Dimanche 19 août 2012 — 20e dimanche après Pâques
PREMIÈRE LECTURE - Livre des Proverbes 9, 1 - 6
1 La Sagesse a bâti sa maison
elle a sculpté sept colonnes.
2 Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin,
dressé sa table,
3 et envoyé ses servantes.
Elle proclame sur les hauteurs de la cité :
4 « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »
A l'homme sans intelligence elle dit :
5 « Venez manger mon pain, et boire le vin que j'ai apprêté !
6 Quittez votre folie et vous vivrez,
suivez le chemin de l'intelligence. »
elle a sculpté sept colonnes.
2 Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin,
dressé sa table,
3 et envoyé ses servantes.
Elle proclame sur les hauteurs de la cité :
4 « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »
A l'homme sans intelligence elle dit :
5 « Venez manger mon pain, et boire le vin que j'ai apprêté !
6 Quittez votre folie et vous vivrez,
suivez le chemin de l'intelligence. »
Tout d’abord, il est bon de rappeler que les Proverbes font partie de
la littérature sapientielle d’Israël, un peu comme les proverbes de nos
cultures africaines énoncés à certains moments de la vie individuelle ou
collective pour prévenir, éduquer ou aider au règlement de certains litiges.
Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit là du fruit de siècles de
structuration et d’expression d’un corps de sentences brèves et condensées.
C’est dire combien elles ont été éprouvées par le temps et les circonstances de
la vie.
L’extrait qu’il nous est proposé de méditer en ce dimanche met en
valeur la « Sagesse hospitalière » et résonne comme une invitation au
repas de la Vie. La table dressée par la Sagesse est ouverte à tous les
passants : rien à payer, aucun rang social à prouver, aucune réservation
exigée… Il suffit d’accepter l’invitation, d’entrer et prendre part au festin.
Plus tard, d’autres prophètes feront l’éloge de la « nourriture des
pauvres » : « Vous tous qui êtes altérés, venez vers
l’eau ; même si vous n’avez pas d’argent, venez. Achetez du blé et
consommez, sans argent, et sans payer, du lait et du vin. Pourquoi dépenser
votre argent pour autre chose que du pain, votre salaire pour ce qui ne
rassasie pas ? Écoutez-moi et vous mangerez de bonnes choses, vous vous
délecterez de mets succulents. Prêtez l’oreille et venez à moi, écoutez et
votre âme vivra. » (Is 55, 1-3). Jean lui-même restituera cette parole de
Jésus prononcée dans la synagogue de Capharnaüm : « Je suis le pain
de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim ; qui croit en moi n’aura
jamais soif. » (Jn 6, 35). Le même Jean, décrivant la Jérusalem future
dans une vision saisissante, nous livre le message de Celui qui siège sur le
trône : « Je sui l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin ;
celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie,
gratuitement », comme le jour de la multiplication des pains et des
poissons (Jn – Ap 21, 6).
Dieu ne se monnaye pas. Et son don, y compris le plus élevé des dons
que constitue sa propre personne offerte en sacrifice pour le salut des hommes…
est gratuit. Cette eau dont il est la source véritable, autrefois (dans
l’Ancien Testament) caractéristique des Temps messianiques est devenu avec le
Christ le symbole de l’Esprit vivant. Et quand on sait que des millions de
personnes dans le monde sont privées ou manquent d’eau, cette parole du Christ
revêt encore plus un sens particulier à notre époque où tout est capté par des
groupuscules d’influence économique et de pouvoir politique qui prennent en
chantage les faibles et les pauvres. Nous avons lu dans le Magnificat que le
pouvoir de Dieu est un pouvoir nouveau qui prend source dans l’Amour véritable
de dieu pour les hommes.
Nous ne pouvons manquer de faire le rapprochement entre ce texte et la
parabole de Jésus sur le festin : « Il en va du Royaume des cieux comme
d'un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs
appeler à la noce les invités. » (Mt 22, 2-3) On sait que les invités ne
vinrent pas et que le maître envoya chercher tous ceux qui n’étaient pas
initialement conviés : les pauvres, les laissés pour compte, les
déshérités. Mais refuser de venir partager le festin, c’est aussi refuser
d’accueillir la Sagesse dans son cœur ; c’est s’affamer soi-même, c’est
mal user de ce noble pouvoir que Dieu a donné à l’homme en le créant : la
liberté. Liberté de dire « oui » ou « non », liberté
d’accueillir ou de repousser, liberté de donner ou de recevoir. Refuser le
festin, c’est dire non à la vie.
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PSAUME 33 (34), 2-3, 10-11, 12-13, 14-15
2 Je bénirai le SEIGNEUR en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
3 Je me glorifierai dans le SEIGNEUR :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !
10 Saints du SEIGNEUR, adorez-le ;
rien ne manque à ceux qui le craignent.
11 Des riches ont tout perdu, ils ont faim ;
qui cherche le SEIGNEUR ne manquera d'aucun bien.
12 Venez, mes fils, écoutez-moi,
que je vous enseigne la crainte du SEIGNEUR.
13 Qui donc aime la vie
et désire les jours où il verra le bonheur ?
14 Garde ta langue du mal
et tes lèvres des paroles perfides.
15 Evite le mal, fais ce qui est bien,
poursuis la paix, recherche-la.
sa louange sans cesse à mes lèvres.
3 Je me glorifierai dans le SEIGNEUR :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !
10 Saints du SEIGNEUR, adorez-le ;
rien ne manque à ceux qui le craignent.
11 Des riches ont tout perdu, ils ont faim ;
qui cherche le SEIGNEUR ne manquera d'aucun bien.
12 Venez, mes fils, écoutez-moi,
que je vous enseigne la crainte du SEIGNEUR.
13 Qui donc aime la vie
et désire les jours où il verra le bonheur ?
14 Garde ta langue du mal
et tes lèvres des paroles perfides.
15 Evite le mal, fais ce qui est bien,
poursuis la paix, recherche-la.
Cette Sagesse personnifiée dans le précédent extrait du Livre des
Proverbes est au cœur de l’éducation spirituelle de tout enfant d’Israël. C’est
cette sagesse dont tous les pèlerins viennent s’instruire devant les portes et
dans le Temple de Jérusalem, car elle est au fondement de ce qui fait la vie en
(et de) Dieu. C’est pourquoi la crainte du Seigneur est enseignée comme l’attitude
fondatrice et constitutive de la relation de chacun avec Dieu : « Le
commencement de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur... La plénitude de la
sagesse, c'est la crainte du Seigneur... La couronne de la sagesse, c'est la
crainte du Seigneur... La racine de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur...
» (Si 1, 14... 20). Au fond, tous les psaumes dits de louange à la Providence,
à sa Justice, à sa Miséricorde, à sa Puissance… perpétuent, à la suite des
Prophètes de l’Ancien Testament, cette seule exigence envers le Dieu : la
crainte du Seigneur, clé de toute richesse et de tout bonheur véritables.
Sagesse en parole, sagesse en acte et en pensée. Cela est si important qu’au
début de chaque célébration eucharistique, le célébrant invite les fidèles à confesser
cette crainte du Seigneur dans la prière pénitentielle : « … Oui,
j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ».
On pourrait même dire que la crainte du Seigneur est, pour celui qui
désire la vie, un acte de confiance permanent en Dieu qui protège, qui pardonne
et qui sauve. En effet, qui craint le Seigneur ne peut redouter un châtiment de
sa part ; car cette crainte-là participe de son amour. Telle a été la
posture de Marie, humble de cœur et d’esprit, cette petite fille qui a eu le
courage de répondre à l’Ange : « Je suis la servante du Seigneur,
qu’il me soit fait selon sa Parole ».
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DEUXIÈME LECTURE - ÉPHÉSIENS 5, 15 - 20
Frères,
15 prenez bien garde à votre conduite :
ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages.
16 Tirez parti du temps présent,
car nous traversons des jours mauvais.
17 Ne soyez donc pas irréfléchis,
mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.
18 Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche.
Laissez-vous plutôt remplir par l'Esprit Saint.
19 Dites entre vous des psaumes, des hymnes, et de libres louanges,
chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur.
20 A tout moment et pour toutes choses,
rendez grâce à Dieu le Père,
au nom de notre Seigneur Jésus Christ.
15 prenez bien garde à votre conduite :
ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages.
16 Tirez parti du temps présent,
car nous traversons des jours mauvais.
17 Ne soyez donc pas irréfléchis,
mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.
18 Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche.
Laissez-vous plutôt remplir par l'Esprit Saint.
19 Dites entre vous des psaumes, des hymnes, et de libres louanges,
chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur.
20 A tout moment et pour toutes choses,
rendez grâce à Dieu le Père,
au nom de notre Seigneur Jésus Christ.
L’apôtre Paul exhorte les Éphésiens à traduire dans leur vie courante
les fondamentaux de cette Sagesse. Éphèse est une grande ville qui bouillonne
de toutes les influences qu’exercent sur ses habitants les divers mouvements
qui font son essor. Économiquement, socialement et religieusement aussi. Et les
chrétiens des toutes jeunes communautés ne sont pas épargnés, eux qui sont
montrés du doigt, traités d’illuminés ou d’attardés quand ce n’est pas de
sectaires et d’anthropophages dangereux qui se réunissent et affirment
« manger le corps » d’un certain Jésus. Mais Éphèse est aussi la
ville de l’explosion de toutes les excentricités et de l’intolérance
politique : les chrétiens doivent se tenir à carreaux et ne pas semer le
trouble publique. En même temps, on ne s’empêche pas d’exhiber à leurs yeux les
soi-disant mérites de l’idolâtrie, de la débauche et l’ambition malsaine. C’est
dans ce contexte qu’il faut comprendre l’invitation et les mises en garde de
Paul : la fin ne justifie pas les moyens, « ne vivez pas comme
des fous, mais comme des sages. Tirez parti du temps présent, car nous
traversons des jours mauvais. » Rien à voir avec le « Carpe
diem » (« cueille le jour présent sans te soucier du
lendemain ») du poète Horace qui, voulant convaincre Leuconoé du
caractère incertain du futur et de ce que tout est appelé à disparaître, fait
ainsi l’éloge de l’hédonisme (sans récuser cependant toute disciple de vie).
Ici, Paul n’incite pas à la débauche, à la démesure, ni à la surconsommation.
Bien au contraire, il appelle à la sagesse en reprenant certains conseils à
l’Ancien Testament, particulièrement dans les Proverbes : « Ne
regarde pas le vin : comme il est vermeil ! comme il brille dans la
coupe ! comme suavement il coule ! Il finit par mordre comme un
serpent, piquer comme une vipère… » (Pr 23, 31-32). Certes, à la suite du
Christ, Paul parlera aussi de ce vin nouveau qui nous enivre de vie éternelle.
Il s’agira su sang du Christ versé sur la croix pour la rémission des péchés
des hommes de toutes races et nations. La crainte de Dieu n’est pas un
emprisonnement, une interdiction d’agir, de parler ou même de penser…
Non ! La crainte de Dieu est une disposition de tout être qui se confie à
Dieu pour vivre en pleine liberté : elle est la condition même pour vivre et
grandir en présence et sous la gouverne de l’AMOUR, c’est-à-dire de Dieu
lui-même. Et ce, quelle que soit notre situation présente ! Se convertir à
Dieu, c’est se laisser habiter par son Esprit qui renouvelle par le feu de
l’AMOUR, c’est s’engager à vivre désormais dans la foi : « Que chacun
demeure dans la condition où il se trouvait quand il a été appelé. Etais-tu
esclave quand tu as été appelé ? Ne t'en soucie pas ; alors que tu pourrais te
libérer, mets plutôt à profit ta condition d'esclave. Car l'esclave qui a été
appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur. » (1 Co 7, 20-24).
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ÉVANGILE - Jean 6, 51 - 58
Après
avoir multiplié les pains,
Jésus disait à la foule :
51 « Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu'un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c'est ma chair,
donnée pour que le monde ait la vie. »
52 Les Juifs discutaient entre eux :
« Comment cet homme-là
peut-il nous donner sa chair à manger ?
53 Jésus leur dit alors :
« Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme
et si vous ne buvez pas son sang,
vous n'aurez pas la vie en vous.
54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture,
et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi, et moi je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé,
et que moi je vis par le Père,
de même aussi celui qui me mangera
vivra par moi.
58 Tel est le pain qui descend du ciel :
il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé.
Eux, ils sont morts ;
celui qui mange ce pain
vivra éternellement. »
Jésus disait à la foule :
51 « Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu'un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c'est ma chair,
donnée pour que le monde ait la vie. »
52 Les Juifs discutaient entre eux :
« Comment cet homme-là
peut-il nous donner sa chair à manger ?
53 Jésus leur dit alors :
« Amen, amen, je vous le dis :
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme
et si vous ne buvez pas son sang,
vous n'aurez pas la vie en vous.
54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture,
et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi, et moi je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé,
et que moi je vis par le Père,
de même aussi celui qui me mangera
vivra par moi.
58 Tel est le pain qui descend du ciel :
il n'est pas comme celui que vos pères ont mangé.
Eux, ils sont morts ;
celui qui mange ce pain
vivra éternellement. »
Depuis le début de ce mois d’Août, la liturgie nous propose de méditer
sur le chapitre 6 de l’Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean. Contrairement
aux autres évangélistes qui relatent des scènes et des propos de Jésus dans sa
vie courante, Jean développe une véritable théologie dans laquelle il explicite
les fondements de la Parole de Jésus.
Dans ce chapitre dont le contenu n’est pas d’emblée facile à
comprendre, nous avons compté 21 fois le mot « Pain », 11 fois le mot
« vin », 7 fois le mot « Chair », 4 fois le mot
« Sang », et 5 fois l’expression « Vie éternelle ». Ce
n’est donc pas par hasard que Jésus reprend à son compte ces mots importants
dans les cultures hébraïque et orientale pour proposer une vision toute
nouvelle à ses interlocuteurs. Et c’est peu dire, quand on sait la centralité du
pain dans ces cultures (avec l’activité agraire que cela suppose en
amont : la culture du blé, du froment ou de l’orge), du vin (fruit de la
vigne que l’on préserve de toutes les maladies et de toutes les agressions des
passants et les bêtes), du sang (que l’on s’interdit de répandre sur le sol
parce que principe même de la vie) et de l’eau (essentielle pour faire vivre
les hommes, la nature et les animaux.
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu'un
mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c'est ma
chair, donnée pour que le monde ait la vie. » (v. 51) Les propos sont choquants
et dérangeants pour des
interlocuteurs qui s’offusquent de ce que ce Nazaréen se prenne pour Dieu,
qu’il s’offre ou plutôt se recommande à eux et à tous les hommes comme la vraie
chair, le vrai pain à manger pour prétendre à la vie éternelle !
Jésus concentre donc toute la symbolique de l’eucharistie dans les
mêmes mots que la tradition juive : le pain et le sang. Du premier — et au-delà de son
indispensable utilité dans nourriture quotidienne — les Juifs n’ont que le
souvenir de cette manne que le Seigneur Dieu fit tomber du ciel pour nourrir en
abondance les enfants d’Israël dans le désert. Or ceux qui ont mangé de cette
manne sont morts, simplement parce que cette manne, bien que « don de Dieu »,
n’avait pas d’autre vertu que nutritionnelle. Et ce fut un épisode parmi
d’autres, signe de la miséricorde et de la toute-puissance de Dieu. Par contre,
le pain dont il parle et qu’il promet, ce pain descendu du ciel, c’est sa
propre personne, don de Dieu pour la vie éternelle. La Sagesse l’avait déjà
prophétisé : « Mangez de mon pain, buvez de mon vin... Celui qui me trouve
a trouvé la vie » (Pr 9, 5 ; 8, 35). Du
second, on sait qu’il est interdit de le répandre sur le sol à chaque fois
que l’on abat un animal. Cela est vrai dans la religion juive comme dans
l’Islam et les religions orientales. Le sang, principe de vie, ne être ainsi
traité, sans considération et sans respect. Or voici que Jésus se présente
aussi comme celui dont le sang, source de la vie éternelle, sera versé pour le
salut des hommes. Avant d’être livré et de souffrir sa passion, Jésus réunit
ses disciples autour d’un repas au cours duquel il leur dira de nouveau :
« Prenez et mangez, ceci est mon Corps livré pour vous », puis :
« Prenez et buvez en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de
l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude
en rémission des péchés : vous ferez cela en mémoire de moi ».
Lui qui dit être venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité, il sait combien il nous est difficile de comprendre ce mystère, c’est-à-dire de
saisir dans toute sa globalité et sa profondeur, cette vérité. Et puisque Lui
seul connaît les mystères de son Père et peut nous les révéler, il nous promet
son Esprit pour nous ouvrir à l’intelligence de toutes les vérités qu’il nous a
enseignées. Mais en réalité, est-il bien raisonnable de vouloir se lancer dans
une compréhension totale des vérités révélées ? Ne serait-ce pas là pure
prétention à vouloir égaler Dieu lui-même. Car en effet, ce que Jésus nous
apprend, c’est de nous laisser simplement habiter, attirer et instruire en
toute humilité. Tel est d’ailleurs le sens de l’acte de foi : se nourrir
du Verbe fait chair et ainsi faire à chaque instant l’expérience de la vie
éternelle en Christ ressuscité et vivant à jamais.
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