Dimanche 12 Août 2012
Chers amis, bonjour !
La Liturgie de la Parole de ce dimanche 12
Août 2012 s’articule autour de trois textes qui mettent l’accent sur la
sollicitude de Dieu pour les enfants d’Israël dans le désert et pour tous les
hommes de toutes races et nations appelés à accueillir le Christ, Pain vivant de
la Nouvelle Alliance, envoyé du ciel pour combler la faim spirituelle des
pèlerins de ce monde. L’apôtre Paul, dans sa Lettre aux Éphésiens, nous
rappelle que seul l’amour du Christ ressuscité et l’amour fraternel nous permet
de vivre, par la force de son Esprit Saint, comme des enfants de Dieu, dans la
lumière et la joie de la rédemption promise par le Sauveur.
Lecture du
premier livre des Rois (19,
4-8)
Élie
fortifié par le pain de Dieu
L
|
E PROPHÈTE Élie, fuyant l’hostilité
de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson,
et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends
ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il s’étendit sous le
buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : «
Lève-toi, et mange ! » Il regarda, et il y avait près de sa tête un pain cuit
sur la braise et une cruche d’eau. Il mangea, il but, et se rendormit. Une
seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange !
Autrement le chemin serait trop long pour toi. » Élie se leva, mangea et but.
Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits
jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.
CONTEXTE HISTORIQUE
Sous
le règne d’Omri (885-874) qui usurpa par conspiration le
pouvoir à Tibni en Israël et lui succéda après sa mort, un prêtre d’Astaré
nommé Ittobal accéda au trône à Tyr, en Sidonie, dans des conditions tout aussi
troubles. Entre temps, les deux usurpateurs se rapprochèrent pour consolider leur
union par une alliance familiale. Achab, fils d’Omri devint roi d’Israël à la
mort de son père ; imitant Jéroboam fils de Nebat, il épousa Jézabel, la
fille d’Ittobal et se convertit au culte du dieu Baal (le dieu de Jézabel et
des Phéniciens) pour lequel il dressa un autel dans le temple de Baal qu’il
érigea à Samarie. Les rapports étroits se développèrent entre ses deux peuples
sous le règne d’Achab. C’est dans ce contexte qu’intervient la figure
prophétique d’Élie qui entra en conflit rude avec ce roi dévoyé en lui lançant
un défi : « Par Yahvé vivant, le Dieu d’Israël que je sers, il n’y
aura ces années-ci ni rosée ni pluie sauf à mon commandement ».
Nous connaissons la suite de la vie errante
d’Élie, dont le nom signifie « le Seigneur est mon Dieu» : voyage au
torrent de Kerit (pour s’y cacher), rencontre avec la veuve de Sarepta (miracle
de l’huile et de la farine), jusqu’au sacrifice du Carmel pour la fin de la
sécheresse. Découragé par la
désinvolture et la passivité d'Achab à mener des réformes, Elie se retire à
l'extrémité sud du pays, dans le désert. Son unique compagnon de voyage
renvoyé, Elie, déprimé et plus seul que jamais, demande la mort.
Mais
entre temps, le prophète a ordonné à ceux qui étaient avec lui au mont Carmel,
et qui avaient vu de leurs propres yeux la manifestation de la puissance du
Seigneur face à ‘impuissance et la supercherie de l’idole Baal, de se saisir
des prophètes Baal et de les descendre près du torrent de Quishön où il les
égorgea lui-même. Ce qui provoqua le courroux de Jézabel et Achab qui jurèrent
de le faire périr par l’épée. Alors, Élie eut peur, il se leva et partit loin
de la ville pour sauver sa vie. A Bersabée, il laisse son serviteur et puis,
seul, il continue sa marche dans le désert. Exténué, il s’assoit à l’ombre d’un
genêt et là, il supplie Dieu de lui reprendre sa vie.
DANS la séquence du texte qui nous est
proposé en première lecture, est résumée à l’échelle d’un seul homme le destin
de tout le peuple d’Israël. En perpétuelle marche dans le désert et éprouvé par
la faim et le découragement : « « Maintenant, Seigneur, c’en est trop
! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Ce n’est pas la
prière du Vieux Siméon qui, comblé et tenant dans ses mains l’enfant promis,
dit : « Maintenant, Seigneur, tu peux laisser ton serviteur s’en
aller en paix ». La demande d’Élie est un cri de désarroi, de
désespoir ; il est à bout… Mais voici que Dieu qui ne l’abandonne pas, lui
fait donner à manger et à boire par son ange. Notons que l'ange de l'Eternel fait deux courtes apparitions
pour nourrir le prophète et lui indiquer la suite des opérations. Pour Élie, la
nourriture divine rappelle la farine et l'huile de la veuve, non dans son
caractère inépuisable, mais par les forces illimitées qu’elle lui procure, le
rendant à nouveau autonome et indépendant de toute aide humaine.
A sa mort, Élie sera élevé
au ciel dans la stricte solitude ; et le fait de le retrouver avec Moïse
le Jour de la Transfiguration (Mt 17, 3-4) atteste de l’importance de sa
mission prophétique au milieu de son peuple et au-delà.
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Psaume 33 (34)
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en
fête !
Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.
Qui regarde vers lui resplendira
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.
L’ange du Seigneur campe à l’entour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !
DANS l’épisode du
sacrifice du Carmel, Élie implore l’intervention de la toute puissance du Dieu
d’Israël. En réalité, Élie ne pratique pas un rite magique pour épater les
siens ou les idolâtres du dieu Baal en attirant la pluie ; il veut plutôt
rendre plus éclatant encore le miracle
du feu. Car c’est ce miracle qui prouve aux prophètes de Baal et à
l’entourage étranger de Jézabel que le Dieu d’Israël est le seul vrai Dieu qui,
par sa miséricorde sait ramener à lui les cœurs égarés. Et les paroles du
psaume 33 (34) peuvent très bien être mises dans la bouche du prophète dont la
foi ne rompt point devant les épreuves (en dépit de quelques faiblesses). Il se
repose à l’ombre d’un genêt comme dans la tourmente l’homme de foi se repose
sous les ailes de son Dieu : « L’ange du Seigneur campe à l’entour
pour libérer ceux qui le craignent ».
Ce psaume alphabétique
est une véritable louange à la justice divine : le sort des justes et des
méchants est entre les mains du Seigneur Dieu.
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Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux
Éphésiens (4, 30 – 5, 2)
Vivez dans l’amour
FRÈRES, en
vue du jour de votre délivrance, vous avez reçu en vous la marque du Saint
Esprit de Dieu : ne le contristez pas. Faites disparaître de votre vie
tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes,
ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et
de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné
dans le Christ. Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants
bienaimés. Vivez dans l’amour comme le Christ : il nous a aimés et s’est livré
pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire.
En préambule,
disons que la Lettre de Paul aux Éphésiens peut être qualifiée de
« circulaire » au regard de son caractère général et que l’apôtre,
rappelant son autorité (« apôtre de Jésus-Christ par la volonté de
Dieu »), s’adresse à la fois aux croyants d’Éphèse et de toute l’Asie
mineure. Éphèse, capitale romaine de la province de l’Asie, était une ville
florissante dans laquelle l’évangélisation et la fondation de l’église furent
laborieuses. Or la puissance de Dieu se manifesta avec éclat dans cette cité
engluée dans l’idolâtrie et le culte des puissances occultes. Mais les miracles
de Jésus Christ par la main de Paul aiguisent de plus en plus les rancœurs des
politiques, des docteurs et de certains Juifs qui critiquaient publiquement le
message de l’Évangile. Paul ne se décourage point, lui qui parle avec
l’autorité reçue du Christ lui-même. C’est ce Christ, emprisonné, injustement
jugé, flagellé et mis à mort par les Juifs, que Paul présente comme le grand
conciliateur, la source intarissable de l’amour, des vraies richesses, des
grâces innombrables.
Se dépouiller du
vieil homme pour revêtir l’homme nouveau, telle la règle que Paul assigne aux
Éphésiens qu’il exhorte de ne pas participer aux œuvres de ténèbres et vivre
dans l’amour comme des enfants de lumière empreints de la sagesse de l’Esprit Saint.
Rappelons-nous
que pour l’apôtre Paul l’Esprit Saint est le lien unique du Corps unique du
Christ. Si nous procédons de cet Esprit et que nous vivons sous son
inspiration, alors nous sommes membres du Corps du Christ en son Église. Par
conséquent, tout ce qui dans (et par) nos actes nuit à l’unité de ce Corps
mystique « contriste » l’Esprit Saint de Dieu. Encore une fois,
l’amour fraternel est la marque visible et intérieure de la présence de
l’Esprit en nous et entre nous : c’est à cela que les païens et les impies
reconnaîtront que nous sommes enfants de Dieu en Jésus-Christ.
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Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
(6, 41-51)
Le pain de la vie éternelle
COMME Jésus
avait dit : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel », les Juifs
récriminaient contre lui : « Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de
Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors, comment peut-il dire
: “Je suis descendu du ciel” ? » Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas
entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire
vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les
prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Tout homme qui écoute
les enseignements du Père vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père,
sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.
« Amen, amen, je
vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle. Moi, je suis le pain
de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais ce
pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. « Moi, je suis
le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il
vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que
le monde ait la vie. »
Comme les
Hébreux dans le désert, les Juifs aussi ne cessent de « murmurer » au
sujet de Jésus et de ses paroles. Il fait scandale ; en langage trivial,
on pourrait même dire qu’à leur avis, « il pousse le bouchon trop
loin ». Comment peut-il aller jusqu’à dire que lui, le nazaréen fils de
Joseph le charpentier et de Marie, donc un homme fait de chair et d’os comme
tous les hommes, comment peut-il oser dire qu’il est le pain vivant descendu du
ciel. Pire encore, Jésus affirme que le fameux pain dont il parle n’est autre
chose que sa propre chair qui donne la vie éternelle à quiconque la mange.
Ces paroles de
Jésus sont difficiles à entendre et encore plus à comprendre pour les Juifs qui
ne saisissent pas l’analogie et l’opposition qu’il fait entre les Écritures et
sa Bonne Nouvelle. En réalité, le mot « chair » suggère ici — et de
manière très anticipée — le rapport entre l’Eucharistie et l’Incarnation :
l’homme, en effet, se nourrit du Verbe de Dieu fait chair. Jésus est donc le
pain véritable, et comme Parole vivante de Dieu et victime innocente offerte en
sacrifice, par son corps et son sang, pour le salut du monde. L’Eucharistie
dont Jésus anticipe la portée sacramentelle communique donc aux fidèles la vie
que le Fils tient du Père. Ceux qui ont mangé la manne dans le désert sont
morts, ils n’en ont pas été sanctifiés. La manne, signe manifeste de la
puissance du Dieu envers les enfants d’Israël affamés dans le désert a certes
apaisé leur faim, mais elle ne les a pas sanctifiés. Le Pain de vie dont parle
Jésus, c’est-à-dire sa propre chair, est une réalité divine dont seul l’Esprit
peut donner l’intelligence car elle est source de vie pour l’homme.
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