15/03/2008

"Si nous souffrons avec lui,
avec lui nous règnerons..."
Hosanna ! au Fils de David


Bonjour à vous tous
en ce dimanche des rameaux !

Rome ! C'est dans cette ville que commença réellement, il y a plus de 2000 ans, l'aventure du christianisme qui, parti de l'orient, gagna tout l'occident et le reste du monde. Dans cette ville, le petit noyau de chrétiens animé par l'apôtre Pierre était regardé avec curiosité par les patriciens et autres notables romains. Ils étaient considérés comme une petite secte aux mœurs bizarres. Lorsqu'ils se réunissaient dans les catacombes pour prier et commémorer la Pâque du Seigneur, on disait qu'ils se cachaient pour "manger un petit enfant".


Il existe à Rome une petite ruelle, la "Via Appia", datant de cette époque et, dans cette ruelle, une église qui porte le nom de "Quo vadis ?" L'histoire raconte que durant la persécution de Néron, l'apôtre Pierre et sa petite communauté furent priés de quitter la Ville afin de se mettre en sécurité et servir, si possible, une autre communauté. Mais à la Porte de cette grande Cité antique, il voit le Christ venir à sa rencontre. Surpris et désemparé à la fois, Pierre lui demande : "Quo vadis, Domine?" (où vas-tu, Maître?). Et Christ de lui répondre : "Je vais à Rome pour être de nouveau crucifié et mourir à ta place". Cette réponse fit revenir immédiatement Pierre sur ses pas. Il retourna dans la Ville, avec la pleine conscience du danger qui l'attendait. il fut aussitôt arrêté et crucifié, la tête en bas.

Cette histoire doit nous donner à nous aussi envie de demander à Jésus : "Où vas-tu, Maître, à travers ce monde si désenchanté? Où vas-tu, Maître, au milieu de ces gens qui ne cherchent que ta perte, au milieu de cette foule que l'on soulève contre toi?" . L'épisode de l'Evangile de ce jour, avec le récit de la Passion, donne une réponse claire à ces interrogations que chacun de nous peut faire siennes.


En effet, lorsque Jésus entre dans Jérusalem, à dos d'âne, il accomplit un geste symbolique qui fait écho au couronnement de Salomon : ce dernier fut hissé sur un mulet pour être conduit devant le peuple, dans la ville sainte et sous les cris et les ovations. Qu'il nous souvienne également que, depuis les siècles, les prophètes avaient annoncé que le Messie apparaîtrait assis sur un âne. Zacharie lui aussi ne clamait-il pas la venue d'un Roi juste, humble et victorieux, monté sur un âne, un roi qui briserait l'arc de guerre et apporterait la paix pour les nations? Le chemin particulier emprunté par Jésus jusqu'à sa fin tragique devient donc limpide et chargé de sens : c'est un chemin de Paix et de lutte contre l'injustice et le mal, un chemin d'amour et de lutte contre l'arbitraire et la haine. Ce parcours étonnant va le mener des ovations de la foule en ferveur à l'abandon et au lâchage, y compris des plus fidèles. Il va passer de l'acclamation du peuple à une solitude de plus en plus grande, jusqu'à la mort atroce, les bras en croix, ouverts aux hommes et à son Père...

Sur le moment ceux qui calculent manœuvrent, ceux qui ont soif de pouvoir semblent victorieux, mais ils ne parviennent pas à vaincre et anéantir l'amour qui est en Jésus. Et alors qu'il nous ouvre ses bras et nous montre le chemin, se pose à chacun d'entre nous la même question : "quo vadis?" (où vas-tu?) toi mon frère ? Mais bien plus encore : le chrétien que tu es est-il le chemin d'amour, celui-là même dont Jésus est le symbole parfait? Es-tu le chemin d'amour montré par le Christ? Est-ce que tu continues d'avancer sur cette route, fût-ce à dos d'âne, en dépit des insultes, des railleries, des calomnies et du mépris dont tu peux faire l'objet. Le chemin de l'amour est une épreuve difficile, et nous réalisons souvent dans la douleur et la désespérance que cet amour n'est pas facile à monnayer en actes.

Aujourd'hui, Jésus rentre dans Jérusalem avec gloire, certes, mais aussi pour y subir les vicissitudes de l'ego humain, sa soif du faux pouvoir, son enfermement matérialiste et sa vision désespérément re(n)fermée. Mais face à cela, Jésus va écrire les plus belles de ce message d'amour avec son sang, déterminé à nous entraîner avec lui dans sa résurrection et sa gloire. A cet instant et dans l'avenir, en pensant à ceux avec qui il nous est difficile de partager, de parler, ne pouvons-nous pas regarder Jésus en croix et puiser auprès de lui cette force capable de nous pénétrer au point de nous transformer pour donner aux autres cet amour que lui-même nous donne sans compter ? Qu'il est exaltant d'être en cela de véritables fous qui (certes!) se cherchent noise en permanence et s'engueulent vertement jusqu'à ce que, enfin, ils parviennent à se comprendre, à s'apprécier et à s'aimer. Des fous qui ne perdent jamais l'espoir qu'en chaque femme et chaque homme brûle une étincelle divine, une étincelle qu'une brise même légère peut transformer en feu ardent de l'Esprit, en flamme d'Amour.

Alors, si nous hésitons encore, si nous pensons que de toutes les façons nous perdrons toujours au change et que nous serons déçus au regard des efforts que nous aurons consentis... souvenons-nous du chemin du Christ : aucun rejet, aucune croix, aucune mort n'ont pu l'empêcher de prendre la route du Royaume. Réfléchissons donc à la réponse que nous lui donnons quand il nous demande : "Quo vadis?" Où vas-tu, toi qui a essayé de vivre ce carême tant bien que mal, et qui t'apprêtes à célébrer la Pâque qui t'a fait naître la vie ? Jésus entre dans Jérusalem, il entre dans notre cœur, cette cité que nous devons sans cesse embellir pour l'accueillir triomphalement.

Hosanna! Hosanna! au Christ dans nos cœurs... Hosanna! Hosanna! au Fils de David.

Source iconographique : 1)- Rameau d'olivier = dilaurus.club.fr / 2)- Entrée de Jésus dans Jérusalem = galerie-icone.org


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