22/08/2012

« Voilà pourquoi je vous ai dit que
personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas
donné par le Père. »


Dimanche 26 août 2012, 21e dimanche après Pâques 

 



Chers amis, bonjour !

Les trois textes de ce dimanche mettent en avant la fidélité du peuple et de chacun de nous au Dieu unique, Verbe fait chair et Pain descendu du ciel. A travers trois fresques différentes, la liturgie nous propose de revisiter le pacte d’amour qui unit l’homme à Dieu, au Dieu unique. Il n’est pas inintéressant de compléter ces trois textes par une lecture approfondie de la Première Lettre encyclique « DEUS AMOR EST » du Souverain Pontife Benoît XVI aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs sur l’amour chrétien.

 

 

 

PREMIÈRE LECTURE - Livre de Josué (24, 1-2a. 15-17. 18b)

Fidélité des tribus au Dieu unique

Josué réunit toutes les tribus d’Israël à Sichem ; puis il appela les anciens d’Israël avec les chefs, les juges et les commissaires; ensemble ils se présentèrent devant Dieu. Josué dit alors à tout le peuple : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. »
Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! C’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, cette maison d’esclavage ; c’est lui qui, sous nos yeux, a opéré tous ces grands prodiges et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés. Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. »



Les Livres de Josué, des Juges, de Ruth, de Samuel et des Rois sont appelés sont attribués à ceux que la tradition chrétienne a placés (dans la version hébraïque de la Bible) dans la catégorie de « prophètes antérieurs » avec un caractère commun : ils sont historiques et ont pour sujet principal les rapports d’Israël avec Yahvé, sa fidélité (plus souvent son infidélité) à la Parole de Dieu dont les prophètes sont les médiateurs, les transcripteurs. Mais cette classification est à prendre pour sa valeur « organisatrice » de l’écrit biblique puisque l’on sait par ailleurs que le Livre du Deutéronome est la narration du début d’une grande et longue histoire religieuse qui se prolonge jusqu’à la fin des Rois. Toujours est-il que le Livre de Josué commence justement au lendemain de la mort de Moïse. Josué est désigné comme le successeur de Moïse.
Divisé en trois parties [La conquête de la Terre promise (1-12), la répartition du territoire entre les tribus (13-21) et la fin de la carrière de Josué, particulièrement son dernier discours et l’assemblée de Sichem (22-24)], le Livre de Josué est le récit (parfois idéalisé) de l’épopée de la sortie d’Égypte vers la conquête de cette Terre promise où Dieu lui-même intervient miraculeusement en faveur de son peuple.
Dans l’extrait de son discours à l‘assemblée de Sichem, Josué pose à ses compatriotes une question fondamentale : voulez-vous servir les nombreux dieux des habitants que vous avez rencontrés sur ce territoire, ou bien voulez-vous continuer à servir le Dieu de nos Pères ? On ne peut pas comprendre une telle question si l’on ne précise pas qu’elle s’adresse autant à ceux des enfants d’Israël qui ont bénéficié des merveilles et des révélations du désert que pour les membres des groupes parents qui les ont rejoints sur ces terres. De plus, rappelons que Sichem est le lieu prédestiné pour une telle refondation de l’Alliance entre Yahvé et son peuple : lieu favorable au rassemblement des tribus, Sichem est le lieu où Abraham avait élevé un autel (Gn 12, 6-7), c’est là que Jacob avait acquis ses droits et par al suite enfoui les idoles rapportées de Mésopotamie (Gn 35, 2-4). La question de Josué redéfinit les termes d’un nouveau pacte religieux.
Nous lisons que le peuple redit sa fidélité à Yahvé, « le Dieu saint et jaloux » (24, 19) et renonce ainsi à l’idolâtrie : « Ce jour-là, Josué conclut une alliance pour le peuple ; il lui fixa un statut et un droit, à Sichem. Josué transcrivit ces paroles dans le livre de la Loi de Dieu. Il prit ensuite une grosse pierre et la dressa là sous le chêne qui est dans le sanctuaire de Yahvé. Josué dit alors à tout le peuple : “Voyez ! Cette pierre sera un témoin contre nous parce qu’elle a entendu toutes les paroles que Yahvé nous a adressées ; elle sera un témoin contre vous pour vous empêcher de renier votre Dieu“ (24, 25-27).

 

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PSAUME 33 (34)


Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur affronte les méchants
pour effacer de la terre leur mémoire.

Malheur sur malheur pour le juste,
mais le Seigneur chaque fois le délivre.
Il veille sur chacun de ses os,
pas un ne sera brisé.

Le mal tuera les méchants ;
ils seront châtiés d’avoir haï le juste.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.


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DEUXIÈME LECTURE - ÉPHÉSIENS (5, 21 – 32)

Le grand mystère du Christ, époux de son Église

Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien ! si l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré pour elle ; il voulait la rendre sainte en la purifiant par le bain du baptême et la Parole de vie ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; il la voulait sainte et irréprochable. C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme : comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Église.


Nous connaissons tous ce fameux texte de Paul souvent lu à l’occasion des mariages. Certains esprits y ont vu une conception rétrograde de la femme réduite en esclavage et en servitude face à l’homme. Comprenons qu’il s’agit là d’une conception pour le moins saugrenue et (il faut le dire) idiote. Car le propos de l’apôtre Paul ne fait pas l’éloge de la domination de l’un sur l’autre, bien au contraire ! Nous sommes ici en présence d’un corpus de morale domestique : face aux turpitudes des populations païennes d’Éphèse, Paul exhorte les chrétiens à se différencier en prenant pour exemple le Christ lui-même. Le sens du texte est à décrypter dans le parallèle que Paul établit entre le mariage humain et l’union du Christ à son Église.
Le Christ est ici présenté comme époux de l’Église qu’il aime comme son propre corps, comme c’est le cas entre mari et femme. C’est cette affirmation théologale fournit en retour le modèle de comparaison et de compréhension du mariage humain. Notons que Paul très subtilement met en relief une partie de la tradition orientale : la fiancée était baignée et purifiée et, ainsi purifiée, les fils de la noce allaient la présenter à son fiancé. De même, le Christ a lavé mystiquement de toute souillure l’Église, sa fiancée, en la plongeant dans les eaux du baptême pour se la présenter à lui-même.
Paul fonde donc le lien du mariage dans le Christ lui-même qui est l’alpha et l’oméga de tout projet, de toute initiative. Point de sens, et point de salut en dehors du Christ. Quiconque se sépare de Lui périt telle une branche coupée du tronc de l’arbre. Ainsi, comme dans la relation de mariage, chaque baptisé s’unit au Christ avec lequel il ne forme plus qu’un seul corps et une seule chair. C’est en cela que tous ceux qui s’engagent dans ce pacte de fidélité peuvent professer : « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père ». Le sens du mot « communion » se dégage dans toute la première Lettre de Saint Paul aux Corinthiens : La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas communion au Sang du Christ ? Le pain que nous rompons n'est-il pas communion au Corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, nous sommes, nous tous, un seul Corps, car tous nous participons à un Pain unique (1 Co 10, 17-17). Aujourd’hui encore, les plus hautes autorités de l’Église consolident le message fondamental du Christ autour de cette union à son Corps mystique qui induit une charité effective entre membres de son Église :  … L’union avec le Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul ; je ne peux lui appartenir qu’en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens. La communion me tire hors de moi-même vers lui et, en même temps, vers l’unité avec tous les chrétiens. Nous devenons « un seul corps », fondus ensemble dans une unique existence. L’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain sont maintenant vraiment unis : le Dieu incarné nous attire tous à lui. » Benoît XVI, Encyclique Deus caritas est (14), 25 décembre 2005.


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ÉVANGILE - Jean 6, 51 - 58

Fidélité des Douze et confession de foi de Simon-Pierre
Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! » Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples. Il leur dit : « Cela vous heurte ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. »


« Manger ma chair » et « boire de mon sang » (v. 54), gage de vie éternelle en Jésus Christ et ce, de manière présente. Jésus précise plus loin : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (v. 56). Ces propos dérangent encore aujourd’hui, ils heurtent notre raison impuissante à saisir le sens profond d’une telle déclaration. La Parole faite chair… c’est cette Parole vivante qui nous révèle l’amour du Père et nous élève à sa contemplation : « (…) personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » Cette Parole est donc aussi un appel, une attirance purificatrice. L’acte de foi consiste à s’abandonner, à se laisser capter par la force et la puissance de cette Parole libératrice descendue du ciel.
Les Juifs attendaient un chef qui les libère du joug et de la domination romaine, ils sont à tout le moins déçus par les propos de ce Nazaréen qui se prend pour Dieu, se recommande comme un plat et un breuvage de prédilection… De quoi perdre la tête et à n’y comprendre plus rien aux prophéties anciennes ni même aux discours pourtant élogieux de Jean le Baptiste (« Il est plus grand, ce lui qui vient après moi ; je ne suis même pas digne de délier ses sandales »). A la place d’un libérateur politique, les juifs et les disciples découvrent une personne comme eux qui se déclare l’envoyé et l’élu de Dieu, consacré et uni à lui de façon éminente : le Messie.
Or, souvenons-nous ! C’est Jésus qui appelle les disciples un par un, c’est lui qui les invite à s’incliner vers lui et à le suivre. C’est Dieu qui se donne et se révèle à nous, c’est Dieu qui est à la manœuvre du grand projet d’amour qu’il a initié pour les hommes. Et c’est l’homme qui est appelé à se convertir à l’écoute de cette Parole qui est vie et vérité. La spontanéité de la réponse de Simon-Pierre à la question de Jésus (« Voulez-vous partir, vous aussi ? ») n’est pas à mettre au profit de son courage personnel ; il en est incapable, rationnellement parlant. Et puis, Simon-Pierre  est tout, sauf un intellectuel. Mais c’est justement lui que Dieu choisit pour professer cet acte de foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Non seulement Simon-Pierre amorce là son leadership parmi les apôtres, mais en plus il les engage tous, bien que Jésus ait auparavant refroidi l’atmosphère en affirmant qu’ «il en est parmi vous qui ne croient pas » ou encore plus loin « Ne vous ai-je pas choisis, vous, les Douze ? Pourtant l’un de vous est un démon », en prémonition de ceux qui le trahiraient lors de sa passion à venir et surtout de celui qui le livrerait aux romains pour seulement quelques deniers. Autrement dit, Dieu appelle tout le monde sans distinction aucune, mais chacun est libre de répondre favorablement à cet appel et à y rester fidèle. Car tout est dans la fidélité à la Parole Dieu quelles que soient les situations (« Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tristesse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? le glaive ?… »). Mais lorsque nous tenons bon, nous ne le pouvons qu’avec l’aide et la grâce de Dieu qui nous choisit, nous appelle ses amis et frères et qui fait de nous les témoins de son amour.
Nous savons que plus tard, dans des conditions bien particulières, Simon-Pierre reniera par trois fois le Seigneur. Pourtant là aussi Jésus l’avait annoncé ! Mais les circonstances étaient telles qu’il ne maîtrisait plus les événements. C’était le sauve-qui-peut, tant cette nuit les choses tournaient mal pour Jésus et ses disciples. C’était la nuit de la défaite, de la déchéance, de la débandade. Même Pierre qui avait été prompt à dégainer son épée de son fourreau pour couper l’oreille au soldat romain… même Pierre se défile et rase les murs. Il faut se faire oublier pour ne pas être emporté par les larves du volcan qui bouillonnait sous leurs pieds. Pourtant, comme le dit si bien Gérard Billon (du SBEV), « ses dénégations successives ne signifient pas pour autant l’échec de la prédication de l’Évangile : le dessein de Dieu se réalise en prenant acte de l'infidélité du disciple et en la situant sur un horizon d'espérance ». Oui, Jésus est au cœur de notre quotidien et c’est notre quotidien qu’il nous rencontre et qu’il met à l’épreuve notre fidélité. Pour nous donc, « du quotidien naît ce qui transcende la quotidien ». Dieu au cœur de nos vies et c’est dans nos vies qu’il nous appelle à lui être fidèle parce qu’il est PAROLE DE VIE ÉTERNELLE.


20/08/2012

« Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie »


Dimanche 19 août 2012  —  20e dimanche après Pâques 

 


PREMIÈRE LECTURE - Livre des Proverbes 9, 1 - 6

1 La Sagesse a bâti sa maison
elle a sculpté sept colonnes.
2 Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin,
dressé sa table,
3 et envoyé ses servantes.
Elle proclame sur les hauteurs de la cité :
4 « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »
A l'homme sans intelligence elle dit :
5 « Venez manger mon pain, et boire le vin que j'ai apprêté !
6 Quittez votre folie et vous vivrez,
suivez le chemin de l'intelligence. »



Tout d’abord, il est bon de rappeler que les Proverbes font partie de la littérature sapientielle d’Israël, un peu comme les proverbes de nos cultures africaines énoncés à certains moments de la vie individuelle ou collective pour prévenir, éduquer ou aider au règlement de certains litiges. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit là du fruit de siècles de structuration et d’expression d’un corps de sentences brèves et condensées. C’est dire combien elles ont été éprouvées par le temps et les circonstances de la vie.
L’extrait qu’il nous est proposé de méditer en ce dimanche met en valeur la « Sagesse hospitalière » et résonne comme une invitation au repas de la Vie. La table dressée par la Sagesse est ouverte à tous les passants : rien à payer, aucun rang social à prouver, aucune réservation exigée… Il suffit d’accepter l’invitation, d’entrer et prendre part au festin. Plus tard, d’autres prophètes feront l’éloge de la « nourriture des pauvres » : « Vous tous qui êtes altérés, venez vers l’eau ; même si vous n’avez pas d’argent, venez. Achetez du blé et consommez, sans argent, et sans payer, du lait et du vin. Pourquoi dépenser votre argent pour autre chose que du pain, votre salaire pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi et vous mangerez de bonnes choses, vous vous délecterez de mets succulents. Prêtez l’oreille et venez à moi, écoutez et votre âme vivra. » (Is 55, 1-3). Jean lui-même restituera cette parole de Jésus prononcée dans la synagogue de Capharnaüm : «  Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim ; qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6, 35). Le même Jean, décrivant la Jérusalem future dans une vision saisissante, nous livre le message de Celui qui siège sur le trône : « Je sui l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin ; celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie, gratuitement », comme le jour de la multiplication des pains et des poissons (Jn – Ap 21, 6).
Dieu ne se monnaye pas. Et son don, y compris le plus élevé des dons que constitue sa propre personne offerte en sacrifice pour le salut des hommes… est gratuit. Cette eau dont il est la source véritable, autrefois (dans l’Ancien Testament) caractéristique des Temps messianiques est devenu avec le Christ le symbole de l’Esprit vivant. Et quand on sait que des millions de personnes dans le monde sont privées ou manquent d’eau, cette parole du Christ revêt encore plus un sens particulier à notre époque où tout est capté par des groupuscules d’influence économique et de pouvoir politique qui prennent en chantage les faibles et les pauvres. Nous avons lu dans le Magnificat que le pouvoir de Dieu est un pouvoir nouveau qui prend source dans l’Amour véritable de dieu pour les hommes.
Nous ne pouvons manquer de faire le rapprochement entre ce texte et la parabole de Jésus sur le festin : « Il en va du Royaume des cieux comme d'un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités. » (Mt 22, 2-3) On sait que les invités ne vinrent pas et que le maître envoya chercher tous ceux qui n’étaient pas initialement conviés : les pauvres, les laissés pour compte, les déshérités. Mais refuser de venir partager le festin, c’est aussi refuser d’accueillir la Sagesse dans son cœur ; c’est s’affamer soi-même, c’est mal user de ce noble pouvoir que Dieu a donné à l’homme en le créant : la liberté. Liberté de dire « oui » ou « non », liberté d’accueillir ou de repousser, liberté de donner ou de recevoir. Refuser le festin, c’est dire non à la vie.

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PSAUME 33 (34), 2-3, 10-11, 12-13, 14-15

2 Je bénirai le SEIGNEUR en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
3 Je me glorifierai dans le SEIGNEUR :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !

10 Saints du SEIGNEUR, adorez-le ;
rien ne manque à ceux qui le craignent.
11 Des riches ont tout perdu, ils ont faim ;
qui cherche le SEIGNEUR ne manquera d'aucun bien.

12 Venez, mes fils, écoutez-moi,
que je vous enseigne la crainte du SEIGNEUR.
13 Qui donc aime la vie
et désire les jours où il verra le bonheur ?

14 Garde ta langue du mal
et tes lèvres des paroles perfides.
15 Evite le mal, fais ce qui est bien,
poursuis la paix, recherche-la.



Cette Sagesse personnifiée dans le précédent extrait du Livre des Proverbes est au cœur de l’éducation spirituelle de tout enfant d’Israël. C’est cette sagesse dont tous les pèlerins viennent s’instruire devant les portes et dans le Temple de Jérusalem, car elle est au fondement de ce qui fait la vie en (et de) Dieu. C’est pourquoi la crainte du Seigneur est enseignée comme l’attitude fondatrice et constitutive de la relation de chacun avec Dieu : « Le commencement de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur... La plénitude de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur... La couronne de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur... La racine de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur... » (Si 1, 14... 20). Au fond, tous les psaumes dits de louange à la Providence, à sa Justice, à sa Miséricorde, à sa Puissance… perpétuent, à la suite des Prophètes de l’Ancien Testament, cette seule exigence envers le Dieu : la crainte du Seigneur, clé de toute richesse et de tout bonheur véritables. Sagesse en parole, sagesse en acte et en pensée. Cela est si important qu’au début de chaque célébration eucharistique, le célébrant invite les fidèles à confesser cette crainte du Seigneur dans la prière pénitentielle : « … Oui, j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ».
On pourrait même dire que la crainte du Seigneur est, pour celui qui désire la vie, un acte de confiance permanent en Dieu qui protège, qui pardonne et qui sauve. En effet, qui craint le Seigneur ne peut redouter un châtiment de sa part ; car cette crainte-là participe de son amour. Telle a été la posture de Marie, humble de cœur et d’esprit, cette petite fille qui a eu le courage de répondre à l’Ange : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon sa Parole ».

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DEUXIÈME LECTURE - ÉPHÉSIENS 5, 15 - 20

Frères,
15 prenez bien garde à votre conduite :
ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages.
16 Tirez parti du temps présent,
car nous traversons des jours mauvais.
17 Ne soyez donc pas irréfléchis,
mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.
18 Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche.
Laissez-vous plutôt remplir par l'Esprit Saint.
19 Dites entre vous des psaumes, des hymnes, et de libres louanges,
chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur.
20 A tout moment et pour toutes choses,
rendez grâce à Dieu le Père,
au nom de notre Seigneur Jésus Christ.


L’apôtre Paul exhorte les Éphésiens à traduire dans leur vie courante les fondamentaux de cette Sagesse. Éphèse est une grande ville qui bouillonne de toutes les influences qu’exercent sur ses habitants les divers mouvements qui font son essor. Économiquement, socialement et religieusement aussi. Et les chrétiens des toutes jeunes communautés ne sont pas épargnés, eux qui sont montrés du doigt, traités d’illuminés ou d’attardés quand ce n’est pas de sectaires et d’anthropophages dangereux qui se réunissent et affirment « manger le corps » d’un certain Jésus. Mais Éphèse est aussi la ville de l’explosion de toutes les excentricités et de l’intolérance politique : les chrétiens doivent se tenir à carreaux et ne pas semer le trouble publique. En même temps, on ne s’empêche pas d’exhiber à leurs yeux les soi-disant mérites de l’idolâtrie, de la débauche et l’ambition malsaine. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’invitation et les mises en garde de Paul : la fin ne justifie pas les moyens, « ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages. Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. » Rien à voir avec le « Carpe diem » (« cueille le jour présent sans te soucier du lendemain ») du poète Horace qui, voulant convaincre Leuconoé du caractère incertain du futur et de ce que tout est appelé à disparaître, fait ainsi l’éloge de l’hédonisme (sans récuser cependant toute disciple de vie). Ici, Paul n’incite pas à la débauche, à la démesure, ni à la surconsommation. Bien au contraire, il appelle à la sagesse en reprenant certains conseils à l’Ancien Testament, particulièrement dans les Proverbes : « Ne regarde pas le vin : comme il est vermeil ! comme il brille dans la coupe ! comme suavement il coule ! Il finit par mordre comme un serpent, piquer comme une vipère… » (Pr 23, 31-32). Certes, à la suite du Christ, Paul parlera aussi de ce vin nouveau qui nous enivre de vie éternelle. Il s’agira su sang du Christ versé sur la croix pour la rémission des péchés des hommes de toutes races et nations. La crainte de Dieu n’est pas un emprisonnement, une interdiction d’agir, de parler ou même de penser… Non ! La crainte de Dieu est une disposition de tout être qui se confie à Dieu pour vivre en pleine liberté : elle est la condition même pour vivre et grandir en présence et sous la gouverne de l’AMOUR, c’est-à-dire de Dieu lui-même. Et ce, quelle que soit notre situation présente ! Se convertir à Dieu, c’est se laisser habiter par son Esprit qui renouvelle par le feu de l’AMOUR, c’est s’engager à vivre désormais dans la foi : « Que chacun demeure dans la condition où il se trouvait quand il a été appelé. Etais-tu esclave quand tu as été appelé ? Ne t'en soucie pas ; alors que tu pourrais te libérer, mets plutôt à profit ta condition d'esclave. Car l'esclave qui a été appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur. » (1 Co 7, 20-24).


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ÉVANGILE - Jean 6, 51 - 58

Après avoir multiplié les pains,
Jésus disait à la foule :
51 « Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu'un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c'est ma chair,
donnée pour que le monde ait la vie. »
52 Les Juifs discutaient entre eux :
« Comment cet homme-là
peut-il nous donner sa chair à manger ?
53 Jésus leur dit alors :
« Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme
et si vous ne buvez pas son sang,
vous n'aurez pas la vie en vous.
54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture,
et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi, et moi je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé,
et que moi je vis par le Père,
de même aussi celui qui me mangera
vivra par moi.
58 Tel est le pain qui descend du ciel :
il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé.
Eux, ils sont morts ;
celui qui mange ce pain
vivra éternellement. »



Depuis le début de ce mois d’Août, la liturgie nous propose de méditer sur le chapitre 6 de l’Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean. Contrairement aux autres évangélistes qui relatent des scènes et des propos de Jésus dans sa vie courante, Jean développe une véritable théologie dans laquelle il explicite les fondements de la Parole de Jésus.

Dans ce chapitre dont le contenu n’est pas d’emblée facile à comprendre, nous avons compté 21 fois le mot « Pain », 11 fois le mot « vin », 7 fois le mot « Chair », 4 fois le mot « Sang », et 5 fois l’expression « Vie éternelle ». Ce n’est donc pas par hasard que Jésus reprend à son compte ces mots importants dans les cultures hébraïque et orientale pour proposer une vision toute nouvelle à ses interlocuteurs. Et c’est peu dire, quand on sait la centralité du pain dans ces cultures (avec l’activité agraire que cela suppose en amont : la culture du blé, du froment ou de l’orge), du vin (fruit de la vigne que l’on préserve de toutes les maladies et de toutes les agressions des passants et les bêtes), du sang (que l’on s’interdit de répandre sur le sol parce que principe même de la vie) et de l’eau (essentielle pour faire vivre les hommes, la nature et les animaux.
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » (v. 51) Les propos sont choquants et dérangeants pour  des interlocuteurs qui s’offusquent de ce que ce Nazaréen se prenne pour Dieu, qu’il s’offre ou plutôt se recommande à eux et à tous les hommes comme la vraie chair, le vrai pain à manger pour prétendre à la vie éternelle !
Jésus concentre donc toute la symbolique de l’eucharistie dans les mêmes mots que la tradition juive : le pain et le sang. Du premier — et au-delà de son indispensable utilité dans nourriture quotidienne — les Juifs n’ont que le souvenir de cette manne que le Seigneur Dieu fit tomber du ciel pour nourrir en abondance les enfants d’Israël dans le désert. Or ceux qui ont mangé de cette manne sont morts, simplement parce que cette manne, bien que « don de Dieu », n’avait pas d’autre vertu que nutritionnelle. Et ce fut un épisode parmi d’autres, signe de la miséricorde et de la toute-puissance de Dieu. Par contre, le pain dont il parle et qu’il promet, ce pain descendu du ciel, c’est sa propre personne, don de Dieu pour la vie éternelle. La Sagesse l’avait déjà prophétisé : « Mangez de mon pain, buvez de mon vin... Celui qui me trouve a trouvé la vie » (Pr 9, 5 ; 8, 35). Du second, on sait qu’il est interdit de le répandre sur le sol à chaque fois que l’on abat un animal. Cela est vrai dans la religion juive comme dans l’Islam et les religions orientales. Le sang, principe de vie, ne être ainsi traité, sans considération et sans respect. Or voici que Jésus se présente aussi comme celui dont le sang, source de la vie éternelle, sera versé pour le salut des hommes. Avant d’être livré et de souffrir sa passion, Jésus réunit ses disciples autour d’un repas au cours duquel il leur dira de nouveau : « Prenez et mangez, ceci est mon Corps livré pour vous », puis : « Prenez et buvez en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés : vous ferez cela en mémoire de moi ».
Lui qui dit être venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité, il sait combien il nous est difficile de comprendre ce mystère, c’est-à-dire de saisir dans toute sa globalité et sa profondeur, cette vérité. Et puisque Lui seul connaît les mystères de son Père et peut nous les révéler, il nous promet son Esprit pour nous ouvrir à l’intelligence de toutes les vérités qu’il nous a enseignées. Mais en réalité, est-il bien raisonnable de vouloir se lancer dans une compréhension totale des vérités révélées ? Ne serait-ce pas là pure prétention à vouloir égaler Dieu lui-même. Car en effet, ce que Jésus nous apprend, c’est de nous laisser simplement habiter, attirer et instruire en toute humilité. Tel est d’ailleurs le sens de l’acte de foi : se nourrir du Verbe fait chair et ainsi faire à chaque instant l’expérience de la vie éternelle en Christ ressuscité et vivant à jamais.

16/08/2012

MARIE, figure de l'humilité agissante…


Fête de l’Assomption

Chers amis, bonjour !


Pour vous aider à méditer l'extrait de l’Apocalypse que la liturgie nous propose en cette fête de l'Assomption, j’ai trouvé utile partager avec vous ce texte à la fois analytique et pédagogique du RP Maurice RAMBOURG de la Société des Missionnaires d’Afrique. Il nous permettra, j’en suis sûr, de saisir les clés de compréhension de cette grande fresque retraçant la vision du Monde nouveau dont Dieu nous a fait la promesse par son Fils, Jésus-Christ, né de la Vierge Marie, mort et ressuscité pour tirer vers le Père l’humanité ainsi sauvée et libérée de l’emprise de Satan. La vision de la femme enceinte est l’autre signe fort de la fécondité éternelle de l’amour de Dieu pour les hommes. Et quoi de plus normal que d’y voir la glorification de celle qui a accueilli la parole de l’Ange Gabriel, a donné naissance au Fils de Dieu par la puissance de l’Esprit, et qui est restée toute sa vie durant « servante du Seigneur » selon la volonté de Dieu qui lui rend gloire dans les cieux !

  
 Liturgie de la Parole

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (11, 19a ; 12, 1-6a. 10ab)
La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie

LE TEMPLE qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »


Par le RP Maurice RAMBOURG de la Société des Missionnaires d’Afrique


Avec le chapitre 12, nous pénétrons jusqu'à la racine même du dessein d'amour du créateur. L'alliance d'amour va se faire en cette arche apparue dans le temple. Là où elle se noue entre Dieu et sa créature libre, dans un immense respect de Dieu pour son œuvre.

La femme, l'enfant et le dragon 12,1-7
Un premier signe grandiose apparut au ciel, c'est une FEMME, une reine, enceinte et en travail d'enfantement. Elle est vue dans le mystère de sa fécondité, toute relative à l'enfant qu'elle porte.

Qui est cet enfant ?
On ne nous dit pas de qui la femme est enceinte. Nous savons seulement que la vision se passe "au ciel". Il s'agit donc d'une maternité qui se vit dans l'amour, elle est "éternelle". C'est un enfantement qui dépasse temps et lieu, même s'il se concrétise en un temps et un lieu déterminé.
C'est l’enfantement de celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer. Il s'agit donc de Jésus, Christ et Messie. Celui qui, plus encore que le Sauveur, est "Le Salut" et dont la royauté ne pourra être brisée. Il est l'unique, la pierre que, vous, les bâtisseurs aviez mise au rebut et qui est devenue la pierre angulaire. Il n'y a aucun salut ailleurs qu'en lui, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut (Ac 4,11-12).
C'est un enfant mâle. La précision n'est pas sans importance. C'est lui l'Agneau dont on devra célébrer, dans le temps comme dans l'éternité, le repas de noces. Il ne vient pas seulement pour mener les nations, avec un pouvoir irrésistible, il vient pour épouser l'humanité. Elle n’existe que par Lui, elle est son corps.
Le premier signe est signe de l’amour de Dieu. Cette œuvre, la création, ne pourra se faire qu’à l’intérieur de Dieu lui-même. Rien n’existe en dehors de Lui. Il est partout ! En cet enfant, premier-né de toute créature, tout peut être créé. Le Verbe, tout fut par lui et rien de ce qui fut ne fut sans lui (Jn 1,3) : Il n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu... mais il s’est dépouillé, devenant semblable aux hommes et, par son aspect, il était reconnu comme un homme (Ph 2,5ss). C’est ce que l’on peut appeler : la "Kénose créatrice".
"C’est ‘l’anéantissement’ du Verbe éternel en son Incarnation. Nous pensons que la création, qui est une œuvre trinitaire ‘dans le Christ’ implique déjà une certaine kénose du Verbe" (Frédéric Marlière "Aime et fais ce que tu veux" Ed. Anne Sigier).
Dans le ciel, c’est l’homme (masculin/féminin) qui a été fait semblable à Lui : fils dans le Fils. L’Enfant mâle, établit avec l’humanité  — tous les hommes et chacun d’eux — une alliance dont la conjugalité humaine est le signe, comme le dit Paul aux Ephésiens : "Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s'est livré pour elle... ne sommes-nous pas les membres de son corps ?..." Ce mystère (l'alliance de l'homme et de la femme dans le mariage) est grand : je déclare qu'il concerne le Christ et l’Eglise (Ep 5,21-33). L’Eglise, c’est l’humanité tout entière, langue, race, peuple et nation.
Le réalisme de l'Incarnation, réalisation du dessein d'amour de Dieu sur sa création, n'exige-t-il pas que l'Agneau-époux soit un "mâle", celui qui "féconde" ?
Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni juif, ni grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme car tous vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ (Ga 3,27-28). Dans le ciel, l’unité en Christ se fera sous le signe de la communion, un seul corps, une seule tête : le Christ. Dans le monde présent, cette unité se fait sous le signe de la conjugalité : une seule épouse : l’Eglise appelée à rassembler toute l’humanité, un seul époux : le Christ.
Cet enfant, dès qu'il fut mis au monde, fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône. Il ne s'agit pas de l'Ascension du Christ, allant s'asseoir à la droite du Père, mais d’une réalité plus profonde. Dans le combat dont toute l'Apocalypse nous parle, l'enfant, devenu par la femme qui l'enfante "fils de l'homme" mais restant, par l'Esprit-Saint qui vient sur elle et la puissance du Très Haut qui la couvre de son ombre (cf Lc 1,35) "fils de Dieu", est vainqueur dès sa conception, c’est-à-dire de toute éternité.
L'Incarnation est, en elle-même, la victoire de l'Amour contre lequel le dragon est impuissant. Il n’arrivera jamais à détruire ce que Dieu a uni :
- l’humanité et la divinité en l’Homme-Dieu : le Christ = Incarnation.
- la divinité et la création devenue Corps mystique du Christ = Rédemption.

Un second signe apparut au ciel, au-delà du terrestre et du temporel, un énorme dragon rouge-feu avec sept têtes et dix cornes. Plénitude de l'intelligence et sommet de la puissance dans un déséquilibre qui ne présume rien de bon ! La puissance (dix cornes) n'est pas guidée par l'intelligence (sept têtes). Quoique chaque tête soit surmontée d'un diadème, il n'y a aucune unité, chacune semble être autonome. Cet énorme dragon, écartelé entre son intelligence et sa puissance — ou sa volonté de puissance — ne pourra être qu'un "manipulateur", un diviseur, un..._dia-boloV.

La femme : Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. Elle baigne entièrement dans la lumière du Christ qui la recouvre complètement. Le Christ, son visage est comme le soleil qui brille de tout son éclat (1,16), Lumière du monde en qui il n'est pas de ténèbres (cf Jn 8,12).
Cette femme est, dès le début, enveloppée de cette Lumière des hommes par qui tout fut et sans qui rien ne fut, cette Lumière en qui est la Vie. La vraie lumière qui, au ciel, illumine la femme et, en venant dans le monde, illumine tout homme.
Cette femme n’a aucun rayonnement propre, elle n’est visible que dans et par la lumière du Christ. Elle n'est pas une "déesse" ! La lune sous les pieds, cet astre "mort" qui ne reprend vie que par l'illumination du soleil qui la fait briller dans la nuit et lui donne tout son éclat. Une seule tête avec une couronne de douze étoiles, signe de royauté sur le monde ou signe de prééminence dans la création comme dans l’Eglise (cf les 24 vieillards en 4,4).
Elle va enfanter, dans la douleur, Celui sans lequel elle ne serait pas !
Nouvelle "Apocalypse de Jésus-Christ", nouvelle vision du mystère de l'Incarnation dont nous avons déjà eu un aspect avec les quatre vivants ou le "Vivant quatre" (4,6). La femme enfante celui qui l'enfante ! Elle met au monde le Créateur du monde dont, comme toute créature, elle fait partie.
Elle ne serait rien, elle ne serait pas  — il faut le tenir avec force — si elle n'était tout entière enveloppée du Christ, la Lumière qui vient dans le monde, la Lumière qui fait le monde.
Comme souvent en Jean, il faut lire les signes à plusieurs niveaux. Puisque cette femme est toute relative à l'enfant qu'elle porte et qu'elle va mettre au monde et que cet enfant est le Christ lui-même, la question paraît simple :


• Qui enfante le Christ ?

A cette question simple, les simples, les tout-petits, ceux à qui est donnée la révélation, répondent : la Vierge Marie.
A question simple, réponse simple ???... Jean nous a habitués à recevoir les choses simples simplement. Il nous invite aussi à pénétrer plus avant dans le mystère du Dieu de notre salut.
A la question : "qui enfante le Christ"? il est nécessaire d'apporter une réponse plus profonde : au sens théologique du terme, seul le Père, source de toute "action trinitaire", engendre le Christ. Dieu, en la période finale où nous sommes, nous a parlé à nous en un Fils qu’il a établi héritier de tout, par qui aussi il a créé les mondes (Hb 1,2). Et encore : en entrant dans le monde le Christ dit : de sacrifice et d’offrande, tu n’as pas voulu, mais tu m’as façonné un corps... alors j’ai dit : je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté (Hb 10 5-7). Le Père crée par le Fils, tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui (Jn 1,3). Il engendre le corps du Christ  — mystère de l’Incarnation — par l’Esprit Saint. Double conception : dans l’éternel aujourd’hui de Dieu, et, en ces temps qui sont les derniers, dans l’histoire de l’homme. C’est par la femme que l’Esprit Saint réalise ce second "engendrement". L’ange lui répondit : l’Esprit saint viendra sur toi  et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre (Lc 1,35) de telle sorte que ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint (Mt 1,20). C’est par Lui que la femme a conçu, conçoit et continue de concevoir. Elle est toujours en travail d’enfantement dans la douleur comme dans la joie.*
Cette femme est, en premier lieu, celle qui, à Lourdes, affirme : "Je suis l'Immaculée Conception" (et non "je suis immaculée dès ma conception"). Affirmation si surprenante que le curé de Lourdes pense que Bernadette a mal entendu.
L'Esprit-Saint, au sens courant du terme, engendre, fait naître, l'enfant mâle, le Christ, qui doit mener les nations jusqu'au Royaume du Père avec un sceptre de fer.
L'Esprit-Saint, qui a parlé par les prophètes, n'a qu'une seule 'ambition' : former le corps du Christ jusqu'à ce que soit au complet le nombre de ceux qui doivent être mis à mort et que tous "aient lavé leurs robes et les aient blanchies dans le sang de l'Agneau" (6,11 ; 7,14). Il est celui qui, à l'œuvre avec le Père et planant sur les eaux (Gn 1,2), forme le premier corps du Christ : le cosmos.
"Volontairement contenu dans un point de l'espace et du temps, simultanément le Christ les contient, et par là les métamorphose... Existence personnelle absolue, le Christ, durant son incarnation, non seulement se laisse contenir par l'univers en un point de l'espace et du temps, mais contient en réalité l'univers" (O. Clement : "le Christ, terre des vivants" pp. 73.121).
L'Apocalypse, révélation de Jésus-Christ, ne s'arrête pas au Christ en tant qu'individu. Les lettres aux Eglises nous ont montré le Christ inséparable de son Eglise à qui il s'unit comme l'époux à l'épouse, ne faisant plus avec elle qu'un seul corps.
L'Esprit-Saint "engendre" le corps du Christ, depuis la création du monde jusqu'à la Parousie, en des étapes dont la plus centrale est la vie terrestre de Jésus, de l'Incarnation à la Rédemption, où se vit un double enfantement, l'un dans la joie de Noël à Bethléem, l'autre dans la douleur du Vendredi-Saint au Golgotha. Là, la Femme reçoit du Christ, au moment où tout étant achevé, il remet l'Esprit, une nouvelle dimension maternelle vis-à-vis de son corps qui est l’Eglise.
L'Esprit-Saint va donc continuer cette œuvre d'amour du Père, comme nous l'avons vu avec les deux témoins (11,3ss) Souffle, colombe, il se donne à travers les 4 manifestations dont nous parlent l'Evangile de Jean et les Actes des apôtres.
- Pentecôte apostolique : ...Ayant ainsi parlé il souffla sur eux et leur dit : "Recevez l'Esprit-Saint ; ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis..." (Jn 20,21-23). L'Esprit-Saint va construire le corps du Christ à travers la visibilité ministérielle de son Eglise, de ceux qui, dans la main du Christ, sont les sept étoiles ; les Anges des Eglises (1,20).
- Pentecôte des disciples : ...Ils furent tous (le groupe d'environ cent vingt personnes dont Marie la mère de Jésus) remplis d'Esprit-Saint et se mirent à parler d'autres langues comme l'Esprit leur donnait de s'exprimer (Ac 2,1-4).
- Pentecôte de la première communauté chrétienne issue du judaïsme : A la fin de leur prière, le local où ils se trouvaient réunis fut ébranlé ; il furent tous remplis du Saint-Esprit et disaient avec assurance la parole de Dieu (Ac 4,31).
- Pentecôte universelle : Pierre exposait encore ces événements quand l'Esprit-Saint tomba sur tous ceux qui avaient écouté la Parole... ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l'Esprit-Saint était maintenant répandu... (Ac 10,44).
L'Esprit-Saint poursuit l'œuvre d'amour du Père : mener les temps à leur accomplissement et réunir l'univers entier sous un seul chef (une seule tête) le Christ (Ep 1,10). Atteindre le sommet de la conjugalité : la communion. Ils ne sont plus deux mais un seul corps, une seule chair !
Si Marie est celle par laquelle est engendré le Christ dans sa visibilité charnelle, si elle peut, et doit, être appelée "Mère de Dieu", elle est aussi "Mère de l’Eglise". Mère pauvre, Marie, toute comblée de grâce, ne retient rien pour elle. Elle est toujours la Femme de Cana, qui redit sans cesse : "Faites tout ce qu'il vous dira".
L'Esprit continue cette œuvre d'amour du Père dans et par :
- ceux qui entendant l'ordre du Seigneur, partent faire de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce qu’Il leur  a prescrit (Mt 28,19-20).
- ceux dont le témoin fidèle, le Premier né d'entre les morts, le Prince des rois de la terre a fait une royauté de prêtres pour son Dieu et Père (1,5-6) et qui vivent en plénitude leur sacerdoce ministériel ou baptismal, grâce à l'Esprit-Saint reçu à la confirmation.
- ceux qui ayant pris le petit livre ouvert dans la main de l'Ange debout sur la mer et sur la terre et l'ayant avalé, sont partis prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de langues et de rois (10,8-11).
- ceux qui continuent, comme Paul, et peuvent, comme lui, dire : "quand vous auriez dix mille pédagogues en Christ, vous n'avez pas plusieurs pères. C'est moi qui, par l'Evangile, vous ai engendrés en Jésus-Christ" (1 Co 4,14-15).
C'est l’Eglise qui, ayant reçu une puissance, celle du Saint-Esprit (Paraclet envoyé du Père par le Fils) pour être (ses) témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre, est la Femme qui enfante dans la douleur celui qui doit mener les nations avec un sceptre de fer, signe de son indestructibilité. Enfantement qui prendra fin à la Parousie, quand il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité, toute puissance, et le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort (1 Co 15,24-26).
Et s'il nous faut gémir et nous lamenter tandis que le monde se réjouit, notre affliction tournera en joie car, lorsque la femme enfante, elle est dans l'affliction puisque son heure est venue, mais lorsqu'elle a donné le jour à l'enfant... elle est toute à la joie d'avoir mis un homme au monde (Jn 16,20). Aussi, avec Paul, nous mettons notre orgueil dans nos détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance, la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l'espérance, et l'espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné (Rm 5,3-5).
La femme, l’Eglise, s'enfuit au désert où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours, quotidiennement. La victoire du Christ, conduit par l'Esprit au désert pour être tenté par le diable, devient le pain quotidien donné jusqu'à la fin de la lutte, 3 ans et demi ou 42 mois, à condition de rester au "désert", lieu où l'homme rencontre Dieu, 1 260 jours dans la prière et l'adoration.
L’Eglise ne trouve-t-elle pas aussi, comme Tobie, sa force dans l'épreuve : j'ai été envoyé pour éprouver ta foi, et Dieu m'envoya en même temps pour te guérir (Tb 12,14).







• PSAUME 44 (45)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père ;
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.


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Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens (15, 20-27a)
Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle

FRÈRES, le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.


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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (1, 39-56)
« Heureuse celle qui a cru ! »

EN CES JOURS-LÀ, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. » Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.



L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE DANS LE CIEL… une fête pas comme les autres ! En effet, au-delà de la polémique que peut susciter l’affirmation d’une réalité, invraisemblable aux yeux de certains, l’Église a institué ce dogme pour rappeler et honorer tout à la fois mort (la dormition), la résurrection glorieuse, l'entrée au ciel et le couronnement de la bienheureuse Vierge Marie. Oui, Marie fut enlevée et élevée dans le ciel corps et âme en vertu d’un privilège particulier : celle qui a porté l’Enfant de Dieu dans son incarnation, en tant qu’elle est pure de corps et d’esprit, ne pouvait tomber sous l’emprise de la mort ; celle qui a accueilli dans sa chair celui qui est l’origine même de toute vie, Dieu l’a élevée dans sa gloire et l’a placée au-dessus des anges et des principautés des cieux. Logiquement cela se tient…
 Ce n’est pas par hasard que la liturgie nous propose en ce jour cette merveilleuse prière d’action de grâce, d’humilité et de foi qu’est le « MAGNIFICAT ». Ces paroles que Luc met dans la bouche de la jeune Marie sont à la fois un condensé de la miséricorde de Dieu envers le peuple d’Israël tout au long de son histoire, et un exposé des valeurs fondatrices du projet de Dieu dans la Nouvelle Alliance.
1)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est se laisser bousculer par sa survenue (souvent inopinée) exige de nous une réponse sans ambiguïté et sans délai : « Qu’il me soit fait selon sa parole ».
2)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est accepter d’entrer en humilité par la foi en celui qui fait pour nous des merveilles et nous fait partager ainsi sa sainteté.
3)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est s’engager dans un renouvellement total de sa personne dans les rapports que nous entretenons dans la vie sociale et politique. C’est concevoir désormais ses rapports à l’autre non plus comme régis par le pouvoir, la gloire et l’argent (nous connaissons tous les tribulations des acteurs qui jouent dans le célèbre feuilleton « Amour, Gloire & Beauté » !), mais exclusivement nourris par l’AMOUR véritable de celui qui naîtra par Marie et manifestera cet immense amour jusqu’à sa propre mort et sa résurrection pour le salut des hommes.
4)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est dire « oui » à sa promesse de résurrection et de vie nouvelle en son Royaume.

Marie est la première croyante et comme telle, la fête de l’Assomption est la célébration de l’accueil en Marie de la vie éternelle dans sa vie et dans sa propre chair. Marie est le premier disciple de son Fils : par elle ce dernier vient en notre monde, par elle la foi nous est communiquée dans une proximité à Dieu scellée dans la chair et la vie éternelle. Marie est la première des humains à passer de la vie à la vie, et à entrer directement dans la gloire promise par son Fils : « Mon sauveur et mon Dieu ! »

Nous savons la dévotion toute particulière des chrétiens à Marie à travers le monde. Nous savons aussi qu’une majorité d’entre eux disent s’adresser directement à la Vierge plutôt qu’à son Fils. Qu’on de s’y méprenne pas ! Il est absurde de vouloir opposer dans une compétition stérile le Christ à Mère. Marie dispensatrice des grâces, Marie Mère du perpétuel secours, Marie refuge des opprimés, Marie Reine des anges, Marie Soutien des pauvres… toutes ces appellations manifestent en réalité l’infinie richesse des modes d’action de Dieu dans la vie des hommes. Marie, en tant que Nouvelle Ève élevée dans le ciel est la personne la plus habilitée pour porter auprès de son Fils les demandes et supplications des hommes et des femmes : « Faites tout ce qu’il vous dira », murmure-t-elle aux serveurs de Cana lorsqu’il n’y eut plus de vin. Et Jésus combla à satiété les invités de l’abondance d’un vin doux et délicieux… préfiguration de son propre sang qu’il offrira en croix pour le salut du monde. Oui ! C’est bien Jésus-Christ qui est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Mais le Christ ne peut rien refuser à sa Mère dont il a scellé la filiation avec l’ensemble des hommes en la confiant à l’apôtre Jean : "Femme, voici ton fils", et ce qu’il a dit également au disciple : "Voici ta Mère" (Jn 19,26-27). Celle qui avait accepté l’annonce de l’Ange dans un acte de foi spontané et ferme, qui a accompagné l’Enfant Jésus dans sa vie d’enfant et d’adulte jusqu’au pied de la croix, est glorifiée dans le ciel et, avec elle, toutes les femmes et tous les hommes qui accueillent en leur vie Jésus-Christ, source de vie éternelle.