12/11/2008

Dieu moissonne là où il n'a pas semé…
il récompense le serviteur bon et fidèle !

Bonjour !
Très beau texte que cet extrait de l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 14-30) en ce 33ème dimanche du Temps ordinaire: Dieu nous fait confiance sans aucune distinction de classe sociale, de niveau de culture, de sexe ou de race… Il est Don total, il est Don parfait. Et c'est justement pour cette raison qu'il nous engage dans sa puissance d'amour pour partager avec nos frères les talents que nous avons reçus par grâce.
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25
14i Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
15 A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
16 Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres.
17 De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.
18 Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.
19 Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes.
20 Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : 'Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. —
21 Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.'
22 Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. —
23 Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.'
24 Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain.
25 J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient.'
26 Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu.
27 Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts.
28 Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.
29 Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a.
30 Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !'
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Quelques points de repère pour notre méditation

«Celui qui a recevra encore et il sera dans l’abondance. Mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a…». Elle est surprenante voire même choquante la logique de cette parabole. On peut comprendre que les auditeurs de Jésus en soient scandalisés. «Quelle injustice !», pouvaient-ils penser. Car en effet, à première vue, comment peut-on accepter que le Maître soit si dur envers le troisième serviteur qui lui a remis son dû, tel qu’il le lui avait confié ? On pourrait alors être amené à donner raison à l’adage populaire qui dit: « on ne prête qu’aux riche…!». Les pauvres seraient-ils donc condamnés à rester pauvres sur toute la ligne? Mais est-ce ainsi qu’il faut comprendre et interpréter le récit de l’Evangile ci-dessus?
Ces paraboles, si provocantes soient-elles veulent en réalité attirer notre attention et nous forcer à déchiffrer le vrai message que Jésus veut nous livrer; un message caché à décoder, à décrypter… Nous y apprenons que dans le Royaume des Cieux où nous sommes tous appelés, tout est donné, personne n’a un capital qu’il n’ait reçu: une immense fortune qui ne nous appartient pas, elle nous a seulement été confiée. Cette inestimable fortune, c’est la vie. Tout ce que nous sommes, tout ce que nous avons (biens matériels et biens spirituels) sont un don de Dieu: nous n’en sommes que les gérants. Un jour, il nous faudra en rendre compte à Celui qui nous les a confiés. Dieu nous a fait don de la vie, il nous a donné un monde à construire et tant d’autres cadeaux connus et inconnus qui sont des talents à ne pas laisser en jachère, mais au contraire à fructifier. Sans oublier la richesse de l’Evangile qui nous a été laissée en héritage. Tout cela, nous aurons à en rendre compte.
Il est vrai que certains ont été moins gâtés que d’autres . Mais, quelle que soient la qualité et la quantité des talents que le Seigneur nous a confiés, sachons que nous devons en tenir compte, chacun selon ce qu’il a reçu. Notre devoir est non seulement de fructifier, mais aussi de partager avec les autres ce que nous avons reçu. Dès l’origine, à la création, l’homme avait déjà reçu cette consigne: «soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre, soumettez-la…» (Gn 1, 28). Ainsi donc, quelle que soit la fortune de l’homme, rien ne lui appartient, tout est à Dieu. A notre mort, nous n’emportons rien dans notre tombe, nous laissons tout ici-bas; c’est pourquoi, plutôt que de nous agripper à nos richesses éphémères dont nous devons user avec détachement, nous sommes exhortés à les mettre au service des autres, avec amour. Et l’amour, c’est le plus beau des cadeaux que Dieu nous ait faits. Un amour que nous avons reçu à la mesure de notre cœur; un amour rayonnant qui doit nous habiter et que nous devons partager et (re)distribuer autour de nous pour qu’il soit encore plus beau, plus grand, plus fort, et qu’il puisse ainsi porter en abondance de bons fruits à l’exemple du premier et du deuxième serviteur qui, aussitôt le talent reçu, se sont mis immédiatement à la tâche. En eux, la confiance et l’amour se sont accrus à la mesure de ce qu’ils avaient reçu. Ils ont réussi à doubler la mise.
Le dernier serviteur lui n’a pas fait fructifier son talent. Crispé et reclus dans sa peur et dans ses préjugés, il a enfoui l’argent de son Maître sous terre, comme on enterre les morts. Dans son cœur, pas de place à la confiance et à l’amour. Frileux, méfiant, il a rapporté au Maître son dû: «Seigneur, je le sais, tu es un homme dur qui moissonne là où il n’a pas semé, et qui ramasse là où il n’a pas répandu le grain. J’ai eu peut et j’ai enterré ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient ». Cette fermeture à la confiance et à l’amour le condamne. Aussi le Maître le juge-t-il avec dureté, selon ses propres mots. La richesse qui lui avait été offerte lui est ôtée. Il se voit jeté dans les ténèbres, au pays des pleurs et des grincements de dents; un pays sans amour et sans vie, un pays où Dieu est absent.
Cette parabole nous interpelle donc à plus d’un titre. Malheur à nous si nous ne mettons pas à profit les immenses trésors visibles et invisibles que Dieu nous a donnés et dont il continue de nous combler dans son Eglise et à travers sa Parole, Bonne Nouvelle. Pour nous, de même, la sanction sera terrible et le malheur absolu. Aujourd’hui, le Christ nous met en garde. Si nous voulons nous entendre dire cette belle sentence: «Serviteur bon et fidèle, tu t’es montré fidèle pour peu de chose, je t’en confierai davantage. Entre dans la joie de ton Maître», alors ! ouvrons notre cœur, laissons-nous habiter et enrichir par cette vie d’amour, de partage et de joie que Dieu lui-même nous offre. Lui qui, si riche, s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté.

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