30/06/2009

« Ne crains pas, crois seulement. »

Bonjour!

Evangile de ce dimanche 28 juin 2009 - Marc 5, 21 - 43

21 Jésus regagna en barque l'autre rive,
et une grande foule s'assembla autour de lui.
Il était au bord du lac.
22 Arrive un chef de synagogue, nommé Jaïre.
Voyant Jésus, il tombe à ses pieds
et le supplie instamment :
23 « Ma petite fille est à toute extrémité.
Viens lui imposer les mains,
pour qu'elle soit sauvée et qu'elle vive. »
24 Jésus partit avec lui,
et la foule qui le suivait
était si nombreuse qu'elle l'écrasait.
25 Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans...
26 - elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins,
et elle avait dépensé tous ses biens sans aucune amélioration ;
au contraire, son état avait plutôt empiré -
27 ... cette femme donc, ayant appris ce qu'on disait de Jésus,
vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement.
28 Car elle se disait :
« Si je parviens à toucher seulement son vêtement,
je serai sauvée. »
29 A l'instant, l'hémorragie s'arrêta,
et elle ressentit dans son corps qu'elle était guérie de son mal.
30 Aussitôt Jésus se rendit compte qu'une force était sortie de lui.
Il se retourna dans la foule, et il demandait :
« Qui a touché mes vêtements ? »
31 Ses disciples lui répondaient :
« Tu vois bien la foule qui t'écrase,
et tu demandes : Qui m'a touché ? »
32 Mais lui regardait tout autour
pour voir celle qui avait fait ce geste.
33 Alors la femme, craintive et tremblante,
sachant ce qui lui était arrivé,
vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.
34 Mais Jésus reprit :
« Ma fille, ta foi t'a sauvée.
Va en paix et sois guérie de ton mal. »
35 Comme il parlait encore,
des gens arrivent de la maison de Jaïre
pour annoncer à celui-ci :
« Ta fille vient de mourir.
A quoi bon déranger encore le maître ? »
36 Jésus, surprenant ces mots,
dit au chef de la synagogue :
« Ne crains pas, crois seulement. »
37 Il ne laissa personne l'accompagner,
sinon Pierre, Jacques, et Jean son frère.
38 Ils arrivent à la maison du chef de la synagogue.
Jésus voit l'agitation,
et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
39 Il entre et leur dit :
« Pourquoi cette agitation et ces pleurs ?
L'enfant n'est pas morte : elle dort. »
40 Mais on se moquait de lui.
Alors il met tout le monde dehors,
prend avec lui le père et la mère de l'enfant,
et ceux qui l'accompagnent.
Puis il pénètre là où reposait la jeune fille.
41 Il saisit la main de l'enfant, et lui dit :
« Talitha koum » ;
ce qui signifie :
« Jeune fille, je te le dis, lève-toi. »
42 Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher
- elle avait douze ans -.
Ils en furent complètement bouleversés.
43 Mais Jésus leur recommanda avec insistance
que personne ne le sache ;
puis il leur dit de la faire manger.
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Trois histoires en une, c’est le récit que Marc nous livre dans cet extrait: La demande de guérison de Jaïre, la guérison de la femme malade depuis douze ans, puis la réanimation de la fillette de douze ans.
Tout d’abord, Marc insiste sur l’impuissance des deux personnages «demandeurs», face à la maladie pour l’une et à la mort pour l’autre. Avec l’humilité que cela suppose. Jaïre est un des chefs de la synagogue (ce qui nous indique que les évènements se déroulent probablement à Capharnaüm) qui se fout des moqueries que pouvaient susciter sa démarche auprès de ce Nazaréen dont il a appris les exploits. En effet, Jésus est en pleine démonstration de la puissance de son amour. [Marc le note abondamment ailleurs: au chapitre 3, 10: «Il en avait tant guéris que tous ceux qui étaient frappés de quelque mal se jetaient sur lui pour le toucher.» ... et au chapitre 6, 56: «Partout où il entrait, villages, villes ou hameaux, on mettait les malades sur les places ; on le suppliait de les laisser toucher seulement la frange de son vêtement, et ceux qui le touchaient étaient tous sauvés.»] Il n’y a plus rien à faire pour sauver sa fille, et ses amis, complètement résignés, l’en dissuadent: «Ta fille vient de mourir. A quoi bon déranger encore le maître?». Mais lui, il fonce, jusqu’à suggérer à Jésus le modus operandi («Viens lui imposer les mains, pour qu'elle soit sauvée et qu'elle vive»). En tout cas, il croit et il espère…

Puis, alors que Jésus se rend chez Jaïre en compagnie de Pierre, Jacques et Jean (les mêmes qui seront plus tard les témoins privilégiés de sa Transfiguration et de son Agonie), s’incruste l’histoire de cette femme, une hémorroïsse qui, au contraire de Jaïre qui proclame sa requête auprès du Seigneur, la formule dans son for intérieur: «Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée.» (28) Rappelons que l’infirmité dont elle souffre, à savoir la perte de sang permanente, non seulement était humiliante, mais en plus la mettait dans un état d’impureté légale. Cette femme sait (elle en a la conviction) que Jésus dégage une puissance surnaturelle jusques dans ses habits et dans tout ce qu’il touche. Elle va au bout de sa démarche et, aussitôt qu’elle touche la frange du manteau de Jésus, elle guérit de sa maladie. Mais Jésus s’en rend compte qui demande au milieu d’une foule dense qui pourtant l’écrase: «Qui a touché mes vêtements?». La femme se manifeste et, alors qu’elle se présente à lui avec une peur bleue, il le rassure: «Ma fille, ta foi t'a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal.» On ne vole pas du Jésus à la sauvette et lui non plus n’opère pas dans l’anonymat; il a voulu, par cette interpellation, nous signifier qu’il faut toujours parler et demander à Dieu à visage découvert, en toute confiance. Puis il va réanimer la fille de Jaïre, préfiguration de sa propre résurrection à venir et de celle de l’humanité tout entière.
Dans les deux cas, l’enseignement de Jésus est clair. Pour participer à son œuvre rédemptrice, il rappelle que la foi, don gratuit et libre de Dieu, est une condition nécessaire et suffisante. L’impie, c’est celui qui refuse de croire, celui qui choisit de se «ranger dans le parti de la mort». Croire, c’est s’inscrire dans la puissance de la vie que dégage Jésus. D’ailleurs, pendant la messe, nous redisons avant le partage du pain et du vin: «Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri». Oui, le Seigneur Dieu guérit, réanime, revivifie ceux qui, humblement et à son exemple, se font petits pour devant la toute puissance de son amour. Jésus ne prend pas la grosse tête, et tous ces miracles dont il interdit d’ailleurs la publicité, ne sont que des signes du projet messianique de nous interpeler, nous éveiller, nous réveiller de notre sommeil, pour nous «saisir la main» (41) sur la route de la vraie vie, la route qui mène à son Père très aimant. Alors, «levons-nous» et marchons à la suite de Jésus dans la foi et la confiance…

Du Seigneur, nous avons reçu généreusement
la foi, la Parole et la connaissance de Dieu…

La DEUXIEME LECTURE de ce dimanche est extraite de la Lettre de Paul aux Corinthiens 8, 7. 9. 13-15

Frères,
7 puisque vous avez reçu largement tous les dons :
la foi, la Parole et la connaissance de Dieu,
cette ardeur et cet amour que vous tenez de nous,
que votre geste de générosité soit large, lui aussi.
9 Vous connaissez en effet la générosité
de notre Seigneur Jésus Christ :
lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous,
pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.
13 Il ne s'agit pas de vous mettre dans la gêne,
en soulageant les autres,
il s'agit d'égalité.
14 En cette occasion,
ce que vous avez en trop compensera ce qu'ils ont en moins,
pour qu'un jour ce qu'ils auront en trop
compense ce que vous aurez en moins,
15 et cela fera l'égalité,
comme dit l'Ecriture à propos de la manne :
celui qui en avait ramassé beaucoup n'a rien eu de plus,
et celui qui en avait ramassé peu,
n'a manqué de rien.
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Historiquement, nous sommes vers 46–48 après J.-C. et la Judée vient de subir une sévère famine. Jérusalem est particulièrement touchée. Plusieurs dignitaires s’illustrent par leurs généreuses donations à la contrée, mais la communauté chrétienne elle-même n’est pas en reste; elle s’organise avec des collectes de céréales et d’autres dons, chacun selon ses ressources. Nous découvrons ici un Paul organisateur, «manager de projet», dirait-on en langage moderne, rappelant la marche à suivre (le «mode opératoire») et les règles qu’il avait déjà dictées pour l’occasion aux Galates. Comme autrefois Dieu fit tomber la manne du ciel pour nourrir son peuple affamé, de sorte que «chacun se trouvait en avoir recueilli suivant ses besoins» (Ex 1, 17), la communauté chrétienne tout entière, dans cet épisode de l’organisation de la collecte des denrées alimentaires, se prend en charge pour partager et redistribuer équitablement à tous les membres des communautés affectées.
Outre que les principes pauliniens de «redistribution économique» surprennent les théoriciens de notre temps, l’apôtre souligne ici le caractère participatif de l’Eucharistie, nourriture spirituelle de l’Eglise, le véritable Israël, au long de son exode sur la terre. Cela donne aussi l’image d’une communauté ecclésiale totalement solidaire au-delà de ses seuls périmètres. L’universalité est ici mise en évidence non seulement géographiquement, mais aussi pour toutes les couches de la société: chrétiens et païens fraîchement convertis, juifs et grecs… tous participent à l’effort. Un bel exemple de solidarité dont devraient s’inspirer les églises d’aujourd’hui pour venir en aide les unes aux autres et se soutenir dans les moments difficiles comme dans les moments plus heureux, car c’est le même Dieu qui «sort de la fosse» et qui «donne la joie». Paul exhorte à vivre la foi en actes et non seulement en paroles, rappelant l’exemple suprême du Christ lui-même dans son abaissement et sa pauvreté au milieu des hommes: «Vous connaissez en effet la générosité de notre Seigneur Jésus Christ qui, pour vous, de riche qu'il était, s'est fait pauvre pour vous enrichir de sa pauvreté» (9).

La colère de Dieu est d’un instant,
sa faveur pour la vie…

Bonjour!

Il faut bien se représenter matériellement le contenu de ce psaume intitulé «Action de grâce après un danger mortel». Avez-vous déjà fait l’expérience d’un enfermement dans un trou ou une pièce obscure ? Vous hurlez, criez «à l’aide!», tapez contre les parois… en espérant que quelqu’un vous entendra. Imaginez que cela dure des heures interminables et qu’au bout de la tragédie, une bonne âme enfin vous repère et vous tire de cette terrible situation… Ce quelqu’un, c’est le Seigneur qui vous sort de la nuit vers la lumière, de la mort vers la vie.
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PSAUME 29 ( 30 )

3 Quand j'ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m'as guéri ;
4 Seigneur, tu m'as fait remonter de l'abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.
5 Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
6 Sa colère ne dure qu'un instant,
sa bonté, toute la vie.

Avec le soir viennent les larmes,
mais au matin les cris de joie !
12 Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !

13 Que mon cœur ne se taise pas,
qu'il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !
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Ce psaume vient à la suite de celui intitulé «Hymne au Seigneur de l’orage»: l’orage a toujours évoqué la puissance et la gloire qui terrassent les ennemis du Dieu d’Israël et assurent au peuple élu la paix (cf. Ex 13, 22 et 19, 16). Oui, en effet, le Seigneur me tient en vie car seul un être vivant peut lui rendre grâce et proclamer sa fidélité. Oui, «La colère de Dieu est d’un instant sa faveur pour la vie…». Comparant Israël (préfiguration de l’Eglise du Seigneur) à une épouse, Isaïe fera dire à l’époux: «Un court instant, je t’ai délaissée mais, ému d’une immense pitié, je te rassemblerai. Dans un débordement de fureur, un instant je t’avais caché ma face. Mais dans un amour éternel j’ai pitié de toit, dit Yavhé, ton Rédempteur». C’est dire l’éternité de l’amour de Dieu pour son peuple et pour celui qui le cherche et place en lui sa confiance, un amour semblable à celui d’un père pour son enfant, à la passion d’un homme pour une femme ou vice-versa (cf. également : Jr 31, 3 sq — So 3, 17 — Dt 4, 37 — Is 43, 4 ; 49, 14-16 puis Os 1, 6 …). L’histoire du peuple d’Israël est l’illustration parfaite de la manifestation de cet amour infini de Dieu ; c’est en effet Lui qui le sort de l’exil en Egypte, qui le conduit jusqu’à la Terre promise en dépit de toutes ses infidélités et de sa chute dans le fossé de l’idôlatrie ; c’est Dieu qui le sort de Babylone et le ramène dans le pays de ses Pères, sur ses terres ; c’est Lui qui, par son Fils, offrande vivante à sa gloire, sort toute l’humanité des prisons et des chaînes du péché pour la rendre digne d’espérer la vie nouvelle qu’il promet dans la gloire de sa résurrection et son ascension dans le ciel auprès de son Père. C’est Lui qui donne la vie et qui la reprend (on le verra dans le texte de l'Evangile de ce dimanche avec la réanimation de la fille de Jaïre), c’est lui qui donne la joie. L’on comprend dès lors le cri du cœur du psalmiste (13): «Que mon cœur ne se taise pas, qu'il soit en fête pour toi ; et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !».

« Dieu n'a pas fait la mort...
Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable. »

Bonjour !

Voici les références bibliques des textes que la liturgie nous propose en ce dimanche :
• Livre de la Sagesse. 1. 13 à 24 : «Dieu n'a pas fait la mort... Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable.»
• Psaume 29 : «Que mon cœur ne se taise pas. Qu'il soit en fête pour toi !»
• Lettre de saint Paul aux Corinthiens. 2 Cor. 8. 7 à 15 : «Vous connaissez la générosité de Notre Seigneur Jésus Christ.»
• Evangile selon saint Marc. 5. 21 à 43 : «Je te le dis, lève-toi !»
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Première Lecture - Sagesse 1, 13 - 15 ; 2, 23 - 24

1, 13 Dieu n'a pas fait la mort,
il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants.
14 Il a créé toutes choses pour qu'elles subsistent ;
ce qui naît dans le monde est bienfaisant,
et l'on n'y trouve pas le poison qui fait mourir.
La puissance de la mort ne règne pas sur la terre,
15 car la justice est immortelle.
2, 23 Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable,
il a fait de lui une image
de ce qu'il est en lui-même.
24 La mort est entrée dans le monde
par la jalousie du démon,
et ceux qui se rangent dans son parti
en font l'expérience.

Les thèmes communs des lectures de ce dimanche sont ceux de la vie et de la mort, ceux de la relation des hommes avec Dieu.
Dans le texte de la Sagesse, une affirmation centrale: «Dieu n’a pas fait la mort… (il) a créé l'homme pour une existence impérissable… à son image». N’oublions pas que nous sommes dans une société dans laquelle coexistent les impies (ceux qui vivent au jour le jour en profitant de l’instant présent sans aucune autre justification ni projection spirituelle et qui se laissent mener par le seul courant de la vie naturelle) et les justes (ceux qui croient à l’existence de l’Esprit de Dieu et qui se laissent conduire par sa sagesse. On comprend aisément l’opposition des deux attitudes: dans la première, la vie se déroule et s’arrête dans et avec la mort, puis tout s’efface. Pour les seconds, toute vie humaine est une semence qui porte déjà en elle l’empreinte de l’éternité, parce qu’elle est don de Dieu.

La vision qui nous est présentée ici est optimiste. L’univers créé par Dieu était harmonieux (cf. Gn 1: «Et Dieu vit que tout cela était bon») et les êtres ne connaissaient ni malfaisance ni mort. C’est ce règne de paix dont Isaïe prophétisera la restauration dans et par le Messie. Mais, si donc la mort physique et la mort spirituelle sont toutes deux liées, il n’y a de mort définitive que celle de l’impie en qui le péché, auquel il s’attache complaisamment, continue son œuvre de mort. Au contraire, le juste, c’est-à-dire celui qui reste attaché à Dieu, ne subit qu’une mort apparente car son destin est lié à celui de Dieu dans son immortalité.
Plus tard, Paul reprendra cette opposition entre le premier Adam et le nouvel Adam, le Sauveur, le Juste des justes, Celui qui donne donne la vie parce qu’il est la Vie, l’immortel (car «la justice est immortelle» — voir aussi Dt 32, 9 — Za 2, 16 — Ps 16, 5 ; Ps 73, 26 et Ps 142, 6)

19/06/2009

Christ, notre Cap de Bonne Espérance…

Bonjour !

L'évangile de ce dimanche est on ne peut surprenant. D'ordinaire, il est intitulé: «La tempête apaisée» ou «Jésus, Maître des éléments»; mais je préfère cet autre titre: «N'ayez pas peur!». Car, en effet, il est étonnant que les disciples, pour la plupart pécheurs ou marins chevronnés, cèdent à la panique à la première bourrasque, et réagissent comme des "nuls" alors qu'ils sont avec le Seigneur ! Quel manque de confiance et de foi! Rappelons-nous: dans la première lecture, Job est pris de désespoir face au tumulte qui envahit sa vie et le Seigneur Dieu le met en confiance, justement parce qu'il n'a connu Dieu qu'à la manière des hommes. Mais revenons au texte lui-même :
C'est le soir, et Jésus vient de passer une journée à annoncer la Bonne Nouvelle aux foules. Il demande à ses disciples de «passer sur l'autre rive». Jadis, la Mer rouge avait été à la fois le sas de libération du peuple en captivité et de perdition des hommes du Pharaon; l'eau qui donne la vie, l'eau qui fait périr… Ici, les disciples ont le même sentiment de "perdition" (nous sommes perdus). Il n'y a plus de médiateur entre Dieu et les hommes, plus de bâton pour séparer les flots et laisser vie sauve aux israëliens: Dieu lui-même est là, présent et si proche des hommes, il dort puis agit. Cette demande du Christ peut être considérée comme un appel à se mettre en marche, à ne jamais se lasser d'aller annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui se trouvent sur d'autres rives géographiques ou sociales, à endosser les habits du renouveau. Ceci nous rappelle ce que Paul a dit dans sa Lettre aux Corinthiens : «Si donc quelqu'un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s'en est allé, un monde nouveau est déjà né» (2Co 5, 17).
Jésus dormait à l'arrière de la barque, lorsqu'une violente tempête se leva: deux attitudes contraires, celle des disciples pris de panique, et celle de Jésus se reposant paisiblement. Dans Job, Dieu rappelle ses hauts faits. Ici, Jésus agit par la puissance de sa parole: «Silence, tais-toi!», dit-il… le vent tomba, et il se fit un grand calme. Longtemps avant, le psalmiste avait déjà écrit : “Portés jusqu'au ciel, retombant aux abîmes, ils étaient malades à rendre l'âme. Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur et lui, les a tirés de leur détresse, réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues” (Ps 107, 26-29).
«Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien?»: comme à Job, du milieu de la tempête le Seigneur ordonne aux éléments naturels de se calmer. Mais c'est pour répondre également à la question des disciples. En effet, dans les moments les plus tempétueux de nos vies, Jésus est toujours là auprès de nous.
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 4, 35-41)

4
35i Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. Le soir venu, il dit à ses disciples: «Passons sur l’autre rive.»
36 Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque, comme il était ; et d'autres barques le suivaient.
37 Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d'eau.
38 Lui dormait sur le coussin à l'arrière. Ses compagnons le réveillent et lui crient: «Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien?»
39 Réveillé, il interpelle le vent avec vivacité et dit à la mer: «Silence, tais-toi!» Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
40 Jésus leur dit: «Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi?»
41 Saisis d'une grande crainte, ils se disaient entre eux: «Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent?»
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Cette dernière interrogation est centrale dans le récit de Marc. Autant les disciples font montre de peu de foi, autant la maîtrise des flots par Jésus suscite chez eux des questions nouvelles. L'acte de Jésus dépasse l'entendement des disciples et de tous ceux qui les suivaient dans les autres barques. On pourrait penser que c'est là un geste destiné à rassurer les incrédules ou les hésitants. Mais en réalité, le côté extraodinaire et presque "prestidigitateur" de ce miracle s'inscrit dans une démarche pédagogique dans laquelle Jésus amène ses interlocuteurs (ses disciples en premier) à passer du spectaculaire à l'ordinaire. Jésus veut inscrire son ministère dans la quotidienneté de nos vies individuelles et collectives, car la sainteté naît de là. Si donc il réalise un miracle, ce n'est pas pour "épater la galerie" ou "faire de la gonflette", mais plutôt pour installer dans la confiance, dans l'humilité. D'autres situations à venir seront bien plus dramatiques encore qui pousseront à l'incrédulité, à la démission voire même à la trahison. Ici, Jésus veut faire comprendre à ses disciples que quiconque le place au centre de sa foi n'aura plus jamais peur de rien, y compris de la mort.
Mais, quelque temps après, Jésus lui-même leur retournera cette question: "Et pour vous, qui suis-je?". Et nous savons la réponse de Pierre à qui Jésus dira qu'une telle déclaration n'a pu sortir de sa bouche sans l'action de l'Esprit Saint. Donc, non pas vérité ordinaire, mais révélation de Dieu aux hommes. De même, Saint Paul proclamera: «J'ai donné ma foi au Christ ressuscité, non! ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi, il me sauve». Dans le doute, alors que tout semble perdu, voilà que les disciples interpellent le Maître. Ils ont raison. Le même Paul écrira aux Hébreux (He 12, 2): «Il vous suffit de garder les regards fixés sur celui qui est l'initiateur de la foi et la mène à son accomplissement», «car tout pouvoir lui a été donné au ciel et sur la terre…».
La foi est le véritable fondement de l'homme nouveau en Christ. C'est avec elle que nous portons le Christ dans les barques que sont nos cœurs et nos vies. Jésus est dans la barque comme nous devons désormais l'embarquer dans nos vies. Manquer de foi, c'est faire aveu d'impuissance et se dérober à l'appel que nous lance Dieu lui-même à maîtriser, à dompter et à domestiquer la nature, comme il l'a fait jadis pour son peuple au long de sa marche vers la Terre Promise, et comme il le fait aujourd'hui dans la barque: «Dominez la terre et soumettez-la », avait dit Dieu à l'homme et à la femme en les créant. C'est là une mission essentielle de participation à son œuvre créatrice.
Avec le Seigneur, nulle peur, nulle crainte. Le psalmiste le chantait déjà en toute confiance (Ps 22):

02
Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
03 et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.
04 Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure.

Oui, Jésus nous demande de passer sur l'autre rive; c'est lui qui prend l'initiative de nous indiquer la direction parce qu'il est lui-même le lieu vers où nous devons nous rendre et accoster paisiblement. Il est, au milieu de la bourrasque et du déchaînement des éléments naturels, sociaux et psychologiques, notre phare, notre roc et notre Cap de Bonne Espérance. Mais il est aussi et surtout celui qui nous dit qu'en marchant à sa suite, des tempêtes nous attendent, des tempêtes bien plus hostiles et destructrices que la furie des mers. Alors, n'ayons pas peur parce qu'il est avec nous et au milieu de nous : "… et moi je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps". Inestimable promesse que celle-ci, puisque Jésus lui-même s'invite dans la vie de ceux qui s'ouvrent à sa Parole et la mettent en pratique. Il faut mettre ces propos en écho avec ceux de Paul dans la seconde lecture de ce dimanche: «Si quelqu'un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s'en est allé, un monde nouveau est déjà né.» Car en effet, avec Jésus nous sommes des hommes nouveaux, des hommes de la nouvelle création.

Connaître Dieu et placer le Christ au centre de sa vie…

Deuxième lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens (2 Co 5, 14-17)


5
14i Frères, l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort.
15 Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n'aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux.
16 Désormais nous ne connaissons plus personne à la manière humaine : si nous avons compris le Christ à la manière humaine, maintenant nous ne le comprenons plus ainsi.
17 Si donc quelqu'un est en Jésus-Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s'en est allé, un monde nouveau est déjà né.
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En Christ, Dieu restaure toutes choses créées par Lui et déréglées par le péché. Christ est le Centre de cette nouvelle création qui place l’homme dans un monde nouveau. Le Christ est «mort» pour tous, au sens où sa mort nous porte bénéfice, car elle est le point de conversion de l’humanité tout entière vers Dieu. La mort du Christ transforme radicalement notre vie qui, désormais, est intégrée (voire solidement installée) dans le projet de salut.
Selon Paul la mission apostolique n’es pas un privilège réservé à ceux-là seuls qui ont été témoins de la vie terrestre du Christ. Tous les baptisés et tous ceux qui reconnaissent et proclament que Jésus-Christ est Seigneur sont tout autant apôtres que les premiers disciples. Cette nouvelle connaissance de Dieu, non plus à la manière des hommes, mais à la lumière de l’homme nouveau qu’est le Christ, nous appelle nous transformer pour porter sa Parole au cœur du monde. Christ est mort afin que nous connaissions Dieu tel qu’il est, c’est-à-dire au-delà (et parfois à l'opposé) de ce que nous pouvons imaginer. Sur la croix, Dieu s'est révélé AMOUR à tous les hommes de toutes races et de toutes nations. C'est ce vrai Dieu qui nous appelle aujourd'hui à fonder un monde renouvelé en amour, en fidélité et en confiance. [voir aussi Ga 2, 20 - Rm 6, 4-11]

Rendre grâce à Dieu en tout temps et en tout lieu…

Bonjour !
Pour ce dimanche 21 juin, la liturgie nous propose les textes suivants, extraits:
du livre de Job : 38, 1.8-11: "Je l'entourais de nuages pour lui servir de langes."
du Psaume 106 : "Qu'ils rendent grâce au Seigneur de son amour."
de la Lettre de saint Paul aux Corinthiens : 2 Cor. 5, 14-17 "Que les vivants n'aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes."
de l'évangile selon saint Marc : 4, 35-41: "Qui donc est-il ?"
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Livre de Job (Jb 38, 1.8-11)

38

01i Du milieu de la tempête, le Seigneur dit à Job :
08 Qui donc a retenu la mer avec des portes,
quand elle jaillit du sein de l'abîme ;
09 quand je fis de la nuée son vêtement,
et l'enveloppai de nuages pour lui servir de langes ;
10 quand je lui imposai des limites,
et que je disposai les portes et leurs verrous ?
11 Je lui dis : 'Tu viendras jusqu'ici !
tu n'iras pas plus loin,
ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots !'

Selon d’anciennes théophanies, Yavhé manifesterait sa toute puissance en bravant et en maîtrisant la fureur de la mer. Cette scène de la maîtrise des eaux trouve un écho efficace dans la mémoire de ce peuple qui a connu le grand déluge, la sècheresse et la soif. L’eau qui donne la vie, l’eau qui emporte tout sur son passage, l’eau qui peut aussi tuer…
Le récit de Job est une évocation frappante de cette tempête qu’il vit intérieurement, dans le découragement : pourquoi lui le juste, le sage, le fidèle du Seigneur… est-il en proie à une telle souffrance ? Il a le sentiment que Dieu l’a abandonné.
Mais c’est aussi l’histoire du peuple juif en perpétuelle tempête, un peuple si entêté et désobéissant, si infidèle et souvent idolâtre devant la difficulté ou le sentiment d’être abandonné. Or, Dieu le Tout-puissant est aussi miséricordieux, c’est-à-dire celui qui toujours revient sur sa colère par la puissance de son amour. A la sortie d’Egypte et pendant la marche dans le désert jusqu’à la Terre promise, Dieu a « formé » son peuple par une pédagogie patiente ; il lui a appris à entrer en confiance quelles que soient les difficultés. Or, la confiance (cum fides) est bien la clé du lien qui unit dieu à son peuple, c’est la foi elle-même au cœur de l’Alliance qui se noue entre lui et le peuple élu. La manifestation de la puissance de Dieu décrite par Job n’est pas une autosatisfaction de Dieu face à la faiblesse et à l’impuissance de Job (des hommes). Bien au contraire, elle est le gage de la paix qui s’installer dans nos cœurs et nos vies parce que nous nous en remettons à la main de Dieu qui est le Maître de tout et aussi le Tout-Autre, c’est-à-dire le Saint. [Quelques références utiles :Zacharie 1, 16 - Ps 118, 22 et 148, 2-3 - Ba 3, 34 - Ps 104, 6-9 et Job 7, 12+]
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L'extrait du Psaume 106 ci-après prolonge en quelque sorte cette idée de mise en confiance. Ici encore, il est question de flots en furie, de mers déchaînée dans une atmosphère cataclysmique, de l’angoisse morale que cela crée dans les cœurs des hommes.
Inspiré de la seconde partie d’Isaïe, ce psaume est un véritable hymne d’action de grâces pour les bienfaits de la Providence. C’est un appel à la louange pour ceux qui sont revenus de l’exil. Pour chacun de nous, aujourd’hui, ce psaume est un appel à reconnaître la présence de Dieu dans nos vies et à lui rendre grâce en tout temps et en tout lieu, fût-ce dans noss pires moments de tempête et de doute. [Quelques références utiles : 25 = Jonas1, 4 sq, 14 — Is 43, 2]


Psaume (106, 21a.22a.24, 25-26a.27b, 28-29, 30-31)

21a Qu'ils rendent grâce au Seigneur de son amour,
22a qu’ils offrent des sacrifices d’action de grâce
24 ont vu les œuvres du Seigneur
et ses merveilles parmi les océans.

25 Il parle, et provoque la tempête,
un vent qui soulève les vagues :
26a portés jusqu'au ciel, retombant aux abîmes,
27b leur sagesse était engloutie.

28 R/1Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur,
et lui les a tirés de la détresse,
29 réduisant la tempête au silence,
faisant taire les vagues.

30 Ils se réjouissent de les voir s'apaiser,
d'être conduits au port qu'ils désiraient.
31 R/2Qu'ils rendent grâce au Seigneur de son amour,
de ses merveilles pour les hommes ;

12/06/2009

Nous sommes en union avec Dieu
lorsque nous sommes en communion avec le Christ…

Chers amis, bonjour !

L'Evangile de ce dimanche de la fête du Saint Sacrement est extrait de Marc 14, 12-16. 22- 26

12 Le premier jour de la fête des pains sans levain,
où l'on immolait l'agneau pascal,
les disciples de Jésus lui disent :
«Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs
pour ton repas pascal?»
13 Il envoie deux disciples :
«Allez à la ville ;
vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau.
Suivez-le.
14 Et là où il entrera,
dites au propriétaire:
Le maître te fait dire: Où est la salle
où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples?
15 Il vous montrera à l'étage,
une grande pièce toute prête pour un repas.
Faites-y pour nous les préparatifs.»
16 Les disciples partirent, allèrent en ville;
tout se passa comme Jésus le leur avait dit;
et ils préparèrent la Pâque.
22 Pendant le repas,
Jésus prit du pain,
prononça la bénédiction, le rompit
et le leur donna, en disant :
«Prenez, ceci est mon corps.»
23 Puis, prenant une coupe,
et rendant grâce, il la leur donna,
et ils en burent tous.
24 Et il leur dit :
«Ceci est mon sang,
le sang de l'Alliance,
répandu pour la multitude.
25 Amen, je vous le dis :
je ne boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau
dans le royaume de Dieu.»
26 Après le chant d'action de grâce,
ils partirent pour le mont des Oliviers.
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Nous connaissons tous ce texte du dernier repas de Jésus avec ses disciples. Comme tous les juifs, il fait mémoire ce premier jour de la fête des pains sans levain, à l’occasion de la Pâque: «Allez à la ville», dit-il à ses disciples, leur demandant d’aller préparer le repas au cours duquel il leur délivrera ce message fondamental : ce pain est mon corps qui sera livré pour vous et pour la multitude en rémission des péchés, et ce vin mon sang qui sera versé pour vous. Difficile à comprendre, surtout pour des juifs qui savent qu’il n’est pas de la tribu de Lévi pour se déclarer apte à conduire un sacrifice, car seuls les prêtres, issus de ladite tribu, étaient habilités à présenter des sacrifices dans le temple. Deuxième révélation : Jésus décrit sa mort comme un sacrifice. Là encore, stupéfaction de ses disciples pour qui seuls des animaux (des agneaux en l’occurrence) étaient présentés pour le sacrifice sur l’autel, mais jamais un homme n’avait été tué en sacrifice de quoi que ce soit. Jésus prononce donc là des paroles graves. Plus tard, les juifs considèreront qu’ils se sont simplement débarrassé d’un homme qui portait atteinte à l’ordre public.
L’institution de l’Eucharistie confère ainsi — comme le souligne Paul dans sa lettre aux Hébreux — une dimension sacrificielle à la mort du Christ. Son corps et son sang qu’il donne à ses disciples et recommande à tous les chrétiens dans la commémoration de cette cène sont un sacrifice qui plaît à Dieu son Père dont il fait la volonté. C’est ce qui donne tout son sens à l’Alliance nouvelle qu’il fonde pour l’éternité. Par son sang répandu sur la croix, le Christ scelle la présence et la proximité de Dieu parmi les hommes: alors que dans l’ancienne Alliance le peuple d’Israël s’imaginait la réalité divine à travers ses seules œuvres, dans l’Alliance nouvelle dont le Christ est l’incarnation même, Dieu montre aux hommes, il leur ouvre et leur indique le chemin de la libération. Parole qui sauve, parole qui donne vie, Parole qui envahit l’univers, Parole qui ensemence les cœurs des hommes de bonne volonté… tel est le vrai Visage du Dieu-Amour. Union en Dieu avec qui nous ne ferons plus qu’un seul Corps et un seul Esprit, telle est également la promesse que nous fait le Christ lui-même lorsqu’il nous appelle à vivre et à préparer ce jour où nous boirons avec lui «un vin nouveau dans le royaume de Dieu». Notre espérance est là, notre foi aussi…

Jésus-Christ, médiateur d'une Alliance nouvelle…

Deuxième Lecture - Hébreux 9, 11 - 15

11 Le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient.
Le temple de son corps
est plus grand et plus parfait que celui de l'ancienne Alliance ;
il n'a pas été construit par l'homme,
et n'appartient donc pas à ce monde.
12 C'est par ce temple qu'il est entré une fois pour toutes
dans le sanctuaire du ciel
en répandant, non pas le sang des animaux,
mais son propre sang :
il a obtenu ainsi une libération définitive.
13 S'il est vrai qu'une simple aspersion avec du sang d'animal,
ou avec de l'eau sacrée,
rendait à ceux qui s'étaient souillés
une pureté extérieure,
pour qu'ils puissent célébrer le culte,
14 le sang du Christ, lui, fait bien davantage :
poussé par l'Esprit éternel,
Jésus s'est offert lui-même à Dieu
comme une victime sans tache ;
et son sang purifiera notre conscience
des actes qui mènent à la mort
pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant.
15 Voilà pourquoi il est le médiateur d'une Alliance nouvelle :
puisqu'il est mort
pour le rachat des fautes commises sous l'ancienne Alliance,
ceux qui sont appelés
peuvent recevoir l'héritage éternel déjà promis.
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Les Hébreux sont des chrétiens qui connaissent parfaitement l’Ancien Testament; c’est pourquoi le langage et le style de Paul à leur endroit empruntent volontairement à la symétrie et à la comparaison. Car Paul veut leur dire quelque chose de relativement simple et clair à la fois: les mêmes mots que vous connaissez des livres sacrés (prêtre, temple, sacrifice, culte, aspersion de sang, purification…), et qui appartiennent donc à l’ancienne Alliance, recouvrent désormais un tout autre sens avec Jésus-Christ. Il y a désormais un avant et un après Jésus-Christ. Ce dernier fonde l'Alliance nouvelle . Le Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ, qui a vécu au milieu de nous et dont nous portons témoignage de la mort et de la résurrection, ce Jésus dont l’Esprit Saint a embrasé les apôtres sous le regard silencieux et confiant de la Vierge Marie, ce Jésus-là a ouvert les horizons d’un monde nouveau et renouvelé. C’est pourquoi les pratiques de “ritualisation“ et les mots qui les portent ne peuvent plus renvoyer à des schémas caducs. Même la fonction sacerdotale en est transformée du fait de la vie publique du Christ lui-même. Il est le premier prêtre, le roi des rois. Il est celui qui, par sa mort et sa résurrection, a réconcilié l’humanité tout entière avec Dieu et l’a rendue digne de «recevoir l’héritage éternel déjà promis». Il est le Temple vivant, car en lui et par lui se réalise l'Alliance nouvelle par laquelle Dieu se fait proche de l’homme et qu’il se laisse saisir à tout moment et en tout lieu.

Reconnaissance de l'œuvre de Dieu pour l'homme…

Psaume 115 (116), 12-13, 15-16, 17-18

12 Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu'il m'a fait ?
13 J'élèverai la coupe du salut,
j'invoquerai le nom du Seigneur.

15 Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
16 Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

17 Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce,
j'invoquerai le nom du Seigneur.
18 Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.
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Dieu libère l’homme par son œuvre. C’est lui qui, le premier, nous aima, brisa les chaînes du péché et de l’esclavage sous tous ses visages pour nous conduire avec persévérance vers un monde de gloire partagée de disciples et fils de Dieu. Car le Seigneur ne peut voir souffrir ceux qu’il aime, il lui an coûte tellement ! Mais la joie et le bonheur de celui qui reçoit les grâces de Dieu, c’est de lui rendre un sacrifice digne et d’élever vers lui cette coupe du salut, cette coupe de la victoire de l’amour sur le péché, à l’instar des sportifs qui brandissent leur trophée au public après qu’ils aient dominé la souffrance, enduré les douleurs musculaires et surmonté la tentation d’abandonner la compétition. Le sacrifice dont fait menton le psalmiste est désormais un sacrifice d’action de grâce, de louange et de proclamation de sa fidélité au Seigneur. Or c’est la seule manière de rendre au Seigneur tout le bien qu’il nous a fait.
Dans ce psaume également — c’était déjà le cas dans le texte de la première lecture — le psalmiste prend l’engagement de rester fidèle à la Parole du Seigneur; il promet également, devant toute la communauté, de n’invoquer désormais que le nom de Dieu, le seul et vrai Dieu. On ne peut trouver mieux pour exprimer toute sa gratitude à Dieu pour sa bienveillance pour les hommes.

«Tout ce que le Seigneur a dit,
nous le mettrons en pratique, nous y obéirons.»

Chers amis, bonjour !
Ce dimanche 14 juin, nous célébrons Fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ, signe visible de la présence et de l'action de Dieu. Dans le cycle liturgique de cette année, les trois textes mettent particulièrement l'accent sur la dimension sacrificielle de l'Eucharistie.

Première Lecture - Exode 24, 3 - 8

En descendant du Sinaï,
3 Moïse vint rapporter au peuple
toutes les paroles du Seigneur et tous ses commandements.
Le peuple répondit d'une seule voix :
«Toutes ces paroles que le Seigneur a dites,
nous les mettrons en pratique.»
4 Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur ;
le lendemain matin, il bâtit un autel au pied de la montagne,
et il dressa douze pierres pour les douze tribus d'Israël.
5 Puis il chargea quelques jeunes Israélites
d'offrir des holocaustes,
et d'immoler au Seigneur de jeunes taureaux
en sacrifice de paix.
6 Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins ;
puis il aspergea l'autel avec le reste du sang.
7 Il prit le livre de l'Alliance et en fit la lecture au peuple.
Celui-ci répondit :
«Tout ce que le Seigneur a dit,
nous le mettrons en pratique, nous y obéirons.»
8 Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit :
«Voici le sang de l'Alliance
que, sur la base de toutes ces paroles,
le Seigneur a conclue avec vous.»
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Dans ce texte foisonnant de précieux détails [sur lesquels nous ne nous focaliserons pas], il est question des deux Alliances, l’ancienne et la nouvelle. Et ce qui est intéressant dans le récit qui nous relaté ici, c’est justement la mise en résonance des deux variantes par ailleurs très «compénétrantes» d’une coutume vieille de plus de 3000 ans: le «sacrifice par le sang». Autrefois donc, pour sceller un contrat d’Alliance, deux peuples ennemis procédaient à un rituel sacrificiel ; ici, Moïse nous rappelle le décor : immolation des animaux, aspersion du sang sur un autel de pierres dressées, mais aussi aspersion de ce sang sur le peuple qui, de ce fait, prenaient l’engagement de respecter le pacte auquel il venait de s’engager. Cela, les hébreux le pratiquaient depuis fort longtemps ; il n’y a donc rien d’étonnant à ce que Moïse nous le retrace.
Par contre, dans le contrat de l’Alliance qu’il restitue à son peuple en descendant de la montagne, Moïse met en avant, non pas le sang des animaux, mais la Parole qu’il a entendue et reçue de Dieu. Oui, Dieu est Verbe, il est Logos. Et c’est justement cette parole qui est désormais au cœur de la nouvelle Alliance que Dieu scelle avec tout le peuple (les douze pierres dressées au bas de la montagne représentant les douze tribus d’Israël). C’est tout le peuple que Moïse engage à respecter la Loi du Seigneur Dieu, c’est-à-dire sa Parole: «Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons.» Avec Moïse, le sacrifice rituel devient libérateur dans la confiance et la foi en Dieu lui-même. Le Messie de Dieu qui sera envoyé sur terre au milieu de son peuple sera l’agneau véritable qui sera immolé sur la croix et dont le sang versé sera répandu sur la multitude en rémission des péchés des hommes de toutes races et de toutes nations. Par-delà le peuple d’Israël, c’est donc avec l’humanité tout entière que Dieu signe cette nouvelle Alliance, lui qui est Parole vivante et vivifiante. Et parce que l’amour de Dieu pour les hommes est antérieur à tout sacrifice, la rencontre de Dieu avec les hommes fonde de manière irréversible ce nouveau contrat que nous appellerons le «mystère de la foi», une foi active, une foi féconde et rayonnante.
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Il n’es pas inutile de porter un rapide éclairage sur le multiples Alliances entre Dieu et son peuple, c’est-à-dire toutes les fois que Dieu lui-même s’est adressé à son peuple directement ou par l’entremise des prophètes.
- la toute première alliance : Dieu s’engage de plus envoyer de déluge sur le genre humain et promet à Abraham : "Ce jour-là, l’Eternel conclut avec Abraham un pacte en disant : J’ai octroyé à ta descendance ce territoire - depuis le torrent d’Egypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate." (Gen. 15, 8-20) ;
- la seconde alliance concerne le précepte de la circoncision (Gen. 17, 11);
- après la faute du Veau d’Or, Moïse est contraint de renouveler le contrat de son peuple avec Dieu à travers les dix commandements (les Tables de la Loi) dont il lui fit entendre lecture (Exode 24, 7);
- l’histoire du peuple élu sera ponctuée d’une série de renouvellements de ce contrat avec Dieu à la suite de chaque infidélité. Avec la génération qui s’apprêtera à entrer en Terre Sainte, Moïse renouvellera ce pacte (Deut. 28, 69) après que Dieu lui demanda d’établir son peuple dans le pays de Horeb.
- dans l’épisode de la «confrérie des prêtres», Dieu fait dire à Pinhas qui avait mis à mort Zimri et avait ainsi sanctifié son nom (Nombres 25, 12-13 ): «C’est pourquoi, tu annonceras que je lui accorde mon alliance amicale, lui, sa postérité après lui possèderont comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité ; parce qu’il a pris parti pour son Dieu et procuré expiation aux enfants d’Israël.»
- Même sur des questions de vie quotidienne, par exemple les prélèvements que les simples israélites doivent effectuer sur leurs récoltes pour les offrir aux Cohanim, font l’objet d’une alliance spéciale, dite l’alliance du sel: «c’est une alliance de sel, inaltérable, établie par l’Eternel à ton profit et au profit de ta postérité.» (Nombres 18, 19) Dans le même ordre, lorsque Moïse vient fixer la fonction et les avantages de la tribu de Lévi, il déclare: «uniquement fidèle à ta parole, gardien de ton alliance.» (Deut. 33, 9)
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On le voit, tout au long de son «éducation», le peuple élu est pris et repris en alliance avec Dieu, soit pour fortifier et récompenser la confiance en sa bonté, soit (après des actes de rébellion, par exemple) pour le «remettre sur le droit chemin». En témoignent (entre autres) les quelques références suivantes : Josué 24, 25 — II Rois 11, 17-18 et II Chron. 23, 16-17 — II Rois, 23, 3 — II Samuel 23, 1-7 — Is 55, 3 — Jérémie 34, 17-20…
… et la célèbre prophétie de Jérémie (31, 3-33) : "Voici, des jours vont venir, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison de Juda une alliance nouvelle, qui ne sera pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères le jour où je les ai pris par la main pour les tirer du pays d’Egypte, alliance qu’ils ont rompue, eux, alors que je les avais étroitement unis à moi, dit le Seigneur. Mais voici quelle alliance je conclurai avec la maison d’Israël, au terme de cette époque, dit l’Eternel: je ferai pénétrer ma loi en eux, c’est dans leur cœur que je l’inscrirai; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Et ils n’auront plus besoin ni les uns ni les autres de s’instruire mutuellement en disant : "Reconnaissez l’Eternel ! "Car tous, ils me connaîtront, du plus petit au plus grand, dit l’Eternel, quand j’aurai pardonné leurs fautes et effacé jusqu’au souvenir de leurs péchés." Par cette nouvelle formulation de l’alliance, Dieu passe du simple sacrifice extérieur à l’expression intérieure de sa foi profonde. Dieu désormais parle un langage du cœur auquel il invite son peuple: c’est ce que qu’annonce l’Alliance nouvelle en Jésus-Christ.
Mais une Alliance qui est génératrice de liberté et de sanction aussi. en effet, le même Jérémie révèlera: «Et je livrerai ces hommes, violateurs de mon pacte, qui n’ont pas exécuté les termes de l’alliance conclue devant moi, en divisant un veau en deux parts et en passant entre les morceaux.» (Jérémie 31, 3-33).

05/06/2009

«… Et moi, je suis avec vous tous les jours
jusqu'à la fin du monde.»

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
(Mt 28, 16-20) Dimanche de la Trinité


28
16i Au temps de Pâques, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
18 Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles: «Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre.
19 Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit;
20 et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.»
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Héritiers et enfants de Dieu avec le Christ…

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
(Rm 8, 14-17)

8
14i Frères, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.
15 L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c'est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant: «Abba!»
16 C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.
17 Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.
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Notre Dieu est un Dieu aimant et fidèle.

Livre du Deutéronome (Dt 4,32-34.39-40)

4
32i Moïse disait au peuple d’Israël: «Interroge les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre: d’un bout du monde à l’autre, est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil?
33 Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu de la flamme, et qui soit resté en vie?
34 Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d'une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, par la force de sa main et la vigueur de son bras, et par des exploits terrifiants - comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte?
39 Sache donc aujourd'hui, et médite cela dans ton cœur: le Seigneur est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, et il n'y en a pas d'autre.
40 Tu garderas tous les jours les commandements et les ordres du Seigneur que je te donne aujourd'hui, afin d'avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.

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Psaume (32, 4-5, 6.9, 18.20, 21-22)

04 Oui, elle est droite, la parole du Seigneur;
il est fidèle en tout ce qu'il fait.
05 Il aime le bon droit et la justice;
la terre est remplie de son amour.

06 Le Seigneur a fait les cieux par sa parole,
l'univers, par le souffle de sa bouche.
09 Il parla, et ce qu'il dit exista;
il commanda, et ce qu'il dit survint.

18 Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
20 Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.

21 La joie de notre cœur vient de lui,
notre confiance est dans son nom très saint.
22 Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi!
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"Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit"…

Chers amis, bonjour !

Il est intéressant de noter qu’en ce dimanche de la Trinité la liturgie nous propose de ce texte du Deutéronome. Lorsque Dieu choisit le peuple d’Israël pour se révéler aux hommes, celui-ci est polythéiste, à l’instar de nombre de peuples d’Orient. Alors, Dieu se manifeste progressivement comme Dieu Unique. Il s’agit là d’une vérité qui bouleverse toutes les mentalités et tous les dogmes religieux de l’époque, particulièrement ceux très influents des mythologies (grecque, orientales…). L’univers et tous ses éléments ne sont plus une constellation de “petits dieux “(le terre, la mer, le feu, la foudre, etc.) qui auraient des influences directes sur la vie des gens (la fécondité, la force, l’intelligence…). Dieu est seul créateur et, hors de lui, il n’en est point d’autre. Tel sera d’ailleurs le commandement principal qu’il donne à ce peuple, élu non pas par ses mérites, mais par pure grâce. Et l’expérience du peuple d’Israël est si étrange qu’à plusieurs reprises les prophètes n’ont cessé de rappeler l’extraordinaire bonté de ce Dieu auquel il a maintes fois désobéi, ce Dieu qui pourtant lui a toujours témoigné sa fidélité.… justement parce qu’il est amour. La relation de Dieu avec le peuple élu est déjà la manifestation de cette spécificité de l’amour de Dieu comme échange permanent, échange vivant. Cependant, le peuple d’Israël a donc fait l’expérience de la présence aimante de Dieu non pas pour s’enfermer sur lui-même, se garder Dieu dans ses seuls sanctuaires, mais pour le faire connaître aux autres peuples de la terre. Telle fut la pédagogie de Dieu dans ce que nous appelons : Ancienne Alliance.

Puis, à “l’autre bout“ de l’histoire de Dieu parmi les hommes, c’est-à-dire dans la Nouvelle Alliance, Jésus, le Messie annoncé par les prophètes, révèle aux hommes la nature trinitaire de ce Dieu unique auquel ils avaient été habitués. Jésus se révèle comme le fils envoyé par le Père pour sauver le monde. Plus tard, avant son ascension (c’est-à-dire son retour vers son Père), il promet à ses disciples qu’il leur enverra son Esprit Saint. La Pentecôte est ce moment fondamental de la révélation de Dieu-Trinité. Tout cela est troublant pour les apôtres, et nous le comprenons bien: la connaissance de Dieu les fait passer d’un Dieu Unique à un Dieu trinitaire, trois personnes distinctes en un seul Dieu. Comment le comprendre autrement que comme la réalité parfaite de l’Amour vivant. Oui, le Dieu qui s’est révélé à Moïse et dont le nom est imprononçable, se révèle aujourd’hui comme présence d’un amour éternel, hier, aujourd’hui et demain. Par la présence active de son Esprit Saint dans le monde, Dieu nous donne rendez-vous à chaque instant dans nos vies individuelles et collectives.

Il nous appelle… Dieu au cœur du monde, Dieu au cœur des hommes. Alors, il nous appartient de rechercher et de lire sa présence en nous et au milieu de nous. L’Eucharistie est ce moment privilégié qu’il nous a laissé pour revivre cette union trinitaire dans le partage de son corps et de son sang.
Il appelle à entrer dans sa vie trinitaire… ceux qui le craignent (comme dit le psalmiste), c’est-à-dire «qui mettent leur espoir en son amour». Ceux-là, Dieu veille sur eux. Mais en réalité, pas seulement sur ceux qui ont cru en lui, mais sur tous ses enfants, y compris ceux qui n’ont pas encore la connaissance de son amour-plénitude. Car Dieu a envahi le monde, il s’offre donc à chacun de ses enfants et en plénitude. A chacun de lui faire confiance…

Oui, la confiance en Dieu nous affranchit de toutes les formes d’esclavage (la domination, la persécution, l’hyper-consommation, l’avidité, la débauche, l’égoïsme, la volonté de puissance, la cupidité, le mensonge…). L’apôtre Paul nous le rappelle à travers l’image du Maître et de l’esclave: le premier dit la loi et le second obéit par peur du châtiment. Alors, Paul nous apprend que notre relation à Dieu n’est pas celle du Maître à l’esclave, mais celle d’un Père à son fils. Et lorsque nous nous signons «au nom du Père, du fils et du Saint-Esprit», en réalité nous invoquons sa personne… et nous demandons ainsi, tout autant que nous l’acceptons en toute confiance, de faire partie intégrante de sa vie trinitaire et de partager ici et maintenant la gloire qu’il a promise à ceux qui lui rendent témoignage par l’écoute, l’annonce et la mise en pratique de sa Parole.

Voici les textes que la liturgie nous propose en ce Dimanche de la Trinité :
Livre du Deutéronome (Dt 4,32-34.39-40)
Psaume (32, 4-5, 6.9, 18.20, 21-22)
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 8, 14-17)
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 28, 16-20)