17/08/2009

« Venez manger mon pain et boire le vin…
vous vivrez. »

Chers amis, bonjour !

Au lendemain de la fête de l'Assomption de Marie, c'est-à-dire de son élévation dans le Ciel où elle a été glorifiée par son Fils et l'assemblée des Saints, des Anges et de toutes les puissances célestes, la liturgie de ce dimanche nous propose des textes qui portent essentiellement sur la Sagesse de Dieu, celle qui nous invite au banquet auquel nous ne devons pas nous dérober: «La Sagesse a bâti sa maison. Elle a dressé sa table et mélangé son vin. Elle appelle ses enfants : Venez manger de mon pain et boire le vin que j’ai préparé pour vous.»

PREMIERE LECTURE - Livre des Proverbes 9, 1 - 6


1 La Sagesse a bâti sa maison

elle a sculpté sept colonnes.

2 Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin,

dressé sa table,

3 et envoyé ses servantes.

Elle proclame sur les hauteurs de la cité :

4 « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »

A l'homme sans intelligence elle dit :

5 « Venez manger mon pain, et boire le vin que j'ai apprêté !

6 Quittez votre folie et vous vivrez,

suivez le chemin de l'intelligence. »


La Sagesse, mais qu’est-ce ? On pourrait la définir comme un ensemble de réflexions élaborées qui se nourrissent autant des questionnements de l’homme dans sa relation avec les phénomènes extra ou sur-naturels que des situations très concrètes de la vie matérielle et sociale, particulièrement dans ce que celle-ci droits et obligations pour un bien-vivre-ensemble. C’est dire que la sagesse revêt une dimension à la fis individuelle et collective. Bien avant Moïse — et les civilisations égyptienne, schiite, arabe, chinoise, etc. en témoignent — des hommes ont tenté de répondre aux questions fondamentales de la vie (qui suis-je ? où vais-je ? comment est né ce monde ? quelle est ma place dans ce monde ? comment et pourquoi vis-je ? et les autres, qui sont-ils par rapport à moi ? pourquoi la mort, et existe-t-il un au-delà de la mort ? …), ils ont ainsi élaboré des proverbes, des maximes qu’ils rendaient accessibles à tous les membres de leurs communautés, indépendamment de leurs origines et de leur culture. Dans certaines sociétés s’instituèrent ou furent déclarés «sages» des personnes dont la fonction principales consistait à «réfléchir» sans cesse pour démêler le réel quotidien et scruter l’invisible afin de montrer aux autres le chemin de l’intelligence. Le roi Salomon contribua sans conteste à l’enrichissement de la littérature sapientielle d’Israël par les magnifiques proverbes et maximes qu’il nous a laissés et dont certains annoncent déjà la morale de l’Evangile de Jésus-Christ.

Longtemps auparavant, Adam et Eve furent trompés par le serpent et, dans leur folie de penser égaler et dépasser leur Créateur, ils voulurent s’emparer de la décision sur le bien et sur le mal. La sanction fut radicale: Dieu les priva du fruit de l’arbre de la vie parce qu’ils avaient manqué de sagesse. Et ce fut la déchéance. L’histoire du salut est donc fondamentalement la réouverture de ce chemin, de ce cheminement vers la vraie sagesse, non pas celle des hommes, mais celle de Dieu lui-même: «Au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu.» (Jean 1. 1). Oui, si Dieu en personne nous invite à nous laisser attirer par lui pour nous rassasier du festin de son royaume, c’est justement parce que la sagesse est un don de Dieu. Elle n’est pas timidité ni morosité, encore moins mesure ou retenue… Non ! la Sagesse véritable est folie, démesure, explosive. Parce que le Christ en est l’exemple le plus glorieux, cette folie de Dieu pour nous les hommes s’est manifestée dans la Croix: «il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime». La promesse et l’appel permanent de Jésus à vivre pour son royaume ressemble point pour point à une invitation au banquet divin: le «Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.» du “discours du Pain de vie“ (Jean 6. 51), est donc à comprendre écho du «Venez manger mon pain et boire le vin… vous vivrez.» de l’extrait de ce dimanche (Proverbes 1. 6).

Le psaume 33 (34) qui nous est proposé en méditation est en réalité un psaume dit «alphabétique», donc d’action de grâces (même si l’ordre des strophes est troublé). La parole est ici réhabilitée dans son appartenance divine. Parce que le Verbe de Dieu est puissance créatrice de Dieu lui-même, ma parole humaine est appelée à dire essentiellement la louange du Créateur. De mes lèvres ne doivent donc pas s’échapper des paroles méchantes, désobligeantes, calomnieuses. Et, dans le même sens, éviter le mal est le parfait synonyme de l’obligation de ne dire que le bien. L’acte et la parole se rejoignent ici comme participant au grand dessein de Dieu pour l’humanité. Ce psaume rappelle un principe fondamental que l’on trouvera autant dans le livre de la Sagesse (“Sagesse de Salomon“) que dans l’Ecclésiastique (“Sagesse de Sirach“): La racine, le commencement et la plénitude de la Sagesse, c’est la crainte du Seigneur, c’est-à-dire son amour. Le psalmiste ne s’y trompe pas qui précise: «Pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge». La crainte est donc totale confiance en Dieu, car «rien ne manque à ceux qui le craignent» (10).


PSAUME 33 ( 34 ), 2-3, 10-11, 12-13, 14-15


2 Je bénirai le Seigneur en tout temps,

sa louange sans cesse à mes lèvres.

3 Je me glorifierai dans le Seigneur :

que les pauvres m'entendent et soient en fête !

10 Saints du Seigneur, adorez-le ;

rien ne manque à ceux qui le craignent.

11 Des riches ont tout perdu, ils ont faim ;

qui cherche le Seigneur ne manquera d'aucun bien.

12 Venez, mes fils, écoutez-moi,

que je vous enseigne la crainte du Seigneur.

13 Qui donc aime la vie

et désire les jours où il verra le bonheur ?

14 Garde ta langue du mal

et tes lèvres des paroles perfides.

15 Evite le mal, fais ce qui est bien,

poursuis la paix, recherche-la.


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