30/05/2008

L'Evangile de Jésus Christ,
une Parole non seulement écoutée,
mais aussi et surtout mise en pratique.

Bonjour !
Chers amis, voici le texte de l'Evangile de ce dimanche. En continuité des deux épîtres et du psaume ci-dessous, Jésus livre à ses disciples la condition sine qua non pour entrer dans le Royaume des Cieux : faire la volonté de son Père qui est aux cieux. La Parole sans les œuvres est stérile : Christ nous invite à asseoir notre témoignage chrétien sur le roc de la charité.

Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 7, 21-27)

7
21i Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
22 Ce jour-là, beaucoup me diront : 'Seigneur, Seigneur, n'est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?'
23 Alors je leur déclarerai : 'Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !'
24 Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc.
25 La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s'est abattue sur cette maison ; la maison ne s'est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
26 Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
27 La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s'est écroulée, et son écroulement a été complet.»
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Un SDF dormant en pleine rue, sous le regard
indifférent des passants : "j'étais affamé
et vous ne m'avez donné à manger…"

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La parole de Dieu déploie tous ses bienfaits dans la mesure où elle est non seulement écoutée mais aussi mise en pratique. Toute la Bible est jalonnée de méfiance à l’égard des «beaux parleurs» :

Dans l’ancien Testament, par exemple
Moïse dit : «Gardez et mettez en pratique» (Dt 5, 32). Le prophète crie : «Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi» (Is 29, 13). Le sage avec force conseille: «Ne te presse pas de parler et ne te décide pas trop vite à t'engager devant Dieu, car Dieu est au ciel et toi sur la terre et, si tu t'es engagé devant lui, dépêche-toi de l'exécuter car il n'aime pas les fous » (Qo 5, 1).

Dans le nouveau Testament, par exemple
Dans le discours sur le jugement, Jésus est très explicite : «J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir »(Mt 25,35-36). Ou encore : «il faut faire l'aumône en secret» (Mt 6, 3), «il faut prier en secret» (Mt 6, 6), «il faut jeûner en secret» (Mt 6, 17). Et surtout : «Aimez vos ennemis» (Mt 5, 44).

Oui ! le roc, ce n’est pas que la Parole de Jésus que l’on peut écouter par convenance, imitation ou simple curiosité intellectuelle : c’est la charité pratique du disciple, celui-là qui portera du fruit. « À quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise "J'ai la foi", s'il n'a pas les œuvres? … si elle n'a pas les œuvres, elle (la foi) est tout à fait morte» (Jc 2, 14-17).

Accepter de suivre le Christ nous engage donc au plus haut point à accueillir sa Parole dans nos cœurs et dans vos vies, et à la mettre en pratique pour notre salut et celui de nos frères.


La justice de notre Dieu
c'est sa droiture et sa sainteté…

La seconde lecture de ce dimanche est extraite de la Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 3, 21-25a.28)

3
21i Frères, tous les hommes sont dominés par le péché ; la loi de Moïse, elle, servait seulement à faire connaître le péché. Mais aujourd’hui, indépendamment de la Loi, Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve : la Loi et les prophètes en sont déjà témoins.
22 Et cette justice de Dieu, donnée par la foi en Jésus Christ, elle est pour tous ceux qui croient. En effet, il n'y a pas de différence :
23 tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu,
24 lui qui leur donne d'être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus.
25a Car Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que, par l'offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui.
28 En effet, nous estimons que l'homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse.
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Quel “culot“ de l’Apôtre Paul dans l’extrait de sa Lettre aux Romains ci-dessus. Lui, un farouche défenseur de l’orthodoxie juive qui a persécuté la jeune Eglise, lui qui a reçu la foi comme un don qui a retourné son coeur et transformé sa vie vers la proclamation de la royauté de son nouveau Seigneur. La loi de Moïse ? il la connaît parfaitement puisqu'il en avait fait, en bon fidèle pharisien, le fondement de toute son existence, sa forteresse et son roc. Mais aujourd’hui, il affirme que l’homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse.
Pour Paul, Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve... Et cette justice de Dieu, qui est sa droiture et sa sainteté, est donnée par la foi en Jésus Christ, elle est pour tous ceux qui croient en lui qui est Amour.



Entre bénédiction et malédiction :
les commandements du Seigneur Dieu
au cœur de nos vies…

Bonjour à vous tous !
Les trois textes que la liturgie nous propose ce dimanche parlent de la nécessité d'accueillir en nous la Parole Dieu (autrefois formalisée dans le Décalogue — La loi de Moïse — pour les juifs lors de leur sortie d'Egypte, loi dépassée en et par Jésus-Christ, Parole vivante descendue du Ciel pour le salut de tous les hommes, donc au-delà des seuls fuifs) et surtout de la mettre en pratique dans notre vie de tous les jours. Voici la première lecture et le psaume de méditation.


Livre du Deutéronome (Dt 11, 18.26-28.32)

11
18i Moïse disait au peuple d’Israël : « Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme. Attachez-les à votre poignet comme un signe, fixez-les comme une marque sur votre front.
26 Aujourd'hui je vous donne le choix entre la bénédiction et la malédiction :
27 bénédiction si vous écoutez les commandements du Seigneur votre Dieu, que je vous donne aujourd'hui ;
28 malédiction si vous n'écoutez pas les commandements du Seigneur votre Dieu, si vous abandonnez le chemin que je vous prescris aujourd'hui, pour suivre d'autres dieux que vous ne connaissez pas.
32 Veillez à mettre en pratique les décrets et les commandements que je vous présente aujourd'hui.
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Dans cette lecture, les premiers mots que l’auteur met dans la bouche du Seigneur laissent deviner tout l'attachement que manifestera le Juif fidèle pour la loi de Moïse: «Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme… Fixez-les comme une marque sur votre front». La piété juive se développera autour de ces versets qui signent la nature de leur relation à Dieu et entre eux ; certains juifs fidèles porteront effectivement accrochés à leur cou tels des scapulaires ou inscriront sur les cadres de leurs portes ou encore écriront sur leur corps tels des tatouages… de tout petits morceaux du texte biblique.

C’est parce que la loi de Moïse est bien plus qu'une série de préceptes, bien plus que les dix commandements. Elle est visible dans tout le Pentateuque (mot désignant les cinq premiers livres de la Bible) où se noue l'histoire d'amour entre Yahvé et son peuple. C’est ce que les juifs nomment "Torah" à savoir toute leur histoire, nationale et religieuse, le socle de leur identité, une alliance choisie et acceptée, scellée comme un traité : mais c’est Dieu qui est Maître, c’est Lui qui définit les termes de l’alternative : soit la bénédiction en suivant ses commandements, soit la malédiction en s’en détournant. Voici donc Dieu qui se fait proche de son peuple et qui lui parle comme un Père à ses enfants.

Et c’est tout le sens du psaume qui nous est proposé en méditation : ma vie est grâce en Dieu mon rocher et ma citadelle ; que de tout mon cœur et sans me lasser, je te chante. Eternel, mon Dieu, je te louerai à jamais...

Psaume 30 (3bc-4 — 17, 20cd, 24ab.25)

3b Sois le rocher qui m'abrite,
3c la maison fortifiée qui me sauve.
04 Ma forteresse et mon roc, c'est toi :
pour l'honneur de ton nom, tu me guides et me conduis.

17 Sur ton serviteur, que s'illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
20c Tu combles, à la face du monde,
20d ceux qui ont en toi leur refuge.

24a Aimez le Seigneur, vous, ses fidèles :
24b le Seigneur veille sur les siens ;
25 Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !



22/05/2008

Je suis le pain vivant qui descend du ciel.
Qui mange de ce pain vivra pour toujours.
Alleluia, Alleluia !

Chers amis, bonjour !
C'est la fête du Saint Sacrement en ce dimanche. L'histoire retiendra que le Christ se montra à Sœur Julienne du Mont Comillon en 1256 et lui dit qu'il manquait à l'Eglise une fête annuelle en l'honneur du Saint Sacrement de l'autel. Ce ne fut pas simple d'instituer une date à cet effet, mais le rite se répandit et le Pape Urbain IV l'intégra au calendrier liturgique en 1264.
La fête du très Saint Sacrement, appelée dans le langage liturgique, la fête du “Corps du Christ“, et dans le langage populaire, la “Fête-Dieu“, est une fête dans laquelle l'Église rend les honneurs publics et solennels à Notre Seigneur Jésus-Christ dans la sainte Eucharistie. La procession faite ce jour-là s'inspire de 1 Rois 8. Le Pape Jean XXII l'ordonna en 1318 pour, en plus, sanctifier et bénir, par la présence de Jésus-Christ, les rues et les maisons de nos villes et de nos villages.

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Voici le texte que l'Eglise nous donne de méditer en ce dimanche de la solennité du Corps et du Sang du Christ :


Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 6, 51-58)

6

51i Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait: «Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.»

52 Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?»

53 Jésus leur dit alors : «Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous.

54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.

57 De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.

58 Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement.»

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Quelques repères pour notre méditation

La glorification du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus Christ : cette manifestation, haute en sons et couleurs était appelée jadis «Fête Dieu». L’Eglise nous donne l’occasion de méditer sur l’Eucharistie et le sens profond de la messe. A travers l’Eucharistie, mystère d’amour, Dieu ne cesse de se donner à son peuple comme nourriture de vie. «… Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui», dit le Seigneur. Mais pour mieux saisir l’importance de cette parole, peut-être serait-il utile de parler d’abord des nourritures terrestres, celles qui nourrissent notre corps. Il faut manger pour vivre, dit le dicton…
Dans les sociétés occidentales, à l’abri de la famine, on oublie souvent ce que “manquer de nourriture“ et “mourir de faim“ veulent dire. Certes ! on observe depuis quelques temps le développement des « nouveaux pauvres» auxquels des associations caritatives ou humanitaires tentent d’apporter un réconfort appréciable : les “Restos du Cœur“, les Points de distribution de nourriture et de soins par le 112 et la Croix Rouge, les espaces des Compagnons d’Emmaüs et de l’Armée du Salut… en sont des exemples patents. Dans certains pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et des Antilles où la sècheresse et les intempéries climatiques, souvent aggravées par les guerres civiles, les injustices entre les pays dits nantis et ceux “en voie de sous-développement“ et la méchanceté de ceux (gouvernements et affairistes de tous acabits) qui tiennent tout en main, sévissent à longueur d’années, la raréfaction de la nourriture expose les populations à la famine : survivre devient un enjeu permanent. Il est important de noter (heureusement, d’ailleurs !) qu’en même temps le sens de l’accueil et du partage qui soude ces populations dans ces moments difficiles est tel que le voisin ou l’hôte de passage est entouré de soin et sa nourriture est un devoir de l’hospitalité… on se prive pour l’autre. Non ! on ne mange pas seul, le repas se partage en communauté.

Ce rapide témoignage illustre bien notre besoin de nourriture pour assouvir la faim, entretenir notre corps et vivre. Mais il existe cependant d’autres faims et d'autres soifs qui tenaillent les êtres humains : la faim de liberté et de paix, la soif d’affection et de dignité, et au plus profond de nous… la faim de Dieu. Et c’est là tout le sens de la fête que nous célébrons aujourd’hui. Oui ! pour nous, Dieu est un Père qui nourrit, il nous donne notre pain quotidien pour notre croissance physique et il veille aussi sur notre épanouissement humain et spirituel.

De la sorte, il vit dans l’intimité de notre être. «Prenez et mangez-en tous, car ceci est mon Corps livré pour vous » … « Prenez et buvez-en tous car ceci est mon Sang, le Sang de la nouvelle Alliance qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ; vous ferez cela en mémoire de moi». Ces paroles du Christ lors de l’institution de l’Eucharistie révèlent ici leur sens. Par ce don, en effet, Dieu fait en nous œuvre de grâce.
La communion ne devrait pas être une routine ou (pire !) une contrainte (faire comme les autres ou parce qu’on nous l’impose).

Le Pain eucharistique vient réellement combler nos désirs profonds :

désir de communion avec Dieu : «Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui» ;
désir de vie face à la maladie : «Celui qui mange de ce pain vivra éternellement…» ;
désir de présence face à la solitude et aux sentiments de vide et d’abandon auxquels nous sommes souvent confrontés : «Demeurez en moi comme moi je demeure en vous…»;
désir d’action et de rayonnement : «Hors de moi, vous ne pouvez rien faire…». L’Eucharistie, on le voit, est une véritable force, une chance pour tenir bon, pour être fidèles et efficaces, elle est source de dynamisme pour donner et se donner.
Désir de communion avec les autres. On n’est jamais seul quand on communie. Rencontre avec ceux qu’il aime, l’Eucharistie est un ciment d’amour pour ceux qui s’aiment ; elle nous fait porteurs d’espérances vives et renouvelées.

Mais hélas ! Interrogeons-nous un instant. Notre faim d’Eucharistie n’est-elle pas souvent trop courte. Ce qui devrait nous émerveiller devient un geste banal, dévalué et expédié en quelques minutes. Nous venons et partons en toute hâte ; nous entrons en Eucharistie sans préparation, sans transition, sans avoir pris le temps d’accueillir Celui qui vient faire en nous sa demeure, sans avoir réalisé que nous sommes “missionnés“ pour vivre cette communion dans nos maisons, nos quartiers, nos lieux de travail et de loisir… et ainsi, nous ne portons pas de fruit, tout comme ceux qui ne communient pas ou plus ou peu souvent se laissent anémier par une si stérile «abstinence».


Puissions-nous, à chaque célébration eucharistique, renouveler notre acte de foi, à la manière de Paul dans sa Lettre aux Corinthiens : «La coupe que nous bénissons, n’est-elle pas communion au Sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au Corps du Christ ?» Souvenons-nous que Christ nous a donné son Corps et son Sang comme nourriture pour notre faim et pour la faim dans le monde : « Il y a un seul Pain et nous sommes tous un Corps, car nous avons tous part à un seul Pain».

Crédit photos : Procession du Saint-Sacrement à la paroisse Saint Pierre-Claver de Brazzaville (Congo)

21/05/2008

Que les peuples, Dieu, te rendent grâce,
qu'ils te rendent grâce tous ensemble…

Bonjour !

Le Psaume 147 — qui nous est proposé pour nourrier notre méditation — loue l'Éternel comme le Dieu qui agit à la fois dans la nature, pour y produire les changements les plus merveilleux, et au sein de son peuple, pour guérir ses plaies et lui donner force et sécurité.
Jérusalem signifie "vision de paix" et Sion, nom hébreu veut dire par "spectacle" : "Loue le Seigneur, Jérusalem, loue ton Dieu, ô Sion." Les chrétiens ont donc, eux aussi, leur spectacle, et non le moindre : la vision de Dieu.
Il est intéressant de noter que dans la seconde strophe sont réunis le pain de froment et la Parole que Dieu envoie sur la terre. Cela fait le lien avec la nourriture du désert (la manne) envoyée du ciel au peuple d'Israël et le Christ, Parole vivante et vivifiante envoyée par le Père.
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Psaume (147, 12-13, 14-15, 19-20)

12 Glorifie le Seigneur, Jérusalem !
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
13 Il a consolidé les barres de tes portes,
dans tes murs il a béni tes enfants ;

14 il fait régner la paix à tes frontières,
et d'un pain de froment te rassasie.
15 Il envoie sa parole sur la terre :
rapide, son verbe la parcourt.

19 Il révèle sa parole à Jacob,
ses volontés et ses lois à Israël.
20 Pas un peuple qu'il ait ainsi traité ;
nul autre n'a connu ses volontés.
Alléluia !



Donne-nous aujourd'hui
notre pain de chaque jour…

Chers amis, bonjour !
Depuis lundi, nous sommes entrés dans la Semaine Eucharistique qui nous conduit au Dimanche de célébration de la fête du Saint-Sacrement (jadis dénommée “La Fête-Dieu“). Voici le premier texte que la liturgie nous donne de méditer.
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Livre du Deutéronome (Dt 8, 2-3.14b-16a)

8 02i Moïse disait au peuple d’Israël : «Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire connaître la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur : est-ce que tu allais garder ses commandements, oui ou non ?
03 Il t'a fait connaître la pauvreté, il t'a fait sentir la faim, et il t'a donné à manger la manne - cette nourriture que ni toi ni tes pères n'aviez connue - pour te faire découvrir que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.
14b N'oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t'a fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage.
15 C'est lui qui t'a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif.
16a C'est lui qui, dans le désert, t'a donné la manne - cette nourriture inconnue de tes pères.»

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Quelques repères pour notre méditation

Un rappel du conetxte : Lorsque Pharaon eut laissé partir le peuple, Dieu ne lui fit pas prendre la route du pays des Philistins, bien qu'elle fût plus proche, car Dieu s'était dit qu'à la vue des combats le peuple pourrait se repentir et retourner en Égypte. Dieu fit donc faire au peuple un détour par la route du désert de la mer des Roseaux (Exode 13, 17-18).

Quatre lieux géographiques peuvent être stigmatisés dans les Ecritures en ce qu’ils représentent des espaces priviligiés, chargés de sens dans la relation de Dieu à l’homme : la montagne, le désert, la route et la maison.
Dans ce premier extrait du Deutéronome, c’est donc l'expérience de la vie dans le désert qui est rappelée au peuple d’Israël. Lieu hostile et austère où rien ne pousse (ou presque), où l’eau manque, refuge par excellence du Mal et de ses figures de proue (les démons, les serpents, etc.), c’est également le lieu de la purification et de la bienveillance, de l’amour et de la miséricorde de Dieu, puisque le peuple (Exode) comme les prophètes (Élie, etc.), y bénéficient de la protection mais aussi de la nourriture que Dieu fournit. C’est dans le désert que Dieu est à la fois le plus absent et le plus présent au plus intime de son peuple et de chacun individuellement. Voilà pourquoi Moïse demande avec insistance au peuple d’Israël de ne pas oublier cette miséricorde divine manifestée dans l’épreuve (d’éducation et de test) que le Tout-Puissant leur avait imposée durant quarante jours.

«Il t'a fait connaître la pauvreté, il t'a fait sentir la faim, et il t'a donné à manger la manne - cette nourriture que ni toi ni tes pères n'aviez connue - pour te faire découvrir que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.» Ce versert me fait penser au magnifique texte de Jean 6 :26-36 : «Ils lui dirent alors : “Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l'Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel.“ Jésus leur répondit : “Amen, amen, je vous le dis : ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c'est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.“ Ils lui dirent alors : “Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours.“ Jésus leur répondit : “Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif. Mais je vous l'ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas.“

«Qu’est cela ?Mann hou ?» (Ex. 16 :15), s’exclamaient les Hébreux dans le désert après plusieurs jours de famine, étonnés de trouver sur le sol cette nourriture mystérieuse. Cette manne ressemblait à la graine de coriandre et elle était comme la rosée du matin (Nb.11 : 7 et 9) ; c’était une nourriture quotidienne, comme si Dieu appelait le peuple d’Israël à lui obéir et s’abandonner complètement à son amour au jour le jour. Marque de sollicitude pour son peuple, le phénomène de la manne au désert fut aussi en vérité pour Dieu une occasion de le mettre à l’épreuve. Il est intéressant de relever ici le parallèle saisissant de ces paroles de Moïse avec celles de Jésus dans un contexte identique, celui de sa tentation au désert par le démon. A ce dernier qui le défiait de changer les pierres en galettes de pain, le Christ réfutera Satan : «l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt. 4 :1-14).», avant de l’ordonner : «Arrière, Satan !».

Table du pain, table de la Parole : Saint Augustin établit cette distinction entre le Pain du désert et le Pain de vie pour nous faire mieux comprendre que la Parole de vie, comme ce fut le cas avec la manne dans le désert, est bien l’Evangile du Christ, cette Parole descendue du ciel pour ensemencer nos vies et nous nourrier dans l’Eucharistie. Ainsi que l’écrit si bien le RP Jacques Sylvestre, op. : «La communion viendra alors féconder la grâce de liberté et de vie partagée à cette table, la manne, le pain du désert devenu Parole pour ce jour de libération, vrai pain de vie descendu du ciel.» Relisons à ce propos les textes du prophète Isaïe (Is.55 : 10-11) et de l’Apôtre Paul (He.3 : 11-12 ; 2 Pi. 1 : 19-21) et repensons à ces deux tables toutes les fois que nous réciterons le Notre Père, la prière que le Christ lui-même nous a enseignée…


Crédit photo : Peinture de Nicolas Poussin réalisée entre 1637 et 1639 représentant les Hébreux en train de cueillir la manne dans le désert.

16/05/2008

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit…

Nous fêtons la Trinité en ce dimanche et la liturgie nous propose un très court extrait de l'Evangile de Saint Jean, certes ! mais une véritable révélation du dessein de Dieu aimant sur l'homme au cœur de ce monde qu'il a créé de ses propres mains.


Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 3, 16-18)

3
16i Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
18 Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
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Quelques repères pour notre méditation

Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte sont des fêtes que nous pouvons aisément situer dans les Ecritures, mais pas celle de la Trinité. Nulle part en effet dans la Bible on trouve le mot « Trinité ». D’ailleurs, nos frères protestants nous le rappellent à l’occasion. 1+1+1 = 1 Equation impossible, d’autant que chaque entité est différente de l’autre. Dieu : Père, Fils et Esprit… Trois personnes distinctes en Une, voilà qui ne facilite pas notre présomptueuse tentative de compréhension et de théorisation de ce fascinant mystère [Rappelons que pour les chrétiens, un Mystère est une vérité que nous ne comprenons pas et que nous ne pouvons pas comprendre pleinement. Nous pouvons seulement en dire quelque chose, quelques paroles qui approchent le Mystère, sans le circonscrire pleinement].

Les Pères de l’Eglise ont inventé le terme et la théologie de la Trinité pour essayer d’exprimer commodément l’identité de Dieu l’Unique qui est, agit et entre en relation avec nous en tant qu’il est Père, Fils et Esprit. Aucune formule de notre savoir ne peut explorer, expliquer et épuiser définitivement l’essence de Dieu. Pourtant, c’est Jésus lui-même qui nous donne les mots pour parler de Dieu, des mots aussi simples que Père, Fils, Esprit, Amour, don, vie… C’est avec ces mots qui nous fait entrer dans son intitimité, dans son mystère.

«Dieu a tant aimé le monde» : par ces propos, Jésus révèle l’identité de Dieu qui est Amour. Son action et sa puissance de Créateur nous sont pareillement montrées à travers le don qu’il nous fait de son Fils. Ainsi, Dieu le Père est «source» d’Amour, Jésus le Fils «Réponse d’amour et de vie» et l’Esprit Saint «Don d’Amour et de Vie». Et chacun des trois est en «regard vers l’Autre» : la nature de Dieu est donc d’exister dans l’altérité et le don de soi. Le Dieu Trinité est par conséquent «communion», «famille». On peut dire que Dieu (qui pourtant se suffit à lui-même) nous associe à sa vie, il ne cesse de se donner, de s’offrir à l’humanité qu’il a créée.
Dans la famille, l’enfant se blotit entre ses parents pour s’immerger dans la tendresse qui les unit ; l’amour de ses parents le fait exister, le rend heureux et ancre en lui les racines de son développement affectif et humain. Et nous chrétiens, dès notre baptême, nous sommes plongés dans la vie trinitaire. Il n’y a donc rien à cacher, rien à maquiller. Christ l’affirmera par ailleurs : «Je leur ai fait connaître ton nom, je le leur ferai connaître encore afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux» (Jn 17, 26).

Enfin, la Sainte Trinité est une signature de Dieu au cœur de notre vie de chrétien. «Au nom du Père, du Fils et du Saint Epsrit» : ces paroles qui accompagnent notre signe de croix sont une profession de foi ; elles disent en même temps l’identité de Dieu et, à un autre niveau, la nôtre propre, car elles revendiquent notre dignité de fils et filles de Dieu, de frères et sœurs du Seigneur Jésus, et d’hommes et de femmes aimés et sanctifiés par l’Esprit Saint. C’est dire que le signe de croix (tracé hélas ! trop souvent mécaniquement et furtivement) est l’expression de notre fierté chrétienne, de notre appartenance à la famille trinitaire. Plus encore, ces mots sont un engagement. Parler et agir au nom de quelqu’un comporte une responsabilité ; en faisant le signe de croix, le baptisé signe sa propre vie et s’engage à la rendre conforme à ce que le Père, le Fils et l’Esprit Saint accomplissent pour l’Eglise et pour le Monde. Une vie signée de la sorte implique de se tourner vers les autres : il s’agit de vivre la paternité et la maternité à la lumière de l’Amour du Père ; agir en solidarité et en fraternité comme le Christ ; témoigner de la force de l’Esprit ; gérer l’environnement dans le respect du dessein du Créateur ; défendre la vie, expression de l’Amour de Dieu…

Il ne s’agit pas, pour nous, d’expliquer le mystère de Dieu, mais de le connaître, c’est-à-dire d’en vivre, comme nous le dit Saint Jean dans sa première Lettre : « Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour…». Puisse l’Amour qui unit le Père et le Fils dans l’Esprit Saint inspirer notre unité et notre communion en Eglise, et faire de tous les baptisés des bâtisseurs d’un Monde nouveau et des témoins de l’Amour de Dieu pour nos frères.



15/05/2008

Dieu Père, Fils et Esprit : au-delà du mystère,
la Trinité, un élan créateur de Vie et d'Amour…

Chers amis, bonjour !
Ce dimanche, nous célébrons le Mystère de la Trinité. En effet, huit jours seulement après la Pentecôte, cela n'est pas fait pour amuser l'intellect et nous perdre dans de grandes théories théologico-philosophiques. Célébrer la Trinité divine, c'est parler d'une expérience dans notre destinée humaine, c'est exprimer une réalité bien ancrée en nous dès notre baptême. Dieu n'est pas un solitaire. Et, en nous révélant la Trinité divine, Christ nous délivre du clos de nos consciences pour faire surgir en nous la liberté totale à l'égard de tout égoïsme : nous savons désormais que Dieu n'est pas replié sur lui-même, mais qu'il est tout-amour, tout-don, toute-tendresse et toute-miséricorde.
Les deux premiers textes que la liturgie du dimanche nous donne de méditer sont brefs mais très denses quant aux messages qu'ils nous livrent en vue de la transfiguration de notre vie de chrétien :
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Livre de l'Exode (Ex 34, 4b-6.8-9)


34

4b Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné.
05 Le Seigneur descendit dans la nuée et vint se placer auprès de Moïse. Il proclama lui-même son nom ;
06 il passa devant Moïse et proclama : « YAHVÉ, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité,
08 Aussitôt Moïse se prosterna jusqu'à terre,
09 et il dit : « S'il est vrai, Seigneur, que j'ai trouvé grâce devant toi, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c'est un peuple à la tête dure ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t'appartienne. »

Quelques pistes pour notre méditation

Dieu se montre à Moïse dans le même contexte environnemental que celui du Mont Tabor ou de son Ascension : la montagne, la nuée et le Verbe. Il lui révèle ses attributs divins et très spécifiquement sa tendresse et sa miséricorde, manifestation de sa nature intrinsèquement aimante. Dieu, dont le nom est «imprononçable» est Amour.

Le psalmiste, dans le Psaume 94, rappellera le caractère entêté, indiscipliné et non confiant de ce peuple dont parle Moïse : «Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ? “Ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi, où vos pères m'ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit. Quarante ans leur génération m'a déçu, et j'ai dit : Ce peuple a le cœur égaré, il n'a pas connu mes chemins. Dans ma colère, j'en ai fait le serment : Jamais ils n'entreront dans mon repos“». Plus tard, l’Apôtre Paul fera également allusion à cette promesse de la miséricorde divine (voir He 3, 15 et 4, 1-10) et de l’introduction dans le repos de Dieu – du fait de la nouvelle alliance – du peuple des rachetés (voir 2 Thessaloniciens 1.7).
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Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
(2 Co 13, 11-13)


13

11i Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.
12 Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié.
13 Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint soient avec vous tous.

Quelques pistes pour notre méditation

Cette courte (incomplète) péricope de l’Apôtre Paul est en réalité un ensemble de recommandations qu’il adresse aux chrétiens de Corinthe dans une salutation finale. Mais ces paroles sont devenues liturgiques. En effet, elles sont reprises dans les célébrations eucharistiques, particulièrement lorsque le célébrant invite les fidèles à entrer en prière au début des offices religieux ou à se donner un signe de paix : c’est le baiser liturgique. Enfin, elles renforcent la pensée trinitaire bien présente dans maints passages des épîtres.


Ce type d’exhortation sera d'ailleurs le leitmotiv des adresses de l’Apôtre Paul aux chrétiens des communautés et des églises naissantes, comme par exemple dans sa Lettre à Thimothée : «…Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et qu’il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ.» (1 Th 5, 23) ou encore dans sa Lettre aux Ephésiens : «En vue de votre délivrance, vous avez reçu en vous la marque du Saint-Esprit de Dieu: ne le contristez pas. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.» (Ep 4, 30-32). Dans ce deuxième extrait, l’Apôtre Paul reprend singulièrement pour le chrétien les mêmes attributs divins mentionnés dans le texte de l’Exode ci-dessus. La sanctification du chrétien le commande de «regarder le Christ» et de s’employer à lui ressembler, c'est-à-dire de vivre en sa présence.

Dieu Père, Fils et Esprit, telle est la réalité que Jésus lui-même nous a livrée dans sa prière sacerdotale. Lorsque Paul recommande aux chrétiens de s’aimer et de se pardonner les uns aux autres, il nous installe au cœur même de cette réalité divine. Cette exhortation n'est pas seulement un précepte "verbeux"… c'est au contraire la transmission de la valeur suprême qui fait vivre Dieu Père, Fils et Esprit, car Dieu est Amour, c’est-à-dire communauté de personnes s'aimant dans l'unité du Saint Esprit. Nous nous sanctifions par la présence en nos vie de cette Trinité agissante, à l'exemple de Marie.

La Vierge Marie est celle qui porte en elle, dans sa chair, la présence de cette Trinité divine. En effet, elle est la fille choisie par le Père, l'Epouse de l'Esprit Saint qui a conçu en elle et la Mère du Christ. C'est donc à plus d'un titre que nous devons nous recommander à elle afin qu'elle intercède pour nous auprès de Dieu Père, Fils et Saint Esprit.


09/05/2008

"Si l'Esprit est votre vie,
que l'Esprit aussi vous fasse agir" ( Ga 5,25)…

Bonjour !

Aujourd’hui l’Esprit de Dieu se manifeste aux disciples : sous la forme de langues de feu, il répand sur eux les dons de sa grâce, et les envoie annoncer sa Parole et proclamer ses louanges: c'est la Pentecôte… Mêmement, par ce mystère, le Seigneur sanctifie son Eglise chez tous les peuples et dans toutes les nations; il répand les dons du Saint Esprit sur l'immensité du monde et continue dans le cœur des croyants l'œuvre d'amour qu'il a entreprise au début de sa prédication évangélique. Oui, chers frères ! Que l'Esprit de Dieu repose sur chacun de nous, qu'il nous consacre et fasse de nous des messagers de sa paix et de sa joie.

Les deux textes que je vous propose ci-après me semblent appropriés à ce temps de manifestation de l'Esprit :

L'apôtre Paul, chantre de la résurrection du Christ et artisan infatigable de son Eglise [qu'il compare sans cesse à un seul corps dans lequel agit un seul et même Esprit], nous rappelle ceci dans Ep 4, 3-6 : "Ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même, il n’y a qu’un seul Corps et un seul Esprit. Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous".

En effet, à la Pentecôte, l'Esprit "déverse" sept (7) dons principaux sur les Apôtres : la Crainte du Seigneur, la Piété, la Science, la Force, le Conseil, l'Intelligence et la Sagesse. Commençons par le septième de ces dons. Pour le demander (ou obtenir son renouvellement en nous), l'Eglise propose l'oraison suivante : "Esprit Saint, accorde-nous le don de la sagesse, que nous sachions reconnaitre Dieu présent et manifesté dans le monde, considérant toutes choses dans sa lumière et dans le souvenir permanent de la vie éternelle."
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Mais d'autres textes bien antérieurs nous aident à comprendre (sous l'éclairage de la Pentecôte aujourd'hui) et à solliciter ce don de Sagesse. Voici, dans le Livre de la Sagesse, un extrait de ce merveilleux Cantique (Sg 9) :

Dieu de mes pères et Seigneur de tendresse,
par ta parole tu fis l'univers,
tu formas l'homme par ta Sagesse
pour qu'il domine sur tes créatures,
qu'il gouverne le monde avec justice
et sainteté,
qu'il rende, avec droiture, ses jugements.
Donne-moi la Sagesse,
assise près de toi.

Ne me retranche pas du nombre de tes fils :
je suis ton serviteur, le fils de ta servante,
un homme frêle et qui dure peu,
trop faible pour comprendre
les préceptes et les lois.
Le plus accompli des enfants des hommes,
s'il lui manque la Sagesse que tu donnes,
sera compté pour rien.

Or la Sagesse est avec toi,
elle qui sait tes œuvres ;
elle était là quand tu fis l'univers,
elle connaît ce qui plaît à tes yeux,
ce qui est conforme à tes décrets.

Des cieux très saints, daigne l'envoyer,
fais-la descendre du trône de ta gloire.
Qu'elle travaille à mes côtés
et m'apprenne ce qui te plaît.
Car elle sait tout, comprend tout,
guidera mes actes avec prudence,
me gardera par sa gloire.

L'on peut croiser le contenu de ce extrait du Cantique de la Sagesse avec d'autres textes des Ecritures, par exemple : Ps. 23, 9 — Ps. 24, 11 — Ps. 36, 6 — Ps. 118, 165 — Mt 5, 9. Par ailleurs, cet extrait n'est pas sans rappeler la prière du Salomon historique (par ex. 1 R, 3-9 et 2 Ch 1, 8-10). Le Roi Salomon ne dit-il pas justement : "… la doctrine de l'homme se reconnaît à la patience" !

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Pour notre prière (universelle) de ce jour, nous demandons au Seigneur de renouveler la face de la terre :

Renouvelle, Seigneur, la face de la terre !


Ô Christ, glorifié à la droite de Dieu,
tu as répandu sur tes disciples l’Esprit Saint reçu du Père :
– envoie ton Esprit : qu’il crée un monde nouveau.

Ô Christ, par ton souffle, tu as donné l’Esprit
à tes Apôtres pour qu’ils aient le pouvoir de remettre les péchés :
– envoie ton Esprit : qu’il efface nos fautes.

Ô Christ, tu as promis que l’Esprit nous enseignerait
toute chose et nous rappellerait ce que tu avais dit toi-même :

– envoie ton Esprit : qu’il éclaire notre foi.

Ô Christ, tu as promis d’envoyer l’Esprit de vérité
pour qu’il rende témoignage à ton sujet :

– envoie ton Esprit : qu’il fasse de nous des témoins fidèles.

Et que l'Esprit de Dieu demeure en nous et fasse de nous une éternelle offrande à sa gloire…


Allez dans le monde entier,
de tous les peuples faites mes disciples…

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Le bruit, le vent et le feu symbolisent la présence de Dieu ;
ils sont une manifestation de la puissance divine,
Renouvellement de la théophanie du Sinaï
dont la Pentecôte juive est la commémoration,
la Pentecôte chrétienne est la fête du don de l'Esprit Saint.
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E
vangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 20, 19-23)
20

19i C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

21
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »

22 Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint.

23 Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
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Bonjour !

Que retenir de cette longue marche depuis le Carême jusqu'à la Pentecôte, en passant par la Passion et la Résurrection de notre Seigneur ? Et quelle est désormais notre feuille de route en tant que “porteurs de Christ“, en tant que “messagers de la Bonne Nouvelle de Dieu“, en tant que “missionnaire d'Amour et de Paix“?


Il y a pratiquement deux mois, nous entrions dans la grande semaine sainte qui nous a conduits pas à pas au Mystère Pascal. Avec les Apôtres, mais aussi avec tous ceux qui avaient suivi Jésus pendant les trois années de son ministère sur les routes de la Galilée, la Samarie et la Judée, nous avons voulu vivre pour notre compte et pour notre chemin de foi, ambiance poignante et lourde de sens des derniers jours de Jésus avant son heure, l’heure de l’accomplissement total de sa mission.
Ainsi, dans l’approche du moment Pascal, nous avons non sans gravité fait mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples, de la longue nuit d’abandon où le Maître, trahi par Judas, renié par Pierre et lâché par tous les siens se retrouve seul face à son destin. Nous avons suivi Jésus sur son chemin de croix et de mort… puis, nous avons célébré avec joie et enthousiasme Pâques, la victoire de la vie sur toutes les forces de mort.
Christ ressuscité nous a irradiés de sa lumière.
Avec les femmes, au seuil du tombeau vide, nous avons appris qu’il ne faut pas chercher parmi les morts celui qui est vivant.
Avec les compagnons d’Emmaüs, nous avons compris que le ressuscité de Pâques ne nous renferme pas sur le passé, mais qu’il fait route avec nous pour un avenir de partage… partage de sa parole, partage de son pain et partage de la foi. Enfin, avec les Apôtres enfermés au Cénacle, calfeutrés sur leur peur et leur doute, nous avons compris que nous n’avons plus à être des chrétiens verrouillés, des chrétiens « poules mouillées » et toujours sur la défensive, mais plutôt des chrétiens envoyés par Jésus lui-même, des chrétiens porteurs d’amour, de pardon et d’espérance.


Au Cénacle, les Apôtres sont dans l’attente. Malgré le doute et la peur, ils sont ensemble, verrouillés, certes !, mais réunis entre eux et avec Marie, et sans doute aussi pour prier.
C’est dans ce contexte que cinquante jours après Pâques survient l’évènement de Pentecôte. Dans cette pièce où, bien à l’abri des curieux, les Apôtres attendent dans la prière et dans la confiance.
L’Esprit jaillit tel une tornade
inattendue qui fait grincer les charnières des portes, claquer les volets des fenêtres et trembler la maison. Ce jour-là, en effet, ce n’est pas un Esprit douce-brise qui vient apaiser les angoisses humaines. C’est l’Esprit-tempête qui vient bousculer et bouleverser le calme des retraitants et réveiller leurs énergies, un souffle violent, un feu qui vient réchauffer et (ré)animer le cœur des Apôtres. Pentecôte, c’est le temps de la naissance et de la renaissance. Le souffle répandu sur les Apôtres est une force créatrice d’une vie nouvelle. Oui ! l’Eglise est vraiment et “missionnée“ née ce jour-là. De quelques poltrons renfermés sur eux-mêmes et tétanisés par la disparition du Christ huit jours plutôt, l’Esprit fait d’infatigables témoins de sa résurrection.

L’Eglise naît de ce rassemblement d’hommes abattus qui, soudain habités par la force de Dieu, reprennent en main leur vie et deviennent d’intrépides missionnaires de la Bonne Nouvelle.
L’Esprit les pousse au large, ils annoncent au monde entier que toute l’humanité est désormais sauvée par le don que Jésus Christ a fait don de sa vie sur la croix. Et, depuis, dans le sillage des Apôtres, des missionnaires de tous les temps sont appelés à annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. L’Eglise et les apôtres d’hier et d’aujourd’hui sont appelés à entraîner l’humanité tout entière sur le chemin d’amour et de paix tracé par Jésus. Désormais, rien ne peut faire taire les disciples du Christ, ni les moqueries, ni la détresse, ni l’angoisse, ni la persécution, ni la faim, ni le danger, ni le glaive… rien, plus rien ! Leur témoignage bouscule dorénavant l’histoire d’hommes et de femmes de toutes conditions et origines sociales et ce, depuis déjà deux millénaires. C’est parce que l’Evangile est une actualité toujours nouvelle qui nous ouvre à Dieu. Faisons donc le plein d’Esprit Saint dans nos vies afin que, à l’instar des Apôtres et avec la médiation bienveillante de Marie, la mère de Dieu, nous soyons partout où nous sommes, des brasiers de joie, des flambeaux d’amour vivant « ad magnam gloriam Dei ».

Bonne Pentecôte…


07/05/2008

Un seul et même Esprit pour tous…

Chers amis !
Dans notre marche vers la Pentecôte, voici le deuxième texte que la liturgie nous propose en méditation :

Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
(1Co 12, 3b-7.12-13)


12
03bi Frère, sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
04 Les dons de la grâce sont variés, mais c'est toujours le même Esprit.
05 Les fonctions dans l'Église sont variées, mais c'est toujours le même Seigneur.
06 Les activités sont variées, mais c'est toujours le même Dieu qui agit en tous.
07 Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous.
12 Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
13 Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l'unique Esprit.
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Quelques repères pour notre méditation :

Les textes qui nous sont proposés pour ce dimanche de Pentecôte sont si riches qu’il nous faudrait plus d’une seule page pour en découvrir les pépites qu’ils contiennent. Dans la
“Première lettre aux Corinthiens“ ci-dessus, l’apôtre Paul met l’accent sur l’unicité de l’Esprit Saint à travers la diversité des dons qu’il infuse en chacun de nous. Et l’exemple du corps n’est pas anodin. Non seulement Paul rappelle l’unité de l’Eglise riche des différences de ses membres, mais de plus il montre le bouleversement de la pensée philosophique et religieuse qui avait cours jusqu’ici. Jésus Christ ressuscité manifeste au monde que Dieu est amour, qu’il nous donne son Esprit qui maintenant peut vivre en nous. Dieu, qui avait pris chair par Marie et qui a vécu notre condition humaine, passe désormais dans notre propre chair par l’Eucharistie et par son Esprit Saint. Et c’est le même Esprit qui seul nous donne la force de proclamer que «Jésus est le Seigneur», qu'il est la Parole vivante et agissante.

Rappelons-nous en effet la profession de Pierre : Jésus leur dit : «Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?» Prenant la parole, Simon Pierre déclara : «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !» Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : «Heureux es-tu, Simon fils de Jonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.»…

Cette profession-là, nous pouvons désormais la dire grâce à l’Esprit Saint dans nos cœurs, car il est la manifestation de l’Alliance nouvelle. Et c’est Esprit est Amour. C’est pourquoi le langage de Pentecôte est à l’opposé de celui de la Tour de Babel : le don de l'Esprit va inscrire la Loi au fond de nos cœurs. Comme jadis Moïse monta sur la montagne du Sinaï et y reçut la Loi, les dix paroles, recadrant de ce fait la vraie libération du peuple choisi (non plus dans la fuite d’Egypte mais) dans le don de la Parole, ainsi à la Pentecôte, c’est également le triomphe de la Parole qui agit et libère, cette Parole qui nous affranchit de nos égoïsmes, de nos frontières visibles et invisibles, de nos peurs et de nos lâchetés. A chacun de nous il est demandé de se rendre disponible pour accueillir ce feu qui régénère afin d’être des messagers actifs et fiers de témoigner de cet Amour qui nous fait vivre en Eglise.



06/05/2008

La venue de l'Esprit Saint fait de nous
des témoins et des prophètes…

C'est Pentecôte, aujourd'hui…

"L'alliance avec Israël est étendue à tous les peuples de la terre; le Peuple de Dieu est aujourd'hui élargi au point de ne plus connaître aucune frontière de race, de culture, d'espace ou de temps" (Pape Benoît XVI, homélie Pentecôte 2006).


Voici le premier texte que l'Eglise nous donne à méditer en ce dimanche de Pentecôte :

Livre des Actes des Apôtres (Ac 2, 1-11)

2
01 Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
02 Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
03 Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux.
04 Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.
05 Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
06 Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue.
07 Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
08 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
09 Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d'Asie,
10 de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

Comme repères pour notre méditation, je voudrais vous soumettre un texte très pédagogique autour de l'extrait ci-dessus. Sœur Marie-Thérèse Perrot du Centre de formation du diocèce de Coutances & Avranches dans la Manche (50) nous aide à comprendre le contexte et le message de cet extrait, et surtout à répondre à deux questions fondamentales qui viennent de notre lecture attentive :
- comment pouvons-nous nous disposer à accueillir l'Esprit ?
- Quels signes de sa présence pouvons-nous discerner aujourd'hui ? (en nous, dans l'Eglise, dans le monde)…




02/05/2008

“Qu'ils soient un, comme nous-mêmes.“

Livre des Actes des Apôtres (Ac 1, 12-14)

1

12i Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent du mont des Oliviers à Jérusalem, qui n’est pas loin. (La distance ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.)
13 Arrivés dans la ville, ils montèrent à l'étage de la maison ; c'est là qu'ils se tenaient tous : Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d'Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques.
14 D'un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.
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Psaume (26, 1, 4abcd, 7-8)

01 Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

4a J'ai demandé une chose au Seigneur,
4b la seule que je cherche :
4c habiter la maison du Seigneur
4d tous les jours de ma vie,

07 Écoute, Seigneur, je t'appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
08 Mon cœur m'a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »
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Première lettre de saint Pierre Apôtre (1P 4, 13-16)

4

13i Mes bien-aimés, puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera.
14 Si l'on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l'Esprit de gloire, l'Esprit de Dieu, repose sur vous.
15 Si l'on fait souffrir l'un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme dénonciateur.
16 Mais si c'est comme chrétien, qu'il n'ait pas de honte, et qu'il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien.
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Quelques repères pour notre méditation
(sur les textes supra)


Alors que jusqu’au dernier instant l’établissement du royaume messianique apparaissait encore aux apôtres comme une restauration temporelle de la royauté davidique, la disparition de Jésus et son ascension dans le ciel marquent le troisième temps du plan divin inséré dans l’histoire des hommes (après ceux de la préparation, de la plénitude des temps), à savoir le temps de l’attente et de la parousie qui sera suivi des «derniers temps», du «Jour eschatologique» et du «Jugement dernier».

Le premier texte de Luc (Ac 1, 12-14) relate une scène qui se déroule au Mont des Oliviers, le lieu de l’ascension du Seigneur. Cette localisation est très significative. En effet, c’est là que se rendit Jésus pour prier au début de sa passion, et c’est là, après sa résurrection, qu’il inaugure par son ascension, ce troisième temps. Notons également, depuis sa résurrection, la présence de Marie sa mère au milieu des disciples et de quelques autres femmes. Marie, témoin privilégié de la vie obéissante de son Fils, Marie au cœur de l’Eglise naissante, Marie dont la seule présence rassure les apôtres.

Le psaume 26, intitulé «Près de Dieu, point de crainte» met l’action sur cette confiance sans limite en Dieu dont nous devons «rechercher la face», c’est-à-dire vivre en sa présence, chercher à le connaître, à le servir et à rester fidèle à sa parole. En effet, le apôtres n’ont plus peur, ils ne se cachent plus et les persécutions à venir sont envisagées comme une grâce et une glorification, parce que subies au nom du Seigneur.

Et nous ? Combien de fois ne nous sommes-nous pas dérobés au témoignage du nom de Jésus, combien de fois n’avons-nous pas nié notre foi chrétienne en échange de petits avantages, de petits conforts ! Combien de fois n’avons-nous pas combiné la tiédeur de notre foi avec le “situationnisme“ d’un caméléon ?

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Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 17, 1-11)

17

01 Ainsi parla Jésus. Puis il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie.
02 Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
03 Or, la vie éternelle, c'est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
04 Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée.
05 Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde.
06 J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole.
07 Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi,
08 car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé.
09 Je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi,
10 et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux.
11 Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi.

Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné en partage, pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes.
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Quelques repères pour notre méditation
(sur l'évangile supra)


Plusieurs mots reviennent fréquemment dans cet extrait : Toi ou tu (23 fois) - Donner (11 fois) - Glorifier (6 fois) – Connaître (5 fois) – Monde (5 fois). Cet évangile nous fait entendre de manière éclatante le Christ priant, conversant avec son Père et ce, à haute voix devant ses disciples avant d'entrer dans sa Passion, pour demander à son Père de le glorifier, lui, son Fils, et de garder ses Apôtres dans une fidélité totale. On appelle cette longue conversation du Seigneur avec son Père : "la prière sacerdotale" du Christ. Garder fidèlement la parole du Père, telle est la recommandation majeure du Christ à ses disciples toute sa vie durant, et plus particulièrement avant sa passion… L’Esprit Saint qu’il promet les remplira de ses charismes ; il est l’Esprit de vérité qui mène à la vérité tou entière : c’est lui qui leur permettra de comprendre la personnalité mystérieuse du Christ, le sens de sa parole et le sens des miracles qu’il a accomplis : «Quand viendra le Défenseur que je vous enverrai, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi. Alléluia»… une promesse qui nous est faite également à chacun de nous pour continuer l’œuvre du Christ enlevé dans la gloire.

Les textes que l'Eglise nous donne de méditer en ce 7ème et dernier dimanche de Pâques mettent en avant la place fondamentale de la prière dans notre vie de chrétien. Marie et les apôtres se retirent, s'isolent pour prier. Jésus lui-même parle à son Père. Ainsi pouvons-nous d'ailleurs comprendre ce qu'est la prière : une conversation confiante avec Dieu notre Père, avec nos mots, les mots de tous les instants, avec simplicité et sincérité… Et, dans l'attente de l'effusion sur chacun de nous de cet Esprit que Jésus nous promet, mettons-nous en prière pour nous-mêmes et pour le reste de l'humanité :

Père très saint, pour continuer l’œuvre de ton Fils enlevé dans la gloire…

R - Ô Seigneur, envoie ton Esprit.
Pour qu’il parle aujourd’hui par la bouche de tes envoyés,
Pour qu’il ouvre l’oreille de ceux qui écoutent ta parole,
Pour qu’il guérisse par la main de tes disciples,
Pour qu’il emplisse de joie le cœur des croyants,
Pour qu’il réveille les morts au jour du jugement,


R - Ô Seigneur, répands ton Esprit.
Sur les humbles de cœur et les pauvres en esprit,
Sur ceux qui pleurent et les affamés de justice,
Sur les chercheurs de Dieu et les assoiffés d’absolu,
Sur les artisans de paix et les miséricordieux,
Sur ceux qui annoncent l’Évangile et ceux qui l’entendent,
Sur les contemplatifs et sur les solitaires,
Sur ceux qui prient ensemble et ceux qui prient dans le secret,
Sur ton peuple et sur tous les peuples,
Sur tous les hommes que tu as créés et rachetés,

Amen.