13/02/2012

Le seigneur écoute toujours le cri du malheureux


Chers amis, bonjour !

En ce 6ème dimanche du Temps ordinaire, la liturgie nous a proposé les trois lectures suivantes : 
Première Lecture - Lévitique 13, 1-2. 45-46
Méditation : Psaume 101 (102) 2-3. 4-5.6-13. 20-21
Deuxième Lecture - Première Lettre de Paul aux Corinthiens 10, 31. 11, 1
Évangile - Marc  1, 40-45

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Première Lecture - Lévitique 13, 1-2. 45-46
1 Le SEIGNEUR dit à Moïse et à son frère Aaron :
2 « Quand un homme aura sur la peau
une tumeur, une inflammation ou une tache,
qui soit une marque de lèpre,
on l'amènera au prêtre Aaron
ou à l'un des prêtres ses fils.
45 Le lépreux atteint de cette plaie
portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre,
il se couvrira le haut du visage jusqu'aux lèvres,
et il criera : Impur ! Impur !
46 Tant qu'il gardera cette plaie, il sera impur.
C'est pourquoi il habitera à l'écart,
sa demeure sera hors du camp. »

Le livre du Lévitique présente par certains côtés des allures de code général de la vie individuelle et collective des Hébreux. En effet, sont décrits jusque dans les moindres détails et de façon réglementaire les différentes modalités du déploiement de la vie, c’est-à-dire ce qui la rend possible et soutenable pour l’homme dans sa relation verticale à Dieu et horizontale aux autres hommes. Dans l’extrait que la liturgie nous propose à la méditation en ce sixième dimanche du Temps ordinaire, il est question de la lèpre.
Pour les Hébreux à cette époque déjà, la notion de lèpre recouvrait diverses affections cutanées ou superficielles, y compris les moisissures qui peuvent naître sur les vêtements et même les murs. On peut citer : les tumeurs, la dartre et les taches, la lèpre invétérée, les furoncles, les brûlures, les affections du cuir chevelu, les exanthèmes, les calvities. Traditionnellement, le diagnostic et les précautions individuelles et collectives à prendre pour prévenir toute contagion relèvent de la compétence du lévite, du prêtre (il faut noter que contrairement au Livre du Deutéronome qui met en exergue les prophètes comme porte-parole de Dieu auprès des hommes, le Lévitique consacre l’intermédiation de la fonction sacerdotale). Le lévite fait fonction entre autres de responsable de l’hygiène et des membres de sa communauté et, pour le cas d’espèce, de leur sécurité sanitaire. C’est lui qui prend la décision de d’éloigner, de mettre en quarantaine les lépreux afin d’éviter toute propagation de la maladie et du péché dont il est le signe manifeste.
C’est donc cette conception archaïque qui, intégrée dans le yahvisme, réinterprète la lèpre comme un marqueur religieux de l’impur, du péché. Par conséquent, il est logique que toute réintégration d’un lépreux soit soumise à des rituels de purification parce que la lèpre, une maladie irrémédiablement contagieuse et presque incurable à l’époque, était assimilée à un péché, c’est-à-dire une atteinte à la vertu vivifiante de Dieu. C’est la raison pour laquelle le lépreux était tenu à l’écart, contraint de se vêtir de haillons, les cheveux en bataille, le haut du visage couvert  jusqu'aux lèvres, et « condamné » à crier « Impur ! Impur ! » et ce, tant que son corps  gardera les plaies et autres signes visibles de cette affection.  A tel point que les rares cas de guérison ou de rémission étaient considérés comme des miracles et la réinsertion du miraculé entourée de plusieurs rites mêlés de purification (aspersions, bains, sacrifices, incantations, etc.).

Cette conception peut étonner voire choquer tant elle témoigne d’un archaïsme des us et coutumes de ce petit peuple que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob a choisi pour sceller une éternelle Alliance Nouvelle avec les hommes et les peuples du monde entier. La multitude des règles, préceptes, recommandations… exposées dans ce Livre montrent combien il était vital pour le peuple hébreux d’être pur, c’est-à-dire sans péché devant Dieu ; telle était la condition du salut qui était donné à ceux qui étaient « aptes » au culte, dignes de se tenir devant le Dieu saint et de faire partie du peuple de l’Alliance.

En tout cas ce texte nous décrit dans le détail le contexte culturel dans lequel Jésus va commencer son ministère. Le lépreux qu’il guérit dans le récit de Marc (1, 40-45) vivait dans les mêmes conditions drastiques que celles décrites dans le Lévitique ; et lorsqu’il vient trouver Jésus, le lépreux brave un interdit séculaire : il offense la tradition. Jésus sait, dans la gravité du moment qui se présente, que l’homme souffre de lèpres bien plus odieuses et que le péché au cœur de l’homme, signe de la rupture ou de la souillure de la relation de l’homme avec Dieu… est un mal bien plus contagieux encore. C’est ce mal dont il est venu libéré, lavé, purifié tous les hommes.


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Psaume 101 (102), 2-3. 4-5. 6.13. 20-21
2 SEIGNEUR, entends ma prière :
que mon cri parvienne jusqu'à toi !
3 Ne me cache pas ton visage
le jour où je suis en détresse !
4 Mes jours s'en vont en fumée,
mes os comme un brasier sont en feu ;
5 mon cœur se dessèche comme l'herbe fauchée,
j'oublie de manger mon pain.
6 A force de crier ma plainte,
ma peau colle à mes os.
13 Mais toi, SEIGNEUR, tu es là pour toujours ;
d'âge en âge on fera mémoire de toi.
20 Des hauteurs, son sanctuaire, le SEIGNEUR s'est penché ;
du ciel, il regarde la terre
21 pour entendre la plainte des captifs
et libérer ceux qui devaient mourir.

On comprend aisément la tonalité du Psaume 101 (102) qui nous est proposé en méditation. Son intitulé exact est «  Prière pour un malheureux qui dans son accablement répand sa plainte devant Yahvé ». Un long psaume de pénitence, donc, mais dont nous ne lisons que quelques versets. Job dimanche dernier, le lépreux aujourd’hui sont tous les deux frappés dans leur chair par le mal. Mais ils ne désespèrent pas… au contraire ! C’est parce qu’ils croient en l’Amour infini de Dieu qu’ils le prie d’entendre leur prière. Jamais, même au plus profond de leur peine si bien décrite avec des mots et des images touchantes, ils ne doutent de la miséricorde divine: «Mais toi, SEIGNEUR, tu es là pour toujours ; d'âge en âge on fera mémoire de toi». (13)  Car, si depuis la révélation du buisson ardent Dieu s’est tenu silencieux, jamais il n’est resté sourd aux appels, aux plaintes des fils d’Israël.  « N’oublie pas, Seigneur, le cri des malheureux »… Il ne s’agit pas là de l’appel du seul psalmiste mais de tout un peuple pris dans les tenailles de la détresse, de l’angoisse et de l’amertume.


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Deuxième Lecture - Première Lettre de Paul aux Corinthiens 10, 31 - 11, 1
Frères,
10, 31 tout ce que vous faites :
manger, boire, ou n'importe quoi d'autre,
faites-le pour la gloire de Dieu.
32 Ne soyez un obstacle pour personne,
ni pour les Juifs, ni pour les païens,
ni pour l'Eglise de Dieu.
33 Faites comme moi :
en toutes circonstances je tâche de m'adapter à tout le monde ;
je ne cherche pas mon intérêt personnel,
mais celui de la multitude des hommes,
pour qu'ils soient sauvés.
11, 1 Prenez-moi pour modèle ;
mon modèle à moi, c'est le Christ.

Dans l’extrait de la Première Lettre de Paul aux Corinthiens (10, 31 - 11,1), l’Apôtre est amené à trancher sur les pratiques contradictoires des premiers chrétiens de ces contrées du sud de la Grèce.
Un petit rappel : les premières communautés converties au christianisme sont de tradition païenne, le contact avec la Bonne Nouvelle de l’Évangile ne se fait pas sans heurts, sans divisions et scandales. Cela génère des groupuscules, des partis dans cette jeune Église dont les membres sont chaque jour confrontés à un dilemme existentiel entre la Sagesse du monde et la Sagesse chrétienne. Plusieurs situations sont portées à la connaissance de Paul : des cas d’inceste [« Enlevez le pervers du milieu de vous », (5, 13)], la fornication, etc. A ces problématiques sociales, Paul doit apporter des réponses qui permettent à la fois un mieux-vivre-ensemble des chrétiens entre eux et avec les autres et une posture spirituelle au regard du message et de l’exemple du Christ lui-même. Qu’il faille faire appel à des tribunaux païens, Paul n’en disconvient pas et il en définit les conditions. Mais il rappelle avec force que le Christ, par sa mort et sa résurrection, a transcendé l’ancien monde : « … Purifiez-vous du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes. Car notre pâque, le Christ, a été immolé. Célébrons donc la fête, non pas avec du vieux levain de malice et de perversité, mais avec des azymes de pureté et de vérité » (5, 6-8). Ainsi, le chrétien est uni au Christ immolé et ressuscité dans une Pâque qui ne finit pas. Il est donc appelé à expurger de sa vie le vieux levain et le remplacer par les azymes de pureté et de vérité.
Le texte de Paul reprend cette attitude nouvelle au sujet de ce qu’on nomme «les idolothytes», c’est-à-dire les viandes immolées et consommées à l’occasion de pratiques traditionnelles, vestiges des cérémonies sacrificielles. A la fin de ces rites, les dieux païens (en réalité des êtres fictifs de l’Olympe), les prêtres et les donateurs recevaient en premier leur part de viandes immolées (les idolothytes) ; le reste était consommé à l’occasion de repas dits « sacrés » ou vendu à petits prix sur les marchés. Et la question ici posée à Paul est celle de savoir si les chrétiens avaient le droit de prendre part de tels repas «sacrés». L’Apôtre va se donner en exemple : comme il a laissé le message du Christ imprégner densément sa propre vie, il demande aux chrétiens de Corinthe de laisser agir la charité fraternelle. Ainsi, autant le chrétien a le devoir de ne pas juger les préjugés de leur paganisme d’hier, ni de scandaliser les autres frères par un comportement hautain à leur égard. Comme Paul est imitateur du Christ, tout chrétien est appelé à l’être pour servir d’exemple aux autres, pour la plus grande gloire de Dieu : « «Et quoi que vous puissiez dire ou faire, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu Père ! » (Col. 3, 17). C’est seulement ainsi, c’est-à-dire dans l’instruction réciproque, que chacun peut «parvenir à la connaissance de la vérité» (2 Th 3, 7). Face aux différents problèmes qui surgissent au sein des nouvelles communautés chrétiennes, que ce soit des conflits de comportement individuel et collectif ou des interrogations théologiques, l’Apôtre Paul ramène toujours son discours à ce qui est le socle, le fondement de la foi en Christ : Christ est venu prendre chair au cœur de notre humanité et, par sa mort et sa résurrection, il nous a rendus dignes d’être appelés « enfants de Dieu » et de prendre part à sa gloire. A tous, Corinthiens, Colossiens, Éphésiens, Romains, Thessaloniciens, Galates, Philipiens, Hébreux… à Tite, Timothée, Philémon… il ne se lasse de répéter: «Nous devons continuellement rendre grâce à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, car Dieu vous a choisis dès le commencement, pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et par la foi en la vérité. C’est à cela qu’il vous a appelés par notre Évangile, à posséder la gloire de notre Seigneur Jésus Christ». (2 Th 2, 13-14)

Au fond, nous sommes en présence de situations qui nous interpellent encore aujourd’hui. Pris dans nos peurs, nos interrogations fondées ou non, n’avons-nous pas tendance à nous réfugier dans le giron de toutes sortes de dieux, jouant sur des tableaux aussi contradictoires que l’hyper technologie et l’occultisme… comme si nous voudrions nous fermer à cette semence transfiguratrice qu’est l’Évangile de Jésus-Christ ! Le combat pour notre liberté se justifie dans le Christ qui, durant toute sa vie, n’a jamais été un obstacle pour ses contemporains, n’a jamais cherché à choquer ni à nuire. Au contraire, il a accueilli sans exclure, il a compris sans juger, il a pardonné jusqu’à son dernier souffle donnant ainsi mission à tous ses disciples de transcender le monde de la loi pour s’investir dans celui de l’amour et de la grâce.

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Évangile - Marc 1, 40 - 45
40 Un lépreux vient trouver Jésus ;
il tombe à ses genoux et le supplie :
« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
41 Pris de pitié devant cet homme,
Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
42 A l'instant même,
sa lèpre le quitta
et il fut purifié.
43 Aussitôt Jésus le renvoya
avec cet avertissement sévère :
44 « Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre.
Et donne pour ta purification
ce que Moïse prescrit dans la Loi :
ta guérison sera pour les gens un témoignage. »
45 Une fois parti,
cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle,
de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus
d'entrer ouvertement dans une ville.
Il était obligé d'éviter les lieux habités,
mais de partout on venait à lui.

Dans l’Évangile de dimanche dernier, sentant que les habitants de Capharnaüm commençaient à ébruiter ses faits et gestes, Jésus dit à ses disciples : «Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que j'y proclame aussi l'évangile. Et ils se rendirent en Galilée. Et c’est là qu’un lépreux, bravant toutes ses peurs, se présente à lui pour le supplier de le guérir de sa maladie. Nous savons désormais combien, dans la tradition hébraïque, cette affection de la peau était le signe visible et indélébile de l’impureté, du péché ; il implore Jésus de le purifier de cette horrible souillure car il sait que sa réintégration dans la société est à ce prix. Mais reprenons le déroulé de ce récit de Marc.

Tout d’abord, ce lépreux a été informé des miracles qu’accomplissait Jésus de Nazareth : il prêche et chasse les démons partout où il est passé. Il est clair que sa réputation l’a précédé puisque c’est le lépreux qui vient s’agenouiller devant lui et lui dire : «Si tu le veux, tu peux me purifier.» L’homme est conscient de la puissance de la parole de ce nazaréen. Jésus, qui est aussi homme, est ému par la démarche et la foi de cet homme: «Je le veux, sois purifié.  A l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié.» Jésus touche par la parole et le geste joints. En le touchant du regard et de la main, il prend sur lui la souffrance du lépreux, il porte sur lui son péché. Ce Jésus dont Jean le Baptiste avait dit: «Voici l’Agneau de Dieu», autrement dit l’envoyé de Dieu au milieu des hommes pour porter le péché du monde par infinie miséricorde… D’ailleurs, pendant la messe et avant la communion, le prêtre invite les fidèles à proclamer cette vérité de la foi : : «Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde». Et l’assistance de répondre: «Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri». La puissance de la parole du Christ est invoquée pour son effectivité immédiate ; il n’y a pas de délai du genre: «oui, j’ai enregistré ta doléance et je la traiterai dès je serai disponible…». Non ! Ce que Jésus dit se réalise avec la même instantanéité que lors de la Création : «Dieu dit» puis «et Dieu vit que cela était bon»…
Mais Jésus est au début de son ministère et surtout il ne voudrait pas ameuter les foules ou provoquer des cohues, du désordre public. Voilà pourquoi il intime au lépreux l’ordre de ne rien dire à personne de ce qui lui était arrivé, mais d’aller se présenter au prêtre pour faire constater et valider sa guérison, et de s’affranchir des obligations de la loi. Le lien est fait ici avec la première lecture de ce dimanche (Lévitique 13, 1-2. 45-46).

En effet, du temps de Jésus encore les lépreux sont exclus de la société, contraints de vivre à l’écart des villes et villages dans les décharges publiques afin d’éviter toute contamination non seulement de la maladie mais aussi du péché dont l’impureté est le signe physique. Cet homme a donc bravé plusieurs interdits : sortir de son lieu de confinement, traverser le village pour venir rencontrer Jésus et le supplier de le guérir… Il s’agit là d’un parcours d’espérance et de foi, tellement il est dangereux de s’aventurer si loin de son réduit au risque d’en revenir encore lépreux. Imaginons qu’il n’ait pas rencontré Jésus, ou que celui-ci soit parti vers d’autres lieux ! Mais il est bien guéri. Et quant à la consigne du silence donnée par Jésus, le lépreux ne l’entend même pas, il s’en fout. Oui, ce qui vient de lui arriver est tellement énorme qu’il est comme pris de folie : il se « mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus d'entrer ouvertement dans une ville ». Il faut dire que pour un secret qu’il fallait garder, cela n’a pas fait long feu… En réalité, pour Jésus, l’heure n’était pas encore arrivée.

Avec ces nombreux miracles qu’il réalise, Jésus est vite installé dans son statut du Messie. Non pas un messie politique qui serait venu pour libérer le peuple juif de la domination romaine mais un Messie qui est venu libéré tous les hommes du règne et de la dictature du péché, de l’exclusion des malheureux, des captifs, des affligés dont les lépreux. Il se soucie en priorité du bien-vivre des pauvres, de ceux qui souffrent dans leur corps et leur esprit. D’ailleurs, c’est pourquoi il dira plus tard à ses disciples: «Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.» (Mt 11, 4-5). Et, à cela, Jean qui n’en avait pas vraiment besoin, sera rassuré. Tout le monde commence à réaliser que cet homme qui ordonne même aux esprits impurs de quitter un corps dont ils avaient pris possession, est venu pour rassembler les peuples, les hommes de toutes races, de tout rang. Cet homme vient d’accomplir son premier grand geste contre l’exclusion, les prémices d’un loi nouvelle : l’AMOUR. Oui, Jésus vient de poser la première pierre d’un édifice dont les Apôtres et ceux qui sont témoins de la guérison du lépreux ne saisissent pas encore la pleine signification.
Mais au-delà, c’est d’une autre purification que Jésus jette les fondations, la purification du cœur de l’homme, ainsi que déjà le prophétisait le prophète Ezéchiel: Je verserai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés. De toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit : alors vous suivrez mes lois, vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles (Ez 36, 25-27). Par le monde nouveau dont il ouvre les portes et dont il trace le chemin, Jésus annonce un nouveau règne auquel il appelle tous les hommes. Quiconque le rencontre et accueille sa Parole ne peut s’empêcher de crier au monde sa joie d’être sauvé.

Jésus accomplira de nombreux autres miracles. Mais à la différence des simples prodiges merveilleux des religieux grecs et des rabbins, les miracles de Jésus manifestent son amour pour les hommes, mais aussi son pouvoir sur la nature ; ils revêtent une signification spirituelle et symbolique en ce qu’ils annoncent parallèlement les châtiments et les innombrables dons de l’ère messianique qu’il inaugure : triomphe de l’Esprit sur l’empire de Satan et des forces du Mal. Accomplis par pitié, on pourrait même dire par compassion, ils sont là pour confirmer la foi. Ce ne sont donc pas des faits publicitaires, raison pour laquelle il réclame toujours le silence de celui qui en bénéficie, lui recommandant par contre d’aller faire constater sa guérison auprès d’un prêtre. Plus tard, il confirmera la foi des croyants par le miracle de sa propre résurrection. Ce pouvoir de guérison, il l’a communiqué à ses apôtres lorsqu’il les a envoyés annoncer son Évangile à tous les peuples.



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