fioles contenant les reliques des deux papes
Sœur Marie Simon-Pierre, de la congrégations des Petites sœurs des maternités catholiques
discrète miraculée de Jean-Paul II, prononçant une intention de prière universelle…
Benoît XVI communiant au sang du Christ…
… et méditant.
Le Pape François se recueillant devant la Vierge pendant que le chœur de la maîtrise
et l'assistance chantent le Salve Regina
La bénédiction finale
Et, de nouveau, les salutations chaleureuses des papes François et Benoît XVI
Le délégation polonaise était nombreuse, ainsi que celle de Sotto il Monte,
le village de Jean XXIII situé près de Bergame dans le nord-ouest de l'Italie.
Une vue de la Place Sain-Pierre à la fin de la cérémonie.




26/04/2014

"Soyons des serviteurs de la nouvelle naissance inaugurée par le Christ"

Chers amis, bonjour!

Plutôt deux fois qu'une… l'abondance en la matière ne peut être que bénéfique. Oui, deux sermons plutôt qu'un seul pour cette fête pascale, tel est le cadeau que je nous fais grâce à l'amabilité du RP Gilles VADON, prêtre d Prado et curé de Saint-Priest (69), ma paroisse. "Soyons des serviteurs de la nouvelle naissance inaugurée par le Christ"… Tout est dit dans cette invite : Pâques, nouvelle naissance initiée par le Christ, est pour nous Chrétiens le dévoilement d'un au-delà-de-la-mort qui, naturellement nous faisait peur, mais que le Seigneur nous laisse découvrit comme le monde dans lequel se continue le chemin de vie que lui-même nous a montré tout au long de sa vie sur terre, au milieu des plus faibles, des malades, des déshérités, des persécutés et autres laissés pour compte. N'a-t-il pas dit : "Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi."? (Jn 14, 6). Sortir du tombeau, c'est passer des ténèbres à la lumière, c'est manifester la continuité et la toute puissance de la vie. C'est donner le goût du risque, c'est ouvrir le chemin de l'espérance, c'est croire définitivement à la réalité de la promesse du royaume dans la fidélité à sa Parole, son Esprit. Paul clamera dans sa Deuxième épître à Timothée (chap. 2, 11-13) : "Cette parole est certaine; car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui; si nous souffrons avec Lui, nous règnerons aussi avec Lui; si nous Le renions, Lui aussi nous reniera; si nous sommes infidèles, Il demeure fidèle; Il ne peut pas se renier Lui-même." A Pâques, Dieu remplit d'espérance, d'humilité et d'humidité nos cœurs secs, arides et vides.

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Homélie de Pâques 2014


Je vous laisse découvrir et méditer cette homélie du RP Gilles VADON à l'occasion de ce dimanche de Pâques. Bien entendu, qu'il trouve ici l'expression de notre sincère reconnaissance:

RP Gilles VADON, curé de Saint-Priest (69)


"Le premier jour de la semaine" C’est ainsi que débutait l’évangile : c'est comme si, ce jour-là, tout commençait. Une nouvelle " genèse ", où Dieu dit : " Que la lumière soit. " Mais quelle lumière ? Celle du jour nouveau.

Il faisait encore sombre, nous dit l'Évangile, quand Marie-Madeleine se rend au tombeau. Elle va y chercher un mort. Elle ne trouve que le vide, là où devrait se trouver un cadavre. Et tout naturellement elle pense qu'on a volé le cadavre. Comment pourrait-elle imaginer une autre perspective ? Si le cadavre n'est plus là, il n'y a pas d'autre hypothèse que le vol.
Pour Marie-Madeleine, il fait encore sombre dans son esprit. Comment pourrait-il en être autrement ?
Pour que la lumière jaillisse, un peu plus tard, il lui faudra faire une tout autre expérience. Pour comprendre cette expérience, prenons une comparaison :

Mort et naissance
Pour cela, il faut d'abord bien se rendre compte que mort et naissance vont dans le même sens. Naître, c'est quitter la sécurité du sein maternel pour se jeter dans l'inconnu.

Au bout de 9 mois c’est la sortie c’est l’arrivée dans notre monde, le bébé passe à la vie.
Cela ne se fait pas sans blessure, sans cris, sans douleur. Mais une fois ce passage effectué, une vie nouvelle commence, qui n'est que le prolongement de sa vie commencée dans le sein de sa mère. Tout au long de la vie le petit d’homme poursuivra cette aventure, avec tant de ruptures. L'avenir fait chaque jour mourir notre présent.
Mais, de même qu'il a fallu un jour mourir à la vie intra-utérine pour une vie autre, il nous faudra ce jour-là mourir à la vie terrestre, dans ce qu'elle a de limité dans le temps et dans l'espace, pour nous ouvrir à la Vie dans un univers qui est à la fois le même et radicalement nouveau. C’est vrai que les mots trébuchent pour parler de la vie de Dieu la vie avec Dieu. La clé c’est la foi, la confiance.
Dans la foi, nous pouvons dire que ce qui nous arrivera, c'est ce que le Christ a vécu. Il est "le premier-né d'entre les morts", dans la condition de l'homme nouveau. Voilà la signification de la Résurrection du Christ. Il est le premier-né.

Comment Marie-Madeleine aurait-elle pu y croire au matin de Pâques ! Et nous, le croyons-nous ? 

Nous ne sommes pas encore nés !

Supposons que l'on puisse parler à l'enfant encore dans le ventre de sa mère pour lui expliquer la couleur des fleurs, le goût des fruits, le bonheur de l'amitié, les joies de l'amour, bref, tout ce qui fait une vie humaine.

C’est impossible.

Eh bien, c'est un peu ce qui nous arrive quand nous essayons de comprendre l'univers de la résurrection : nous ne sommes pas encore nés. Pourtant, la foi permet de nous ouvrir à ce monde de Dieu. En suivant Jésus, on peut déjà percevoir un peu notre avenir.

Comme l'enfant qui est encore dans le ventre maternel ignore qu'il fait déjà partie de notre monde, que ce monde s'occupe de lui, y prépare son entrée. Il est déjà lié aux autres, surtout par sa mère. Nous sommes nous sur cette terre comme l’enfant dans le ventre de sa mère. Pour naitre pleinement à la vie, il nous faut vivre un passage, une Pâque. C’est cette Pâques qu’a vécu le Christ e passant du tombeau à son Père.

Nous sommes déjà dans l'univers de la résurrection, et pourtant nous n'y sommes pas encore nés. Mais quelqu'un y est né et prépare notre naissance : Jésus.

Et au bout de cette vie-là, c’est la joie !

Le terme est la joie. Mais ce terme est déjà là, dans la foi. Notre vie, notre vie spirituelle est toute une suite de passages. Mettons notre confiance en ce Dieu qui nous fait naître et renaître. Vivons, en homme nouveau en sachant que partout où nous vivrons, le Christ nous précèdera.

Que Pâques soit notre espérance, Alléluia ! 

19/04/2014

Christ est ressuscité d'entre les morts, alleluia!
Chantons notre joie en ce jour de fête…

Chers amis, bonjour !

Après un laps de temps, voilà que je me manifeste de nouveau auprès de vous à travers cet exercice si enrichissant de partage de la Parole de Dieu. Et le moment est tout approprié pour renouer notre relation avec cet évènement qui constitue le socle même de notre foi chrétienne: La Pâques du Seigneur…

Pour le commentaire de l'Évangile de ce dimanche de Pâques, j'ai sollicité la collaboration du RP Joseph Yongolo, prêtre congolais du diocèse de Kinkala, actuellement en mission à Cayenne en Guyane. Qu'il trouve ici ma reconnaissance pour son texte d'homélie qu'il a bien voulu nous faire partager en avant-première.


RP Joseph YONGOLO
 actuellement en mission dans le diocèse de Cayenne (Guyane)



Mes amis, chers frères et sœurs,



Si l’Évangile s’est répandu dans le monde entier et a donné naissance à l’Église, ce n’est pas en vertu de la beauté du message des béatitudes, ni grâce aux miracles et aux apparitions de Jésus, ni parce que Jésus est mort martyr. Le martyr n’est ni une particularité ni une exception chrétienne et encore moins un  

Tant d’autres grandes et illustres personnalités l’ont vécu, comme Jean-Baptiste, M.L. King et Gandhi pour ne citer que ceux là. Mais le fondement de la foi chrétienne réside en ceci que Jésus est mort et qu’il est RESSUSCITÉ.

La résurrection du christ, telle est la Bonne Nouvelle que d’emblée les apôtres se sont mis à proclamer : « Ce Jésus que vous avez mis à mort en le crucifiant sur la croix, Dieu l’a ressuscité : nous en sommes tous témoins » ( C’est la prédication de St Pierre dans Ac 2,32) ; « Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le 3ème jour, selon les Ecritures. Il est apparu à Pierre et aux Douze…». (St Paul ; 1 Cor 15, 3).

La négation de cet événement fait de l’Évangile un moralisme, de l’Église une O.N.G. philanthropique, et des martyrs et des chrétiens, des gens naïfs qui ont été bernés : « Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vaine est aussi votre foi » (1 Cor 15, 14)

Pourtant les premiers apôtres, en clamant partout cette Nouvelle, risquaient gros : si le pouvoir romain avait exécuté leur Maître, n’allait-on pas les poursuivre et les tuer eux-aussi ?

De l’autre côté, les autorités juives les sommaient de se taire, les arrêtaient pour les fouetter et les excluaient des synagogues. En outre, bien souvent, ils devaient rompre tous liens avec leurs familles incrédules. La foi les coupait de tout ce qui avait fait leur vie… mais ils allaient créer une nouvelle fraternité universelle, dans la Paix du Christ.

En prison, Paul écrivait : « Je considère que tout est perte, au regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus Christ, mon Seigneur. À cause de lui j’ai tout perdu. Il s’agit de le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances… » (Phil 3, 8-10)

 
Pour l’église, pour nous, le matin de Pâques c’est le plus beau matin du monde.

Après le sabbat, à l’heure où commençaient à poindre les premières lueurs du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie viennent au tombeau pour regarder le sépulcre, pour embaumer le corps du Maître, mais aussi pour pleurer encore.

Jésus mort en croix avait été enseveli en toute hâte car au crépuscule on allait entrer en shabbat. Une pierre avait été roulée à l’entrée de la tombe. Tous les disciples avaient lâché leur Maître et se cachaient quelque part, perdus, honteux, désemparés, désespérés et tremblant de peur. Cette nuit-là, toutes les familles, toutes les maisons célébraient joyeusement la Pâque, celle du souvenir de la libération de l’esclavage au pays d’Égypte, en consommant un agneau.

Le lendemain matin, c’était shabbat, jour de repos total, de réunions familiales, de prière : Et tout Israël suppliait son Dieu en disant : «O Seigneur Dieu, toi qui a libéré nos ancêtres de l’esclavage, envoie-nous vite ton Messie pour qu’il nous sauve».

Mais demain la vie allait reprendre son cours : la page de Jésus était tristement tournée, finie, bien terminée.

À la fin de la nuit, les timides lueurs de l’aurore commencent à écarter l’obscurité et à illuminer le premier jour de la semaine juive, jour de reprise du travail.

Bravant les menaces, des femmes osent se rendre au Golgotha, pour voir la tombe et pleurer le Maître qui avait disparu tragiquement.

Sortant de la nuit, elles vont se projeter dans la lumière. Parties pour se lamenter sur le passé, elles vont s’ouvrir à l’avenir.

Et voilà qu’il y eut un grand tremblement de terre ; l’ange du Seigneur descendu du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Il avait l’aspect de l’éclair, et son vêtement était blanc comme neige. (Encore une théophanie)

Les gardes, dans la crainte qu’ils éprouvèrent, se mirent à trembler et devinrent blêmes comme morts.

Alors que, dans les autres évangiles, les visiteuses découvrent la pierre déjà roulée, Matthieu veut exprimer qu’il n’y a pas eu intervention humaine, pas de rapt du cadavre du Maître.


Personne n’a été témoin de ce qui s’est passé cette nuit-là : la résurrection est l’œuvre de Dieu seul. « L’ange du Seigneur » (antique désignation de la manifestation de Dieu), l’ange roule la pierre, non pour que Jésus puisse sortir, car il est déjà vivant, mais pour permettre aux femmes de constater que le tombeau est vide.

Les gardes postés par les Autorités ne peuvent rien voir, pas plus que Caïphe ou Ponce Pilate : quiconque se fige dans le refus demeure aveugle. Alors, l’ange prend la parole et dit aux femmes :

 «Soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez

L’Ange apaise les visiteuses et leur révèle le rebondissement de leur quête : le mort est ressuscité !

Elles étaient venues pour pleurer devant une pierre : maintenant elles peuvent entrer dans le trou épouvantable de la mort. Son abîme est ouvert et il est vide !

Elles venaient se recueillir en silence dans le souvenir d’un défunt : elles entendent une parole qui sèche leurs larmes, illumine leur présent et leur ouvre un avenir.

Alors, tout le passé leur revient : Ah, mes amis, si nous tous, disciples de Jésus, avions davantage un peu de confiance !

Naguère les premiers disciples étaient ravis par les prédications du Maître, émerveillés devant ses guérisons, mais ils n’avaient pas entendu (ou pas voulu entendre) le message qu’il avait répété plusieurs fois sur la route vers Jérusalem :

« Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes : ils le flagelleront, et le tueront. Mais le troisième jour, il ressuscitera » (Math.17, 22 ; 16, 21 ; 20, 17).

Mais il avait aussi dit: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive… Celui qui veut sauver sa vie, la perdra, mais quiconque perd sa vie, à cause de moi, la retrouvera » (16,24).                

Il fallait que les choses se passent ainsi.

Mais en ce matin-là, le message et clair et fait chaud au cœur, pas question de regrets ni de culpabilité : « VITE ! allez dire à ses disciples… ».


Le pèlerinage au cimetière est changé, transfiguré ; il devient une course missionnaire. Il faut cesser de pleurer et parler ; redire ce qu’il leur avait dit quand il était au milieu d’eux.

Porteuse de vie par sa maternité, la femme se doit de s’empresser pour annoncer la Bonne Nouvelle aux apôtres incrédules, les faire sortir de leur tannière, les remettre en mouvement.

La Résurrection est un message de Renaissance, un message essentiel, urgent, joyeux et toujours neuf.

Vite, elles quittent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, et elles courent porter la nouvelle aux disciples.

Et voici que Jésus vient à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. »               Elles s’approchent, lui saisissent les pieds en se prosternant devant lui. Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. »

Matthieu est le seul à parler de cette première apparition du Ressuscité. La Bonne Nouvelle est d’abord message d’un envoyé : si on lui fait confiance et si, on y croit, elle met en route, elle devient contact et adoration; et enfin elle se transforme en mission.

D’abord, regardons de près les apôtres : ils ne sont plus des disciples, des admirateurs, des membres du fan club de Jésus, mais de pauvres hommes qui, grâce à la croix et la résurrection, sont pardonnés de leur péché, et deviennent « MES FRÈRES », car c’est ainsi que les appelle désormais Jésus.

Au lieu de s’enfermer dans la peur et le doute, ils font confiance aux femmes ; ils retournent en Galilée, là où l’aventure avait commencé, lorsque ces pêcheurs avaient lâché leurs filets pour suivre le prophète Jésus.

Là-bas le Ressuscité va les rencontrer, les envoyer et ils deviendront                       « des pêcheurs d’hommes ». Ils reprendront le même itinéraire : prédication, soins des souffrants, et même, ils vont endurer à leur tour les mêmes tribulations et, pour certains d’entre eux, jusqu’ à mourir par la Croix, et à gagner la Vie nouvelle.

C’est, voyez-vous, ainsi que le projet de Jésus homme s’épanouit dans le témoignage des véritables disciples, notre témoignage à nous aussi.





Jésus est ressuscité le premier jour de la semaine, après le shabbat. Voila pourquoi désormais, il y a le dimanche.

Très vite, les premiers chrétiens ont décidé de célébrer Pâques non une fois par an, mais chaque semaine. Lendemain du shabbat, le premier jour fut appelé « Jour du Seigneur » - en latin « domenica » qui se traduit en français DIMANCHE, lequel est donc une invention chrétienne.



En ce jour, les croyants disséminés de part le monde se rassemblent dans la joie des retrouvailles : sortant de leur individualisme, de leur solitude, de la tombe qui les enferme, ils ressuscitent ensemble, comme aujourd’hui, le Corps  vivant de leur Seigneur.



Le concile Vatican II nous enseigne et nous dit :

 « Ce jour-là, les fidèles doivent se rassembler pour que, en entendant la Parole de Dieu, et en participant à l’Eucharistie, ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus, et ainsi qu’ils rendent grâce à Dieu qui les a « régénérés pour une espérance vivante… » (1 Pierre 1,3)

Aussi, le jour dominical est-il le jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles ; de sorte qu’il devienne jour de joie et de cessation du travail…Le dimanche est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique » (Décret sur la Liturgie n°106)

ALLELUIA, LE SEIGNEUR EST RESSUSCITÉ ! vraiment, il est ressuScitÉ ! : Telle est, frères et sœurs, l’acclamation de la foi qui nous relève de nos chutes et renouvelle notre communion en Église.

Il s’agit, pour nous, de porter désormais la nouveauté de pâques à travers les Galilées de nos vies. Car Jésus est à jamais vivant et bien vivant en nous et au milieu de nous.