22/05/2008

Je suis le pain vivant qui descend du ciel.
Qui mange de ce pain vivra pour toujours.
Alleluia, Alleluia !

Chers amis, bonjour !
C'est la fête du Saint Sacrement en ce dimanche. L'histoire retiendra que le Christ se montra à Sœur Julienne du Mont Comillon en 1256 et lui dit qu'il manquait à l'Eglise une fête annuelle en l'honneur du Saint Sacrement de l'autel. Ce ne fut pas simple d'instituer une date à cet effet, mais le rite se répandit et le Pape Urbain IV l'intégra au calendrier liturgique en 1264.
La fête du très Saint Sacrement, appelée dans le langage liturgique, la fête du “Corps du Christ“, et dans le langage populaire, la “Fête-Dieu“, est une fête dans laquelle l'Église rend les honneurs publics et solennels à Notre Seigneur Jésus-Christ dans la sainte Eucharistie. La procession faite ce jour-là s'inspire de 1 Rois 8. Le Pape Jean XXII l'ordonna en 1318 pour, en plus, sanctifier et bénir, par la présence de Jésus-Christ, les rues et les maisons de nos villes et de nos villages.

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Voici le texte que l'Eglise nous donne de méditer en ce dimanche de la solennité du Corps et du Sang du Christ :


Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 6, 51-58)

6

51i Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait: «Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.»

52 Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?»

53 Jésus leur dit alors : «Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous.

54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.

55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.

56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.

57 De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.

58 Tel est le pain qui descend du ciel : il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement.»

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Quelques repères pour notre méditation

La glorification du Corps et du Sang de notre Seigneur Jésus Christ : cette manifestation, haute en sons et couleurs était appelée jadis «Fête Dieu». L’Eglise nous donne l’occasion de méditer sur l’Eucharistie et le sens profond de la messe. A travers l’Eucharistie, mystère d’amour, Dieu ne cesse de se donner à son peuple comme nourriture de vie. «… Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui», dit le Seigneur. Mais pour mieux saisir l’importance de cette parole, peut-être serait-il utile de parler d’abord des nourritures terrestres, celles qui nourrissent notre corps. Il faut manger pour vivre, dit le dicton…
Dans les sociétés occidentales, à l’abri de la famine, on oublie souvent ce que “manquer de nourriture“ et “mourir de faim“ veulent dire. Certes ! on observe depuis quelques temps le développement des « nouveaux pauvres» auxquels des associations caritatives ou humanitaires tentent d’apporter un réconfort appréciable : les “Restos du Cœur“, les Points de distribution de nourriture et de soins par le 112 et la Croix Rouge, les espaces des Compagnons d’Emmaüs et de l’Armée du Salut… en sont des exemples patents. Dans certains pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et des Antilles où la sècheresse et les intempéries climatiques, souvent aggravées par les guerres civiles, les injustices entre les pays dits nantis et ceux “en voie de sous-développement“ et la méchanceté de ceux (gouvernements et affairistes de tous acabits) qui tiennent tout en main, sévissent à longueur d’années, la raréfaction de la nourriture expose les populations à la famine : survivre devient un enjeu permanent. Il est important de noter (heureusement, d’ailleurs !) qu’en même temps le sens de l’accueil et du partage qui soude ces populations dans ces moments difficiles est tel que le voisin ou l’hôte de passage est entouré de soin et sa nourriture est un devoir de l’hospitalité… on se prive pour l’autre. Non ! on ne mange pas seul, le repas se partage en communauté.

Ce rapide témoignage illustre bien notre besoin de nourriture pour assouvir la faim, entretenir notre corps et vivre. Mais il existe cependant d’autres faims et d'autres soifs qui tenaillent les êtres humains : la faim de liberté et de paix, la soif d’affection et de dignité, et au plus profond de nous… la faim de Dieu. Et c’est là tout le sens de la fête que nous célébrons aujourd’hui. Oui ! pour nous, Dieu est un Père qui nourrit, il nous donne notre pain quotidien pour notre croissance physique et il veille aussi sur notre épanouissement humain et spirituel.

De la sorte, il vit dans l’intimité de notre être. «Prenez et mangez-en tous, car ceci est mon Corps livré pour vous » … « Prenez et buvez-en tous car ceci est mon Sang, le Sang de la nouvelle Alliance qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ; vous ferez cela en mémoire de moi». Ces paroles du Christ lors de l’institution de l’Eucharistie révèlent ici leur sens. Par ce don, en effet, Dieu fait en nous œuvre de grâce.
La communion ne devrait pas être une routine ou (pire !) une contrainte (faire comme les autres ou parce qu’on nous l’impose).

Le Pain eucharistique vient réellement combler nos désirs profonds :

désir de communion avec Dieu : «Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui» ;
désir de vie face à la maladie : «Celui qui mange de ce pain vivra éternellement…» ;
désir de présence face à la solitude et aux sentiments de vide et d’abandon auxquels nous sommes souvent confrontés : «Demeurez en moi comme moi je demeure en vous…»;
désir d’action et de rayonnement : «Hors de moi, vous ne pouvez rien faire…». L’Eucharistie, on le voit, est une véritable force, une chance pour tenir bon, pour être fidèles et efficaces, elle est source de dynamisme pour donner et se donner.
Désir de communion avec les autres. On n’est jamais seul quand on communie. Rencontre avec ceux qu’il aime, l’Eucharistie est un ciment d’amour pour ceux qui s’aiment ; elle nous fait porteurs d’espérances vives et renouvelées.

Mais hélas ! Interrogeons-nous un instant. Notre faim d’Eucharistie n’est-elle pas souvent trop courte. Ce qui devrait nous émerveiller devient un geste banal, dévalué et expédié en quelques minutes. Nous venons et partons en toute hâte ; nous entrons en Eucharistie sans préparation, sans transition, sans avoir pris le temps d’accueillir Celui qui vient faire en nous sa demeure, sans avoir réalisé que nous sommes “missionnés“ pour vivre cette communion dans nos maisons, nos quartiers, nos lieux de travail et de loisir… et ainsi, nous ne portons pas de fruit, tout comme ceux qui ne communient pas ou plus ou peu souvent se laissent anémier par une si stérile «abstinence».


Puissions-nous, à chaque célébration eucharistique, renouveler notre acte de foi, à la manière de Paul dans sa Lettre aux Corinthiens : «La coupe que nous bénissons, n’est-elle pas communion au Sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au Corps du Christ ?» Souvenons-nous que Christ nous a donné son Corps et son Sang comme nourriture pour notre faim et pour la faim dans le monde : « Il y a un seul Pain et nous sommes tous un Corps, car nous avons tous part à un seul Pain».

Crédit photos : Procession du Saint-Sacrement à la paroisse Saint Pierre-Claver de Brazzaville (Congo)

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