15/12/2008

Es-tu Celui qui doit venir?

Bonjour !
L'Evangile de ce troisième dimanche de l'Avent est de saint Jean (Jn 1, 6-8.19-28)


1
06 Il y eut un homme envoyé par Dieu.
Son nom était Jean.
07 Il était venu comme témoin,
pour rendre témoignage à la Lumière,
afin que tous croient par lui.
08 Cet homme n'était pas la Lumière,
mais il était là pour lui rendre témoignage.
19 Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander: « Qui es-tu ? »
20 Il le reconnut ouvertement, il déclara : «Je ne suis pas le Messie.»
21 Ils lui demandèrent : «Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie?» Il répondit : «Non. — Alors es-tu le grand Prophète ? » Il répondit: « Ce n'est pas moi. »
22 Alors ils lui dirent: «Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même?»
23 Il répondit: «Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.»
24 Or, certains des envoyés étaient des pharisiens.
25 Ils lui posèrent encore cette question: «Si tu n'es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu?»
26 Jean leur répondit: «Moi, je baptise dans l'eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas:
27 c'est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale.»
28 Tout cela s'est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l'endroit où Jean baptisait.
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«Soyez dans la joie ; soyez toujours dans la joie ; rendez grâce à Dieu en toutes circonstances…»

La Parole de Dieu en ce 3ème Dimanche de l’Avent nous invite donc à la joie. D’ailleurs, autrefois, ce dimanche était appelé «le dimanche “gaudete !“ », c’est-à-dire “réjouissez-vous !“. Et pourquoi cet appel à la joie ? Notre Dieu serait-il donc un Dieu joyeux ? Difficile de comprendre un appel aussi «décalé» face au flot de mauvaises nouvelles qui nous arrivent de par le monde : guerres par-ci, famine par-là, crise financière partout, inégalités scandaleusement grandissantes entre riches et pauvres (individus et Etats), catastrophes naturelles, épidémies de toutes sortes dues à la malnutrition, à l’insalubrité, à l’irresponsabilité des hommes, dont certains politiciens qui ne reculent devant rien pour s’accrocher au pouvoir et s’arroger des richesses pourtant dites « nationales »… Dieu ne voit-il pas cela quand il nous invite néanmoins à la joie ?
«Ouvez-vous à la lumière, applanissez le chemin du Seigneur», nous a encore dit saint Jean dans l’Evangile. C’est que le Dieu que nous attendons et que nous devons annoncer au monde est un Dieu de joie. Et bien mieux qu’une simple annonce, la joie doit transparaître à travers notre vie de chrétiens. Or quand on regarde autour de soi, y compris dans nos communautés paroissiales, il n’y a pas encore vraiment beaucoup de visages illuminés, pas beaucoup d’yeux qui brillent de joie… Alors, comment faire pour vivre cet appel? Pour essayer de répondre à ces interrogations, voici une petite histoire qui pourrait illustrer particulièrement la lettre de saint Paul: elle nous parle du Père Noël. Aujourd’hui, le Père Noël va nous aider en quelque sorte à donner du sens à notre existence…
“Une année, le brave et bon vieux Père Noël regarde avec frayeur son carnet de carnet de commandes ; sa fabrique de jouets dans laquelle s’activent anges et autres bonnes fées pour réaliser les cadeaux de tous les enfants de la terre est en plein tumulte. Pas une seule catégorie de jouets n’est terminée alors que le calendrier vient lui rappeler que l’on est déjà en octobre. La cause de cette situation catastrophique, il la connaît bien. Face aux disputes et aux dissensions entre hommes, il avait dû envoyer ses meilleurs anges sur terre pour être des anges gardiens, une sorte d’armée pour la paix. En effet, les hommes étaient devenus si mauvais qu’ils se disputaient sans cesse entre eux ; ils étaient si méchants qu’un ange par personne ne suffisait plus pour les empêcher de commettre toutes les bêtises qui leur passaient par la tête: c'est ainsi que de plus en plus d’anges étaient envoyés sur terre pour convaincre les hommes de rester dans le bien… mais en vain !
Les nouveaux anges embauchés, peu habitués ou peu professionnalisés pour le travail à la fabrique, ont du mal à tenir la cadence. Bon Papa Noël a beau se creuser les méninges, il ne sait plus comment satisfaire ses clients dans les délais. Le travail n’avance donc pas… C’est alors que l’un des anges ouvriers trouve une idée astucieuse: «plutôt que de tourner en rond ici, je vais descendre sur terre». Et, sans en réferrer à son patron, le voilà qui s’y rend discrètement. Après en avoir fait le tour, il retourne à la fabrique où le Père Noël l’attend de pied ferme. Sortie non autorisée, et plus grave encore, voyage sur terre. Dorénavant il lui est interdit non seulement de sortir de la fabrique, mais même certains endroits lui en sont désormais inaccessibles sans autorisation expresse des responsables du ciel. Cependant, notre jeune ange se met à raconter les péripéties de son voyages sur terre dont il a tiré quelques idées pour le travail à la fabrique. Les chefs d’équipe et les responsables n’en reviennent pas. Pris de frayeur, leurs visages palissent, leurs gorges se nouent et leurs voix deviennent tremblantes; leur regard d’habitude si doux est rempli de colère. Ils décident alors de couper les ailes à l’angelot qui ne comprend pas du tout leur énervement. Qu’a-t-il donc fait de si mal ?
Sur terre, notre jeune ange était notamment tombé sur un groupe d’hommes préoccupés par la sauvegarde de la nature; aussi avait-il pensé leur offrir un paquet-surprise avec quelques voix électorales en prime, pas forcément pour emporter les prochaines élections, mais au moins pour qu’ils soient mieux entendus, plus influents. Notre angelot ne s’était pas renseigné pour savoir si ces hommes étaient du bon parti, il avait juste été touché par leur préoccupation pour la santé de la terre. A une communauté chrétienne, en complément de leur abonnement aux revues «Challenge» et «La semaine sociale», il voulait ajouter «La vie», «Pélerin magazine», «Témoignage chrétien», «La Croix», «Messages des paroisses». A une communauté paroissiale qui chantait «Réjouissez-vous, soyez toujours dans l’allégresse», il voulait offrir les visages qui vont avec, car l’assemblée n’avait pas conscience qu’elle chantait avec tristesse et sans conviction. A un petit groupe de pacifistes, il voulait offrir la force de persuasion pour convaincre les politiques et vaincre les querelles de toutes sortes. A un groupe d’adultes qui vivaient près d’eux, il voulait la capacité de comprendre et de souscrire à leur idées, plutôt que de les craindre et de les diaboliser. A ceux qui se sentaient provoqués par tous ceux qui n’étaient pas comme eux, il souhaitait offrir un peu d’amour, de respect et de découverte-connaissance de ce qui était bon et beau chez l’autre. Aux grands prédicateurs et moralisateurs, il voulait offrir des petites actes, des petits pas dans la bonne direction. A ceux qui se mettaient en colère chaque fois qu’un tort leur était causé, il s’apprêtait à offrir un peu de sainte colère, un peu de pardon de Dieu, du feu purificateur de son Esprit Saint. Et ainsi de suite… C’est dans ce contexte que, durant son tout du monde, notre angelot avait eu des idées vraiment dans l’esprit des cadeaux célestes. Mais pour les responsables de la fabrique, il en était autrement. Les destinataires des cadeaux étaient pour certains des idéalistes que l’on traite souvent de rêveurs ou de fous ; d’autres passaient pour d’affreux libéralistes, d’autres encore pour des gens bien éloignés de l’Eglise… «Alors, disaient les responsables et les chefs de la fabrique, avec de tels cadeaux, les anges célestes, si braves et si gentils, n’avaient plus rien à faire». Mais le jeune ange rétorqua: «Je ne dis pas qu’il faut reconnaître tous ces hommes comme des saints; ils en sont pour la plupart et souvent bien loin. Mais ce qui est bon en eux ne devons-nous pas le reconnaître et l’encourager? D’ailleurs, nous pourrions peut-être même apprendre de ces hommes des choses intéressantes si nous laissons de côté le mauvais qui est en eux.» Mais tout le monde le traitait de naïf ou bien de vouloir la perte du ciel.

Voilà que tout est dit en ces quelques mots : savoir et être capable de reconnaître ce qui est bon et ce qui est mal. Cependant, voyez-vous, l’histoire ne nous dit pas ce qu’avait pensé le Père Noël en apprenant ce qu’avait fait ou proposé ce jeune ange. Attendons le soir de Noël et regardons les cadeaux au pied du sapin. N’oublions pas les autres, souvent moins visibles. Je suis sûr que nous découvrirons que le Père Noël n’a pas réagi comme les chefs d’équipe de sa fabrique de cadeaux. Lui s’est certainement souvenu des propositions de son angelot et des paroles de l’Apôtre Paul: «N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le» (1 Th 5, 16-24).

12/12/2008

La joie et la prière d'action de grâce
au menu de notre spiritualité individuelle
et collective…

Bonjour !
La seconde lecture de ce dimanche (péricope incomplète) est un extrait de la Première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (1Th 5, 16-24).

5
16i Frères, soyez toujours dans la joie,
17 priez sans relâche,
18 rendez grâce en toute circonstance : c'est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus.
19 N'éteignez pas l'Esprit,
20 ne repoussez pas les prophètes,
21 mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ;
22 éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal.
23 Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et qu'il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ.
24 Il est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela, il l'accomplira.
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Dimanche dernier (le deuxième de l’Avent), Marc (1, 1-8) annonçait: «Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu». Aujourd’hui, Paul nous exhorte à la réjouissance: «soyez toujours dans la joie…». Alors que nous ne sommes inondés que de mauvaises nouvelles (personnelles, collectives, mondiales…), en quoi donc cette Nouvelle de Jésus Christ est-elle bonne? Et pourquoi devrions-nous nous en réjouir tout le temps? Souvenons-nous que Paul s’adresse à une communauté chrétienne jeune, celle de Thessalonique qu’il a dû quitter précipitamment pour cause de violence et de persécution. C’est dans ce contexte qu’il convient de comprendre cet appel à la joie. Paul prêche toujours en fonction d’un point (le même) qu’il s’est fixé à l’horizon de sa propre vie et qu’il fixe à tous les nouveaux chrétiens et convertis: l’espérance du salut en Christ ressuscité. Et toute la vie d’un chrétien ou d’un croyant doit être en tension vers cette fin. Pour s’y préparer, la prière de demande (certes !) et surtout d’action de grâce est la nourriture permanente de notre âme.
«N'éteignez pas l'Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le…». Parce qu’il est lumière, l’Esprit de Dieu ne doit pas être mis sous le boisseau, ni en nous-mêmes ni pour les autres. Mais dans un monde où pullulent les prophètes bons ou mauvais, c’est cet Esprit Saint qui seul peut aider à discerner le bien du mal. La joie à laquelle il exhorte lesThessaloniciens est justifiée par le fait que c’est Dieu lui-même qui accomplira l’établissement de ce royaume nouveau pour lequel il nous appelle cependant à œuvrer, parce sa fidélité pour son peuple est indéfectible. En choisissant toujours ce qui contribue à faire progresser la communauté d’église, les chrétiens manifesteront ainsi la force et la vie de L’Esprit.

11/12/2008

… Le Seigneur fera germer la justice et la louange
devant toutes les nations.

Bonjour !
Nous sommes au 3ème Dimanche de l'Avent, et la liturgie nous propose comme première lecture cet extrait du Livre d'Isaïe (Is 61, 1-2a.10-11)
, suivi du Magnificat (Luc 1, 46b-48, 49-50, 53-54).

61

01 L'esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction.
Il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres,
guérir ceux qui ont le cœur brisé,
annoncer aux prisonniers la délivrance
et aux captifs la liberté,
2a annoncer une année de bienfaits, accordée par le Seigneur.
10 Je tressaille de joie dans le Seigneur,
mon âme exulte en mon Dieu.
Car il m'a enveloppé du manteau de l'innocence,
il m'a fait revêtir les vêtements du salut,
comme un jeune époux se pare du diadème,
comme une mariée met ses bijoux.
11 De même que la terre fait éclore ses germes,
et qu'un jardin fait germer ses semences,
ainsi le Seigneur fera germer la justice et la louange
devant toutes les nations.
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Certains des versets de ce poème d’Isaïe en rappellent d’autres, par exemple dans la première partie du Premier chant du serviteur de Yavhé: «Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu que préfère mon âme. J’ai mis sur lui mon esprit pour qu’il apporte aux nations le droit» (42, 1). Dans le Livre de la Consolation, Israël est souvent représenté comme «un serviteur de Yavhé», choisi et séparé, réhabilité et sauvé pour être son témoin parmi les nations. Par contre, dans les quatre «Chants du Serviteur», est présenté un «serviteur» plutôt sous la forme d’une personne appelée par le Seigneur dès le sein de sa mère, formée par lui et remplie de son esprit. Ce nouveau serviteur apparaît comme un disciple éclairé par Dieu (qui lui a “ouvert l’oreille“ ) et envoyé par lui au milieu des hommes afin qu’il les instruise par sa parole: non seulement il rassemblera Israël, mais il sera aussi lumière pour toutes les nations de la terre. C’est le sens de la prophétie d’Isaïe (cf versets 42 à 53) dans laquelle on peut reconnaître plus tard (Mt 3, 17+ — Lc 4, 17-21+ — Ac 3, 13+ ) le Christ Jésus qui réunit en sa personne les traits du serviteur Roi-Messie fils de David et ceux du serviteur souffrant.

Il est beau ce poème d’Isaïe qui dresse les saveurs de la mission du prophète (dans la première partie) et rend compte de la joie anticipée du peuple d’Israël devant les promesses du Seigneur Dieu. Certaines de ces phrases nous sont familières, à travers le magnifique chant du RP Lucien Deiss (+) [ “L’esprit de Dieu repose sur moi, l’Esprit de Dieu m’a consacré, l’Esprit de Dieu m’a envoyé proclamer la paix, la joie…“], mais plus particulièrement dans la prière eucharistique IV ["Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton propre Fils, lorsque les temps furent accomplis, pour qu’il soit notre Sauveur. Conçu de l’Esprit Saint, né de la Vierge Marie, il a vécu notre condition d’homme en toute chose, excepté le péché, annonçant aux pauvres la Bonne Nou­velle du salut ; aux captifs, la délivrance; aux affligés, la joie…"].
Mais qui sont donc ces affligés et captifs dont parle le prophète? Pour mémoire, lorsque Isaïe écrit ce poème, le peuple juif est revenu de l’exil. Depuis Babylone, tous espéraient retrouver leur terre intacte; mais à leur grande déception, ils découvrent que non seulement on ne les attendait pas, mais en plus qu’on ne leur facilitait pas leur réinstallation sur leur Palestine désormais habitée par de nombreuses populations étrangères. La domination perse leur empêche de reconstruire le Temple et l’effet démographique joue en leur défaveur : le peuple juif est devenu minoritaire sur ses propres terres faces à des populations païennes toutes dévouées à leurs idoles. A l’exil politique succède l’exil spirituel, la perte des repères historiques fondés et nourris dans cette longue relation avec Yavhé.
C’est dans ce contexte qu’Isaïe fait entendre sa voix : «Regardez, semble-t-il dire à ses frères, comme le Seigneur Dieu m’a consacré et a fait de moi un messie, celui qui annonce sa parole». Et quelle est-elle cette parole : «Ne vous découragez pas. Le Seigneur Dieu n’a pas renié son peuple. Il est avec vous. Mais ayez confiance car son œuvre germera patiemment en vous et portera du fruit…»
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Cet émerveillement d’Isaïe n’est pas sans rappeler ce que sera la Magnificat de Marie qui, devant l’annonce si exceptionnelle de l’Ange Gabriel manifestera une humilité, une confiance et un sens du «collectif» (on dirait aujourd’hui: “d’église“) que l’on trouve nulle part ailleurs. Cette véritable prière universelle de tous les croyants exalte la grandeur de l’amour et de la justice de Dieu qui se penche sur ceux (et celles) qui le servent, sur les pauvres, les faibles et les plus petits. Avec les mots et expressions que l’on peut retrouver aisément dans presque tous les textes de l’Ancien Testament, Marie dit sa foi et rend grâce à Dieu pour tous les bienfaits dont il comble l’humanité, en ce qu’il l’honore et la sanctifie par elle et surtout l’élève à sa divinité.

Psaume : Magnificat (Luc 1, 46b-48, 49-50, 53-54)

46 Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.
48 Il s'est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.

49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
50 Son amour s'étend d'âge en âge
sur ceux qui le craignent.

53 Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
54 Il relève Israël, son serviteur,
il se souvient de son amour.

04/12/2008

Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.

Bonjour !
En ce deuxième dimanche de l'Avent, l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 1, 1-8) nous présente le plus grand de tous les Prophètes, Jean le Baptiste. Une parole forte et incisive pour des populations tourmentées politiquement et socialement, mais des populations tentées par des idoles de toutes sortes et abusées par de nombreux faux prophètes. Au milieu de ce brouhaha donc, la voix de Jean le Baptiste résonne comme un glas qui annonce une ère nouvelle…
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1

01 Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu.
02 Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe :
Voici que j'envoie mon messager devant toi,
pour préparer la route.
03 A travers le désert, une voix crie :
Préparez le chemin du Seigneur,
aplanissez sa route.
04 Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
05 Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés.
06 Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
07 Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales.
08 Moi, je vous ai baptisés dans l'eau ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint. »
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A travers le désert, une voix crie : «Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route»

La voix qui annonce ces propos, c’est celle de Jean le Baptiste, le Grand Prophète. Des paroles qui nous sont dites et redites chaque année au moment de l’Avent. Il s’agit pour nous, comme ce fut le cas pour le peuple d’Israël, de construire une route à travers le désert pour que Dieu puisse venir. Il nous faut aplanir chaque montagne, chaque colline, et combler chaque ravin; il nous faut redresser tout ce qui est tortueux et niveler ce qui est bosselé…
Ces paroles nous font penser à ces paysages modelés par le travail des générations passées et celui des hommes d’aujourd’hui: ces canaux, ces fleuves, ces autoroutes pour lesquelles il a fallu dynamiter des montagnes, combler fossés et ravins. Toutes ces voies qui ont apporté aux hommes des possibilités nouvelles de se rapprocher, de communiquer et d’échanger.
C’est tellement beau que des hommes, quelles que soient leurs race et leurs origines sociales, puissent se parler et marcher ensemble ! Pourtant, ces grandes et belles ouvrages peuvent parfois laisser sceptique au regard des autres raisons qui ont justifié leur réalisation. En effet, on pourrait penser que toutes ces voies devraient apporter aux hommes plus de bien-être et de bonheur… Malheureusement, bien de choses dans nos vies ne se laissent pas réduire ou aplanir. Cela donne le sentiment que nous ne nivelons pas la route pour la vie, mais que nous nivelons la vie tout court! Ainsi, par exemple, plus de fête vécue comme telle : la caméra ou l’appareil photo se chargent de tout enregistrer dans le moindre détail pour ensuite re-visionner des images du fond d’un fauteuil. On pourrait dire la même chose du dimanche que l’on évacue petit à petit de notre pratique chrétienne, soit par honte, soit par conformisme, soit parce que la société de consommation et de loisirs nous y poussent. Et nous oublions que le bonheur, pour qu’il survive à toutes ces sollicitations, ne peut être mis en conserve.
Oui, nous nivelons et nous planifions tout au risque de perdre toute profondeur des choses et toute hauteur de l’esprit. Ce n’est pas de ce nivèlement-là que nous parlent Isaïe et Jean le Baptiste. Car si tout est planifié, alors plus rien ne ressort, plus rien ne nous touche : alors, nous n’aurons plus de «désir», d’«attente», de «volonté». Or Isaïe veut justement garder vivante notre puissance de désir. En nous disant à nous aujourd’hui «préparez le chemin du Seigneur», comme il le disait autrefois à ses concitoyens et aux habitants de Jérusalem accablés par la déportation et l’exil et défaits par la destruction du Temple, Isaïe veut réveiller du plus profond de nous le désir de Dieu. Il veut susciter en nous cette foi et cette espérance capables de soutenir toutes nos attentes. C’est aussi ce que Jean le Baptiste veut nous dire lorsqu’il clame: «Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits les sentiers et convertissez-vous!». Il veut secouer notre torpeur et nous faire reconnaître nos fautes, notre péché. En effet, seul celui qui reconnaît son péché, ses ravins, ses fossés, ses aspérités et toutes ses ombres… celui-là seul peut avancer et commencer une vie nouvelle. Jean le Baptiste ne veut pas nous submerger, nous étouffer, bien au contraire… Il veut nous libérer vers une vie d’amour pour Dieu et pour nos frères les hommes.
Il annonce pour nous «quelqu’un», quelqu'un qui va venir baptiser dans l’Esprit. Nous avons tous été baptisés dans l’Esprit et chacun de nous porte en lui Dieu. C’est pourquoi nous pouvons préparer la route de notre cœur pour l’accueillir. Notre attente est tellement forte que notre espérance est soutenue par cette promesse de l’alliance nouvelle que Dieu établit avec l’humanité tout entière et chacun d’entre nous en particulier. Le temps de l’Avent devient alors celui de l’ensemencement en nous de la présence divine. Mais à condition que la graine tombe sur une bonne terre, celle qui a été travaillée avec soin et amour : Dieu vient habiter en nous et parmi nous, il se fait réellement proche, il sera bientôt des nôtres.

Se tenir prêt, net et irréprochable
dans l'attente de la venue du Jour de Dieu !

Bonjour !
C'est la deuxième lettre de saint Pierre Apôtre (2P 3, 8-14) que la liturgie nous propose comme seconde lecture pour ce dimanche 7 décembre 2008.

3
08 Mes bien-aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour.
09 Le Seigneur n'est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c'est pour vous qu'il patiente : car il n'accepte pas d'en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir.
10 Pourtant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre, avec tout ce qu'on y a fait, sera brûlée.
11 Ainsi, puisque tout cela est en voie de destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir,
12 vous qui attendez avec tant d'impatience la venue du jour de Dieu (ce jour où les cieux embrasés seront détruits, où les éléments en feu se désagrègeront).
13 Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c'est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.
14 Dans l'attente de ce jour, frères bien-aimés, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix.
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Contre les faux docteurs de la loi qui proclament avec force éloquence l’immutabilité de l’Univers, niant par là-même la Parousie, c’est-à-dire le retour du Seigneur, l’Apôtre Pierre exhorte les fidèles de la première génération chrétienne à garder les enseignements que les Apôtres leur ont donnés, eux qui ont connu le Seigneur, ont vécu avec lui et l’ont vu ressuscité dans la gloire. «Le jour du Seigneur viendra comme un voleur», affirme Pierre qui nous invite à nous tenir prêts, c'est-à-dire à nous y préparer sans relâche en œuvrant pour la paix et la justice.
Pierre est alerté par l’impatience des fidèles ; il leur réaffirme que Dieu est patient, qu’il est hors de notre temps, et que pour nous il «prend tout son temps» pour que chacun ait le temps de se convertir, car il ne veut perdre aucune de «ses brebis». «Le Seigneur n'est pas en retard pour tenir sa promesse» et son salut concerne donc l’humanité tout entière.

Le Messie sera source de vérité et de justice…

Bonjour !
Ce psaume qui nous est proposé pour la méditation (Ps 84, 9ab.10, 11-12, 13-14) est en réalité une prière pour la paix, cette paix messianique annoncée et promise aux rapatriés par les prophètes Isaïe et Zacharie. Dans le Temple restauré de la Ville sainte, la gloire de Yavhé se manifestera par la justice, la paix et la fidélité revenues sur la terre et dans les cœurs de tous les hommes.
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9a J'écoute : que dira le Seigneur Dieu ?

9b Ce qu'il dit, c'est la paix pour son peuple et ses fidèles ;
10 Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

11 Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s'embrassent ;
12 la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

13 Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
14 La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.
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Jadis, la gloire de Yavhé se manifesta à Moïse sous la forme d’un feu, d’une lueur éclatante enveloppant la Montagne (le siège de Yavhé), signe de sa majesté inaccessible et de sa redoutable puissance. C’est cette présence qui prit possession du Temple de Salomon (1 R 8, 10-11), quitta Jérusalem à la veille de sa destruction, selon Ezéchiel (Ez 10, 23 : « … Et la gloire de Yavhé s’éleva pour sortir de la ville et s’arrêta sur la montagne qui se trouve à l’orient de la ville ») et y revint plus tard (Ez 43, 1 et sq).
«Proche est le salut salut (de Yavhé) pour ceux qui le craignent» (v. 10), c’est-à-dire ceux qui le cherchent, se rapprochent de lui et mettent en œuvre sa parole. C’est à ceux qui se réconcilient avec lui que Yavhé «rendra» («répandra la semence de») la paix. D’ailleurs, son nom même veut dire «Dieu sauve». Et comme le prophétise Zacharie, «la vigne donnera (alors) son fruit, la terre donnera ses produits et le ciel donnera sa rosée» (Za 8, 12). Cette conjonction bénéfique du ciel et de la terre préfigure la sollicitude divine envers son peuple dans son infinie miséricorde : par sa présence au milieu des hommes, le messie annoncé est la semence de cette alliance nouvelle qui scelle l’émergence d’un monde nouveau où triomphera le règne de Dieu.

« Voici votre Dieu »,
il vient avec puissance et son bras est victorieux.

Bonjour !
Nous sommes au deuxième dimanche de l'Avent. La première lecture de ce jour est extraite du Livre d'Isaïe (Is 40, 1-5.9-11)

40
01 Consolez, consolez mon peuple,
dit votre Dieu.
02 Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez
que son service est accompli,
que son crime est pardonné,
et qu'elle a reçu de la main du Seigneur
double punition pour toutes ses fautes.
03 Une voix proclame :
« Préparez à travers le désert
le chemin du Seigneur.
Tracez dans les terres arides
une route aplanie pour notre Dieu.
04 Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées,
les passages tortueux deviendront droits,
et les escarpements seront changés en plaine.
05 Alors la gloire du Seigneur se révèlera
et tous en même temps verront
que la bouche du Seigneur a parlé. »
09 Monte sur une haute montagne,
toi qui portes la bonne nouvelle à Sion.
Elève la voix avec force,
toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem.
Elève la voix, ne crains pas.
Dis aux villes de Juda :
« Voici votre Dieu. »
10 Voici le Seigneur Dieu :
il vient avec puissance
et son bras est victorieux.
Le fruit de sa victoire l'accompagne
et ses trophées le précèdent.
11 Comme un berger, il conduit son troupeau :
son bras rassemble les agneaux,
il les porte sur son cœur,
et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.
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Bref rappel historique :
Isaïe ou Ésaïe est un prophète de l'Ancien Testament. Né aux environs de 765 av. J.-C., il aurait vécu à Jérusalem au VIIIe s. avant J.-C. et connut les règnes de plusieurs rois [Ozias, Achaz – celui-là même qui favorisa, par son recours à Téglat Phalasar, la mise de Juda (royaume du nord) - sous la tutelle de l’Assyrie, Ezéchias et Manassé]. Isaïe est le plus grand des prophètes messianiques; en effet, le Messie qu’il annonce est un descendant de David qui proclamera la paix et la justice, et répandra la connaissance de Dieu sur tous les peuples, au-delà des frontières du peuple d’Israël.

Le texte du chant ci-dessus fait partie du second livre appelé «La consolation d’Israël». Poème de vocation, il annonce la consolation du peuple élu dans son retour: le discours peut être comparé à celui de Jean-Baptiste dans le désert («Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine…»), mais Isaïe annonce ici que Yavhé va se mettre à la tête de son peuple et le conduire, tel un roi et un berger à la fois, en un nouvel exode (gage de la protection divine) vers la Palestine. Dieu vient sauver son peuple avec les prodiges de sa puissance, comme autrefois lors du premier exode (le passage de la Mer rouge, l’Eau miraculeuse, la nuée lumineuse, etc.); la marche dans le désert devient ici le gage du passage de Babylone à Jérusalem. L’abaissement des montagnes est symbolique de celui des grandeurs orgueilleuses de l’homme conquis par le péché; mais c’est bien du haut de la montagne que résonne la voix de Dieu pour être entendue par toute la terre.
Le salut est annoncé et promis à tous les peuples de la terre; il sera incarné par celui dont Isaïe prédit la venue: Dieu vient habiter au milieu des hommes, il sera désormais le signe réel de la manifestation de la gloire de Dieu. Oui, celui pour qui nous devons préparer le chemin dans le désert, celui pour qui nous devons aplanir toute route marque la fin du temps des prophètes, car désormais par sa présence, Dieu lui-même est parmi nous: il nous parle de Dieu à homme et d’homme à homme


Notes complémentaires : il n’est pas inutile de croiser ce texte avec d’autres références de l’Ancien et du Nouveau Testaments : Mt 3 | Si 48, 10 | Lc 1 76 | Lc 3, 4-6 | Ez 34, 1 | Dt 32, 11 | Lc 15, 5

27/11/2008

Etre veilleur et éveilleur dans une attente active…
car le Seigneur viendra comme un “voleur“ !

Bonjour !
Nous entrons aujourd’hui dans le temps de l’Avent, celui de l’attente de la venue du Seigneur : Noël approche, le compte à rebours a commencé. Dans quelques temps, les rues des villes s’illumineront de milles couleurs. Noël sera bientôt en réclame et en rayons dans les super-marchés pour donner de la fébrilité et du rêve. Oui, c’est souvent de la sorte que l’on oublie que Noël est avant tout un rendez-vous : celui de la rencontre de Dieu avec l’humanité. Le temps de l’Avent que nous commençons aujourd’hui en même temps que le début de l’année liturgique nous prépare à la venue du Seigneur. Dieu appelle chacun de nous, ainsi que son peuple tout entier à l’évènement fondateur du salut de tous les hommes. L'Evangile de ce dimanche est extrait de saint Marc (Mc 13, 33-37) :
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13

33i Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
34 Il en est comme d'un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
35 Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin.
36 Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis.
37 Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »
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«Veillez, car vous ne savez pas quand viendra le Maître de la Maison… Veillez et priez dans l’attente du Seigneur…»

Dieu vient, il va venir chez nous et se faire l’un de nous pour que, à notre tour, nous allions vers lui. Voilà la Bonne Nouvelle à accueillir et à partager. Dans notre monde où l’on cherche à réduire les temps d’attente pour gagner du temps, la Parole de Dieu nous invite, en ce premier dimanche de l’Avent, à entrer dans une attente constructive, celle qui forme, qui prépare, une attente qui est un appel à veiller.
Bien souvent, nous tombons dans les pièges que nous distillent nos sociétés à doses homéopathiques: information foisonnante et ambigüe, publicité abondante et agressives pour succomber aux faux bonheurs de la consommation, drogues de toutes sortes qui endorment les consciences ou les appâtent pour un confort dérisoire et passager… il n’est pas jusqu’à notre imaginaire qui ne soit atteint par cette folie matérialiste qui nous sèvre du goût de l’invisible, de l’au-delà de ce monde et de nous-mêmes. Face à toutes ces quêtes de bonheur où l’homme se trouve décentré et écartelé, l’Eglise nous annonce que seule la quête et l’attente de Dieu peuvent faire naître et grandir en nous le vrai désir, le désir du Vrai. Car cette attente-là est le chemin où notre propre désir rencontre l’appel de Dieu.
Il ne nous a pas échappé que l’Evangile de ce dimanche est court, très court même. Pourtant, par quatre fois, dans ces quelques versets seulement, Marc emploie le verbe «veiller». Ainsi donc, si l’Avent est le temps de l’attente, il est aussi le temps des veilleurs: nous attendons celui qui vient. Naturellement, il est déjà venu il y a 2000 ans prendre chair dans notre monde, partager notre condition d’homme et notre histoire. Mais il vient encore chaque jour dans nos vies, et il viendra à la fin des temps au Jour du Jugement. Maintenant encore Christ de cesse de frapper à nos portes parce qu’il veut habiter chez nous, en nous; il veut vivre avec nous une communion toujours plus parfaite en nous communiquant sa propre vie divine.
Alors, dans l’attente de sa venue, veillons ! Accueillons ce temps de l’Avent comme le premier cadeau de Noël. Veillons, même si parfois ou même souvent nous nous sentons impuissants face aux multiples courants qui nous tourmentent et nous emportent «ailleurs» que vers Dieu. Notre monde est à l’heure de choix fondamentaux pour son devenir. Il ne s’agit pas, par exemple, de simples rafistolages convenus pour une crise financière qui oublient les hommes et des femmes derrière des formules mathématiques et des montages froids. Non ! il s’agit de véritables choix de vie et de destinée individuelle et collective pour maintenant et pour l’au-delà. Seule la Parole de Dieu peut nous y aider. A temps et à contre-temps, annonçons celui qui vient et que nous attendons. Oui, notre attente est fructueuse parce que porteuse de vie et d’espérance. Celui que nous attendons est à la fois grand et petit, il est Roi et serviteur. Alors, soyons veilleurs et éveilleurs au cœur de notre monde à faire revivre d’un Esprit nouveau.

24/11/2008

Nos plus grandes richesses : celles de la Parole,
et toutes celles de la connaisance de Dieu…

Bonjour !
La seconde lecture de ce dimanche 30 novembre 2008 est extraite de la Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1Co 1, 3-9).

1
03i Frères, que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.
04 Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu'il vous a donnée dans le Christ Jésus ;
05 en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu.
06 Car le témoignage rendu au Christ s'est implanté solidement parmi vous.
07 Ainsi, aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ.
08 C'est lui qui vous fera tenir solidement jusqu'au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ.
09 Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.
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Il est de coutume pour l’Apôtre Paul de commencer ses adresses et salutations aux membres des communautés qu’il rencontrait par une prière d’action de grâces. Au tout début de nos messes, cette adresse est reprise par le célébrant comme pour nous signifier que l’instant eucharistique est un moment privilégié au cours duquel la communauté chrétienne en ce lieu rassemblée est en communion parfaite avec celui dont elle fait revivre le mémorial de la cène (certes!), mais surtout celui dont elle est le signe manifeste de sa présence réelle: «La grâce de Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous!» … et nous répondons à chaque fois : «Et avec votre esprit!».
Car en effet, dans cette adresse, est concentrée la quintessence du credo paulilien: en Jésus -hrist, mort et ressuscité pour nous, Dieu nous a comblés de ses nombreuses grâces («toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu») et rendus dignes de partager sa gloire; telle est notre foi dans l’attente du Jour de sa Révélation. Les expressions sont variées qui désignent ce moment: “Jour du Christ“, “le (ce) Jour“, “ce jour-là“, “le Jour du fils de l’Homme“, “le Jour de Dieu“, “le Jour de la visite“, “le grand Jour“, “le dernier Jour“… Toutes ces expressions désignent l’accomplissement, dans l’ère eschatologique inaugurée par le Christ, de ce “Jour de Yavhé“ annoncé par les prophètes, et réalisée en partie avec la première venue du Christ (son incarnation, sa vie au milieu des siens, sa mort et sa résurrection puis son ascension dans le ciel. Cette étape ultime de l’histoire du salut sera achevée avec le retour glorieux du Christ. D’où l’insistance de la part de saint Paul auprès des membres des jeunes communautés chrétiennes de se tenir prêts et de se préparer en conséquence. Dans cette attente, nous ne sommes pas seuls et nous ne pouvons la vivre tout seuls : Christ nous a envoyé son Esprit Saint qui habite en nous et fait de nous des temples de Dieu.

Seigneur, fais-nous vivre et invoquer ton nom !

Bonjour !
Il est préférable de lire ce psaume en entier pour en saisir à la fois le rythme et le message. Invocation du Dieu puissant et misécordieux pour un peuple souvent infidèle et peu confiant, il crie l'espérance intarissable qui naît de la connaissance de ce Dieu qui pardonne et qui aime toujours.

Psaume (79, 2.3bc, 15-16a, 18-19)

02 Berger d'Israël, écoute,
toi qui conduis Joseph, ton troupeau :
resplendis au-dessus des Kéroubim,
3b Réveille ta vaillance
3c et viens nous sauver.

15 [R / ] Dieu de l'univers reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
16a celle qu'a plantée ta main puissante,

18 Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l'homme qui te doit sa force.
19 Jamais plus nous n'irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
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Ce psaume est en réalité une prière pour la restauration d’Israël dans sa globalité, c’est-à-dire aussi bien Israël du Nord (dévasté par les Assyiriens) que Juda après le sac de Jérusalem par les armées du cynique roi Nabuchodonosor. La restauration invoquée ici induit la réunification du Royaume dans es limites géographiques naturelles, «jusqu’à la mer et du côté du Fleuve» (v. 12). Il est intéressant de noter que le psalmiste impute la situation désastreuse que vie le peuple d’Israël à son éloignement de Yavhé. Se séparer de Yavhé ou même s’éloigner de lui est donc la cause de toute errance, parce qu’on se retire soi-même de l’ombre de ses ailes protectrices. Vers Dieu dont il pense qu’il s’est retiré de la scène humaine, vers celui dont il n’aperçoit plus la face, le psalmiste lance un cri de détresse et d’espérance à la fois: «Dieu de l'univers reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois: visite cette vigne, protège-la, celle qu'a plantée ta main puissante…».
Et puis, il y a cette image de la vigne, symbole d’Israël et de la joie nourrie par le vin qu’elle produit. Mais aussi cette vigne à laquelle le Christ, par son incarnation, s’identifiera comme cette plante vivante au cœur de l’humanité et de son Eglise: «Je suis le vrai cep et mon Père est le vigneron » (Jn 15, 1 et sq). Nous savons également qu’il fera du «fruit de cette vigne» l’Eucharistie de la nouvelle Alliance. Rappelons-nous les paroles du célébrant au moment des offrandes pendant la messe: «Tu es béni, Dieu de l'univers, Toi qui nous donnes ce pain et ce vin, fruits du travail des hommes; nous te les présentons pour qu'ils deviennent le corps et le sang de l'alliance nouvelle»… Lui le cep, la vraie vigne ne décevra pas l’attente divine.

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• Note complémentaire

Notons également l’usage par le psalmiste de divers mots et expressions pour dire une pensée précise : il parle d’Israël (c’est-à-dire le peuple élu dans son ensemble) puis de Joseph (c’est-à-dire le Royaume du Nord, dont Ephraïm et Manassé sont les tribus dominantes) — Dans la représentation juive, l’Arche de l’alliance était placé au-dessus des chérubins et des autres puissances célestes, comme lieu du trône de Dieu — «Dieu des armées»: ce terme désignant celui qui commande les armées des anges et des étoiles et qui assigne sa place à toute chose dans l’univers, qui le contrôle, le régit et donc peut sévir toute “effraction“ à l’ordre par lui établi (voir aussi dans le Ps 24, 10) — Israël, le fils que Dieu a rendu fort (“Israël est mon fils, mon premier-né“ – Ex 4, 22) par la puissance de la main droite de Dieu: étonnante association des mots fils et droite qui rappelle la signification même du nom de Benjamin, à savoir “Fils de ma droite“ (voir Gn 35, 18). — “Le Fils de l’homme“: ici, cette expression désigne Israël, Ben adam, tiré de la terre et du milieu des hommes. — «Invoquer le nom de Dieu» est en soi un gage de salut; le psalmiste l’invoque et même le convoque dans la vie d’Israël qui l’appelle par son nom de chef : “Eternel, Dieu des armées“.

Seigneur, nous sommes tous l'ouvrage de tes mains…

Bonjour !
La première lecture de ce dimanche 30 novembre 2008 est un texte d'Isaïe. En le replaçant dans le corps d’ensemble dont il est extrait, nous pouvons mieux en saisir le message. Tout d’abord, rappelons qu’il fait partie d’un grand psaume du prophète, que l’on peut situer entre la fin de l’exil et le début du retour. Il évoque donc naturellement le passé d’Israël, il chante et vante la réconciliation de Yavhé avec «les tribus qui lui appartiennent», parmi lesquelles «le peuple de la tribu de Jacob, sa part d’héritage» (Dt 32, 9), et il implore sa venue pour reconstruire la Ville sainte et le Temple. Ce psaume est présenté en deux temps qui, par un effet de miroir, se renvoient l’un à l’autre: la première partie (16b-17.19b) expose le désespoir et les supplications, et la seconde partie (64, 2b-7) l’action salvatrice du Seigneur.
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Livre d'Isaïe (Is 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7)


63
16b Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur :
tel est ton nom depuis toujours.
17 Pourquoi Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin,
pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ?
Reviens,
pour l'amour de tes serviteurs
et des tribus qui t'appartiennent.
19b Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais,
les montagnes fondraient devant toi.

64

2b Voici que tu es descendu,
et les montagnes ont fondu devant ta face.
03 Jamais on ne l'a entendu ni appris,
personne n'a vu un autre dieu que toi
agir ainsi envers l'homme qui espère en lui.
04 Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie
et qui se souvient de toi en suivant ton chemin.
Tu étais irrité par notre obstination dans le péché,
et pourtant nous serons sauvés.
05 Nous étions tous semblables à des hommes souillés,
et toutes nos belles actions
étaient comme des vêtements salis.
Nous étions tous desséchés comme des feuilles,
et nos crimes, comme le vent, nous emportaient.
06 Personne n'invoquait ton nom,
nul ne se réveillait pour recourir à toi.
Car tu nous avais caché ton visage,
tu nous avais laissés au pouvoir de nos péchés.
07 Pourtant, Seigneur, tu es notre Père.
Nous sommes l'argile, et tu es le potier :
nous sommes tous l'ouvrage de tes mains.
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Il est intéressant de noter que déjà Isaïe révèle l’identité du Seigneur: le Rédempteur, c'est-à-dire Celui qui non seulement sort vainqueur de la mort pour lui-même, mais aussi Celui qui arrache l’humanité entière des griffes de la mort et du néant.
La fin de l’Exil est certes un moment de délivrance, mais l’avenir immédiat est encore flou et imperceptible pour un peuple d’autant plus impatient qu’il souffre de diverses calamités naturelles ou d’inévitables tensions communautaires. Le Seigneur est appelé à l’aide parce qu’il est le seul capable de donner confiance, de redonner vie. Le verset 19b est très expressif de cette impatience: «Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi»… une complainte pleine d’espérance, et qui rappelle les élans d’âme du psaume 144 ou la première vision du «combat eschatologique» de Jean dans son Apocalypse (19, 11): «Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle “Fidèle“ et “Vrai“, il juge et fait la guerre avec justice.» [le blanc étant la couleur symbole de la victoire]

Dans la seconde partie, le prophète révèle la diversité des œuvres du Seigneur à l’avantage de son peuple, justement comme pour combler ses prières et ses espérances. On y retrouve des élans du Te Deum royal (le psaume 18, 8) : le déchainement des éléments cosmiques que le Seigneur maîtrise par sa puissance. «Qu’il vienne, notre Dieu, et ne se taise plus», clame le psalmiste dans le psaume 50. Oui, malgré ses «impuretés» (64, 5) [pour toutes les règles relatives au “pur“ et à “l’impur“, lire le Lévitique, 11 et sq], son ingratitude et ses crimes, Yavhé est toujours resté un Père pour son peuple dont il a modelé l’histoire telle une argile dans les mains d’un potier (image qui renvoie à l’acte créateur de Dieu au jour de la création de l’homme).

19/11/2008

Le Royaume en héritage
pour “les bénis de mon Père…“

Bonjour !
Nous fêtons en ce dimanche la solennité du Christ, Roi de l'univers. L'Evangile de ce jour est extrait de saint Matthieu (Mt 25, 31-46). L’année liturgique s’achève aujourd’hui avec cette belle fête du Christ Roi de l’univers. A cette occasion, l’Eglise nous propose non pas l’image d’un Christ triomphant et encore moins le récit d’une manifestation éblouissante du Fils de Dieu, une sorte de feu d’artifice, mais un texte qui dépeint pour nous une grande fresque du Jugement dernier. Jésus y apparaît comme le Roi de l’humanité, siégeant au ciel à la droite de Dieu le Père et séparant les brebis des chèvres.
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25

31i Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siègera sur son trône de gloire.
32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres :
33 il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : 'Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.
35 Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ;
36 j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !'
37 Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ?
38 tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ?
39 tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?'
40 Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.'
41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : 'Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges.
42 Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ;
43 j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.'
44 Alors ils répondront, eux aussi : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?'
45 Il leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.'
46 Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle.»
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Quelques repères pour notre méditation

«Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait…»

Le Seigneur Jésus nous a quittés pour siéger à la droite de son Père. C’est cette réalité que l’Eglise célèbre déjà à travers la fête de l’Ascencion. Certes, celui qui nous a quittés règne au ciel, mais il reste présent au milieu de nous, auprès de nous dans le prochain, cette sœur et ce frère que nous côtoyons, qui a besoin de nous et que nous devons considérer et servir comme un roi. Tous les domaines que je dois à un roi, je dois les rendre à celui qui frappe à ma porte, celui qui a faim, qui est nu, qui est étranger ou en prison. Car Dieu non seulement se reconnaît dans ces «pauvres», mais il lui-même le premier Pauvre. Car monde lui est hostile, le méprise, le néglige ou l’ignore; on peut même se jouer de lui, fermer les yeux et passer à côté, tout près de lui sans (pour ne pas) le voir. Pourtant, il crie vers nous pour attirer notre attention, car Dieu n’est pas comme les puissants de ce monde qui, eux, demandent ou obligent d’être obéis ou servis. Ce que Dieu sollicite auprès de nous, c’est notre amour. Un amour calculé en vue d’une récompense ou d’une reconnaissance, mais un amour gratuit.
Les justes de la parabole ne savaient pas qu’ils servaient et aimaient Jésus en servant et aimant leur prochain dans le besoin. Ils l’ont fait sans aucune arrière pensée ; ils l’ont fait comme mus, poussés par une nécessité, une obligation intérieure: signe de la vraie compassion. Le Christ-Roi règne en lavant les pieds de ses disciples, en ayant été pris de pitié pour les foules sans berger, pour les malades, les affamés, les endeuillés et les laissés-pour-compte de son temps, toutes ces femmes, tous ces hommes et tous ces enfants… Le Christ-roi règne du haut de la Croix, dans la soif, avec un grand cri de douleur et une parole d’espoir.
Ainsi Jésus nous enseigne-t-il que, dans notre prochain le plus misérable, nous rencontrons déjà notre roi, notre juge. En tous cas, le jugement est en cours et notre destin se joue dès maintenant, dans nos mains ouvertes ou fermées, nos mains tendues ou repliées pour l’accueil, le partage ou le rejet. Alors, posons-nous chaque fois la question: «chaque fois que j’agis, suis-je du côté des bénis ou des maudits?». Tout dépend de la réponse à la question que le Christ lui-même nous pose: «Que fais-tu de ton frère?».
Un Père de l’Eglise rapporte pour nous ce mot de Jésus (qui n’est pas dans l’Evangile): «Tu as vu ton frère, tu as vu Dieu». En fin de compte, nous serons bien jugés sur l’amour de Dieu et du prochain. Voilà pour nous la clé du Royaume; elle nous est confiée jusqu’à la fin des temps. A nous donc de la saisir et de jouer dès maintenant la mélodie de cet amour simple mais exigeant dans tout ce qui constitue la trame du quotidien de notre vie, pour nous entendre dire au soir de notre vie: «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde…».

18/11/2008

C'est dans le Christ
que tous ceux qui seront à lui revivront…

Bonjour !
La seconde lecture de ce dimanche du Christ, Roi de l'univers est extraite de la Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1Co 15, 20-26.28)

15
20i Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité.
21 Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection.
22 En effet, c'est en Adam que meurent tous les hommes ; c'est dans le Christ que tous revivront,
23 mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu'il reviendra.
24 Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal.
25 C'est lui en effet qui doit régner jusqu'au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis.
26 Et le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort,
28 Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.
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Quelques pistes pour notre méditation

Avec cet extrait de la Première lettre aux Corinthiens, saint Paul nous donne le cœur et le fondement de sa foi et de son enseignement : la mort et la résurrection du Christ, et l’attente de sa venue pour nous prendre dans la gloire. Comme les autres apôtres, l’avorton (comme aime s’appeler Paul) a été témoin de la résurrection du Christ, c’est-à-dire de la preuve décisive de la résurrection générale à venir, dont l’Ancien Testament contenait déjà le pressentiment et l’espérance. La résurrection est donc le fondement de notre foi chrétienne en ce qu'elle justifie les deux moments de l'Alliance (l'ancienne et la nouvelle); et Paul ne se trompe pas en y fondant son enseignement : elle est prémices des morts qui ressusciteront à leur tour, à la suite (et par la puissance) du Christ. Et l’Apôtre n’en démord pas dans son enseignement auprès de toutes les communautés qu’il évangélise :

- «Et si l’esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous» (Rm 8, 11) – idem en Rm 5, 12.
- «Et il (le Christ) est aussi la Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Eglise : Il est le Principe, Premier-Né d’entre les morts, car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par son sang» (Col 1, 18-20): Christ est premier-né et premier ressuscité car il est le «principe dans l’ordre du salut» au cœur de l’univers “rempli“ de la présence créatrice de Dieu. Pour Paul, l’incarnation et la résurrection du Christ a placé sa nature humaine à la tête de l’univers créé, désormais intéressé au salut comme il avait été affecté par le péché. Réconciliation universelle, donc, à travers un seul homme, le Christ Jésus.
- «Puisque, nous le croyons, Jésus est mort puis est ressuscité, de même ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les amènera avec lui» (1 Th 4, 14).

Avec le Seigneur, je ne crains rien…

Bonjour !
Nous connaissons tous ce merveilleux psaume pour ce qu’il affirme : Dieu nous fait paître et, de ce fait, nous conduit. Rappelant d’abord les bienfaits consolateurs du présent, il expose ensuite ceux à venir.
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Psaume (22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)

01 Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
2a Sur des prés d'herbe fraîche,
2b il me fait reposer.

2c Il me mène vers les eaux tranquilles
03 et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l'honneur de son nom.

04 Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

05 Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

06 Grâce et bonheur m'accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j'habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
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Le psalmiste montre d’abord la suffisance de la promesse divine, son abondance (« …Je ne manque de rien») et l’effet de sa sollicitude (« …Il y refait mon âme ») dans des prés d’herbe fraîche. Ceci renvoie à d’autres messages de ce Pasteur dans les Evangiles: «Moi je suis le Bon Pasteur» (Jn 10, 11), ou encore : «Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit ; n’êtes-vous pas beaucoup plus qu’eux?» (Mt 6, 26). Si donc Dieu pourvoit à tout ce qui relève de notre vie ou survie matérielle et immédiate (la manne, le miel du Rocher, l’eau fraîche… dans le désert), le texte nous invite en réalité à nous lever et nous élever pour rechercher les autres pâturages où doivent paître nos âmes (les enseignements sacrés des Ecritures et des réalités spirituelles, car la Parole divine instruit et affermit), vers les eaux de la vie nouvelle, l’eau de la sagesse et du baptême [«Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures et je vous purifierai de toutes vos idoles» (Ez 36, 25)].
Le verset 4 parle compare le Seigneur à un chef et un protecteur. L’«ombre de la mort» évoque la tribulation présente, car cette, proximité du corps, est le signe des ténèbres obscures de nos péchés. Dieu est houlette, c’est-à-dire «direction du chemin», et bâton, c’est-à-dire soutien. (le fameux «sceptre de droiture» dont il est fait mention dans le Ps 44, v 7). Et c’est justement dans le cadre cette abondance et de cette discipline autant que du soutien du Seigneur, que celui-ci nous dresse une table et nous invite au festin.
Il n’est pas totalement faux de renvoyer cette image de la table à la triple table dont il est question dans les Ecritures:
- la table de l’ancienne Loi,
- la table du Nouveau Testament,
- la table du Royaume.
La table du Royaume fait partie des bienfaits consolateurs du futur, lorsque «j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours» (v 6). Par sa miséricorde, la grâce et le bonheur seront le lot de ceux qui se rapprochent de Dieu, qui se convertissent. Car la récompense sera grande dans les cieux quant à la participation plénière aux dons divins et au bénéfices de la "fruition" de Dieu lui-même dans son Eglise sur terre, dans la Patrie, c'est-à-dire son Royaume (cf saint Thomas d'Aquin, Somme Théologique, IIIa, q.8, a 3). Le psaume 26 (verset 4) exaltera encore davantage cette grâce ultime de ceux qui sont conviés à la table eucharistique et qui trouveront leur bonheur dans la maison de Dieu: «J’ai demandé une seule chose au Seigneur, je la rechercherai : c’est d’habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie».