24/06/2012

Étonnantes sont tes œuvres, toute mon âme le sait.


Dimanche 24 juin : fête de la nativité de saint Jean-Baptiste


Chers amis, bonjour !

L’Église nous donne aujourd’hui de fêter Jean le Baptiste. Il est le seul saint dont on célèbre la naissance et le martyre. C’est dire l’importance de sa mission au cœur du peuple d’Israël. Nous savons combien il était ascète, vivant durement dans le désert, s'habillant de peaux de bêtes et se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage. Et lorsqu’il commença à prêcher, ce ne fut pas sans risque, tellement il dérangeait avec ses appels réitérés à la conversion. Pour le pouvoir romain, il dérangeait, il était un dangereux personnage qu’il fallait vite taire à défaut de le contrôler plus longtemps. A l’instar d’Isaïe, son nom a été prononcé depuis les entrailles de sa mère, avant qu’il fût né. Il est de la « race » de ceux que Dieu lui-même a façonnés et choisis pour qu’ils soient ses missionnaires, c’est-à-dire ses serviteurs.

Les trois lectures de ce dimanche sont :
-       Première lecture : Isaïe 49, 1-6
-       Psaume : 138 (139), 1-3a, 13-14b, 14c-15
-       Deuxième Lecture - Actes des Apôtres 13, 22 - 26
-       Évangile - Luc 1, 57 - 66. 80


• Première Lecture - Isaïe 49, 1 - 6

1 Ecoutez-moi, îles lointaines !
Peuples éloignés, soyez attentifs !
J'étais encore dans le sein maternel
quand le Seigneur m'a appelé ;
j'étais encore dans les entrailles de ma mère
quand il a prononcé mon nom.
2
Il a fait de ma bouche une épée tranchante,
il m'a protégé par l'ombre de sa main ;
il a fait de moi sa flèche préférée,
il m'a serré dans son carquois.
3
Il m'a dit :
« Tu es mon serviteur, Israël,
en toi je me glorifierai. »
4
Et moi, je disais :
« Je me suis fatigué pour rien,
c'est pour le néant, c'est en pure perte que j'ai usé mes forces. »
Et pourtant, mon droit subsistait aux yeux du Seigneur,
ma récompense auprès de mon Dieu.
5
Maintenant, le Seigneur parle,
lui qui m'a formé dès le sein de ma mère
pour que je sois son serviteur,
que je lui ramène Jacob
et que je lui rassemble Israël.
Oui, j'ai du prix aux yeux du Seigneur,
c'est mon Dieu qui est ma force.
6
Il parle ainsi :
« C'est trop peu que tu sois mon serviteur
pour relever les tribus de Jacob
et ramener les rescapés d'Israël :
je vais faire de toi la lumière des nations,
pour que mon salut
parvienne jusqu'aux extrémités de la terre. »

Ce texte d’Isaïe est le Second des quatre chants du Serviteur de Yahvé. Il est question d’exil du peuple d’Israël qui en a connu d’autres auparavant. Le prophète exhorte ses compatriotes à l’espérance et à la résistance.
Espérance parce que la tentation est grande, en situation d’exil, de céder aux appels de l’idolâtrie, du reniement et de la trahison. Les vainqueurs, au demeurant très puissants politiquement, ne l’étaient pas moins socialement, au point d’imposer leurs croyances religieuses en même temps que la nouvelle organisation politique. Or Isaïe rappelle aux siens leur vocation de prophètes en exil. Le psalmiste disait : « Que je chante ta loi, ô mon Dieu, sur la terre de mon exil ». En effet, leur fidélité au Seigneur, à celui qui les connaît avant même qu’ils ne fussent nés, doit être active : c’est pour eux une mission fondamentale que de proclamer, loin de leur terre, la grandeur de Yahvé, le Dieu qui les a sortis d’Égypte par la puissance de son bras.
Résistance dans le sens où ils doivent, non pas se terrer de peur, mais rester éveillés dans la confiance absolue d’un retour promis. La résistance est donc incompatible avec la résignation. Isaïe décrit d’ailleurs la merveilleuse épopée du retour en des termes héroïques, comparant les exilés sur le chemin du retour à des brebis rentrant au bercail. Ce chant résume parfaitement le message d’Osée, de Jérémie et du Deutéronome qui affirmaient déjà l’amour indéfectible de Yahvé pour Israël son peuple.
Mais dans ce texte, le prophète manifeste dès le départ l’universalité du salut de Yahvé : « Ecoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! ». L’annonce et l’espérance du salut au centre duquel Yahvé a choisi et éduqué le tout petit peuple d’Israël débordent les frontières des terres d’exil ; elles s’adressent à tous les peuples de la terre comme il en sera de même de la Bonne Nouvelle que proclamera le Messie de Dieu. Finalement, l’histoire d’Israël doit servir d’éclairage pour tous les autres peuples. Israël, épouse infidèle à la promesse chaque fois renouvelée de l’Époux divin, mais non répudiée parce Dieu lui-même lui a fait serment de sa miséricorde et de sa fidélité. Car en dépit de ses reniements, le Seigneur Dieu  a toujours été présent à ses côtés avec, dans ses mains, l’offre permanente du salut.


• Psaume 138 (139), 1-3a, 13-14b, 14c-15

1 Tu me scrutes, SEIGNEUR, et tu sais :
2 tu sais quand je m'assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées ;
3 tous mes chemins te sont familiers.

13 C'est toi qui as créé mes reins,
tu m'as tissé dans le sein de ma mère.
14 Je reconnais devant toi le prodige,
l'être étonnant que je suis.

Etonnantes sont tes œuvres,
toute mon âme le sait.
15 Mes os n'étaient pas cachés pour toi
quand j'étais façonné dans le secret.


Si donc Dieu sait tout de chacun d’entre nous depuis le sein maternel, on peut comprendre l’inquiétude et la crainte de Job sous le regard de ce Dieu qui sait tout. Où que l’on se cache, il est présent et son œil voit tout ce de notre passé, de notre présent et de notre futur. Lui qui pénètre nos pensées, lui dont la parole est plus tranchante qu’un glaive, nous laisse pourtant libres de nos choix. Mais on peut avoir aussi un tout autre sentiment face à cette omniscience de Dieu. Comme Jérémie, peut sortir de notre bouche ce cri de confiance : « Mais toi, Yahvé, tu me connais, tu me vois, tu éprouves mon cœur, il est avec toi. » (Jr 12, 3). Comme Job également, l’œil de Yahvé est là qui scrute tous ses faits et gestes : « Ne voit-il pas mas conduite, ne compte-t-il point tous mes pas ? » (Jb 31, 4).
Yahvé nous connait parce qu’il nous a faits ; tel un potier, tel un vannier… il nous a donné forme, il nous a tissés « au ventre de (notre) mère ». Mais en réalité, le regard de Yahvé n’est pas un acte d’accusation, bien au contraire ! Dieu connaît nos pensées avant même que nous puissions les exprimer ; c’est alors qu’il va au devant de nos besoins et qu’il y pourvoit par amour. Le regard de Dieu sur nous est un geste de liberté : liberté qu’il protège en nous devant son abondante offre d’amour ; mais aussi liberté qu’il éclaire de sa lumière afin que nous marchions dans le droit chemin, car lui le Seigneur est « chemin », « vérité » et « vie ».



 
• Deuxième Lecture - Actes des Apôtres 13, 22 - 26

Dans la synagogue d'Antioche de Pisidie,
Paul disait aux Juifs :
22 « Le Seigneur a suscité David pour le faire roi,
et il lui a rendu ce témoignage :
J'ai trouvé David, fils de Jessé,
c'est un homme selon mon cœur ;
il accomplira toutes mes volontés.
23 Et, comme il l'avait promis,
Dieu a fait sortir de sa descendance
un sauveur pour Israël :
c'est Jésus,
24 dont Jean-Baptiste a préparé la venue
en proclamant avant lui un baptême de conversion
pour tout le peuple d'Israël.
25 Au moment d'achever sa route,
Jean disait :
Celui auquel vous pensez,
ce n'est pas moi.
Mais le voici qui vient après moi,
et je ne suis pas digne de lui défaire ses sandales.
26 Fils de la race d'Abraham,
et vous qui adorez notre Dieu,
frères, c'est à nous tous que ce message de salut a été envoyé. »


Paul et Barnabé sont en voyage missionnaire à Antioche de Pisidie. Ils se rendent à la synagogue et, comme c’est la coutume dans ces communautés, les responsables leur donnent la parole pour « dire un mot ». C’est alors que Paul s’exprime dans les termes qui sont relatés dans l’extrait de la deuxième lecture de ce dimanche. Notons que Paul s’adresse à des Juifs.
Le propos de Paul est « déroutant », car son auditoire ne s’attend pas à entendre ce discours dans lequel est résumé (rapidement certes !) l’histoire sainte en rappelant le témoignage de Jean le Baptiste, puis en insistant sur la centralité de Jésus de Nazareth, mort et ressuscité, et en réaffirmant sa messianité.  Comme il avait « suscité » David comme roi, « Dieu a sortir de sa descendance (de David) un sauveur pour Israël : c’est Jésus… ». La précaution que Paul prend à replacer Jésus dans le prolongement de la longue histoire du peuple d’Israël n ‘est pas qu’une obligation pédagogique ; lui-même sait combien il lui a été difficile de comprendre et d’accepter Jésus le Christ comme le vrai et unique Messie de Dieu, celui qui avait été annoncé par les prophètes, celui qui a été livré par les juifs eux-mêmes… Mais surtout, ce Messie dont la résurrection a été un véritable sacre, une éclatante intronisation messianique par laquelle son humanité est entrée à jamais dans la jouissance des privilèges de Fils de Dieu. Paul le répètera sans cesse dans ses prédications, par exemple dans sa toute première adresse aux Romains où il rappelle en préambule que sa force et sa détermination, il la tient de Jésus, « issu de la lignée de David selon la chair, établi Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts, Jésus-Christ notre Seigneur, par qui nous avons reçu grâce et apostolat pour prêcher à l’honneur de son nom, l’obéissance de la foi parmi tous les païens dont vous faites partie, vous aussi, appelés de Jésus Christ, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, aux saints par vocation, à vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ » (Rm 1, 3-7).
Paul et Barnabé s’adressent ici aux Juifs comme ils le feront avec hardiesse et assurance aux païens. Car la mission d’évangélisation ne se limite pas aux seuls Juifs ; elle est universelle au sens où le salut a été promis à toute personne qui écoute et accueille fertilement la Parole de Jésus mort et ressuscité dans la gloire. Ce Jésus dont les prophètes — et plus particulièrement Jean le Baptiste — ont préparé le chemin et annoncé la venue.




• Évangile - Luc 1, 57 - 66. 80

57 Quand arriva le moment où Elisabeth devait enfanter,
elle mit au monde un fils.
58 Ses voisins et sa famille
apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde,
et ils se réjouissaient avec elle.
59 Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l'enfant.
Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père.
60 Mais sa mère déclara :
« Non, il s'appellera Jean. »
61 On lui répondit :
« Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »
62 On demandait par signes au père comment il voulait l'appeler.
63 Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit :
« Son nom est Jean. »
Et tout le monde en fut étonné.
64 A l'instant même sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia :
il parlait et il bénissait Dieu.
65 La crainte saisit alors les gens du voisinage,
et dans toute la montagne de Judée
on racontait tous ces événements.
66 Tous ceux qui les apprenaient
en étaient frappés et disaient :
« Que sera donc cet enfant ? »
En effet, la main du Seigneur était avec lui.
80 L'enfant grandit
et son esprit se fortifiait.
Il alla vivre au désert
jusqu'au jour où il devait être manifesté à Israël.

 

Il serait intéressant de faire le parallèle entre les attitudes de Zacharie et de Marie. Quelques temps auparavant, Zacharie l’époux d’Élisabeth sa parente recevait de l’Ange du Seigneur l’assurance que ses vœux étaient exaucés : « Rassure-toi, Zacharie ; ta supplication a été exaucée ; ta femme Élisabeth t’enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean. Tu en auras joie et allégresse, et beaucoup se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand aux yeux du Seigneur » (Lc 1,13-15). Dans la tradition juive, c’est à la circoncision que l’enfant recevait ordinairement son nom. Ici il est fait donc fait dérogation de cette coutume car ce ne sont pas les hommes qui nomment l’enfant mais Dieu lui-même. Cela présage d’une destinée exceptionnelle de l’enfant à naître… Nous connaissons la suite de cette exceptionnelle expérience d’un couple très âgé et dont tout le monde disait que la femme était stérile. Généralement, la stérilité était considérée comme un signe de situation manifeste de péché, une preuve de la punition de Dieu en quelque sorte. Zacharie est bouleversé mais un peu brouillon dans sa réaction ; Mais en même temps, le moment qu’il vit est si étrange et invraisemblable à la fois. Peut-être est-il sous l’emprise d’une hallucination ou se laisserait-il abusé par ses sens défaillants ! Alors, il demande des gages à l’envoyé de Dieu et celui-ci lui répond : « Je suis Gabriel qui me tiens  devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et t’apporter cette bonne nouvelle ». Et, à cause de son doute, l’Ange le sanctionne : « Eh bien ! tu vas être réduit au silence et sans pouvoir parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, pour n’avoir pas cru à mes paroles, lesquelles s’accompliront en leur temps » (Lc 1, 18-20).

Mais voilà que Marie elle aussi va recevoir la visite du même Ange qui lui annonçait que le Très Haut l’avait choisie entre toutes les femmes pour porter l’enfant saint qu’elle appellera Fils de Dieu. Or, à l’opposé de Zacharie, Marie ne doute pas un seul instant à l’annonce de l’Ange : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). Ici aussi nous connaissons la suite, plus particulièrement cette prière du Magnificat dans laquelle Marie, rendant visite à Élisabeth, associe toutes les générations d’Israël à la gloire dont Dieu la comble : Israël, objet de la faveur de Dieu depuis la promesse faite à Abraham. Marie demeurera probablement auprès de sa parente jusqu’à la naissance  et la circoncision de Jean (rappelons le Benedictus, cette prière d’action de grâce de Zacharie — dont le nom signifie « Dieu se souvient » — à la naissance de son fils et après qu’il ait recouvré sa capacité à parler). Les Écritures sont parsemées de prières aussi fortes et emblématiques que celles d’Anne, de Zacharie, du vieux Syméon (le « nunc dimitis »), de Marie (le « Magnificat »).

Et si Luc nous présente symétriquement et/ou parallèlement les deux naissances (de Jean Baptiste et Jésus), ce n’est pas tant pour régler l’affaire et s’en débarrasser ». Non ! Bien au contraire, le fait de poser dès le début de son texte ces deux figures fondamentales de l’histoire d’Israël signifie la continuité et la rupture dans cette longue histoire qui, avec Jésus et Jean Baptiste — qui prépare les cœurs à la conversion et annonce la venue imminente de celui dont il n’est pas digne même de défaire les sandales — entame une ère nouvelle. Nous sommes ici à un tournant de l’histoire du projet divin pour l’homme. En continuité généalogique de l’histoire juive, Jésus est annoncé par Jean Baptiste comme le Messie, l’Homme nouveau, le Saint de Dieu. Voilà qui peut expliquer la crainte et l’émerveillement de ceux qui reçoivent la Parole de Dieu directement (les prophètes, par exemple) ou indirectement (Zacharie, Marie et bien d’autres encore). De plus, Luc veut nous dire que dans les temps précédant immédiatement la venue du Messie, Dieu continue de parler aux hommes, aux plus petits comme aux plus humbles.  En effet, au cours de sa vie terrestre, Jésus lui-même, le Fils de Dieu, n’aura de cesse de parler aux pauvres, aux opprimés, aux laissés pour compte, à la veuve, à l’orphelin, à l’étranger…







16/06/2012

« Prenez, ceci est mon Corps » … Ceci est mon Sang, le sang de l'Alliance …


Dimanche 10 juin 2012



Chers amis, bonjour !

Ce dimanche 10 juin, l’Église nous propose de célébrer le Corps et le Sang du Christ au travers de ce sacrement qu’en Église chaque communauté chrétienne revit par l’Eucharistie. Alors que du temps d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de Moïse le sang de l’agneau immolé sur les autels servait de gage à la purification des âmes souillées, avec Jésus, la nouvelle figure de l’Agneau divin, l’alliance entre Dieu et les homes est scellée par le propre Corps et le propre Sang du Christ. L’Eucharistie est désormais, avec l’Évangile, parole vivante au cœur du monde, la richesse quotidienne du peuple des baptises; elle nourrit toute vie présente de sa fécondité et de l’espérance qu’elle porte en elle pour les chrétiens. L’Eucharistie est le signe de la présence réelle du Christ au milieu (de) et en nous.

Ce dimanche, je l’ai passé à Saint-Didier, un sympathique village près de La TOUR DU PIN, dans les Terres froides du Dauphiné, en compagnie de la Chorale de la Communauté africaine de Grenoble. J’ai le plaisir de vous faire partager l’homélie prononcée par l’Abbé Simon MAHOUNGOU, un prêtre Congolais en mission dans le Diocèse de Grenoble.

À l’occasion de cette Fête du Saint-Sacrement, l’Église nous propose de méditer les textes suivants :

• Première lecture : Exode 24, 3 – 8
• Psaume 115 (116), 12-13. 15-16. 17-18
• Deuxième lecture : Hébreux 9, 11 – 15
• Évangile - Marc 14, 12-16. 22-26





PREMIÈRE LECTURE - Exode 24, 3 - 8
En descendant du Sinaï,
3 Moïse vint rapporter au peuple
toutes les paroles du SEIGNEUR et tous ses commandements.
Le peuple répondit d'une seule voix :
« Toutes ces paroles que le SEIGNEUR a dites,
nous les mettrons en pratique. »
4 Moïse écrivit toutes les paroles du SEIGNEUR ;
le lendemain matin, il bâtit un autel au pied de la montagne,
et il dressa douze pierres pour les douze tribus d'Israël.
5 Puis il chargea quelques jeunes Israélites
d'offrir des holocaustes,
et d'immoler au SEIGNEUR de jeunes taureaux
en sacrifice de paix.
6 Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins ;
puis il aspergea l'autel avec le reste du sang.
7 Il prit le livre de l'Alliance et en fit la lecture au peuple.
Celui-ci répondit :
« Tout ce que le SEIGNEUR a dit,
nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. »
8 Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit :
« Voici le sang de l'Alliance
que, sur la base de toutes ces paroles,
le SEIGNEUR a conclue avec vous. »




PSAUME 115 (116), 12-13. 15-16. 17-18
12 Comment rendrai-je au SEIGNEUR
tout le bien qu'il m'a fait ?
13 J'élèverai la coupe du salut,
j'invoquerai le nom du SEIGNEUR.

15 Il en coûte au SEIGNEUR
de voir mourir les siens !
16 Ne suis-je pas, SEIGNEUR, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?

17
Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce,
j'invoquerai le nom du SEIGNEUR.
18 Je tiendrai mes promesses au SEIGNEUR,
oui, devant tout son peuple.






DEUXIÈME LECTURE - Hébreux 9, 11 - 15
Le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient.
Le temple de son corps
est plus grand et plus parfait que celui de l'ancienne Alliance ;
il n'a pas été construit par l'homme,
et n'appartient donc pas à ce monde.
12 C'est par ce temple qu'il est entré une fois pour toutes
dans le sanctuaire du ciel
en répandant, non pas le sang des animaux,
mais son propre sang :
il a obtenu ainsi une libération définitive.
13 S'il est vrai qu'une simple aspersion avec du sang d'animal,
ou avec de l'eau sacrée,
rendait à ceux qui s'étaient souillés
une pureté extérieure,
pour qu'ils puissent célébrer le culte,
14 le sang du Christ, lui, fait bien davantage :
poussé par l'Esprit éternel,
Jésus s'est offert lui-même à Dieu
comme une victime sans tache ;
et son sang purifiera notre conscience
des actes qui mènent à la mort
pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant.
15 Voilà pourquoi il est le médiateur d'une Alliance nouvelle :
puisqu'il est mort
pour le rachat des fautes commises sous l'ancienne Alliance,
ceux qui sont appelés
peuvent recevoir l'héritage éternel déjà promis.






ÉVANGILE - Marc 14, 12-16. 22-26
Le premier jour de la fête des pains sans levain,
où l'on immolait l'agneau pascal,
les disciples de Jésus lui disent :
« Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs
pour ton repas pascal ? »
13 Il envoie deux disciples :
« Allez à la ville ;
vous y rencontrerez un homme portant une cruche d'eau.
Suivez-le.
14 Et là où il entrera,
dites au propriétaire :
Le maître te fait dire : Où est la salle
où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?
15 Il vous montrera à l'étage,
une grande pièce toute prête pour un repas.
Faites-y pour nous les préparatifs.»
16 Les disciples partirent, allèrent en ville ;
tout se passa comme Jésus le leur avait dit ;
et ils préparèrent la Pâque.
22 Pendant le repas,
Jésus prit du pain,
prononça la bénédiction, le rompit
et le leur donna, en disant :
« Prenez, ceci est mon Corps. »
23 Puis, prenant une coupe,
et rendant grâce, il la leur donna,
et ils en burent tous.
24 Et il leur dit :
« Ceci est mon Sang,
le sang de l'Alliance,
répandu pour la multitude.
25 Amen, je vous le dis :
je ne boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau
dans le royaume de Dieu. »
26 Après le chant d'action de grâce,
ils partirent pour le mont des Oliviers.




TRÈS SAINT-SACREMENT DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST

Homélie prononcée par M. l’Abbé Simon MAHOUNGOU
Prêtre du Diocèse de Grenoble
En la Paroisse de Saint-Didier (près de La TOUR DU PIN)



Aujourd'hui, c'est la fête Dieu, fête du Très Saint Sacrement du corps et du sang du Christ. Fête de l'Eucharistie.

Dans nombre de religions, le sang versé au cours d'un sacrifice rituel a pour but d'expulser le mal et de se réconcilier par là avec la divinité.
Dans le judaïsme ce sacrifice prend un sens nouveau, en devenant mémorial d'une alliance. Ici, le sang répandu sur l'autel et le peuple et la lecture solennelle du livre de l'alliance sont des éléments du rite marquant la conclusion de l'alliance entre Dieu et Israël. Moïse, intermédiaire entre Yavhé et le peuple, les unit symboliquement en répandant sur l'autel, qui représente Yavhé, puis sur le peuple, le sang d'une même victime. Le pacte est ainsi ratifié par le sang. (Liv 1,5 : « Puis il immolera le taureau devant Yavhé, et le fils d'Aaron, les prêtres offriront le sang... Ils le feront couler sur le pourtour de l'autel qui se trouve à l'entrée de la Tente du rendez-vous » : les Hébreux ont promis obéissance à la loi du Seigneur engagé à leurs côtés dans leur histoire.

La Nouvelle alliance sera ratifiée avec le sang du Christ. La lettre aux Hébreux nous dit : « C'est par ce temple qu'il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire du ciel en répandant, non pas le sang des animaux, mais son propre sang : il a obtenu ainsi une libération définitive ». Le véritable don du sang donnant à l'homme de participer à la vie même de Dieu, c'est celui qu'a accompli le Christ ; Celui -ci nous arrache à l'emprise du mal en nous proposant de vivre de son amour. Par ce qui devient le véritable sacrifice, il permet à tous les hommes de retrouver leur véritable rapport à Dieu. « Jésus s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tâche ; et son sang purifiera notre conscience des actes qui mènent à la mort pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant »
En célébrant la Pâque avec ses disciples, Jésus donne à ce rite une signification nouvelle. Il affirme le sens qu'il donne à sa mort. L'Eucharistie restera à jamais le mémorial rendant présent le don qu'il a fait de lui-même.

Le Christ se rend présent à chaque époque, à chaque personne. Les paroles du Christ « Ceci est mon corps »,  « ceci est mon sang »indiquent que l'Eucharistie n'est pas une action de grâce ou un repas d'alliance comme les autres. Jésus en disant « c'est mon corps », « c'est mon sang », veut indiquer quelque chose en plus : il se rend présent à celui qui le mange. Pour nous catholiques, ce pain et ce vin sont réellement le corps et le sang du Christ ressuscité et manger ce corps et boire ce sang leur permet de vivre de la vie même de Dieu.
Aucun raisonnement humain ne peut justifier une telle foi : cette foi s'appuie sur la parole du Christ lui-même. Mais cette parole n'arrive pas toujours à dissiper les doutes.

En effet, jusqu'au XVIe siècle l'Eglise n'avait jamais connu de contestation sur la présence réelle du corps et du sang du Christ dans l'eucharistie. C'est à partir de Luther au XVIème siècle, que la présence réelle du Christ a été mise en doute contestée, combattue, refusée.
L'Église a du se battre pour affirmer sa foi et son amour envers le Christ réellement présent sous le signe du pain et du vin consacrés. Rappelons ces paroles de Jésus : «  Je suis le pain vivant, qui mangera ce pain vivra à jamais et même le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde ». Quand le prêtre dit au nom du Christ « ceci est mon corps, ceci est son sang », le pain et le vin sont vraiment le corps du Christ. Cependant, il faut savoir que Jésus ne se donne pas à qui ne le veut pas, car il faut le manger dans la foi.  « Oui telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la éternelle et je le ressusciterai au dernier jour... » (Jn 6,40)

  L'Église a mis en place des processions de la fête Dieu, la communion sur la langue, l'adoration du Très Saint Sacrement, l'interdiction de toucher l'hostie  consacrée, la petite lumière près du tabernacle et autre chose.

But : le sacrement de l'eucharistie est fait pour notre salut, pour les hommes et les femmes de la terre, pour nous qui sommes pécheurs et en voyage sur terre précisément où le péché nous frappe. L'Eucharistie est le sacrement du témoignage de l'amour du Christ pour les hommes. C'est la source où nous devons boire à la vie éternelle : « Si vous ne mangez pas ma chair, si vous ne buvez pas mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous ».
L'Église a reçu du Christ le pouvoir de refaire ce que Jésus a fait la veille de sa mort ; « faites cela en mémoire de moi » Et les pères de l'Eglise disaient  de l'Église : « l'Eglise fait l'Eucharistie, et l'eucharistie fait l'Église ».

L'Église fait l'eucharistie avec le pain et le vin, fruit de la terre et du travail des hommes. Ce ne sont pas des choses qu'on a cueillies simplement, mais qui ont été travaillées, transformées. Avant la consécration, ils ne sont que du pain et du vin, après la consécration ils sont devenus corps et sang du Christ : il est grand le mystère de la foi !
 Lorsque nous communions, nous devenons l'Église, le corps. Le prêtre dit : corps du Christ c'est à dire … mange le corps du Christ et devient corps du Christ / Église. En participant à son sacrifice, les croyants entrent déjà dans le Royaume d'amour où le Christ règne à jamais. 

  Il nous faut augmenter encore l'honneur, le respect, l'amour que nous devons avoir envers la Sainte Eucharistie. Il faut communier dignement en faisant, comme disaient les chrétiens, un trône avec tes deux mains pour recevoir ton Seigneur.
L'ignorance fait que parfois on voit des personnes venir communier en présentant le pouce et l'index, comme s'ils voulaient prendre, ou happer quelque chose d'ordinaire, ou avoir en mains une pochette, des clés ou autre chose… ce n'est pas digne.


06/06/2012

« Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour »


Dimanche 3 juin

FÊTE  DE LA TRINITÉ


Chers amis, bonjour!

Chaque fois que nous prions, nous prononçons cette phrase que Jésus lui-même a dite aux apôtres : «baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit». Avons-nous réfléchi à l'importance d'une telle signature, d'un tel engagement que nous prenons ou affichons "par délégation de pouvoir"? Certainement pas, tant cela est devenu machinal… Les textes de la liturgie de ce dimanche nous éclaire sur la démarche pédagogique déployée par Dieu à l'égard du peuple qu'il s'était choisi en l'arrachant du polythéisme ambiant pour se révéler à lui comme le seul vrai Dieu. La naissance du son Messie et sa vie parmi les homme de notre monde, puis la matérialisation de la présence de l'Esprit Saint a achevé la révélation non pas d'un polythéisme des temps nouveaux, mais le Dieu Unique dans la diversité de ses figures et de sa manifestation. Signe que par le baptême, tout homme devenant fils de Dieu intègre le siège même de l'AMOUR: Dieu dans sa réalité de Père, de Fils et d'Esprit Saint.



• Première Lecture - Deutéronome 4, 32-34. 39-40

Moïse disait au peuple d'Israël :
32 « Interroge les temps anciens qui t'ont précédé,
depuis le jour où Dieu créa l'homme sur la terre :
d'un bout du monde à l'autre,
est-il arrivé quelque chose d'aussi grand,
a-t-on jamais connu rien de pareil ?
33 Est-il un peuple qui ait entendu comme toi
la voix de Dieu parlant au milieu de la flamme,
et qui soit resté en vie ?
34 Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation,
de venir la prendre au milieu d'une autre,
à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats,
par la force de sa main et la vigueur de son bras,
et par des exploits terrifiants
comme tu as vu le SEIGNEUR ton Dieu,
le faire pour toi en Egypte ?
39 Sache donc aujourd'hui, et médite cela dans ton cœur :
le SEIGNEUR est Dieu,
là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre,
et il n'y en a pas d'autre.
40 Tu garderas tous les jours
les commandements et les ordres du SEIGNEUR
que je te donne aujourd'hui,
afin d'avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie
sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu. »



Il peut paraître curieux qu’à l’occasion de la célébration de la fête de la Trinité, la liturgie nous propose ce texte dans lequel, à aucun moment, il n’est question de ce mystère. Pourtant, ce n’est pas sans raison « pédagogique ». En effet, la Pentecôte, c’est-à-dire la manifestation de l’Esprit de Dieu au milieu des apôtres, boucle en quelque sorte la longue période du déploiement de la Révélation. Puisque désormais nous avons vu la gloire de Dieu à travers son Esprit aux multiples dons, ce texte nous permet de comprendre le chemin parcouru depuis le choix par Dieu lui-même (parmi d’autres), du peuple hébreu auquel il s’est révélé sur le Mont Horeb (voir Ex 33, 20 +) et qu’il a formé avec patience à travers son histoire jalonnée d’« épreuves, de signes, de prodiges et de combats, à main forte et à bras tendu et … de grandes terreurs ». Tous les Prophètes ont rappelé les hauts faits du Seigneur à l’avantage de son peuple : « Tu fis sortir ton peuple Israël du pays d’Égypte, par signes et prodiges, à main forte et à bras tendu » (Jr 32, 21), faisant ici allusion à cette spectaculaire scène de la séparation des eaux de la Mer Rouge, lorsque à travers le bras de Moïse, le peuple d’Israël traversa à pied sec ces eaux écumantes pour regagner la rive opposée cependant que, après leur passage, les soldats du Pharaon se faisaient engloutir par la mer sui se refermait. Isaïe aussi n’a eu de cesse de rappeler ces exploits et surtout cette inflexible fidélité de Dieu à l’égard de son peuple, lui le seul et vrai Dieu : « C’est vous qui êtes mes témoins, oracle de Yahvé — et mes serviteurs que j’ai élus pour qu’on me connaisse et qu’on me croie sur parole et que l’on comprenne que c’est moi. Avant moi, aucun dieu ne fut formé et il n’y en aura pas après moi. Moi, moi, je suis Yahvé, il n’y a pas d’autre sauveur que moi. C’est moi qui ai révélé, sauvé et proclamé » (Is 43, 10-12).

C’est pourquoi ce texte, en réalité la fin du premier discours de Moïse, commence par souligner les faits historiques qui ont caractérisé la grandeur de l’élection divine. Et tout le temps qui sépare le moment de la première révélation et la Pentecôte vécue par les apôtres fut un temps de formation et de pédagogie à la reconnaissance et l’adoration de Yahvé, le seul Dieu. Au milieu des autres peuples qui étaient fondamentalement polythéistes, la tâche ne fut pas facile tant les reniements, les découragements, les trahisons et les révoltes seront fréquents parmi les enfants d’Israël. Mais dans ce monde de polythéisme, il n’aurait pas été possible pour Dieu, à cette étape de la révélation, de parler d’une existence trinitaire ; les autres peuples croyaient en plusieurs dieux, certes, mais pas à un dieu trinitaire. Il fallait donc d’abord sortir ce peuple du polythéisme en insistant sur le Dieu Unique. C’est bien plus tard, après la vie sur terre du Messie, son propre Fils (la deuxième Personne) qu’il sera opportun d’annoncer l’existence et la venue de l’Esprit Saint (troisième Personne dans le monde.
On aurait tendance à vouloir épiloguer sur la rationalité d’une telle existence. Comment concevoir un Dieu communion d’amour entre trois personnes ? Justement, il est vain de prétendre un tant soit peu capter dans les cases de notre raison, aussi puissante soit-elle, l’infinie richesse de cet amour. On parle ici de « mystère » non pas parce que l’objet serait « absurde » mais au contraire parce que cet objet, cette réalité, ne peuvent être appréhendés par notre seule raison. D’ailleurs, la foi — puisque c’es de la foi qu’il est question — n’est pas affaire de raison : elle une folie amoureuse de l’homme saisi par cette force vitale qui ouvre ce qui est clos, éclaire ce qui est dans l’ombre, réjouit ce qui est affligé et libère ce qui est en captivité. Saint Augustin, dans sa curiosité à vouloir comprendre cette Trinité, s’était finalement écrié : « Credo quia absurdum » (« Je crois parce que c’est absurde »). Il faut y voir non pas une défaite de la raison. Bien au contraire ! C’est le cri de la foi qui déchire le cœur de celui qui comprend comme sous une illumination que Dieu se laisse saisir par sa présence au plus profond de chacun de nous et dans toute la création qui est l’œuvre de ses mains.
 
• Psaume 32 (33), 4-5. 6. 9. 18. 20. 21-22

Elle est droite la parole du SEIGNEUR ;
il est fidèle en tout ce qu'il fait.
5 Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

6 Le SEIGNEUR a fait les cieux par sa parole,
l'univers, par le souffle de sa bouche.
9 Il parla, et ce qu'il dit exista ;
il commanda et ce qu'il dit survint.

18 Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour.
20 Nous attendons notre vie du SEIGNEUR :
il est pour nous un appui, un bouclier.

21 La joie de notre cœur vient de lui,
notre confiance est dans son nom très saint.
22 Que ton amour, SEIGNEUR, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !



Dommage que l’on n’ait pas commencé par le tout début de ce psaume, tant les 3 premiers versets donnent la tonalité de cet hymne à la Providence !

Criez de joie, les justes, pour Yahvé
Aux cœurs droits la louange va bien ;
Rendez grâce à Yahvé sur la harpe,
Jouez-lui sur la lyre à dix cordes ;
chantez-lui un cantique nouveau,
de tout votre art accompagnez l’ovation.


Cette strophe résonne comme un cri de guerre de toute une armée en ovation à son chef, une sorte de « garde à vous », de « haut les cœurs » (« sursum corda »). Ce qui était un salut à Yahvé, Dieu des armées, est devenu un rituel qui a pris un sens cultuel et liturgique, un cri d’exaltation de Yahvé, roi d’Israël et des païens, sauveur et juge et Messie.
Tout le psaume redit la magnificence du Dieu à la fois créateur par la puissance de sa parole (il dit et cela est), stratège et guerrier victorieux dans les combats, protecteur de la nation qu’il s’est choisie en héritage. Mais Yahvé est attentif à ceux qui le craignent, c’est-à-dire à ceux qui ont mis en lui leur confiance et cru en sa parole, ceux qui la mettent en pratique. Les incroyants n’ont pas encore cette faveur. C’est ainsi d’ailleurs que les enfants d’Israël sont exhortés à la crainte de Dieu [voir Ps 115 (113B)]:

« Maison d’Israël, mets ta foi en Yahvé
lui, leur secours et bouclier !
Maison d’Aaron, mets ta foi en Yahvé,
lui, leur secours et bouclier !
Ceux qui craignent Yahvé, ayez foi en Yahvé,
Lui, leur secours et bouclier !

Cette parole, ce souffle par lequel les choses et les êtres sont créés, c’est aujourd’hui cet Esprit Saint qui parle aux hommes dans leur quête de connaissance de Dieu. Cet Esprit remplit l’univers, il est la marque de son amour pour toute sa création. Parce qu’il illumine notre intelligence, l’Esprit de Dieu nous libère de la servitude de l’ignorance. La connaissance de Dieu à laquelle il nous conduit est celle qui nous autorise à clamer que « Jésus-Christ, envoyé dans le monde par son Père, est Roi et Seigneur ». Cet Esprit est Parole, et cette Parole est une Personne. Alors, on peut comprendre pourquoi dans son prologue Saint Jean commence par cette affirmation énigmatique : « Au commencement était le Verbe... Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui ». Et, comme le dit Paul dans sa deuxième Lettre aux Romains (2 Rm, 8, 16) : « C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Tout comme Pierre n’avait pas professé sa foi par sa seule force, nous aussi nous ne pouvons rien affirmer ni tenir dans la durée un quelconque engagement envers Dieu sans la force et la grâce de l’Esprit Saint.



• Deuxième Lecture - Romains 8, 14 - 17

Frères,
14 tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu,
ceux-là sont fils de Dieu.
15 L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves,
des gens qui ont encore peur ;
c'est un Esprit qui fait de vous des fils ;
poussés par cet Esprit,
nous crions vers le Père
en l'appelant « Abba ! »
16 C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu.
17 Puisque nous sommes ses enfants,
nous sommes aussi ses héritiers ;
héritiers de Dieu,
héritiers avec le Christ,
à condition de souffrir avec lui
pour être avec lui dans la gloire.



Car en effet, enfants de Dieu, nous le sommes grâce à l’Esprit. Non pas un esprit comparé à une sorte de « maître intérieur » (tels la conscience ou le « bon sens » cartésien !), mais un Esprit Saint principe fondamental d’une vie proprement divine. Cet Esprit Saint qui nous donne la force de prononcer ces mots du Christ en prière à Gethsémani : « Abba ! Père ». Dieu, dans son infinie tendresse pour l’homme, a voulu le sortir de la condition d’esclave pour le hisser au rang de « fils », c’est-à-dire héritier avec le Christ et donc promis à la même gloire. Mais c’est Paul qui écrira que cet héritage est condition par notre engagement à la suite du Christ : « Si nous souffrons avec lui, avec lui nous règnerons ; si nous mourrons avec lui, avec lui nous règnerons ». Encore une fois, le salut ne se réalise pas sans notre implication, sans notre volonté ; le salut de l’homme par Dieu n’est pas mécanique et forcé : il suppose de sa part une démarche volontaire et libre. Oui, Dieu nous aime libres et engagés. Et l’Esprit Saint est là, présent au cœur de nos vies pour éclairer et nous affranchir de toute servitude.



• Évangile - Matthieu 28, 16 - 20

Au temps de Pâques,
16 Les onze disciples s'en allèrent en Galilée,
à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes.
18 Jésus s'approcha d'eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m'a été donné
au ciel et sur la terre.
19 Allez donc !
De toutes les nations faites des disciples,
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ;
20 et apprenez-leur
à garder tous les commandements que je vous ai donnés.
Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu'à la fin du monde. »



Imaginons le caractère exceptionnel de ce qui vient de se passer à Jérusalem : la résurrection de Jésus. Tout le monde en parle. Certains se disent « bluffés » par le tour de magie que vient de leur faire le Nazaréen, d’autres au contraire ne tarissent pas d’éloge et de piété devant la puissance de ce qui vient de se réaliser. Mais il est un groupe, un tout petit groupe d’hommes, ses disciples, qui sont allés en Galilée se mettre à l’abri de la colère et des représailles du pouvoir romain. Les apôtres ont peur des suites politiques de ce coup d’éclat du Seigneur. La peur, un sentiment somme toute normal. Mais pour ne pas les laisser s’installer dans le doute, Jésus vient au milieu d’eux et leur délivre ces paroles qui constitueront en quelque sorte leur « feuille de mission » pour la suite des événements. Plutôt que de rester là, prostrés et tétanisés, ils sont galvanisés par Jésus : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ». Un rappel à la foi en celui qui a fait des miracles devant eux, une mise en confiance de la part de celui qui leur avait donné le pouvoir de guérir les malades, de chasser les démons… lors de leur période d’essai. Puis, cet ordre de mission : « Allez donc ! de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit… ».
Jésus, par cette formule qui deviendra la signature des chrétiens, vient de leur révéler le mystère de la Trinité : UN + UN + UN = TROIS EN UN. Rien à voir avec certaines publicités de shampoing ! D’ailleurs, on peut toujours se demander si dans ces produits les différents composants sont également efficaces… La formule trinitaire qu’énonce Jésus signifie que désormais la vie de tout chrétien dans chacun de ses actes trouve sa justification dans le Père, le Fils et le Saint Esprit. Le nom, c’est-à-dire la personne même de Dieu. Cela veut aussi dire que, à l’instar des apôtres des avaient reçu l’Esprit Saint le jour le Pentecôte, nous aussi, nous ne serons plus jamais seuls sur les routes de l’évangélisation. Baptiser, c’est donc plonger dans la Trinité qui est la véritable source de notre vie spirituelle. Et si le Christ nous envoie dans cette folie d’essaimage de sa Parole à travers le monde, il nous rassure : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ».