25/09/2009

Le scandale des petits…

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc

(Mc 9, 38-43.45.47-48)


9

38 Jean, l'un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent. »

39 Jésus répondit : « Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;

40 celui qui n'est pas contre nous est pour nous.

41 Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.

42 Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on le jette à la mer.

43 Et si ta main t'entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s'éteint pas.

45 Si ton pied t'entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d'être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.

47 Si ton œil t'entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d'être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne,

48 là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas.

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Jésus vient de former le groupe de ses douze apôtres et c’est avec eux qu’il s’entretient «à bâtons rompus». Et comme dans le texte de saint Jacques Apôtre, il est question de se prémunir de tout ce qui est source de péché.


Premier point : Ici, Jésus stigmatise notre corps. Car en effet, l’homme vit et communique avec les autres par son corps : sa main, son pied, son œil. L’image est forte d’avertir ses disciples que si par l’un ou l’autre des membres de son corps quelqu’un en vient à pécher, alors il vaudrait mieux s’en débarrasser, surtout si, à l’occasion, il entraîne la chute des plus petits, des faibles qui croient en Jésus. De même qu’à l’endroit du jeune homme riche Jésus dira : « en vérité, en vérité, je vous le dis : il est plus facile pour un chameau d’entrer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le ciel ». Entendons-nous ! comme saint Jacques, Jésus ne balaie pas d’un revers de main toute richesse ; il met en garde contre la manière dont on l’acquiert, l’usage qu’on en fait et l’attitude de celui qui en est bénéficiaire.

Deuxième point : comme Josué dans le texte des Nombre, Jean, l'un des Douze, revendique l’exclusivité des pouvoirs que leur a donné Jésus. D’où sa réaction : « Maître, nous avons vu quelqu'un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l'en empêcher, car il n'est pas de ceux qui nous suivent» (38). La réponse de Jésus est étonnamment semblable à celle de Moïse à Josué: «Ne l'empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi (39); celui qui n'est pas contre nous est pour nous (40). Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense» (41). Jésus élargit de fait la communauté de ses disciples au-delà de la «société des apôtres». L’estampille de son œuvre consiste dans le fait de réaliser un miracle, par exemple, mais en son nom, c’est-à-dire à l’invocation de sa toute puissance. Les apôtres croyaient détenir l’exclusivité de sa «marque», Jésus leur rappelle le caractère universel de sa mission. Ainsi donc, ceux qui baptiseront, imposeront les mains, etc. en invoquant le nom de Jésus et pour la seule gloire de son Père qui est dans les cieux, ceux-là compteront parmi les missionnaires du Christ, ils auront revêtu son sacerdoce royal. C’est pourquoi, à l’inverse, ceux qui, par leur comportement et leur discours, entraîneront les plus faibles dans la chute et porteront atteinte à la cohésion de la communauté, ceux-là seront voués à la géhenne de feu.

Il suffit, pour bien saisir l’actualité de ce message de Jésus, de lire sous son éclairage notre propre réalité individuelle et collective. Et de nous demander, à chaque instant de notre vie: qu’ai-je fait aujourd’hui qui aurait été source de péché pour l’autre, le plus faible? Plus qu’un principe de morale, Jésus esquisse ici les fondements mêmes de la charité chrétienne. Il en est le premier et le plus bel exemple à suivre.

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