22/02/2012

Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle


Chers amis, bonjour !

C'est le Mercredi des Cendres aujourd'hui. Plus qu'un simple rituel, c'est d'une interpellation qu'il s'agit. En effet, Jésus en personne nous invite à la conversion. Nous avons rompu volontairement ou par omission le Pacte d'Alliance que Dieu a scellé avec nous, et nous nous sommes éloignés de Lui, égarés telles des brebis qui ont suivi un imposteur. Pendant quarante jours, Dieu nous appelle à faire pénitence dans le silence et l'humilité, à changer nos cœurs de pierre et de laisser l'Esprit Saint les changer en de véritables cœurs de chair.


1ère lecture : Appel à la pénitence (Jl 2, 12-18)

• Lecture du livre de Joël
Parole du Seigneur : «Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil !»
Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment.
Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et vous combler de ses bienfaits : ainsi vous pourrez offrir un sacrifice au Seigneur votre Dieu.
Sonnez de la trompette dans Jérusalem : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une solennité, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre !
Entre le portail et l'autel, les prêtres, ministres du Seigneur, iront pleurer et diront : «Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n'expose pas ceux qui t'appartiennent à l'insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu'on dise : 'Où donc est leur Dieu ?'»
Et le Seigneur s'est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.


L
e livre de Joël est composée de deux parties : la première construite autour de l’épisode de l’«invasion des sauterelles» qui ravage Juda est à l’origine d’une liturgie du deuil, de la contrition et de la supplication. La seconde partie, que l’on pourrait qualifier d’«apocalyptique» décrit le jugement des nations et la victoire de Yahvé qui s’accomplira par l’effusion de l’Esprit (à la Pentecôte). C’est d’ailleurs le thème du Jour du Seigneur qui assure le lien entre ces deux parties. C’est justement dans l’attente de ce Jour que le prophète Joël nous invite au jeûne et à la prière.

Ce texte fait écho à plusieurs idées que l’on retrouve principalement dans le Livre de l’Exode, le Deutéronome, les psaumes et même chez certains « petits prophètes ». La «vision du Jour de Yahvé» est terrifiante : la terre frémit, les cieux tremblent, le soleil et la lune s’assombrissent, les étoiles perdent leur éclat ; et au milieu de ce chambardement, le Seigneur fait entendre sa voix … D’où l’appel à la pénitence que lance Joël. Moïse dans l’une de ses méditations avait déjà exprimé le souhait de Yahvé devant la désobéissance du peuple d’Israël: «Ah ! si leur cœur pouvait toujours être ainsi, pour me craindre et garder mes commandements en sorte qu’ils soient heureux à jamais, eux et leurs fils…» (Dt 4, 29). Le prophète Amos a lui aussi annoncé le Jour du Seigneur et appelé au repentir. Non pas par des effusions démonstratives mais par un jeûne intérieur qui vient du cœur: «Quand vous m’offrez des holocaustes, vos oblations je n’en veux pas, vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde pas». Joël comme Amos se placent dans la même attitude que le psalmiste. Au peuple d’Israël endurci dans le péché, les prophètes en appellent aux sentiments intérieurs qui doivent inspirer la contrition,  le sacrifice, l’obéissance et l’action de grâces. C’est un cœur blessé que Dieu prend en pitié, c’est un cœur humilié qu’il sauve dans son infinie miséricorde. Le Psaume 50 qui nous est proposé en méditation est bien dans le prolongement de ce texte du prophète Joël.

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• Psaume : Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j'ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d'être sauvé ;
que l'esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.


T
out homme naît impur et donc porté au mal. Dieu tient compte de cette circonstance originelle. Paul explicitera la purification de l’homme renouvelé par le Baptême de l’Esprit qui nous lave mieux que l’hysope en Christ ressuscité. Pour bien comprendre ce psaume, nous pouvons utilement lire Isaïe (1, 18 ; 59, 2 ; 59, 12 ; 57, 15) et Ezéchiel (6, 9 ; 11, 19 ; 18, 23 ; 36, 25).

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2ème lecture : “Laissez-vous réconcilier avec Dieu” (2Co 5, 20-21; 6, 1-2)

• Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.
Et puisque nous travaillons avec lui, nous vous invitons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu.
Car il dit dans l'Écriture : Au moment favorable je t'ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours. Or, c'est maintenant le moment favorable, c'est maintenant le jour du salut.


Nous connaissons tous l’histoire de Ninive, cette immense ville de la débauche et de la dépravation. Il fallait trois jours pour la traverser d’Est en Ouest. Jonas reçut de Dieu la mission d’aller exhorter les habitants au repentir: «Lève-toi (…), va à Ninive la grande ville non juive et annonce-leur ce que je te dirai » (3,  et 4). Le prophète ne traversa la ville qu’en une journée de marche, proclamant : «Encore quarante jours, et Ninive sera détruite». Tiens ! Les quarante jours qui rappellent les quarante jours du Déluge ou de l’Exode. «Les gens de Ninive crurent en Dieu ; ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis le plus grand jusqu’au plus petit» (3, 5). Cette conversion est bien plus rapide que l’incrédulité juive. Preuve que la miséricorde divine est universelle. D’ailleurs, tout le Livre de Jonas prépare la révélation évangélique du DIEU-AMOUR.

Dans le Quatrième chant du Serviteur de Yahvé, Isaïe nous dresse le portrait du Dieu souffrant et accablé par les péchés des hommes. Méprisé et déconsidéré, il est le Serviteur qui prend sur lui tous les péchés, tous les crimes et toutes les plaies des hommes de toute races. Et comme un agneau conduit à la boucherie, il n’ouvre pas la bouche devant ses persécuteurs. Il sauve l’humanité en toute humilité, en silence… (Is 53, 1-13).

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Évangile : L'aumône, la prière et le jeûne comme Dieu les aime (Mt 6,1-6.16-18)

• Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Comme les disciples s'étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d'agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Autrement, il n'y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.

Ainsi, quand tu fais l'aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.

Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense.
Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.


J
ésus appelle aussi au jeûne, au repentir mais tout ceci dans la discrétion, sans publicité ni arrogance, l’exact opposé de l’exubérance des Pharisiens. «Evitez d’afficher votre justice», dit-il d’emblée. «Faire sa justice», cela signifie pratiquer les bonnes œuvres qui rendent un homme digne et juste devant Dieu. Aux yeux des Juifs, les principales bonnes œuvres sont : l’aumône, la prière et le jeûne. Et contrairement aux Ninivites, à l’opposé des compatriotes de Jérémie et d’Ezéchiel, il ne s’agit pas de se couvrir de poudre, de cendres ou de vêtir des guenilles. Le jeûne doit venir et s’enraciner dans le cœur. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un cœur brisé… et c’est ce cœur que Dieu scrute. Il n’est pas surprenant de voir que Jésus termine avec la même phrase dans cet extrait intitulé «Faire l’aumône en secret» et dans le suivant intitulé « Prier en secret»: «…Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 6).
Mais que peut donc être notre jeûne ? Des privations ? Certes ! Mais ce peut bien être aussi de demander à Dieu qu’il mette en nous le désir de le suivre, qu’il nous apprenne à ouvrir les prisons et à nourrir les affamés, qu’il nous apprenne à donner sans compter et sans retour ce que nous sommes et ce que nous sommes, qu’il nous donne de marcher dans la voie de pauvreté où il avait conduit Marie, son humble Servante… Oui ! Un jeûne fait de petites choses qui viennent du cœur, chargées d’amour pour notre prochain… Car pour Dieu, point de détresse que son regard ne soulage, point de blessure que sa main ne guérisse, point de ténèbres sans espoir de lumière. Pour Dieu, rien n’est jamais fini, et dans tout cœur endurci ou égaré, il met son Esprit qui renouvelle la face des hommes et de la Terre. Mais Dieu ne nous sauve pas sans nous : point de miséricorde sans le pardon qui le cherche dès l’aurore.
Le Carême : un temps de germination pour éclore et se libérer au matin de Pâques : la vie jaillit de la grâce comme une flamme jaillit des cendres. Depuis la sortie d’Égypte, Moïse l’a sans cesse rappelé aux enfants d’Israël: «…Tu es un peuple consacré au Seigneur ton Dieu : c’est toi qu’il a choisi pour être son peuple particulier, parmi tous les peuples de la terre. C’est par amour pour vous, et par fidélité au serment fait à vos pères, que le Seigneur vous a fait sortir par la force de sa main, et vous a délivrés de la maison d’esclavage et de la main de Pharaon, roi d’Égypte. Vous saurez donc que le Seigneur votre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son Alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements» (Dt 7, 6. 8-9). Plus tard, Paul dira aux Philippiens: «Travaillez à votre salut dans la crainte de Dieu et en tremblant. Car c’est l’action de Dieu qui produit en vous la volonté et l’action, parce qu’il veut votre bien. Faites tout sans récriminer et sans discuter ; ainsi vous serez irréprochables et purs, vous qui êtes des enfants de Dieu sans tache» (Ph 2, 12b-15a).


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