16/08/2012

MARIE, figure de l'humilité agissante…


Fête de l’Assomption

Chers amis, bonjour !


Pour vous aider à méditer l'extrait de l’Apocalypse que la liturgie nous propose en cette fête de l'Assomption, j’ai trouvé utile partager avec vous ce texte à la fois analytique et pédagogique du RP Maurice RAMBOURG de la Société des Missionnaires d’Afrique. Il nous permettra, j’en suis sûr, de saisir les clés de compréhension de cette grande fresque retraçant la vision du Monde nouveau dont Dieu nous a fait la promesse par son Fils, Jésus-Christ, né de la Vierge Marie, mort et ressuscité pour tirer vers le Père l’humanité ainsi sauvée et libérée de l’emprise de Satan. La vision de la femme enceinte est l’autre signe fort de la fécondité éternelle de l’amour de Dieu pour les hommes. Et quoi de plus normal que d’y voir la glorification de celle qui a accueilli la parole de l’Ange Gabriel, a donné naissance au Fils de Dieu par la puissance de l’Esprit, et qui est restée toute sa vie durant « servante du Seigneur » selon la volonté de Dieu qui lui rend gloire dans les cieux !

  
 Liturgie de la Parole

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (11, 19a ; 12, 1-6a. 10ab)
La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie

LE TEMPLE qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »


Par le RP Maurice RAMBOURG de la Société des Missionnaires d’Afrique


Avec le chapitre 12, nous pénétrons jusqu'à la racine même du dessein d'amour du créateur. L'alliance d'amour va se faire en cette arche apparue dans le temple. Là où elle se noue entre Dieu et sa créature libre, dans un immense respect de Dieu pour son œuvre.

La femme, l'enfant et le dragon 12,1-7
Un premier signe grandiose apparut au ciel, c'est une FEMME, une reine, enceinte et en travail d'enfantement. Elle est vue dans le mystère de sa fécondité, toute relative à l'enfant qu'elle porte.

Qui est cet enfant ?
On ne nous dit pas de qui la femme est enceinte. Nous savons seulement que la vision se passe "au ciel". Il s'agit donc d'une maternité qui se vit dans l'amour, elle est "éternelle". C'est un enfantement qui dépasse temps et lieu, même s'il se concrétise en un temps et un lieu déterminé.
C'est l’enfantement de celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer. Il s'agit donc de Jésus, Christ et Messie. Celui qui, plus encore que le Sauveur, est "Le Salut" et dont la royauté ne pourra être brisée. Il est l'unique, la pierre que, vous, les bâtisseurs aviez mise au rebut et qui est devenue la pierre angulaire. Il n'y a aucun salut ailleurs qu'en lui, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut (Ac 4,11-12).
C'est un enfant mâle. La précision n'est pas sans importance. C'est lui l'Agneau dont on devra célébrer, dans le temps comme dans l'éternité, le repas de noces. Il ne vient pas seulement pour mener les nations, avec un pouvoir irrésistible, il vient pour épouser l'humanité. Elle n’existe que par Lui, elle est son corps.
Le premier signe est signe de l’amour de Dieu. Cette œuvre, la création, ne pourra se faire qu’à l’intérieur de Dieu lui-même. Rien n’existe en dehors de Lui. Il est partout ! En cet enfant, premier-né de toute créature, tout peut être créé. Le Verbe, tout fut par lui et rien de ce qui fut ne fut sans lui (Jn 1,3) : Il n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu... mais il s’est dépouillé, devenant semblable aux hommes et, par son aspect, il était reconnu comme un homme (Ph 2,5ss). C’est ce que l’on peut appeler : la "Kénose créatrice".
"C’est ‘l’anéantissement’ du Verbe éternel en son Incarnation. Nous pensons que la création, qui est une œuvre trinitaire ‘dans le Christ’ implique déjà une certaine kénose du Verbe" (Frédéric Marlière "Aime et fais ce que tu veux" Ed. Anne Sigier).
Dans le ciel, c’est l’homme (masculin/féminin) qui a été fait semblable à Lui : fils dans le Fils. L’Enfant mâle, établit avec l’humanité  — tous les hommes et chacun d’eux — une alliance dont la conjugalité humaine est le signe, comme le dit Paul aux Ephésiens : "Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s'est livré pour elle... ne sommes-nous pas les membres de son corps ?..." Ce mystère (l'alliance de l'homme et de la femme dans le mariage) est grand : je déclare qu'il concerne le Christ et l’Eglise (Ep 5,21-33). L’Eglise, c’est l’humanité tout entière, langue, race, peuple et nation.
Le réalisme de l'Incarnation, réalisation du dessein d'amour de Dieu sur sa création, n'exige-t-il pas que l'Agneau-époux soit un "mâle", celui qui "féconde" ?
Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni juif, ni grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme car tous vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ (Ga 3,27-28). Dans le ciel, l’unité en Christ se fera sous le signe de la communion, un seul corps, une seule tête : le Christ. Dans le monde présent, cette unité se fait sous le signe de la conjugalité : une seule épouse : l’Eglise appelée à rassembler toute l’humanité, un seul époux : le Christ.
Cet enfant, dès qu'il fut mis au monde, fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône. Il ne s'agit pas de l'Ascension du Christ, allant s'asseoir à la droite du Père, mais d’une réalité plus profonde. Dans le combat dont toute l'Apocalypse nous parle, l'enfant, devenu par la femme qui l'enfante "fils de l'homme" mais restant, par l'Esprit-Saint qui vient sur elle et la puissance du Très Haut qui la couvre de son ombre (cf Lc 1,35) "fils de Dieu", est vainqueur dès sa conception, c’est-à-dire de toute éternité.
L'Incarnation est, en elle-même, la victoire de l'Amour contre lequel le dragon est impuissant. Il n’arrivera jamais à détruire ce que Dieu a uni :
- l’humanité et la divinité en l’Homme-Dieu : le Christ = Incarnation.
- la divinité et la création devenue Corps mystique du Christ = Rédemption.

Un second signe apparut au ciel, au-delà du terrestre et du temporel, un énorme dragon rouge-feu avec sept têtes et dix cornes. Plénitude de l'intelligence et sommet de la puissance dans un déséquilibre qui ne présume rien de bon ! La puissance (dix cornes) n'est pas guidée par l'intelligence (sept têtes). Quoique chaque tête soit surmontée d'un diadème, il n'y a aucune unité, chacune semble être autonome. Cet énorme dragon, écartelé entre son intelligence et sa puissance — ou sa volonté de puissance — ne pourra être qu'un "manipulateur", un diviseur, un..._dia-boloV.

La femme : Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. Elle baigne entièrement dans la lumière du Christ qui la recouvre complètement. Le Christ, son visage est comme le soleil qui brille de tout son éclat (1,16), Lumière du monde en qui il n'est pas de ténèbres (cf Jn 8,12).
Cette femme est, dès le début, enveloppée de cette Lumière des hommes par qui tout fut et sans qui rien ne fut, cette Lumière en qui est la Vie. La vraie lumière qui, au ciel, illumine la femme et, en venant dans le monde, illumine tout homme.
Cette femme n’a aucun rayonnement propre, elle n’est visible que dans et par la lumière du Christ. Elle n'est pas une "déesse" ! La lune sous les pieds, cet astre "mort" qui ne reprend vie que par l'illumination du soleil qui la fait briller dans la nuit et lui donne tout son éclat. Une seule tête avec une couronne de douze étoiles, signe de royauté sur le monde ou signe de prééminence dans la création comme dans l’Eglise (cf les 24 vieillards en 4,4).
Elle va enfanter, dans la douleur, Celui sans lequel elle ne serait pas !
Nouvelle "Apocalypse de Jésus-Christ", nouvelle vision du mystère de l'Incarnation dont nous avons déjà eu un aspect avec les quatre vivants ou le "Vivant quatre" (4,6). La femme enfante celui qui l'enfante ! Elle met au monde le Créateur du monde dont, comme toute créature, elle fait partie.
Elle ne serait rien, elle ne serait pas  — il faut le tenir avec force — si elle n'était tout entière enveloppée du Christ, la Lumière qui vient dans le monde, la Lumière qui fait le monde.
Comme souvent en Jean, il faut lire les signes à plusieurs niveaux. Puisque cette femme est toute relative à l'enfant qu'elle porte et qu'elle va mettre au monde et que cet enfant est le Christ lui-même, la question paraît simple :


• Qui enfante le Christ ?

A cette question simple, les simples, les tout-petits, ceux à qui est donnée la révélation, répondent : la Vierge Marie.
A question simple, réponse simple ???... Jean nous a habitués à recevoir les choses simples simplement. Il nous invite aussi à pénétrer plus avant dans le mystère du Dieu de notre salut.
A la question : "qui enfante le Christ"? il est nécessaire d'apporter une réponse plus profonde : au sens théologique du terme, seul le Père, source de toute "action trinitaire", engendre le Christ. Dieu, en la période finale où nous sommes, nous a parlé à nous en un Fils qu’il a établi héritier de tout, par qui aussi il a créé les mondes (Hb 1,2). Et encore : en entrant dans le monde le Christ dit : de sacrifice et d’offrande, tu n’as pas voulu, mais tu m’as façonné un corps... alors j’ai dit : je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté (Hb 10 5-7). Le Père crée par le Fils, tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui (Jn 1,3). Il engendre le corps du Christ  — mystère de l’Incarnation — par l’Esprit Saint. Double conception : dans l’éternel aujourd’hui de Dieu, et, en ces temps qui sont les derniers, dans l’histoire de l’homme. C’est par la femme que l’Esprit Saint réalise ce second "engendrement". L’ange lui répondit : l’Esprit saint viendra sur toi  et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre (Lc 1,35) de telle sorte que ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint (Mt 1,20). C’est par Lui que la femme a conçu, conçoit et continue de concevoir. Elle est toujours en travail d’enfantement dans la douleur comme dans la joie.*
Cette femme est, en premier lieu, celle qui, à Lourdes, affirme : "Je suis l'Immaculée Conception" (et non "je suis immaculée dès ma conception"). Affirmation si surprenante que le curé de Lourdes pense que Bernadette a mal entendu.
L'Esprit-Saint, au sens courant du terme, engendre, fait naître, l'enfant mâle, le Christ, qui doit mener les nations jusqu'au Royaume du Père avec un sceptre de fer.
L'Esprit-Saint, qui a parlé par les prophètes, n'a qu'une seule 'ambition' : former le corps du Christ jusqu'à ce que soit au complet le nombre de ceux qui doivent être mis à mort et que tous "aient lavé leurs robes et les aient blanchies dans le sang de l'Agneau" (6,11 ; 7,14). Il est celui qui, à l'œuvre avec le Père et planant sur les eaux (Gn 1,2), forme le premier corps du Christ : le cosmos.
"Volontairement contenu dans un point de l'espace et du temps, simultanément le Christ les contient, et par là les métamorphose... Existence personnelle absolue, le Christ, durant son incarnation, non seulement se laisse contenir par l'univers en un point de l'espace et du temps, mais contient en réalité l'univers" (O. Clement : "le Christ, terre des vivants" pp. 73.121).
L'Apocalypse, révélation de Jésus-Christ, ne s'arrête pas au Christ en tant qu'individu. Les lettres aux Eglises nous ont montré le Christ inséparable de son Eglise à qui il s'unit comme l'époux à l'épouse, ne faisant plus avec elle qu'un seul corps.
L'Esprit-Saint "engendre" le corps du Christ, depuis la création du monde jusqu'à la Parousie, en des étapes dont la plus centrale est la vie terrestre de Jésus, de l'Incarnation à la Rédemption, où se vit un double enfantement, l'un dans la joie de Noël à Bethléem, l'autre dans la douleur du Vendredi-Saint au Golgotha. Là, la Femme reçoit du Christ, au moment où tout étant achevé, il remet l'Esprit, une nouvelle dimension maternelle vis-à-vis de son corps qui est l’Eglise.
L'Esprit-Saint va donc continuer cette œuvre d'amour du Père, comme nous l'avons vu avec les deux témoins (11,3ss) Souffle, colombe, il se donne à travers les 4 manifestations dont nous parlent l'Evangile de Jean et les Actes des apôtres.
- Pentecôte apostolique : ...Ayant ainsi parlé il souffla sur eux et leur dit : "Recevez l'Esprit-Saint ; ceux à qui vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis..." (Jn 20,21-23). L'Esprit-Saint va construire le corps du Christ à travers la visibilité ministérielle de son Eglise, de ceux qui, dans la main du Christ, sont les sept étoiles ; les Anges des Eglises (1,20).
- Pentecôte des disciples : ...Ils furent tous (le groupe d'environ cent vingt personnes dont Marie la mère de Jésus) remplis d'Esprit-Saint et se mirent à parler d'autres langues comme l'Esprit leur donnait de s'exprimer (Ac 2,1-4).
- Pentecôte de la première communauté chrétienne issue du judaïsme : A la fin de leur prière, le local où ils se trouvaient réunis fut ébranlé ; il furent tous remplis du Saint-Esprit et disaient avec assurance la parole de Dieu (Ac 4,31).
- Pentecôte universelle : Pierre exposait encore ces événements quand l'Esprit-Saint tomba sur tous ceux qui avaient écouté la Parole... ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l'Esprit-Saint était maintenant répandu... (Ac 10,44).
L'Esprit-Saint poursuit l'œuvre d'amour du Père : mener les temps à leur accomplissement et réunir l'univers entier sous un seul chef (une seule tête) le Christ (Ep 1,10). Atteindre le sommet de la conjugalité : la communion. Ils ne sont plus deux mais un seul corps, une seule chair !
Si Marie est celle par laquelle est engendré le Christ dans sa visibilité charnelle, si elle peut, et doit, être appelée "Mère de Dieu", elle est aussi "Mère de l’Eglise". Mère pauvre, Marie, toute comblée de grâce, ne retient rien pour elle. Elle est toujours la Femme de Cana, qui redit sans cesse : "Faites tout ce qu'il vous dira".
L'Esprit continue cette œuvre d'amour du Père dans et par :
- ceux qui entendant l'ordre du Seigneur, partent faire de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce qu’Il leur  a prescrit (Mt 28,19-20).
- ceux dont le témoin fidèle, le Premier né d'entre les morts, le Prince des rois de la terre a fait une royauté de prêtres pour son Dieu et Père (1,5-6) et qui vivent en plénitude leur sacerdoce ministériel ou baptismal, grâce à l'Esprit-Saint reçu à la confirmation.
- ceux qui ayant pris le petit livre ouvert dans la main de l'Ange debout sur la mer et sur la terre et l'ayant avalé, sont partis prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de langues et de rois (10,8-11).
- ceux qui continuent, comme Paul, et peuvent, comme lui, dire : "quand vous auriez dix mille pédagogues en Christ, vous n'avez pas plusieurs pères. C'est moi qui, par l'Evangile, vous ai engendrés en Jésus-Christ" (1 Co 4,14-15).
C'est l’Eglise qui, ayant reçu une puissance, celle du Saint-Esprit (Paraclet envoyé du Père par le Fils) pour être (ses) témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre, est la Femme qui enfante dans la douleur celui qui doit mener les nations avec un sceptre de fer, signe de son indestructibilité. Enfantement qui prendra fin à la Parousie, quand il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute domination, toute autorité, toute puissance, et le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort (1 Co 15,24-26).
Et s'il nous faut gémir et nous lamenter tandis que le monde se réjouit, notre affliction tournera en joie car, lorsque la femme enfante, elle est dans l'affliction puisque son heure est venue, mais lorsqu'elle a donné le jour à l'enfant... elle est toute à la joie d'avoir mis un homme au monde (Jn 16,20). Aussi, avec Paul, nous mettons notre orgueil dans nos détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance, la persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l'espérance, et l'espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné (Rm 5,3-5).
La femme, l’Eglise, s'enfuit au désert où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours, quotidiennement. La victoire du Christ, conduit par l'Esprit au désert pour être tenté par le diable, devient le pain quotidien donné jusqu'à la fin de la lutte, 3 ans et demi ou 42 mois, à condition de rester au "désert", lieu où l'homme rencontre Dieu, 1 260 jours dans la prière et l'adoration.
L’Eglise ne trouve-t-elle pas aussi, comme Tobie, sa force dans l'épreuve : j'ai été envoyé pour éprouver ta foi, et Dieu m'envoya en même temps pour te guérir (Tb 12,14).







• PSAUME 44 (45)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père ;
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.


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Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens (15, 20-27a)
Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle

FRÈRES, le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.


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Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (1, 39-56)
« Heureuse celle qui a cru ! »

EN CES JOURS-LÀ, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. » Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.



L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE DANS LE CIEL… une fête pas comme les autres ! En effet, au-delà de la polémique que peut susciter l’affirmation d’une réalité, invraisemblable aux yeux de certains, l’Église a institué ce dogme pour rappeler et honorer tout à la fois mort (la dormition), la résurrection glorieuse, l'entrée au ciel et le couronnement de la bienheureuse Vierge Marie. Oui, Marie fut enlevée et élevée dans le ciel corps et âme en vertu d’un privilège particulier : celle qui a porté l’Enfant de Dieu dans son incarnation, en tant qu’elle est pure de corps et d’esprit, ne pouvait tomber sous l’emprise de la mort ; celle qui a accueilli dans sa chair celui qui est l’origine même de toute vie, Dieu l’a élevée dans sa gloire et l’a placée au-dessus des anges et des principautés des cieux. Logiquement cela se tient…
 Ce n’est pas par hasard que la liturgie nous propose en ce jour cette merveilleuse prière d’action de grâce, d’humilité et de foi qu’est le « MAGNIFICAT ». Ces paroles que Luc met dans la bouche de la jeune Marie sont à la fois un condensé de la miséricorde de Dieu envers le peuple d’Israël tout au long de son histoire, et un exposé des valeurs fondatrices du projet de Dieu dans la Nouvelle Alliance.
1)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est se laisser bousculer par sa survenue (souvent inopinée) exige de nous une réponse sans ambiguïté et sans délai : « Qu’il me soit fait selon sa parole ».
2)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est accepter d’entrer en humilité par la foi en celui qui fait pour nous des merveilles et nous fait partager ainsi sa sainteté.
3)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est s’engager dans un renouvellement total de sa personne dans les rapports que nous entretenons dans la vie sociale et politique. C’est concevoir désormais ses rapports à l’autre non plus comme régis par le pouvoir, la gloire et l’argent (nous connaissons tous les tribulations des acteurs qui jouent dans le célèbre feuilleton « Amour, Gloire & Beauté » !), mais exclusivement nourris par l’AMOUR véritable de celui qui naîtra par Marie et manifestera cet immense amour jusqu’à sa propre mort et sa résurrection pour le salut des hommes.
4)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est dire « oui » à sa promesse de résurrection et de vie nouvelle en son Royaume.

Marie est la première croyante et comme telle, la fête de l’Assomption est la célébration de l’accueil en Marie de la vie éternelle dans sa vie et dans sa propre chair. Marie est le premier disciple de son Fils : par elle ce dernier vient en notre monde, par elle la foi nous est communiquée dans une proximité à Dieu scellée dans la chair et la vie éternelle. Marie est la première des humains à passer de la vie à la vie, et à entrer directement dans la gloire promise par son Fils : « Mon sauveur et mon Dieu ! »

Nous savons la dévotion toute particulière des chrétiens à Marie à travers le monde. Nous savons aussi qu’une majorité d’entre eux disent s’adresser directement à la Vierge plutôt qu’à son Fils. Qu’on de s’y méprenne pas ! Il est absurde de vouloir opposer dans une compétition stérile le Christ à Mère. Marie dispensatrice des grâces, Marie Mère du perpétuel secours, Marie refuge des opprimés, Marie Reine des anges, Marie Soutien des pauvres… toutes ces appellations manifestent en réalité l’infinie richesse des modes d’action de Dieu dans la vie des hommes. Marie, en tant que Nouvelle Ève élevée dans le ciel est la personne la plus habilitée pour porter auprès de son Fils les demandes et supplications des hommes et des femmes : « Faites tout ce qu’il vous dira », murmure-t-elle aux serveurs de Cana lorsqu’il n’y eut plus de vin. Et Jésus combla à satiété les invités de l’abondance d’un vin doux et délicieux… préfiguration de son propre sang qu’il offrira en croix pour le salut du monde. Oui ! C’est bien Jésus-Christ qui est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Mais le Christ ne peut rien refuser à sa Mère dont il a scellé la filiation avec l’ensemble des hommes en la confiant à l’apôtre Jean : "Femme, voici ton fils", et ce qu’il a dit également au disciple : "Voici ta Mère" (Jn 19,26-27). Celle qui avait accepté l’annonce de l’Ange dans un acte de foi spontané et ferme, qui a accompagné l’Enfant Jésus dans sa vie d’enfant et d’adulte jusqu’au pied de la croix, est glorifiée dans le ciel et, avec elle, toutes les femmes et tous les hommes qui accueillent en leur vie Jésus-Christ, source de vie éternelle.

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