30/07/2008

"Celui qui a soif,
moi, je lui donnerai de la source de vie,
gratuitement…" (Jn - Ap 21, 6)

Bonjour !
Le repas… vous avez dit "repas"? Pourquoi, en effet, dans l'Evangile tant de mentions de moments de repas ? Peut-être tout simplement parce que manger et boire sont des activités vitales pour tout être vivant. La table représente en cela un lieu, un espace de convivialité. Mais on peut s'asseoir à la table du diable comme à celle de Dieu. Dans les deux cas se noue une alliance dans ce partage. La Cène de Jésus avec ses apôtres est l'exemple par excellence de ce "repas d'alliance" pour la liberté, contrairement à l'épisode du veau d'or (voir Ex 32, 1-6). Du fruit cueilli et partagé entre Adam et Eve au repas eucharistique, en passant par la Manne au désert, les Noces de Cana… des messages importants sont véhiculés à l'occasion de ces moments particuliers. On "mange son pain" (préfiguration du corps sacré du Christ offert en holocauste pour le salut du monde) et l'on "boit son vin" (préfiguration de son sang qui sera versé pour la rémission de nos péchés). C'est dire qu'au-delà de l'acte même de manger et boire, nous sommes appelés à ne pas oublier le donateur. La prière que nous devons dire avant et après chaque repas est alors Parole de Dieu sur notre nourriture; chaque fois que nous la prononçons, nous acceptons par là même une loi qui nous rappelle sa présence, car la Parole de Dieu est vie et nourriture.

Les textes que la liturgie nous propose en ce 18ème dimanche du temps ordinaire nous rassemble autour de la Parole et du Pain. Le Seigneur rassasie à souhait tout ce qui vit. Nous sommes conviés à partager le repas de l'alliance éternelle. Voilà pourquoi rien, mais rien ne pourra nous séparer de l'amour du Christ.
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Livre d'Isaïe (Is 55, 1-3)

55

01Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau !
01Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer,
01venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer.
02Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
01vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
01Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses,
01régalez-vous de viandes savoureuses !
03Prêtez l'oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez.

01Je ferai avec vous une Alliance éternelle,
01qui confirmera ma bienveillance envers David.
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Quelques pistes de réflexion

Dans ce texte d’Isaïe ci-dessus, il est question de soif et de faim et donc d’eau et de nourriture. Par la bouche du prophète, Dieu s’adresse à son peuple. Il annonce aux exilés qui rentrent à Jérusalem qu’il ne les abandonne pas et qu’il vient habiter avec eux. Il vient renouveler son alliance et en assurer la stabilité, elle sera “une alliance éternelle”.
Dans le désert, le peuple de Dieu avait été souvent confronté à ces deux besoins fondamentaux de l’homme se désaltérer et manger pour vivre et survivre. Et Dieu leur en a servi sous toutes les formes, des plus ordinaires aux plus insolites parmi lesquelles la manne. Mais ici Isaïe parle aussi d’argent, de monnaie d’échange : il y a donc commerce de biens de consommation de première nécessité : le blé (pour fabriquer le pain), le lait et le vin. Mais pourquoi dépenser son argent pour des biens si éphémères ?
Le prophète appelle tous ceux qui sont altérés à venir vers l’eau et le pain véritables. Ainsi personnifiés, ces deux entités symboliques du repas, et donc de la convivialité et du partage, préfigurent le corps du Christ qui s’offrira en holocauste divine pour le salut de toute l’humanité, mais aussi sa Parole, cette eau qui étanche la vraie soif de nos âmes. Dieu nous convie à son repas, gratuitement. A nous d’aller à sa rencontre, à nous de répondre à son invitation.
Dans l’épisode de sa révélation aux samaritains comme Sauveur du monde, Jésus dit à la samaritaine (qui s’étonnait de ce que lui, un Juif, lui demande de l’eau : «Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau ; mais qui boit de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’au jaillissante en vie éternelle» (Jn 4, 13-14). Cette eau-là est celle du sacrifice, et du don pour la multitude, une eau qui purifie. En écho à ces paroles, l’Apôtre Jean reprend cette révélation dans l’Apocalypse : «… Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin ; celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie, gratuitement…» (Ap 21, 6). Et plus loin : «L’Esprit et l’épouse disent :“Viens !“. Que celui qui écoute dise : “Viens !“. Et que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie, gratuitement» (Ap 22, 17).

Manger de bonnes choses requiert une bonne de la Parole de Dieu. Celui qui s’approche de cette nouvelle table marchera selon la Sagesse et l’intelligence de Dieu. La Sagesse ne dit-elle pas à l’insensé : «Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai préparé ! Quittez la sottise et vous vivrez, marchez droit dans la voie de l’intelligence» (Pr 9, 5-6). Cette même Sagesse nous rappelle : «Venez à moi, vous tous qui me désirez ; et rassasiez-vous de mes produits…» (Si 24, 19) … des paroles qui annoncent celles du christ lui-même : «venez à moi, vous tous qui ployez sous le fardeau du péché…».

24/07/2008

Dieu est-il pour nous la priorité ?
Et sommes-nous déterminés à le suivre
jusqu'en son Royaume ?

Bonjour !
Nous sommes le 17ème dimanche du temps ordinaire. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus poursuit son enseignement sur le royaume, un royaume qui, de prime abord, n’est pas à portée de main. Il est comparable à un trésor caché qu’il faut vouloir acquérir après l’avoir trouvé d’une façon ou d’une autre.
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 13, 44-52)

13
44i Jésus disait à la foule ces paraboles : «Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ.
45 Ou encore : Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines.
46 Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle.
47 Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu'on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons.
48 Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s'assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien.
49 Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les méchants des justes
50 et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
51 Avez-vous compris tout cela ? — Oui», lui répondent-ils.
52 Jésus ajouta : «C'est ainsi que tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l'ancien.»
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Quelques repères pour notre méditation

Trouver un trésor, posséder un trésor… c’est le rêve de beaucoup de gens, d’autant que l’on dispose aujourd’hui de moyens d’investigation techniquement efficaces pour cela. Animés par la passion de la découverte et l'excitation de la possession, des hommes vont jusqu’au bout de l’extrême, jusqu’à tout sacrifier pour acquérir l’objet de leur quête. Des sols sont remués, des carrières fouillées, des fonds d’océans ratissés, des ouvrages consultés pour obtenir des informations déterminantes. Au temps de Jésus, les trésors étaient enfouis dans les décombres des villes détruites par les guerres et les invasions fréquentes, ou ensevelis dans les terres des propriétés… et cela passionnait les «quêteurs de fortune» comme plus récemment les chercheurs d’or en Amérique.


Pédagogiquement, la parabole du "trésor caché" est proche des préoccupations autant des gens de l’époque de Jésus que ceux de la nôtre, aujourd’hui même. C’est dire son actualité ! Ici, le trésor caché, le vrai, c’est le royaume des cieux. On peut passer à côté sans le voir et vivre sa vie terrestre avec ses occupations, ses préoccupations aussi et ses plaisirs : travail, loisirs… sans chercher autre chose de plus. Car dans notre monde, l’Evangile est une proposition, une offre (dirait-on en marketing) parmi tant d’autres, et elle n’est pas la plus médiatique. Aujourd’hui, la publicité vante toutes sortes d’offres de prime abord bien plus alléchantes et même moins exigeantes. Et cela va jusqu’à proposer des «remèdes miracles», y compris face aux détresses humaines ; divers lieux d’échanges, d’écoute et de partage sont institués pour répondre à toutes ces attentes. A côté, nos églises semblent bien désuètes, frileuses et presque repoussantes; et, en plus, elles sont mises à mal par l’activisme et le «fun» de nouvelles religions plus «modernes». Oui, certes ! Et le trésor de Jésus dans tout cela ? Pense-t-on encore à la rechercher ?

Pour acquérir les dispositions véritables de recherche, d’écoute et d’accueil du Royaume, le récit de la première lecture que nous propose la liturgie de ce 17ème dimanche du temps ordinaire [Premier livre des Rois (1R 3, 5.7-12)], illustre bien la manière la plus judicieuse et la plus sage pour notre quête. Salomon, le jeune roi qui succède à David son père, commence son règne par une immense offrande : un sacrifice de mille bœufs au Seigneur qui, en retour, lui fait cette étonnante proposition : «Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai». On aurait pu penser que le jeune souverain allait demander la force d’une armée invincible, une richesse matérielle incommensurable ou encore un territoire sans limites. Non ! Sans hésiter, Salomon fait une demande imprévue qui réjouit le Seigneur : «Donne à ton serviteur un cœur attentif», répond-t-il. En d’autres termes, «un cœur docile, plein de discernement, un cœur qui écoute». Oui, l’écoute, un trésor, une richesse spirituelle fondamentale pour qui veut être enfant de Dieu. Il nous faut «tendre l’oreille» de notre cœur pour «entendre» la parole de Dieu. L’écoute de Dieu dans le face-à-face de la prière et dans l’attention à porter à nos frères et sœurs en humanité est ce trésor caché dont nous parle l’Evangile.

Le Royaume de Dieu est donc pour nous un choix libre et sage, comme pour Salomon, un choix qui nous tourne vers Dieu et nos semblables. Cependant, pour beaucoup d’entre nous, l’Evangile sommeille sous un épais matelas d’indifférence et d’ignorance. Certains s’en expliquent par l’inutilité du fait religieux [on n’a pas besoin de Dieu pour vivre, l’homme peut se passer de lui], d’autres ont pris progressivement leurs distances avec la religion [ils se disent athées ou agnostiques, leur cœur est ailleurs et la science est là pour trouver réponses et solutions à leurs problèmes]. Or la parabole nous dit en filigrane : là où est ton trésor, là est ton cœur. La question qui nous est posée, à nous chrétiens, est la suivante : notre foi est-elle, pour nous, un vrai trésor ? Car Jésus nous rappelle la radicalité du royaume, c’est tout ou rien, pas de demi-mesure : «que votre oui soit, que notre non soit non», dira Saint Jacques (Jc 5, 12) ou encore comme le dit Jésus au jeune homme riche : «Une seule chose te manque ; va : ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, puis viens, suis-moi» (Mc 10, 18...21). Celui qui a trouvé le trésor ou la perle précieuse vend donc tout ce qu’il possède pour l’acquérir. Notre choix du royaume, notre libre décision de suivre Jésus nous engage totalement.

Le dernier enseignement que Jésus nous donne dans cet Evangile concerne la fin du Monde et l’avènement du Fils de l’Homme. Il s’agit pour nous d’espérer, car la Parole de Dieu est une Parole d’espérance. Si avec le Christ nous désirons un royaume de justice, de paix et d’amour, si nous nous efforçons de le chercher dans les petites choses de tous les jours et de le contribuer à le construire là où nous sommes y compris à partir de "l'ancien de nous", alors nous croyons et nous espérons que Christ lui-même le réalisera en nous, dans notre monde. Et il le réalisera mieux encore quand nous serons près de lui à la fin des temps. Déjà, il nous le manifeste dans chaque Eucharistie, car ce trésor, nous le trouvons aussi dans l’Eucharistie. Oui ! mystère de la foi qui renferme tout le trésor spirituel de l’Eglise, l’Eucharistie rend visible à nos yeux de chrétiens, Jésus-Christ lui-même fils de Dieu, trésor inestimable et don de Dieu pour le salut des hommes. Alors, dans cette Eucharistie, bénissons le Seigneur Jésus, trésor merveilleux qui s’est rendu accessible à nous quand il nous dit : «prenez et mangez-en tous».
Si Dieu est pour nous la priorité, alors demandons-lui les moyens d’acquérir ce trésor à la suite de Jésus-Christ pour vivre sa Parole et contribuer à la venue de son règne au cœur de ce monde. Et cela, il faut que nous nous efforcions de le comprendre…chaque jour d'avantage !


23/07/2008

Nous sommes tous appelés à prendre part
à la gloire de Dieu…

Bonjour !
De l'Apôtre Paul, quelques versets suffisent parfois pour entrevoir la richesse et la densité de son message. Dans et par le Christ mort et ressuscité, nous sommes justifiés et rendus dignes d'espérer la vie glorieuse en son royaume… car nous sommes désormais ses frères et appelés à partager l'unité de l'Esprit, appelés à prendre part au même héritage. Voici la seconde lecture pour ce 17ème dimanche du temps ordinaire :

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 8, 28-30)

8

28i Frères, nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour.
29 Ceux qu'il connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l'image de son Fils, pour faire de ce Fils l'aîné d'une multitude de frères.
30 Ceux qu'il destinait à cette ressemblance, il les a aussi appelés ; ceux qu'il a appelés, il en a fait des justes; et ceux qu'il a justifiés, il leur a donné sa gloire.
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C’est une constante dans le message de Saint Paul aux chrétiens des premières communautés chrétiennes: le plan de Dieu pour les hommes est un plan d’amour. Il pourrait même dire : «de tous les hommes». Paul a une vision contemplative de cette vie planétaire, universelle dans l’amour de Dieu qui nous aime et qui nous appelle à le rencontrer intimement, à le connaître et à l’aimer. Il nous en donne la force, les moyens… Il en va de notre agir comme de notre parole. La profession de Pierre n’est possible qu’avec la révélation de l’Esprit de Dieu, notre vie pareillement.
L’apôtre Paul nous convie donc tous — mais chacun selon son propre cheminement — à entrer en communion avec Dieu, à nous transformer, nous convertir pour nous laisser «enthousiasmer» [du grec: en (dans) théos (Dieu)], c’est-à-dire à nous laisser habiter par Dieu lui-même dans son infinie miséricorde. Et personne n’est exclu du dessein de Dieu : à ceux qui ne le connaissent pas, «lui-même fait tout contribuer à leur bien» afin qu’ils aient part à sa gloire.
Tout l’Ancien Testament est le récit de ce trait d’union, de cette main tendue permanente de Dieu à l’égard du peuple d’Israël qui, sans cesse, l’a trahi et lui a désobéi. C’est donc Dieu qui nous «appelle» à la ressemblance avec son Fils, «premier-né d’entre les morts» (Col 1, 18) pour devenir avec lui «héritiers» de son Amour et de sa Gloire. Justifiés, sanctifiés et glorifiés… nous le serons tous car le projet de Dieu n’est pas un projet d’exclusion mais une formidable promesse de salut universel. A nous, désormais, d’entrer dans le plan du salut que Dieu a initié dans son infinie miséricorde.

La loi est l’expression de l’amour de Dieu
pour son peuple…

Bonjour !
Voici le psaume pour la méditation de ce 17ème dimanche du temps ordinaire :


• Psaume 118 [119] (57.72, 76-77, 127-128, 129-130)

57 Mon partage, Seigneur, je l’ai dit,
57 c’est d’observer tes paroles.
72 Mon bonheur, c'est la loi de ta bouche,
57 plus qu'un monceau d'or ou d'argent.

76 Que j'aie pour consolation ton amour
57 selon tes promesses à ton serviteur !
77 Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai :
57 ta loi fait mon plaisir.

127Aussi j'aime tes volontés,
57 plus que l'or le plus précieux.
128Je me règle sur chacun de tes préceptes,
57 je hais tout chemin de mensonge.

129Quelle merveille, tes exigences,
57 aussi mon âme les garde !
130Déchiffrer ta parole illumine
57 et les simples comprennent.
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Ce psaume est dit « alphabétique, parce qu’il comprend 22 strophes [correspondant chacune à une lettre de l’alphabet hébreu qui en compte 22, bien sûr !] de 8 versets, soit 176 versets : les chiffres 22… 8… ne sont pas anodins ! Dans la Bible, le chiffre 8 est symbolique de la «nouvelle création», celle qui surgira lorsque par la création renouvellée l’humanité pourra vivre selon la Loi de Dieu son Créateur, c’est-à-dire selon l’Amour.
On peut dire que ce pasume est un abécédaire, une litanie de l’expression de la louange à Dieu de A à Z (d'aleph à Tav). La Loi est présentée ici non pas comme une domination, une mise en sclavage, mais plutôt comme un don de Dieu, l’expression de sa volonté et de son amour pour les hommes. La loi est source de liberté : elle la nourrit et la justifie. Dans le précédent texte du Livre des Rois, le jeune Salomon demandait à Dieu non pas or et richesses matérielles : «Donne à ton serviteur un coeur attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal» (1R 3, 9), dit-il. Ici, le psalmiste ne se réjouit pas d’autre chose que la réalisation de la volonté de Dieu: «Mon bonheur, c'est la loi de ta bouche, plus qu'un monceau d'or ou d'argent».
Lorsque nous disons le «Notre Père», c’est ce même bonheur que nous exprimons à travers l’appel et la contribution à la glorification du nom de Dieu, à l’effectuation de sa volonté sur terre. Saint Paul n’est pas en reste pour nous exhorter à rechercher la volonté de Dieu : «Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous l’adoration véritable. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait» (Rm 12, 1-2).

22/07/2008

" Donne à ton serviteur un cœur attentif "

Bonjour !
Avant les Prophètes, les songes étaient un des principaux moyens de communication entre Dieu et les hommes. La liturgie de ce 17ème dimanche du temps ordinaire nous donne à réfléchir à partir d'un dialogue confiant entre le Seigneur Dieu et le jeune roi Salomon. Le pouvoir ! comme il peut être grisant, comme il peut faire perdre prise, comme il peut enivrer celui à que le peuple en investit, lorsqu'on ne l'arrache pas au mépris de la vie de ses concurrents ! … Mais de quel pouvoir parle-t-on ? De celui qui vient des hommes ? Non ! le vrai pouvoir, c'est celui qui vient de Dieu dans la toute puissance de son Amour. La première lecture de ce dimanche est extraite du Premier livre des Rois (1R 3, 5.7-12).
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3

05i À Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon. Il lui dit: «Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai.»
07 «Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c'est toi qui m'as fait roi à la place de David mon père; or, je suis un tout jeune homme, incapable de se diriger,
08 et me voilà au centre du peuple que tu as élu; c'est un peuple nombreux, si nombreux qu'on ne peut ni l'évaluer ni le compter.
09 Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal; comment sans cela gouverner ton peuple, qui est si important ?»
10 Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit:
11 «Puisque c'est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis; mais puisque tu as demandé le discernement, l'art d'être attentif et de gouverner,
12 je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n'en a eu avant toi et que personne n'en aura après toi».
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Quelques pistes pour notre réflexion :

A Gabaôn se trouvait la Tente de la Réunion de Dieu dressée par Moïse dans le désert. Mais David avait fait monter l’Arche de Dieu de Qyriat-Yéarim à Jérusalem où il avait décidé de construire le Temple. Il posait ainsi les bases de la communauté cultuelle de Yavhé. Parmi ses successeurs qui devront en achever l’édification se trouvait Salomon ; c’est lui qui fut choisi pour lui succéder sur le trône de Jérusalem et qui, de ce fait, bâtit le Temple. Mais Salomon ne fut pas un saint né : il usa de plusieurs intrigues et de méthodes peu vertueuses pour arriver sur le trône à la faveur de luttes fratricides et (surtout) l’aide précieuse et déterminante de Bethsabée, sa mère.
Si donc Salomon demande une sagesse pratique, non pas pour sa propre gouverne, mais pour «administrer son peuple», c’est bien qu’elle ne lui est pas naturelle. En cela, sa prière au sanctuaire de Gabaôn est un modèle de confiance et d’humilité. Salomon sait que Dieu seul détient les clés de la vraie sagesse. Et en sa qualité de jeune roi, il demande cette sagesse afin de bien gouverner son peuple, c'est-à-dire en toute sécurité et pour son plein épanouissement. Cette capacité de discerner le bien et le mal, parce qu’elle est investie par Dieu lui-même, est un gage de justice dans la conduite des affaires politiques. Par la même occasion, Salomon revêt les habits de guide spirituel de son peuple.
En outre, son humilité et son désintéressement des richesses matérielles ont plu à Dieu qui lui donne, non seulement ce qu’il a demandé — la sagesse et le discernement — mais bien au-delà de ses espérances. En effet, Dieu lui dit : «Et même ce que tu n'as pas demandé, je te le donne : et la richesse et la gloire, de telle sorte que durant toute ta vie il n'y aura personne comme toi parmi les rois.»


Pour mémoire, cet épisode du dialogue de Salomon avec son Seigneur Dieu est repris par le chroniste au Deuxième Livre des Chroniques, au chapitre 1, 3-12. Salomon reçoit du Seigneur Dieu la Sagesse et le Savoir, comme autrefois Moïse après la première alliance (voir aussi Ex 24, 5-11).

18/07/2008

Dieu juge avec indulgence,
il gouverne avec beaucoup de ménagement.

Bonjour !
Nous sommes le 16ème dimanche du temps ordinaire. Cette parabole de l’ivraie complète en quelque sorte celle du Semeur que nous avons méditée dimanche dernier. En effet, elle suggère que la bonne terre peut aussi ne pas produire que du bon grain. Alors se pose au croyant comme à tout homme la question préoccupante et parfois douloureuse du Mal. Pourquoi le Mal ? D’où vient-il ? Aura-t-il le dernier mot ? Qui est juge et qui décide de l'heure de la moisson?
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 13, 24-43)

13
24i Jésus proposa cette parabole à la foule : «Le Royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
25 Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l'ivraie au milieu du blé et s'en alla.
26 Quand la tige poussa et produisit l'épi, alors l'ivraie apparut aussi.
27 Les serviteurs du maître vinrent lui dire : 'Seigneur, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie ?'
28 Il leur dit : 'C'est un ennemi qui a fait cela.' Les serviteurs lui disent: 'Alors, veux-tu que nous allions l'enlever ?'
29 Il répond : 'Non, de peur qu'en enlevant l'ivraie, vous n'arrachiez le blé en même temps.
30 Laissez-les pousser ensemble jusqu'à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d'abord l'ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, rentrez-le dans mon grenier.'»
31 Il leur proposa une autre parabole : «Le Royaume des cieux est comparable à une graine de moutarde qu'un homme a semée dans son champ.
32 C'est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches.»
33 Il leur dit une autre parabole : «Le Royaume des cieux est comparable à du levain qu'une femme enfouit dans trois grandes mesures de farine, jusqu'à ce que toute la pâte ait levé.»
34 Tout cela, Jésus le dit à la foule en paraboles, et il ne leur disait rien sans employer de paraboles,
35 accomplissant ainsi la parole du prophète : C'est en paraboles que je parlerai, je proclamerai des choses cachées depuis les origines.
36 Alors, laissant la foule, il vint à la maison. Ses disciples s'approchèrent et lui dirent : «Explique-nous clairement la parabole de l'ivraie dans le champ.»
37 Il leur répondit : «Celui qui sème le bon grain, c'est le Fils de l'homme ;
38 le champ, c'est le monde; le bon grain, ce sont les fils du Royaume; l'ivraie, ce sont les fils du Mauvais.
39 L'ennemi qui l'a semée, c'est le démon; la moisson, c'est la fin du monde; les moissonneurs, ce sont les anges.
40 De même que l'on enlève l'ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde.
41 Le Fils de l'homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume tous ceux qui font tomber les autres et ceux qui commettent le mal,
42 et ils les jetteront dans la fournaise: là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu'il entende !»
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Quelques repères pour notre méditation

«D’où vient qu’il y ait de l’ivraie», interrogent les serviteurs de l’Evangile. Ils ne vont pas jusqu’à suspecter leur Maître, mais la question laisse percer comme une sorte de gêne, car ils ne voient pas qui aurait pu faire pareille chose. Nous entendons souvent dire : «Si Dieu existe, pourquoi permet-il les maladies, les catastrophes naturelles, les guerres ? Pourquoi tant de mal ? Les déchainements de violences, d’injustices et de barbaries au Moyen-Orient, en Afrique ou ailleurs non moins que les violences faites aux enfants, fournissent hélas ! matière à une interrogation révoltée ou angoissée : qui en est le responsable ? Et Dieu, que fait-il dans tout cela ?» «Tu n’es pas un Dieu qui aime le mal», lisons-nous dans le psaume 55. On ne peut accuser Celui qui «vit que tout cela était bon» de saboter lui-même son œuvre. La douleur et la révolte peuvent expliquer, voire excuser, le doigt vengeur que tendent vers Dieu ceux qui souffrent ; mais ce n’est pas la vérité à propos de Jésus Christ, celui qui est « tendresse et pitié» et qui en a témoigné toute sa vie…

Dans la parabole de ce jour, le texte désigne clairement celui qui sème l’ivraie. En grec, le mot ivraie se traduit par «zizanie». Et celui qui sème la zizanie, c’est le diable. En grec, «diabolos» signifie «celui qui divise». C’est le mauvais qui enlève la parole semée et qui disperse aussi sur le monde des graines de discorde, de violence et de mort. L’«accusateur» (comme le nomme l’Apocalypse) sème le dérèglement de Dieu avec l’homme et de l’homme avec ses semblables ; il sème la zizanie jusque dans les champs du Seigneur, au beau milieu de la parole qui lève… Jésus nous appelle ici à la vigilance car «l’ennemi» agit dans l’ombre de la nuit. Pendant que nous dormons, quand nous sommes le plus vulnérables.

«Maître, veux-tu que nous arrachions l’ivraie ? Non, répond-t-il, de peur qu’en enlevant l’ivraie vous n’arrachiez le blé en même temps». Ce trait de la parabole nous amène à prendre conscience que dans le champ de l’humain, bien et mal se mélangent. Ce serait tellement simple de classer en catégories parfaitement délimitées les bons et les mauvais, les justes et les pécheurs… S’attaquer au mal serait alors facile et sans risque ! Dans la réalité, les choses ne se présentent pas ainsi : telle personne pleine de défauts et de faiblesses à nos yeux peut être aussi capable d’une extraordinaire générosité ou douée d’un sens remarquable du service. Telle autre, admirable de prières et de bonnes œuvres peut être d'un caractère insupportable et se permettre les pires bassesses. C’est également vrai dans nos familles, les groupes, nos communautés chrétiennes. Une telle situation exige, pour le moins, des appréciations nuancées. Tout n’est pas que noir, tout n’est pas que blanc ! Il y a de tout en tout. Et pour nous-même, au cas où nous imaginerions que nous nous trouvons du côté du bon grain, soyons assez lucides et humbles pour reconnaître notre propre mélange «de meilleur et de pire», saupoudré sans nul doute de médiocrité et de tiédeur. Sur la terre et dans le cœur des hommes, grâce et péché cohabitent, non pas en bonne intelligence, mais comme deux lutteurs noués l’un à l’autre pour le combat qui les oppose.

Voilà qui devrait sinon nous dissuader de juger, au moins modérer nos jugements, nous protéger à la fois d’un optimisme simplet ou d’un pessimisme paralysant, pour rester dans l’Espérance du Maître de la parabole. Auprès du Christ, apprenons la patience, un autre nom de l’Amour. Dieu sait prendre son temps : la judicieuse décision du Maître du champ de laisser pousser ensemble le blé et l’ivraie pour ne faire le tri qu’à la moisson nous éclaire sur la posture de notre Dieu : infiniment patient, étonnamment patient ! Dieu, l’Eternel, donne du temps au temps. Sur ce point, le Livre de la Sagesse le montre si différent de l’homme trop souvent prompt à étaler sa puissance, à réprimer, châtier. Au contraire, «Dieu juge avec indulgence, il gouverne avec beaucoup de ménagement». Cette patience de Dieu n’est pas faiblesse, elle est Espérance. Pour lui , celui qui fait le mal n’est pas irrémédiablement mauvais. Avec lui «qui est bon et qui pardonne», nous sommes surs que le Mal n’aura pas le dernier mot ; l’Amour finira par rendre juste l’injuste. C’est donc une grande leçon d’humanité que Christ nous donne aujourd’hui : pour lui, le juste doit être humain.

Alors, devenons témoins de la patience de Dieu. Evitons d’être des inquisiteurs pressés et des juges hâtifs. Nous ne sommes pas habilités pour cela. La moisson appartient à Dieu et c’est lui qui décide de l’heure de l’arrachage et de la séparation du blé de l’ivraie. Cependant, n’abusons pas de sa patience. Il est urgent de nous convertir. Jour après jour, l’eucharistie nous donne de travailler à cette fin dans la confiance et la disponibilité.


17/07/2008

Ce qui est en Dieu, personne ne le connaît,
sinon l’Esprit de Dieu.

Bonjour !
On ne peut faire plus court : deux versets seulement pour cette seconde lecture extraite de la Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 8, 26-27). Mais comme le sujet est fondamental !


8
26i Frères, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables
27 Et Dieu, qui voit le fond des cœurs, connaît les intentions de l'Esprit : il sait qu'en intervenant pour les fidèles, l'Esprit veut ce que Dieu veut.
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Dimanche dernier dans la lettre, Saint Paul écrivait : «Frères, j’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous» (Rm 8, 18-23). Notre propre histoire s’accomplit en Dieu seul, mais pour autant que nous inscrivons toute notre vie dans le projet divin et que nous la mettons en tension vers ce projet. Alors, prier ne sera plus un exercice déroutant, une corvée qui nous épouvante et nous bloque. Dieu nous a fait la grâce d’une révélation fondamentale : il nous aime et donc il nous écoute…
Il est vrai, comme le constate Saint Paul, que nous ne savons pas prier. D’ailleurs, les disciples eux-mêmes, désemparés, n’ont-ils pas demandé à Jésus de leur apprendre à prier ? C’est dire que la prière, c’est-à-dire la parole relationnelle avec Dieu, qu’elle soit louange, lamentation, demande, supplication… n’est vivante que si elle est investie de l’Esprit Saint. Le «Notre Père…» doit se comprendre de la sorte : c’est l’Esprit de Dieu qui habite en moi lorsque je prononce ces paroles, c’est ce même Esprit que je dois invoquer à chaque instant de ma vie qui, de ce fait, devient une prière vivante. « Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux », clamera Jésus au jardin de Gethsemani. Oui ! Prier, c’est demander à Dieu que sa seule volonté soit faite (au double sens de “se réaliser“ et d’“exécuter“) pour sa plus grande gloire : «Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange»…
L’on comprend aisément pourquoi la prière la plus forte est celle de louange et d’action de grâce : nos joies, nos peines, nos projets, nos réussites, nos échecs… parce que nous les «inscrivons» dans le projet divin, deviennent actes de foi et sources d’espérance. Dieu qui révèle aux plus petits ce qu’il a caché aux sages et aux intelligents est un Père qui écoute jusqu’aux plus humbles, parce que son Esprit connaît le fond de nos cœurs.

Dieu de tendresse et de pitié…
plein d'amour et de vérité !

Bonjour !
Le psaume ci-après est celui du 16ème dimanche du temps ordinaire. En réalité, il s’agit de courts extraits de ce psaume qui en compte 17. Il prolonge le texte de la Sagesse (Sg 12, 13.16-19) en ce qu’il affirme qu’il n’y a point de rupture définitive et irrémédiable entre Dieu et l'homme jusque dans la transgression volontaire d'une règle ou d'un commandement divin par ce dernier, car Dieu est tendresse et pitié, il est Amour…
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Psaume (85, 5-6, 9ab.10, 15-16ab)

05 Toi qui es bon et qui pardonnes,
05 plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent,
06 écoute ma prière, Seigneur,
05 entends ma voix qui te supplie.

9aa Toutes les nations, que tu as faites,
9ba viendront se prosterner devant toi *
10a car tu es grand et tu fais des merveilles,
10a toi, Dieu, le seul.

15a Toi, Seigneur,
05a Dieu de tendresse et de pitié,
05a lent à la colère,
05a plein d'amour et de vérité !
16aaRegarde vers moi,
16baprends pitié de moi.
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Indulgence et Grandeur de Dieu, telles sont les deux attributs mis en exergue dans ce psaume. Nous connaissons tous ce célèbre verset 15 d’un «Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité», verset qui fait écho à la description de lui-même que Dieu avait faite à Moïse : «Le Seigneur, le Seigneur, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté» (Ex. 34). Et lorsque Moïse entra dans une rouge colère au point de jeter par terre les tables de la Loi qu’il avait reçues de Dieu, lorsque le peuple hébreu fabriqua un veau d’or pour l’idolâtrer… c’est ce sont ces mêmes paroles que Moïse reprit mot pour mot pour demander miséricorde à Dieu.

«Toi, Dieu, le seul» : par ces mots, le psalmiste proclame l’unicité de Dieu, sa grandeur et sa miséricorde. L'expérience de la nouvelle alliance ne se limite plus au seul peuple juif. Non ! «Toutes les nations que tu as faites viendront se prosterner devant toi [Dieu], car tu es grand et tu fais des merveilles». L’universalité de cette alliance apparaît de plus en plus clairement au peuple juif.
• Deux références brèves peuvent nous aider à croiser ce psaume avec d’autres faits historiques de la relation de Dieu avec le peuple juif : Ez. 34, 26Jr 2, 23.

16/07/2008

"Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple
que le juste doit être humain…"

Bonjour !

Écrit en grec – probablement un trentaine d’années avant notre ère - le livre de la Sagesse est resté longtemps en dehors de la Bible hébraïque. Il est pourtant l’expression nouvelle de sa foi et de ses traditions séculaires par un juif d’Alexandrie. Pour les juifs ou les païens de l’époque, il s’agit là d’une forme originale de la proclamation du mystère de la Sagesse qui prendra corps en le Messie dont la venue est proche. Ainsi, la Sagesse n’est pas qu’une simple capacité intellectuelle à chercher à comprendre et à discerner le bien et le mal : elle est un attribut divin. L’homme est donc appelé à rechercher sans cesse et acquérir cette sagesse qui est au cœur de sa destinée individuelle et collective. Plus qu’un savoir, plus qu’un savoir-faire ou un savoir-être caractéristiques de cette capacité humaine (presque innée) à bien conduire sa vie, la vraie Sagesse est elle-même une forme de la foi en Dieu : la crainte de Dieu devient sagesse. (Pr 11, 1 ; 15, 18 ; 16, 11) " Par la crainte de Dieu, on évite le mal " (11, 6). C’est cette même Sagesse qui sera comptée parmi les sept dons de l’Esprit Saint de Dieu.

Le premier texte que nous propose la liturgie de ce 16ème dimanche du temps ordinaire est justement extrait du Livre de la Sagesse (Sg 12, 13.16-19).
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12

13Il n'y a pas de Dieu en dehors de toi, Seigneur,
13toi qui prends soin de toute chose,
13et montres ainsi
13que tes jugements ne sont pas injustes.
16Ta force est à l'origine de ta justice,

13et ta domination sur toute chose
13te rend patient envers toute chose.
17Il montre sa force,

13l'homme dont la puissance est discutée,
13et ceux qui la bravent sciemment, il les réprime.
18Tandis que toi, Seigneur, qui disposes de la force,
13tu juges avec indulgence,
13tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement,
13car tu n'as qu'à vouloir pour exercer ta puissance.
19Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple
13que le juste doit être humain,
13et tu as pénétré tes fils d'une belle espérance :
13à ceux qui ont péché tu accordes la conversion.
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Quelques pistes pour notre méditation

Dimanche dernier, nous avons pu lire dans l’évangile : «Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits.» (Mt 11, 25). Cest dire que Dieu seul connaît le fond des êtres et des choses, lui seul les possède et ce, en dépit des efforts que déploient les hommes pour tenter d'en percer les secrets avec leur intelligence, leur raison (comme diraient les grecs). Dieu puissant (il domine, dispose de la force, réprime, juge et gouverne), mais également Dieu patient (il prend soin, il fait montre d’indulgence, il ménage ceux qui pourtant bravent sa puissance, il accorde son pardon et la conversion des pécheurs car le juste doit être humain). Cette coexistence de la puissance de Dieu et de son pardon ne peut être attribuée à un vil usage de la carotte et du bâton. Dieu est puissant mais juste, il est dominateur mais laisse sa place à l’homme : sa patience est celle-là même qui vient de l'Amour. Et l’espérance dont il a pénétré ses fils préfigure cette humanité que Dieu lui-même investit ainsi que cette nouvelle alliance qu’il construit avec force pédagogie dans sa relation avec son peuple.
Si donc l’homme se donne les moyens (volonté et espérance) de sa ressemblance à Dieu, alors il doit changer complètement sa vision sociologique et religieuse des rapports humains. Une vision et un idéal humains qui, jusqu’à présent, étaient à l’opposé de ce que Dieu propose tout au long de sa relation avec le peuple d'Israël et, au-delà, de tous les peuples de la terre : indulgence, non-violence, pardon et amour. N’oublions pas que nous sommes dans des contrées où les conquêtes sont rudes, aggressives et dévastatrices : le vaincu n’est plus considéré comme un homme, comme un semblable, il n’est désormais qu’un soumis, un esclave. Or la puissance de Dieu ne montre que douceur et patience, élévation et respect, fécondation et libération…

11/07/2008

Entendre et comprendre la Parole de Dieu…
s'ouvrir à la générosité fécondatrice du Semeur !

Bonjour !
Optimisme réaliste, optimisme de certitude, optimisme de joie ou optimisme de certitude… la parabole du semeur est un texte riche d'enseignements. Comme à l'accoutumée, Jésus vient de polémiquer avec les pharisiens et ceux qui les suivent; il veut changer le cœur de ce peuple qui s'est bouché les oreilles et les yeux, ce peuple qui s'est fermé le cœur et l'intelligence à la compréhension de la vraie Parole, celle que lui-même proclame. L'urgence de la conversion vaut bien une pédagogie simple et adaptée à l'auditoire. C'est ce texte que nous propose la liturgie de ce 15ème dimanche ordinaire.
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Vincent van Gogh.
Le semeur au coucher du soleil (d’après Millet) - Nov.1888
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 13, 1-23)

13
01 Ce jour-là, Jésus était sorti de la maison, et il était assis au bord du lac.
02 Une foule immense se rassembla auprès de lui,
03 si bien qu'il monta dans une barque où il s'assit ;
03 toute la foule se tenait sur le rivage.
03 Il leur dit beaucoup de choses en paraboles :
03 « Voici que le semeur est sorti pour semer.
04 Comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin,
03 et les oiseaux sont venus tout manger.
05 D'autres sont tombés sur le sol pierreux, où ils n'avaient pas
03 beaucoup de terre ; ils ont levé aussitôt
03 parce que la terre était peu profonde.
06 Le soleil s'étant levé, ils ont brûlé et, faute de racines, ils ont séché.
07 D'autres grains sont tombés dans les ronces ;
03 les ronces ont poussé et les ont étouffés.
08 D'autres sont tombés sur la bonne terre, et ils ont donné du fruit
03 à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un.
09 Celui qui a des oreilles, qu'il entende ! »
10 Les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent :
03 « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »
11 Il leur répondit : « A vous il est donné de connaître
03 les mystères du Royaume des cieux, mais à eux ce n'est pas donné.
12 Celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance ;
03 mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a.
13 Si je leur parle en paraboles, c'est parce qu'ils regardent sans regarder,
03 qu'ils écoutent sans écouter et sans comprendre.
14 Ainsi s'accomplit pour eux la prophétie d'Isaïe :
03 Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas.
03 Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.
15 Le cœur de ce peuple s'est alourdi :
03 ils sont devenus durs d'oreille, ils se sont bouché les yeux,
03 pour que leurs yeux ne voient pas, que leurs oreilles n'entendent pas,
03 que leur cœur ne comprenne pas, et qu'ils ne se convertissent pas.
03 Sinon, je les aurais guéris !
16 Mais vous, heureux vos yeux parce qu'ils voient,
03 et vos oreilles parce qu'elles entendent !
17 Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes
03 ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu,
03 entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu.
18 Vous donc, écoutez ce que veut dire la parabole du semeur.
19 Quand l'homme entend la parole du Royaume sans la comprendre,
03 le Mauvais survient et s'empare de ce qui est semé dans son cœur :
03 cet homme, c'est le terrain ensemencé au bord du chemin.
20 Celui qui a reçu la semence sur un sol pierreux, c'est l'homme
03 qui entend la Parole et la reçoit aussitôt avec joie ;
21 mais il n'a pas de racines en lui, il est l'homme d'un moment :
03 quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole,
03 il tombe aussitôt.
22 Celui qui a reçu la semence dans les ronces, c'est l'homme
03 qui entend la Parole ; mais les soucis du monde et les séductions
03 de la richesse étouffent la Parole, et il ne donne pas de fruit.
23 Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c'est l'homme
03 qui entend la Parole et la comprend ; il porte du fruit à raison de cent,
03 ou soixante, ou trente pour un. »
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Quelques points de repère pour notre méditation

Généralement, quand Jésus s’adresse à ses interlocuteurs, il utilise un langage simple et concret ; l’Evangile d'aujourd’hui en est un exemple. En effet, s’adressant «à des gens de la campagne» habitués au travail de la terre, il leur parle de ce qui constitue une part importante de leur vie : la culture du blé, avec les semailles, et la moisson qui s’en suit. Mais à travers cette parabole, cette fable pourrait-on dire, Jésus ouvre l’intelligence de ses disciples et de ses auditeurs à une autre réalité : l’accueil de sa Parole et la joie du Royaume des Cieux. Et elle nous parle aussi à nous aujourd'hui…

Ce que veut nous faire comprendre cet enseignement, c’est l’immensité de la générosité de Dieu. Il donne à profusion et avec gratuité son amour et sa grâce. Mais le don gratuit de sa grâce exige de nous une attitude vraie d’écoute et d’accueil. Dieu, en Jésus son Fils bien aimé nous fait don de sa Parole de vie. Cette Parole, il faut d’abord l’entendre, ne pas y être sourd, y ouvrir son cœur ; l’entendre là où elle est proclamée, c’est-à-dire en église. Ensuite, l’enraciner dans notre vie : prendre du temps pour la méditer, se laisser imprégner de l’amour qu’elle nous révèle, se laisser féconder par elle et, progressivement y conformer notre vie. Oui, il s’agit en effet de la comprendre, de savoir y reconnaître aussi bien l’amour que Dieu nous dit que la responsabilité qu’il nous confie de l’annoncer à notre tour.

Alors, avons-nous vraiment cette hantise de répandre la Bonne Nouvelle sans compter, quel que soit la nature du terrain où elle tombe ? Quelle est notre volonté, notre capacité et notre détermination à porter la Parole du Christ à nos contemporains et à leur foi proposer la foi qui sauve ? Les semailles et la moisson ne cesseront pas tant que la terre durera. Ainsi, la Parole de Dieu doit toujours être proclamée aux hommes de tous les temps. Cette annonce, cette proclamation, ces semailles sont la mission de l’Eglise du Christ. A l’image du Maître, l’Eglise doit se montrer généreuse ; elle a mission d’aller semer la Bonne Nouvelle partout où vivent des hommes, jusqu’aux extrémités de la Terre. Proposer la foi conduit les disciples à ce point. Avant d’espérer des fruits et des bons fruits, il faut oser s'ouvrir ou sortir et aller semer, malgré les difficultés du chemin et la qualité des sols… Ouvrons donc nos yeux pour voir les terres en friche, les terres qu’il nous faut cultiver et ensemencer. Ouvrons nos oreilles pour entendre le message du Christ, pour nous-même, avant d’aller le porter aux autres. Ouvrons nos cœurs pour qu’ils soient une bonne terre sur (et dans) laquelle les grains semés puissent donner du fruit à raison de cent pour un.

Par l’Eucharistie que nous célébrons chaque dimanche, le Seigneur continue à semer inlassablement et en abondance le bon grain. C’est lui qui fait tout pour que la moisson belle et bonne. Prions-le pour qu’il vienne aujourd’hui encore, et aujourd’hui plus que jamais, labourer le terrain de nos cœurs afin qu’il soit prêt pour les semences. Demandons-lui de transformer nos cœurs de pierre et cœurs de chair. Supplions-le encore de consolider la foi et l’amour des cœurs fragiles, instables ou tièdes… Oui, Seigneur, délivre nos cœurs si souvent encombrés afin que ta vie s’y épanouisse, et fais de nous les témoins de ton Royaume, aujourd’hui, demain et jusqu’à la fin des temps.

Terre entière, chante ta joie au Seigneur,
alleluia, alleluia !

Bonjour !
La Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 8, 18-23) est le deuxième texte qui nous est proposé ce 15ème dimanche. Dieu est le Maître face à une nature agitée (mers, océans, tempêtes et bourrasques, volcans et séismes, inondations et toutes sortes de catastrophes…), il est aussi le Maître devant cette même nature qu'il rend si généreuse et féconde, si paisible et enchanteresse pour l'homme. Saint Paul reprend ce même thème, mais en insistant non sans raison sur un aspect que nous avons trop tendance à ignorer…

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8

18i Frères, j’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire 20 que Dieu va bientôt révéler en nous.
19 En effet, la création aspire de toutes ses forces à voir cette révélation des fils de Dieu.
20 Car la création a été livrée au pouvoir du néant, non parce qu'elle l'a voulu, mais à cause de celui qui l'a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l'espérance
21 d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage, de la dégradation inévitable, pour connaître la liberté, la gloire
20 des enfants de Dieu.
22 Nous le savons bien, la création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d'un
enfantement qui dure encore.
23 Et elle n'est pas seule. Nous aussi, nous crions en nous-mêmes notre souffrance ; nous avons commencé
par recevoir le Saint-Esprit, mais nous attendons notre adoption et la délivrance de notre corps.
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Quelques repères pour notre méditation

Parce que nous sommes déjà habités par le Saint-Esprit, nous sommes dans l’attente de notre sanctification, c’est-à-dire de notre transformation. En effet, ce texte de Paul nous rappelle un principe fondamental que nous avions, par faiblesse ou par anthropocentrisme, occulté ou relégué au second plan : le salut du monde. Nous avons tendance à penser que Christ est venu s’inscrire dans la seule histoire humaine.
Qu’il nous souvienne : «Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux» et plus loin : «Et Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu: il les créa mâle et femelle… Et Dieu les bénit, et il leur dit: " Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de là mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre».(Gn 1, 27-28)
Dieu a rempli la terre, c’est-à-dire le milieu naturel de l’homme au fur et à mesure. Puis il a confié à l’homme le flambeau et le pouvoir de la démiurgie afin qu’il poursuive cette création par son action individuelle et sociale. C’est cela sa permanente action de grâce à Dieu Créateur. La création est donc une œuvre continue de Dieu hors de nous et en nous, et tout ce qu’entreprennent les hommes dans leur folie destructrice enferme tout dans l’esclavage et conduit inévitablement au néant.
Ce cri de Paul est une véritable profession de foi écologique et globale. Le monde est l’œuvre de Dieu et celui-ci le sauve dans sa totalité et dans sa plénitude. Cieux nouveaux, terre nouvelle, cœurs nouveaux, vie nouvelle… c’est sous ces différentes facettes que l’Esprit Saint achève en nous et dans le monde toute sanctification.
Connaître la liberté et goûter à la gloire des enfants de Dieu, cela se vit dans la perfection d’un cosmos réconcilié dans le projet de Dieu. Isaïe ne pouvait pas si bien prédire en écrivant : «…Le loup habitera avec l'agneau, le léopard se couchera près du chevreau. Le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l'ourse auront même pâture, leurs petits même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s'amusera sur le nid du cobra. Sur le trou de la vipère, le jeune enfant étendra la main. Il ne se fera ni mal ni destruction sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme la mer que comblent les eaux.» (Is 11, 6-9). Oui, nous rendons gloire à notre Dieu pour cette merveilleuse création qui est l’œuvre continue de ses mains.



10/07/2008

Que toute la création exulte et chante,
car le Seigneur est généreux et fidèle…

Bonjour !

Le psaume (64, 10abcd, 10e-11, 12-13, 12b.14) nous est proposé en méditation pour ce 15ème dimanche du temps ordinaire. Véritable louange à Dieu Créateur, les mots et les expressions de ce psaume nous suggèrent des images de générosité, de patience, de renaissance et de pardon, le pardon qui redonne vie…

10a Tu visites la terre et tu l'abreuves,
10b tu la combles de richesses ; *
10c les ruisseaux de Dieu regorgent d'eau :
10d tu prépares les moissons.

10e Ainsi, tu prépares la terre,
11e tu arroses les sillons ; *
10a tu aplanis le sol, tu le détrempes sous les pluies,
10a tu bénis les semailles.

12a Tu couronnes une année de bienfaits ; *
10a sur ton passage, ruisselle l'abondance.
13a Au désert, les pâturages ruissellent, *
10a les collines débordent d'allégresse.

13b sur ton passage, ruisselle l'abondance.
14a Les herbages se parent de troupeaux +
10a et les plaines se couvrent de blé. *
10a Tout exulte et chante !
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Quelques repères pour notre méditation

Véritable hymne à la joie, le psaume 64 nous fait contempler la grâce divine à l’œuvre dans l’harmonie de la création. Transfigurée sous l’action amoureuse du Créateur, la terre tout entière exulte et chante» la gloire de Celui qui a pouvoir sur tout ce qui est. Mais ce psaume est aussi une ode à la réconciliation des croyants et des infidèles à Dieu. Ainsi, l’homme vivant dans et avec la nature est invité à se relever et se laver de son péché par l’action du Rédempteur.
Alors que la première partie de ce psaume exposait le thème du pardon des péchés et de l’accueil auprès de Dieu, les versets10 à 14 évoquent plutôt celui, cosmique, de l’action souveraine de Dieu sur les mers et les montagnes. Ce dernier thème est suivi d’une description du printemps, sous l’action de la pluie fécondatrice.

Les images utilisées sont très expressives : Dieu est assimilé à un agriculteur qui visite ses terres, les arrose, les ensemence et les préparent à la moisson, puis déborde de joie face à la nature qu’il a travaillée et qui a donné du fruit… en plein désert. Il en va de même de la réconciliation de l’homme avec son Dieu. La fidélité du Seigneur est visible dans son pardon sans cesse renouvelé ; alors, l’homme se libère du péché et retrouve (réintègre) l’intégrité et l’harmonie du Cosmos.


"Ma Parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat."

En ce 15ème dimanche du temps ordinaire, l'Eglise nous propose des textes d'une extraordinaire beauté théologique (bien sûr!), mais aussi poétique. Il est question de la Parole de Dieu, c'est-à-dire de Dieu lui-même en tant que Verbe Créateur : il donne vie, il sanctifie, il fait revivre, il fait renaître. C'est Dieu qui féconde nos vies par la semence de son Corps et de son Sang sur la croix. Sommes-nous prêts à laisser grandir en nous l'œuvre du salut à laquelle il nous convie à chaque instant ?
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Voici la première lecture extraite du Livre d'Isaïe (Is 55, 10-11)


55
10i Ainsi parle le Seigneur : La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange ;
11 ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce que je veux,
sans avoir accompli sa mission.
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Quelques références bibliques à croiser avec cet extrait pour une plus large compréhension

• «Celui qui fournit au laboureur la semence et le pain qui le nourrit vous fournira la semence à vous aussi, et en abondance.» (2 Co. 9, 10)

• « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu» (Jn 1, 1 +)
Dans l’Ancien Testament, le thème de la Parole de Dieu et celui de la Sagesse, existaient avant le monde, en Dieu par qui tout fut créé. Envoyée sur la terre pour y révéler les secrets de la volonté divine, elle fait retour à Dieu une fois sa mission terminée. De même, pour saint Jean, le Verbe était en Dieu, préexistant à toute création. Il est venu dans le monde, envoyé par le Père pour y remplir une mission particulière : transmettre au monde un message d’amour et de salut. Une fois sa mission accomplie, Il s’en retourne auprès du Père .

• «Alors qu’un silence paisible enveloppait toutes choses et que la nuit parvenait au milieu de sa course rapide, du haut des cieux, ta Parole toute-puissante s’élança du trône royal…» (Sg, 18, 14-15)

• «Vos pères, où sont-ils ? Et les prophètes, sont-ils toujours en vie ? Mais mes paroles et décrets, dont j’avais donné mandats à mes serviteurs, n’ont-ils pas atteints vos pères ?» (Za 1, 5-6)