Dimanche
des Rameaux
Chers amis, bonjour !
Nous célébrons
aujourd’hui le dimanche des Rameaux qui symbolise l’entrée messianique du
Seigneur à Jérusalem. C’est aussi le début de la semaine sainte qui nous
conduira vers la grande fête de Pâques. A cette occasion, la liturgie nous
propose les textes suivants :
• Première
Lecture - Isaïe 50, 4-7
• Psaume 21
(22), 2, 8-9, 17-20, 22b-24
• Deuxième
Lecture - Philippiens 2, 6-11
• Evangile :
Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Marc : Mc 15, 1-39
Je voudrais partager ici avec vous une MÉDITATION POUR LA FÊTE DES RAMEAUX
écrite par le RP Michel CLÉMENCIN, prêtre de Saint-Priest dans le diocèse de
LYON, pour nous donner un cadre de réflexion sur l’ensemble des textes de la
liturgie de ce jour, particulièrement sur l'Évangile de la Passion du Christ (voir en fin de page).
• Première Lecture - Isaïe 50, 4-7
Dieu mon SEIGNEUR m'a donné le langage
d'un homme
qui se laisse instruire,
pour que je sache à mon tour
réconforter celui qui n'en peut plus.
La Parole me réveille chaque matin,
chaque matin elle me réveille
pour que j'écoute comme celui qui se laisse instruire.
5 Le SEIGNEUR Dieu m'a ouvert l'oreille
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
6 J'ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe.
Je n'ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
7 Le SEIGNEUR Dieu vient à mon secours :
c'est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,
c'est pourquoi j'ai rendu mon visage dur comme pierre :
je sais que je ne serai pas confondu.
qui se laisse instruire,
pour que je sache à mon tour
réconforter celui qui n'en peut plus.
La Parole me réveille chaque matin,
chaque matin elle me réveille
pour que j'écoute comme celui qui se laisse instruire.
5 Le SEIGNEUR Dieu m'a ouvert l'oreille
et moi, je ne me suis pas révolté,
je ne me suis pas dérobé.
6 J'ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,
et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe.
Je n'ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
7 Le SEIGNEUR Dieu vient à mon secours :
c'est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,
c'est pourquoi j'ai rendu mon visage dur comme pierre :
je sais que je ne serai pas confondu.
On ne peut s’empêcher de souligner la force prophétique de cet extrait du
«Troisième chant du Serviteur de Yahvé» dans lequel justement le
Serviteur parle, exprime ce qu’il ressent au plus profond de lui, c’est-à-dire
une assurance qui nourrit le fondement et la solidité de sa foi. Et cela se
manifeste par une attitude, une posture du Serviteur face à son SEIGNEUR :
l’écoute.
Bien entendu, Isaïe ne faisait aucune référence à Jésus Christ puisque ces
fameux quatre « chants du Serviteur » sont écrits environ six cents
ans avant la naissance du Christ, durant l’exil à Babylone. Ils font partie du
Livre de la Consolation et décrivent avec force l’image du parfait disciple de
Yahvé, ce Serviteur qui est à l’écoute de la Parole du SEIGNEUR et s’en inspire
pour prêcher la véritable foi et ne se défausse pas face aux difficultés. Ce
Serviteur souffre pour expier ses fautes et celles de son peuple et, en cela,
il est glorifié par Dieu. Nous retrouvons ici la thématique de l’extrait de
l’Évangile de Jean du cinquième dimanche de Carême qui relate l’annonce de la
glorification de Jésus par sa mort.
Mais revenons sur ce Serviteur. Qui est-il ? Et quelle est sa
mission ? C’est Isaïe lui-même, prophète de Yahvé qui est à l’écoute de ce
dernier, se nourrit de sa parole et la met à la disposition de son peuple. En
exil à Babylone, ce peuple est pris de désespoir, il risque de céder au
découragement avec tout ce que cela peut induire comme comportements
déviants : idolâtrie, luxure, etc. L’appel du prophète est une sorte de
provocation, de mise en éveil pour appeler le peuple à donner du sens à leur
exil. Et le sens vient de Dieu, ce Dieu que le Serviteur « écoute »,
ce Dieu par lequel «il se laisse instruire» et lui a «ouvert
l’oreille». Écouter, c’est faire confiance et s’abandonner tel un enfant
dans les bras du SEIGNEUR. Mais cette confiance est réciproque : Dieu
parle à son Serviteur qui l’écoute, il lui donne mission d’annoncer sa
Parole ; en retour le Serviteur entend cet appel et accepte d’accomplir sa
mission.
L’exemple du
jeune Samuel est éloquent. En effet, cet enfant qui entend l’appel du SEIGNEUR
pour la toute première fois ne le discerne pas ; il pense que c’est Saul
qui l’appelle. Mais au troisième appel, il répond: «Parle, car ton
serviteur écoute» (1 S 3, 10). Et dans toute l’histoire du peuple
d’Israël, les prophètes crieront: «Écoute, Israël», une
interpellation qui signifie : « Israël, fais confiance à ton
Dieu ». Car le Seigneur rend ferme et courageux, il affermit celui qui met
en pratique sa parole et qui, nécessaire dérange les habitudes et les petits
arrangements entre gens de peu de foi. Alors, celui qui annonce la Parole de
Dieu est persécuté, humilié, ridiculisé. Mais qu’importe : « c'est
pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c'est pourquoi j'ai rendu mon
visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu »… Quand on
lit la Passion du Christ, on est frappé par la similitude entre ce Serviteur et
le Christ : il écoute son Père, il lui fait entière confiance et, même au
plus fort de la persécution, il est sûr de la victoire finale.
• Psaume 21 (22), 2, 8-9, 17-20,
22b-24
2 Mon Dieu, mon
Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?
8 Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
9 « Il comptait sur le SEIGNEUR : qu'il le délivre !
Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »
17 Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m'entoure ;
ils me percent les mains et les pieds,
18 je peux compter tous mes os.
19 Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
20 Mais toi, SEIGNEUR, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
22 Mais tu m'as répondu !
23 Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
24 Vous qui le craignez, louez le SEIGNEUR.
8 Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
9 « Il comptait sur le SEIGNEUR : qu'il le délivre !
Qu'il le sauve, puisqu'il est son ami ! »
17 Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m'entoure ;
ils me percent les mains et les pieds,
18 je peux compter tous mes os.
19 Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
20 Mais toi, SEIGNEUR, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
22 Mais tu m'as répondu !
23 Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
24 Vous qui le craignez, louez le SEIGNEUR.
Ce psaume peut surprendre par la similitude de certains versets avec des
paroles qui sortiront d’une autre bouche, celle du Christ sur la croix:
«Mon, mon Dieu, pourquoi m’avoir abandonné ?». Mais en
réalité, il faut le lire en entier pour en saisir tout le sens. Il s’agit d’un
psaume qui exprime les souffrances du psalmiste, mais également une déclamation
de l’espoir du juste qu’il est. Espoir en son Dieu en qui lui, le ver qui ne se
reconnaît plus comme un homme, «honte du genre humain, rebut de son
peuple», bafoué par tous ceux qui le voient, ricanent et hochent de la
tête… lui qui a placé en son Dieu a mis toute sa confiance. Plainte d’un
persécuté, certes, mais qui se termine par une action de grâce pour la délivrance
attendue et vécue.
C’est comme une description
avant date de la passion du Christ: «… ils me percent les mains et
les pieds…», «…ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort
mes vêtements». Cependant, à l’instar du Serviteur fidèle décrit par Isaïe,
le psalmiste rend grâce à son Dieu parce l’avènement du règne de Dieu est
toujours consécutif aux épreuves subies. C’est qui justifie sa joie d’être
écouté de Dieu parce qu’il l’a écouté, de l’avoir trouvé parce qu’il l’a
cherché: «C’est toi ma louange dans la grande assemblée ;
j’accomplirai mes vœux devant ceux qui le craignent. Ils loueront le SEIGNEUR,
ceux qui le cherchent : que vive leur cœur à jamais !».
Ce psaume est donc un cri d’espoir de tout un peuple aux pires moments de
son exil à Babylone. Ce peuple qui, en dépit de ses errements et des ses
reniements, revient à son Dieu de miséricorde qui ne l’a jamais abandonné. Ceux
qui craignent Dieu et qui espèrent ne seront pas déçus.
__________________________________________________
6 Le Christ Jésus, lui qui était dans la
condition de Dieu,
n'a pas jugé bon de revendiquer
son droit d'être traité à l'égal de Dieu.
7 Mais au contraire, il se dépouilla lui-même
en prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.
8 Reconnu comme un homme à son comportement,
il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant
jusqu'à mourir et à mourir sur une croix.
9 C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout.
Il lui a conféré le Nom
qui surpasse tous les noms
10 afin qu'au nom de Jésus,
aux cieux, sur terre et dans l'abîme,
tout être vivant tombe à genoux.
11 Et que toute langue proclame :
« Jésus-Christ est le Seigneur »
pour la gloire de Dieu le Père.
n'a pas jugé bon de revendiquer
son droit d'être traité à l'égal de Dieu.
7 Mais au contraire, il se dépouilla lui-même
en prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.
8 Reconnu comme un homme à son comportement,
il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant
jusqu'à mourir et à mourir sur une croix.
9 C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout.
Il lui a conféré le Nom
qui surpasse tous les noms
10 afin qu'au nom de Jésus,
aux cieux, sur terre et dans l'abîme,
tout être vivant tombe à genoux.
11 Et que toute langue proclame :
« Jésus-Christ est le Seigneur »
pour la gloire de Dieu le Père.
Dans l’extrait de l’épître aux Philippiens ci-dessus, l’apôtre Paul
synthétise parfaitement cette condition du Serviteur souffrant dans ce qu’on
pourrait appeler « une hymne à la grandeur messianique de Jésus le
Christ ». Cette déclamation vient en conclusion de l’exhortation de l’apôtre
à la persuasion dans l’Amour, de communion dans l’Esprit, de tendresse
compatissante… des mêmes sentiments qui furent dans le Christ (2, 1-5). Mais la
puissance de cette exhortation est le signe des divisions intestines qui
menaçaient la paix de la communauté ecclésiale de Philippes. Les expressions
qu’utilise Paul sont fortes et demeurent dans la droite ligne de sa doctrine du
Mystère du Christ : préexistence divine, abaissement de l’Incarnation,
abaissement ultérieur de la passion et de la mort, glorification céleste,
adoration de l’univers et titre nouveau de « Christ ». En effet,
Jésus le Christ s’est librement dépouillé non pas de sa nature divine, mais de
la gloire qu’elle lui valait de droit et qui lui était consubstantielle dans sa
préexistence. Il aurait pu s’en servir pour « sur-passer » les pires
moments de son existence humaine… il ne l’a pas fait, choisissant plutôt de
s’en priver pour ne la recevoir que du Père comme le prix de son sacrifice. Tel
est d’ailleurs le sens de l’Évangile du cinquième dimanche de Carême (Jn 12,
20-33) : « Alors, du ciel vint une voix qui disait : “Je l’ai
glorifié et je le glorifierai encore ».
Oui, ce Serviteur souffrant, nous le trouvons dans la personne de Jésus
Christ, vrai homme et homme comme les autres, partageant toutes les faiblesses
de la condition humaine, excepté le péché. Mais un homme qui adopte le chemin
de la soumission et de l’humilité obéissante. Voilà pourquoi Paul lui donne le
Nom de SEIGNEUR avec tout le caractère divin qui lui est attaché.
__________________________________________________
1 : Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent les anciens et les scribes,
et tout le grand conseil. Puis ils enchaînèrent Jésus et l'emmenèrent pour le
livrer à Pilate.
2 Celui-ci l'interrogea :
« Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répond : « C'est toi qui le dis. »
3 Les chefs des prêtres multiplièrent contre lui les accusations.
4 Pilate lui demandait à nouveau : «Tu ne réponds rien?
Vois toutes les accusations qu'ils portent contre toi. »
5 Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate s'en étonnait.
6 A chaque fête de Pâque, il relâchait un prisonnier, celui que la foule demandait.
7 Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas,
arrêté avec des émeutiers pour avoir tué un homme lors de l'émeute.
La foule monta donc, et se mit à demander à Pilate la grâce qu'il accordait d'habitude.
9 Pilate leur répondit : "Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs?»
10 (Il se rendait bien compte
que c'était par jalousie que les chefs des prêtres l'avaient livré.)
11 Ces derniers excitèrent la foule à demander plutôt la grâce de Barabbas.
12 Et comme Pilate reprenait :
« Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs? »
13 ils crièrent de nouveau : «Crucifie-le!»
14 Pilate leur disait :
«Qu'a-t-il donc fait de mal?» Mais ils crièrent encore plus fort :
"Crucifie-le!»
15 Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas.
Et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu'il soit crucifié. |
16 Les soldats l'emmenèrent à l'intérieur du Prétoire,
c'est-à-dire dans le palais du gouverneur.
Ils appellent toute la garde,
17 ils lui mettent un manteau rouge, et lui posent sur la tête une couronne d'épines qu'ils ont tressée.
18 Puis ils se mirent à lui faire des révérences :
« Salut, roi des Juifs. »
19 Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui,
et s'agenouillaient pour lui rendre hommage.
20 Quand ils se furent bien moqués de lui,
ils lui ôtèrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements.
Puis ils l'emmenèrent pour le crucifier,
21 et ils réquisitionnent, pour porter la croix,
un passant, Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
22 Et ils amènent Jésus à l'endroit appelé Golgotha, c'est-à-dire Lieu du Crâne ou Calvaire.
23 Ils lui offraient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n'en prit pas.
24 Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
25 Il était neuf heures lorsqu'on le crucifia.
26 L'inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots :
«Le roi des Juifs».
27 Avec lui on crucifie deux bandits, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche.
29 Les passants l'injuriaient en hochant la tête :
« Hé! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours,
30 sauve-toi toi-même, descends de la croix! »
31 De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux :
« Il en a sauvé d'autres, et il ne peut pas se sauver lui-même!
32 Que le Messie, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix ;
alors nous verrons et nous croirons. »
Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient.
33 Quand arriva l'heure de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusque vers trois heures.
34 Et à trois heures, Jésus cria d'une voix forte :
«Eloï, Eloï, lama sabactani ?» ce qui veut dire :
«Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?»
35 Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l'entendant :
« Voilà qu'il appelle le prophète Elie! »
36 L'un d'eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d'un roseau, et il lui donnait à boire, en disant :
«Attendez! Nous verrons bien si Elie vient le descendre de là! »
37 Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
38 Le rideau du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas.
39 Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s'écria :
«Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu!»
2 Celui-ci l'interrogea :
« Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répond : « C'est toi qui le dis. »
3 Les chefs des prêtres multiplièrent contre lui les accusations.
4 Pilate lui demandait à nouveau : «Tu ne réponds rien?
Vois toutes les accusations qu'ils portent contre toi. »
5 Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate s'en étonnait.
6 A chaque fête de Pâque, il relâchait un prisonnier, celui que la foule demandait.
7 Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas,
arrêté avec des émeutiers pour avoir tué un homme lors de l'émeute.
La foule monta donc, et se mit à demander à Pilate la grâce qu'il accordait d'habitude.
9 Pilate leur répondit : "Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs?»
10 (Il se rendait bien compte
que c'était par jalousie que les chefs des prêtres l'avaient livré.)
11 Ces derniers excitèrent la foule à demander plutôt la grâce de Barabbas.
12 Et comme Pilate reprenait :
« Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs? »
13 ils crièrent de nouveau : «Crucifie-le!»
14 Pilate leur disait :
«Qu'a-t-il donc fait de mal?» Mais ils crièrent encore plus fort :
"Crucifie-le!»
15 Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas.
Et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu'il soit crucifié. |
16 Les soldats l'emmenèrent à l'intérieur du Prétoire,
c'est-à-dire dans le palais du gouverneur.
Ils appellent toute la garde,
17 ils lui mettent un manteau rouge, et lui posent sur la tête une couronne d'épines qu'ils ont tressée.
18 Puis ils se mirent à lui faire des révérences :
« Salut, roi des Juifs. »
19 Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui,
et s'agenouillaient pour lui rendre hommage.
20 Quand ils se furent bien moqués de lui,
ils lui ôtèrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements.
Puis ils l'emmenèrent pour le crucifier,
21 et ils réquisitionnent, pour porter la croix,
un passant, Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
22 Et ils amènent Jésus à l'endroit appelé Golgotha, c'est-à-dire Lieu du Crâne ou Calvaire.
23 Ils lui offraient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n'en prit pas.
24 Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
25 Il était neuf heures lorsqu'on le crucifia.
26 L'inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots :
«Le roi des Juifs».
27 Avec lui on crucifie deux bandits, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche.
29 Les passants l'injuriaient en hochant la tête :
« Hé! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours,
30 sauve-toi toi-même, descends de la croix! »
31 De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux :
« Il en a sauvé d'autres, et il ne peut pas se sauver lui-même!
32 Que le Messie, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix ;
alors nous verrons et nous croirons. »
Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient.
33 Quand arriva l'heure de midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusque vers trois heures.
34 Et à trois heures, Jésus cria d'une voix forte :
«Eloï, Eloï, lama sabactani ?» ce qui veut dire :
«Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?»
35 Quelques-uns de ceux qui étaient là disaient en l'entendant :
« Voilà qu'il appelle le prophète Elie! »
36 L'un d'eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d'un roseau, et il lui donnait à boire, en disant :
«Attendez! Nous verrons bien si Elie vient le descendre de là! »
37 Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
38 Le rideau du Temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas.
39 Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, s'écria :
«Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu!»
« La foule enthousiaste qui acclame Jésus avec
des palmes est la même qui le condamnera quelques jours plus tard. Une foule
est toujours versatile et se laisse facilement influencer par ceux qui crient
le plus fort. Le récit de la Passion montre les manipulations et l’arbitraire
qui conduiront le Christ à la mort.
Pourquoi faut-il que Dieu, par Jésus crucifié, passe
par cette épreuve de la douleur, avant que la Résurrection ne signe le pouvoir
de la vie sur la mort, le pouvoir de la paix sur toute violence ? Est-ce
pour nous apprendre à gérer nos libertés devenues folles ? La Passion
expose les conséquences mortelles de choix égoïstes, orgueilleux, pervers et
cruels, et en même temps, elle révèle l’attitude droite, digne, courageuse de
Celui qui choisit d’aimer jusqu’au bout.
Ce récit nous
interroge sur nos complicités, petites ou grandes, dans le mal qui atteint le
monde. Primo Levy écrivait: «Les
monstres seuls ne sont pas dangereux. Ceux qui sont dangereux, ce sont les gens
ordinaires». Il pensait à tous les gens « ordinaires » qui
avaient contribué à arrêter des innocents et les convoyer en camp de
concentration. Des gens qui par faiblesse, peur ou manque de jugement, se
faisaient les complices d’un système diabolique.
Dieu n’intervient pas dans le concret de l’Histoire,
mais il intervient en nous, constamment, par son Esprit Saint ; cet Esprit de Vie est capable d’ouvrir nos
yeux, nos mains, nos cœurs pour que l’amour triomphe de la barbarie, et cela
avant qu’elle ne se déchaîne. Nous
sommes donc des veilleurs, engagés à prévenir le pire et soucieux de préparer
le meilleur !
Non seulement il nous faut combattre le mal qui
défigure l’humanité, mais il nous faut bannir la complaisance ou la complicité
passive qui disqualifie notre statut d’hommes et de femmes partenaires de Dieu.
Ce n’est pas d’abord nous qui prions Dieu de nous délivrer des violences du
monde, c’est Lui qui nous prie instamment de bâtir un monde pacifié, solidaire
et fraternel.»
RP Michel
CLÉMENCIN
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