25/09/2009

Le scandale des petits…

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc

(Mc 9, 38-43.45.47-48)


9

38 Jean, l'un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent. »

39 Jésus répondit : « Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;

40 celui qui n'est pas contre nous est pour nous.

41 Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.

42 Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on le jette à la mer.

43 Et si ta main t'entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s'éteint pas.

45 Si ton pied t'entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.

47 Si ton œil t'entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne,

48 là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas.

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Jésus vient de former le groupe de ses douze apôtres et c’est avec eux qu’il s’entretient «à bâtons rompus». Et comme dans le texte de saint Jacques Apôtre, il est question de se prémunir de tout ce qui est source de péché.


Premier point : Ici, Jésus stigmatise notre corps. Car en effet, l’homme vit et communique avec les autres par son corps : sa main, son pied, son œil. L’image est forte d’avertir ses disciples que si par l’un ou l’autre des membres de son corps quelqu’un en vient à pécher, alors il vaudrait mieux s’en débarrasser, surtout si, à l’occasion, il entraîne la chute des plus petits, des faibles qui croient en Jésus. De même qu’à l’endroit du jeune homme riche Jésus dira : « en vérité, en vérité, je vous le dis : il est plus facile pour un chameau d’entrer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le ciel ». Entendons-nous ! comme saint Jacques, Jésus ne balaie pas d’un revers de main toute richesse ; il met en garde contre la manière dont on l’acquiert, l’usage qu’on en fait et l’attitude de celui qui en est bénéficiaire.

Deuxième point : comme Josué dans le texte des Nombre, Jean, l'un des Douze, revendique l’exclusivité des pouvoirs que leur a donné Jésus. D’où sa réaction : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent» (38). La réponse de Jésus est étonnamment semblable à celle de Moïse à Josué: «Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi (39); celui qui n'est pas contre nous est pour nous (40). Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense» (41). Jésus élargit de fait la communauté de ses disciples au-delà de la «société des apôtres». L’estampille de son œuvre consiste dans le fait de réaliser un miracle, par exemple, mais en son nom, c’est-à-dire à l’invocation de sa toute puissance. Les apôtres croyaient détenir l’exclusivité de sa «marque», Jésus leur rappelle le caractère universel de sa mission. Ainsi donc, ceux qui baptiseront, imposeront les mains, etc. en invoquant le nom de Jésus et pour la seule gloire de son Père qui est dans les cieux, ceux-là compteront parmi les missionnaires du Christ, ils auront revêtu son sacerdoce royal. C’est pourquoi, à l’inverse, ceux qui, par leur comportement et leur discours, entraîneront les plus faibles dans la chute et porteront atteinte à la cohésion de la communauté, ceux-là seront voués à la géhenne de feu.

Il suffit, pour bien saisir l’actualité de ce message de Jésus, de lire sous son éclairage notre propre réalité individuelle et collective. Et de nous demander, à chaque instant de notre vie: qu’ai-je fait aujourd’hui qui aurait été source de péché pour l’autre, le plus faible? Plus qu’un principe de morale, Jésus esquisse ici les fondements mêmes de la charité chrétienne. Il en est le premier et le plus bel exemple à suivre.

Malheur aux riches

Deuxième lecture : Lettre de saint Jacques Apôtre (Jc 5, 1-6)


5

01 Écoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent.

02 Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites,

03 votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille vous accusera, elle dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé de l'argent, alors que nous sommes dans les derniers temps !

04 Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l'univers.

05 Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu'on massacrait des gens.

06 Vous avez condamné le juste et vous l'avez tué, sans qu'il vous résiste.


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Ce texte de saint Jacques Apôtre ne déroge pas au style et au contenu que nous lui connaissons désormais. Il me fait penser aux Béatitudes, mais à l’envers. Il nous dit ce qu’il ne faut pas faire car, autrement, la condamnation est là qui nous attend. La mise en garde des «riches» ne signifie pas que saint Jacques diabolise toute richesse. Il y a plusieurs manières de devenir riche et de l’être. Celle qui est stigmatisée ici, c’est la richesse mal acquise: par accaparement, par roublardise, par tromperie… c’est la richesse qui pousse à l’individualisme et à l’orgueil, celle qui incite à spolier jusqu’à tuer… c’est la richesse qui vous autorise la corruption… c’est la richesse qui vous donne du pouvoir sur les biens matériels comme sur les hommes… c’est la richesse qui vous ferme le cœur aux souffrances des autres, des plus faibles, des moins bien nantis.

En même temps qu’il critique vivement le fonctionnement de la justice de son temps, saint Jacques en appelle à des chrétiens qui sachent prendre leurs responsabilités, surtout ceux qui sont sainement riches, en partageant avec les plus démunis. Quelle actualité de ce passage dans nos pays où la précarité et l’exclusion engendrent des misères de toutes sortes. Les associations sont là pour en témoigner par leurs actions multiformes d’aide, de soutien et de réconfort. Mais cela est également vrai des pays. Pour preuve ? La crise qui a frappé nos sociétés financiarisées à l’extrême, l’écart de plus en plus énorme entre les pays riches et ceux dits pauvres… Il y a du chemin à faire, il y a des actes à poser, en toute humilité.

La Loi du Seigneur rend sages les simples

Psaume (18, 8, 10, 12-13, 14)

08 La loi du Seigneur est parfaite,

qui redonne vie ; *

la charte du Seigneur est sûre,

qui rend sages les simples.

10 La crainte qu'il inspire est pure,

elle est là pour toujours ; *

les décisions du Seigneur sont justes

et vraiment équitables :

12 Aussi ton serviteur en est illuminé ; +

à les garder, il trouve son profit. *

13 Qui peut discerner ses erreurs ?

Purifie-moi de celles qui m'échappent.

14 Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil :

qu'il n'ait sur moi aucune emprise. *

Alors je serai sans reproche,

pur d'un grand péché.

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Ce psaume est une célébration vivante de la Loi (la Torah, la charte, les décisions) et du Législateur suprême, Dieu lui-même. Cette Loi dont le psalmiste dit qu’elle est équitable et intemporelle, qu’elle rend sages les simples (de cœur), les serviteurs du Seigneur. Les soixante-dix anciens (de la précédente lecture) qui avaient été convoqués par Moïse à la Tente qui abritait l’Arche de l’Alliance avaient conscience d’être conviés dans sein de Dieu, là où réside sa Loi, c’est-à-dire l’ensemble des préceptes qui président à la libération personnelle et collective des enfants d’Israël, leur feuille de route dans le désert, vers la Terre Promise.

Il n’est pas évident pour notre monde d’aujourd’hui de célébrer le bien-fondé d’une loi. La tendance est plutôt de s’en affranchir : plus de frontière pour la conscience de l’individu désormais libre en tous points de vue. Et toute la société se laisse pétrir par les puissantes des nouveaux média, y compris dans la vie morale. L’exacerbation de la primauté de l’individu engendre des comportements consuméristes lié à la course effrénée de possession et d’accaparement des biens matériels. Il faut avoir la plus belle voiture, le dernier portable high tech, la plus belle maison, les plus beaux habits… et, malheureusement parfois, la plus belle femme, le mari le plus beau ou le plus riche. Tout cela secrète de l’orgueil dans le cœur des hommes tombés sous l’emprise de l’avoir. Cela est source de frustrations terribles, mais aussi de guerres entre les gens, entre les peuples, ceux qui possèdent et ceux qui n’ont rien, entre ceux qui possèdent et ceux qui s’approprient leurs richesses. Au fond, l’Alliance que Moïse rappelle à la mémoire des sages est bien celle de la Loi qui éclaire les chemins de l’humanité en marche vers la rencontre de son Dieu. C’est donc cette Loi libératrice qui féconde le bonheur de celui qui l’observe, même en terre d’exil: «Que je chante ta Loi ô mon Dieu, sur la terre de mon exil!». Cette Loi est sa Parole vivante qu’il nous est demandé d’accueillir et de nous en laisser illuminer. C’est aussi cela, la crainte de Dieu, c’est-à-dire le respect de sa Parole agissante.

Des prophètes chez les autres…

Bonjour !

Pour ce 26ème dimanche du temps ordinaire, la liturgie nous propose les textes suivants :

• Livre des Nombres (Nb 11, 25-29) • Psaume (18, 8, 10, 12-13, 14) • Lettre de saint Jacques Apôtre (Jc 5, 1-6) • Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 9, 38-43.45.47-48)


Livre des Nombres (Nb 11, 25-29)

11

25 Le Seigneur descendit dans la nuée pour s'entretenir avec Moïse. Il prit une part de l'esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple. Dès que l'esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas.

26 Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l'un s'appelait Eldad, et l'autre Médad. L'esprit reposa sur eux ; bien que n'étant pas venus à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis, et c'est dans le camp qu'ils se mirent à prophétiser.

27 Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! »

28 Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! »

29 Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! »

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Bien actuel, ce texte du chapitre II du Livre des Nombres. En effet, Ne nous est-il pas arrivé à chacun d’entre nous de nous rebeller contre la monotonie d’un menu dans un restaurant ou même à la maison? C’est ce qui se passe dans le contexte de l’épisode qui nous est relaté ici : ils en ont assez de cette manne de tous les jours… On n’en est qu’au début de la longue marche dans le désert vers la Terre Promise et les conflits commencent déjà à se cristalliser. Moïse est sur le point de se faire déborder par les plus «grincheux» et les plus «récalcitrants» de son peuple et craint donc un soulèvement populaire. Visiblement découragé par cette inconstance et cette ingratitude face au Seigneur Dieu, Alors, il décide de réagir ; il faut anticiper et reprendre les choses en mains car il ne supporte pas les plaintes et les pleurs des enfants d’Israël (cf . Nb 11, 5 – 6 / 15 / 23: «Je ne peux plus, à moi seul, porter tout ce peuple ; il est trop lourd pour moi... Fais-moi plutôt mourir... Que je n'aie plus à subir mon triste sort.»)

Soixante-huit des soixante-dix sages choisis par Moïse pour l’épauler dans la gestion désormais collective des affaires du peuple sont conviés de se rendre à la Tente de la Rencontre, celle qui abritait l’Arche de l’Alliance, pour y recevoir l’Esprit de Dieu. Le texte rapporte que les deux sages (Eldad et Médad) qui étaient restés dans leurs tentes commencèrent à prophétiser eux aussi, ce qui suscite agacement et jalousie. A la proposition de Josué («Moïse, mon maître, arrête-les!»), Moïse répond: «Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes!».

Nous ne pouvons pas nous empêcher de souligner l’importance symbolique de ce qui s’est passé ce jour-là : tout d’abord, Dieu entend son peuple et son serviteur Moïse, il ne reste pas sourd à leurs plaintes… et, à la situation vécue, il apporte une réponse à deux niveaux. Il promet de la viande pour varier le menu, c’est là la satisfaction d’un besoin physiologique et gastronomique (mais, comme on dirait vulgairement, «cela ne mange pas de pain!»). Ensuite — et c’est à mon sens le plus important — Dieu accepte, entérine le choix de Moïse et répand son Esprit sur l’ensemble des sages qui constituent désormais les piliers de la nouvelle gouvernance collective. Oui, le peuple d’Israël, préfiguration de ce que sera le peuple de l’Eglise universelle du Seigneur, n’est pas affaire d’un seul homme. Elle est le fruit des actions combinées de tous ceux qui acceptent d’accueillir l’Esprit du Seigneur et de vivre selon cet Esprit. La relation verticale qui jusqu’ici était prédominante entre Dieu et Moïse s’enrichit de celle horizontale d’une vie partagée entre frères. En réalité, le partage de l’Esprit sur les soixante-dix sages révèle le passage de la manne biologique à cette manne spirituelle ; il annonce l’Eglise du Seigneur telle qu’elle sera habitée par l’Esprit-Saint de Dieu tout au long de sa marche à travers le monde, vers la Jérusalem céleste. C’est alors que se réalisera cette espérance de Moïse : le peuple de Dieu est appelé à être un peuple de prêtres, de rois et de prophètes, une assemblée de saints… mais avec Moïse, ce sont déjà les prémisses de la Pentecôte du Seigneur.

18/09/2009

Se faire dernier et serviteur
pour prétendre être le premier de tous.

Bonjour !


EVANGILE de Jésus-Christ selon Saint Marc 9, 30 - 37


30 Jésus traversait la Galilée avec ses disciples,

et il ne voulait pas qu'on le sache.

31 Car il les instruisait en disant:

« Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes;

ils le tueront

et, trois jours après sa mort, il ressuscitera »

32 Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles

et ils avaient peur de l'interroger

33 Ils arrivèrent à Capharnaüm,

et, une fois à la maison, Jésus leur demandait :

« De quoi discutiez-vous en chemin ? »

34 Ils se taisaient,

car, sur la route, ils avaient discuté entre eux

pour savoir qui était le plus grand.

35 S'étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit :

« Si quelqu'un veut être le premier,

qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

36 Prenant alors un enfant,

il le plaça au milieu d'eux,

l'embrassa, et leur dit :

37 « Celui qui accueille en mon nom

un enfant comme celui-ci,

c'est moi qu'il accueille.

Et celui qui m'accueille

ne m'accueille pas moi,

mais Celui qui m'a envoyé. »

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Les paroles de Jésus sont totalement incompréhensibles pour les disciples ; en effet, le Maître leur parle de sa mort et de sa résurrection. Rappelons-nous qu’à l’issue de la multiplication des pains, le discours du
«Pain de Vie» avait complètement dérouté la majorité de ceux qui le suivaient. Et ils s’en étaient allés, découragés par les paroles selon eux contradictoires et démoralisantes de Jésus. C’est un vrai roi, fort et puissant, qui leur avait été promis et qu'ils avaient espéré… mais voilà que Jésus raconte des propos “délirants“. D’ailleurs, Pierre, qui avait voulu s’insurger contre ces annonces choquantes (à son sens), avait été rappelé à l’ordre par Jésus en personne. Normal que désormais ils craignent tous de se faire remonter les bretelles pour les questions qu’ils se posent.


Mais Jésus sait la fragilité de la foi des douze. Alors, il les devance et, comme pour les soulager, il leur demande:
«De quoi discutiez-vous en chemin?» Puis résonnent ces paroles surprenantes: «Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.» Les disciples ne comprennent pas encore, au-delà du principe moral qu’il vient d’énoncer, que Jésus se décrit lui-même dans sa passion. En effet, lui le Messie, l’envoyé de Dieu, le Fils de l’Homme se fera petit, se fera persécuté, flagellé… pour le salut de tous les hommes. Et, lui le petit, sera glorifié par son Père dans les cieux.

Car, pour les apôtres, le temps est au positionnement dans un gouvernement proche: qui, dans cette organisation du pouvoir, sera le mieux placé ? En tout cas, personne ne veut imaginer être le dernier… et la rivalité s’installe déjà. Erreur ! Jésus annonce sa passion à des disciples qui ne comprennent pas ou ne veulent pas se rendre à l’évidence. Jésus va affronter la pire des souffrances et la haine indescriptible des hommes.


Et puis, notons que Jésus pose ici le principe-clé d’une morale à l’égard de l’enfant. Parce qu’il s’est fait lui-même enfant dans la crèche, parce qu’il s’est abaissé jusqu’à laver, essuyer et baiser les pieds de ses disciples, en un mot parce qu’il s’est fait petit, il confère à l’enfance, au service et à l’humilité un statut privilégié:
«Si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur. Et si quelqu'un veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous. Car le Fils de l'homme est venu non pour être servi mais pour servir…»


En Jésus-Christ, la justice est source de paix…

DEUXIEME LECTURE - Lettre de Jacques 3,16-4,3


Frères,

3, 16 la jalousie et les rivalités mènent au désordre

et à toutes sortes d'actions malfaisantes.

17 Au contraire, la sagesse qui vient de Dieu

est d'abord droiture,

et par suite elle est paix, tolérance, compréhension ;

elle est pleine de miséricorde et féconde en bienfaits,

sans partialité et sans hypocrisie.

18 C'est dans la paix qu'est semée la justice,

qui donne son fruit aux artisans de la paix.

4, 1 D'où viennent les guerres,

d'où viennent les conflits entre vous ?

N'est-ce pas justement de tous ces instincts

qui mènent leur combat en vous-mêmes ?

2 Vous êtes pleins de convoitises et vous n'obtenez rien,

alors vous tuez ;

vous êtes jaloux et vous n'arrivez pas à vos fins,

alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre.

3 Vous n'obtenez rien

parce que vous ne priez pas ;

vous priez, mais vous ne recevez rien

parce que votre prière est mauvaise :

vous demandez des richesses pour satisfaire vos instincts.

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La lecture de ce texte ne peut laisser personne insensible, et cela à deux titres, principalement: tout d’abord, comme nous l’avons remarqué depuis ces derniers dimanches, Saint Jacques est direct dans son propos, en ce qu’il ramène sans cesse la vérité de l’Evangile de Jésus-Christ au cœur des pratiques individuelles et collectives des hommes. Ensuite, il parle de choses très concrètes que nous n’avons pas l’habitude de voir traiter aussi rudement dans les autres épîtres et lettres des Apôtres. En tout cas, il est «franc du collier» face à ses interlocuteurs: ici, il a observé que ce qui dégénère l’homme et le pousse aux conflits de toutes sortes, spontanés ou organisés, c’est la jalousie. Nourrie de rivalités et de convoitises, celle-ci est source de guerre parce que intolérante et tordue. Au contraire, «la sagesse qui vient de Dieu est d'abord droiture», elle seule mène à la paix.

Il est intéressant de souligner ce qui, selon Saint Jacques, est à la base de tous les conflits humains, jusque dans leurs formes les plus barbares: la guerre. Des philosophes, historiens, sociologues ou politologues modernes diront que c’est la «propriété privée» qui est à l’origine de cette abomination. On pourrait même dire «l’appropriation privée», c’est-à-dire la volonté ou simplement l’instinct de possession totale, d’accaparement de ce qui appartient à autrui ou à la collectivité. Rappelons-nous, dans sa Lettre de dimanche dernier, Saint Jacques mettait en garde ses frères convertis (ou en voie de l’être) contre les dangers de la richesse, celle qui aveugle le cœur de l’homme et le pousse aux discriminations sociales. Il serait incorrect de dire que Jacques proscrit la possession et l’usage des biens matériels. Pas du tout ! Il rappelle simplement à son auditoire qu’en se nourrissant de la Parole de Jésus-Christ, le croyant et le nouveau converti vivent différemment cette relation au monde matériel. L’homme qui puise sa sagesse en Dieu n’est plus possédé par les puissances matérielles, il les domine au contraire parce qu’il les éclaire de cette sagesse qui leur donne un sens nouveau, un sens noble. Cette sagesse nous est accessible dans la prière. Non pas la prière de demandes fantaisistes, mais la prière d’action de grâce.


C'est le Seigneur qui rend justice…

PSAUME 53 ( 54 )


3 Par ton nom, Dieu, sauve-moi,

par ta puissance rends-moi justice;

4 Dieu, entends ma prière,

écoute les paroles de ma bouche.

5 Des étrangers se sont levés contre moi,

des puissants cherchent ma perte:

ils n'ont pas souci de Dieu.

7 Par ta vérité, Seigneur, détruis-les !

6 Mais voici que Dieu vient à mon aide,

le Seigneur est mon appui entre tous.

8 De grand cœur, j'offrirai le sacrifice,

je rendrai grâce à ton nom, car il est bon !

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Ce psaume prolonge l’expérience du juste persécuté, et il se comprend aisément par les deux appels qu’il décrit : premier cri, «Dieu, entends ma prière, écoute les paroles de ma bouche» (4), et deuxième cri, «Mais voici que Dieu vient à mon aide, le Seigneur est mon appui entre tous» (6). Le psalmiste, ici le peuple d’Israël tout entier, a donc connu la persécution à cause de sa fidélité au Nom et à la Loi du Seigneur.

Mais il faut souligner quelque chose de fondamental dans ce psaume, un trait que l’on retrouvera souvent ailleurs. Le croyant, le juste persécuté ne s’empresse plus de se venger lui-même: il s’en remet à Dieu qui fera justice, non pas celle de la loi du talion (œil pour œil, dent pour dent), mais celle du pardon. Et, c’est cette absolue confiance dans le soutien de Dieu pour celui qui lui est fidèle, qui autorise cette action de grâce à son nom. «Rendez grâce au Seigneur, car il est bon!», chantera-t-on dans un autre psaume: «La maison d’Israël peut le dire, la maison d’Aaron peut le dire, tout le peuple de Dieu peut le dire… rendez grâce au Seigneur car il est bon!». Et nous savons que la justice de Dieu, c’est son Amour et sa Bonté infinis.


« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu,
aucun tourment ne les atteindra »…

Cher amis, bonjour !

En ce 25ème dimanche du temps ordinaire, la liturgie nous propose les textes suivants:

- Première lecture : Sagesse 2,12.17-20 — Complot des méchants

- Le psaume 53 : 3-5.7b.6.8 — Seigneur, à mon aide!

- La Lettre de St Jacques : 3,16 - 4, 3 — La sagesse et la jalousie

- L'Evangile de J.-C. selon St Marc : 9, 30-37 — Annonce de la Passion

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PREMIERE LECTURE - Sagesse 2,12... 20


Ceux qui méditent le mal se disent en eux-mêmes:
12 « Attirons le juste dans un piège,
car il nous contrarie,
il s'oppose à notre conduite,
il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu
et nous accuse d'abandonner nos traditions.
17 Voyons si ses paroles sont vraies,
regardons où il aboutira.
18 Si ce juste est fils de Dieu,
Dieu l'assistera, et le délivrera de ses adversaires.
19 Soumettons-le à des outrages et à des tourments;
nous saurons ce que vaut sa douceur,
nous éprouverons sa patience.
20 Condamnons-le à une mort infâme,
puisque, dit-il, quelqu'un veillera sur lui. »

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Ce texte est un encouragement à rester fidèle à la Loi de Dieu. En effet, dans le contexte social de la colonie juive vivant en terre égyptienne et imprégnés de la culture grecque dominante (environ trois siècles avant la naissance de Jésus-Christ), le respect des traditions et l’exercice de la foi devenaient un enjeu majeur. Le risque était réel, dans cette intégration inéluctable, d’abandonner les valeurs ancestrales et de s’adonner à la pratique de religions non juives. Or la fidélité à Dieu n’est pas chose aisément acceptée par ceux qu’on appelle «les impies», c’est-à-dire ceux qui n’ont pour dieu que la recherche de la jouissance immédiate de tous les plaisirs de la vie. Le juste, dans ce cas, est mal perçu, parce que «donneur de leçons», «d’empêcheur de tourner en rond»: il est le repère d’une certaine norme du Bien, du Vrai et de l’inaltérable. C’est pour cela qu’il sera montré du doigt, mis à l’épreuve et même persécuté.
Mais encore une fois, l’auteur de ce Livre de la Sagesse, probablement un croyant, s’emploie à rappeler à ceux qui, en dépit de tous les outrages et de toutes les railleries, continuent d’obéir et de garder les traditions, persévèrent dans l’obéissance de la Loi divine et vivent jusqu’au bout leur foi, que
«Dieu ne les abandonnera pas», car leurs âmes sont entre ses mains.
Rapportés à notre époque, ces mots de la Sagesse sont plus qu’éloquents. Le pluri-culturalisme de notre monde ouvert nous pousse parfois à taire nos croyances et notre foi, y compris dans ses manifestations ritualisées: aller à la messe? participer à des assemblées de prière? se marier à l’église? se confesser? faire son signe de la croix? prier ouvertement? mais quelle “ringardise“ que tout cela ! alors, nous cachons tout ce qui nous singularise du point de vue des fondements de notre existence… et l’on se fait
«tiède». Or, justement, Dieu n’aime pas les personnes tièdes, il les vomit. Bien entendu, il ne s’agit pas de ne s’en tenir qu’à des signes et gestes dénués de tout sens, mais c’est à cela aussi que les autres nous reconnaissent et nous identifient. Le véritable signe d’appartenance à Dieu, la marque indéniable de ses disciples et de ses fidèles, c’est la pratique de son amour dans la double relation de la verticalité (le culte que nous rendons à notre Dieu-Amour) et de l’horizontalité (la charité fraternelle non seulement entre membres de nos communautés chrétiennes, mais aussi au-delà, à l’attention de ceux qui ne croient pas en Dieu et qui, parfois même, le combattent — les impies, par exemple). Oui, la sagesse véritable, c’est notre fidélité à la Loi divine.

11/09/2009

… celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile
la sauvera.

Bonjour !


EVANGILE du 24ème dimanche ordinaire - Marc 8, 27 - 35


27 Jésus s'en alla avec ses disciples

vers les villages situés dans la région de Césarée de Philippe.

Chemin faisant, il les interrogeait :

« Pour les gens, qui suis-je ? »

28 Ils répondirent :

« Jean-Baptiste ;

pour d'autres, Elie ;

pour d'autres, un des prophètes. »

29 Il les interrogeait de nouveau :

« Et vous, que dites-vous ?

Pour vous, qui suis-je ? »

Pierre prend la parole et répond :

« Tu es le Messie. »

30 Il leur défendit alors vivement

de parler de lui à personne.

31 Et pour la première fois, il leur enseigna

qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup,

qu'il soit rejeté

par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes,

qu'il soit tué,

et que, trois jours après, il ressuscite.

32 Jésus disait cela ouvertement.

Pierre, le prenant à part,

se mit à lui faire de vifs reproches.

33 Mais Jésus se retourna

et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre :

« Passe derrière moi, Satan !

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu,

mais celles des hommes. »

34 Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit :

« Si quelqu'un veut marcher derrière moi,

qu'il renonce à lui-même,

qu'il prenne sa croix,

et qu'il me suive.

35 Car celui qui veut sauver sa vie

la perdra ;

mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile

la sauvera. »

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Depuis des lustres, les prophètes ont annoncé la venue d’un Sauveur, d’un Messie, d’un Roi qui viendrait libérer le peuple d’Israël de toutes les tribulations (violences des occupants, déportation, exil, calamités de toutes sortes, etc.) qui s’abattaient sur lui. Dans ses moments d’infidélité, de reniements, de subversions et de renonciations, particulièrement après que Moïse eut reçu les Tables de la Loi sur le Mont Sinaï, Dieu n’eut de cesse de lui témoigner sa miséricorde, le préparant patiemment à la mission universelle qu'il allait lui confier. Mais le peuple d’Israël vivait sur un quiproquo: le Messie qu’il espérait était un roi au pouvoir politique. Grande fut sa déception lorsque Jean le Baptiste avoua: «celui qui vient après moi est le plus grand ; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ». Or, depuis quelques temp, voilà que ce Jésus, fils de Joseph et Marie, qu’ils ont vu grandir et dont la renommée commençait à courir au-delà de la Judée, s’est mis à révéler progressivement sa véritable identité à ses disciples et aux foules nombreuses qui le suivent. Au-delà des miracles qu’il réalise pour soulager les faibles et manifester sa puissance divine, le discours du Pain de vie en a été la substance: Pain vivant descendu du ciel, Messie, c’est-à-dire envoyé de Dieu, Fils de l’homme. Jésus appelle Dieu : Père. Mais, même les disciples — les douze qui sont restés auprès de lui après le miracle de la multiplication des pains — pensent que la royauté et la souveraineté de leur Maître sont d’ordre politique. Pour deux d’entre eux, leur mère sollicite déjà des postes haut placés dans le futur pouvoir de régence. Pour Jésus, il est désormais temps de franchir un nouveau palier; il sait ce que pensent de lui les gens du peuple et le pouvoir romain, les pharisiens et les scribes… Il déçoit les uns et inquiète sérieusement les autres.

«Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je?», demande-t-il alors à ses disciples. Pierre prend la parole et répond: «Tu es le Messie.» Ce qu’il vient de proclamer est « énorme » et presque dangereux. Et Jésus de les rappeler tous au silence strict ou tout au moins à la plus grande discrétion sur ce sujet. Car non seulement les gens ne sont pas prêts et suffisamment instruits pour entendre et accueillir une telle affirmation, mais également parce que les disciples eux-mêmes ne réalisent pas encore à sa juste mesure l’immensité de la mission de celui qui s’est révélé comme le Fils de l’homme. Mais en même temps, Jésus leur indique le chemin de sa royauté: «Et pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.» ( 31).

Pour les disciples, c’est là un choc, une désillusion peut-être… mais en tout cas ils savent désormais que le règne dont parle Jésus n’est pas un règne de possession ni de domination, de mise en esclavage ni de vengeance. Il s’agit plutôt du règne de la souffrance salvatrice par la Croix, de l’Amour-tendresse qui pousse jusqu’à donner sa vie pour le monde des pécheurs. La réaction de Pierre est parfaitement compréhensible; le Messie triomphant qu’il attend, il ne peut se l’imaginer souffrant et mourant. Non ! Jésus vient de faire des miracles, y compris de ressusciter des morts: il est donc maître de la vie et de la mort. Pierre refuse (et c’est son premier reniement) de suivre Jésus sur le chemin de la souffrance et de l’humilité, celles que décrit Isaïe dans la Première lecture de ce dimanche. Mais ce sont là des influences du démon. Saisissant personnage que ce Pierre sur qui souffle l’Esprit-Saint de Dieu et la malice de l’esprit mauvais.

Mais, les choses étant désormais dites, Jésus pose les conditions pour le suivre: «Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit: «Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile la sauvera.» Une parole qui, aujourd'hui encore plus qu'hier, nous est destinée à nous chrétiens, dans notre monde lancé dans un processus impitoyable de formatage et d'homogénéisation, notre monde que l'on prétend décloisonner sous prétexte de "libération", notre monde que le matérialisme de consommation assèche jusque dans ses valeurs spirituelles fondamentales. Croire aujourd'hui et surtout vivre sa foi en actes, comme le demande Saint Jacques, est devenu périlleux, anachronique, voire démodé. Pourtant, la Parole du Christ n'a jamais été aussi actuelle et son urgence aussi vitale. A nous de la vivre et de l'annoncer au monde, là où nous sommes, en dépit des risques de toutes sortes… à l'exemple du Christ lui-même.


10/09/2009

Faire la volonté du Père…

Bonjour !


La deuxième lecture de ce 24ème dimanche ordinaire est extraite de la

Lettre de Saint Jacques 2, 14 - 18


14 Mes frères,

Si quelqu'un prétend avoir la foi,

alors qu'il n'agit pas,

à quoi cela sert-il ?

Cet homme-là peut-il être sauvé par sa foi ?

15 Supposons que l'un de nos frères ou l'une de nos sœurs

n'aient pas de quoi s'habiller,

ni de quoi manger tous les jours;

16 si l'un de vous leur dit :

« Rentrez tranquillement chez vous !

Mettez-vous au chaud,

et mangez à votre faim ! »

et si vous ne leur donnez pas ce que réclame leur corps,

à quoi cela sert-il ?

17 Ainsi donc, celui qui n'agit pas,

sa foi est bel et bien morte,

18 et on peut lui dire :

« Tu prétends avoir la foi,

moi, je la mets en pratique.

Montre-moi donc ta foi qui n'agit pas ;

moi, c'est par mes actes que je te montrerai ma foi. »

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Il nous est déjà arrivé d’être interpelé à propos de nos croyances, de notre foi, et nous avons souvent entendu cette question: «Etes-vous croyant? chrétien?» - réponse: «oui!». «Etes-vous pratiquant?» - réponse: «non ! je ne vais pas à la messe» ou «je via à la messe». Tout est dit dans cet échange. Aujourd’hui, en effet, la pratique de la foi se limite à «aller à la messe», «à communier au moins une fois dans l’année, à Noël ou à Pâques», «à respecter le jeûne». Il s’agit là en quelque sorte d’une foi «administrative»: je vais pointer à l’église, au groupe de prière, dans ma fraternité, etc. Or Saint Jacques nous interpelle justement sur ce point: c’est quoi, pour toi, vivre l’Evangile de Jésus-Christ? Par les seules paroles et par les seuls rituels? Ils risquent d’être stériles s’ils ne s’enrichissent pas de ce qui leur donne corps et sens : la pratique de la charité.

C’est pourquoi d’ailleurs dans l’Ancien Testament les prophètes mettaient au premier rang des exigences du croyant, c’est-à-dire de celui qui a accueilli la Parole de Dieu dans son cœur, le service et le souci des autres (les pauvres, “les petits“, les veuves et les orphelins, les laissés pour compte, les mendiants, les aveugles, les boîteux, etc.), ceux-là mêmes dont Jésus se préoccupera en premier lieu. C’est ce que Paul nomme la charité. Saint Jacques nous rappelle que la foi n’est pas affaire d’intelligence ni de raison: elle est un chemin qui nous conduit à la rencontre de l’autre que nous appréhendons comme un frère. Et c’est à travers ce frère que Dieu-Amour se présente comme l’Autre-à-aimer.

«Quand j'aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien.» (1 Co 13, 2)... nous connaissons cette célèbre phrase de Paul. Et quand bien même il affirme par ailleurs que Dieu ne nous sauve pas par nos œuvres mais par pure grâce, il n’en demeure pas moins qu’une foi qui ne s’incorpore pas dans la charité fraternelle et qui ne prend pas racine dans le don de soi, à l’exemple du Christ lui-même, se dessèche et se meurt. Jésus est clair à ce propos: «A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples: c'est à l'amour que vous aurez les uns pour les autres» (Jn 13, 35).