28/03/2008

"La paix soit avec vous…"

Ce Dimanche, le deuxième de Pâques, est appelé « Dimanche de la divine Miséricorde ». Il a été institué par le Pape Jean-Paul II, le 30 avril 2000, à l’occasion de la canonisation de Sœur Faustine (Faustyna Kowalska), religieuse polonaise de la Congrégation Notre-Dame de la Miséricorde.


Les textes de ce jour :
- Actes des apôtres (Ac 2, 42-47)
- Première Lettre de St Paul (1 P 1, 3-9)
- Evangile selon St Jean (Jn 20, 19-31)
____________________________________________________________________

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20,19-31

Ce même soir, le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n'était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.

____________________________________________________________________

Quelques repères pour notre méditation

Plantons le décor : des disciples tellement apeurés après la mort de leur Maître (Pierre l’a même renié!) qu’ils se terrent dans une maison. Pour eux, il est salutaire de se « faire oublier », de se soustraire à la vindicte du pouvoir et des sarcasmes des pharisiens. Et voilà que Jésus vient à eux, comme par effraction : Il brise les portes de leur "trou" et, plutôt que de leur reprocher leur lâcheté, il leur délivre un message d’amour, il installe en eux un désir de pardon : ('littéralement "Bonjour !") « La paix soit avec vous ! ». A celà, les disciples (enfin, pas tous spontanément…) reconnaissent le Seigneur. Cette adresse de Jésus est un signe supplémentaire de la vie nouvelle à laquelle il convie tous les hommes. Les fruits de sa résurrection sont (doivent être) partagés universellement. C’est d’ailleurs la mission qu’il assigne désormais à ses disciples.

« Bienheureux les miséricordieux, car ils recevront miséricorde » (Mt 5, 7). « Faites misécorde », telle pourrait être l’injonction que Jésus fait à ses disciples, c’est-à-dire à nous tous qui avons accepté de marcher à sa suite. L’acte de miséricorde est une grâce de Dieu lui-même parce qu’il est libérateur de soi et des autres. Cette grâce, Jésus nous y dispose en nous insuflant son Esprit saint. L’évangile, quand il est annoncé et vécu, y compris dans les tourmentes socio-politiques, suppose une profonde et véritable transformation de son propre regard, de sa propre parole, de son propre agir…

Et puis, qu’il est difficile de croire ! En tout cas pas simple… Thomas a une chance inouïe : Jésus lui offre une preuve (toucher la plaie) pour sa foi. Cependant, souvent présenté comme l’exemple du disciple qui doute, Thomas est somme toute la figure ordinaire des chrétiens que nous sommes aujourd’hui, recherchant des preuves matérielles en toutes circonstances. Or le fait même que Jésus apparaisse aux apôtres dans son unique corps à la fois physique et transfiguré, doit nous faire comprendre que notre acte de foi ne saurait résulter d’une simple réduction (comme en mathématiques – quand on réduit une équation , ou en cuisine quand on réduit une sauce) de cette dualité. Bien au contraire, notre foi doit « tenir ces deux bouts » de cette seule et même réalité. Car par la résurrection, nous participons à ce Corps glorieux transformé par l’amour du Père. Ce Corps doit sans cesse nous rappeler que la résurrection est bien le passage de la corruption à l’incorruptibilité, de la criminalité à la justice, de la faiblesse à la force, de la culpabilité mortifère à la vie nouvelle dans l’Esprit, de la matière à l’esprit. C’est ce qui nous permet de croire que notre propre corps est appelé à ressusciter.

« La foi recherche l’intelligibilité, mais ce n’est pas la raison qui nous ouvre le chemin de la foi », écrivait Saint Augustin de Canterbury. Thomas touche le corps du Christ, puis s’exclame : « mon Seigneur et mon Dieu ! ». Certes ! Mais il ne suffit pas de toucher pour croire… L’Esprit que Jésus insuffle aux disciples est ce souffle qui fait irruption dans nos âmes, pour faire de nous des croyants, des hommes nouveaux, brûlants d’allégresse, et sûrs de ce que nos vies sont illuminées par cette force qui nous permet désormais de «voir» (au sens de Saint Jean : non pas visoin sensible, mais perception nouvelle qui s’ouvre au regard du croyant grâce à l’action de l’Esprit) le Seigneur à l’œuvre dans le monde à travers nos actes et nos témoignages, avec et par sa grâce.

«Sans Te voir, nous t’aimons | Sans Te voir, nous croyons | Et nous exultons de joie, Seigneur | Sûrs que Tu nous sauves | Nous croyons en Toi» (RP Lucien Deiss †)


Evangile : extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Crédit photo : zehwyn.online.fr

Aucun commentaire: