21/03/2008

Ils ont percé ses mains et ses pieds,
Ils ont compté tous ses os,
Ils ont regardé celui qu’ils ont transpercé.

Vendredi saint
Sur la croix fut écrite sa condamnation :
"Jésus le Nazaréen, le Roi des Juifs".
Cette nuit, nous vivons le mystère de la croix, de la compassion
et de l'accomplissement.



Lectures pendant l'office de soir

• Livre d'Isaïe (Is 52, 13-15; 53, 1-12)
• Psaume (30, 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25)
• Lettre aux Hébreux (He 4,14-16; 5,7-9)

4
- "Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi.
- En effet, le grand prêtre que nous avons n'est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l'épreuve comme nous, et il n'a pas péché.
- Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.
5
- Pendant les jours de sa vie mortelle, il a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort ; et, parce qu'il s'est soumis en tout, il a été exaucé.
- Bien qu'il soit le Fils, il a pourtant appris l'obéissance par les souffrances de sa Passion ;
- et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel".

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L'Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 18, 1-40; 19, 1-42) : le jugement, la condamnation et la mort de Jésus.

La liturgie de ce soir est caractérisée par le dépouillement total des lieux de culte afin de nous rendre plus proches des souffrances du Christ, et nous aider à appréhender notre propre condition de finitude (certes!), mais également notre destinée ouverte sur l'espérance de la résurrection.
Après les lectures (particulièrement la Passion du Christ), la prière universelle, l'ostentation et l'adoration de la Sainte Croix, les fidèles communieront au Corps et au Sang du Christ.

"Ma vie, nul ne la prend, c'est moi qui la donne…". En Christ la souffrance se transforme en amour, il la divinise. Fils de Dieu, il choisit de vivre sa mission de serviteur jusqu'au bout. "Non pas ma volonté, mais la tienne, Père !" — Face à la violence, à la brutalité et à l'injustice humaines, Jésus oppose la non-violence, la douceur et la justice d'un monde nouveau qu'il ouvre à l'humanité tout entière. Comme écrit le Père Raniero Cantalamessa : "Le vrai discours sur la montagne n’est pas celui qu’il a un jour prononcé sur une colline de Galilée ; c’est celui qu’il prononce maintenant, du haut de la croix, sur le Calvaire, non plus avec des mots, mais en silence et avec des faits."

Ce nouveau monde, c'est celui qu'il a annoncé toute sa vie durant à ses disciples, aux foules qui le suivaient, aux scribes et aux pharisiens. Et, lorsque sur la Croix, après qu'il eût pris du vinaigre, il dit "c'est fini" (Jn 19, 30) — on pourrait aussi traduire "c'est terminé !" ou "c'est la fini!" — en réalité, il faut entendre : "c'est accompli", "c'est achevé", "tout est parfait" (du mot grec tétélestai). Cette fin pour Jésus est celle de la plénitude désormais atteinte quant à l’accomplissement de la mission que lui avait confiée son Père.

Oui ! Mission accomplie et réussie, jusqu'au bout de l'amour ("ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin" (eis télos : Jn. 13, 1). Et Jésus rend l'âme. Mais il est bon de noter ici les différences d'interprétation de trois des évangélistes : Matthieu (27, 50) traduit : "Il laissa échapper son dernier soupir"; pour Marc (15, 37) : "il expira"; Jean charge ce dernier instant de la vie terrestre du Christ d'une signification particulière. En effet, lorsqu'il traduit "ayant incliné sa tête, Jésus donna l'Esprit" (et non pas son esprit), l'apôtre veut souligner que le dernier souffle du Christ est un don de l'Esprit Saint. Et c'est cet Esprit qu'il nous donne et qu'il nous transmet aussi en héritage afin de continuer sa mission au milieu des hommes et de par le monde.

Jésus, victime innocente et consentante, prend le mal et la souffrance sur soi pour les vaincre. En cela, Dieu lui-même réconcilie le monde en son Fils bien-aimé. La Croix sur laquelle il est cloué devient signe de non-violence et d'humilité, d'amour et d'espérance aussi. Et son Corps (à la fois historique, sacramentel et mystique) porte désormais les marques de sa glorification et de la nôtre… "Victoire, tu règneras, Ô Croix, tu nous sauveras !"








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