28/02/2012

Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle !


Chers amis, bonjour !

Premier dimanche de Carême

Première Lecture - Genèse 9, 8 - 15
Après le déluge,
8 Dieu dit à Noé et à ses fils :
9 « Voici que moi, j'établis mon alliance avec vous,
avec tous vos descendants,
10 et avec tous les êtres vivants qui sont autour de vous :
les oiseaux, les animaux domestiques, toutes les bêtes sauvages,
tout ce qui est sorti de l'arche pour repeupler la terre.
11 Oui, j'établis mon alliance avec vous :
aucun être vivant ne sera plus détruit par les eaux du déluge,
il n'y aura plus de déluge pour ravager la terre. »
12 Dieu dit encore :
« Voici le signe de l'alliance que j'établis entre moi et vous,
et avec tous les êtres vivants qui sont autour de vous,
pour toutes les générations à venir :
13 Je mets mon arc au milieu des nuages,
pour qu'il soit le signe de l'alliance entre moi et la terre.
14 Lorsque je rassemblerai les nuages au-dessus de la terre,
et que l'arc-en-ciel paraîtra au milieu des nuages,
15 je me souviendrai de mon alliance avec vous
et avec tous les êtres vivants,
et les eaux ne produiront plus le déluge,
qui détruit tout être vivant. »

L’Ancien Testament est jalonné de récits qui trouvent leurs origines dans les différentes cultures des peuples de Mésopotamie, c’est-à-dire vers 1600 av. J.C., bien avant l’écriture de la Genèse. Réinterprété dans le contexte de l’histoire des descendants d’Abraham, le récit du déluge met en scène Dieu en relation avec des hommes qu’il a sauvés de la déperdition.
Plus avant dans ce même extrait, « Dieu bénit Noé et ses fils et il leur dit : Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre » (9, 1) et il remet toute la création sous la responsabilité des hommes. Puis, Dieu ajoute : « voici que je conclu mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous, et avec tous les êtres animés qui sont avec vous (…) bref tout ce qui est sorti de l’arche, tous les animaux de la terre ». Et le signe de cette alliance sera à chaque fois l’arc-en-ciel au milieu de la nuée… ». Dieu n’est pas aveugle, il ne punit pas indistinctement, il est plein d’amour et de miséricorde pour ceux qui croient en Lui et vivent selon la Loi d’amour. Bien avant le peuple hébreu, Dieu scelle une alliance avec l’humanité entière. Mais aussi Noé à l’abri dans une barque qui a été épargnée du déluge. L’arche pouvant être assimilée au baptême par lequel l’homme, purifié, entre en alliance avec Dieu. Mais Pierre précisera : « Etre baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures, mais s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ. » Une invite à nous « engager envers Dieu avec une conscience droite ».

Notons ici une évolution de cette alliance de Dieu avec les hommes : avec Abraham, cette alliance était symbolisée par la circoncision, mais ce signe-là ne concerne plus finalement que le seuls descendants du Patriarche. Avec Noé, elle prend une tout autre nature : elle s’étend à toute la création. Nous savons qu’avec Moïse, Yahvé n’aura de cesse de se rappeler à la mémoire  de ce petit peuple qu’il a choisi, un peuple en proie à la révolte, au découragement et au désespoir : « Vous avez vu comment je vous ai portés comme sur les ailes d’un aigle pour vous amener jusqu’à moi. Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon Alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples – car toute la terre m’appartient – et vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte » (Ex 19, 4-6a). Avec Moïse, cette Alliance sera donc circonscrite à Israël dans une démarche pédagogique et morale d’obéissance à la Loi que Yahvé promulguera sur le Mont Horeb ; l’observance du sabbat en sera le signe social et religieux le plus évident, parce qu’il fonde l’organisation même de la société israélienne. Or toutes ces formes d’alliance relèvent de ce qu’il est convenu d’appeler « l’Ancienne Alliance ». En effet, avec le Messie de Dieu annoncé par les prophètes Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et bien d’autres, s’instaure l’ère de la « Nouvelle Alliance » qui se manifestera par la vie au milieu des hommes de l’Envoyé de Dieu, Jésus-Christ qui donnera sa vie pour le salut de tous les hommes. Cette « Nouvelle Alliance » trouvera sa justification dans la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth.

 _________________________________________________

Yahvé vient au secours de Noé dans la bouche duquel on peut mettre cette humble et confiante prière du psalmiste. Dans ce psaume, nous retrouvons les caractéristiques de la pénitence : le chemin dont  on s’est égaré et pour lequel on sollicite la gouverne du Seigneur (« diriger dans le droit chemin »), un chemin de justice dans lequel il dirige les humbles de cœur.


Psaume 24 (25), 4-5ab, 6-7, 8-9
4 SEIGNEUR, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
5 Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

6 Rappelle-toi, SEIGNEUR, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
7 Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse,
dans ton amour, ne m'oublie pas.

8 Il est droit, il est bon, le SEIGNEUR,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
9 Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
 _________________________________________________
 

 Deuxième Lecture - 1 Pierre 3, 18 - 22
Frères,
18 le Christ est mort pour les péchés,
une fois pour toutes ;
lui, le juste, il est mort pour les coupables
afin de vous introduire devant Dieu.
Dans sa chair, il a été mis à mort,
dans l'esprit, il a été rendu à la vie.
19 C'est ainsi qu'il est allé proclamer son message
à ceux qui étaient prisonniers de la mort.
20 Ceux-ci, jadis, s'étaient révoltés
au temps où se prolongeait la patience de Dieu,
quand Noé construisit l'arche,
dans laquelle un petit nombre de personnes, huit en tout,
furent sauvées à travers l'eau.
21 C'était une image du Baptême
qui vous sauve maintenant :
être baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures,
mais s'engager envers Dieu avec une conscience droite,
et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ
22 qui est monté au ciel,
au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles,
à la droite de Dieu.
 
Péchés, Baptême et Résurrection : ces trois mots ne sont pas là par hasard. Dans l’histoire de Noé, Dieu sauve à travers les eaux diluviennes les hommes et leurs bêtes. L’eau fait périr, elle fait également vivre. Comme le Christ qui est le roc solide de ceux qui croient en lui et la pierre d’achoppement de ceux s’éloigne de son chemin, de sa Parole. Oui ! Qui s’éloigne du Christ s’assèche tel le figuier qui ne donne plus de fruit.
Dans le psaume 24 (25), l’homme, pécheur de naissance, demande à Dieu de le protéger, de le guider sur le chemin, le « bon chemin », car il s’est égaré. Le Seigneur est plein de tendresse, « lui qui montre aux pécheurs le chemin » et leur fait connaître ses voies (de justice, de sagesse, de droiture.
Et Pierre explique bien cela : Noé dans son arche et sauvé par Dieu, c’est « une image du Baptême qui vous sauve maintenant : être baptisé, ce n'est pas être purifié de souillures extérieures, mais s'engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ… », c’est-à-dire sa propre re-création et celle de tout l’univers.

 _________________________________________________


Évangile - Marc 1, 12 - 15
Jésus venait d'être baptisé
12 Aussitôt l'Esprit le pousse au désert.
13 Et dans le désert
il resta quarante jours,
tenté par Satan.
Il vivait parmi les bêtes sauvages,
et les anges le servaient.
14 Après l'arrestation de Jean Baptiste,
Jésus partit pour la Galilée
proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait :
15 « Les temps sont accomplis :
le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous
et croyez à la Bonne Nouvelle. »

En ce temps de carême, l’appel à la conversion est à comprendre comme un appel à la re-naissance, à la re-création, à la résurrection. Jésus se retire dans le désert pour entrer en prière avec son Père. Il y reste pendant quarante jours, en souvenir des quarante années de séjour de son peuple à la sortie d’Égypte. Mais dans la mémoire du peuple d’Israël, le désert est un lieu ambivalent : lieu de sécurité et de privation à la fois, c’est là que le Seigneur a éprouvé la fidélité à son peuple ; mais c’est dans le désert que le Seigneur lui-même donne rendez-vous à ce même peuple pour lui parler, le former, l’éduquer et le chérir telle une fiancée : « Je la conduirai au désert et je lui parlerai sur le cœur « (Osée 2, 15).

Jésus est tenté, c’est-à-dire mis à l’épreuve par Satan. Une tentation à la fis messianique et proprement humaine. Mais c’est l’Esprit qui le conduit au désert où il ne lui épargne pas cette expérience. Chez Luc (4, 1-13) Jésus se retrouve face à trois tentations : devant la faim, le pouvoir et l’assurance de signes prodigieux. A chaque tentation de Satan, Jésus réplique par une citation des Écritures. Que retenir cependant de cet épisode de la tentation ? 1)- que Jésus n’est pas un Messie tout-puissant devant la condition humaine, qu’il n’est pas un Messie dominateur face au monde, qu’il n’est pas une Messie prodigieux face à la contestation. Bref, Jésus est parfaitement des nôtres, il vit au milieu et avec nous la condition humaine dans toute sa complexité individuelle et socio-politique. Jésus est au cœur du monde celui qui, quelle que soit la nuit de l’épreuve, réalise à la perfection l’image de Dieu.
Grâce à Jésus qui repousse Satan avec force et autorité, nous savons désormais que le péché est vaincu. Dans les déserts de nos propres vies, Jésus nous assure de sa présence agissante : il est notre bouclier, qui nous protège des assauts du Mal ; il est la Parole qui nous donne la force de surmonter les obstacles de la vie. Mais savons-nous nous réconcilier avec le Père dans la prière pour qu’à notre tour nous ne soyons pas des obstacles ou des scandales insurmontables pour nos frères ? C’est tout l’enjeu du Carême !

Aucun commentaire: