Chers amis, bonjour !
En ce 6ème dimanche du Temps ordinaire, la liturgie nous a proposé les trois lectures suivantes :
• Première Lecture - Lévitique 13, 1-2. 45-46
• Méditation : Psaume 101 (102) 2-3. 4-5.6-13. 20-21
• Deuxième Lecture - Première Lettre de Paul aux Corinthiens 10, 31. 11, 1
• Évangile - Marc 1, 40-45
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Première Lecture - Lévitique 13, 1-2. 45-46
1 Le SEIGNEUR dit à Moïse et
à son frère Aaron :
2 « Quand un homme aura sur la peau
une tumeur, une inflammation ou une tache,
qui soit une marque de lèpre,
on l'amènera au prêtre Aaron
ou à l'un des prêtres ses fils.
45 Le lépreux atteint de cette plaie
portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre,
il se couvrira le haut du visage jusqu'aux lèvres,
et il criera : Impur ! Impur !
46 Tant qu'il gardera cette plaie, il sera impur.
C'est pourquoi il habitera à l'écart,
sa demeure sera hors du camp. »
2 « Quand un homme aura sur la peau
une tumeur, une inflammation ou une tache,
qui soit une marque de lèpre,
on l'amènera au prêtre Aaron
ou à l'un des prêtres ses fils.
45 Le lépreux atteint de cette plaie
portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre,
il se couvrira le haut du visage jusqu'aux lèvres,
et il criera : Impur ! Impur !
46 Tant qu'il gardera cette plaie, il sera impur.
C'est pourquoi il habitera à l'écart,
sa demeure sera hors du camp. »
Le livre du
Lévitique présente par certains côtés des allures de code général de la vie
individuelle et collective des Hébreux. En effet, sont décrits jusque dans les
moindres détails et de façon réglementaire les différentes modalités du
déploiement de la vie, c’est-à-dire ce qui la rend possible et soutenable pour
l’homme dans sa relation verticale à Dieu et horizontale aux autres hommes.
Dans l’extrait que la liturgie nous propose à la méditation en ce sixième
dimanche du Temps ordinaire, il est question de la lèpre.
Pour les
Hébreux à cette époque déjà, la notion de lèpre recouvrait diverses affections
cutanées ou superficielles, y compris les moisissures qui peuvent naître sur
les vêtements et même les murs. On peut citer : les tumeurs, la dartre et
les taches, la lèpre invétérée, les furoncles, les brûlures, les affections du
cuir chevelu, les exanthèmes, les calvities. Traditionnellement, le diagnostic
et les précautions individuelles et collectives à prendre pour prévenir toute
contagion relèvent de la compétence du lévite, du prêtre (il faut noter que
contrairement au Livre du Deutéronome qui met en exergue les prophètes comme porte-parole de Dieu
auprès des hommes, le Lévitique consacre l’intermédiation de la fonction sacerdotale). Le lévite fait fonction
entre autres de responsable de l’hygiène et des membres de sa communauté et,
pour le cas d’espèce, de leur sécurité sanitaire. C’est lui qui prend la
décision de d’éloigner, de mettre en quarantaine les lépreux afin d’éviter
toute propagation de la maladie et du péché dont il est le signe manifeste.
C’est donc
cette conception archaïque qui, intégrée dans le yahvisme, réinterprète la
lèpre comme un marqueur religieux de l’impur, du péché. Par conséquent, il est
logique que toute réintégration d’un lépreux soit soumise à des rituels de
purification parce que la lèpre, une maladie irrémédiablement contagieuse et
presque incurable à l’époque, était assimilée à un péché, c’est-à-dire une
atteinte à la vertu vivifiante de Dieu. C’est la raison pour laquelle le
lépreux était tenu à l’écart, contraint de se vêtir de haillons, les cheveux en
bataille, le haut du visage couvert jusqu'aux lèvres, et « condamné » à crier « Impur
! Impur ! » et ce, tant que son corps gardera les plaies et autres signes visibles de cette
affection. A tel point que les
rares cas de guérison ou de rémission étaient considérés comme des miracles et
la réinsertion du miraculé entourée de plusieurs rites mêlés de purification
(aspersions, bains, sacrifices, incantations, etc.).
Cette
conception peut étonner voire choquer tant elle témoigne d’un archaïsme des us
et coutumes de ce petit peuple que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob a
choisi pour sceller une éternelle Alliance Nouvelle avec les hommes et les
peuples du monde entier. La multitude des règles, préceptes, recommandations…
exposées dans ce Livre montrent combien il était vital pour le peuple hébreux
d’être pur, c’est-à-dire sans péché devant Dieu ; telle était la condition
du salut qui était donné à ceux qui étaient « aptes » au culte,
dignes de se tenir devant le Dieu saint et de faire partie du peuple de l’Alliance.
En tout cas
ce texte nous décrit dans le détail le contexte culturel dans lequel Jésus va
commencer son ministère. Le lépreux qu’il guérit dans le récit de Marc (1,
40-45) vivait dans les mêmes conditions drastiques que celles décrites dans le
Lévitique ; et lorsqu’il vient trouver Jésus, le lépreux brave un interdit
séculaire : il offense la tradition. Jésus sait, dans la gravité du moment
qui se présente, que l’homme souffre de lèpres bien plus odieuses et que le
péché au cœur de l’homme, signe de la rupture ou de la souillure de la relation
de l’homme avec Dieu… est un mal bien plus contagieux encore. C’est ce mal dont
il est venu libéré, lavé, purifié tous les hommes.
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Psaume 101 (102), 2-3. 4-5.
6.13. 20-21
2 SEIGNEUR, entends ma
prière :
que mon cri parvienne jusqu'à toi !
3 Ne me cache pas ton visage
le jour où je suis en détresse !
4 Mes jours s'en vont en fumée,
mes os comme un brasier sont en feu ;
5 mon cœur se dessèche comme l'herbe fauchée,
j'oublie de manger mon pain.
6 A force de crier ma plainte,
ma peau colle à mes os.
13 Mais toi, SEIGNEUR, tu es là pour toujours ;
d'âge en âge on fera mémoire de toi.
20 Des hauteurs, son sanctuaire, le SEIGNEUR s'est penché ;
du ciel, il regarde la terre
21 pour entendre la plainte des captifs
et libérer ceux qui devaient mourir.
que mon cri parvienne jusqu'à toi !
3 Ne me cache pas ton visage
le jour où je suis en détresse !
4 Mes jours s'en vont en fumée,
mes os comme un brasier sont en feu ;
5 mon cœur se dessèche comme l'herbe fauchée,
j'oublie de manger mon pain.
6 A force de crier ma plainte,
ma peau colle à mes os.
13 Mais toi, SEIGNEUR, tu es là pour toujours ;
d'âge en âge on fera mémoire de toi.
20 Des hauteurs, son sanctuaire, le SEIGNEUR s'est penché ;
du ciel, il regarde la terre
21 pour entendre la plainte des captifs
et libérer ceux qui devaient mourir.
On comprend
aisément la tonalité du Psaume 101 (102) qui nous est proposé en méditation.
Son intitulé exact est « Prière pour un malheureux qui dans son
accablement répand sa plainte devant Yahvé ». Un long psaume de pénitence,
donc, mais dont nous ne lisons que quelques versets. Job dimanche dernier, le
lépreux aujourd’hui sont tous les deux frappés dans leur chair par le mal. Mais
ils ne désespèrent pas… au contraire ! C’est parce qu’ils croient en
l’Amour infini de Dieu qu’ils le prie d’entendre leur prière. Jamais, même au
plus profond de leur peine si bien décrite avec des mots et des images touchantes,
ils ne doutent de la miséricorde divine: «Mais toi, SEIGNEUR, tu es
là pour toujours ; d'âge en âge on fera mémoire de toi». (13) Car, si depuis la révélation du buisson
ardent Dieu s’est tenu silencieux, jamais il n’est resté sourd aux appels, aux plaintes
des fils d’Israël. « N’oublie pas, Seigneur, le cri des
malheureux »… Il ne s’agit pas là de l’appel du seul psalmiste mais de
tout un peuple pris dans les tenailles de la détresse, de l’angoisse et de
l’amertume.
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Frères,
10, 31 tout ce que vous faites :
manger, boire, ou n'importe quoi d'autre,
faites-le pour la gloire de Dieu.
32 Ne soyez un obstacle pour personne,
ni pour les Juifs, ni pour les païens,
ni pour l'Eglise de Dieu.
33 Faites comme moi :
en toutes circonstances je tâche de m'adapter à tout le monde ;
je ne cherche pas mon intérêt personnel,
mais celui de la multitude des hommes,
pour qu'ils soient sauvés.
11, 1 Prenez-moi pour modèle ;
mon modèle à moi, c'est le Christ.
10, 31 tout ce que vous faites :
manger, boire, ou n'importe quoi d'autre,
faites-le pour la gloire de Dieu.
32 Ne soyez un obstacle pour personne,
ni pour les Juifs, ni pour les païens,
ni pour l'Eglise de Dieu.
33 Faites comme moi :
en toutes circonstances je tâche de m'adapter à tout le monde ;
je ne cherche pas mon intérêt personnel,
mais celui de la multitude des hommes,
pour qu'ils soient sauvés.
11, 1 Prenez-moi pour modèle ;
mon modèle à moi, c'est le Christ.
Dans
l’extrait de la Première Lettre de Paul aux Corinthiens (10, 31 - 11,1),
l’Apôtre est amené à trancher sur les pratiques contradictoires des premiers
chrétiens de ces contrées du sud de la Grèce.
Un petit
rappel : les premières communautés converties au christianisme sont de
tradition païenne, le contact avec la Bonne Nouvelle de l’Évangile ne se fait
pas sans heurts, sans divisions et scandales. Cela génère des groupuscules, des
partis dans cette jeune Église dont les membres sont chaque jour confrontés à
un dilemme existentiel entre la Sagesse du monde et la Sagesse chrétienne.
Plusieurs situations sont portées à la connaissance de Paul : des cas
d’inceste [« Enlevez le pervers du
milieu de vous », (5, 13)], la fornication, etc. A ces problématiques
sociales, Paul doit apporter des réponses qui permettent à la fois un
mieux-vivre-ensemble des chrétiens entre eux et avec les autres et une posture
spirituelle au regard du message et de l’exemple du Christ lui-même. Qu’il
faille faire appel à des tribunaux païens, Paul n’en disconvient pas et il en
définit les conditions. Mais il rappelle avec force que le Christ, par sa mort
et sa résurrection, a transcendé l’ancien monde : « … Purifiez-vous
du vieux levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtes des azymes. Car
notre pâque, le Christ, a été immolé. Célébrons donc la fête, non pas avec du
vieux levain de malice et de perversité, mais avec des azymes de pureté et de
vérité » (5, 6-8). Ainsi, le chrétien est uni au Christ immolé et
ressuscité dans une Pâque qui ne finit pas. Il est donc appelé à expurger de sa
vie le vieux levain et le remplacer par les azymes de pureté et de vérité.
Le texte de Paul reprend cette attitude nouvelle au sujet de ce
qu’on nomme «les idolothytes», c’est-à-dire les viandes immolées et
consommées à l’occasion de pratiques traditionnelles, vestiges des cérémonies
sacrificielles. A la fin de ces rites, les dieux païens (en réalité des êtres
fictifs de l’Olympe), les prêtres et les donateurs recevaient en premier leur
part de viandes immolées (les idolothytes) ; le reste était consommé à
l’occasion de repas dits « sacrés » ou vendu à petits prix sur les
marchés. Et la question ici posée à Paul est celle de savoir si les chrétiens
avaient le droit de prendre part de tels repas «sacrés». L’Apôtre
va se donner en exemple : comme il a laissé le message du Christ imprégner
densément sa propre vie, il demande aux chrétiens de Corinthe de laisser agir la
charité fraternelle. Ainsi, autant le chrétien a le devoir de ne pas juger les
préjugés de leur paganisme d’hier, ni de scandaliser les autres frères par un
comportement hautain à leur égard. Comme Paul est imitateur du Christ, tout
chrétien est appelé à l’être pour servir d’exemple aux autres, pour la plus
grande gloire de Dieu : « «Et quoi que vous puissiez dire ou faire,
que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, rendant par lui grâces au Dieu
Père ! » (Col. 3, 17). C’est seulement ainsi, c’est-à-dire dans
l’instruction réciproque, que chacun peut «parvenir à la connaissance de
la vérité» (2 Th 3, 7). Face aux différents problèmes qui surgissent au
sein des nouvelles communautés chrétiennes, que ce soit des conflits de
comportement individuel et collectif ou des interrogations théologiques,
l’Apôtre Paul ramène toujours son discours à ce qui est le socle, le fondement
de la foi en Christ : Christ est venu prendre chair au cœur de notre
humanité et, par sa mort et sa résurrection, il nous a rendus dignes d’être
appelés « enfants de Dieu » et de prendre part à sa gloire. A tous,
Corinthiens, Colossiens, Éphésiens, Romains, Thessaloniciens, Galates, Philipiens,
Hébreux… à Tite, Timothée, Philémon… il ne se lasse de répéter: «Nous
devons continuellement rendre grâce à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur,
car Dieu vous a choisis dès le commencement, pour être sauvés par l’Esprit qui
sanctifie et par la foi en la vérité. C’est à cela qu’il vous a appelés par
notre Évangile, à posséder la gloire de notre Seigneur Jésus Christ». (2
Th 2, 13-14)
Au fond,
nous sommes en présence de situations qui nous interpellent encore aujourd’hui.
Pris dans nos peurs, nos interrogations fondées ou non, n’avons-nous pas
tendance à nous réfugier dans le giron de toutes sortes de dieux, jouant sur
des tableaux aussi contradictoires que l’hyper technologie et l’occultisme…
comme si nous voudrions nous fermer à cette semence transfiguratrice qu’est
l’Évangile de Jésus-Christ ! Le combat pour notre liberté se justifie dans
le Christ qui, durant toute sa vie, n’a jamais été un obstacle pour ses
contemporains, n’a jamais cherché à choquer ni à nuire. Au contraire, il a
accueilli sans exclure, il a compris sans juger, il a pardonné jusqu’à son
dernier souffle donnant ainsi mission à tous ses disciples de transcender le
monde de la loi pour s’investir dans celui de l’amour et de la grâce.
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40 Un lépreux vient trouver
Jésus ;
il tombe à ses genoux et le supplie :
« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
41 Pris de pitié devant cet homme,
Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
42 A l'instant même,
sa lèpre le quitta
et il fut purifié.
43 Aussitôt Jésus le renvoya
avec cet avertissement sévère :
44 « Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre.
Et donne pour ta purification
ce que Moïse prescrit dans la Loi :
ta guérison sera pour les gens un témoignage. »
45 Une fois parti,
cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle,
de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus
d'entrer ouvertement dans une ville.
Il était obligé d'éviter les lieux habités,
mais de partout on venait à lui.
il tombe à ses genoux et le supplie :
« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
41 Pris de pitié devant cet homme,
Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
42 A l'instant même,
sa lèpre le quitta
et il fut purifié.
43 Aussitôt Jésus le renvoya
avec cet avertissement sévère :
44 « Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre.
Et donne pour ta purification
ce que Moïse prescrit dans la Loi :
ta guérison sera pour les gens un témoignage. »
45 Une fois parti,
cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle,
de sorte qu'il n'était plus possible à Jésus
d'entrer ouvertement dans une ville.
Il était obligé d'éviter les lieux habités,
mais de partout on venait à lui.
Dans
l’Évangile de dimanche dernier, sentant que les habitants de Capharnaüm
commençaient à ébruiter ses faits et gestes, Jésus dit à ses disciples : «Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que j'y proclame aussi
l'évangile. Et ils se rendirent en Galilée. Et c’est là qu’un lépreux,
bravant toutes ses peurs, se présente à lui pour le supplier de le guérir de sa
maladie. Nous savons désormais combien, dans la tradition hébraïque, cette
affection de la peau était le signe visible et indélébile de l’impureté, du
péché ; il implore Jésus de le purifier de cette horrible souillure car il
sait que sa réintégration dans la société est à ce prix. Mais reprenons le
déroulé de ce récit de Marc.
Tout
d’abord, ce lépreux a été informé des miracles qu’accomplissait Jésus de
Nazareth : il prêche et chasse les démons partout où il est passé. Il est
clair que sa réputation l’a précédé puisque c’est le lépreux qui vient
s’agenouiller devant lui et lui dire : «Si tu le veux, tu peux me
purifier.» L’homme est conscient de la puissance de la parole de ce nazaréen.
Jésus, qui est aussi homme, est ému par la démarche et la foi de cet
homme: «Je le veux, sois purifié.
A l'instant même, sa lèpre le quitta et il fut purifié.» Jésus
touche par la parole et le geste joints. En le touchant du regard et de la
main, il prend sur lui la souffrance du lépreux, il porte sur lui son péché. Ce
Jésus dont Jean le Baptiste avait dit: «Voici l’Agneau de
Dieu», autrement dit l’envoyé de Dieu au milieu des hommes pour porter le
péché du monde par infinie miséricorde… D’ailleurs, pendant la messe et avant
la communion, le prêtre invite les fidèles à proclamer cette vérité de la
foi : : «Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché
du monde». Et l’assistance de répondre: «Seigneur, je ne suis
pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai
guéri». La puissance de la parole du Christ est invoquée pour son
effectivité immédiate ; il n’y a pas de délai du genre: «oui,
j’ai enregistré ta doléance et je la traiterai dès je serai disponible…».
Non ! Ce que Jésus dit se réalise avec la même instantanéité que lors de
la Création : «Dieu dit» puis «et Dieu vit que
cela était bon»…
Mais Jésus
est au début de son ministère et surtout il ne voudrait pas ameuter les foules
ou provoquer des cohues, du désordre public. Voilà pourquoi il intime au
lépreux l’ordre de ne rien dire à personne de ce qui lui était arrivé, mais
d’aller se présenter au prêtre pour faire constater et valider sa guérison, et
de s’affranchir des obligations de la loi. Le lien est fait ici avec la
première lecture de ce dimanche (Lévitique 13, 1-2. 45-46).
En effet, du
temps de Jésus encore les lépreux sont exclus de la société, contraints de
vivre à l’écart des villes et villages dans les décharges publiques afin
d’éviter toute contamination non seulement de la maladie mais aussi du péché
dont l’impureté est le signe physique. Cet homme a donc bravé plusieurs
interdits : sortir de son lieu de confinement, traverser le village pour
venir rencontrer Jésus et le supplier de le guérir… Il s’agit là d’un parcours
d’espérance et de foi, tellement il est dangereux de s’aventurer si loin de son
réduit au risque d’en revenir encore lépreux. Imaginons qu’il n’ait pas
rencontré Jésus, ou que celui-ci soit parti vers d’autres lieux ! Mais il
est bien guéri. Et quant à la consigne du silence donnée par Jésus, le lépreux
ne l’entend même pas, il s’en fout. Oui, ce qui vient de lui arriver est
tellement énorme qu’il est comme pris de folie : il se « mit à
proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte qu'il n'était plus possible à
Jésus d'entrer ouvertement dans une ville ». Il faut dire que pour un
secret qu’il fallait garder, cela n’a pas fait long feu… En réalité, pour
Jésus, l’heure n’était pas encore arrivée.
Avec ces
nombreux miracles qu’il réalise, Jésus est vite installé dans son statut du
Messie. Non pas un messie politique qui serait venu pour libérer le peuple juif
de la domination romaine mais un Messie qui est venu libéré tous les hommes du
règne et de la dictature du péché, de l’exclusion des malheureux, des captifs,
des affligés dont les lépreux. Il se soucie en priorité du bien-vivre des
pauvres, de ceux qui souffrent dans leur corps et leur esprit. D’ailleurs,
c’est pourquoi il dira plus tard à ses disciples: «Allez rapporter à
Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les
boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les
morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.» (Mt 11,
4-5). Et, à cela, Jean qui n’en avait pas vraiment besoin, sera rassuré. Tout
le monde commence à réaliser que cet homme qui ordonne même aux esprits impurs
de quitter un corps dont ils avaient pris possession, est venu pour rassembler
les peuples, les hommes de toutes races, de tout rang. Cet homme vient
d’accomplir son premier grand geste contre l’exclusion, les prémices d’un loi
nouvelle : l’AMOUR. Oui, Jésus vient de poser la première pierre d’un
édifice dont les Apôtres et ceux qui sont témoins de la guérison du lépreux ne
saisissent pas encore la pleine signification.
Mais au-delà, c’est d’une
autre purification que Jésus jette les fondations, la purification du cœur de
l’homme, ainsi que déjà le prophétisait le prophète Ezéchiel: Je verserai
sur vous une eau pure, et vous serez purifiés. De toutes vos souillures, de
toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je
mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre cœur de pierre, et je vous
donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit : alors vous
suivrez mes lois, vous observerez mes commandements et vous y serez fidèles (Ez
36, 25-27). Par le monde nouveau dont il ouvre les portes et dont il trace le
chemin, Jésus annonce un nouveau règne auquel il appelle tous les hommes.
Quiconque le rencontre et accueille sa Parole ne peut s’empêcher de crier au
monde sa joie d’être sauvé.
Jésus accomplira de
nombreux autres miracles. Mais à la différence des simples prodiges merveilleux
des religieux grecs et des rabbins, les miracles de Jésus manifestent son amour
pour les hommes, mais aussi son pouvoir sur la nature ; ils revêtent une
signification spirituelle et symbolique en ce qu’ils annoncent parallèlement
les châtiments et les innombrables dons de l’ère messianique qu’il
inaugure : triomphe de l’Esprit sur l’empire de Satan et des forces du
Mal. Accomplis par pitié, on pourrait même dire par compassion, ils sont là
pour confirmer la foi. Ce ne sont donc pas des faits publicitaires, raison pour
laquelle il réclame toujours le silence de celui qui en bénéficie, lui
recommandant par contre d’aller faire constater sa guérison auprès d’un prêtre.
Plus tard, il confirmera la foi des croyants par le miracle de sa propre
résurrection. Ce pouvoir de guérison, il l’a communiqué à ses apôtres lorsqu’il
les a envoyés annoncer son Évangile à tous les peuples.
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