Dimanche
27 mai 2012 : C’est Pentecôte aujourd’hui !
Chers amis, bonjour !
C’est Pentecôte
aujourd’hui ! Mais que peut bien encore signifier cet événement
fantastique dans nos vies de tous les jours, pour nous, chrétiens ?
Peut-être plus grand-chose, tellement ces fêtes chrétiennes ont été galvaudées
avec des enrobages commerciaux et sociaux : un bon (et long) week end
synonyme d’évasion au bord de la mer pour s’adonner à des activités de toutes
sortes, surtout lorsque le temps est favorable.
Pourtant,
la fête de Pentecôte, est à replacer dans son contexte d’origine et mis en
perspective dans la vie de chacun d’entre nous. Fête du don de l’Esprit Saint
de Dieu aux hommes, elle est aussi le gage d’une espérance faite aux hommes de
pouvoir communiquer entre eux et de partager le même message d’amour en
différentes langues. Pentecôte, c’est tout le contraire de Babel ; c’est
la force qui nous est donnée pour enfin cheminer dans la compréhension profonde
et totale de la Parole du Christ. L’Esprit Saint, c’est la présence permanente
de Dieu au milieu de nous.
1 Quand arriva la Pentecôte, (le cinquantième jour après Pâques)
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
2 Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent :
toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
3 Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues
et qui se posa sur chacun d'eux.
4 Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d'autres langues,
et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.
5 Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents,
issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
6 Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient dans la stupéfaction
parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.
7 Déconcertés, émerveillés, ils disaient :
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
9 Parthes, Mèdes et Elamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
des bords de la mer Noire, de la province d'Asie,
10 de la Phrygie, de la Pamphylie,
de l'Egypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,
tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »
Première chose à retenir de ce texte :
Jérusalem est la ville du don de l'Esprit ! Elle n'est pas seulement la ville
où Jésus a institué l'Eucharistie, la ville où il est ressuscité, elle est
aussi la ville où l'Esprit a été répandu sur l'humanité.
Pour bien comprendre l’importance de ce texte,
il est utile de rappeler certains repères historiques. En effet, le Lévitique
définit au chapitre 23 (après les conclusions morales et rituelles des
sacrifices formalisées dans les chapitres précédents) le cycle liturgique
[« Yahvé parla à Moïse et dit : Parle aux enfants d’Israël et
dis-leur : (Les solennités auxquelles vous les convoquerez, ce sont là les
saintes convocations » Lv 23, 1-2). Ce sont : le Sabbat, la Pâque et
les Azymes, le Première gerbe, la fête des Semaines, le premier jour du
septième mois, le jour des Expiations, la fête des Tentes]. Des fêtes déjà
consignées longtemps avant dans les Livres du Deutéronome (voir Dt 16, 1-16) et
de l’Exode (voir Ex. 12, 1 et sq et 23, 14 et sq). Les trois fêtes principales restent cependant : a)- au
printemps, la fête des Azymes, qui
inclut celle de la Pâque ; b)- la fête de la Moisson, appelée aussi fête
des Semaines, qui se célébrait sept semaines soit cinquante jours après la
Pâque, d’où l’appellation grecque de « Pentecôte » (voit Tb 2, 1), et
qui marquait la fin de la moisson du froment et le souvenir de la promulgation
de la Loi au Sinaï ; c)- la fête de la Récolte en automne, autrement
appelée « fête des Tentes » parce qu’on utilisait justement des
huttes de feuillage comme autrefois les israéliens dans leurs campements dans
le désert à la sortie d’Égypte. De ces trois fêtes, la plus grande est bien
celle des Tentes (ou de la Récolte), celle que le Roi Salomon appelle « La
fête », le jour du transfert de l’arche d’alliance au mois d’Étanim,
autrement dit le septième mois du calendrier israélite (voir 1 R 8, 1 et sq).
Dans ces textes de l’Ancien Testament, la
Pâque parlait prophétiquement de la « mort » du Christ et la
Pentecôte annonçait la venue de l’Esprit Saint. Et cela advint du temps de
Jésus. En effet, le jour de son baptême dans le Jourdain, l’Esprit est descendu
sur lui sous la forme d’une colombe. Mais Jean le Baptiste proclamera à
l’attention de ses propres disciples qui étaient présents ce jour de baptême :
« Celui-là... baptise de l’Esprit Saint » (Jean 1:33). Sur ses
disciples, ce même Esprit s’est
annoncé comme un souffle impétueux et posé sur chacun des apôtres sous la forme
d’une langue de feu, ce que Jésus lui-même avait déjà fait sur eux (« Et
il souffla sur eux » Jean 20: 22). Un Esprit bien présent mais sous
différentes manifestations, un Esprit qui « emplit tout » ; Car
en effet, l’Esprit ne se divise pas en autant de parts sur chacun, il est
présent dans son entièreté, dans la totalité de sa puissance et de son
expression. Les apôtres reçoivent l’Esprit de Dieu et en sont emplis : ils
ont le privilège des deux grâces simultanément (cependant que d’autres le
recevront sans pour autant en être remplis).
Un autre fait qu’il faut relever dans ce
texte, c’est que les apôtres sont réunis en prière. Cela est fondamental est
significatif de ce que sera désormais la vie dans l’Esprit ; au contraire
de ce qu’il s’était passé à Babel avec la confusion des langues née de
l’orgueil des hommes de s’emparer des puissances célestes afin de dominer le
monde, les apôtres sont unis, et s’ils s’expriment et comprennent plusieurs
langues, c’est justement parce qu’ils reçoivent d’une seule et même source
spirituelle. L’unité à laquelle appellent les apôtres ne peut être une
uniformité de la pensée unique en Église, bien au contraire cette diversité des
dons reçus de l’Esprit puise leur unité dans cet Esprit de liberté en Christ ressuscité.
C’est aussi le début de l’édification de l’Église, présente au milieu des hommes
dans le monde (au sens de Jean) et corps spirituel dont Jésus lui-même est le
tronc, le cep.
Enfin, la Pentecôte survient à Jérusalem, la
ville sainte qui grouille de gens de toutes origines et nationalités ; ils
sont Parthes, Mèdes et Élamites, Romains, Juifs convertis, Crétois, Arabes, ils
viennent de Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer
Noire, de la province d'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Egypte et de
la Libye proche de Cyrène. Signe que la Pentecôte est universelle, que l’Esprit
de Dieu est donné à tous les hommes, à la seule condition d’accueillir Jésus,
de croire en sa Parole et de vivre ses commandements dans l’amour fraternel.
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1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ;
SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes œuvres, SEIGNEUR !
La terre s'emplit de tes biens.
29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle ; ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
31 Gloire au SEIGNEUR à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR.
C’est dans ce sens qu’il convient, à l’unisson
avec le psalmiste, de clamer l’action de grâce au Dieu Amour pour toutes les
splendeurs de sa création. Ce psaume 103 (104), qu’il conviendrait de lire en
intégralité peut être caractérisé comme une hymne cosmogonique. En effet, on y
retrouve les fondamentaux de la Genèse et toutes les louanges dites par les
Prophètes à travers l’histoire. Les œuvres de Dieu sont innombrables, elles
remplissent l’univers. Car la création, œuvre de Dieu, ne peut être que
bonne ; elle est fondamentalement le lieu de la manifestation de la bonté
du Créateur qui ponctua chaque étape de sa création par cette phrase :
« Et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1). Sous-entendu : le Mal
ou péché, qui est son opposé, viendra avec la désobéissance de l’homme (Voir le
« maudit sois-tu » scandé par le Créateur à l’occasion de la chute
d’Adam et Ève. Le Mal qui sera aussi la signature de l’orgueil des anges
rebellés. Le Mal qui est voué à disparaître lorsque l’univers recouvrera sa
splendeur originelle : « Que les pécheurs disparaissent de la terre,
les impies, qu’il n’en soit jamais plus ! » (v. 35) Oui, l’Esprit ne
descend pas qu’au-dessus de la tête de chaque apôtre, il emplit aussi l’univers
tout entier. Car l’univers est non pas que création mais aussi le lieu infini
de la manifestation de Dieu : « Les cieux racontent la gloire de
Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce ; le jour au jour en
publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance » (Ps 19-18,
v. 2 à 3).
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Frères,
16 je vous le dis :
vivez sous la conduite de l'Esprit de Dieu ;
alors vous n'obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair.
17 Car les tendances de la chair s'opposent à l'esprit,
et les tendances de l'esprit s'opposent à la chair.
En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire ce que vous voudriez.
18 Mais en vous laissant conduire par l'Esprit,
vous n'êtes plus sujets de la Loi.
19 On sait bien à quelles actions mène la chair :
débauche, impureté, obscénité,
20 idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles,
jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme,
21 rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre.
Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait :
ceux qui agissent de cette manière
ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.
22 Mais voici ce que produit l'Esprit :
amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi,
23 humilité et maîtrise de soi.
Face à tout cela, il n'y a plus de loi qui tienne.
24 Ceux qui sont au Christ Jésus
ont crucifié en eux la chair,
avec ses passions et ses tendances égoïstes
25 Puisque l'Esprit nous fait vivre,
laissons-nous conduire par l'Esprit.
Tout au long de ses Lettres, Paul ne cesse de
faire allusion aux tensions permanentes entre la chair et l’esprit. Le propos
du texte de ce jour s’inscrit dans un enseignement qui alerte sur les erreurs
dans lesquelles peut conduire une fausse recherche de la liberté ou plutôt la
recherche d’une fausse liberté.
La liberté chrétienne, selon Paul, se fonde
sur l’amour fraternel que tous les apôtres rappellent comme le premier des
commandements : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés », qui est le même que : « Tu aimeras ton prochain comme
toi-même ». En fait, ce précepte
est la face du seul et même commandement : « Tu aimeras le
Seigneur, ton Dieu de toute les forces et de toute ton âme ».
Les penchants de la chair sont nombreux :
« idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie,
divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du
même genre ». Comme autrefois Yahvé avait donné des prescriptions morales
et culturelles à son peuple (voir le Lévitique aux chapitres 19 et 20),
l’éducation que vise ici l’apôtre s’inscrit dans une recherche permanente de la
sainteté en Dieu qui exige celle de son peuple. Car la chair, chez Paul, ne
désigne pas que le corps physique, mais l’homme dans son entièreté lorsqu’il se
laisse dominer par les forces du mal.
Dans sa Lettre aux Romains, il développe plus
longuement cette « doctrine de la chair ». En effet, on ne peut pas
comprendre le message de Paul si on ne garde pas à l’esprit ce qu’il a lui-même
appelé sa « thèse » : « Car je ne rougis pas de
l’Évangile : il est une force de Dieu pour le salut de tout croyant, du
Juif d’abord, puis du Grec. Car en lui la justice de Dieu se révèle de la foi à
la foi, comme il est écrit : Le
juste vivra de la foi » (Rm 1, 16-17). Non pas une justice
« distributive » qui récompenserait les œuvres, mais une justice fondamentalement
« salvifique », c’est-à-dire dans et par laquelle Dieu accomplit sa
promesse de salut par la grâce. Cela ne signifie pas que les œuvres ne servent
à rien, au contraire ! Puisque nous avons lu dernièrement que la foi n’est
pas une affaire de pures paroles mais d’actes.
L’Esprit de Dieu, parce qu’il est la lumière
qui éclaire pour nous le projet divin, ne peut nous apporter que amour, joie,
paix, patience, bonté, bienveillance et foi. La vie en Christ est donc
foncièrement un appel à la joie, à la liberté.
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A l'Heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
il disait à ses disciples :
15, 26 « Quand viendra le Défenseur,
que je vous enverrai d'auprès du Père,
lui, l'Esprit de vérité qui procède du Père,
il rendra témoignage en ma faveur.
27 Et vous aussi, vous rendrez témoignage,
vous qui êtes avec moi depuis le commencement.
16, 12 J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter.
13 Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité,
il vous guidera vers la vérité tout entière.
En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même :
il redira tout ce qu'il aura entendu,
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
14 il me glorifiera,
car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
15 Tout ce qui appartient au Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Avant d’entrer en passion, Jésus parle à ses
disciples. Il leur parle même beaucoup, car il savait que la peur, le doute les
envahissaient : « Qu’allons-nous donc devenir lorsque nous serons
seuls, abandonnés à nous-mêmes ? », se disaient-ils. Mais au cours de
ce long épisode du « dernier repas », Jésus est franc avec eux, et
puisqu’il sait qu’ils se retrouveront en première ligne, il leur décrit ce qui
va se passer et qu’ils ne comprendront pas forcément. De même, ils ne sont pas
assez armés pour recoller les multiples bouts du puzzle de paroles et d’actes
auquel il les avait invités à prendre part. Le péché du monde, c’est
l’incrédulité et le reniement ; ils en subiront les conséquences jusqu’au
péril de leur vie.
Mais quelles sont donc les particularités de
ce Paraclet qu’il leur promet ? Que veut signifier Jésus lorsqu’il dit à
ses disciples : « Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous
guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de
lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le
fera connaître » ?
- Le Paraclet qu’il leur promet les mettra à l’abri de l’ignorance de la vérité parce qu’il mettra ce péché en pleine lumière.
- Le Paraclet manifestera aux yeux du monde le
droit qu’avait Jésus de se déclarer « Fils de Dieu » (son origine et
son être), il manifestera également le droit qu’ils auront eux aussi d’être
appelés « fils de Dieu » par et en Jésus-Christ.
- Le Paraclet manifestera le sens de la mort
de Jésus (défaite et condamnation du prince de ce monde) et sa résurrection
d’entre les morts puisque, à ceux qui étaient endormis, il aura redonné la vie.
- Le Paraclet manifestera le nouvel ordre des
choses, issu de la mort et de la résurrection du Christ.
- Le Paraclet manifestera et glorifiera les
richesses de son mystère et l’unité de la révélation : prenant source dans
le Père, celle-ci se réalise par le Fils et s’achève dans l’Esprit, à la gloire
su Père et du Fils.
Avec la résurrection et la venue de l’Esprit
commencera l’initiation parfaite, celle qui s’achèvera dans la vision de Dieu
tel qu’il est, face à face : « « Quand il viendra, lui, l'Esprit
de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière ». Tout ce qui
était morcelé sera compris (au sens étymologique de « pris ensemble »)
grâce à la médiation parfaite du Christ avec qui nous ne ferons qu’un par la
foi et l’amour dans l’amour du Père. L’Esprit nous ouvre, nous éveille à la
connaissance et à la reconnaissance parfaites de Dieu le Père qui nous
glorifiera comme il l’a fait pour son propre Fils. Mais l’Esprit, c’est la
force de Dieu qui nous conduit sur les chemins de vérité et de lumière, les
chemins qui mènent au Père par la médiation parfaitement accomplie du Fils. A
nous d’en témoigner, à nous d’en vivre au quotidien, simplement mais
assidument, pour la plus grande gloire du Créateur.