13/09/2014

Ô Croix, tu nous sauveras…

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Chers amis, bonjour!

En ce jour où nous fêtons la solennité de la Croix Glorieuse, j'ai la joie de partager avec vous cette homélie du RP Joseph YONGOLO, prêtre congolais en mission dans le diocèse de Cayenne en Guyane. en effet, la croix est un objet qui fait partie de notre quotidien. Un objet qui ne revêt pas la même signification chez ceux qui la portent, l'exhibent de manière ostentatoire. Bien sûr, à travers l'histoire cette croix a servi diverses démarches mais globalement punitives. Mais depuis que Jésus a porté cet instrument de torture au sommet duquel il sera suspendu au sommet du Calvaire, la croix a revêtu — en tout cas pour les chrétiens de tous les temps — un sens spirituel complètement nouveau. D'instrument de supplice, elle est devenue symbole de la victoire de la vie sur la mort. Et lorsque aujourd'hui nous nous signons avant toute célébration sacramentelle, avant toute action de notre vie courante, nous renouvelons cette puissance de la vie donnée aux hommes en Jésus Christ, nous réaffirmons notre foi en la promesse d'amour faite aux hommes de toute race, nation ou culture, et nous nous engageons en tant que baptisés à toujours placer nos actes sous la gouverne du Père, du Fils et du Saint Esprit.
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HOMÉLIE POUR LA SOLENNITÉ DE LA CROIX GLORIEUSE
(par le RP Joseph YONGOLO)


Mes amis, chers frères et sœurs,


Les lectures de ce jour nous parlent abondamment de la croix. La croix, cet objet dont nous avons l’habitude, est devenue un signe pour les chrétiens. Cette croix, nous la retrouvons dans nos églises et nos maisons; mais aussi, aux carrefours de nos chemins, ou encore sur les tombes de nos défunts.

Dans bien des cas, elle fait partie des signes que les chrétiens des générations anciennes nous ont légués. Et Pour certaines personnes, la croix est devenue un beau bijou de grande valeur.

Oui, bien sûr la croix est tout cela. Mais cette croix, c’est aussi celle qui marque douloureusement la vie de millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde: je pense à celle qui s’appelle longue maladie, exclusion, souffrance physique ou morale, désespoir pour certains. Les médias nous parlent régulièrement des catastrophes et des accidents spectaculaires, de la violence et des conflits, des guerres…. On nous dit que telle personne a été transportée à l’hôpital, puis on n’en parle plus. Et pourtant, ils sont nombreux ceux et celles qui, à la suite d’un accident, portent une lourde croix dans les Centres de rééducation, et ça dure des mois, voire même,  des années.

Cette croix si douloureuse pour beaucoup, Jésus l’a portée avant nous. En voyant cet instrument de supplice, nous pensons à la souffrance morale, l’accusation injuste, la haine. Les évangiles nous décrivent le mépris des accusateurs, la trahison de Judas, le reniement de Pierre, l’abandon des disciples.


Mais en ce jour, l’évangile de saint Jean nous invite à regarder au-delà. Il nous annonce Jésus élevé sur la croix. Cette élévation n’est pas seulement physique. Ici, c’est de son exaltation et de sa glorification qu’il s’agit. Nous regardons la croix, non pour y voir l’horreur subie par le condamné, mais la glorification du Messie.



Pour nous aider à comprendre cela, l’évangile nous parle d’un événement très connu de l’Ancien Testament. Au cours de leur traversée du désert, les Hébreux se sont, à maintes reprises, révoltés contre Dieu. Or voilà qu’ils se sont trouvés dans une région infestée par des serpents venimeux.

Il y eut de nombreux morts, suite aux morsures de ces bêtes. Alors le peuple pense que la colère de Dieu s’est abattue contre eux, et qu’ils sont punis à cause de leur péché. Ils demandent donc à Moïse d’intervenir en leur faveur auprès de Yahvé. Moïse leur propose de la part de Dieu un geste symbolique : «Faites-vous un serpent de bronze que vous mettrez au bout d’un étendard ; celui qui aura été mordu et qui regardera le serpent de bronze avec foi sera sauvé.»


Entendons-nous bien : Ce n’est pas l’objet qui les sauvait, mais Dieu vers qui ils se tournaient. Ils étaient invités à laisser de côté leur révolte et à renouveler leur confiance en Dieu sauveur et libérateur.

Cet évangile nous rejoint aujourd’hui. Nous sommes tous plus ou moins malades, mordus par le péché, tentés par le serpent de la Genèse qui détourne l’homme de Dieu.

Mais nous pouvons être guéris et sauvés, en nous tournant vers la croix du Christ. Bien sûr, ce n’est pas un geste magique, mais une démarche de foi et de confiance envers le Christ Vainqueur. Désormais, rien ne peut nous séparer de son amour. Avec lui, il n’y a pas de situation sans issue.


Il arrive que, parfois, nous sommes désespérés ; nous n’avons plus la force ni l’envie de prier. C’est alors que nous pouvons nous arrêter, bien simplement devant la croix du Christ, et la regarder en silence. Et nous découvrons alors qu’elle nous rééduque spirituellement. Elle nous renvoie au courage du Christ mourant.

Mais cette contemplation nous révèle aussi notre médiocrité d’enfants gâtés, qui réclament toujours plus à Dieu. Devant le crucifié, le cœur de l’homme apprend à dire oui, là où le pécheur dit non. Notre Dieu n’est pas le comptable d’une facture que nous pourrions lui remettre. Il n’a aucun compte à nous rendre.

Simplement, il nous aime d’un amour passionné, et il veut nous combler bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer. Il attend de nous une réponse libre, accueillante et aimante. Il nous attire à lui, par le rayonnement de son amour. Mais il respecte notre liberté. La décision nous appartient, et personne ne peut la prendre à notre place.

En regardant cette croix, nous apprenons à imiter le Christ. Lui-même nous a aimés jusqu’au don total de sa vie. C’est sur ce chemin du don de soi que nous sommes invités à le suivre jusqu’au bout. C’est à cette condition que nous pourrons prendre part à son exaltation et à sa glorification.

Alors oui, prenons le temps d’accueillir cet amour fou de notre Dieu. Il n’a pas envoyé son Fils pour juger et condamner le monde, mais pour le sauver. Jésus savait ce qu’il y avait dans le cœur de l’homme; et lui seul pouvait juger. Mais on ne juge pas, on ne condamne pas ceux qu’on aime.

Cette découverte nous renvoie à nous-mêmes : pourquoi nous acharner à vouloir condamner ce monde que nous disons pourri ? C’est vrai qu’il y a des pourris dans notre monde. Il y a aussi de la pourriture dans le raisin. Ça n’empêche pas d’en faire du bon vin. C’est ainsi que Dieu fait appel à ce qu’il y a de meilleur en nous.

Quand nous traversons un désert de souffrances, de peurs et de doutes, arrêtons-nous devant croix du Christ. A travers elle, c’est Dieu qui nous fait signe et nous invite à la confiance.


En fêtant la Croix glorieuse, nous fêtons la résurrection de Celui qui y a été suspendu. Cet instrument de torture et d’horreur est devenu L’Arbre de Vie.




Mes amis, chers frères et sœurs,

La solennité qui nous est donnée de célébrer aujourd’hui, me fait penser à une scène plutôt amusante mais pourtant bien éloquente, et profondément significative et édifiante.
Il s’agit d’un Évêque de passage pour une visite pastorale dans une paroisse. Rencontrant les enfants du KT pour une causerie. L’Évêque Posant des questions, demande à l’un enfant assis devant lui, ce que c’est que la foi, selon ce qui lui a été enseigné au catéchisme, et d’après ce que ses parents lui en ont dit. En quoi consiste l’essentiel de la foi, ajoute t-il. Et l’enfant de tracer alors gravement sur lui-même, un beau signe de croix. «C’est tout ?» lui demande l’Évêque. « Et oui, c’est tout ! » répond l’enfant.

En ce jour de la fête de la crois, pensons aussi aux parents ou grands parents qui guident les petite main de leurs enfants et petits enfants pour leur apprendre à faire le signe de croix.

Des signes de croix, il y en a de toutes sortes: grands, petits, machinaux, intériorisés.

Des croix, on en voit aussi de toutes sortes : croix de procession, croix de mission, croix fixées dans nos maisons, croix tracées sur nous même, etc.…

La croix, certains la rejettent. Elle leur fait peur. D’autres tombent dans le dolorisme, et même un excès de vénération qui s »apparente au fétichisme,

Nous devons nous rappeler que la croix n’est rien sans l’amour. La croix n’est rien sans la résurrection et la vie de Dieu donnée.

D’ailleurs à l’origine, cette fête était liée aux solennités de la dédicace de la Basilique de la Résurrection (l’Église du Saint Sépulcre) érigée sur le tombeau même du Christ, le 13 Septembre en 335, à Jérusalem (suite à la découverte de la croix du Christ en 330).


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La croix dit d’abord et avant tout l’Amour de Dieu. Dieu est Amour car :

«Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique». (Jn 3)

Si Jésus a effectivement beaucoup souffert, c’est guidé par son amour pour nous, pour tous les Hommes (pour la multitude).

Jésus est venu sauver tous les Hommes. Jésus signifie Dieu sauve (du péché, du mal, de la mort). Il est venu pour les malades et les pécheurs.

Nous fêtons aujourd’hui l’Amour infini de Dieu, l’Amour parfait, l’Amour total, l’Amour oblatif, qui s’offre, qui se donne pour ceux qu’Il aime.

Guidé par son amour infini, le Christ, qui est Dieu, né de Dieu, se vide (Kénose) de sa divinité pour se faire homme, pleinement homme. (2 Phil)  

Et, devenu l’un de nous, il s’abaisse plus encore, dans une obéissance totale à sa mission d’amour. « Il faut que le fils de l’homme soit crucifié !».

 Et Jésus meurt sur la croix, comme le dernier des hommes. (La croix était le supplice réservé aux criminels et aux esclaves).

Mais tout cela, c’est par amour. – (Dieu a tant aimé…). Le prophète Jérémie appelle cela L’amour fou de Dieu pour son peuple.

Il y a un plan d’amour de Dieu sur le monde qui se réalise et se réalisera malgré le péché des hommes. Y croyons-nous assez ?

Le Mal, le péché, comment les vaincre sans avoir combattu ?

Mais notre confiance, c’est l’amour plus fort ! L’Amour en marche. L’Amour de Dieu l’emportera.

Le chemin pour y parvenir ? – La Foi ! « Tout homme qui croit en Lui obtient par Lui la vie ».

Il nous faut Croire ! Oser croire ! Faire des actes de foi (même imparfaits) qui touchent Dieu.

Risquons-nous dans la Foi ! C’est nous décentrer de nous-mêmes, pour aimer les autres comme Jésus.

Regardons la croix. Passons de longs moments à contempler le mystère d’amour de Jésus, et redisons Lui notre désir d’aimer comme Lui, de ne pas penser à nous, mais à Lui et aux autres, à tous ces « prochains » qu’Il met sur notre route et qu’Il nous invite à aimer … comme Lui !

« Seigneur, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant,
nous te rendons gloire et nous t’offrons notre action de grâce
toujours et en tout lieu, car tu as attaché au bois de la croix
le salut du genre humain, pour que la vie surgisse
à nouveau d’un arbre qui donnait la mort,
et que l’ennemi, victorieux par le bois,
fût lui-même vaincu sur le bois,
par Jésus-Christ, notre Seigneur.
Aussi nous te supplions humblement :
que cette communion au mémorial du Sacrifice
rédempteur nous purifie de nos fautes
et nous donne part à la gloire de la résurrection
de celui qui nous a fait revivre par le bois de sa croix. »

Au Nom Du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, Amen !

04/05/2014

"Jésus s'approcha et il marchait avec eux"

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Troisième dimanche de Pâques - année A I

Chers amis, bonjour !

En ce dimanche, il est question de compagnonnage et de vue, mieux de vision. En effet, sur les routes de nos vies où Dieu se montre à nous sous diverses apparences, marchant à nos côtés, avons-nous jamais été capables de le reconnaître ? Avons-nous jamais été  capables de poser notre regard sur la densité des vies qui se déploient devant nous, souvent en silence et dans l’indifférence de la société ? Avons-nous jamais été capables d’ouvrir nos yeux pour comprendre l’appel de Dieu à travers nos frères ? Car Jésus, mort et ressuscité est là au milieu de nous. Il se dérobe au regard des disciples d’Emmaüs non pas pour leur fausser compagnie, ni pour les semer ou encore pour jouer à cache-cache… Bien au contraire, il disparaît de leur (notre) vue pour se laisser saisir désormais dans leurs (nos) cœurs.
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Lecture du livre des Actes des Apôtres (2, 14. 22b-33)
Pierre annonce le Christ ressuscité

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien. Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens.
« Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. En effet, c’est de lui que parle le psaume de David : Je regardais le Seigneur sans relâche, s’il est à mon côté, je ne tombe pas. Oui, mon cœur est dans l’allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance : tu ne peux pas m’abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption. Tu m’as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
« Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu’il est mort, qu’il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous. Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants. Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas connu la corruption. « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous : c’est cela que vous voyez et que vous entendez. »

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Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre (1, 17-21)
Le Christ ressuscité donne à notre vie son vrai sens

Frères, vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d’après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu. Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits ; c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache. Dieu l’avait choisi dès avant la création du monde, et il l’a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers. C’est par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (24, 13-35)
Apparition aux disciples d’Emmaüs

Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé.
Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul, de tous ceux qui étaient à Jérusalem, à ignorer les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu’elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Il leur dit alors : « Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

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Homélie du rp joseph yongolo
en mission dans le diocèse de Cayenne (guyane)

Mes amis, chers frères et sœurs,
La première lecture que nous avons écoutée, récapitule en quelque sorte les explications que Jésus donne aux disciples d'Emmaüs. Elle met en évidence une distinction que nous ne saisissons pas toujours et qui est pourtant d'une importance capitale :
Beaucoup imaginent que c’était écrit. Dieu le voulait. Il fallait que le Christ meure sur la croix pour payer nos dettes envers lui et subir à notre place le châtiment que nous méritons.
Ce n'est pourtant pas ce que dit notre texte de l’évangile de ce jour: «Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l'avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens.»
Pesons bien les mots : certes Dieu a voulu nous livrer le Christ, c'est-à-dire, par lui et en lui, Dieu en Jésus son fils a voulu se mettre à la disposition de la liberté humaine. La question est : qu'avons-nous fait de lui ?
Nous l'avons crucifié, éliminé de nos villes, éliminé de nos vies, réduit au silence au moment de décisions importantes. Au cœur de notre histoire, Jésus vient révéler ce drame le plus souvent caché et ignoré.
Mais en même temps, nous apprenons que notre meurtre de l'amour n'aboutit qu'à la mort de la mort. La pièce à conviction, le cadavre, nous est dérobée ; les femmes qui se sont rendues au tombeau «n'ont pas trouvé le corps», disent les disciples d'Emmaüs. Et pourtant c'est bien d'un être corporel qu'ils disent cela, mais sur ce corps ils n'ont plus prise : l'homme terminal, l’homme définitif a surmonté et vaincu la mort.
Le chemin de la foi est un chemin accidenté. Tel est le message de ce texte.

Voici donc les deux disciples fuyant le lieu où ils avaient cru voir se concrétiser leurs espérances. Jérusalem ! La ville où, pour Luc, tout se passe. Fausse route, route de déception et de tristesse. «Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël!»
Si l'évangéliste Luc nous raconte avec tant de détails cet épisode auquel Marc ne consacre que deux versets et que Matthieu et Jean ignorent, c'est sans doute pour nous inviter à nous projeter dans le désespoir des deux disciples.
Il nous arrive de voir notre foi s'estomper ou même disparaître. Souvent, cette éclipse franchit un second degré : elle se double de l'angoisse de ne plus croire. Difficile de comprendre à ce moment-là que cette angoisse cache en fait une forme subtile de la foi elle-même.
Luc nous révèle que nos défaillances ne sont ni anormales ni vouées à la catastrophe. Le plus souvent, comme pour les disciples d'Emmaüs, nous sommes en train de perdre une foi trop naïve pour passer à une forme plus authentique de la foi ; et ce processus n'est jamais terminé.
Au verset 32, nous voyons les disciples dans la joie d'une foi toute neuve ; au verset 37 (qui est hors lecture), la foi disparaît à nouveau pour faire place à «la stupeur et l'effroi».
Puisque ces faiblesses ont été prévues et tolérées dans le cas des premiers disciples, ne soyons pas surpris de les trouver en nous-mêmes. Soyons indulgents à notre égard.
"Jésus s'approcha et il marchait avec eux"
Ils ne le reconnaissaient pas car leurs yeux étaient «aveuglés». Plusieurs fois l'Écriture fait état de cette cécité. Par exemple, Jacob, après son combat avec l’ange, fait un songe où voit une échelle qui unit la terre et le ciel. Il s’exclame alors : «Vraiment, Dieu est en ce lieu et moi je ne le savais pas!» (Genèse 28,16).
Pour prendre conscience de la présence divine, il a fallu qu'il se réveille. Ainsi en va-t-il pour nous : Nous baignons dans la léthargie du doute, du découragement, de la tristesse et de temps en temps nous prenons conscience du fait que le Christ marchait avec nous, alors que nous pensions être en proie à la plus grande solitude.
En fait, Dieu est toujours là, à nos côtés, ou plutôt en nous, et l'absence de celui qui nous fait être signifierait notre disparition.
C'est pour cela que Saint Ignace de Loyola, fondateur des jésuites, la compagnie de Jésus, nous recommande de nous rappeler, aux heures de détresse et de solitude, ces instants où «notre cœur était brûlant» de la présence divine.
Le Christ ne nous laisse jamais seuls ; il est toujours, insaisissable, notre compagnon de route, et nous n'avons pas à nous faire de souci quand nous nous trouvons, nous aussi, «lents à croire».
Un rappel : les disciples d'Emmaüs sont nos précurseurs. Comme nous, en effet, ils en sont déjà aux trois piliers de la foi de ceux qui n'ont jamais vu Jésus : l'Écriture, que Jésus leur fait comprendre ; le partage du pain, symbole de l'amour qui doit nous unir ; la communauté que nous appelons Église, que les deux disciples retrouvent à la fin du récit.

27/04/2014

Jean XXIII, le pape de la docilité à l'Esprit,
Jean-Paul II, le pape de la famille…

Chers amis, bonjour !


IL EST 10H CE MATIN. Une Place de Saint-Pierre noire de monde. Des pèlerins et même des non-croyants ainsi que de simples curieux venus de par le monde. Ils ont bravé la petite pluie de la nuit et, tôt le matin, ont pris place pour vivre en communion avec tous les chrétiens et toutes personnes de bonne volonté, la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II… Une image incroyablement forte en début de cérémonie : l’accolade puis les mains liées des deux papes, Benoît XVI et François 1er. C’est là aussi un signe fort adressé au monde. Un signe de respect, de continuité de l’Église à travers les âges.

Ensuite, la cérémonie proprement dite commence. Autour du Pape François, sont présents entre 140 et 150 cardinaux, mille évêques, six mille prêtres, ainsi que deux cents diacres. La Maîtrise du Vatican entonne la litanie des saints qui est reprise par une foule immense amassée sur la Place et qui s’étire tout le long de la célèbre Via della conciliazione. Après les trois pétitions prononcées par le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints, pétitions par lesquelles il demande au Saint Père de canoniser les deux Papes et d’inscrire leurs noms au catalogue des saints, le Pape François répond à la première par une invite à la prière, à la seconde par l’invocation de l’Esprit Saint et à la troisième par une approbation définitive. La foule en liesse acclame les deux reliques que portent pieusement des chrétiens : une fiole contenant du sang du pape Jean-Paul II et celle contenant un bout de peau du pape Jean XXIII.
À signaler également le choix de ces deux canonisations en ce premier dimanche de Pâques que justement Jean-Paul II avait placé sous le signe de la miséricorde divine. Cette miséricorde divine dont le pape François dit qu’elle est « une grande lueur d’amour et de tendresse, c’est la caresse de Dieu sur les blessures de nos péchés. » (Extrait de l’homélie du Pape François le lundi 7 avril 2014 en la chapelle de la maison Sainte Marthe au Vatican).
Tellement d’émotions en ce jour exceptionnel pour l’Église, tellement de mots qui résonnent encore dans ma tête des heures après la célébration de cette messe. Mais j’en retiens deux expressions par lesquelles le pape a caractérisé chacun des deux papes : Jean XXIII, le pape de la docilité à l’Esprit Saint, et Jean-Paul II, le pape de la famille.


DANS SON HOMÉLIE, courte mais incisive, le pape François a été développé ce qu’on peut appelé une spiritualité (ou une théologie) du corps autour des plaies du Christ. Je vous en donne ici une version du texte enrichi par les équipes du site eglise.catolique.fr

Au centre de ce dimanche qui conclut l'Octave de Pâques, et que Jean-Paul II a voulu dédier à la Divine Miséricorde, il y a les plaies glorieuses de Jésus ressuscité.

Il les montre dès la première fois qu'il apparaît aux Apôtres, le soir même du jour qui suit le sabbat, le jour de la résurrection. Mais ce soir là Thomas n'est pas là ; et quand les autres lui disent qu'ils ont vu le Seigneur, il répond que s'il ne voyait pas et ne touchait pas les blessures, il ne croirait pas. Huit jours après, Jésus apparut de nouveau au Cénacle, parmi les disciples, et Thomas aussi était là ; il s'adresse à lui et l'invite à toucher ses plaies. Et alors cet homme sincère, cet homme habitué à vérifier en personne, s'agenouille devant Jésus et lui dit « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).

Les plaies de Jésus sont un scandale pour la foi, mais elles sont aussi la vérification de la foi. C'est pourquoi dans le corps du Christ ressuscité les plaies ne disparaissent pas, elles demeurent, parce qu'elles sont le signe permanent de l'amour de Dieu pour nous, et elles sont indispensables pour croire en Dieu. Non pour croire que Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité. Saint Pierre, reprenant Isaïe, écrit aux chrétiens : « Par ses plaies vous avez été guéris » (1P 2,24 ; Cf. Is 53,5).

Jean XXIII et Jean-Paul II ont eu le courage de regarder les plaies de Jésus, de toucher ses mains blessées et son côté transpercé. Ils n'ont pas eu honte de la chair du Christ, ils ne se sont pas scandalisés de lui, de sa croix ; ils n'ont pas eu honte de la chair du frère (Cf. Is 58,7), parce qu'en toute personne souffrante ils voyaient Jésus. Ils ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage (parresia) du Saint Esprit, et ils ont rendu témoignage à l'Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde.


Ils ont été des prêtres, des évêques, des papes du XXème siècle. Ils en ont connu les tragédies, mais n'en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort ; plus forte était la foi en Jésus Christ rédempteur de l'homme et Seigneur de l'histoire ; plus forte était en eux la miséricorde de Dieu manifestée par les cinq plaies ; plus forte était la proximité maternelle de Marie.

En ces deux hommes, contemplatifs des plaies du Christ et témoins de sa miséricorde, demeurait une « vivante espérance », avec une « joie indicible et glorieuse» (1P 1,3.8). L'espérance et la joie que le Christ ressuscité donne à ses disciples, et dont rien ni personne ne peut les priver. L'espérance et la joie pascales, passées à travers le creuset du dépouillement, du fait de se vider de tout, de la proximité avec les pécheurs jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'écœurement pour l'amertume de ce calice. Ce sont l'espérance et la joie que les deux saints Papes ont reçues en don du Seigneur ressuscité, qui à leur tour les ont données au peuple de Dieu, recevant en retour une éternelle reconnaissance.

Cette espérance et cette joie se respiraient dans la première communauté des croyants, à Jérusalem, dont nous parlent les Actes des Apôtres (Cf. 2, 42-47). C'est une communauté dans laquelle se vit l'essentiel de l'Évangile, c'est-à-dire l'amour, la miséricorde, dans la simplicité et la fraternité.
C'est l'image de l'Église que le Concile Vatican II a eu devant lui. Jean XXIII et Jean-Paul II ont collaboré avec le Saint-Esprit pour restaurer et actualiser l'Église selon sa physionomie d'origine, la physionomie que lui ont donnée les saints au cours des siècles. N'oublions pas que ce sont, justement, les saints qui vont de l'avant et font grandir l'Église. Dans la convocation du Concile, Jean XXIII a montré une délicate docilité à l'Esprit Saint, il s'est laissé conduire et a été pour l'Église un pasteur, un guide-guidé. Cela a été le grand service qu'il a rendu à l'Église ; il a été le Pape de la docilité à l'Esprit.

Dans ce service du Peuple de Dieu, Jean-Paul II a été le Pape de la famille. Lui-même a dit un jour qu'il aurait voulu qu'on se souvienne de lui comme du Pape de la famille. Cela me plaît de le souligner alors que nous vivons un chemin synodal sur la famille et avec les familles, un chemin que, du Ciel, certainement, il accompagne et soutient.

Que ces deux nouveaux saints Pasteurs du Peuple de Dieu intercèdent pour l'Église, afin que, durant ces deux années de chemin synodal, elle soit docile au Saint Esprit dans son service pastoral de la famille. Qu'ils nous apprennent à ne pas nous scandaliser des plaies du Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde divine qui toujours espère, toujours pardonne, parce qu'elle aime toujours.



Puis, j’ai suivi en direct sur ma télévision sur France 2 et avec mon ordinateur sur Diretta TV (la télévision digitale du Vatican) le déroulement de cette messe au cours de laquelle j’ai de temps en temps shooté des images d’écran qu’avec plaisir je partage avec vous :

L'esplanade de la Place Saint-Pierre de Rome
La célèbre Via della Concilliazone qui prolonge la Place Saint-Pierre
La foule nombreuse de pèlerins venus du monde entier
Le Pape François confirmant la canonisation des deux papes
Près de 150 cardinaux, 1000 prêtres, 6000 prêtres et 900 diacres…
Le Pape tenant le lectionnaire avant la liturgie de la Parole
Encensement de l'autel et de l'assistance
Le pape Émérite Benoît XVI en prière. Dans son regard une lueur d'humilité…

Le Pape François reçoit les reliques des mains des chrétiens
Liturgie des offrandes
Benoît XVI tout en prière et en communion avec tous ses frères consacrés…
Les deux fioles contenant les reliques des deux papes
Sœur Marie Simon-Pierre, de la congrégations des Petites sœurs des maternités catholiques
discrète miraculée de Jean-Paul II, prononçant une intention de prière universelle…
Benoît XVI communiant au sang du Christ…
… et méditant.
Le Pape François se recueillant devant la Vierge pendant que le chœur de la maîtrise
et l'assistance chantent le Salve Regina
La bénédiction finale
Et, de nouveau, les salutations chaleureuses des papes François et Benoît XVI
Le délégation polonaise était nombreuse, ainsi que celle de Sotto il Monte,
le village de Jean XXIII situé près de Bergame dans le nord-ouest de l'Italie.
Une vue de la Place Sain-Pierre à la fin de la cérémonie.