24/11/2008

Seigneur, nous sommes tous l'ouvrage de tes mains…

Bonjour !
La première lecture de ce dimanche 30 novembre 2008 est un texte d'Isaïe. En le replaçant dans le corps d’ensemble dont il est extrait, nous pouvons mieux en saisir le message. Tout d’abord, rappelons qu’il fait partie d’un grand psaume du prophète, que l’on peut situer entre la fin de l’exil et le début du retour. Il évoque donc naturellement le passé d’Israël, il chante et vante la réconciliation de Yavhé avec «les tribus qui lui appartiennent», parmi lesquelles «le peuple de la tribu de Jacob, sa part d’héritage» (Dt 32, 9), et il implore sa venue pour reconstruire la Ville sainte et le Temple. Ce psaume est présenté en deux temps qui, par un effet de miroir, se renvoient l’un à l’autre: la première partie (16b-17.19b) expose le désespoir et les supplications, et la seconde partie (64, 2b-7) l’action salvatrice du Seigneur.
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Livre d'Isaïe (Is 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7)


63
16b Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur :
tel est ton nom depuis toujours.
17 Pourquoi Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin,
pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ?
Reviens,
pour l'amour de tes serviteurs
et des tribus qui t'appartiennent.
19b Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais,
les montagnes fondraient devant toi.

64

2b Voici que tu es descendu,
et les montagnes ont fondu devant ta face.
03 Jamais on ne l'a entendu ni appris,
personne n'a vu un autre dieu que toi
agir ainsi envers l'homme qui espère en lui.
04 Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie
et qui se souvient de toi en suivant ton chemin.
Tu étais irrité par notre obstination dans le péché,
et pourtant nous serons sauvés.
05 Nous étions tous semblables à des hommes souillés,
et toutes nos belles actions
étaient comme des vêtements salis.
Nous étions tous desséchés comme des feuilles,
et nos crimes, comme le vent, nous emportaient.
06 Personne n'invoquait ton nom,
nul ne se réveillait pour recourir à toi.
Car tu nous avais caché ton visage,
tu nous avais laissés au pouvoir de nos péchés.
07 Pourtant, Seigneur, tu es notre Père.
Nous sommes l'argile, et tu es le potier :
nous sommes tous l'ouvrage de tes mains.
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Il est intéressant de noter que déjà Isaïe révèle l’identité du Seigneur: le Rédempteur, c'est-à-dire Celui qui non seulement sort vainqueur de la mort pour lui-même, mais aussi Celui qui arrache l’humanité entière des griffes de la mort et du néant.
La fin de l’Exil est certes un moment de délivrance, mais l’avenir immédiat est encore flou et imperceptible pour un peuple d’autant plus impatient qu’il souffre de diverses calamités naturelles ou d’inévitables tensions communautaires. Le Seigneur est appelé à l’aide parce qu’il est le seul capable de donner confiance, de redonner vie. Le verset 19b est très expressif de cette impatience: «Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi»… une complainte pleine d’espérance, et qui rappelle les élans d’âme du psaume 144 ou la première vision du «combat eschatologique» de Jean dans son Apocalypse (19, 11): «Alors je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; celui qui le monte s’appelle “Fidèle“ et “Vrai“, il juge et fait la guerre avec justice.» [le blanc étant la couleur symbole de la victoire]

Dans la seconde partie, le prophète révèle la diversité des œuvres du Seigneur à l’avantage de son peuple, justement comme pour combler ses prières et ses espérances. On y retrouve des élans du Te Deum royal (le psaume 18, 8) : le déchainement des éléments cosmiques que le Seigneur maîtrise par sa puissance. «Qu’il vienne, notre Dieu, et ne se taise plus», clame le psalmiste dans le psaume 50. Oui, malgré ses «impuretés» (64, 5) [pour toutes les règles relatives au “pur“ et à “l’impur“, lire le Lévitique, 11 et sq], son ingratitude et ses crimes, Yavhé est toujours resté un Père pour son peuple dont il a modelé l’histoire telle une argile dans les mains d’un potier (image qui renvoie à l’acte créateur de Dieu au jour de la création de l’homme).

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