30/05/2009

Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité,
il vous guidera vers la vérité tout entière.

Evangile : Jean 15, 26 - 27 ; 16, 12 - 15

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
il disait à ses disciples :
15 26 « Quand viendra le Défenseur,
que je vous enverrai d'auprès du Père,
lui, l'Esprit de vérité qui procède du Père,
il rendra témoignage en ma faveur.
27 Et vous aussi, vous rendrez témoignage,
vous qui êtes avec moi depuis le commencement.

16 12 J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter.
13 Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité,
il vous guidera vers la vérité tout entière.
En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même :
il redira tout ce qu'il aura entendu,
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
il me glorifiera,
car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître.
Tout ce qui appartient au Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
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Avec insistance et non sans raison, Jésus insiste sur l’envoi de son Esprit Saint à ses disciples pour les rassurer à deux points de vue : tout d’abord, parce qu’ils ont peur, ils sont tétanisés; lui, le Maître, ne sera plus là au milieu d’eux pour les protéger de la barbarie des juifs qui l’ont néanmoins mis à mort. C’est dire qu’en son absence, eux-aussi seront l’objet des pires tribulations de la part des leurs. C’est pourquoi il les encourage à tenir bon. Ensuite, il leur promet son Esprit Saint qui sera leur défenseur, le Paraclet. Défenseur contre la violence du monde, mais également défenseur contre l’ignorance de tout ce qu’il leur a enseigné durant toute sa vie: «Le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit.» (Jn 14, 26). L’Esprit Saint, c’est la présence continuelle de Dieu au milieu de ses disciples. La nouvelle Alliance ne sera effective que lorsque l’homme aura atteint la pleine connaissance de Dieu. Et c’est l’Esprit Saint qui nous y aide. Voilà qui éclaire cette affirmation que nous lisons dans la prière eucharistique: «L’Esprit Saint de Dieu, premier don fait aux croyants».

Se laisser conduire par l'Esprit…

Dimanche de Pentecôte
Deuxième Lecture — Galates 5, 16-25

Frères,
16 je vous le dis :
vivez sous la conduite de l'Esprit de Dieu ;
alors vous n'obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair.
17 Car les tendances de la chair s'opposent à l'esprit,
et les tendances de l'esprit s'opposent à la chair.
En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire ce que vous voudriez.
18 Mais en vous laissant conduire par l'Esprit,
vous n'êtes plus sujets de la Loi.
19 On sait bien à quelles actions mène la chair :
débauche, impureté, obscénité,
20 idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles,
jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme,
21 rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre.
Je vous préviens, comme je l'ai déjà fait :
ceux qui agissent de cette manière
ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.
22 Mais voici ce que produit l'Esprit :
amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi,
23 humilité et maîtrise de soi.
Face à tout cela, il n'y a plus de loi qui tienne.
24 Ceux qui sont au Christ Jésus
ont crucifié en eux la chair,
avec ses passions et ses tendances égoïstes
25 Puisque l'Esprit nous fait vivre,
laissons-nous conduire par l'Esprit.
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Paul nous décrit un affrontement terrible dans touts homme entre les forces du mal et celles du bien. Nous en faisons tous l’expérience. Les psychanalystes parlent de pulsions, Freud a même poussé l’analyse jusqu’à établir une sorte de mille de la conscience humaine en «strates» ou en «compartiments» communiquant entre eux: insconscient, sub-conscient, moi, sur-moi… Pour aider à canaliser particulièrement l’homme vers l’apprentissage du bien, de le responsabiliser en quelque sorte, la société a établi des lois. Jadis, les “Dix commandements“ ont posé également ce cadre pour les enfants d’Israël. Cette loi est instituée pour aider à maîtriser la chair, c’est-à-dire notre corps, pour nous éviter de «faire n’importe quoi». A cette loi de la chair, Paul oppose l’Esprit de Dieu. Celui-ci dépasse la loi en ce qu’il ne produit que: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi (22-23), en réalité le portait même de Jésus le nazaréen, ressuscité d'entre les morts pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

L'Esprit qui renouvelle la face de la terre…

Psaume 103 ( 104 )

1 Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
La terre s'emplit de tes biens.

29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle ; ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.
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Malheureusement le texte du psaume 103 (104) qui nous est présenté pour la méditation a été tronqué. Cette ode à la louange de Dieu court, dans son intégralité, sur trente-six versets. Le psalmiste y revisite tous les éléments de la création, comme dans le récit de la genèse. Mais, pour ce jour de Pentecôte, il est bien normal que ne soient retenus que ces versets qui parlent du souffle de Dieu, son Esprit Saint.
Mais je voudrais relever trois idées principales (à mon sens) dans ce psaume: Tout d’abord, Dieu est Dieu, et il n’existe pas d’autre Dieu que lui. Ensuite, La création est entièrement bonne, autrement dit, Dieu a créé toute chose bonne en soi. Et quand il offre ce monde à l’homme, c’est pour que celui-ci continue par ses œuvres la création qu’il a lui-même initiée. C’est en cela que l’homme est démiurge et qu’il participe au projet de Dieu. Enfin, si Dieu a placé l’homme au sommet de cette création, c’est parce qu’il a placé en lui son souffle ; car c’est Dieu qui donne la vie, c’est également qui la reprend. C'est dire que dans sa relation à Dieu, l’homme (et le peuple de Dieu) ne s’enferme pas dans une contemplation béate de la première création. Non! Par le souffle qu’il a mis en chaque homme, celui-ci est en permanente résonance et en continuelle dépendance avec Dieu. La Pentecôte, c‘est la fête du don du Saint Esprit aux Apôtres qui fait d'eux des témoins du Christ ressuscité. Dieu vivant se rappelle à l’homme et renouvelle la face de la terre.

… chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.

Bonjour !
Nous sommes le dimanche 31 mai, le jour de la Pentecôte. La liturgie nous propose en première lecture un extrait des Actes des Apôtres 2, 1-11

1 Quand arriva la Pentecôte, (le cinquantième jour après Pâques)
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
2 Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent :
toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
3 Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues
et qui se posa sur chacun d'eux.
4 Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d'autres langues,
et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.
5 Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des juifs fervents,
issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
6 Lorsque les gens entendirent le bruit,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient dans la stupéfaction
parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.
7 Déconcertés, émerveillés, ils disaient :
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
9 Parthes, Mèdes et Elamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
des bords de la mer Noire, de la province d'Asie,
10 de la Phrygie, de la Pamphylie,
de l'Egypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,
tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »
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D’emblée, le texte situe l’évènement : les apôtres sont à Jérusalem pour la fête juive de Shavouot qui célébrait la naissance du peuple d'Israël. Par le don de la loi au Sinaï, Dieu fait d'Israël son peuple parmi les nations : l'Alliance est scellée. "Je vous tiendrai pour mon peuple parmi tous les peuples, car toute la terre est mon domaine. Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation consacrée." (Exode 19. 5 et 6). Cette fête du don de la Loi est l’une des trois fêtes de l’année pour lesquelles on se rendait à Jérusalem, trois fêtes de pèlerinage en quelque sorte. Jérusalem est donc au centre de ce qui se joue fondamentalement dans la réalisation du projet de Dieu pour son peuple et, au-delà, pour tous les hommes de la terre: C’est là que Jésus a institué l’Eucharistie, c’est là qu’il est ressuscité, c’est là que non Esprit Saint est répandu au monde.
Et comme par symétrie, Luc prend le soin d’évoquer trois repères de la vie du peuple de dieu: 1)- Le Sinaï (Dieu avait donné les tables de la loi à Moïse), dans l’ambiance terrible et fracassante qui avait entouré la manifestation de Dieu à Moïse — 2)- La réalisation de la prophétie de Joël (voir chap. 3) — 3)- L’épisode de la Tour de Babel où les hommes s’étaient enfermés dans la diversité. La Pentecôte, selon Luc, donne un nouvel éclairage de ces moments: avec Moïse, la Loi était écrite sur les Tables, désormais la Loi de l’Alliance nouvelle est inscrite dans le cœur de chaque homme. Cette Loi est annoncée universellement à tous les hommes de toute race et de toute nation. Enfin, les hommes font désormais l’apprentissage de l’unité dans la diversité.

C'est la Pentecôte…

Chers amis, Bonjour!

Le mystère de la Pentecôte qui ne peut ni ne doit être séparé de celui de Pâques et de l'Ascension. En effet, dans la nuit de Pentecôte comme dans celle de Pâques, toutes deux des nuits baptismales, l’Eglise célèbre la lumière. Rappelons-nous : après l’Ascension de Jésus, les disciples s’étaient regroupés autour de la Marie la Mère de Dieu et de Pierre. Ils avaient bien compris la mission que leur avait assignée le Maître, mais ils n’avaient pas le courage et la force nécessaires pour la continuer : que faire et comment faire? Les disciples étaient dans la crainte des représailles du pouvoir romain et des religieux traditionalistes, mais ils étaient aussi dans l’attente de l’Energie nouvelle que leur avait promise Jésus le Ressuscité.
A la Pentecôte, l’Esprit de Vérité les recouvre de sa lumière et de son intelligence, il leur insuffle un puissant dynamisme de la foi et du témoignage de celle-ci. La Vérité de Dieu est à la foi chemin et finalité: «Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la Vérité tout entière.» (Jean 16. 12 et 13). Jean-Baptiste avait annoncé la venue de Jésus en ces termes: «Lui vous baptisera dans l'Esprit-Saint et le feu» (Luc 3. 16) et Jésus le confirmera lui-même par la suite: «Je suis venu jeter un feu sur la terre…» (Luc 12. 49). Avec la Pentecôte naît réellement l’Eglise, car c’est à ce moment que se réalise l’universalité du projet de Dieu pour les hommes dans la plénitude de la nouvelle Alliance. Comme dans le Jourdain, au jour du Baptême de Jésus, ou sur le Mont Thabor, le jour de sa transfiguration, Dieu se révèle aux hommes dans son indissociable communion trinitaire : Père, Fils et Esprit.

Tel est le fondement de notre foi : notre Dieu est Amour. Cette révélation marque désormais tous nos rapports aux autres et au monde. Le monde entier est le domaine de Dieu, l’espace de la manifestation de son Amour de feu, un feu qui consume et regénère, un feu qui brûle et guérit. La Pentecôte prolonge fil conducteur du projet divin, depuis la première théophanie dans le buisson ardent où il se montre à Moïse, en passant par la seconde théophanie du Mont Thabor où il laisse entrevoir aux disciples qui avaient accompagné Jésus la gloire promise à ceux qui se laissent consacrer en sa Vérité. Désormais, l’Esprit Saint de Dieu est présent dans le monde et habite ceux qui s’ouvrent à la Parole de Dieu et s’engagent à la vivre en vérité : en ceux-là, l’Esprit Saint est présent individuellement et en toute plénitude.

23/05/2009

«Qu’ils soient consacrés en vérité.»

L'Evangile de ce dimanche 24 mai 2009 est extrait de Jean 17, 11b - 19

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
les yeux levés au ciel, il priait ainsi :
« Père saint, garde mes disciples
dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné en partage,
pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j'étais avec eux,
je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné.
J'ai veillé sur eux, et aucun ne s'est perdu,
sauf celui qui s'en va à sa perte
de sorte que l'Ecriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, en ce monde,
pour qu'ils aient en eux ma joie,
et qu'ils en soient comblés.
Je leur ai fait don de ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu'ils ne sont pas du monde,
de même que moi je ne suis pas du monde.
Je ne demande pas que tu les retires du monde,
mais que tu les gardes du Mauvais.
Ils ne sont pas du monde,
comme moi je ne suis pas du monde.
Consacre-les par la vérité :
ta parole est vérité.
De même que tu m'as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me consacre moi-même,
afin qu'ils soient eux aussi consacrés par la vérité. »
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Cet extrait fait partie de la grande prière sacerdotale, prière d’oblation et d’intercession du Sauveur à l’heure de son sacrifice. Jésus demande sa glorification non pas par égocentrisme, mais parce que sa gloire cet celle de son Père ne font qu’un. La révélation, jusque là liée à la Loi mosaïque, vient désormais aux hommes par Jésus, le fils de Dieu. Et, parce que le Père est en lui et lui dans son Père, tout ce qu’il demande à celui-ci il l’obtient… lui qui a été envoyé au milieu des hommes pour révéler la personne du Père et son visage d’amour.
Oui, Jésus le fils de Dieu est bien venu dans notre monde ; il a vécu au milieu de nous et nous ne l’avons pas reconnu. Ainsi donc, croire que Jésus est le fils de Dieu est nécessaire à cette reconnaissance de l’amour de Dieu pour nous les hommes. Jésus a vécu dans ce monde sans être du monde, et il demande à son Père, non pas de nous retirer de ce monde qui est la scène de notre salut, mais de nous préserver du Mal et nous «consacrer par la vérité».
Mais qu'est-ce que la vérité? A cette question de Pilate, quelques jours plus tard, Jésus restera silencieux. La révélation de l'identité profonde de Jésus aurait ulcéré le chef romain. «Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie». Pour Jésus, la Vérité est Chemin de fidélité quotidienne à l'Alliance, son projet d'amour sur l'homme. La Vérité n'est donc pas un concept éthéré, objet de spéculation rationnelle ou simple idée philosophique. Elle est l'Esprit qui agit au cœur de chaque personne, dans ses multiples choix, y compris les plus humbles; elle est le Chemin de vie. C'est Christ lui-même.
Oui, Jésus demande à son Père de garder ses disciples dans la fidélité à son nom afin qu'ils restent unis. Durant toute sa vie au milieu d'eux, il avait une autorité naturelle pour contenir les querelles, lesjalousies, les ambitions des uns et des autres; il sait donc, il sent les risques de son absence physique. L'unité qu'il demande à son Père, il la prolonge sur tous les membres de son Eglise à travers les sicècles. Et, puisqu’il nous a fait don de sa parole et nous a envoyés l’annoncer à tous les peuples du monde, en dépit de la haine des méchants, il demande que sa joie soit en nous et que nous en soyons comblés.

Cela n’y ressemble pas, mais il y a du «Notre Père» dans l’esprit de cette prière sacerdotale. L’évangile de Jean ne rapporte pas cette prière de Jésus, mais on y retrouve cependant tous les fondamentaux: le Nom de Dieu, sa sanctification, la préservation du Mal. La symétrie est également saisissante entre le «Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés» avec le «Je ne prie pas pour eux seulement, mais pour ceux-là aussi qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient Un.» (20-21).

Fidélité, unité, vérité… tels sont les maîtres-mots de cette prière. Fidélité à la Parole que Jésus nous lègue. Unité de nos communautés face aux tribulations et persécutions des incroyants et des puissants de ce monde. Enfin, vérité, c’est-à-dire amour et lumière de Dieu en nous et au milieu de nous: «Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité». Autrement dit, ceux qui ont reçu mission de porter la Bonne Nouvelle du Christ ne seront crédibles que s’ils sont unis entre eux, à l'instar de l'unité du Père et du Fils dans l'Esprit. C’est à cela que le monde reconnaîtra que nous sommes des chrétiens, des Christ. Et c’est ce qui transformera le cœur des hommes afin qu’ils croient en vérité. Difficile mission que celle de ces femmes et hommes qui, dans ce monde affolé par un matérialisme effréné, acceptent et s’engagent à prendre le relais de Jésus pour être témoins de son amour.
Mais la récompense est immédiate et tout aussi paradoxale: «je parle ainsi, en ce monde, pour qu'ils aient en eux ma joie, et qu'ils en soient comblés» (13). Avoir en soi la joie du Christ en sa plénitude, telle est l’énergie des missi Domini, les envoyés de Dieu, telle est leur seule arme. Et celui qui parle ainsi à son Père, c’est son propre fils qui sait qu’il va, dans quelques jours, vivre la passion jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. N'est-ce pas là la preuve que notre foi n'est pas vouée à un Dieu triste et mortifère, mais plutôt à un Dieu d'amour, de vie, de paix et de joie?

«Son amour atteint en nous sa perfection ».

DEUXIEME LECTURE - 1 Jean 4, 11-16

11 Mes bien-aimés,
puisque Dieu nous a tant aimés,
nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
12 Dieu, personne ne l'a jamais vu.
Mais, si nous nous aimons les uns les autres,
Dieu demeure en nous,
et son amour atteint en nous sa perfection.
13 Nous reconnaissons
que nous demeurons en lui,
et lui en nous,
à ce qu'il nous donne part à son Esprit.
14 Et nous qui avons vu,
nous attestons
que le Père a envoyé son Fils
comme Sauveur du monde.
15 Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu,
Dieu demeure en lui,
et lui en Dieu.
16 Et nous, nous avons reconnu et nous avons cru
que l'amour de Dieu est parmi nous.
Dieu est Amour :
celui qui demeure dans l'amour
demeure en Dieu,
et Dieu en lui.
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Ce texte reste dans le droit fil de l’argumentaire fondamental de Jean : Dieu est amour et il a envoyé Jésus, son fils, pour révéler son visage au monde des pécheurs pour le sauver du péché avec la force de l’Esprit Saint qu’il insuffle dans tous ceux qui le reconnaissent comme le fils de Dieu. Reconnaître, attester et proclamer que l’amour de Dieu atteint en nous la perfection par Jésus-Christ, qu’en cela il demeure en nous et nous en lui, et que telle est notre foi… voilà le socle de la communion de tout croyant à l’amour du Père. Si Dieu a envoyé son fils dans le monde, c’est pour sauver les hommes qu’ils a créés, c’est-à-dire les élever à la conscience de leur ressemblance à lui. Cela signifie donc que toute manifestation de l’amour en l’homme participe de la vraie nature de Dieu lui-même.
En quelque sorte, Jésus est venu dans ce monde pour nous montrer le vrai visage de son Père: «Celui qui m'a vu a vu le Père» (Jn 14, 9). Jean nous appelle à devenir des demeure de l’amour de Dieu, car ainsi nous serons appelés «fils de Dieu»: «A ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.» (Jn 1, 12). L’équation est (presque) simple: aimer, c’est vivre en Dieu; et l’amour de Dieu, c’est son Esprit Saint en nous. Par conséquent, l’amour est une puissance sur-humaine qui procède de Dieu. Si nous ne savons pas aimer, ce n’est pas grave; il suffit de se ressourcer en Dieu qui est amour et de répandre l’amour autour de nous. Dieu et Amour désignent une seule et même réalité. Quand nous aimons, nous faisons l’expérience de la connaissance de Dieu.
Tout le sens des écrits de Jean est là : Dieu nous a envoyé son fils Jésus non pas pour nous juger ou nous vouer à la perdition, mais pour nous sauver. Il nous faut désormais relire l’ensemble de l’histoire de l’humanité à la lumière de cette vérité.

«Béni son nom très saint, tout mon être !»

PSAUME 102 ( 103)

1 Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
2 Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n'oublie aucun de ses bienfaits !

11 Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint :
12 aussi loin qu'est l'Orient de l'Occident,
il met loin de nous nos péchés.

17 Le Seigneur a son trône dans les cieux :
sa royauté s'étend sur l'univers.
22 Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez-le,
sur toute l'étendue de son empire
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La preuve de la présence de l'Esprit Saint sur quelqu'un, c'est lorsqu'il est dans l'action de grâce. C’est ce que nous avons lu dimanche dernier dans l’épisode de la visite de Pierre chez Corneille, le centurion de l’armée romaine. Souvenons-nous : juifs et païens prononçaient des paroles mystérieuses et chantaient la gloire de Dieu.

Le psaume 102 (103) qui nous est proposé en méditation va bien dans le sens de la louange et de l’action de grâce pour l’Alliance, signe de la présence de l’Esprit Saint: «Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits!», lit-on dans la toute première strophe. Le Nom du Seigneur, c’est sa Personne même.

Véritable invitation à la louange des serviteurs de Dieu sur terre, ce psaume est également l’est également pour toutes les puissances du ciel, visibles et invisibles, ainsi que pour toute la création. Mais le compositeur de ce psaume (le peuple d’Israël) insiste sur le caractère aimant de Dieu, sa miséricorde infinie. C’est donc un appel à la confiance, un appel à la lumière et la vérité qui naissent du Levant et qui orientent notre vie ; c’est aussi une mise en garde pour nous éloigner du Couchant, c'est-à-dire de la décrépitude et du monde de l’obscurité. Oui, nous sommes des fils de lumière et non de ténèbres. Ceux qui sont dans les ténèbres ne peuvent louer Dieu. Seuls les vivants peuvent dire sa louange. Le psalmiste le dit ailleurs, dans le psaume 115 (113 B): «Ce ne sont pas les morts qui louent Yavhé, ni tous ceux qui descendent au Silence ; mais nous, les vivants, nous bénissons Yavhé dès maintenant et à jamais» (17-18). Rendons donc gloire à Dieu dont le pardon pour son peuple est sans cesse renouvelé et croyons en Dieu qui aime infiniment.

«Avec nous, témoin de sa résurrection.»

Chers frères, bonjour !

Jeudi dernier, nous avons fêté l'ascension du Christ dans le ciel. Ce qui fut un fait historique établi pour les compagnons du Christ est pour nous, aujourd'hui, une profonde expérience de la foi. En se séparant de ses disciples, Jésus n'a pas disparu, puisqu'il est ressuscité d'entre les morts, et donc vivant à jamais. Il ne s'est pas non plus rendu invisible ou inaccessible. Bien au contraire, par l'ascension dans le ciel, Jésus a accompli la manifestation de sa divinité dans Jésus-Homme, il nous indique par là-même la glorification à laquelle nous sommes appelés à prendre part par la communion eucharistique et l'annonce de sa parole autour de nous et jusqu'aux confins de la terre. Jésus s'élève dans les cieux, mais il est présent en nous et au milieu de nous par la force de son Esprit qu'il nous promet en abondance.
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Voici les références bibliques des Lectures de ce dimanche 24 mai 2009 :
• Les Actes des Apôtres - 1. 15 à 26 : «Avec nous, témoin de sa résurrection.»
• Psaume 102 : «Béni son nom très saint, tout mon être !»
• Lettre de saint Jean - 1 Jean 4. 11 à 16 : «Son amour atteint en nous sa perfection ».
• Evangile selon saint Jean - 17. 11 à 19 : «Qu’ils soient consacrés en vérité.»
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PREMIERE LECTURE - Actes 1, 15 - 26

15 En ces jours-là,
les frères étaient réunis au nombre d'environ cent vingt.
Pierre se leva au milieu de l'assemblée et dit :
16 « Frères, il fallait que l'Ecriture s'accomplisse :
Par la bouche de David,
l'Esprit Saint avait d'avance parlé de Judas,
qui en est venu à servir de guide
aux gens qui ont arrêté Jésus,
ce Judas qui pourtant était l'un de nous
et avait reçu sa part de notre ministère.
20 Il est écrit au livre des Psaumes :
Que sa charge passe à un autre.
Voici ce qu'il faut faire :
il y a des hommes qui nous ont accompagnés
durant tout le temps où le Seigneur Jésus
a vécu parmi nous,
depuis son baptême par Jean
jusqu'au jour où il nous a été enlevé.
Il faut donc que l'un d'entre eux devienne avec nous
témoin de sa résurrection. »
21 On en présenta deux :
Joseph Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias.
22 Puis l'assemblée fit cette prière :
« Toi, Seigneur, qui connais le cœur de tous les hommes,
montre-nous lequel des deux tu as choisi
pour prendre place dans le ministère des Apôtres,
que Judas a déserté
en partant vers son destin. »
On tira au sort, et le sort tomba sur Matthias,
qui fut dès lors associé aux onze Apôtres
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Nous sommes dans les jours qui ont suivi la résurredction de Jésus, son ascension dans le ciel et la Pentecôte à venir. Pierre, à qui le Seigneur avait remis la gouvernance de son Eglise («Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise» — «Pais mes brebis…») fait ici montre de courage et de fermeté dans la fidélité au Maître. Judas n’est plus là et il faut absolument «que sa charge passe à un autre». Alors, Pierre se lève au milieu des frères, c’est-à-dire des chrétitens, simples fidèles, et décide de choisir parmi ceux qui les «ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi [eux], depuis son baptême par Jean jusqu'au jour où il [leur] a été enlevé». Voilà qui nous renseigne sur le périmètre très large, c’est-à-dire bien au-delà des douze apôtres, des disciples qui ont suivi Jésus durant sa vie et son ministère. De même, si Pierre juge nécessaire de compléter l’équipe, cela signifie que chacun avait des fonctions bien précises en plus de la mission commune d’évangélisation. Mais pour un choix d’une telle importance, il indique le chemin à suivre, propose les “candidats“ avec un seul critère, et s’en remet à la main de Dieu. L’assemblée, composée des cent vingt personnes environ, prie pour choisir avec discernement parmi ceux qui ont été témoins de la résurrection du Christ [«vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » (Ac 1, 8) ] : ce ne sont donc pas les hommes qui choisissent, mais Dieu lui-même symbolisé ici par le sort, le destin, autrement dit la toute puissance de son Esprit saint. Sans querelles ni disputes, Matthias est associé aux onze apôtres.

Nous le voyons, il n’est pas question d’auto-proclamation, de despotisme dans la gouvernance de l’Eglise du Seigneur. C’est Dieu lui-même qui nous appelle à le suivre. Et nous pouvons, comme Judas, faire partie de ses très proches collaborateurs (partager avec lui le dernier repas, celui de la Nouvelle Alliance) et pourtant rester libres de nos engagements. Judas a trahi son Maître, cest aussi le signe manifeste de la liberté dont jouit pleinement toute personne qui accepte l’appel du Seigneur à aller travailler à sa moisson.
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• Pour élargir la compréhension de cet extrait, il n’est pas sans intérêt de croiser la lecture avec celle des textes ci-après référencés : Ps 41, 10 — Jn 13, 18 — Lc 16, 15 & 22, 47 — Mt 27, 3-10 — Sg 4, 19 — Ps 109, 8 — Jr 11, 20 — Ap 2, 23

16/05/2009

… c'est moi qui vous ai choisis et établis… (Jn 15, 16)

Chers amis, bonjour !
Les paroles que prononce Jésus avant son ascension dans le ciel constituent à la fois une déclaration d’identité et un testament. Jésus nous révèle "qui il est en vérité" et nous laisse entrevoir ce qui nous attend déjà ici bas et que nous vivrons en plénitude si nous gardons et mettons en pratique son commandement. L'Evangile de Jésus-Christ en ce sixième dimanche de Pâques est extrait de Jean (Jn 15, 9-17):
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15

09i À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
10 Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j'ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
11 Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie.
12 Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
13 Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
14 Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.
15 Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître.
16 Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l'accordera.
17 Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.
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Une déclaration d’identité
Durant sa vie au milieu des siens, Jésus s’est rendu compte d’une chose : ils ne connaissaient pas Dieu en vérité, et c'est la raison pour laquelle ils ne l’ont pas naturellement reconnu comme Celui qui devait venir. Dans l’ancien Testament, les juifs ont toujours assimilé le Seigneur Yavhé à un justicier, un père «fouettard», alors que chacune de leurs infidélités avait toujours été dépassée par sa tendresse, sa pitié et sa grande miséricorde. Oui, après chaque désastre (calamité naturelle, assujettissement, invasion, guerre, etc.) tous les prophètes (par. ex. Is 35, 10 sq ; 65, 18-19) ont rappelé le peuple à la promesse du Seigneur Dieu: joie, exultation, enthousiasme (“En Théous“ = en Dieu). Jérusalem est désormais le symbole de cette présence joyeuse et permanente de Dieu au milieu des hommes, car elle est ville de la Paix: «Jérusalem oublie tes larmes, et vous tous qui l’aimez, consolez-vous dans sa tendresse…».
La Nouvelle alliance que Dieu a scellée avec les hommes à travers son Fils est donc celle de la joie: plus de pleurs, plus de crainte, car Dieu est là qui aime son peuple. Cet amour et cette joie, il nous les manifeste par son Fils qui a vécu au milieu de nous jusqu'à sacrifier sa vie pour le pardon de nos péchés. Les anges avaient annoncé la joie aux bergers, c’est cette même joie reçue de Dieu que les apôtres portent à leur tour aux communautés qu’ils rencontrent dans leurs voyages d'évangélisation, aux païens et aux croyants, aux esclaves et aux affranchis, aux juifs et aux chrétiens… Ils ne l’annoncent pas seulement avec des mots (1 Jn 1, 4), ils la vivent avec les membres des communautés (2 Jn 12). Jésus décline sa véritable identité: il se définit comme un Dieu de joie; en lui exulteront tous les peuples de la terre.

Un testament
Jésus est on ne peut plus clair. Il nous laisse deux repères fondamentaux dans notre relation à Lui et son Père :
- Avec le “Notre Père“, il nous a appris à parler à Dieu comme à un père, particulièrement en nous rendant disponibles et disposés à faire sa volonté ;
- C’est Dieu qui nous choisis et nous établis en sa présence pour vivre la plénitude de son amour. Mais cela ne nous est possible que si nous restons fidèles à sa Parole et mettons en pratique son commandement: «… Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.» (17). Ceux qui aiment ne peuvent semer que de la joie car ils sont sûrs de la Parole du Seigneur. A cela on reconnaîtra les vrais apôtres et prophètes. Rappelons-nous le verdict du Maître au serviteur fidèle: «C'est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t'établirai ; entre dans la joie de ton Maître» (Mt 25, 21).
Qui n’aime pas en Dieu ne peut espérer entrer dans son Royaume. La révélation de Dieu Amour est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Il n’est plus permis d’établir une autre identité de Dieu puisqu’il s’est lui-même découvert à nous. Puis, il nous livre la clé du Royaume: l'amour, l’amour et toujours l’amour… Car telle est l’essence de Dieu depuis les origines, à travers l’odyssée de la création de l’univers et de l’homme jusqu’à aujourd’hui dans chaque instant de nos vies individuelles et collectives. C’est par amour que Dieu a créé toutes choses, c’est dans l’amour partagé avec nos frères que nous manifestons désormais sa gloire au monde, dans la joie et l’allégresse.
Voilà qui nous permet de comprendre cette affirmation de Jésus à ses disciples: "Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure".

15/05/2009

Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu,
car Dieu est amour.

Première lettre de saint Jean (1Jn 4, 7-10)

4
07 Mes bien-aimés,
aimons-nous les uns les autres,
puisque l'amour vient de Dieu.
Tous ceux qui aiment
sont enfants de Dieu,
et ils connaissent Dieu.
08 Celui qui n'aime pas ne connaît pas Dieu,
car Dieu est amour.
09 Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde
pour que nous vivions par lui.
10 Voici à quoi se reconnaît l'amour :
ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu,
c'est lui qui nous a aimés,
et il a envoyé son Fils
qui est la victime offerte pour nos péchés.
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Jean nous ramène ici à l’essentiel du message et de la réalité même de Dieu: l’Amour. Puisqu’en effet Dieu est amour, alors tout ce qui procède de l’Amour vient de Dieu. La connaissance de Dieu ne peut donc plus être simple rhétorique, elle doit être inscrite dans des actes d’amour. Et là où il y a de l’amour, là est Dieu. Jean invite aussi les croyants à rechercher et relever toute parcelle d’amour dans la vie de nos frères. Il nous encourage à voir et reconnaître la présence de Dieu au milieu des hommes à travers tous nos gestes de solidarité, de tolérance, d’accueil de l’étranger… C’est ainsi que nous sommes le visage, le corps du Christ ressuscité.

" Dieu ne fait pas de différence entre les hommes."

Chers amis, bonjour !

Voici les références des lectures bibliques que la liturgie nos propose en ce sixième dimanche de Pâques:
- Lecture des Actes desApôtres [10. 25 à 48]: «Les païens avaient reçu à profusion le don de l'Esprit-Saint.»
- Psaume 97: «La terre toute entière a vu la victoire de notre Dieu.»
- Lettre de saint Jean[1 Jean 4 7 à 10]: «Dieu est amour ... il a envoyé son Fils dans le monde pour que nous vivions par Lui.»
- Evangile selon saint Jean[Jean 15. 9 à 17]: «C'est moi qui vous ai choisis.»
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Livre des Actes des Apôtres [Ac 10, 25-26.34-35.44-48]

10

25i Quand Pierre arriva à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et se jetant à ses pieds, il se prosterna.
26 Mais Pierre le releva et lui dit: «Reste debout. Je ne suis qu'un homme, moi aussi.»
34 Alors Pierre prit la parole: «En vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ;
35 mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste.
44 Pierre parlait encore quand l'Esprit Saint s'empara de tous ceux qui écoutaient la Parole.
45 Tous les croyants qui accompagnaient Pierre furent stupéfaits, eux qui étaient Juifs, de voir que même les païens avaient reçu à profusion le don de l'Esprit Saint.
46 Car on les entendait dire des paroles mystérieuses et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors :
47 «Pourrait-on refuser l'eau du baptême à ces gens qui ont reçu l'Esprit Saint tout comme nous ?»
48 Et il donna l'ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.
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La première phrase de cet extrait des Actes des Apôtres résonne avec une force qui réveille nos consciences endormies. Nous sommes dans les tout débuts de la construction et du rayonnement de l’Eglise de Jésus-Christ. De Jérusalem, elle gagne pas à pas les contrées voisines et lointaines. Mais rappelons-nous la puissance de l’occupant romain, celui-là même dont certains juifs espéraient être affranchis par le fameux Messie «politique». Non ! c’est la Parole de Jésus le Nazaréen que l’on annonce partout, chez les juifs comme chez les grecs, chez les croyants comme chez les païens.
Et justement, Pierre arrive à Césarée, chez Corneille le centurion de l’armée occupante. Tout les oppose : l’un est juif et apôtre de Jésus, celui qui a été condamné par Pilate et crucifié à mort ; l’autre est païen et romain, cacique du pouvoir politico-administratif. Ce dernier a eu écho des miracles qu’accomplissent les disciples de Jésus, c’est donc par un effort colossal qu’il va au devant de Pierre pour lui demander de l’aide. Mais, pour Pierre, le moment est également crucial. En effet, alors que le peuple choisi par Dieu avait jusqu’ici vécu en repli, en fermeture aux autres peuples, comme pour préserver l’inestimable trésor que Dieu a bâti pour les hommes au long de leur histoire tumultueuse, Jésus lui-même avait commencé à faire comprendre aux apôtres que la fidélité au Pacte sacré ne pouvait plus se vivre au passé, mais plutôt tournés vers l’avenir et ouverts aux autres. C’est ce que Pierre vient de réaliser a posteriori : «Vous savez que c'est un crime pour un Juif de fréquenter des étrangers ; mais Dieu vient de me faire comprendre que, désormais, il ne faut plus faire de différence entre les hommes…». Or, il faut noter que tout cela survient non pas par la seule force humaine de Pierre et ses compagnons : l’Esprit de Dieu est à chaque fois présent en eux, c’est lui qui œuvre dans les cœurs et dans l’intelligence des disciples et qui les mène «vers la vérité tout entière».
Enfin, Pierre lance ici ce que l’on peut appeler «la levée des frontières, de toutes les frontières», y compris les plus insoupçonnées. C’est le Christ ressuscité qui l’exige : la promesse du salut a été faite aux hommes de toute culture et de toute race, au monde entier, aux frères et aux ennemis, aux hommes de bien comme à ceux qui se nourrissent des forces du mal: « … car Dieu lui-même ne fait pas de différence entre les hommes».
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C’est cette certitude de l’universalité de l’amour de Dieu pour les hommes qui structure la composition même du psaume 97 ci-après. La puissance du Seigneur est telle qu’elle ne peut que rayonner et se révéler aux nations. Puissance de son amour, puissance de sa justice. Le peuple d’Israël est désormais appelé à porter l’humanité entière, c’est la Nouvelle Alliance que Dieu a scellée avec les hommes.

Psaume (97, 1, 2-3ab, 3cd-4a.6b)

01 Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

02 Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
3a il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
3b en faveur de la maison d'Israël ;

3c la terre tout entière a vu
3d la victoire de notre Dieu.
4a Acclamez le Seigneur, terre entière,
6b acclamez votre roi, le Seigneur !

09/05/2009

L’image de la vigne

Supplément à notre commentaire de l'Evangile (Jean 15, 1-8) de ce cinquième dimanche de Pâques.

Pour nourrir notre méditation de ce texte de Saint Jean, quelques indications :
- Dans les quatre évangiles, chaque fois que Jésus parle de la vigne, il l’emploie comme parabole du Royaume des cieux, faisant du fruit même de cette vigne l’Eucharistie de la nouvelle Alliance.
- Il se proclame lui-même comme le Cep, c’est-à-dire le tronc de cette vigne dont nous sommes les sarments et dont les fruits seront de bonne qualité et à la mesure de l’attente du Vigneron, son Père et notre Père.
- Le meilleur fruit que le Père attend de sa vigne, c’est la sainteté d’une vie nourrie de la Parole de son Fils, de la fidélité au premier et plus grand de ses commandements : l’amour.
- Donner du fruit, du bon fruit, c’est pour tout chrétien, participer à la manifestation de la gloire du Père. C’est bien ainsi que nous témoignons de notre notre nouvelle filiation : si nous demeurons en Christ, lui demeure en nous et nous serons la demeure de son Père. De la sorte, en restant fidèle à Jésus et à son enseignement, en le vivant à travers des œuvres concrètes, nous participons à la joie messianique, celle de fils de Dieu.

Telle est la merveille que Dieu lui-même réserve à ceux qui s’engagent à être ses disciples. Mais la vraie vigne, celle que l’on ne jettera pas au feu et qu’on ne foulera pas aux pieds (voir Ez. 15, 1-8), c’est le véritable Israël, le peuple né de la nouvelle Alliance parce que fruit du travail de Dieu lui-même parmi les hommes. C’est aussi l’Eglise du Seigneur, notre Eglise dont il est le Corps, et nous les membres.

"Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments (Jn 15, 5)

Evangile de Jean 15, 1 - 8

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
il disait à ses disciples :
1 « Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
2 Tout sarment qui est en moi,
et qui ne porte pas de fruit,
mon Père l'enlève ;
tout sarment qui donne du fruit,
il le nettoie,
pour qu'il en donne davantage.
3 Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite :
4 Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment ne peut pas
porter du fruit par lui-même
s'il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.
5 Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là donne beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
6 Si quelqu'un ne demeure pas en moi,
il est comme un sarment qu'on a jeté dehors,
et qui se dessèche.
Les sarments secs,
on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.
7 Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voudrez,
et vous l'obtiendrez.
8 Ce qui fait la gloire de mon Père,
c'est que vous donniez beaucoup de fruit :
ainsi, vous serez pour moi des disciples.
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Ce texte qui est, par certains côtés, un véritable hymne eucharistique, caractérise de manière explicite et en substance cette Nouvelle Alliance que les prophètes n’ont cessé d’annoncer à travers l'image du Messie, certes! mais aussi celle de la vigne (Isaïe Is 5, 1 - 7 et 27, 2 ... 6) et que dieu a scellée en Jésus, son Fils bien-aimé. Les diverses infidélités du peuple d’Israël au cours de l’histoire n’ont jamais entamé la miséricorde de Dieu. Et quand bien même certains chefs ont induit son peuple en erreur, quand bien même il l’ait puni, parfois rudement. Le peuple se souvient des colères de Yavhé… Mais la venue de Jésus au cœur de l’histoire des hommes est une nouvelle donne qui change tout: «… Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire» (5). Cette image de la vigne est importante à plus d’un titre.

Tout d’abord, si Jésus est la vigne et nous les serments, cela signifie que Dieu lui-même est le propriétaire de cette vigne. Il en prend grand soin et ne laisse plus les passants et les gouvernants mal intentionnés la fouler aux pieds, la dégrader, la tuer. Dieu est garant de la longévité et de la qualité non seulement de sa vigne mais aussi des raisins et du vin qu’elle produit.
Le prophète Jérémie en avait déjà Dieu pour la réalisation de cette nouvelle alliance: «Voici venir des jours, oracle du Seigneur, où je concluerai avec la maison d’Israël une alliance nouvelle… Je leur pardonnerai toutes leurs fautes et ne me souviendrai plus de leurs péchés… Je serai leur Dieu et eux seront mon peuple…». Mais si le peuple d’Israël transgressait jusque-là chaque alliance scellée avec Dieu, c’est bien parce qu’il ne connaissait pas Dieu. Connaître Dieu consiste à méditer sa Parole et à la mettre en pratique. Nous connaissons Dieu grâce à la Parole que son fils nous a annoncée. Oui, en restant entés au Christ, sa Parole nous sourit désormais telle une sève vivifiante: «Qui nous séparera de l’amour du Christ? La tristesse? l’angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le glaive?», clamait Paul face aux menaces et tribulations dont les premiers chrétiens faisaient l’objet. Puisque désormais nous connaissons le Père à travers les enseignements de son Fils, alors Jean nous exhorte à rester unis à Christ. Lui seul est le chemin qui mène à la rencontre du Père. Hors du Christ, plus de vie et point de salut…

… Aimer « non pas avec des paroles et des discours,
mais par des actes et en vérité »

La seconde lecture de ce cinquième dimanche est extraite de la première Lettre de Saint Jean. (1 Jean 3, 18 - 24).

18 Mes enfants,
nous devons aimer :
non pas avec des paroles et des discours,
mais par des actes et en vérité.
19 En agissant ainsi,
nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité,
et devant Dieu nous aurons le cœur en paix ;
20 notre cœur aurait beau nous accuser
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses.
21 Mes bien-aimés,
si notre cœur ne nous accuse pas,
nous nous tenons avec assurance devant Dieu,
22 et tout ce que nous lui demandons,
il nous l'accorde,
parce que nous sommes fidèles à ses commandements,
et que nous faisons ce qui lui plaît.
23 Or, voici son commandement :
avoir foi en son Fils Jésus Christ,
et nous aimer les uns les autres
comme il nous l'a commandé.
24 Et celui qui est fidèle à ses commandements
demeure en Dieu,
et Dieu en lui ;
et nous reconnaissons qu'il demeure en nous,
puisqu'il nous a donné son Esprit.
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Deux mots retiennent mon attention dans ce texte de Jean : amour et vérité. Dans l’Ancien Testament, la vérité est opposée au mal, à l’injustice; elle est liée à la vie morale mise en conformité avec la volonté et la fidélité divines ("… que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel…"). En cela, la vérité, c’est-à-dire la foi, est indissociable de l’amour. C'est tout le sens de la prière que Jésus lui-même nous a enseignée. Faire le bien, pardonner… Croire et aimer sont les deux faces d’une seule et même pièce : ceux qui croient et aiment «marchent» dans la vérité; ils ne «font pas le mal» mais «font la vérité». Nous le voyons, Jean ancre la foi chrétienne dans l’agir aimant: toutes nos œuvres ne doivent rechercher que la manifestation de cet amour dont Christ lui-même a été l’exemple parfait.
Quelle que soit notre religion, nous serons jugés sur nos œuvres d’amour envers nos frères. C'est donc à l'amour des frères que toute religion doit s'employer à exhorter ses fidèles, sans relâche et sans concession. Nul ne peut se réclamer de Dieu en dehors et contre l'amour. Parce que Dieu lui-même est amour. "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés", tel est le commandement-clé que le Christ ressuscité nous a laissé. Mais qu'est-ce donc que l'agir aimant? Il ne s’agit pas d’actes extraordinaires ou inimitables. Non ! il s’agit de vivre sa foi et de la manifester par des actes simples et humbles, par la pratique de ce que Paul a maintes fois rappelé: la charité.

Annoncer le Seigneur aux générations futures
et sans cesse lui rendre grâce…

Cette crainte du Seigneur se traduit par l’action de grâce que lui fait son peuple, en dépit de toutes les souffrances passées et à venir. C’est d’ailleurs tout le sens du psaume 21 (22) qui nous est proposé en méditation. Petit rappel: retour d’exil, le Temple a été saccagé et détruit, le peuple d’Israël est l’objet de moqueries, de railleries. «Où est donc votre Dieu?», ironisent les "insensés", c'est-à-dire ceux qui ne partagent pas la même foi en ce Dieu miséricordieux, parfois distant mais si proche… Et pourtant, de retour d’exil, l’espérance a survécu et la promesse de Dieu a été soigneusement gardée dans la mémoire de tout le peuple. Et puisque,en effet, dieu lui-même a promis d’habiter le Temple, le peuple l’accueille d’abord dans ses cantiques d’action de grâce. Historiquement, Dieu avait suscité en Moïse la force et le courage pour libérer son peuple des griffes du Pharaon en Egypte, ici il suscite en Cyrus les mêmes qualités pour le sortir de Babylone. Et tout cela, par sa seule grâce, par son seul amour.
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PSAUME 21 ( 22 ), 26... 32

26 Tu seras ma louange dans la grande assemblée ;
devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent.

28 La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
29 « Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »

31 Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
32 On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre !

Jésus : la meilleure assurance tous risques !

Bonjour!
Nous sommes au cinquième dimanche de Pâques. Avec l'entrée en ministère de Paul, l'équipe des Apôtres s'agrandit. Tous parlent sous la gouverne de L'Esprit Saint de Dieu qui leur donne de l'assurance tant dans la force de la Parole qu'ils annoncent que dans la solidité de leur espérance et de leur fidélité au Christ ressuscité.
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PREMIERE LECTURE - Actes des Apôtres 9, 26 - 31

Après sa conversion,
26 Paul vint à Jérusalem.
Il cherchait à entrer dans le groupe des disciples,
mais tous avaient peur de lui,
car ils ne pouvaient pas croire
que lui aussi était un disciple du Christ.
27 Alors Barnabé le prit avec lui
et le présenta aux Apôtres ;
il leur raconta ce qui s'était passé :
sur la route, Paul avait vu le Seigneur,
qui lui avait parlé ;
à Damas, il avait prêché avec assurance
au nom de Jésus.
28 Dès lors, Paul allait et venait dans Jérusalem avec les apôtres,
prêchant avec assurance au nom du Seigneur.
29 Il parlait aux Juifs de langue grecque,
et discutait avec eux.
Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer.
30 Les frères l'apprirent ;
alors ils l'accompagnèrent jusqu'à Césarée,
et le firent partir pour Tarse.
31 L'Eglise était en paix
dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie.
Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ;
elle se multipliait avec l'assistance de l'Esprit Saint.
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Jusqu’ici la liturgie nous a proposé des textes qui relataien la vie des jeunes communautés chrétiennes autour des deux «têtes d’affiche» que sont Pierre et Jean. Avec le texte de ce cinquième dimanche s’ouvre une ère nouvelle : Paul (Saül) de Tarse, l’ennemi public des chrétiens qu’il n’a cessé de persécuter a été foudroyé par la lumière du Christ qui l’a choisi pour grossier le nombre de ceux qui chargés de porter sa parole au-delà de Jérusalem. Alors qu’il se présente à eux, devant la méfiance (justifiée) des autres apôtres, c’est Barnabé qui lui sert de caution morale. Rappelons-nous que Barnabé faisait partie de ceux qui avaient vendu leurs biens (terres et argent) pour venir en aide aux premières communautés ; il était donc un homme respecté et crédible. Mais il y a deux phrases importantes dans ce texte.
• La première: «Paul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé ; à Damas, il avait prêché avec assurance au nom de Jésus» (27). L’annonce de la Parole n’est pas une entreprise humaine. C’est avec l’assistance de l’Esprit Saint que Paul prêche avec assurance. En effet, puisque c’est Jésus qui l’a choisi sur le chemin de Damas, c’est Jésus lui-même qui lui donne force et assurance pour aller annoncer la Bonne Nouvelle jusque dans les contrées les plus hostiles. Juif converti au christianisme, c’est avec la force de l’Esprit Saint de Dieu que Paul affronte ses frères de race, les prêtres et les gouvernants qui lui en voudront à mort.
• La seconde phrase: «Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l'assistance de l'Esprit Saint» (31). Lorsqu’elle reconnaît la présence de l’Esprit Saint et qu’elle se laisse habiter par lui, l’Eglise grandit et avance en dépit de toutes les tribulations, de toutes les persécutions. Et cette crainte qui régnait dans les cœurs des premiers chrétiens est à remettre aujourd’hui dans nos cœurs et dans le cœur de nos communautés, car elle le signe manifeste de notre confiance en Christ qui nous aime et nous protège. L’exhortation de Jean Paul II (paraphrasant Jésus face aux apôtres pris dans la tempête sur le lac de Tibériade) révèle ici tout son sens: «n’ayez pas peur». Et cela, il est de notre devoir d’en convaincre tous ceux qui se convertissent, tous ceux qui rejoignent notre grande famille, l’Eglise du Seigneur.

01/05/2009

« Oui, il est notre Dieu,
nous sommes le peuple qu'il conduit,
le troupeau guidé par sa main » (Ps 94/95)

Bonjour !
L'Evangile de ce quatrième dimanche de Pâques est extrait de
Jean 10 , 11 - 18:

Jésus disait aux Juifs :
11 « Je suis le bon pasteur (le vrai berger).
Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis.
12 Le berger mercenaire, lui, n'est pas le pasteur,
car les brebis ne lui appartiennent pas :
s'il voit venir le loup,
il abandonne les brebis et s'enfuit ;
le loup s'en empare et les disperse.
13 Ce berger n'est qu'un mercenaire,
et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
14 Moi, je suis le bon pasteur ;
je connais mes brebis,
et mes brebis me connaissent,
15 comme le Père me connaît,
et que je connais le Père ;
et je donne ma vie pour mes brebis.
16 J'ai encore d'autres brebis,
qui ne sont pas de cette bergerie :
celles-là aussi, il faut que je les conduise.
Elles écouteront ma voix :
il y aura un seul troupeau
et un seul pasteur.
17 Le Père m'aime
parce que je donne ma vie,
pour la reprendre ensuite.
18 Personne n'a pu me l'enlever :
je la donne de moi-même.
J'ai le pouvoir de la donner,
et le pouvoir de la reprendre :
voilà le commandement que j'ai reçu de mon Père. »
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Les brebis écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur (16)… Ce thème du Bon pasteur est présent dans les Ecritures depuis Abraham. Rappelons-nous que nous sommes dans des contrées d'économie en grande partie pastorale; un troupeau de brebis représente une richesse sure et l'on comprend bien pourquoi cette image du Pasteur trouve écho auprès de ceux qui écoutent Jésus. Non seulement elle renvoie à une réalité concrète, mais elle a servi également pour annoncer (par la voix des prophètes) la figure du Christ Sauveur de son peuple.
"Je suis la porte" (9), dit Jésus et donc tous ceux qui se sont présentés à vous comme des pasteurs sont des voleurs, des imposteurs qui s'enfuient à la première incartade; ils ne connaissent pas leurs brebis, ils n'en connaissent pas la valeur. Celui qui n'entre pas par la porte ne peut pas se targuer de régir légitimement le troupeau. A ceux qui sont dans l'enclos et qu'il protège, Jésus donne la vie éternelle avec magnificence. En se déclarant donc comme le bon Pasteur, Jésus exprime sa revendication messianique. Autrement dit, il se pose comme le Messie, le bon Pasteur annoncé jadis par les prophètes (voir Is 49, 9-10; Ez 34, 1; 34, 14; 34, 3-8; Jr 23, 1s; 23, 3; Za 11, 17).
Le vrai pasteur connaît ses brebis: il les appelle par leur nom et elles répondent à sa voix qu'elles reconnaissent. Il ne s'agit pas ici d'une connaissance qui procèderait de l'intellect mais plutôt d'une présence au milieu de ses brebis. Une connaissance qui s'épanouit naturellement en amour, jusqu'à donner sa vie pour les sauver. Oui, les brebis écouteront la voix de Jésus le bon Pasteur qui les mènera à la vie éternelle.


… il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés !

Bonjour !
Pour le quatrième dimanche de Pâques, voici la Deuxième Lecture - 1 Jean 3, 1 - 2

Mes bien-aimés,
1 voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés :
il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu,
- et nous le sommes -.
Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître :
puisqu'il n'a pas découvert Dieu.
2 Bien-aimés,
dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement.
Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra,
nous serons semblables à lui
parce que nous le verrons tel qu'il est.
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Le «monde», une réalité ambigüe: lieu de souffrance, de persécution et d’hostilité, fermé à la parole de Dieu, mais aussi lieu d’accomplissement et de salut (c’est-à-dire de la connaissance du vrai visage de Dieu) dans lequel a vécu le Christ pour le sauver par amour: «Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils Unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.» (Jn 3, 16). Ce thème est d’ailleurs longuement développé par l’Apôtre (voir Jn 15, 21 ; 16, 3 et 17, 25… entre autres). Devant Pilate, Jésus affirmera: «Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité» (Jn 18, 37). Or, c’est lui-même La vérité et, à travers lui, le Père et son Esprit de feu. Et, alors que «le monde ne l'a pas reconnu» (Jn 1, 10), Lui Dieu a tenu sa promesse du salut jusqu’au sacrifice suprême.
Mais, paradoxe, avant de passer de ce monde à son Père, Jésus met en garde ses disciples: «Désormais je ne suis plus dans le monde... ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde...» (Jn 17, 11 - 18)… Pour dire en fait que n’étant plus physiquement au milieu de vous, il vous faudra beaucoup de courage pour témoigner, pour annoncer ma Parole. C’est pourquoi l’Esprit Saint couvera de ses sept dons ceux qui accepteront d’annoncer la Bonne Nouvelle: «A ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu» (Jn 1, 12 ). Telle est l’actualité de notre espérance au-delà des souffrances du temps présent (Rm 8, 19 - 21).

… un dieu juste et qui sauve,
il n'en est pas, excepté moi » (Is 45, 21).

Bonjour !
Nous voici au quatrième dimanche de Pâques. Les textes que la liturgie nous propose en ce jour insistent sur l'ancrage du Christ ressuscité au cœur du peuple de nouvelle alliance. Lui, «la pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle ; c'est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux.»
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PREMIERE LECTURE - Actes des Apôtres 4, 8 - 12

Convoqué devant le grand conseil d'Israël,
8 Pierre, rempli de l'Esprit Saint, déclara :
« Chefs du peuple et anciens,
9 nous sommes interrogés aujourd'hui
pour avoir fait du bien à un infirme,
et on nous demande comment cet homme a été sauvé.
10 Sachez-le donc, vous tous,
ainsi que tout le peuple d'Israël :
c'est grâce au nom de Jésus le Nazaréen,
crucifié par vous,
ressuscité par Dieu,
c'est grâce à lui que cet homme
se trouve là devant vous, guéri.
11 Ce Jésus, il est la pierre
que vous aviez rejetée, vous les bâtisseurs,
et il est devenu la pierre d'angle.
12 En dehors de lui, il n'y a pas de salut.
Et son nom, donné aux hommes,
est le seul
qui puisse nous sauver. »

Il est bon de reconstruire le contexte dans lequel se déroulent les évènements mentionnés dans le texte ci-dessus : Il y a peu de temps, les juifs ont condamné et crucifié à mort Jésus le nazaréen. Ce dernier est ressuscité le troisième jour et les faits sont avérés. Tout le monde en parle. Les Apôtres ont reçu mission de garder la Parole du Christ, le Seigneur, et surtout de l’énoncer à tous les peuples par toute la terre. Le peuple juif qui attendait un messie libérateur ne l’a pas reconnu en la personne de Jésus. Cette erreur historique lui est reprochée par Pierre qui s’emploie à ramener le peuple juif à la vérité. Bien sûr, cela n’est pas du goût du Sanhédrin qui ne veut surtout pas que Pierre et ses compagnons continuent d’instruire le peuple de la Parole de Jésus, de le convertir, de faire des miracles par la seule invocation de son nom. Alors, les juges font arrêter Pierre et ses amis pour les obliger à se renier publiquement. Peine perdue !
Pierre parle sous la gouverne de l’Esprit Saint, et ce qu’il dit publiquement est proprement scandaleux aux yeux des grands prêtres. Il affirme et annonce que Jésus est Dieu et que «Son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver». Mais que faire de Pierre, ce type si peu instruit mais qui vient de faire marcher un home infirme depuis une quarantaine d’années et tout le monde connaissait ? En effet, n'a-t-il pas dit à l'infirme: «de l'or ou de l'argent, je n'en ai pas ; mais ce que j'ai, je te le donne : au Nom de Jésus Christ le Nazôréen, marche!» (Ac 3, 6)? L’embarras est immense. Oui, c’est par ce nom que nous sommes faits «chrétiens», c’est-à-dire des «Christ» à notre tour. Cette nouvelle filiation, gage de la bienveillance de Dieu pour les hommes, nous oblige à vivre comme de véritables témoins du ressuscité et surtout d’annoncer sa Parole. Quel bel héritage et quelle merveilleuse mission que nous recevons là du Christ: «Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre».
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PSAUME 117 ( 118 )

1 Rendez grâce au Seigneur : il est bon !
Eternel est son amour !
4 Qu'ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Eternel est son amour !

8 Mieux vaut s'appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les hommes ;
9 mieux vaut s'appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les puissants !

22 La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle ;
23 c'est là l'œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

28 Tu es mon Dieu, je te rends grâce,
mon Dieu, je t'exalte !
29 Rendez grâce au Seigneur : il est bon !
Eternel est son amour !