Fête de l’Assomption
Chers amis, bonjour !
Pour vous
aider à méditer l'extrait de l’Apocalypse que la liturgie nous propose en cette fête de l'Assomption, j’ai trouvé utile partager avec vous ce texte à la fois analytique et pédagogique du RP Maurice RAMBOURG de la Société des
Missionnaires d’Afrique. Il nous permettra, j’en suis sûr, de saisir les
clés de compréhension de cette grande fresque retraçant la vision du Monde
nouveau dont Dieu nous a fait la promesse par son Fils, Jésus-Christ, né de la
Vierge Marie, mort et ressuscité pour tirer vers le Père l’humanité ainsi
sauvée et libérée de l’emprise de Satan. La vision de la femme enceinte est
l’autre signe fort de la fécondité éternelle de l’amour de Dieu pour les
hommes. Et quoi de plus normal que d’y voir la glorification de celle qui a
accueilli la parole de l’Ange Gabriel, a donné naissance au Fils de Dieu par la
puissance de l’Esprit, et qui est restée toute sa vie durant « servante du
Seigneur » selon la volonté de Dieu qui lui rend gloire dans les cieux !
Liturgie de la Parole
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (11, 19a ; 12, 1-6a. 10ab)
La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme
Marie
LE TEMPLE qui est dans le ciel s’ouvrit,
et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. Un signe
grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la
lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était
enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement. Un autre
signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et
dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers des
étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la
femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, la
Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes
les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de
Dieu et de son trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une
place. Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : «
Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le
pouvoir de son Christ ! »
Par le RP Maurice RAMBOURG de la Société
des Missionnaires d’Afrique
Avec le chapitre 12, nous pénétrons jusqu'à la racine
même du dessein d'amour du créateur. L'alliance d'amour va se faire en cette
arche apparue dans le temple. Là où elle se noue entre Dieu et sa créature
libre, dans un immense respect de Dieu pour son œuvre.
La femme, l'enfant et le dragon
12,1-7
Un premier signe grandiose apparut au ciel, c'est une
FEMME, une reine, enceinte et en travail d'enfantement. Elle est vue dans le
mystère de sa fécondité, toute relative à l'enfant qu'elle porte.
Qui est cet enfant ?
On ne nous dit pas de qui la femme est enceinte. Nous
savons seulement que la vision se passe "au ciel". Il s'agit donc
d'une maternité qui se vit dans l'amour, elle est "éternelle". C'est
un enfantement qui dépasse temps et lieu, même s'il se concrétise en un temps
et un lieu déterminé.
C'est l’enfantement de celui qui doit mener toutes les
nations avec un sceptre de fer. Il s'agit donc de Jésus, Christ et Messie.
Celui qui, plus encore que le Sauveur, est "Le Salut" et dont la
royauté ne pourra être brisée. Il est l'unique, la pierre que, vous, les
bâtisseurs aviez mise au rebut et qui est devenue la pierre angulaire. Il n'y a
aucun salut ailleurs qu'en lui, car il n'y a sous le ciel aucun autre nom
offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut (Ac 4,11-12).
C'est un enfant mâle. La précision n'est pas sans
importance. C'est lui l'Agneau dont on devra célébrer, dans le temps comme dans
l'éternité, le repas de noces. Il ne vient pas seulement pour mener les
nations, avec un pouvoir irrésistible, il vient pour épouser l'humanité. Elle
n’existe que par Lui, elle est son corps.
Le premier signe est signe de l’amour de Dieu. Cette
œuvre, la création, ne pourra se faire qu’à l’intérieur de Dieu lui-même. Rien
n’existe en dehors de Lui. Il est partout ! En cet enfant, premier-né de toute
créature, tout peut être créé. Le Verbe, tout fut par lui et rien de ce qui fut
ne fut sans lui (Jn 1,3) : Il n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être
l’égal de Dieu... mais il s’est dépouillé, devenant semblable aux hommes et,
par son aspect, il était reconnu comme un homme (Ph
2,5ss). C’est ce que l’on peut appeler : la
"Kénose créatrice".
"C’est ‘l’anéantissement’ du Verbe éternel en son
Incarnation. Nous pensons que la création, qui est une œuvre trinitaire ‘dans
le Christ’ implique déjà une certaine kénose du Verbe" (Frédéric Marlière
"Aime et fais ce que tu veux" Ed. Anne Sigier).
Dans le ciel, c’est l’homme (masculin/féminin) qui a
été fait semblable à Lui : fils dans le Fils. L’Enfant mâle, établit avec
l’humanité — tous les hommes et chacun d’eux — une alliance
dont la conjugalité humaine est le signe, comme le dit Paul aux
Ephésiens : "Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise
et s'est livré pour elle... ne sommes-nous pas les membres de son corps
?..." Ce mystère (l'alliance de l'homme et de la femme dans le mariage) est
grand : je déclare qu'il concerne le Christ et l’Eglise (Ep 5,21-33).
L’Eglise, c’est l’humanité tout entière, langue, race, peuple et nation.
Le réalisme de l'Incarnation, réalisation du dessein
d'amour de Dieu sur sa création, n'exige-t-il pas que l'Agneau-époux soit un
"mâle", celui qui "féconde" ?
Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez
revêtu Christ. Il n’y a plus ni juif, ni grec ; il n’y a plus ni esclave
ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme car tous vous n’êtes
qu’un en Jésus-Christ (Ga 3,27-28). Dans le ciel, l’unité en Christ se fera sous le
signe de la communion, un seul corps, une seule tête : le Christ. Dans le
monde présent, cette unité se fait sous le signe de la conjugalité : une seule
épouse : l’Eglise appelée à rassembler toute l’humanité, un seul
époux : le Christ.
Cet enfant, dès qu'il fut mis au monde, fut enlevé
jusqu'auprès de Dieu et de son trône. Il ne s'agit pas de l'Ascension du
Christ, allant s'asseoir à la droite du Père, mais d’une réalité plus profonde.
Dans le combat dont toute l'Apocalypse nous parle, l'enfant, devenu par la
femme qui l'enfante "fils de l'homme" mais restant, par
l'Esprit-Saint qui vient sur elle et la puissance du Très Haut qui la couvre de
son ombre (cf Lc 1,35) "fils de Dieu", est vainqueur dès sa
conception, c’est-à-dire de toute éternité.
L'Incarnation est, en elle-même, la victoire de
l'Amour contre lequel le dragon est impuissant. Il n’arrivera jamais à détruire
ce que Dieu a uni :
- l’humanité et la divinité en
l’Homme-Dieu : le Christ = Incarnation.
- la divinité et la création devenue Corps
mystique du Christ = Rédemption.
Un second signe apparut au ciel, au-delà du terrestre
et du temporel, un énorme dragon rouge-feu avec sept têtes et dix cornes.
Plénitude de l'intelligence et sommet de la puissance dans un déséquilibre qui
ne présume rien de bon ! La puissance (dix cornes) n'est pas guidée par
l'intelligence (sept têtes). Quoique chaque tête soit surmontée d'un diadème,
il n'y a aucune unité, chacune semble être autonome. Cet énorme dragon,
écartelé entre son intelligence et sa puissance — ou sa volonté de
puissance — ne pourra être qu'un "manipulateur", un diviseur,
un..._dia-boloV.
La femme : Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et
douze étoiles couronnent sa tête. Elle baigne entièrement dans la lumière du
Christ qui la recouvre complètement. Le Christ, son visage est comme le soleil
qui brille de tout son éclat (1,16), Lumière du monde en qui il n'est pas de ténèbres (cf Jn 8,12).
Cette femme est, dès le début, enveloppée de cette
Lumière des hommes par qui tout fut et sans qui rien ne fut, cette Lumière en
qui est la Vie. La vraie lumière qui, au ciel, illumine la femme et, en venant
dans le monde, illumine tout homme.
Cette femme n’a aucun rayonnement propre, elle n’est
visible que dans et par la lumière du Christ. Elle n'est pas une
"déesse" ! La lune sous les pieds, cet astre "mort" qui ne
reprend vie que par l'illumination du soleil qui la fait briller dans la nuit
et lui donne tout son éclat. Une seule tête avec une couronne de douze étoiles,
signe de royauté sur le monde ou signe de prééminence dans la création comme
dans l’Eglise (cf les 24 vieillards en 4,4).
Elle va enfanter, dans la douleur, Celui sans lequel
elle ne serait pas !
Nouvelle "Apocalypse de Jésus-Christ",
nouvelle vision du mystère de l'Incarnation dont nous avons déjà eu un aspect
avec les quatre vivants ou le "Vivant quatre" (4,6). La femme enfante celui qui
l'enfante ! Elle met au monde le Créateur du monde dont, comme toute créature,
elle fait partie.
Elle ne serait rien, elle ne serait pas — il
faut le tenir avec force — si elle n'était tout entière enveloppée du
Christ, la Lumière qui vient dans le monde, la Lumière qui fait le monde.
Comme souvent en Jean, il faut lire les signes à
plusieurs niveaux. Puisque cette femme est toute relative à l'enfant qu'elle
porte et qu'elle va mettre au monde et que cet enfant est le Christ lui-même,
la question paraît simple :
• Qui enfante le Christ ?
A cette question simple, les simples, les tout-petits,
ceux à qui est donnée la révélation, répondent : la Vierge Marie.
A question simple, réponse simple ???... Jean nous a
habitués à recevoir les choses simples simplement. Il nous invite aussi à
pénétrer plus avant dans le mystère du Dieu de notre salut.
A la question : "qui enfante le
Christ"? il est nécessaire d'apporter une réponse plus profonde : au
sens théologique du terme, seul le Père, source de toute "action
trinitaire", engendre le Christ. Dieu, en la période finale où nous
sommes, nous a parlé à nous en un Fils qu’il a établi héritier de tout, par qui
aussi il a créé les mondes (Hb 1,2). Et encore : en entrant dans le monde le Christ
dit : de sacrifice et d’offrande, tu n’as pas voulu, mais tu m’as façonné
un corps... alors j’ai dit : je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté (Hb 10 5-7). Le
Père crée par le Fils, tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui (Jn 1,3). Il
engendre le corps du Christ — mystère de l’Incarnation — par
l’Esprit Saint. Double conception : dans l’éternel aujourd’hui de Dieu,
et, en ces temps qui sont les derniers, dans l’histoire de l’homme. C’est par
la femme que l’Esprit Saint réalise ce second "engendrement". L’ange
lui répondit : l’Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre (Lc 1,35) de
telle sorte que ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint (Mt 1,20). C’est
par Lui que la femme a conçu, conçoit et continue de concevoir. Elle est
toujours en travail d’enfantement dans la douleur comme dans la joie.*
Cette femme est, en premier lieu, celle qui, à
Lourdes, affirme : "Je suis l'Immaculée Conception" (et non
"je suis immaculée dès ma conception"). Affirmation si surprenante
que le curé de Lourdes pense que Bernadette a mal entendu.
L'Esprit-Saint, au sens courant du terme, engendre,
fait naître, l'enfant mâle, le Christ, qui doit mener les nations jusqu'au
Royaume du Père avec un sceptre de fer.
L'Esprit-Saint, qui a parlé par les prophètes, n'a
qu'une seule 'ambition' : former le corps du Christ jusqu'à ce que soit au
complet le nombre de ceux qui doivent être mis à mort et que tous "aient
lavé leurs robes et les aient blanchies dans le sang de l'Agneau" (6,11 ; 7,14).
Il est celui qui, à l'œuvre avec le Père et planant sur les eaux (Gn 1,2), forme
le premier corps du Christ : le cosmos.
"Volontairement contenu dans un point de l'espace
et du temps, simultanément le Christ les contient, et par là les
métamorphose... Existence personnelle absolue, le Christ, durant son
incarnation, non seulement se laisse contenir par l'univers en un point de
l'espace et du temps, mais contient en réalité l'univers" (O. Clement : "le Christ, terre des
vivants" pp. 73.121).
L'Apocalypse, révélation de Jésus-Christ, ne s'arrête
pas au Christ en tant qu'individu. Les lettres aux Eglises nous ont montré le
Christ inséparable de son Eglise à qui il s'unit comme l'époux à l'épouse, ne
faisant plus avec elle qu'un seul corps.
L'Esprit-Saint "engendre" le corps du
Christ, depuis la création du monde jusqu'à la Parousie, en des étapes dont la
plus centrale est la vie terrestre de Jésus, de l'Incarnation à la Rédemption,
où se vit un double enfantement, l'un dans la joie de Noël à Bethléem, l'autre
dans la douleur du Vendredi-Saint au Golgotha. Là, la Femme reçoit du Christ,
au moment où tout étant achevé, il remet l'Esprit, une nouvelle dimension
maternelle vis-à-vis de son corps qui est l’Eglise.
L'Esprit-Saint va donc continuer cette œuvre d'amour
du Père, comme nous l'avons vu avec les deux témoins (11,3ss)
Souffle, colombe, il se donne à travers les 4 manifestations dont nous parlent
l'Evangile de Jean et les Actes des apôtres.
- Pentecôte apostolique : ...Ayant ainsi parlé il
souffla sur eux et leur dit : "Recevez l'Esprit-Saint ; ceux à qui
vous remettrez leurs péchés, ils leur seront remis..." (Jn 20,21-23).
L'Esprit-Saint va construire le corps du Christ à travers la visibilité
ministérielle de son Eglise, de ceux qui, dans la main du Christ, sont les sept
étoiles ; les Anges des Eglises (1,20).
- Pentecôte des disciples : ...Ils furent tous (le
groupe d'environ cent vingt personnes dont Marie la mère de Jésus) remplis
d'Esprit-Saint et se mirent à parler d'autres langues comme l'Esprit leur
donnait de s'exprimer (Ac 2,1-4).
- Pentecôte de la première communauté chrétienne issue
du judaïsme : A la fin de leur prière, le local où ils se trouvaient réunis fut
ébranlé ; il furent tous remplis du Saint-Esprit et disaient avec
assurance la parole de Dieu (Ac 4,31).
- Pentecôte universelle : Pierre exposait encore ces
événements quand l'Esprit-Saint tomba sur tous ceux qui avaient écouté la
Parole... ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l'Esprit-Saint
était maintenant répandu... (Ac 10,44).
L'Esprit-Saint poursuit l'œuvre d'amour du Père :
mener les temps à leur accomplissement et réunir l'univers entier sous un seul
chef (une seule tête) le Christ (Ep 1,10). Atteindre le sommet de la conjugalité : la
communion. Ils ne sont plus deux mais un seul corps, une seule chair !
Si Marie est celle par laquelle est engendré le Christ
dans sa visibilité charnelle, si elle peut, et doit, être appelée "Mère de
Dieu", elle est aussi "Mère de l’Eglise". Mère pauvre, Marie,
toute comblée de grâce, ne retient rien pour elle. Elle est toujours la Femme
de Cana, qui redit sans cesse : "Faites tout ce qu'il vous
dira".
L'Esprit continue cette œuvre d'amour du Père dans et
par :
- ceux qui entendant l'ordre du Seigneur, partent
faire de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce qu’Il leur a prescrit (Mt 28,19-20).
- ceux dont le témoin fidèle, le Premier né d'entre
les morts, le Prince des rois de la terre a fait une royauté de prêtres pour
son Dieu et Père (1,5-6) et qui vivent en plénitude leur sacerdoce
ministériel ou baptismal, grâce à l'Esprit-Saint reçu à la confirmation.
- ceux qui ayant pris le petit livre ouvert dans la
main de l'Ange debout sur la mer et sur la terre et l'ayant avalé, sont partis
prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de langues et de rois (10,8-11).
- ceux qui continuent, comme Paul, et peuvent, comme
lui, dire : "quand vous auriez dix mille pédagogues en Christ, vous
n'avez pas plusieurs pères. C'est moi qui, par l'Evangile, vous ai engendrés en
Jésus-Christ" (1 Co 4,14-15).
C'est l’Eglise qui, ayant reçu une puissance, celle du
Saint-Esprit (Paraclet envoyé du Père par le Fils) pour être (ses) témoins à
Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la
terre, est la Femme qui enfante dans la douleur celui qui doit mener les
nations avec un sceptre de fer, signe de son indestructibilité. Enfantement qui
prendra fin à la Parousie, quand il remettra la royauté à Dieu le Père, après
avoir détruit toute domination, toute autorité, toute puissance, et le dernier
ennemi qui sera détruit, c'est la mort (1 Co
15,24-26).
Et s'il nous faut gémir et nous lamenter tandis que le
monde se réjouit, notre affliction tournera en joie car, lorsque la femme
enfante, elle est dans l'affliction puisque son heure est venue, mais
lorsqu'elle a donné le jour à l'enfant... elle est toute à la joie d'avoir mis
un homme au monde (Jn 16,20). Aussi, avec Paul, nous mettons notre orgueil dans nos
détresses mêmes, sachant que la détresse produit la persévérance, la
persévérance la fidélité éprouvée, la fidélité éprouvée l'espérance, et
l'espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par
l'Esprit-Saint qui nous a été donné (Rm
5,3-5).
La femme, l’Eglise, s'enfuit au désert où Dieu lui a
ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours,
quotidiennement. La victoire du Christ, conduit par l'Esprit au désert pour
être tenté par le diable, devient le pain quotidien donné jusqu'à la fin de la
lutte, 3 ans et demi ou 42 mois, à condition de rester au "désert",
lieu où l'homme rencontre Dieu, 1 260 jours dans la prière et l'adoration.
L’Eglise ne trouve-t-elle pas aussi, comme Tobie, sa
force dans l'épreuve : j'ai été envoyé pour éprouver ta foi, et Dieu m'envoya
en même temps pour te guérir (Tb 12,14).
• PSAUME 44 (45)
Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père ;
le roi sera séduit par ta beauté.
Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.
Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.
Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.
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Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens (15, 20-27a)
Le Christ nous entraîne tous dans la vie
éternelle
FRÈRES, le Christ est ressuscité d’entre
les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant
venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En
effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que
tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et
ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera
achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir
détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner
jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier
ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.
______________________________________________
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (1, 39-56)
« Heureuse celle qui a cru ! »
EN CES JOURS-LÀ, Marie se mit en route
rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de
Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de
Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit
Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et
le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de
mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car lorsque j’ai entendu tes paroles de
salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse, celle qui a cru à
l’accomplissement des paroles qui lui furent dites
de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme
exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur
son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le
Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s’étend
d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il
disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les
humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il
relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite
à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. » Marie demeura
avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
L’ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE DANS LE CIEL… une fête pas comme les autres ! En effet, au-delà de la polémique
que peut susciter l’affirmation d’une réalité, invraisemblable aux yeux de
certains, l’Église a institué ce dogme pour rappeler et honorer tout à la fois mort (la dormition), la résurrection glorieuse, l'entrée au ciel
et le couronnement de la bienheureuse Vierge Marie. Oui, Marie fut enlevée et
élevée dans le ciel corps et âme en vertu d’un privilège particulier : celle
qui a porté l’Enfant de Dieu dans son incarnation, en tant qu’elle est pure de
corps et d’esprit, ne pouvait tomber sous l’emprise de la mort ; celle qui
a accueilli dans sa chair celui qui est l’origine même de toute vie, Dieu l’a
élevée dans sa gloire et l’a placée au-dessus des anges et des principautés des
cieux. Logiquement cela se tient…
Ce n’est pas par hasard que la liturgie
nous propose en ce jour cette merveilleuse prière d’action de grâce, d’humilité
et de foi qu’est le « MAGNIFICAT ». Ces paroles que Luc met dans la
bouche de la jeune Marie sont à la fois un condensé de la miséricorde de Dieu
envers le peuple d’Israël tout au long de son histoire, et un exposé des
valeurs fondatrices du projet de Dieu dans la Nouvelle Alliance.
1)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est se
laisser bousculer par sa survenue (souvent inopinée) exige de nous une réponse
sans ambiguïté et sans délai : « Qu’il me soit fait selon sa
parole ».
2)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est
accepter d’entrer en humilité par la foi en celui qui fait pour nous des
merveilles et nous fait partager ainsi sa sainteté.
3)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est
s’engager dans un renouvellement total de sa personne dans les rapports que
nous entretenons dans la vie sociale et politique. C’est concevoir désormais
ses rapports à l’autre non plus comme régis par le pouvoir, la gloire et
l’argent (nous connaissons tous les tribulations des acteurs qui jouent dans le
célèbre feuilleton « Amour, Gloire & Beauté » !), mais exclusivement
nourris par l’AMOUR véritable de celui qui naîtra par Marie et manifestera cet
immense amour jusqu’à sa propre mort et sa résurrection pour le salut des
hommes.
4)- Accueillir Dieu sans sa vie, c’est
dire « oui » à sa promesse de résurrection et de vie nouvelle en son
Royaume.
Marie est la première croyante et comme
telle, la fête de l’Assomption est la célébration de l’accueil en Marie de la
vie éternelle dans sa vie et dans sa propre chair. Marie est le premier
disciple de son Fils : par elle ce dernier vient en notre monde, par elle
la foi nous est communiquée dans une proximité à Dieu scellée dans la chair et
la vie éternelle. Marie est la première des humains à passer de la vie à la
vie, et à entrer directement dans la gloire promise par son Fils :
« Mon sauveur et mon Dieu ! »
Nous savons la dévotion toute particulière
des chrétiens à Marie à travers le monde. Nous savons aussi qu’une majorité
d’entre eux disent s’adresser directement à la Vierge plutôt qu’à son Fils.
Qu’on de s’y méprenne pas ! Il est absurde de vouloir opposer dans une
compétition stérile le Christ à Mère. Marie dispensatrice des grâces, Marie
Mère du perpétuel secours, Marie refuge des opprimés, Marie Reine des anges,
Marie Soutien des pauvres… toutes ces appellations manifestent en réalité l’infinie
richesse des modes d’action de Dieu dans la vie des hommes. Marie, en tant que
Nouvelle Ève élevée dans le ciel est la personne la plus habilitée pour porter
auprès de son Fils les demandes et supplications des hommes et des
femmes : « Faites tout ce qu’il
vous dira », murmure-t-elle aux serveurs de Cana lorsqu’il n’y eut
plus de vin. Et Jésus combla à satiété les invités de l’abondance d’un vin doux
et délicieux… préfiguration de son propre sang qu’il offrira en croix pour le
salut du monde. Oui ! C’est bien Jésus-Christ qui est le seul médiateur
entre Dieu et les hommes. Mais le Christ ne peut rien refuser à sa Mère dont il
a scellé la filiation avec l’ensemble des hommes en la confiant à l’apôtre
Jean : "Femme, voici ton fils",
et ce qu’il a dit également au disciple : "Voici
ta Mère" (Jn 19,26-27). Celle qui avait accepté l’annonce de l’Ange dans un acte de foi
spontané et ferme, qui a accompagné l’Enfant Jésus dans sa vie d’enfant et
d’adulte jusqu’au pied de la croix, est glorifiée dans le ciel et, avec elle,
toutes les femmes et tous les hommes qui accueillent en leur vie Jésus-Christ,
source de vie éternelle.
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