23/04/2012

"Il fallait que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi…"


Dimanche 22 avril 2012

Chers amis, bonjour !

En ce  3e dimanche de Pâques, les textes qui nous sont proposés par la liturgie parlent de la connaissance de Dieu, du respect et de la pratique de son commandement dans une vie nouvelle offerte en Jésus le ressuscité. Un seul appel au pécheur que nous sommes, que nous croisons au hasard de nos rencontres.: se convertir et revenir à Dieu.


• Lecture du livre des Actes des Apôtres (« 3, 13-15. 17-19)
Devant tout le peuple,
Pierre prit la parole :
« Hommes d'Israël,
13 le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob,
le Dieu de nos pères,
a donné sa gloire à son serviteur Jésus,
alors que vous, vous l'aviez livré ;
devant Pilate, qui était d'avis de le relâcher,
vous l'aviez rejeté.
14 Lui, le saint et le juste, vous l'avez rejeté,
et vous avez demandé
qu'on vous accorde la grâce d'un meurtrier.
15 Lui, le chef des vivants, vous l'avez tué ;
mais Dieu l'a ressuscité d'entre les morts,
nous en sommes témoins.
17 D'ailleurs, frères, je sais bien
que vous avez agi dans l'ignorance, vous et vos chefs.
18 Mais Dieu qui, par la bouche de tous les prophètes,
avait annoncé que son Messie souffrirait,
accomplissait ainsi sa parole.
19 Convertissez-vous donc et revenez à Dieu
pour que vos péchés soient effacés. »

Le message des apôtres à l’attention des différentes communautés qu’ils rencontrent est toujours le même, et ici Pierre s’adresse à des juifs : Le Jésus que vous avez fait condamner à la crucifixion est mort, mais le Seigneur Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et il est vivant, « nous en sommes les témoins ». Alors, convertissez-vous et revenez au Dieu de nos Pères Abraham, Isaac et Jacob.
Seulement, dans son discours au peuple, Pierre est — comme on dit vulgairement — un peu « gonflé ». Reprocher aux autres d’avoir livré Jésus à Pilate et d’avoir échangé sa condamnation contre la libération d’un meurtrier alors que lui-même le reniera plus tard par trois fois au chant du coq. Mais passons ! Il s’en était immédiatement repenti.
Mais revenons aux paroles de Pierre. Il emploie à dessein des mots qui renvoient à l’enseignement des prophètes, particulièrement à Isaïe :
• « Le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur ». Cela renvoie à l’idée qu’en Jésus, les chrétiens reconnaissent le mystérieux serviteur que le prophète a décrit dans son chant (Is 52, 13 ; 53, 12). Cette glorification, c’est la résurrection même du Christ, celle que Jean relate dans la Prière sacerdotale de Jésus [(Jn 17, 5) : « Maintenant, Père, glorifie-moi de la gloire que j’avais près de toi avant que fût le monde. » Autrement dit la gloire que Jésus possédait dans sa préexistence divine, celle que toute éternité lui réserve le Père].
• « Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié » : Toujours en référence à ce chant du serviteur, la figure du Jésus livré au pouvoir romain est reprise par tous les apôtres — et particulièrement Paul — dans leurs prédications, comme pour mettre l’ensemble du peuple face à ses responsabilités [« … nous qui croyons en celui qui ressuscita d’entre les morts Jésus notre Seigneur, livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 24) — «… ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20) — « … Oui, cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés, et suivez la voie de l’amour, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur » (Ep 5, 1-2)].
Renié, Jésus l’a été par les siens comme autrefois Moïse.


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• Psaume 4, 2. 7. 9
Quand je crie, réponds-moi,
Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !

7 Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, SEIGNEUR, que s'illumine ton visage !
9 Dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors ;
car tu me donnes d'habiter, SEIGNEUR, seul, dans la confiance

Ce psaume 4, qui est en réalité une prière individuelle du soir (« Frémissez mais ne péchez pas, sur votre couche méditez, mais en silence ! » vv 5 et 6), une prière de confiance et de gratitude envers Dieu, la seule source de bonheur. À noter que le bonheur, c’est justement ce que recherchent tous les hommes et en particulier le psalmiste qui vient certainement de vivre une épreuve de resserrement, de pression, de compression, d’ « emprisonnement » ; d’où l’intensité de sa brève supplication : « « Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière! » (v. 2). Comme un prisonnier pris par le vertige de la liberté, le psalmiste voudrait que toute la communauté soit saisie du même sentiment de bonheur et de liberté en Dieu : « Sur nous, Seigneur, que s'illumine ton visage! ». Lui qui est empli de sagesse, en appelle ses frères à la pratique de la vertu de la morale divine nourrie de piété intérieure et de culte public. Car plus délicieux que la nourriture du quotidien et le vin des bacchanales, la joie dans le Seigneur procurent sécurité et paix véritables. En retour, le psalmiste invite ses frères à l’offrande et au don de soi en action de grâces pour tout ce que le Seigneur donne sans compter. Des offrandes justes, c’est-à-dire des gestes, des comportements conformes à la justice de Dieu : « Offrez les offrandes justes. » (v. 6) Mais comme souvent dans les psaume, derrière le « JE » il faut lire de « NOUS » qui renvoie à tout un peuple qui se souvient ici que le seul Dieu véritable, Celui qui a arraché les Hébreux des griffes du Pharaon et les a fait passer à pied sec de l’autre côté de la Mer Rouge, ce Dieu libérateur agit au présent au milieu d’eux en toute confiance : sur eux s’illumine son visage. 

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• Deuxième Lecture - 1 Jean 2, 1 - 5a
1 Mes petits enfants,
je vous écris pour que vous évitiez le péché.
Mais, si l'un de nous vient à pécher,
nous avons un défenseur devant le Père :
Jésus Christ, le Juste.
2 Il est la victime offerte pour nos péchés,
et non seulement pour les nôtres,
mais encore pour ceux du monde entier.
3 Et voici comment nous pouvons savoir
que nous le connaissons :
c'est en gardant ses commandements.
4 Celui qui dit : « Je le connais »,
et qui ne garde pas ses commandements,
est un menteur :
la vérité n'est pas en lui.
5 Mais en celui qui garde fidèlement sa parole,
l'amour de Dieu atteint vraiment la perfection.
Pour l’apôtre Jean, si quelqu’un veut marcher dans la lumière, il doit mettre ses pas dans ceux de Jésus. Mais à cela, une condition préalable : rompre avec le péché. Car, nul ne peu affirmer connaître Dieu et en même temps se complaire dans le péché. Sans doute Jean reprend ici à son compte les paroles prononcées par Jésus lui-même dans sa « Prière d’adieu » : « … Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Et ma parole n’est pas mienne, c’est la parole de celui qui m’a envoyé » (Jn 14, 23-24) — «  Si vous gardez mes commandements, vous demeurez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour » (Jn 14, 10).
En effet, la mort et la résurrection du Christ a institué un nouvel ordre d choses, un nouvel ordre du monde : le monde, dont le péché principal est l’incrédulité, se secrète que la haine et la tourmente. Ce péché est mis en lumière par le Saint Esprit de Dieu qui manifestera son origine divine et son être céleste. En même temps, le Paraclet manifestera l’unité de la perfection divine dans laquelle le Fils glorifie le Père dont il tient tout et qui s’achève dans l’Esprit. Cet Esprit qui révèlera le sens de la mort de Jésus comme la défaite et l’irrévocable condamnation du Prince de monde incrédule. Le nouvel ordre est celui de l’amour fraternel en Christ. C’est là tout le sens de la connaissance de Dieu dans l’observance de sa Parole. Ainsi, Dieu est en nous comme principe de vie, et puisqu’il est Lumière, justice et amour, celui qui est uni à Dieu ne peut donc que mener une vie de lumière, de justice et d’amour, en gardant ses commandements au premier rang desquels l’amour mutuel entre frères (« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »).
La foi et l’amour sont par conséquent les signes les plus forts par lesquels on peut reconnaître cette vie en Dieu et la présence de celui-ci au cœur de la vie de ceux qui croient en son nom. L’amour de Dieu pour nous est toujours là, donné, offert à la perfection, en dépit de nos faiblesses. Une sorte de compte d’amour illimité pour lequel, par Jésus-Christ, il nous est donné de puiser sans compter pour irriguer la vie de nos frères. Source éternelle jaillie du flanc percé du Christ en croix, l’amour de Dieu pour les hommes est parfait et illimité : comme son Esprit Saint, il emplit l’univers.
Mais, pour Jean, marcher dans la lumière suppose de rompre avec le péché, d’observer les commandements (principalement celui de la charité), de se garder du monde et de ses antéchrists. Il en va de même pour qui veut vivre en enfants de Dieu : la source de la charité et de la foi est en Christ lui-même, lui qui est notre avocat auprès du Père, lui le Juste, victime propitiatoire pour nos péchés, « non seulement les nôtres, mais aussi ceux du monde entier ».

 


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• Évangile - Luc 24, 35 - 48
Les disciples qui rentraient d'Emmaüs
racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons
35 ce qui s'était passé sur la route,
et comment ils avaient reconnu le Seigneur
quand il avait rompu le pain.
36 Comme ils en parlaient encore,
lui-même était là au milieu d'eux,
et il leur dit : « La paix soit avec vous. »
37 Frappés de stupeur et de crainte,
ils croyaient voir un esprit.
38 Jésus leur dit :
« Pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Et pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ?
39 Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi !
Touchez-moi, regardez :
un esprit n'a pas de chair ni d'os,
et vous constatez que j'en ai. »
40 Après cette parole,
il leur montra ses mains et ses pieds.
41 Dans leur joie, ils n'osaient pas encore y croire,
et restaient saisis d'étonnement.
Jésus leur dit :
« Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
42 Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé.
43 Il le prit et le mangea devant eux.
44 Puis il déclara :
« Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites
quand j'étais encore avec vous :
Il fallait que s'accomplisse
tout ce qui a été écrit de moi
dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
45 Alors il leur ouvrit l'esprit
à l'intelligence des Ecritures.
46 Il conclut :
« C'est bien ce qui était annoncé par l'Ecriture :
les souffrances du Messie,
sa résurrection d'entre les morts le troisième jour,
47 et la conversion proclamée en son nom
pour le pardon des péchés,
à toutes les nations,
en commençant par Jérusalem.
48 C'est vous qui en êtes les témoins. »



Jésus apparaît aux apôtres et leur donne ses dernières instructions. Nous savons qu’ils sont terrifiés par tout ce qui se passe à Jérusalem à la suite de la crucifixion, de la mort et de la résurrection de Jésus le Nazaréen. Alors, ils se sont enfermés dans une salle, portes et fenêtres closes, car ils redoutent les représailles du pouvoir romain. Dans la Ville, des pèlerins parlent sans tarir des événements qui sont survenus ces derniers jours : la résurrection du Christ. « Tu es bien le seul habitant à Jérusalem à ignorer ce qui s’est passé ces jours-ci (…) Ce qui est advenu à Jésus le Nazarénien, qui s’était montré un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamner à mort et l’ont crucifié (…) Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu » (Lc 2419-20 ; 24).

À l’évidence, la nouvelle de l’absence du corps de Jésus dans le tombeau a vite fait le tour de la Ville. Elle est même déjà parvenue aux oreilles de Pilate, des grands prêtres et des chefs qui considèrent cette réalité non seulement comme un affront, un défi hors normes, mais surtout comme une menace de l’ordre public et de leur pouvoir. Eux qui croyaient en avoir fini avec Jésus se retrouvent désormais à courir après une réalité insaisissable et dotée d’ubiquité. Certains disent l’avoir vu à Jérusalem, d’autres en Galilée, d’autres encore ailleurs… et en même temps. Notons d’ailleurs que dans les apparitions relatées par Luc et Jean, les disciples eux aussi ne reconnaissent pas le Seigneur au premier abord ; ils sont interpelés par un signe, une parole («  Or une fois à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent… mais il avait disparu devant eux »). C’est que, tout en demeurant identique à lui-même, le corps du Christ ressuscité est désormais dans un état nouveau qui modifie sa forme extérieure (Mc 16, 12) et l’affranchit des conditions sensibles de ce monde (Jn 20, 19) : tel est ce corps glorieux dont parlera Paul dans sa Lettre aux Corinthiens (15, 44 +). Mais ici Luc écrit pour des Grecs, eux qui considèrent l’idée même de résurrection comme une absurdité ; c’est la raison pour laquelle il insiste tant sur la réalité (l’aspect) physique du corps de Jésus le ressuscité : « “Pourquoi tout ce trouble, et pourquoi des doutes s’élèvent-ils en vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! Touchez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai“. Ce disant, il leur montra ses mains et ses pieds… ». Puis au-delà de ces preuves « matérielles », il leur ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures : « « Rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j'étais encore avec vous : Il fallait que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »

L’accomplissement dont parle Jésus est inscrit comme génétiquement dans le dessein de Dieu pour les hommes. En effet, Jésus est la figure historique qui fait le lien dans toute la création, au ciel et sur la terre, dans l’univers visible et invisible. Depuis Adam, l’histoire de l’humanité est liée à la personne du Messie dont l’annonce a été faite, entretenue et renouvelée par les prophètes, ce Messie dont la venue a été accueillie et portée par Marie, l’élue de Dieu. Et tout nous force à croire a posteriori que Jésus est bien les Serviteur souffrant que décrit Isaïe dans son « Quatrième chant » : «  Comme un surgeon il a grandi devant nous (…) il a été méprisé et déconsidéré. Or c’étaient nos souffrances qu’il supportait et nos douleurs dont il était accablé. Et nous autres, nous l’estimions châtié, frappé par Dieu et humilié. Il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasé à cause de nos crimes. (…) Et Yavhé a fait retomber sur lui les crimes de nous tous. Affreusement traité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche. Comme un agneau conduit à la boucherie, comme devant les tondeurs une brebis muette, et n’ouvrant pas la bouche. (…) Oui, il a été retranché de la terre des vivants ; pour nos péchés, il a été frappé à mort. On lui a dévolu sa sépulture au milieu des impies et son tombeau avec les riches, alors qu’il n’a jamais fait de tort ni de sa bouche proféré de mensonge… » (Is 53, 2 +).

En Jésus s’accomplit le dessein de Dieu pour les hommes au sens où en lui s’achève ce qui longuement et lentement a macéré dans le flux de l’histoire (« Avant même la fondation du monde », dirait Paul). Une histoire au cours de laquelle Dieu a toujours été fidèle à sa promesse originelle : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa ». Dieu les bénit et leur dit : “Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la…“ (Gn 1, 27 +). Dès le départ donc, la ressemblance (nous préférons ce terme à celui « d’image » qui implique une parité) de l’homme en sa qualité de “personne“ au Dieu Créateur prépare une révélation fondamentale qui est la participation à sa nature par la grâce. Mais Jésus nous assigne une belle mission d’annonce de sa Parole. Aux apôtres qui ont été les témoins directs de ses œuvres pendant qu’il était avec eux, il leur demande d’aller partout annoncer la Bonne Nouvelle et, à l’invocation de son Nom et par la force de d’en-Haut, remettre les péchés de ceux qui se repentent. Car le péché est signe de rupture de l’alliance avec Dieu et de la non connaissance de son commandement d’amour. La conversion dont les apôtres (et nous après eux) sont les ouvriers est donc mission permanente.
2000 ans après la mort et la résurrection du Christ, l’Esprit qui agit en nous par la grâce de Dieu ne poursuit pas un autre dessein que celui d’étendre par notre exemple et notre fidélité ce message d’amour sur toutes les nations et dans de plus en plus de cœurs des hommes : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie », dit Jésus dans l'évangile de Jean (Jn 20, 21). Christ, le Nouvel Adam, ne nous laisse pas oisifs, comme si l’histoire s’était arrêtée une fois pour toutes. Comme il a agi, il nous demande d’être des « agents », des « actants » en Église et au milieu du cœur avec la même patience que celle de Dieu lui-même à l’égard du peuple élu et de tous les hommes de la terre. Les talents, c’est maintenant qu’il s’agit de les faire fructifier. Il nous a laissé la graine de Vie, sa Bonne Nouvelle… à nous de la semer quelles que soient les circonstances sociales, politiques, économiques… quel que soient notre statut social aussi… pour qu’elle porte du fruit, et du fruit en abondance jusqu’au jour de son retour.

Connaître Dieu ne signifie pas le « savoir » : Dieu n’est pas une leçon de choses, ses commandements non plus. Quand Jean écrit « Celui qui dit : “ Je le connais “, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n'est pas en lui », il signifie par là que la connaissance de Dieu par l’expérience quotidienne et de ses commandements n’est affaire de raison mais de foi, c’est-à-dire « d’incarnation » de sa Parole dans notre chair, dans notre vie. Croire n’est pas savoir. Le savoir procède de l’intelligence, de la raison, cependant que croire c’est se laisser « toucher » par la grâce, se laisser habiter par cette présence qui ne se démontre pas de manière expérimentale comme dans un laboratoire. C’est ce qui explique que Jésus, le ressuscité, ne donne aucune preuve de sa résurrection : il est désormais pure présence spirituelle au milieu des hommes. Tout au plus, il se laisse deviner par des signes (la fraction du pain, par exemple). Il nous place dans un espace de liberté active d’un choix fondamental : croire ou ne pas croire. Oui, mais il n’y a plus de fait matériel, d’une quelconque preuve directe de ce Jésus qui nous appelle à vivre ses commandements. Notre socle consiste en ce témoignage vivant de nos frères en Église. Nous croyons sans avoir vu. Les apôtres eux-mêmes n’ont jamais vu le Christ jaillissant du tombeau. Pourtant, ils croient qu’il est désormais vivant, et ce d’autant plus qu’ils sont enfermés dans cette salle avec Marie sa Mère, celle qui est dans le secret de ce mystère grandiose. Ainsi, le signe le plus vivant de sa présence dans le monde, c’est la vie de ses disciples, apôtres et membres des communautés en Église : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Jusqu’après sa résurrection, le Christ nous fait acteurs responsables et associés à l’œuvre de salut qui se poursuit et dont nous sommes les témoins.
En grec, c’est le même mot qui signifie « témoin » et « martyre »… À méditer ! Dans cette France où le principe de laïcité organise désormais la relation des Églises et de l’État, il est affligeant de constater jour après jour que ce principe se fourvoie dans ce qu’on pourrait appeler le « laïcisme », c’est-à-dire l’excès d’une laïcité « paralysante » et « mortifère » qui contraint le chrétien à ne plus témoigner de sa foi en public. Certes, il ne s’agit pas de parader dans les rues et d’obliger les autres à adhérer à notre religion… il est question de ne plus avoir honte de dire et de montrer que nous sommes des Enfants de Dieu, fiers de l’héritage reçu de nos pères.



16/04/2012

« C’est l’Esprit qui rend témoignage, parce que l’Esprit est la vérité ».


Deuxième Dimanche de Pâques (15 avril 2012)

Chers amis, bonjour !

En ce deuxième dimanche de Pâques, l’Église nous propose de méditer sur les trois textes suivants :
Première Lecture - Actes des Apôtres 4, 32 - 35
Psaume 117 (118), 1.4. 16-17. 22-23. 24-25
Deuxième Lecture - 1 Jean 5, 1 - 6
Évangile - Jean 20, 19 - 31

Comme à l’accoutumée, je vous suggère quelques pistes de méditation pour chacun de ces textes, plutôt dans une optique d’étude biblique. Pour la méditation du Psaume, il m’a paru enrichissant de mettre à votre disposition deux contributions de prêtres. Ces deux contributions ramènent les messages du psaume (avec le RP Jérôme Longtin) et celui de l’Évangile [avec le RP Raymond Harguindéguy, de Saint-Priest (69)] à la vie concrète de chaque chrétien.


• PREMIERE LECTURE - Actes des Apôtres 4, 32 - 35
La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi
avait un seul cœur et une seule âme ;
et personne ne se disait propriétaire
de ce qu'il possédait,
mais on mettait tout en commun.
33 C'est avec une grande force
que les Apôtres portaient témoignage
de la résurrection du Seigneur Jésus,
et la puissance de la grâce était sur eux tous.
34 Aucun d'entre eux n'était dans la misère,
car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons
les vendaient,
35 et ils en apportaient le prix
pour le mettre à la disposition des Apôtres.
On en redistribuait une part à chacun des frères
au fur et à mesure de ses besoins.
Ce texte qui décrit la première communauté chrétienne a de quoi faire pâlir les plus irréductibles des théoriciens du socialisme ou du communisme. Un texte qui devrait être relié aux deux autres qui le suivent immédiatement [« La générosité de Barnabé » (4, 36-37) et « La fraude d’Ananie et de Saphire » (5, 1-11) : le premier vend son propre champ et apporte l’argent aux Apôtres. Les seconds, un couple, vendent une propriété et en détournent une partie de l’argent de la vente qu’ils offrent aux Apôtres sous la colère de Pierre : « ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu »].
Mais dans l’un  et l’autre cas comme il est question de mise en commun des biens, de renoncement même à la propriété privée. Mais on reconnaît là aussi l’insistance particulière de Luc sur le dépouillement effectif des biens et richesses matériels. Comme les oiseaux qui ne sèment ni ne moissonnent, les premiers chrétiens se libèrent de l’accaparement matériel pour se rendre disponibles à l’Esprit Saint de Dieu.
Avec une grande force et beaucoup de puissance, les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Cela se traduisait dans les nombreux miracles qu’ils accomplissaient « au nom de Jésus le ressuscité » [« Hommes d’Israël, écoutez ces paroles. Jésus le Nazaréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés au milieu de vous… » (Ac 2, 22-25) ; « Ils firent comparaitre les apôtres et se mirent à les questionner : “Par quel pouvoir ou par quel nom avez-vous fait cela, vous autres ? “ (Ac 4, 7) ; « Étienne, rempli de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple » (Ac 6, 8) ; « Simon (le magicien) lui-même crut à son tour ; ayant reçu le baptême, il ne lâchait plus Philippe, et il était dans l’émerveillement à la vue des prodiges et des miracles insignes qui s’opéraient sous ses yeux » (Ac 8, 13). On peut également mentionner « Le Discours de Pierre à Corneille » (Ac 10, 34-43), et bien d’autres témoignages encore…)]. Et c’est par ces témoignages ainsi que les miracles qu’ils opéraient sous leurs yeux que les apôtres jouissaient tous d’une grande ferveur auprès du peuple. Or tout ceci est possible par la foi qu’ils ont en Christ le ressuscité qui leur a envoyé son Esprit Saint, c’est-à-dire sa puissance aimante et éclairante qui les habite désormais et qui agit en eux et par eux. Et, comme les récoltes du printemps sont offertes à Dieu en signe d’action de grâce, les Apôtres rendent gloire au Christ ressuscité pour tous les dons dont l’Esprit Saint les comble par pure grâce.


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• PSAUME 117 (118), 1.4. 16-17. 22-23. 24-25
1 Rendez grâce au SEIGNEUR : il est bon !
Eternel est son amour !
4 Qu'ils le disent, ceux qui craignent le SEIGNEUR,
Eternel est son amour !

16 Le bras du SEIGNEUR se lève,
le bras du SEIGNEUR est fort !
17 Non, je ne mourrai pas, je vivrai,
pour annoncer les actions du SEIGNEUR.

22 La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle ;
23 c'est là l'œuvre du SEIGNEUR,
la merveille devant nos yeux.

24 Voici le jour que fit le SEIGNEUR,
qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !
25 Donne, SEIGNEUR, donne le salut !
Donne, SEIGNEUR, donne la victoire !

Pour nous aider à comprendre ce psaume et méditer son message, j’ai pensé intéressant d’aller quêter chez d’autres exégètes, biblistes ou spiritualistes, certains repères. Le texte qui suit est du RP Jérôme Longtin ; il propose un cadre de compréhension de cet écrit et des pistes de cheminement dans cette recherche de sens pour notre foi.
Le jour que fit le Seigneur… Lors des grandes fêtes, en particulier lors du repas pascal, les Juifs chantent le Hallel - le mot signifie louange, d'où Alléluia - recueil de six psaumes: 113 (112) à 118 (117). Jésus lui-même a observé cette coutume, le soir de son dernier repas avec ses disciples (cf. Mc 14,26). Le fait que ces psaumes aient été chantés à la suite l'un de l'autre a entraîné diverses perturbations dans la transmission du texte; c'est pourquoi cette section est la plus troublée de tout le psautier en ce qui concerne la division des psaumes et leur numérotation.
Le psaume 114(113a) fait explicitement référence à la Pâque juive: le passage de la mer et celui du Jourdain. Par contre, les chrétiens ont retenu comme hymne pascal par excellence le psaume 118(117), originellement prévu pour la fête des Tentes, semble-t-il (cf. v. 27). En ce temps pascal, nous allons découvrir ce psaume que nous retrouvons dans la liturgie, entre autres, de la Veillée pascale, du jour de Pâques, et du dimanche suivant.
1. Quels liens peuvent être faits entre le texte de ce psaume et la célébration de Pâques ?
2. Comment un(e) chrétien(ne) peut-il (elle) se situer pour prier ce psaume ?

Observations
Quelques observations, tout d'abord, à partir de questions de base pour entrer dans un psaume. Celui-ci est complexe et comporte probablement des parties dialoguées entre deux chœurs ou un soliste et un chœur. Comme il n'est pas facile de déterminer exactement les changements d'interlocuteur, on a l'impression d'une certaine confusion, spécialement à partir du v. 15. Cette difficulté ne doit pas nous empêcher d'aller plus loin.
Il s'agit nettement d'une action de grâce pour avoir été délivré d'un mal qui menaçait la vie même. Celui qui prie a été attaqué par des adversaires puissants mais Dieu est intervenu pour le sauver (cf. versets 10-13,18). À l'origine, il s'agissait peut-être d'une action de grâce individuelle, à la suite d'un événement précis mais le psaume a été réinterprété dans un sens collectif (cf. versets 1-4): c'est tout le peuple d'Israël qui remercie Dieu de le délivrer de ses ennemis. Durant la plus grande partie du psaume, les interlocuteurs s'invitent, à tour de rôle, à louer Dieu; en quelques occasions, on s'adresse directement à Dieu (versets 21.25-28), sans qu'on puisse toujours percevoir clairement les raisons de ce changement.
C'est le v. 24 qui a servi de point de départ à l'interprétation chrétienne de ce psaume : « Voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie. » Le jour par excellence est celui de la résurrection, ce jour unique, source de la joie et de l'espérance chrétienne. Par ailleurs, le v. 22 était déjà appliqué à Jésus dans Mt 21,42 (voir aussi Mc 12,10-11; Lc 20,17; Ac 4,11). Jésus est identifié à la pierre rejetée par les constructeurs, c'est-à-dire par le peuple juif, mais établie par Dieu comme fondement du nouveau peuple, l'Église. Partant de là, il est facile d'appliquer à Jésus les passages du psaume qui évoquent la délivrance d'un péril extrême, en particulier les versets 17-18 qui mentionnent la délivrance de la mort elle-même. Lus dans une perspective chrétienne, ces versets s'appliquent à l'initiative de Dieu qui n'épargne pas la mort à son Fils, mais qui le délivre même dans la mort.
Dans la résurrection de Jésus, c'est toute l'humanité qui est délivrée de la mort. C'est donc le Christ total - tout le corps mystique, depuis Jésus lui-même jusqu'au dernier des croyants - qui peut entonner cet hymne et dire à Dieu: « Je te rends grâce, car tu m'as exaucé; tu fus pour moi le salut. » (verset 28)

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Note
Au verset 25, on trouve, en hébreu, les mots hoshiah-na, sauve donc! Cette formule est passée dans la langue latine, puis française et est encore utilisée dans la liturgie sous la forme Hosanna. D'ailleurs, la deuxième partie du Sanctus de la messe latine est inspirée directement des versets 25 et 26 de ce psaume.



• DEUXIEME LECTURE - 1 Jean 5, 1 - 6
Tout homme qui croit que Jésus est le Christ,
celui-là est vraiment né de Dieu ;
tout homme qui aime le Père
aime aussi celui qui est né de lui.
2 Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu
lorsque nous aimons Dieu
et que nous accomplissons ses commandements.
3 Car l'amour de Dieu, c'est cela :
garder ses commandements.
Ses commandements ne sont pas un fardeau,
4 puisque tout être qui est né de Dieu
est vainqueur du monde.
Et ce qui nous a fait vaincre le monde,
c'est notre foi.
5 Qui donc est vainqueur du monde ?
N'est-ce pas celui qui croit
que Jésus est le Fils de Dieu ?
6 C'est lui, Jésus Christ,
qui est venu par l'eau et par le sang :
pas seulement l'eau,
mais l'eau et le sang.
Et celui qui rend témoignage, c'est l'Esprit,
car l'Esprit est la vérité.
Cet extrait de la Première Épître de Saint Jean nous recentre à la source de la charité et de la foi. Les mots et leur combinaison rappellent la fameuse « Prière sacerdotale » de Jésus avant son entrée dans la Passion (voir Jn 17, 1-26). C’est le même credo que reprennent tous les apôtres dans leurs prêches : qui croit véritablement est né de Dieu, il aime donc Dieu comme son Père d’un amour qu’il étend à tous ses autres frères. Ce qui renvoie au plus grand commandement édicté par Jésus lui-même : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » Un précepte repris par Paul lorsqu’il affirme que la charité est le résumé de la Loi de Nouvelle alliance : « Tous les autres (préceptes) se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Rm 13, 9 et Ga 5, 14). En relisant l’histoire du Peuple choisi, nous pouvons noter que le message des prophètes n’était pas si différent non plus. Les divers oracles ont toujours été des appels à la fidélité au Dieu de la Révélation et à la traduction de ses commandements dans la vie de chaque fils d’Israël : « Car cette Loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au delà de tes moyens ni hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans les cieux qu’il te faille dire : “Qui montera pour nous aux cieux nous la chercher, que nous l’entendions pour la mettre en pratique ?“ Elle n’est pas au delà des mers, qu’il te faille dire : “ Qui ira pour nous au delà des mers nous la chercher, que l’entendions pour la mettre en pratique ?“ Car la Parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 11-14).  Il est intéressant de noter dans cet extrait du Deutéronome l’idée que si la Sagesse (source de bonheur) est inaccessible, Dieu se révèle cependant dans la Loi. De même, la personnification de la Parole, c’est-à-dire Dieu lui-même, sera reprise dans la théologie du Verbe par Jean dans le Prologue du quatrième Évangile et aussi par Paul lorsqu’il évoquera « La Parole de la foi » (Rm 10, 6-8). Écouter la Parole de Dieu n’est pas simple capacité d’appréhension “sonore », c’est la vivre, la mettre en pratique de sorte qu’ainsi transformés par elle, nous soyons transformés et reconnus comme tels par nos frères…
 Oui, c’est à cela que l’on reconnaîtra que nous sommes disciples et fils de Dieu. Disciples parce que renouvelés dans une nouvelle naissance en Jésus-Christ par l’eau et le sang qui coulèrent de son côté transpercé par la lance du soldat romain. Fils de Dieu en Jésus-Christ le Nouvel Adam qui nous a faits dignes de recevoir son Esprit Saint, l’Esprit de science et de vérité. Nous retrouvons ici le triptyque de Jean : l’Esprit, l’eau et le sang. L’eau ne va pas sans le sang ; en même temps elle ne peut être dissociée de l’Esprit dont elle est le symbole [Jn 4, 1 dans le magnifique épisode de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au bord du puits : « Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle » (v. 14)]
Donc, qui croit en Dieu n’y parvient pas par ses propres forces. Non ! C’est l’Esprit Saint de Dieu que nous avons reçu par la grâce du baptême qui nous donne le pouvoir de dire que Jésus-Christ est le Fils de Dieu envoyé parmi nous pour le pardon de nos péchés, lui le Messie de Dieu qui, pour notre salut, a souffert la passion, est mort et ressuscité le troisième jour, s’est manifesté auprès de ses disciples, est monté au Cieux en nous faisant la promesse de son retour pour nous prendre dans la gloire de son Royaume. Et, si nous sommes capables d’une telle déclaration de foi, et surtout de sa traduction dans chacun des gestes de notre vie, c’est bien parce que par  et en Jésus-Christ nous sommes nés de Dieu. Et ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde, de ce monde du péché et de la mort.
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• ÉVANGILE - Jean 20, 19 - 31
C'était après la mort de Jésus,
19 le soir du premier jour de la semaine.
Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient,
car ils avaient peur des Juifs.
Jésus vint, et il était là au milieu d'eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
21 Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie.
22 Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle
et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint.
23 Tout homme à qui vous remettrez ses péchés,
ils lui seront remis ;
tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils lui seront maintenus. »
24 Or, l'un des Douze, Thomas
(dont le nom signifie : « jumeau »)
n'était pas avec eux, quand Jésus était venu.
25 Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je n'y croirai pas. »
26 Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison
et Thomas était avec eux.
Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d'eux.
Il dit : « La paix soit avec vous ! »
27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-là dans mon côté :
cesse d'être incrédule,
sois croyant. »
28 Thomas lui dit alors :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
29 Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
30 Il y a encore beaucoup d'autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 Mais ceux-là y ont été mis
afin que vous croyiez
que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu,
et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.

Chaque année, cet évangile nous est proposé le deuxième dimanche de Pâques. Lorsqu’il apparaît à ses disciples, Jésus veut les rassurer, les apaiser, car depuis sa mort et sa résurrection, ils sont terrés dans une maison, toutes portes closes, dans la crainte d’éventuelles représailles de la part du pouvoir romain qui redoute que les disciples de Jésus continuent de lever des foules avec des paroles d’un autre monde. Mais Jésus vient au milieu d’eux pour leur confirmer également ce qu’il leur avait annoncé avant sa passion. Leur mission en quelque sorte : «  “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie“. Cela dit, il souffla sur eux et leur dit : “Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus“ ».
Cet épisode a été diversement relaté par les trois autres évangélistes :
1)- Chez Matthieu : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer ce que je vous ai prescrit. Et moi, je serai avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20).
2)- Chez Marc : « Et il leur dit : “ Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné » (15, 15-16)
3)- Chez Luc : « Ainsi était-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et qu’en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamée à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins » (Lc 24, 46-48).

Ce souffle que Jésus leur transmet est le symbole même de l’Esprit qu’il envoie, principe de la nouvelle création. C’est aussi le « premier don fait aux croyants ».

Tel un coach qui a senti que son équipe est « sonnée » par la tournure des événements, il vient les secouer, leur remonter le moral. Car ce jour est un point de départ, de renaissance pour sortir de toute torpeur et aller partout, chez les croyants et les non-croyants, apporter la paix du ressuscité et annoncer  la Bonne Nouvelle du salut. L’Esprit qu’il leur insuffle les amènera progressivement à la connaissance parfaite du dessein de Dieu pour les hommes, c’est-à-dire de la vérité. Le monde a soif de vérité, il l’attend comme un veilleur attend l’aurore. Il ya aura des embuches, des persécutions de toutes sortes… mais leur foi, leur puissance de croire sont plus fortes que les barrages que dressera le monde sur leur chemin. Le Christ ne sera plus là physiquement avec les disciples. Désormais, la foi qui est don de Dieu, sera nourrie du témoignage des apôtres et de ceux qui ont vécu avec lui durant sa vie sur terre : « Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».



En Jésus, blessé à mort dans ses mains et son côté, Dieu n’est jamais absent de nos histoires personnelles faites de trahisons, d’échecs et de peurs.
En Jésus ressuscité, une espérance inespérée nous est offerte, celle de pouvoir échapper à tous nos enfers.
Enfer de la haine et de la violence.
Enfer de ne pouvoir se pardonner à soi-même, se regarder avec douceur, s’aimer.
Jésus est bien, et reste bien, celui dont le côté ouvert par la lance peut transformer  nos vies par l’eau vive de l’Esprit.
En le regardant s’offrir ainsi à nos prises, comment ne pas être rempli de joie, comme les disciples ? Comblé de joie et de foi, comme Thomas ?

En situant l’apparition du Seigneur à ses disciples au « soir du premier jour de la semaine » (v. 19a), l’évangéliste Jean pense évidemment au jour du rassemblement liturgique des chrétiens, temps privilégié de la présence du Seigneur Jésus à sa communauté.
« Jésus vint, il se tint au milieu d’eux » (v. 19c).
Il est bien là, devant eux, comme il le leur avait promis dans son discours d’adieu : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous » (14, 18).
Il est là, souhaitant et offrant la paix. Comme il l’avait aussi promis : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre » (14, 27).

La foi des disciples et amis de Jésus ne commence pas par un éblouissement ; c’est lentement, péniblement qu’elle se fraie un passage à travers leurs cœurs meurtris.
« Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté » (v. 20a).
Certes Jésus est ressuscité, et le temps de sa présence physique est désormais passé.
Mais il est là, au milieu d’eux.
Et cette rencontre s’épanouit maintenant en mission.
Jésus souffle sur ses disciples (v. 22a) leur communiquant l’Esprit Saint, leur offrant de renaître en humanité et en divinité.
Envoyé par Dieu le Père, à son tour, il envoie ses disciples. Avec mission de pardon.

Puis, l’évangéliste Jean nous rapporte l’épisode de la rencontre de Thomas et du Ressuscité.
Thomas refuse le témoignage des autres disciples. Il demande à voir, à toucher, à vérifier par lui-même pour croire.
On présente souvent Thomas comme celui qui doute.
On peut le voir aussi comme le disciple qui cherche à tâtons, perdu, certitudes et projets en lambeaux, cheminant lentement, laborieusement, vers la foi authentique.
Jésus est là à nouveau. Il montre à Thomas ses mains et son côté.
Insistant ainsi sur la continuité de sa vie, et la cohérence entre sa condition passée de crucifié et sa condition actuelle de ressuscité.
L’évangéliste Jean ne nous dit pas que le disciple touche les plaies des mains et du côté de Jésus.
Comme les autres disciples, Thomas n’avait rien compris au mystère des souffrances et de la mort de Jésus. Mais voilà qu’il articule maintenant une profession de foi absolue : oui, Jésus, tu es « mon Seigneur et mon Dieu » (v. 28).
Et la scène s’achève par cette bénédiction offerte à tous ceux qui vivent dans le temps de l’absence physique de Jésus : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (v. 29b).

Par-delà les disciples présents devant lui, Jésus s’adresse à tous ceux qui leur succéderont dans la suite des temps. A tous les enfants de Dieu qu’il est venu rassembler dans l’unité.
Jésus, on le rencontrera désormais en vivant dans la fraternité, la paix et la prière. En marchant derrière lui avec les autres, beaucoup d’autres.
Et inutile de nous fatiguer à le chercher dans des événements extraordinaires, des signes sensationnels, voire même des apparitions ou des visions.
Nous avons les évangiles. Laissons-nous guider par les paroles de Jésus. Elles nous conduisent vers les rivages où le feu de l’amour peut embraser nos vies.
Nous savons Jésus Christ présent dans les pauvres et les malades, les prisonniers et les exclus.
Pourquoi le chercher dans le ciel, alors qu’il est au plus près de notre quotidien, au cœur même de nos cœurs ? Oui, heureux sommes-nous de « croire sans l’avoir vu » de nos yeux.

Raymond Harguindéguy  — St Priest – avril 2012


10/04/2012

« Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts »


Le 8 avril 2012 - Dimanche de Pâques

Chers amis, bonjour !

Au cours de la Veillée pascale, la liturgie nous a donné de parcourir le dessein de Dieu pour les hommes, depuis l’Exode jusqu’aux temps de la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ. En ce matin du Dimanche de Pâques, le ton des textes qui nous sont proposés est à l’espérance joyeuse d’une réalité que les Apôtres constatent (« Détruisez ce Temple et je le rebâtirai en trois jours »). « Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia ! », chantera le psalmiste. Oui, aujourd’hui le Seigneur est ressuscité… Car il fallait qu’il ressuscite pour que s’accomplissent les Écritures et qu’ainsi se manifeste la gloire de Dieu. Autrement,  comme le dira sans cesse l’Apôtre Paul, vaine aurait été notre foi.
Je vous propose quelques repères de méditation pour les trois textes de ce dimanche de Pâques (Ac 10, 34... 43 ; Ps 117 ( 118 ) ; Colossiens 3, 1-4 et 1 Corinthiens 5, 6b - 8 puis l’Évangile selon Jean 20, 1 – 9) suivis de l’Homélie du Pape Benoît XVI en 2009 et de celle de cette année.
 
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• Première Lecture - Ac 10, 34... 43
Quand Pierre arriva à Césarée
chez un centurion de l'armée romaine,
34 il prit la parole :
37 « Vous savez ce qui s'est passé à travers tout le pays des Juifs
depuis les débuts en Galilée,
après le baptême proclamé par Jean :
38 Jésus de Nazareth,
Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force.
Là où il passait, il faisait le bien
et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon.
Car Dieu était avec lui.
39 Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins
de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem.
Ils l'ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
40 Et voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour.
41 Il lui a donné de se montrer,
non pas à tout le peuple,
mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d'avance,
à nous qui avons mangé et bu avec lui
après sa résurrection d'entre les morts.
42 Il nous a chargés d'annoncer au peuple et de témoigner
que Dieu l'a choisi comme Juge des vivants et des morts.
43 C'est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage :
Tout homme qui croit en lui
reçoit par lui le pardon de ses péchés. »


Pour bien saisir la portée apostolique de ce texte, il convient de le resituer dans son contexte historique immédiat. Souvenons-nous d’abord que, peu après avoir appelé ses douze disciples, « il leur donna autorité sur les esprits impurs, avec pouvoir de les expulser et de guérir n’importe quelle maladie ou langueur » (Mt 10, 1) ; il leur fit entre autres recommandations celles-ci : « … Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Chemin faisant, proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Mt 10, 6-8).
Même si les Juifs — c’est-à-dire le peuple ou la maison d’Israël — en tant qu’héritiers de l’élection et des promesses doivent recevoir en premier l’offre du salut messianique, aux yeux de l‘apôtre Luc (qui a écrit les « Actes des Apôtres »), la conversion de Corneille, le centurion romain, n’est pas un cas individuel. En effet, Pierre vient de réaliser deux miracles : la guérison à Lydda d’un paralytique nommé Énée (Ac 9, 34), avec une formule qui révèle la foi profonde et agissante de l’apôtre (« Énée, Jésus Christ te guérit. Lève-toi et fais toi-même ton lit »), et la résurrection d’une femme nommée Tabitha à Joppé (« Tabitha, lève-toi ». Elle ouvrit les yeux et, voyant Pierre, se mit sur son séant – Ac 36-43).

Cette conversion du centurion romain est donc symbolique de deux messages distincts : 1)- la réalisation des miracles est, pour Pierre lui-même, la preuve indubitable, de la présence en lui de l’Esprit Saint qui agit et manifeste. Mais ces miracles sont portés sur autre que soi. L’entrée dans la maison de Corneille est en quelque sorte un miracle que Pierre se réalise en lui-même, lui le Juif qui franchit la frontière invisible de l’exclusion pour montrer que Dieu veut désormais que les païens soient reçus dans l’Église sans conditions préalables, sans astreintes aux prescriptions de la Loi mosaïque, et que leur soit annoncé l’Évangile. 2)- Dieu lui-même a montré à Pierre qu’il devait accepter l’hospitalité d’un incirconcis. Les païens qu’il appelle désormais à se convertir et à croire en Jésus Christ, mort et ressuscité pour tous les hommes, seront purifiés par Dieu lui-même dans leurs cœurs, bien que leur corps demeure encore impurs (du fait de leur incirconcision). Pierre s’affranchit ainsi des scrupules relatifs à ce qu’on appelle « la pureté légale » : c’est la foi en Christ qui purifie.

Un autre aspect fondamental de cette déclaration de Pierre le juif dans la maison de Corneille le romain est qu’elle énonce comme une formule embryonnaire de la prédication et due ce qui deviendra le Credo de l’Église chrétienne : « Dieu l’a ressuscité le troisième jour » — «  … pour les vivants et pour les morts » (les premiers désignant ceux qui seront en vie au moment du retour du Seigneur et les seconds ceux qui, déjà morts, ressusciteront alors pour le jugement) — « … quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés ». Ces fondements de la foi chrétienne en Jésus Christ mort et ressuscité, ce Jésus qui a vécu au milieu des apôtres et qui a partagé avec eux la condition humaine excepté le péché, cette Bonne Nouvelle est annoncée et révélée à tous les peuples, bien au-delà des seuls juifs. La résurrection déborde les frontières de la seule Galilée, elle est un feu qui brûle et se propage jusque chez les Païens, les incirconcis. En cela, Pierre a le courage et l’audace d’annoncer à ces derniers la grâce promise et accordée par Dieu à tous les hommes. D’ailleurs, ce qui se réalise en ces lieux est extraordinaire : Pierre entreprend de baptiser les premiers païens. Mais il « parlais encore quand l’Esprit Saint tomba sur ceux qui écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu … » (Ac 10, 44-46).


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• Psaume 117 ( 118 )
Rendez grâce au SEIGNEUR car il est bon :
Eternel est son amour !
4 Qu'ils le disent, ceux qui craignent le SEIGNEUR :
Eternel est son amour !

16 Le bras du SEIGNEUR se lève,
le bras du SEIGNEUR est fort !
17 Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du SEIGNEUR.

22 La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle.
23 C'est là l'œuvre du SEIGNEUR,
la merveille devant nos yeux.

Ce psaume, écrit longtemps avant le Christ, était chanté au temple de Jérusalem, à l’occasion de la fête des Tentes. Il clôt le Hallel du psaume 113, appelé « Hymne pascal ». Il est l’expression d’action de grâce de toute une communauté, de tout un peuple qui, en dépit de ses erreurs à travers l’histoire, reconnaît la proximité, la fidélité et la main tendue du seul Dieu de gloire, puissant et miséricordieux. Oui, la droite du Seigneur l’a relevé et libéré lorsqu’il a été en esclavage en Egypte, ou lorsqu’il a marché pendant quarante ans dans le désert et qu’au bout de cette terrible épreuve, le Seigneur les a reconnus dignes de rebâtir le Temple de Jérusalem, merveille des merveilles, œuvre de Yahvé lui-même.
Mais cette pierre angulaire qui avait été déjà prophétisée par Isaïe (« Voici que je pose à Sion une pierre témoin, angulaire, précieuse, fondamentale » - Is 28, 16) et plus tard Zacharie dans sa cinquième “Vision“ (« ¬ Il arrachera la pierre de faîte, tandis qu’on criera : “Bravo, bravo pour elle ! … On se réjouira en voyant la pierre choisie en la main de Zorobabel“  - Za 4, 7-10) préfigure le Christ en personne. Celui qui affirmera pouvoir rebâtir ce le Temple e trois jours parlera de sa résurrection, certes ! mais aussi de son Église qui sera bâtie sur du roc, une Église dont il sera la tête et le tronc, et nous les membres.
Ce psaume transpire l’espérance dont a besoin un peuple d’Israël déboussolé et défaitiste, tant les tribulations sont nombreuses et pesantes. Face à un horizon obscurci, le psalmiste entonne cette hymne d’action de grâce pour consolider la foi de ses frères. Dieu est là, toujours là aux côtés de ceux avec lesquels il a passé son Alliance indéfectible, sûre et éternelle. C’est lui qui prend l’initiative du projet et c’est pourquoi ce sera son œuvre. Pierre méprisée, pierre rejetée par les bâtisseurs, le Christ, rejeton d’Israël, sera la pierre de la fondation de l’humanité nouvelle.

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• Deuxième Lecture - Col 3, 1-4 et 1 Corinthiens 5, 6b - 8
La liturgie pascale nous propose deux lectures au choix, mais il est très intéressant de les lire et de les méditer toutes les deux ensemble !
Lecture de quelques versets de saint Paul dans la lettre aux Colossiens et dans la 1ère lettre aux Corinthiens

Colossiens 3, 1-4
1 Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ.
Recherchez donc les réalités d'en haut :
c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu.
2 Tendez vers les réalités d'en haut,
et non pas vers celles de la terre.
3 En effet, vous êtes morts avec le Christ,
et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
4 Quand paraîtra le Christ, votre vie,
alors vous aussi,
vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

***

1 Corinthiens 5, 6b - 8
Frères,
6 vous savez bien qu'un peu de levain suffit
pour que toute la pâte fermente.
7 Purifiez-vous donc des vieux ferments
et vous serez une pâte nouvelle,
vous qui êtes comme le pain de la Pâque,
celui qui n'a pas fermenté.
Voici que le Christ, notre agneau pascal,
a été immolé.
8 Célébrons donc la Fête,
non pas avec de vieux ferments :
la perversité et le vice ;
mais avec du pain non fermenté :
la droiture et la vérité.


Il est sans conteste que Paul est l’Apôtre de la résurrection du Christ dont il fait le fondement même de notre foi. Si le christ, mort sur la croix n’était pas sorti vivant du tombeau, alors vaine serait notre foi. C’est pourquoi le chrétien doit, comme par nécessité vitale, rechercher à vivre l’Évangile de Jésus Christ dans l’attente de sa venue dans la gloire. Cette union au Christ céleste est désormais le principe énergétique de la vie nouvelle. Paul développera ce même thème dans plusieurs autres de ses lettres et prédications (Ep 2, 6 + ; Ph 3, 20 + ; Rm 8, 19) : « Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu : quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire ». Morts avec le Christ, nous sommes désormais vivants avec lui et nous serons glorifiés avec lui lorsqu’il reviendra juger les vivants et les morts.
La vie nouvelle nous fait obligation d’être dignes des grâces dont le Christ nous comble chaque jour. Ainsi, nous devons être : levain de la pâte, du Pain de la Pâque, de la droiture et de la vérité. Mais à une condition préalable : nous purifier des vieux ferments, du vieil homme pour endosser les habits de l’homme nouveau affranchi en Christ. Unis au Christ par le baptême, le chrétien participe déjà à sa vie céleste, concrètement et à travers les expériences de notre existence. Mais cette vie céleste est en réalité encore cachée ; elle ne se manifestera dans toute sa gloire qu’à la venue du Christ (la Parousie). Cette œuvre de mort et de résurrection opérée par le baptême, est immédiate et absolue ; elle fait de nous des enfants de Dieu à part entière. Encore plongé dans ce monde terrestre, nous faisons alors l’expérience d’une mise à mort lente du vieil homme en nous, jour après jour… mais avec la certitude de la promesse du salut en Christ qui nous a libérés du péché.
Les « réalités d’en haut » dont parle Paul, ce sont les qualités mêmes de celui qui a vécu au milieu de nous, qui a été persécuté, mis à mort… mais qui est ressuscité d’entre les morts et qui nous a promis de revenir nous prendre dans sa gloire. Ce Christ était obéissant, humble, serviteur, patient, doux, déterminé, aimant, fort, fidèle, miséricordieux…


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• Évangile - Jean 20, 1 - 9
Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau
de grand matin, alors qu'il fait encore sombre.
Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
2 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau
et nous ne savons pas où on l'a mis. »
3 Pierre partit donc avec l'autre disciple
pour se rendre au tombeau.
4 Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
5 En se penchant, il voit que le linceul est resté là ;
cependant il n'entre pas.
6 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là,
7 et le linge qui avait recouvert la tête,
non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
8 C'est alors qu'entra l'autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit et il crut.
9 Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu
que, d'après l'Ecriture,
il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts.
 

Si la Croix est « le lieu de manifestation de l’identité parfaite de Dieu » (RP aubin Mouyoula, Curé de Saint-Priest), cela signifie qu’elle a porté au plus haut point la souffrance humaine dans ce qu’elle a de plus profond, de plus douloureux… Cela veut dire aussi qu’elle est le symbole de la victoire de la Vie sur la mort, de l’Amour sur la haine… « Victoire, tu règneras, Ô Croix, tu nous sauveras ! ». Oui, c’est la Croix qui nous sauve. Avec le Christ, nous sommes morts au péché et c’est avec Lui et en Lui que nous revenons à la Vie par sa résurrection. Le dernier soupir du Christ sur la Croix a préfiguré l’effusion de l’Esprit sur les hommes. L’eau et le sang qui avaient coulé de son côté transpercé d’une lance non seulement ont attesté la réalité du sacrifice de l’Agneau, celui qui lave le péché du monde, ils ont scellé la fécondité spirituelle de la Parole du Dieu Sauveur. On pourrait même dire que cette eau est symbole du baptême purificateur, que ce sang est celui de l’Eucharistie (rappelant ainsi sa parole prononcée durant la cène : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission du péché : vous ferez cela en mémoire de moi »). Sang et eau sont désormais les signes des deux sacrements du baptême et de l’Eucharistie, c’est-à-dire des signes de l’Église, nouvelle Ève naissant du nouvel Adam.

Ce nouvel Adam qui surgit et transperce de sa lumière les ténèbres de la mort. Car la résurrection est réellement une lumière qui resplendit sur un monde de ténèbres. Jésus n’est plus là où on avait déposé sa sépulture, Marie-Madeleine est en témoin lorsqu’elle se rend au tombeau, au lever du jour. Pierre et Jean le constatent à leur tout quand ils ne retrouvent que les bandelettes et le linceul avec lesquels on avait recouvert le corps du Seigneur. Pour eux, ce sont là des preuves indiscutables de la libération du Maître. Ils sont en face d’un mystère dont ils percent soudain la signification non pas du seul moment de la non présence de Jésus dans son tombeau, mais le sens trans-historique, général, englobant du dessein de Dieu pour les hommes. Un plan dans lequel Jésus était la figure centrale. Mais les apôtres ne le comprennent pas d’eux-mêmes, tant le doute est naturel devant un tel miracle. Et des miracles, ils en ont été témoins quand Jésus était au milieu d’eux en chair et en os. C’est l’Esprit qui déjà est à l’œuvre en eux. Car rien de ce qui dépasse l’entendement de l’homme ne peut être saisi pas la seule force de sa raison. Jésus l’avait déjà dit à  Pierre : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux… » - Mt 16, 18). C’est par la force de l’Esprit que Jean « vit et crut », et il en sera de même pour tous les autres. A ceux qui doutent (voir Lc 24, 36-42), comme Thomas (Jn 20, 24-28), Jésus lui-même rappellera : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu ».

Un dernier point, et non des moindres : il faut souligner la particularité des personnes sur les lieux de la résurrection. Marie de Magdala est la première venue sur les lieux, c’est elle qui constate le tombeau vide et la on présence de la sépulture du Seigneur. Elle est prise de stupeur, de colère aussi car elle pense d’abord que le corps du Seigneur a été enlevé. C’est également elle qui court informer Simon-Pierre et Jean : « on a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis ». Les deux apôtres accourent vers le tombeau et, naturellement Jean, plus jeune, arrive le premier ; mais il attend Simon-Pierre qu’il laisse entrer en premier (par respect et par préséance) pour constater les faits en second, puis à son tour il s’approche.

C’est encore une fois à Marie de Magdala que Jésus ressuscité apparaît pour lui dire : « Ne me retiens pas ainsi, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver les frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). [Il ne faut surtout pas croire que Jésus transfiguré après sa résurrection est devenu un « sans domicile fixe ». Assurément, non ! Par sa résurrection, c’est-à-dire à l’instant même de sa libération du tombeau et des forces du Mal, Jésus est entré corporellement dans la gloire promise pas son Père, gloire à laquelle il nous a associés. L’ascension dans le ciel proprement dite signifiera que le temps des entretiens familiers avec le Christ est terminé]. Soulignons ici de nouveau que c’est à cette femme que Jésus confie une mission d’information de première importance : l’annonce de son retour vers le Père. Ainsi que le souligne Marie-Noëlle Thabut : « C'est Marie-Madeleine qui a assisté la première à l'aube de l'humanité nouvelle ! Marie de Magdala, celle qui avait été délivrée de sept démons... elle est l'image de l'humanité tout entière qui découvre son Sauveur. Mais, visiblement, elle n'a pas compris tout de suite ce qui se passait : là aussi, elle est bien l'image de l'humanité ! Et, bien qu'elle n'ait pas tout compris, elle est quand même partie annoncer la nouvelle aux apôtres et c'est parce qu'elle a osé le faire, que Pierre et Jean ont couru vers le tombeau et que leurs yeux se sont ouverts. A notre tour, n'attendons pas d'avoir tout compris pour oser inviter le monde à la rencontre du Christ ressuscité »… C’est dire la place particulière de la femme dans l’œuvre de salut du Christ. Elles sont nombreuses celles qui l’ont suivi dans ses nombreux voyages, nombreuses celles qui l’ont pleuré et soutenu sur le chemin du Calvaire… Par Marie sa mère il est venu à la vie en notre monde… A Marie de Magdala, il fait l’honneur de constater sa résurrection en premier et d’apporter la nouvelle de sa future ascension dans le Ciel.



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Homélie de Benoît XVI pour la messe de Pâques
place Saint-Pierre
Precedet suos in Galileam

ROME, Dimanche 12 avril 2009 — Homélie que le pape Benoît XVI a prononcée ce dimanche matin, Dimanche de Pâques, au cours de la messe, qu'il a présidée sur le parvis de la Basilique Saint-Pierre.

Chers Frères et Sœurs !
« Le Christ, notre agneau pascal, a été immolé » (1 Co 5, 7) ! Cette exclamation de saint Paul que nous avons écoutée dans la deuxième lecture, tirée de la première Lettre aux Corinthiens, retentit en ce jour. C'est un texte qui date d'une vingtaine d'années à peine après la mort et la résurrection de Jésus, et pourtant - comme c'est typique de certaines expressions pauliniennes - il reflète déjà, en une synthèse impressionnante, la pleine conscience de la nouveauté chrétienne. Le symbole central de l'histoire du salut - l'agneau pascal - est ici identifié à Jésus, qui est justement appelé « notre Pâque ». La Pâque juive, mémorial de la libération de l'esclavage en Égypte, prévoyait tous les ans le rite de l'immolation de l'agneau, un agneau par famille, selon la prescription mosaïque. Dans sa passion et sa mort, Jésus, se révèle comme l'Agneau de Dieu « immolé » sur la Croix pour enlever les péchés du monde. Il a été tué à l'heure précise où l'on avait l'habitude d'immoler les agneaux dans le Temple de Jérusalem. Lui-même avait anticipé le sens de son sacrifice durant la Dernière Cène en se substituant - sous les signes du pain et du vin - aux aliments rituels du repas de la Pâque juive. Ainsi nous pouvons dire vraiment que Jésus a porté à son accomplissement la tradition de l'antique Pâque et l'a transformée en sa Pâque.
À partir de cette signification nouvelle de la fête pascale, on comprend aussi l'interprétation des « azymes » donnée par saint Paul. L'Apôtre fait référence à un antique usage juif : selon lequel, à l'occasion de la Pâque, il fallait faire disparaître de la maison le moindre petit reste de pain levé. Cela représentait, d'une part, le souvenir de ce qui était arrivé à leurs ancêtres au moment de la fuite de l'Égypte : sortant en hâte du pays, ils n'avaient pris avec eux que des galettes non levées. Mais, d'autre part, « les azymes » étaient un symbole de purification : éliminer ce qui est vieux pour donner place à ce qui est nouveau. Alors, explique saint Paul, cette tradition antique prend elle aussi un sens nouveau, à partir précisément du nouvel « exode » qu'est le passage de Jésus de la mort à la vie éternelle. Et puisque le Christ, comme Agneau véritable, s'est offert lui-même en sacrifice pour nous, nous aussi, ses disciples - grâce à Lui et par Lui - nous pouvons et nous devons être une « pâte nouvelle », des « azymes » libres de tout résidu du vieux ferment du péché : plus aucune méchanceté ni perversité dans notre cœur.
« Célébrons donc la fête... avec du pain non fermenté : la droiture et la vérité ». Cette exhortation qui conclut la brève lecture qui vient d'être proclamée, résonne avec encore plus de force dans le contexte de l'Année paulinienne. Chers Frères et Sœurs, accueillons l'invitation de l'Apôtre ; ouvrons notre âme au Christ mort et ressuscité pour qu'il nous renouvelle, pour qu'il élimine de notre cœur le poison du péché et de la mort et qu'il y déverse la sève vitale de l'Esprit-Saint : la vie divine et éternelle. Dans la séquence pascale, comme en écho aux paroles de l'Apôtre, nous avons chanté : « Scimus Christum surrexisse a mortuis vere » - « nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts ». Oui, c'est bien là le noyau fondamental de notre profession de foi, c'est le cri de victoire qui nous unit tous aujourd'hui. Et si Jésus est ressuscité et est donc vivant, qui pourra jamais nous séparer de Lui ? Qui pourra jamais nous priver de son amour qui a vaincu la haine et a mis la mort en échec ?
Que l'annonce de Pâques se répande dans le monde à travers le chant joyeux de l'Alléluia ! Chantons-le avec les lèvres, chantons-le surtout avec le cœur et par notre vie, par un style de vie similaire aux « azymes », c'est-à-dire simple, humble et fécond en bonnes actions. « Surrexit Christus spes mea ! precedet suos in Galileam - le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée ». Le Ressuscité nous précède et nous accompagne sur les routes du monde. C'est Lui notre espérance, c'est Lui la paix véritable du monde ! Amen.

© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana 





Homélie de Benoît XVI pour la messe de Pâques
Basilique Saint-Pierre de Rome

Samedi Saint, 7 avril 2012 


Chers frères et sœurs!
Pâques est la fête de la nouvelle création. Jésus est ressuscité et ne meurt plus. Il a enfoncé la porte vers une vie nouvelle qui ne connaît plus ni maladie ni mort. Il a pris l’homme en Dieu lui-même. « La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu » avait dit Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens (15, 50). L’écrivain ecclésiastique Tertullien, au IIIsiècle, en référence à la résurrection du Christ et à notre résurrection avait l’audace d’écrire : « Ayez confiance, chair et sang, grâce au Christ vous avez acquis une place dans le Ciel et dans le royaume de Dieu » (CCL II 994). Une nouvelle dimension s’est ouverte pour l’homme. La création est devenue plus grande et plus vaste. Pâques est le jour d’une nouvelle création, c’est la raison pour laquelle en ce jour l’Église commence la liturgie par l’ancienne création, afin que nous apprenions à bien comprendre la nouvelle. C’est pourquoi, au début de la Liturgie de la Parole durant la Vigile pascale, il y a le récit de la création du monde. En relation à cela, deux choses sont particulièrement importantes dans le contexte de la liturgie de ce jour. En premier lieu, la création est présentée comme un tout dont fait partie le phénomène du temps. Les sept jours sont une image d’une totalité qui se déroule dans le temps. Ils sont ordonnés en vue du septième jour, le jour de la liberté de toutes les créatures pour Dieu et des unes pour les autres. La création est donc orientée vers la communion entre Dieu et la créature ; elle existe afin qu’il y ait un espace de réponse à la grande gloire de Dieu, une rencontre d’amour et de liberté. En second lieu, durant la Vigile pascale, du récit de la création, l’Église écoute surtout la première phrase : « Dieu dit : ‘Que la lumière soit’ ! » (Gen 1, 3). Le récit de la création, d’une façon symbolique, commence par la création de la lumière. Le soleil et la lune sont créés seulement le quatrième jour. Le récit de la création les appelle sources de lumière, que Dieu a placées dans le firmament du ciel. Ainsi il leur ôte consciemment le caractère divin que les grandes religions leur avaient attribué. Non, ce ne sont en rien des dieux. Ce sont des corps lumineux, créés par l’unique Dieu. Ils sont en revanche précédés de la lumière par laquelle la gloire de Dieu se reflète dans la nature de l’être qui est créé.
Qu’entend par là le récit de la création ? La lumière rend possible la vie. Elle rend possible la rencontre. Elle rend possible la communication. Elle rend possible la connaissance, l’accès à la réalité, à la vérité. Et en rendant possible la connaissance, elle rend possible la liberté et le progrès. Le mal se cache. La lumière par conséquent est aussi une expression du bien qui est luminosité et créé la luminosité. C’est le jour dans lequel nous pouvons œuvrer. Le fait que Dieu ait créé la lumière signifie que Dieu a créé le monde comme lieu de connaissance et de vérité, lieu de rencontre et de liberté, lieu du bien et de l’amour. La matière première du monde est bonne, l’être même est bon. Et le mal ne provient pas de l’être qui est créé par Dieu, mais existe en vertu de la négation. C’est le « non ».
A Pâques, au matin du premier jour de la semaine, Dieu a dit de nouveau : « Que la lumière soit ! ». Auparavant il y avait eu la nuit du Mont des Oliviers, l’éclipse solaire de la passion et de la mort de Jésus, la nuit du sépulcre. Mais désormais c’est de nouveau le premier jour ­ la création recommence entièrement nouvelle. « Que la lumière soit ! », dit Dieu, « et la lumière fut ». Jésus se lève du tombeau. La vie est plus forte que la mort. Le bien est plus fort que le mal. L’amour est plus fort que la haine. La vérité est plus forte que le mensonge. L’obscurité des jours passés est dissipée au moment où Jésus ressuscite du tombeau et devient, lui-même, pure lumière de Dieu. Ceci, toutefois, ne se réfère pas seulement à lui ni à l’obscurité de ces jours. Avec la résurrection de Jésus, la lumière elle-même est créée de façon nouvelle. Il nous attire tous derrière lui dans la nouvelle vie de la résurrection et vainc toute forme d’obscurité. Il est le nouveau jour de Dieu, qui vaut pour nous tous.
Mais comment cela peut-il arriver ? Comment tout cela peut-il parvenir jusqu’à nous de façon que cela ne reste pas seulement  parole, mais devienne une réalité dans laquelle nous sommes impliqués ? Par le sacrement du Baptême et la profession de foi, le Seigneur a construit un pont vers nous, par lequel le nouveau jour vient à nous. Dans le Baptême, le Seigneur dit à celui qui le reçoit : Fiat lux ­ que la lumière soit. Le nouveau jour, le jour de la vie indestructible vient aussi à nous. Le Christ te prend par la main. Désormais tu seras soutenu par lui et tu entreras ainsi dans la lumière, dans la vraie vie. Pour cette raison, l’Église primitive a appelé le Baptême « photismos » ­ illumination.
Pourquoi ? L’obscurité vraiment menaçante pour l’homme est le fait que lui, en vérité, est capable de voir et de rechercher les choses tangibles, matérielles, mais il ne voit pas où va le monde et d’où il vient. Où va notre vie elle-même. Ce qu’est le bien et ce qu’est le mal. L’obscurité sur Dieu et sur les valeurs est la vraie menace pour notre existence et pour le monde en général. Si Dieu et les valeurs, la différence entre le bien et le mal restent dans l’obscurité, alors toutes les autres illuminations, qui nous donnent un pouvoir aussi incroyable, ne sont pas seulement des progrès, mais en même temps elles sont aussi des menaces qui mettent en péril nous et le monde. Aujourd’hui nous pouvons illuminer nos villes d’une façon tellement éblouissante que les étoiles du ciel ne sont plus visibles. N’est-ce pas une image de la problématique du fait que nous soyons illuminés ? Sur les choses matérielles nous savons et nous pouvons incroyablement beaucoup, mais ce qui va au-delà de cela, Dieu et le bien, nous ne réussissons plus à l’identifier. C’est pourquoi, c’est la foi qui nous montre la lumière de Dieu, la véritable illumination, elle est une irruption de la lumière de Dieu dans notre monde, une ouverture de nos yeux à la vraie lumière
Chers amis, je voudrais enfin ajouter encore une pensée sur la lumière et sur l’illumination. Durant la Vigile pascale, la nuit de la nouvelle création, l’Église présente le mystère de la lumière avec un symbole tout à fait particulier et très humble : le cierge pascal. C’est une lumière qui vit en vertu du sacrifice. Le cierge illumine en se consumant lui-même. Il donne la lumière en se donnant lui-même. Ainsi il représente d’une façon merveilleuse le mystère pascal du Christ qui se donne lui-même et ainsi donne la grande lumière. En second lieu, nous pouvons réfléchir sur le fait que la lumière du cierge est du feu. Le feu est une force qui modèle le monde, un pouvoir qui transforme. Et le feu donne la chaleur. Là encore le mystère du Christ se rend à nouveau visible. Le Christ, la lumière est feu, il est la flamme qui brûle le mal transformant ainsi le monde et nous-mêmes. « Qui est près de moi est près du feu », exprime une parole de Jésus transmise par Origène. Et ce feu est en même temps chaleur, non une lumière froide, mais une lumière dans laquelle se rencontrent la chaleur et la bonté de Dieu.
Le grand hymne de l’Exultet, que le diacre chante au début de la liturgie pascale, nous fait encore remarquer d’une façon très discrète un autre aspect. Il rappelle que ce produit, la cire, est du en premier lieu au travail des abeilles. Ainsi entre en jeu la création tout entière. Dans la cire, la création devient porteuse de lumière. Mais, selon la pensée des Pères, il y a aussi une allusion implicite à l’Église. La coopération de la communauté vivante des fidèles dans l’Église est presque semblable à l’œuvre des abeilles. Elle construit la communauté de la lumière. Nous pouvons ainsi voir dans la cire un rappel fait à nous-mêmes et à notre communion dans la communauté de l’Église, qu’elle existe afin que la lumière du Christ puisse illuminer le monde.
Prions le Seigneur à présent de nous faire expérimenter la joie de sa lumière, et prions-le, afin que nous-mêmes nous devenions des porteurs de sa lumière, pour qu’à travers l’Église la splendeur du visage du Christ entre dans le monde (cf. LG 1). Amen. 

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