28/03/2008

"La paix soit avec vous…"

Ce Dimanche, le deuxième de Pâques, est appelé « Dimanche de la divine Miséricorde ». Il a été institué par le Pape Jean-Paul II, le 30 avril 2000, à l’occasion de la canonisation de Sœur Faustine (Faustyna Kowalska), religieuse polonaise de la Congrégation Notre-Dame de la Miséricorde.


Les textes de ce jour :
- Actes des apôtres (Ac 2, 42-47)
- Première Lettre de St Paul (1 P 1, 3-9)
- Evangile selon St Jean (Jn 20, 19-31)
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Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,19-31

Ce même soir, le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n'était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.

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Quelques repères pour notre méditation

Plantons le décor : des disciples tellement apeurés après la mort de leur Maître (Pierre l’a même renié!) qu’ils se terrent dans une maison. Pour eux, il est salutaire de se « faire oublier », de se soustraire à la vindicte du pouvoir et des sarcasmes des pharisiens. Et voilà que Jésus vient à eux, comme par effraction : Il brise les portes de leur "trou" et, plutôt que de leur reprocher leur lâcheté, il leur délivre un message d’amour, il installe en eux un désir de pardon : ('littéralement "Bonjour !") « La paix soit avec vous ! ». A celà, les disciples (enfin, pas tous spontanément…) reconnaissent le Seigneur. Cette adresse de Jésus est un signe supplémentaire de la vie nouvelle à laquelle il convie tous les hommes. Les fruits de sa résurrection sont (doivent être) partagés universellement. C’est d’ailleurs la mission qu’il assigne désormais à ses disciples.

« Bienheureux les miséricordieux, car ils recevront miséricorde » (Mt 5, 7). « Faites misécorde », telle pourrait être l’injonction que Jésus fait à ses disciples, c’est-à-dire à nous tous qui avons accepté de marcher à sa suite. L’acte de miséricorde est une grâce de Dieu lui-même parce qu’il est libérateur de soi et des autres. Cette grâce, Jésus nous y dispose en nous insuflant son Esprit saint. L’évangile, quand il est annoncé et vécu, y compris dans les tourmentes socio-politiques, suppose une profonde et véritable transformation de son propre regard, de sa propre parole, de son propre agir…

Et puis, qu’il est difficile de croire ! En tout cas pas simple… Thomas a une chance inouïe : Jésus lui offre une preuve (toucher la plaie) pour sa foi. Cependant, souvent présenté comme l’exemple du disciple qui doute, Thomas est somme toute la figure ordinaire des chrétiens que nous sommes aujourd’hui, recherchant des preuves matérielles en toutes circonstances. Or le fait même que Jésus apparaisse aux apôtres dans son unique corps à la fois physique et transfiguré, doit nous faire comprendre que notre acte de foi ne saurait résulter d’une simple réduction (comme en mathématiques – quand on réduit une équation , ou en cuisine quand on réduit une sauce) de cette dualité. Bien au contraire, notre foi doit « tenir ces deux bouts » de cette seule et même réalité. Car par la résurrection, nous participons à ce Corps glorieux transformé par l’amour du Père. Ce Corps doit sans cesse nous rappeler que la résurrection est bien le passage de la corruption à l’incorruptibilité, de la criminalité à la justice, de la faiblesse à la force, de la culpabilité mortifère à la vie nouvelle dans l’Esprit, de la matière à l’esprit. C’est ce qui nous permet de croire que notre propre corps est appelé à ressusciter.

« La foi recherche l’intelligibilité, mais ce n’est pas la raison qui nous ouvre le chemin de la foi », écrivait Saint Augustin de Canterbury. Thomas touche le corps du Christ, puis s’exclame : « mon Seigneur et mon Dieu ! ». Certes ! Mais il ne suffit pas de toucher pour croire… L’Esprit que Jésus insuffle aux disciples est ce souffle qui fait irruption dans nos âmes, pour faire de nous des croyants, des hommes nouveaux, brûlants d’allégresse, et sûrs de ce que nos vies sont illuminées par cette force qui nous permet désormais de «voir» (au sens de Saint Jean : non pas visoin sensible, mais perception nouvelle qui s’ouvre au regard du croyant grâce à l’action de l’Esprit) le Seigneur à l’œuvre dans le monde à travers nos actes et nos témoignages, avec et par sa grâce.

«Sans Te voir, nous t’aimons | Sans Te voir, nous croyons | Et nous exultons de joie, Seigneur | Sûrs que Tu nous sauves | Nous croyons en Toi» (RP Lucien Deiss †)


Evangile : extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Crédit photo : zehwyn.online.fr

23/03/2008

"Jésus-Christ est mort et ressuscité pour tous :
il est notre espérance !" (Benoît XVI - 23 mars 2008)

En ce dimanche de Pâques, devant une place Saint-Pierre noire de monde et sous une pluie battante, le Pape Benoît XVI a livré son message urbi et orbi (à la Ville, c'est-à-dire Rome et au monde entier). Il a appelé les différentes communautés au dialogue et à la recherche de solution de paix. Voici son texte in extenso :


"Resurrexi, et adhuc tecum sum. Alleluia! – Je suis ressuscité, je suis toujours avec toi. Alleluia ! Chers frères et sœurs, Jésus crucifié et ressuscité nous répète aujourd’hui cette joyeuse annonce: l’annonce pascale. Accueillons-la avec un profond émerveillement et avec une grande gratitude !
« Resurrexi et adhuc tecum sum » – « Je suis ressuscité et je suis encore et toujours avec toi ». Ces paroles, tirées d’une ancienne version du psaume 138 (v. 18b), retentissent au commencement de la messe de ce jour. Dans ces paroles, à l’aube de Pâques, l’Église reconnaît la voix même de Jésus qui, ressuscitant de la mort, s’adresse au Père, débordant de bonheur et d’amour, et s’écrie : mon Père, me voici ! Je suis ressuscité, je suis encore avec toi et je le serai pour toujours ; ton Esprit ne m’a jamais abandonné. Nous pouvons ainsi comprendre de façon nouvelle d’autres expressions du psaume : « Je gravis les cieux : tu es là ; je descends chez les morts : te voici. […] Même les ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le jour est lumière » (Ps 138, 8.12). C’est vrai : dans la veillée solennelle de Pâques, les ténèbres deviennent lumière, la nuit cède le pas au jour qui ne connaît pas de couchant. La mort et la résurrection du Verbe de Dieu incarné constituent un événement d’amour insurpassable, c’est la victoire de l’Amour qui nous a libérés de l’esclavage du péché et de la mort. Il a changé le cours de l’histoire, donnant à la vie de l’homme un sens indélébile et renouvelé, ainsi que toute sa valeur.

« Je suis ressuscité et je suis encore et toujours avec toi ». Ces paroles nous invitent à contempler le Christ ressuscité, en en faisant résonner la voix dans notre cœur. Par son sacrifice rédempteur, Jésus de Nazareth nous a rendus fils adoptifs de Dieu, de sorte que maintenant nous pouvons, nous aussi, nous insérer dans le dialogue mystérieux entre Lui et le Père. Nous avons en mémoire ce qu’un jour il a dit à ses auditeurs : « Tout m’a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11, 27). Dans cette perspective, nous percevons que l’affirmation adressée aujourd’hui par Jésus ressuscité à son Père – « Je suis encore et toujours avec toi » – nous concerne aussi comme par ricochet, nous, « fils de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (cf. Rm 8, 17). Grâce à la mort et à la résurrection du Christ, nous aussi aujourd’hui, nous ressuscitons à une vie nouvelle et, unissant notre voix à la sienne, nous proclamons que nous voulons demeurer pour toujours avec Dieu, notre Père infiniment bon et miséricordieux.

Nous entrons ainsi dans la profondeur du mystère pascal. L’événement surprenant de la résurrection de Jésus est essentiellement un événement d’amour : amour du Père qui livre son Fils pour le salut du monde ; amour du Fils qui s’abandonne à la volonté du Père pour nous tous ; amour de l’Esprit qui ressuscite Jésus d’entre les morts dans son corps transfiguré. Et encore : amour du Père qui « embrasse de nouveau » le Fils, l’enveloppant dans sa gloire ; amour du Fils qui, par la force de l’Esprit, retourne au Père, revêtu de notre humanité transfigurée. De la solennité d’aujourd’hui, qui nous fait revivre l’expérience absolue et particulière de la résurrection de Jésus, nous vient donc un appel à nous convertir à l’Amour ; nous vient une invitation à vivre en refusant la haine et l’égoïsme, et à suivre docilement les traces de l’Agneau immolé pour notre salut, à imiter le Rédempteur « doux et humble de cœur », qui est «repos pour nos âmes» (cf. Mt 11, 29).

Frères et sœurs chrétiens de toutes les parties du monde, hommes et femmes à l’esprit sincèrement ouvert à la vérité ! Que personne ne ferme son cœur à la toute-puissance de cet amour qui rachète ! Jésus Christ est mort et ressuscité pour tous : il est notre espérance ! Espérance véritable pour tout être humain. Aujourd’hui, comme il fit avec ses disciples en Galilée avant de retourner au Père, Jésus ressuscité nous envoie aussi partout comme témoins de son espérance et il nous rassure : Je suis avec vous toujours, tous les jours, jusqu’à la fin du monde (cf. Mt 28, 20). Fixant le regard de notre esprit sur les plaies glorieuses de son corps transfiguré, nous pouvons comprendre le sens et la valeur de la souffrance, nous pouvons soulager les nombreuses blessures qui, de nos jours, continuent encore à ensanglanter l’humanité. Dans ses plaies glorieuses nous reconnaissons les signes indélébiles de la miséricorde infinie du Dieu dont parle le prophète : il est celui qui guérit les blessures des cœurs brisés, qui défend les faibles et qui annonce la liberté aux captifs, qui console tous les affligés et leur dispense une huile de joie au lieu du vêtement de deuil, un chant de louange au lieu d’un cœur triste (cf. Is 61, 1.2.3). Si avec une humble familiarité nous nous approchons de Lui, nous rencontrons dans son regard la réponse à la soif la plus profonde de notre cœur : connaître Dieu et créer avec Lui une relation vitale, dans une authentique communion d’amour qui remplit de son amour même notre existence et nos relations interpersonnelles et sociales. Par conséquent l’humanité a besoin du Christ : en Lui, notre espérance, « nous avons été sauvés » (cf. Rm 8, 24).

Que de fois les relations de personne à personne, de groupe à groupe, de peuple à peuple, au lieu d’être marquées par l’amour le sont par l’égoïsme, par l’injustice, par la haine, par la violence ! Ce sont les plaies de l’humanité, ouvertes et douloureuses en tout coin de la planète, même si elles sont souvent ignorées et parfois volontairement cachées; plaies qui écorchent les âmes et les corps de tant de nos frères et de nos sœurs. Elles attendent d’être soulagées et guéries par les plaies glorieuses du Seigneur ressuscité (cf. 1 P 2, 24-25) et par la solidarité de tous les hommes qui, sur ses pas et en son nom, posent des gestes d’amour, s’engagent concrètement pour la justice et répandent autour d’eux des signes lumineux d’espérance dans les lieux ensanglantés par les conflits et partout où la dignité de la personne humaine continue à être outragée et foulée aux pieds. Il est à souhaiter que là précisément se multiplient les témoignages de douceur et de pardon !
Chers frères et sœurs ! Laissons-nous illuminer par la lumière éclatante de ce Jour solennel ; ouvrons-nous avec une sincère confiance au Christ ressuscité, pour que la force de renouveau du Mystère pascal se manifeste en chacun de nous, dans nos familles, dans nos villes et dans nos Nations. Qu’elle se manifeste en toutes les parties du monde. Comment ne pas penser en ce moment, en particulier, à certaines régions africaines, telles que le Darfour et la Somalie, au Moyen-Orient tourmenté, et spécialement à la Terre Sainte, à l’Irak, au Liban, et enfin au Tibet, régions pour lesquelles j’encourage la recherche de solutions qui sauvegardent le bien et la paix ! Invoquons la plénitude des dons de Pâques, par l’intercession de Marie qui, après avoir partagé les souffrances de la passion et de la crucifixion de son Fils innocent, a aussi fait l’expérience de la joie inexprimable de sa résurrection. Associée à la gloire du Christ, qu’elle nous protège et nous guide sur le chemin de la solidarité fraternelle et de la paix. Tels sont mes vœux de Pâques, que je vous adresse à vous ici présents ainsi qu’aux hommes et aux femmes de toutes les nations et de tous les continents qui nous sont unis par la radio et la télévision. Bonne fête de Pâques !"

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Après la bénédiction papale, la célébration s'est terminée
sur cette belle prière à la Vierge Marie : "Regina cœli, laetare, alleluia".

Regina cœli, laetare, alléluia

Quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.

V. Gaude et laetare, Virgo Maria, alleluia.
R. Quia surrexit Dominus vere, alleéluia.

Oremus
Deus, qui per resurrectionem Filii tui,
Domini nostri Jesu Christi,
mundum laetificare dignatus e s:
praesta, quaesumus;
ut, per ejus Genitricem Virginem Mariam,
per­pétuae capiamus gaudia vitae.
Per eumdem Christum Dominum nostrum.
Amen

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Traduction française

Reine du ciel, réjouissez-vous, alleluia
car celui que vous avez mérité
de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme il l'a dit, alleluia
Priez Dieu pour nous, alleluia.

V. Soyez dans la joie et l'allégresse,
Vierge Marie, alleluia.
R. Parce que le Seigneur
est vraiment ressuscité, alleluia.

Prions
O Dieu, qui, par la Résurrection de votre Fils,
notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde,
faites, nous vous en prions, que par la Vierge Marie, sa Mère,
nous arrivions aux joies de la vie éternelle.
Par le Christ notre Seigneur.
Amen.


(Copyright du texte du Pape : librairie vaticane)
(Crédit photo : capture d'écran)




22/03/2008

«Il n’est pas ici, il est ressuscité...»
Alleluia ! Alleluia !

C'est la Pâque du Seigneur, aujourd'hui...

“Ensevelis avec lui lors du baptême, vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts” (Col.2,12). Ressuscités avec lui, nous tournons nos regards vers les choses d’en-haut: “Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut” (Col 3,1).



Les textes que l'Eglise nous propose en ce jour de fête sont d'une extrême beauté et d'une rare puissance. C'est pourquoi je vous les livre in extenso ci-après :


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Livre des Actes des Apôtres (Ac 10, 34a.37-43)

10

34ai Quand Pierre arriva à Césarée chez un centurion de l'armée romaine, il prit la parole :
«
37 Vous savez ce qui s'est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
38 Jésus de Nazareth, Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.
39 Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l'ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
40 Et voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour.
41 Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts.
42 Il nous a chargés d'annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l'a choisi comme Juge des vivants et des morts.
43 C'est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. »

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Psaume (117, 1-2, 3-4, 16-17, 22-23)

01 Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! *
Éternel est son amour !
02 Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour ! +

03 Que le dise la maison d'Aaron :
Éternel est son amour ! *
04 Qu'ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

16 le bras du Seigneur se lève, *
le bras du Seigneur est fort ! »
17 Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur :

22 La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle :
23 c'est là l'oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

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Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens (Col 3, 1-4)

3

01 Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
02 Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre.
03 En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
04 Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

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Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 20, 1-9)

20

01 Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu'il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
02 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis. »
03 Pierre partit donc avec l'autre disciple pour se rendre au tombeau.
04 Ils couraient tous les deux ensemble, mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
05 En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n'entre pas.
06 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là,
07 et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
08 C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
09 Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après l'Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts.

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Quelques repères pour notre méditation :

"Que ton Esprit fasse de nous des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie". Cette prière pascale que le célébrant lit après la communion résume bien l'esprit de la fête que nous célébrons ce jour. Aux acclamations des matines, nous avons chanté : "Voici le jour que fit le Seigneur, jour de fête et jour de joie ! Voici le jour où le Christ, notre Dieu, nous conduit de la mort à la vie."

Oui, le Christ qui était mort et enseveli, notre Christ qui est descendu aux enfers pour éveiller les morts, en est revenu vivant à jamais. La mort est désormais vaincue. Pâques, c'est donc bien le passage de la mort à la vie en Christ. Ainsi que l'affirme Pierre dans sa première Lettre : Nous sommes "engendrés de nouveau par la Résurrection de Jésus Christ d’entre les morts pour une vivante espérance" (1 Pt 1,3).

Ce qui s'est produit ce matin est simplement grandiose, extraordinaire, impensable... Impensable à tel point d'ailleurs qu'aucun disciple (et donc aucun homme, excepté Marie qui était dans une attente confiante) ne pouvait accompagner véritablement le Christ dans ce dernier parcours de sa vie terrestre, que ce soit lors de sa condamnation, de sa mort ou de sa résurrection. Souvenons-nous : complètement désemparés, les témoins sont saisis de crainte, de cette crainte qui naît de l'abolition des deux repères fondamentaux de notre vie terrestre : l'espace et le temps. Mais si le tombeau est vide, si de Christ il n'y a plus aucune trace spatio-temporelle, cette nouvelle donne est grâce pour nous. Le vide creuse en nous la plénitude de la vie nouvelle que le Christ laisse éclore par sa grâce, même en son absence. C'est ce que veut signifier le Pape Benoît XVI lorsqu'il écrit : "Chers frères et sœurs, à travers les plaies du Christ ressuscité, c’est avec des yeux d’espérance que nous pouvons voir les maux qui affligent l’humanité". Par son passage de la mort à la vie, Christ a brisé les chaînes du Mal, il a triomphé de la mort. C'est aujourd'hui qu'on peut répéter ces paroles de l'apôtre : "O mort, où est ton aiguillon? Enfer, où est ton triomphe? " (I Cor. XV, 55.).

Pour mémoire, dans l'Ancien Testament, la mort était nommée "Enfer" :
- Adam fut le premier à s'entendre prononcer une sentence de mort: "Le jour où vous mangerez du fruit de cet arbre, vous mourrez de mort." (Gen. II, 17.)
- Pour Job, la mort est "un repos pour l'homme." (Job, III, 23.)
- L'Enfer, dit le prophète Isaïe, a ouvert son abîme. (Is. V, 14.)
- Etc.
Avec le Christ, la mort a changé de nom, elle n'est plus mort, mais repos et sommeil. Ne dit-il pas à ses disciples : "Notre ami Lazare dort, mais je vais le réveiller" ? (Jean, XI, 11). Ainsi donc, si la mort d'Adam s'est étendue sur ceux qui sont venus après lui, celle de Jésus-Christ a rendu la vie à ceux qui étaient nés avant lui. Rien de plus juste quand Paul écrit : " Nous qui vivons et qui sommes réservés pour son avènement, nous ne préviendrons pas ceux qui sont endormis. (I Thess. IV, 15.)... et encore : "Si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, nous devons croire aussi que Dieu amènera avec Jésus ceux qui seront endormis."

Oui, chers amis, nous devons nous en convaincre : nous sommes désormais purgés et rachetés. « Voici que je fais toutes choses nouvelles, proclame le Ressuscité. J’ouvre un monde nouveau, j’inaugure une terre nouvelle, une nouvelle justice, un nouveau règne, celui du Royaume de Dieu. »

Méditons encore ces sublimes paroles de l'apôtre Paul ( Romains 6 ) :

"Nous avons été baptisés en Jésus Christ, plongés dans sa mort pour que nous menions une vie nouvelle, de même que le Christ est ressuscité...
L’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui ; l’être de péché est réduit à l’impuissance.
Si nous croyons que nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui.
Ressuscité des morts, le Christ ne meurt plus.
Il est mort au péché, il est vivant pour Dieu.
De même vous : vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ"

Telle est désormais la profession de foi de l'homme nouveau. Le mystère pascal a requalifié pour nous l'exode des temps nouveaux. Le passage de Jésus de la mort à la Vie entraîne le nôtre. Nous vivons l'expérience de la sortie de la vie ancienne, marquée par le péché et la servitude de la loi, pour entrer dans la Vie nouvelle, la communion en Jésus ressuscité, la liberté. Désormais, nous sommes tous revêtus du même habit spirituel et sacré : "Vous tous, s'écrie saint Paul, qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous avez été revêtus de Jésus-Christ. " (Gal. III, 27.)

Pourquoi chercher parmi les morts Celui qui est vivant ? Le Seigneur est vraiment ressuscité, alleluia ! Là est le fondement de notre foi, car en Christ nous sommes justifiés, en Lui nous sommes divinisés. A partir d'aujourd'hui, l'espérance née de la résurrection de note Seigneur Jésus-Christ fait de nous ses chargés de mission. Cette vie nouvelle qu'il nous donne, ce monde nouveau qu'il nous ouvre, nous sommes appelés à l'annoncer à tous nos frères, nous sommes conviés à le construire en église.


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Source iconographique : (Grunewald) -
egyptemysterieuse.blog.ca



21/03/2008

Et voici que Jésus vint à leur rencontre
et leur dit : « Je vous salue. »

Samedi saint : veillée pascale

Les lectures du jour
-Livre de la Genèse (Gn 1,1-31; 2, 1-2)
-Psaume (103, 1-2a, 5-6, 10.12, 13-14ab, 24.35c)
-Lettre de St Paul Apôtre aux Romains
(Rm 6, 3b-11)


Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 28, 1-10)

28
01
Après le sabbat, à l'heure où commençait le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l'autre Marie vinrent faire leur visite au tombeau de Jésus.
02 Et voilà qu'il y eut un grand tremblement de terre ; l'ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus.
03 Il avait l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme la neige.
04 Les gardes, dans la crainte qu'ils éprouvèrent, furent bouleversés, et devinrent comme morts.
05 Or l'ange, s'adressant aux femmes, leur dit : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié.
06 Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir l'endroit où il reposait.
07 Puis, vite, allez dire à ses disciples : 'Il est ressuscité d'entre les morts ; il vous précède en Galilée : là, vous le verrez !' Voilà ce que j'avais à vous dire. »
08 Vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples.
09 Elles s'approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui.
10 Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. »

Quelques pistes pour notre méditation :

Dieu a tant aimé les hommes qu’il a institué à travers son Fils une relation d’intimité avec eux. La condamnation et la crucifixion à mort de son Messie est un acte délibéré de ceux-ci pour briser et rompre cette intimité.
Cette nuit bruit d’un silence assourdissant : les juges ont prononcé une sentence mortelle contre un innocent, les disciples mêmes ont fui et/ou renié le Maître qui était le fondement de leur espérance, le Golgotha est sous le choc de l’impensable, Jérusalem pleure… Marie et les très proches (membres de la famille et amis, ainsi que le disciple préféré du Christ) sont consternés. Ils réalisent que cette nuit encore, comme à maintes occasions de l’histoire de l’Alliance, les hommes ont trahi la promesse de Dieu. Pourtant, ils sont certains que même en cette exceptionnelle et tragique circonstance, tout n’est pas perdu pour les hommes. Dieu, dont le plan de salut intègre l’homme pécheur, reprend toujours l’initiative envers lui. En effet, se réaliseront les paroles du phrophète Jérémie : « Moi qui ai fait alliance avec le jour et la nuit, et établi l’ordre du ciel et de la terre, est- ce que je rejetterais la descendance de Jacob et de mon serviteur David ? Est-ce que je renoncerais à choisir dans sa postérité des chefs pour la race d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ? Non ! Je les restaurerais, car je les prends en pitié. »

Par conséquent, le silence de cette nuit est non seulement celui de la descente de Jésus aux enfers pour éveiller les morts, mais également celui de la contemplation du Seigneur et de son corps détruit… Entre la mort et la résurrection, c’est aussi le silence de notre propre conscience qui médite sur le dessein de Dieu au cœur de notre histoire. Tous ceux qui vivaient ces évènements en direct avaient le droit d’être tristes. Mais nous qui savons qu’il est ressuscité et qu’il est vivant à jamais, devons être dans la joie.

Cette nuit est donc plus que jamais celle de conversion, de la conviction personnelle que « notre rédempteur est vivant » et que la mort n’a pas prise sur lui. D’ailleurs, Marie qui se tient près du sépulchre de son Fils est en veille dans l’attente de la résurrection, c’est-à-dire de la victoire de la Vie sur la Mort, de la Lumière sur la Nuit. Ainsi, des cendres du premier jour de Carême à l’illumination du feu pascal et son accomplissement à la Pentecôte, c’est le mystère pascal qui se déploie tel un arc-en-ciel dans son unité multiple. Le feu que nous allumons pendant la nuit pascale est comme une invite de l’église de Jésus-Christ à la contagion vers tous les hommes de cet amour qui brûle sans consumer, de cette vie nouvelle qui renaît des cendres.

D’ailleurs, la Pentecôte ( du grec : pentecostè, cinquante - le cinquantième jour après Pâques), ce sera toujours Pâques: ce sont deux fêtes qui célèbrent le Ressuscité transformé par l’Esprit et l’Esprit envoyé par le Ressuscité. La foi de Pâques est bien un vrai départ de feu qui fait de chacun de nous un brasier d’amour, un flambeau vivant dans les nuits de notre monde.



Ils ont percé ses mains et ses pieds,
Ils ont compté tous ses os,
Ils ont regardé celui qu’ils ont transpercé.

Vendredi saint
Sur la croix fut écrite sa condamnation :
"Jésus le Nazaréen, le Roi des Juifs".
Cette nuit, nous vivons le mystère de la croix, de la compassion
et de l'accomplissement.



Lectures pendant l'office de soir

• Livre d'Isaïe (Is 52, 13-15; 53, 1-12)
• Psaume (30, 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25)
• Lettre aux Hébreux (He 4,14-16; 5,7-9)

4
- "Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi.
- En effet, le grand prêtre que nous avons n'est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l'épreuve comme nous, et il n'a pas péché.
- Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.
5
- Pendant les jours de sa vie mortelle, il a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort ; et, parce qu'il s'est soumis en tout, il a été exaucé.
- Bien qu'il soit le Fils, il a pourtant appris l'obéissance par les souffrances de sa Passion ;
- et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel".

____________________________________________________________________


L'Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 18, 1-40; 19, 1-42) : le jugement, la condamnation et la mort de Jésus.

La liturgie de ce soir est caractérisée par le dépouillement total des lieux de culte afin de nous rendre plus proches des souffrances du Christ, et nous aider à appréhender notre propre condition de finitude (certes!), mais également notre destinée ouverte sur l'espérance de la résurrection.
Après les lectures (particulièrement la Passion du Christ), la prière universelle, l'ostentation et l'adoration de la Sainte Croix, les fidèles communieront au Corps et au Sang du Christ.

"Ma vie, nul ne la prend, c'est moi qui la donne…". En Christ la souffrance se transforme en amour, il la divinise. Fils de Dieu, il choisit de vivre sa mission de serviteur jusqu'au bout. "Non pas ma volonté, mais la tienne, Père !" — Face à la violence, à la brutalité et à l'injustice humaines, Jésus oppose la non-violence, la douceur et la justice d'un monde nouveau qu'il ouvre à l'humanité tout entière. Comme écrit le Père Raniero Cantalamessa : "Le vrai discours sur la montagne n’est pas celui qu’il a un jour prononcé sur une colline de Galilée ; c’est celui qu’il prononce maintenant, du haut de la croix, sur le Calvaire, non plus avec des mots, mais en silence et avec des faits."

Ce nouveau monde, c'est celui qu'il a annoncé toute sa vie durant à ses disciples, aux foules qui le suivaient, aux scribes et aux pharisiens. Et, lorsque sur la Croix, après qu'il eût pris du vinaigre, il dit "c'est fini" (Jn 19, 30) — on pourrait aussi traduire "c'est terminé !" ou "c'est la fini!" — en réalité, il faut entendre : "c'est accompli", "c'est achevé", "tout est parfait" (du mot grec tétélestai). Cette fin pour Jésus est celle de la plénitude désormais atteinte quant à l’accomplissement de la mission que lui avait confiée son Père.

Oui ! Mission accomplie et réussie, jusqu'au bout de l'amour ("ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin" (eis télos : Jn. 13, 1). Et Jésus rend l'âme. Mais il est bon de noter ici les différences d'interprétation de trois des évangélistes : Matthieu (27, 50) traduit : "Il laissa échapper son dernier soupir"; pour Marc (15, 37) : "il expira"; Jean charge ce dernier instant de la vie terrestre du Christ d'une signification particulière. En effet, lorsqu'il traduit "ayant incliné sa tête, Jésus donna l'Esprit" (et non pas son esprit), l'apôtre veut souligner que le dernier souffle du Christ est un don de l'Esprit Saint. Et c'est cet Esprit qu'il nous donne et qu'il nous transmet aussi en héritage afin de continuer sa mission au milieu des hommes et de par le monde.

Jésus, victime innocente et consentante, prend le mal et la souffrance sur soi pour les vaincre. En cela, Dieu lui-même réconcilie le monde en son Fils bien-aimé. La Croix sur laquelle il est cloué devient signe de non-violence et d'humilité, d'amour et d'espérance aussi. Et son Corps (à la fois historique, sacramentel et mystique) porte désormais les marques de sa glorification et de la nôtre… "Victoire, tu règneras, Ô Croix, tu nous sauveras !"








19/03/2008

"Au moment d'être livré
et d'entrer librement dans sa passion…"

Jeudi saint : Institution de l'Eucharistie


Le jeudi saint annonce la fin du Carême et l'entrée dans le mystère de Pâques. La messe de ce soir nous fait revivre la "cène", le dernier repas du Christ avec ses disciples avant d'être livré. C'est à cette occasion que Christ institue, à travers l'Eucharistie qui le fonde, le ministère presbytéral. Bien plus qu'un simple souvenir, l'Eucharistie est le véritable mémorial de la Pâque du Christ présent et tout entier en offrande aux hommes. Jésus sait que son heure est venue, qu'il va mourir. Il nous laisse son corps et son sang comme nourriture à partager en convivialité pour notre salut et pour la vie éternelle. Si donc elle est en relation avec la mort du Christ, l'Eucharistie l'est tout autant avec sa résurrection triomphale.
L'autre symbole fort de cette nuit : le lavement des pieds. Jésus, lui le Maître, dans un geste plein de tendresse, se fait serviteur comme pour nous rappeler que nous aussi nous devons nous mettre au service des autres.


Lectures du jour :
- Livre de l'Exode (Ex 12,1-8.11-14)
- Psaume (115, 12-13, 15-18)
- Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1Co 11, 23-26)



- Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 13, 1-15)

01 Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout.
02 Au cours du repas, alors que le démon a déjà inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon, l'intention de le livrer,
03 Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est venu de Dieu et qu'il retourne à Dieu,
04 se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu'il se noue à la ceinture ;
05 puis il verse de l'eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait à la ceinture.
06 Il arrive ainsi devant Simon-Pierre. Et Pierre lui dit : « Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds ! »
07 Jésus lui déclara : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »
08 Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n'auras point de part avec moi. »
09 Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »
10 Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n'a pas besoin de se laver : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, ... mais non pas tous. »
11 Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est pourquoi il disait : « Vous n'êtes pas tous purs. »
12 Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se remit à table. Il leur dit alors : «Comprenez-vous ce que je viens de faire ?
13 Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur', et vous avez raison, car vraiment je le suis.
14 Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
15 C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous. »

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A l'occasion de cette nuit mémorable, je voudrais vous recommander cette prière (acte d'offrande) de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face :

«
Afin de vivre dans un acte de parfait amour, je m'offre comme victime d'holocauste à votre amour miséricordieux, vous suppliant de me consumer sans cesse, laissant déborder en mon âme les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en vous, et qu'ainsi je devienne martyre de votre amour, ô mon Dieu ! Que ce martyre, après m'avoir préparée à paraître devant vous, me fasse enfin mourir, et que mon âme s'élance sans retard dans l'éternel embrassement de votre miséricordieux amour !
Je veux, ô mon Bien-Aimé, à chaque battement de mon cœur, vous renouveler cette offrande un nombre infini de fois, jusqu'à ce que, les ombres s'étant évanouies, je puisse vous redire mon amour dans un face à face éternel
»


Post scriptum : vous êtes de plus en plus nombreux à vous abonner à ce blog. Merci de nous donner votre avis sur la qualité de nos communications et, selon le thème, de participer au débat.

Crédit photo : "La cène de Léonard de Vinci" - www.athenaeum.ch

18/03/2008

"Mon temps est proche…"

Mercredi saint

Lectures du jour :
- Isaïe 50, 49a (le troisième chant du serviteur)
- Psaume 68, 8-10, 21-22, 31-33-34 (En ce jour de grâce, écoute-moi, Dieu de bonté !)
- Evangile : St Mathieu 26, 14-25



14i L’un des douze Apôtres de Jésus, nommé Judas Iscariote, alla trouver les chefs des prêtres
15 et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui proposèrent trente pièces d'argent.
16 Dès lors, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
17 Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent dire à Jésus : « Où veux-tu que nous fassions les préparatifs de ton repas pascal ? »
18 Il leur dit : « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : 'Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c'est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.'»
19 Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.
20 Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze.
21 Pendant le repas, il leur déclara : « Amen, je vous le dis : l'un de vous va me livrer. »
22 Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, l'un après l'autre : « Serait-ce moi, Seigneur ? »
23 Il leur répondit : « Celui qui vient de se servir en même temps que moi, celui-là va me livrer.
24 Le Fils de l'homme s'en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux l'homme par qui le Fils de l'homme est livré ! Il vaudrait mieux que cet homme-là ne soit pas né ! »
25 Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C'est toi qui l'as dit ! »

Quelques repères pour notre méditation :

• Isaïe révèle la véritable mission du serviteur. Fidèle à son Dieu, il enseignera la Parole véritable aux pieux, aux égarés, aux infidèles et aux païens. Mais il sera persécuté brutalement, comme le Christ dans la passion qu'il va vivre.
• Jésus envoie ses disciples préparer le
« Seder » (repas rituel de Pâques). Mais en même temps, il se prépare pour la vraie Pâque à laquelle il conviera toute l'humanité désormais affranchie.
« C'est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples» : nous sommes les temples du Seigneur. Que par sa grâce nous nous tenions toujours prêts à l'accueillir en nos cœurs pour vivre avec lui les grandeurs de l'Amour…
• Judas, possédé par le démon, et pour seulement 30 deniers, trahit son Maître. Mais combien de fois nous aussi, pour bien peu encore, ne trahissons-nous pas le Seigneur, par orgueil et par manque d'amour? Judas, qui ne fait pas confiance en Christ, refuse sa miséricorde. Chaque fois que nous tombons dans la glu de nos suffisances et nos petites certitudes, souvenons-nous que Christ est là qui nous offre son pardon et sa miséricorde. Demandons-lui la grâce de nous relever sans cesse avec la force de son pardon.


Nous allons bientôt entrer dans le "triduum" pascal (jeudi, vendredi et samedi). Trois jours qu'il est demandé à chaque chrétien de vivre dans leur unité totale, car ils sont comptés à la manière de la Bible. A savoir que le jour biblique commence le soir au coucher du soleil et s'achève le lendemain soir.


Nota : La Messe chrismale est célébrée solennellement par l'évêque dans sa Cathédrale le Mardi-Saint, ou le Mercredi Saint. A cette occasion, il va lui-même consacrer les Saintes Huiles qui serviront pour les onctions des Sacrements de Baptême, de Confirmation, des Malades et de l'Ordre. Il est entouré de tous les prêtres du diocèse qui, à cette occasion, renouvellent leurs vœux de fidélité, d'obéissance et de chasteté.


- Crédit photo : "le baiser de Judas" (www.creationism.org)


17/03/2008

« Maintenant le Fils de l'homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui... »

Mardi saint

Les textes du jour :


Livre d'Isaïe 49,1-6

Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J'étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m'a appelé ; j'étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom.
Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m'a protégé par l'ombre de sa main ; il a fait de moi sa flèche préférée, il m'a serré dans son carquois. Il m'a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je me glorifierai. »
Et moi, je disais : « Je me suis fatigué pour rien, c'est pour le néant, c'est en pure perte que j'ai usé mes forces. » Et pourtant, mon droit subsistait aux yeux du Seigneur, ma récompense auprès de mon Dieu.
Maintenant le Seigneur parle, lui qui m'a formé dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob et que je lui rassemble Israël. Oui, j'ai du prix aux yeux du Seigneur, c'est mon Dieu qui est ma force. Il parle ainsi : «C'est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les rescapés d'Israël : je vais faire de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre.»

Psaume 71(70),1-2.3-4.5-6.15.17

En toi, Seigneur, j'ai mon refuge : garde-moi d'être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi, tends l'oreille vers moi, et sauve-moi.
Sois le rocher qui m'accueille, toujours accessible ; tu as résolu de me sauver : ma forteresse et mon roc, c'est toi !
Mon Dieu, libère-moi des mains de l'impie, des prises du fourbe et du violent.
Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance, mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance, tu m'as choisi dès le ventre de ma mère ; tu seras ma louange toujours !
Ma bouche annonce tout le jour tes actes de justice et de salut ; (je n'en connais pas le nombre).
Mon Dieu, tu m'as instruit dès ma jeunesse, jusqu'à présent, j'ai proclamé tes merveilles.

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 13,21-33.36-38

Après avoir ainsi parlé, Jésus fut bouleversé au plus profond de lui-même, et il attesta : « Amen, amen, je vous le dis : l'un de vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les autres, sans parvenir à comprendre de qui Jésus parlait. Comme il y avait à table, tout contre Jésus, l'un de ses disciples, celui que Jésus aimait, Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus lui répond : « C'est celui à qui j'offrirai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l'Iscariote. Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui.Jésus lui dit alors :« Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit le sens de cette parole. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d'acheter ce qu'il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres.
Quand Judas eut pris la bouchée, il sortit aussitôt ; il faisait nuit. Quand Judas fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire ; et il la lui donnera bientôt. Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps, et vous me chercherez. J'ai dit aux Juifs : Là où je m'en vais, vous ne pouvez pas y aller. Je vous le dis maintenant à vous aussi.
Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je m'en vais, tu ne peux pas me suivre pour l'instant ; tu me suivras plus tard. »
Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi ! »
Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m'aies renié trois fois. »

Quelques mots-clés pour notre méditation :

• « ...l'un de vous me livrera ». A cette annonce de Jésus, les disciples demandent : « Seigneur, qui est-ce ? ». L'inquiétude est grande car le Maître ne donne aucune précision. Puis il tend la bouchée à Judas, un geste réservé aux seuls invités de prestige; mais hélas ! Judas est insensible à ce geste d'alliance, il est déjà enfermé dans les murs de la trahison. Plus loin : « Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m'aies renié trois fois. » Pierre reniera son Maître par trois fois, mais il ne pleurera qu'à la troisième fois, lorsque le Christ le regardera. Implorons le Seigneur de tourner vers nous sa face et de poser sur nous son regard afin que nous pleurions notre péché : nous sommes certains qu'il nous pardonnera.

• Jésus nous livre son testament spirituel : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». L'amour qu'il nous donne, il nous ordonne de le vivre en plénitude avec nos frères. Alors qu'il est trahi, renié par ses plus proches, Jésus nous rend capables d'aimer, c'est-à-dire de par-donner. Face à la violence des hommes, il reste serein et son message dégage douceur et fermeté, espérance et certitude...


Le Seigneur est ma lumière et mon salut,
de qui aurais-je crainte ?

Aujourd'hui, nous entrons dans la semaine dite "sainte". Je vous propose de nous donner quelques repères de méditation jusqu'à la célébration de la Pâque du Seigneur...

Les textes de ce jour :


Livre d'Isaïe 42,1-7

Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j'ai mis toute ma joie. J'ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations, il fera paraître le jugement que j'ai prononcé.
Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique.
Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité.
Lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé, jusqu'à ce qu'il impose mon jugement dans le pays, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions.
Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie : il dispose la terre avec sa végétation, il donne la vie au peuple qui l'habite, et le souffle à ceux qui la parcourent :
Moi, le Seigneur, je t'ai appelé selon la justice, je t'ai pris par la main, je t'ai mis à part, j'ai fait de toi mon Alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres.

Psaume 27,1.2.3.13-14
Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ?

Si des méchants s'avancent contre moi pour me déchirer,
ce sont eux, mes ennemis, mes adversaires, qui perdent pied et succombent.

Qu'une armée se déploie devant moi, mon cœur est sans crainte ;
que la bataille s'engage contre moi, je garde confiance.

Mais j'en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur. »


Lundi saint : Jésus, qui ne se montrait plus, revient à Jérusalem en passant par Béthanie où il venait de ressusciter son ami Lazare quelques jours plus tôt.


Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12,1-11

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, celui qu'il avait ressuscité d'entre les morts. On donna un repas en l'honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était avec Jésus parmi les convives. Or, Marie avait pris une livre d'un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu'elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie par l'odeur du parfum. Judas Iscariote, l'un des disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d'argent, que l'on aurait données à des pauvres ? » Il parla ainsi, non parce qu'il se préoccupait des pauvres, mais parce que c'était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait pour lui ce que l'on y mettait. Jésus lui dit : « Laisse-la ! Il fallait qu'elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. »
Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu'il avait ressuscité d'entre les morts. Les chefs des prêtres décidèrent alors de faire mourir aussi Lazare,
parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s'en allaient, et croyaient en Jésus.


Quelques mots-clés :

  • Un repas est offert en l'honneur de Jésus. Lui sait que dans quelques jours il instituera le repas véritable où il se donne en partage, sans mesure... Ici, il manifeste sa proximité avec l'humanité entière, dans cette maison qu'il emplira des senteurs célestes de sa résurrection.
  • Donner aux pauvres, cela ne suffit pas à faire de nous de bons disciples du Christ : l'en-deçà et l'au-delà du don, c'est l'Amour. Le Christ nous commande d'aimer car c'est ainsi que se manifeste la vie de Dieu au milieu de nous.
  • Marie, la sœur de Lazare, enduit d'un parfum onéreux les pieds de celui en qui elle reconnaît le Messie. Mais pour nous, le meilleur parfum, c'est celui de la foi qui embaume notre corps, temple du Christ.
  • "J'ai désiré d'un grand désir…". Jésus désire nous sauver, mais sommes-nous prêts à répondre à son invite?

15/03/2008

"Si nous souffrons avec lui,
avec lui nous règnerons..."
Hosanna ! au Fils de David


Bonjour à vous tous
en ce dimanche des rameaux !

Rome ! C'est dans cette ville que commença réellement, il y a plus de 2000 ans, l'aventure du christianisme qui, parti de l'orient, gagna tout l'occident et le reste du monde. Dans cette ville, le petit noyau de chrétiens animé par l'apôtre Pierre était regardé avec curiosité par les patriciens et autres notables romains. Ils étaient considérés comme une petite secte aux mœurs bizarres. Lorsqu'ils se réunissaient dans les catacombes pour prier et commémorer la Pâque du Seigneur, on disait qu'ils se cachaient pour "manger un petit enfant".


Il existe à Rome une petite ruelle, la "Via Appia", datant de cette époque et, dans cette ruelle, une église qui porte le nom de "Quo vadis ?" L'histoire raconte que durant la persécution de Néron, l'apôtre Pierre et sa petite communauté furent priés de quitter la Ville afin de se mettre en sécurité et servir, si possible, une autre communauté. Mais à la Porte de cette grande Cité antique, il voit le Christ venir à sa rencontre. Surpris et désemparé à la fois, Pierre lui demande : "Quo vadis, Domine?" (où vas-tu, Maître?). Et Christ de lui répondre : "Je vais à Rome pour être de nouveau crucifié et mourir à ta place". Cette réponse fit revenir immédiatement Pierre sur ses pas. Il retourna dans la Ville, avec la pleine conscience du danger qui l'attendait. il fut aussitôt arrêté et crucifié, la tête en bas.

Cette histoire doit nous donner à nous aussi envie de demander à Jésus : "Où vas-tu, Maître, à travers ce monde si désenchanté? Où vas-tu, Maître, au milieu de ces gens qui ne cherchent que ta perte, au milieu de cette foule que l'on soulève contre toi?" . L'épisode de l'Evangile de ce jour, avec le récit de la Passion, donne une réponse claire à ces interrogations que chacun de nous peut faire siennes.


En effet, lorsque Jésus entre dans Jérusalem, à dos d'âne, il accomplit un geste symbolique qui fait écho au couronnement de Salomon : ce dernier fut hissé sur un mulet pour être conduit devant le peuple, dans la ville sainte et sous les cris et les ovations. Qu'il nous souvienne également que, depuis les siècles, les prophètes avaient annoncé que le Messie apparaîtrait assis sur un âne. Zacharie lui aussi ne clamait-il pas la venue d'un Roi juste, humble et victorieux, monté sur un âne, un roi qui briserait l'arc de guerre et apporterait la paix pour les nations? Le chemin particulier emprunté par Jésus jusqu'à sa fin tragique devient donc limpide et chargé de sens : c'est un chemin de Paix et de lutte contre l'injustice et le mal, un chemin d'amour et de lutte contre l'arbitraire et la haine. Ce parcours étonnant va le mener des ovations de la foule en ferveur à l'abandon et au lâchage, y compris des plus fidèles. Il va passer de l'acclamation du peuple à une solitude de plus en plus grande, jusqu'à la mort atroce, les bras en croix, ouverts aux hommes et à son Père...

Sur le moment ceux qui calculent manœuvrent, ceux qui ont soif de pouvoir semblent victorieux, mais ils ne parviennent pas à vaincre et anéantir l'amour qui est en Jésus. Et alors qu'il nous ouvre ses bras et nous montre le chemin, se pose à chacun d'entre nous la même question : "quo vadis?" (où vas-tu?) toi mon frère ? Mais bien plus encore : le chrétien que tu es est-il le chemin d'amour, celui-là même dont Jésus est le symbole parfait? Es-tu le chemin d'amour montré par le Christ? Est-ce que tu continues d'avancer sur cette route, fût-ce à dos d'âne, en dépit des insultes, des railleries, des calomnies et du mépris dont tu peux faire l'objet. Le chemin de l'amour est une épreuve difficile, et nous réalisons souvent dans la douleur et la désespérance que cet amour n'est pas facile à monnayer en actes.

Aujourd'hui, Jésus rentre dans Jérusalem avec gloire, certes, mais aussi pour y subir les vicissitudes de l'ego humain, sa soif du faux pouvoir, son enfermement matérialiste et sa vision désespérément re(n)fermée. Mais face à cela, Jésus va écrire les plus belles de ce message d'amour avec son sang, déterminé à nous entraîner avec lui dans sa résurrection et sa gloire. A cet instant et dans l'avenir, en pensant à ceux avec qui il nous est difficile de partager, de parler, ne pouvons-nous pas regarder Jésus en croix et puiser auprès de lui cette force capable de nous pénétrer au point de nous transformer pour donner aux autres cet amour que lui-même nous donne sans compter ? Qu'il est exaltant d'être en cela de véritables fous qui (certes!) se cherchent noise en permanence et s'engueulent vertement jusqu'à ce que, enfin, ils parviennent à se comprendre, à s'apprécier et à s'aimer. Des fous qui ne perdent jamais l'espoir qu'en chaque femme et chaque homme brûle une étincelle divine, une étincelle qu'une brise même légère peut transformer en feu ardent de l'Esprit, en flamme d'Amour.

Alors, si nous hésitons encore, si nous pensons que de toutes les façons nous perdrons toujours au change et que nous serons déçus au regard des efforts que nous aurons consentis... souvenons-nous du chemin du Christ : aucun rejet, aucune croix, aucune mort n'ont pu l'empêcher de prendre la route du Royaume. Réfléchissons donc à la réponse que nous lui donnons quand il nous demande : "Quo vadis?" Où vas-tu, toi qui a essayé de vivre ce carême tant bien que mal, et qui t'apprêtes à célébrer la Pâque qui t'a fait naître la vie ? Jésus entre dans Jérusalem, il entre dans notre cœur, cette cité que nous devons sans cesse embellir pour l'accueillir triomphalement.

Hosanna! Hosanna! au Christ dans nos cœurs... Hosanna! Hosanna! au Fils de David.

Source iconographique : 1)- Rameau d'olivier = dilaurus.club.fr / 2)- Entrée de Jésus dans Jérusalem = galerie-icone.org


12/03/2008

Sur la toile, faire preuve de discernement dans sa quête de Dieu

Il y a peu, un blogger m'a confié la réflexion suivante : "avec l'internet, il suffit d'un clic pour que je trouve réponse à toutes mes questions, y compris celles relatives à ma vie quotidienne jusqu'à ma relation avec Dieu. C'est fou ce que je peux trouver comme réponses toutes faites !"

Le cheminement dans la foi est un processus actif, dynamique qui s'enrichit sans cesse de la densité de la méditation, du témoignage et du "vivre" individuel et collectif. Mais la Parole de Dieu est un message à la fois simple et complexe : la profession de foi de Pierre ("A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle…") est forte d'une révélation fondamentale : Dieu est Amour. Cependant, l'accomplissement, en la Personne de Jésus, de la promesse de notre salut par son incarnation, sa résurrection et son ascension dans le ciel… est à lire et relire à travers le temps. Chercher à comprendre comment notre histoire a été ensemencée par Dieu lui-même dans son infinie miséricorde, à travers les faits et récits de l'Ancien testament, puis son propre Verbe et les Actes de ceux qui lui furent les plus proches, les apôtres, c'est là une inconditionnelle exigence d'aujourd'hui. Même si cela n'est pas chose simple!

En effet, de même que l'on assiste à la mondialisation de l'économie, surtout dans ses finalités financières, de même tout ce qui touche au Sacré, et plus particulièrement à la Parole de Dieu, connaît une étonnante explosion avec les nouvelles technologies de l'information, dont l'internet. Mais cette "toile", pour fantastique qu'elle puisse paraître par certains côtés, peut parfois capter, captiver et embrigader les esprits de ceux qui, croyant avoir "déniché" des écrits salvateurs, se trouvent piégés par des marchands de bonheur du monde moderne. Il n'est pas rare de tomber, à partir d'un simple moteur de recherche, sur une foule d'articles de toutes sortes, sur toutes les thématiques possibles et imaginables. Lorsqu'on n'est pas armé pour faire le tri et résister intellectuellement à certaines idées ou propositions, on peut flancher et basculer, souvent sans s'en apercevoir soi-même.

Par exemple, les nouvelles théories d'explication et de compréhension des grandes questions de l'humanité (son origine, sa finalité, la réalité de l'homme dans ce monde et dans la société, le phénomène de la vie, de la mort, de l'au-delà, la problématique du bien et du mal, la faim, la guerre…), la problématique de l'existence de Dieu, la vie et la mort de Jésus, la révélation, la religion, l'église et son organisation, etc. y foisonnent, comme s'il fallait à tout prix non seulement faire de l'audience, mais aussi et surtout faire des "adeptes". Voilà pourquoi, lorsqu'on en a les capacités, l'étude de la parole de Dieu est nécessaire pour nourrir notre foi, pour l'éclairer sans cesse des diverses manières dont certains dans l'Eglise en ont fait l'expérience. Et de se convaincre de la puissance de son actualité dans le monde d'aujourd'hui et dans sa vie de chaque jour. Prière et connaissance, intériorité et extériorité… la foi est sans cesse dans cet échange éclairé par Dieu lui-même, parce que nous l'aurons installé au centre de notre vie et de celle de nos communautés… et que ce choix est non négociable pour quelque prix que ce soit.

Il est donc clair que la connaissance de la Parole de Dieu n'est pas une affaire de simple curiosité intellectuelle; certes, la doctrine spirituelle évoquée par les docteurs et autres éminences de l'Eglise nourrit, comble également tout l'être et lui fait retrouver une unité profonde, car on peut y reconnaître aussi le secret caché aux sages et cependant révélé aux tout-petits (Luc 10, 21). La théologie des saints est une théologie exprimée à genoux. Et c'est dans cette humilité que Dieu se révèle jusqu'aux plus petits, telle Thérèse de Lisieux qui entre en communion avec son Dieu par des échanges simples et directs. Par elle, et à l'exemple du Christ, un chemin et une ouverture sont devenus possibles pour les plus petits, les laissés-pour-compte et les paumés de la vie.

Alors, sur la toile comme partout ailleurs dans les échanges que nous pouvons avoir avec discernement nous enrichir des expériences des uns et des autres. Mais il ne faut jamais oublier que la Parole de Dieu est à vivre, que son exigence est à la mesure de l'infinie miséricorde de Dieu lui-même.

Si pour Saint Ignace de Loyola le discernement est à appréhender comme une véritable pédagogie de la décision, surtout dans nos temps d'incertitudes et de perpétuels changements, alors il faut se convaincre que ce don de l'Esprit est à exercer dans toutes les sphères de notre vie de chrétien, dans la prière, à la réflexion, au jugement et à la décision de croire. Mais ce "don" est aussi à "cultiver dans le jardin de sa vie" (pour paraphraser Voltaire)
car la croissance personnelle par la connaissance de soi et l'ouverture aux autres est un vrai chemin d’intériorité et de liberté.