19/05/2013

« Le Paraclet, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit.»


Dimanche 19 mai 2013

« En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères, le nombre des personnes réunies étant d'environ cent vingt. » (Actes 1, 15) — « Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes. » (Actes 2, 41)




Le Pape François sur la Place Saint-Pierre à Rome,
tenant dans sa main une colombe


Chers amis, bonjour !

Oui, c’est Pentecôte aujourd’hui, et bonne fête à vous tous ! En ce jour où nous célébrons la venue de l’Esprit Saint dans nos vies pour nous soutenir et nous révéler ce que nous ne savons ou ne pouvons comprendre par nos seules forces, quoi de plus normal que de faire montre d’universalité. En effet, Dieu, le même et l’Unique, se manifeste à tous les hommes de toutes nations et cultures. Pentecôte, c’est le triomphe de la diversité, c’est la confirmation de notre statut d’enfants et d’héritiers de Dieu grâce à Jésus Christ. D’emblée, je voudrais partager avec vous cette courte prière universelle proposée par la liturgie des heures en ce jour de fête…


Renouvelle, Seigneur, la face de la terre !
Ô Christ, glorifié à la droite de Dieu, tu as répandu sur tes disciples l’Esprit Saint reçu du Père :
       — envoie ton Esprit : qu’il crée un monde nouveau.
Ô Christ, par ton souffle, tu as donné l’Esprit à tes Apôtres pour qu’ils aient le pouvoir de remettre les péchés :
       — envoie ton Esprit : qu’il efface nos fautes.
Ô Christ, tu as promis que l’Esprit nous enseignerait toute chose et nous rappellerait ce que tu avais dit toi-même :
       — envoie ton Esprit : qu’il éclaire notre foi.
Ô Christ, tu as promis d’envoyer l’Esprit de vérité pour qu’il rende témoignage à ton sujet :
       — envoie ton Esprit : qu’il fasse de nous des témoins fidèles.


Première lecture - Actes des Apôtres 2, 1-11
1 Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques),
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
2 Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent :
toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
3 Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues
et qui se posa sur chacun d'eux.
4 Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d'autres langues,
et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.
5 Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents,
issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
6 Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient dans la stupéfaction
parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.
7 Déconcertés, émerveillés, ils disaient :
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
9 Parthes, Mèdes et Elamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
des bords de la mer Noire, de la province d'Asie,
10 de la Phrygie, de la Pamphylie,
de l'Egypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,
tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »
 
Psaume 103 (104), 1.24, 29-30, 31.34
1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ;
SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes œuvres, SEIGNEUR !
La terre s'emplit de tes biens.

29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle ; ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au SEIGNEUR à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses oeuvres !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR.
Deuxième lecture - Romains 8, 8 - 17
Frères,
8 sous l'emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu.
9 Or vous, vous n'êtes pas sous l'emprise de la chair,
mais sous l'emprise de l'Esprit,
puisque l'Esprit de Dieu habite en vous.
Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ
ne lui appartient pas.
10 Mais si le Christ est en vous,
votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché,
l'Esprit est votre vie,
parce que vous êtes devenus des justes.
11 Et si l'Esprit
de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts
habite en vous,
celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts
donnera aussi la vie à vos corps mortels
par son Esprit qui habite en vous.
12 Ainsi donc, frères, nous avons une dette,
mais ce n'est pas envers la chair ;
nous n'avons pas à vivre sous l'emprise de la chair.
13 Car si vous vivez sous l'emprise de la chair,
vous devez mourir ;
mais si, par l'Esprit,
vous tuez les désordres de l'homme pécheur,
vous vivrez.
14 Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu,
ceux-là sont fils de Dieu.
15 L'Esprit que vous avez reçu
ne fait pas de vous des esclaves,
des gens qui ont encore peur ;
c'est un Esprit qui fait de vous des fils ;
poussés par cet Esprit,
nous crions vers le Père en l'appelant « Abba ! »
16 C'est donc l’Esprit Saint lui-même
qui affirme à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu.
17 Puisque nous sommes ses enfants,
nous sommes aussi ses héritiers ;
héritiers de Dieu,
héritiers avec le Christ,
à condition de souffrir avec lui
pour être avec lui dans sa gloire.
Évangile - Jean 14, 15-16. 23b-26
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
il disait à ses disciples :
15 « Si vous m'aimez,
vous resterez fidèles à mes commandements.
16 Moi, je prierai le Père,
et il vous donnera un autre Défenseur
qui sera pour toujours avec vous.

23 Si quelqu'un m'aime,
il restera fidèle à ma parole ;
mon Père l'aimera,
nous viendrons chez lui,
nous irons demeurer auprès de lui.
24 Celui qui ne m'aime pas
ne restera pas fidèle à mes paroles.
Or, la parole que vous entendez
n'est pas de moi :
elle est du Père qui m'a envoyé.
25 Je vous dis tout cela
pendant que je demeure encore avec vous ;
26 mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
 


Plusieurs symboles dans ces textes :
• Tout d’abord dans le premier, il est question de la ville de Jérusalem. C’est là que Jésus institua l’Eucharistie, c’est dans cette ville qu’il souffrit sa passion, qu’il fut mis au tombeau qu’il ressuscita le troisième jour… Oui, Jérusalem, une ville chargée de symboles forts, et dans laquelle grouille un nombre incroyable de gens de toutes origines, et qui sont là résidents pour certains, travailleurs saisonniers pour d’autres, pèlerins ou touristes pour d’autres encore. Et au milieu de tout ce monde, dans une bâtisse, le cénacle, les apôtres se sont calfeutrés par crainte des représailles de la part du pouvoir romain et des persécuteurs des disciples du Christ mis à mort mais ressuscité le troisième jour. Ce Jésus est déjà apparu aux siens pour les rassurer et leur faire « toucher du doigt » la matérialité de sa résurrection : « Mets ton doigt dans mon côté », avait-il demandé à Thomas l’incrédule, avant de leur dire à tous : « Heureux qui croit sans avoir vu ! ». Or, même depuis ce jour, l’inquiétude est toujours là, mais l’espérance encore plus forte du fait de la présence parmi eux de Marie. Pourtant, Jésus leur avait fait une promesse, une belle promesse : je m’en retourne vers mon Père, mais je vous enverrai L’esprit Saint qui vous instruira de tout ce que vous n’avez pas compris… : « Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie » […] Alors, remplis de l’Esprit Saint, ils sortirent de leur « enclos » et se mirent à proclamer l’Évangile de Jésus Christ à la foule qui était là : « … chacun d'eux les entendait parler sa propre langue. »

• Souvent, Dieu s’est manifesté aux hommes sous la forme d’un Esprit. Dans le livre de l'Exode, on peut lire : « Le troisième jour, quand vint le matin, il y eut des voix, des éclairs, une nuée pesant sur la montagne et la voix d'un cor très puissant ; dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple à la rencontre de Dieu hors du camp, et ils se tinrent tout en bas de la montagne. La montagne du Sinaï n'était que fumée, parce que le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; sa fumée monta comme le feu d'une fournaise, et toute la montagne trembla violemment ... Moïse parlait et Dieu lui répondait par la voix du tonnerre ». (Ex 19, 16-19). C’est ce même souffle, Parole de feu, qui présida à la création du monde. C’est ce même Esprit que le psalmiste invoque dans les psaume 103/104 : (29) « Tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. (30) Tu envoies ton souffle ; ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre. »

• De même, on ne peut pas s’empêcher de faire ici le parallèle avec l’épisode de Babel. A l’occasion de la construction d cette fameuse tour, dont les instigateurs pensaient qu’elle devait monter jusqu’au ciel comme pour aller défier Dieu dans sa demeure, les différents ouvriers qui étaient là furent contraints de ne parler qu’une seule langue. Il leur était donc demandé de se renier dans leur identité même pour apprendre une langue qui n’avait rien d’universelle, une sorte d’esperanto sans chair, sans contenu, sans âme. Il fallait que s’effacent les différences de ces femmes et hommes et faire place nette à la langue du dominateur. Au contraire de ce monde d’exclusion, d’oppression et contrainte au reniement de soi et du véhicule de sa particularité culturelle, sa langue, le monde de la Pentecôte est l’espace d’expression de la liberté, d’exaltation de la diversité. Là où on voulait taire les différences pour l’expression d’une fausse unicité, L’Esprit Saint de Dieu manifeste l’unité de la Parole de Dieu dans plusieurs langues. Chacun entend proclamer l’Évangile de Jésus-Christ dans sa langue maternelle. C’est la vraie universalité qui est à l’œuvre ici. Dieu se manifeste comme l’Unique dans toutes les cultures, à tous les peuples. Et chacun est appelé à l’annoncer et le vire dans la richesse de sa particularité.

• C’est là même le sens de l’Église : à la fois une et universelle car c’est le même Esprit qui est à l’œuvre partout dans le monde pour achever en chacun l’œuvre de la création. Et les chrétiens que nous sommes, surtout dans le monde d’aujourd’hui submergé par les nouvelles divinités que sont les technologies, le consumérisme et le pouvoir de domination… nous sommes invités à faire œuvre de contagion.  Oui, parce que nous avons reçu l’Esprit Saint de Dieu et qu’il a incubé en nous, nous avons mission de le transmettre à tous nos frères de par le monde. Transmettre par le témoignage de nos vies « d’allumés », transmettre par la proclamation de cette Parole qui enflamme et transforme ceux qui se laissent touchés par elle.

Bien sûr, à la Pentecôte nous avons l’habitude de parler des sept dons de l’Esprit Saint que nous invoquons par le merveilleux chant du Veni Creator Spiritus. Mais en réalité, comme le rappelle Jésus lui-même dans le texte de l’Évangile de ce jour : « Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l'aimera,
nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. »
La Pentecôte, c’est donc par excellence la fête de l’amour. Dieu dont le Fils, obéissant jusqu’à la mort sur la croix, telle une victime expiatoire du péché des hommes, fait aujourd’hui don de sa présence agissante. Car son Esprit est créateur, il renouvelle ce qui est vieux et usé, il redresse ce qui est cassé, il rafraîchit ce qui est brûlant, il apaise ce qui est remuant… La Pentecôte, c’est bien la fête de l’Amour de Dieu pour les hommes.

• Enfin, on eut dire qu’avec la Pentecôte Dieu nous confirme dans notre statut d’héritiers. L’esprit Saint est le souffle qui désormais nous anime dans notre projection dans le monde, un monde difficile, cruel mais à bâtir avec ce nouveau matériau qui s’appelle « Amour ». Comme les apôtres qui sortent de leur cachette, nous sommes désormais libérés, affranchis et nous n’avons plus peur de dire au monde notre foi et de montrer dans nos vies si différentes les unes des autres comment ce même Esprit nous habite et nous transforme. C’est Paul qui nous dit dans sa Lettre aux Romains : « L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de vous des fils ». Chaque fois que nous contribuerons à réconcilier des frères, des peules qui se haïssent, c’est l’Esprit Saint de Dieu qui est à l’œuvre ; chaque fois que nous consolerons les malheureux, les opprimés, les veuves et les orphelins, c’est encore l’Esprit Saint de Dieu qui est à l’œuvre ; chaque fois que nous aurons visité et réconforté les malades, les laissés pour compte, les prisonniers… c’est encore et toujours l’Esprit Saint de Dieu qui est à l’œuvre.