10/09/2009

Le Seigneur parle et son serviteur écoute…
avec confiance!

Chers amis, bonjour !


Nous voici au 24ème dimanche du temps ordinaire et les lectures que nous propose la liturgie sont celles de l’année B :

Première lecture : Is 50,5-9a Prophétie du Serviteur souffrant

Ps 114,1-6.8-9 : Le Seigneur m’a sauvé

Deuxième lecture : Lettre de saint Jacques Apôtre (Jc 2, 14-18)La foi et les actes

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 8, 27-35) La foi de Pierre

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Isaïe 50,5-9a


05i Parole du Serviteur de Dieu :

Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille et moi,

je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.

06 J'ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,

et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe.

Je n'ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.

07 Le Seigneur Dieu vient à mon secours ;

c'est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,

c'est pourquoi j'ai rendu mon visage dur comme pierre :

je sais que je ne serai pas confondu.

08 Il est proche, celui qui me justifie.

Quelqu'un veut-il plaider contre moi ?

Comparaissons ensemble.

Quelqu'un a-t-il une accusation à porter contre moi ?

Qu'il s'avance !

9a Voici le Seigneur Dieu qui vient prendre ma défense :

qui donc me condamnera ?

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Transcendance de Dieu et indignité de l’homme, telle a été la substance de la révélation que le jeune Isaïe reçut dans le Temple de Jérusalem. Sa vocation prophétique lui confia la mission d’annoncer la ruine d’Israël et de Juda en punition des infidélités du peuple. Cela explique en partie son engagement et son implication dans la gestion active des affaires de son pays. Mais cela explique surtout son inlassable prédication d’un Dieu Unique qui exige la justice dans les relations sociales et la sincérité dans le culte qu’on lui rend, un Dieu qu’il décrit comme Le Saint, Le fort, Le Puissant et Le Roi. L’homme, souillé par le péché. Mais Isaïe est le prophète messianique par excellence: le Messie qu’il annonce est un descendant de David qui, justement, fera régner paix et justice sur le terre, connaissance de Dieu et espérance du salut pour ceux qui l’accueilleront.

Le texte qui nous est proposé en ce dimanche est extrait du troisième chant du serviteur. Isaïe y dépeint le parfait disciple de Yavhé qui prêche la vraie foi, souffre pour expier les fautes de son peuple et est glorifié par Dieu lui-même. Cette vision prophétique est troublante au sens où nous pouvons y reconnaître l’annonce mystérieuse de la vie, de la souffrance, de la mort et de la rédemption glorieuse de Jésus, le seul parfait Serviteur de Dieu. Cette première partie du troisième chant est intitulée: Le Serviteur parle. Le paragraphe introductif de ce texte nous en donne la clé de compréhension:


4 Le Seigneur m’a donné une langue de disciple.

Pour que je puisse répondre à l’épuisé,

il provoque une parole.

Tous les matins il éveille mon oreille

Pour que j’écoute comme les disciples.

5 Le Seigneur Yavhé m’a ouvert l’oreille.

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Mais pour autant, Isaïe pensait-il au Christ ? Pas nécessairement, en tout cas pas si directement. Plus plausible est l’hypothèse selon laquelle ce serait plutôt au peuple d’Israël que renvoie cette figure du Serviteur souffrant, un peuple qui a souffert l’exil et la longue marche dans le désert. Un peuple qu’Isaïe appelle à la confiance totale en son Dieu, le Dieu de l’Alliance. Une confiance en Dieu «quoiqu’il arrive». La description qui est faite de la relation entre Dieu et le Serviteur fidèle est d’une vitalité puissante. Vitalité au sens où, garantie pas Dieu qui lui donne sa force et son sens, cette relation constitue le nerf de la vie dont Dieu lui fait don. Car, en effet, tout est don de Dieu. C’est lui qui donne la capacité d’écouter et d’entendre (au sens de sentir ce qui se vit autour de soi), c’est lui qui donne son aide et sa défense à celui qui ne se révolte ni ne se dérobe à son appel. Samuel a été appelé par trois fois, et par trois fois il a répondu: «Parle, Seigneur, ton serviteur écoute». De même, les prophètes, porte-parole de Dieu, se sont laissés habiter et imprégner par la Parole de Dieu, et ils ont tous acceptés librement la mission qu’il leur a confiée de proclamer sa parole et de la vivre en permanence, y compris au péril de leur vie. Bien sûr resurgit ici le visage du Christ lui-même, souffrant sa passion et acceptant librement la mission que lui confie son Père («non pas ma volonté, mais la tienne, Père!»).


Nous aussi, craignant-Dieu ou croyants, sommes-nous disposés à nous laisser ouvrir les oreilles par notre Dieu? Sommes-nous disposés, du lever au coucher du soleil, à nous laisser instruire et imprégner par les multiples dons de son Esprit pour, à notre tour, porter avec confiance au monde sa Parole et en témoigner quelles que soient les tribulations que les forces du Mal pourraient nous faire subir? La mission est lourde car elle exige d’être vécue de l’intérieur de soi et à l’extérieur aussi… Et le serviteur souffrant et fidèle trouvera grâce aux yeux du Maître: «Viens, serviteur fidèle, entre dans la joie de ton Maître!». Par-delà la confidence dont nous couvre le Seigneur, c’est donc à la confiance qu’il nous invite à chaque instant : vivre avec Dieu, c’est vivre en lui et par lui. C’est ici que la doxologie que le célébrant proclame à la fin de la prière eucharistique prend tout son sens: «Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père Tout-Puissant dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles». Amen !

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