16/04/2012

« C’est l’Esprit qui rend témoignage, parce que l’Esprit est la vérité ».


Deuxième Dimanche de Pâques (15 avril 2012)

Chers amis, bonjour !

En ce deuxième dimanche de Pâques, l’Église nous propose de méditer sur les trois textes suivants :
Première Lecture - Actes des Apôtres 4, 32 - 35
Psaume 117 (118), 1.4. 16-17. 22-23. 24-25
Deuxième Lecture - 1 Jean 5, 1 - 6
Évangile - Jean 20, 19 - 31

Comme à l’accoutumée, je vous suggère quelques pistes de méditation pour chacun de ces textes, plutôt dans une optique d’étude biblique. Pour la méditation du Psaume, il m’a paru enrichissant de mettre à votre disposition deux contributions de prêtres. Ces deux contributions ramènent les messages du psaume (avec le RP Jérôme Longtin) et celui de l’Évangile [avec le RP Raymond Harguindéguy, de Saint-Priest (69)] à la vie concrète de chaque chrétien.


• PREMIERE LECTURE - Actes des Apôtres 4, 32 - 35
La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi
avait un seul cœur et une seule âme ;
et personne ne se disait propriétaire
de ce qu'il possédait,
mais on mettait tout en commun.
33 C'est avec une grande force
que les Apôtres portaient témoignage
de la résurrection du Seigneur Jésus,
et la puissance de la grâce était sur eux tous.
34 Aucun d'entre eux n'était dans la misère,
car tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons
les vendaient,
35 et ils en apportaient le prix
pour le mettre à la disposition des Apôtres.
On en redistribuait une part à chacun des frères
au fur et à mesure de ses besoins.
Ce texte qui décrit la première communauté chrétienne a de quoi faire pâlir les plus irréductibles des théoriciens du socialisme ou du communisme. Un texte qui devrait être relié aux deux autres qui le suivent immédiatement [« La générosité de Barnabé » (4, 36-37) et « La fraude d’Ananie et de Saphire » (5, 1-11) : le premier vend son propre champ et apporte l’argent aux Apôtres. Les seconds, un couple, vendent une propriété et en détournent une partie de l’argent de la vente qu’ils offrent aux Apôtres sous la colère de Pierre : « ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu »].
Mais dans l’un  et l’autre cas comme il est question de mise en commun des biens, de renoncement même à la propriété privée. Mais on reconnaît là aussi l’insistance particulière de Luc sur le dépouillement effectif des biens et richesses matériels. Comme les oiseaux qui ne sèment ni ne moissonnent, les premiers chrétiens se libèrent de l’accaparement matériel pour se rendre disponibles à l’Esprit Saint de Dieu.
Avec une grande force et beaucoup de puissance, les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Cela se traduisait dans les nombreux miracles qu’ils accomplissaient « au nom de Jésus le ressuscité » [« Hommes d’Israël, écoutez ces paroles. Jésus le Nazaréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés au milieu de vous… » (Ac 2, 22-25) ; « Ils firent comparaitre les apôtres et se mirent à les questionner : “Par quel pouvoir ou par quel nom avez-vous fait cela, vous autres ? “ (Ac 4, 7) ; « Étienne, rempli de grâce et de puissance, opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple » (Ac 6, 8) ; « Simon (le magicien) lui-même crut à son tour ; ayant reçu le baptême, il ne lâchait plus Philippe, et il était dans l’émerveillement à la vue des prodiges et des miracles insignes qui s’opéraient sous ses yeux » (Ac 8, 13). On peut également mentionner « Le Discours de Pierre à Corneille » (Ac 10, 34-43), et bien d’autres témoignages encore…)]. Et c’est par ces témoignages ainsi que les miracles qu’ils opéraient sous leurs yeux que les apôtres jouissaient tous d’une grande ferveur auprès du peuple. Or tout ceci est possible par la foi qu’ils ont en Christ le ressuscité qui leur a envoyé son Esprit Saint, c’est-à-dire sa puissance aimante et éclairante qui les habite désormais et qui agit en eux et par eux. Et, comme les récoltes du printemps sont offertes à Dieu en signe d’action de grâce, les Apôtres rendent gloire au Christ ressuscité pour tous les dons dont l’Esprit Saint les comble par pure grâce.


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• PSAUME 117 (118), 1.4. 16-17. 22-23. 24-25
1 Rendez grâce au SEIGNEUR : il est bon !
Eternel est son amour !
4 Qu'ils le disent, ceux qui craignent le SEIGNEUR,
Eternel est son amour !

16 Le bras du SEIGNEUR se lève,
le bras du SEIGNEUR est fort !
17 Non, je ne mourrai pas, je vivrai,
pour annoncer les actions du SEIGNEUR.

22 La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle ;
23 c'est là l'œuvre du SEIGNEUR,
la merveille devant nos yeux.

24 Voici le jour que fit le SEIGNEUR,
qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !
25 Donne, SEIGNEUR, donne le salut !
Donne, SEIGNEUR, donne la victoire !

Pour nous aider à comprendre ce psaume et méditer son message, j’ai pensé intéressant d’aller quêter chez d’autres exégètes, biblistes ou spiritualistes, certains repères. Le texte qui suit est du RP Jérôme Longtin ; il propose un cadre de compréhension de cet écrit et des pistes de cheminement dans cette recherche de sens pour notre foi.
Le jour que fit le Seigneur… Lors des grandes fêtes, en particulier lors du repas pascal, les Juifs chantent le Hallel - le mot signifie louange, d'où Alléluia - recueil de six psaumes: 113 (112) à 118 (117). Jésus lui-même a observé cette coutume, le soir de son dernier repas avec ses disciples (cf. Mc 14,26). Le fait que ces psaumes aient été chantés à la suite l'un de l'autre a entraîné diverses perturbations dans la transmission du texte; c'est pourquoi cette section est la plus troublée de tout le psautier en ce qui concerne la division des psaumes et leur numérotation.
Le psaume 114(113a) fait explicitement référence à la Pâque juive: le passage de la mer et celui du Jourdain. Par contre, les chrétiens ont retenu comme hymne pascal par excellence le psaume 118(117), originellement prévu pour la fête des Tentes, semble-t-il (cf. v. 27). En ce temps pascal, nous allons découvrir ce psaume que nous retrouvons dans la liturgie, entre autres, de la Veillée pascale, du jour de Pâques, et du dimanche suivant.
1. Quels liens peuvent être faits entre le texte de ce psaume et la célébration de Pâques ?
2. Comment un(e) chrétien(ne) peut-il (elle) se situer pour prier ce psaume ?

Observations
Quelques observations, tout d'abord, à partir de questions de base pour entrer dans un psaume. Celui-ci est complexe et comporte probablement des parties dialoguées entre deux chœurs ou un soliste et un chœur. Comme il n'est pas facile de déterminer exactement les changements d'interlocuteur, on a l'impression d'une certaine confusion, spécialement à partir du v. 15. Cette difficulté ne doit pas nous empêcher d'aller plus loin.
Il s'agit nettement d'une action de grâce pour avoir été délivré d'un mal qui menaçait la vie même. Celui qui prie a été attaqué par des adversaires puissants mais Dieu est intervenu pour le sauver (cf. versets 10-13,18). À l'origine, il s'agissait peut-être d'une action de grâce individuelle, à la suite d'un événement précis mais le psaume a été réinterprété dans un sens collectif (cf. versets 1-4): c'est tout le peuple d'Israël qui remercie Dieu de le délivrer de ses ennemis. Durant la plus grande partie du psaume, les interlocuteurs s'invitent, à tour de rôle, à louer Dieu; en quelques occasions, on s'adresse directement à Dieu (versets 21.25-28), sans qu'on puisse toujours percevoir clairement les raisons de ce changement.
C'est le v. 24 qui a servi de point de départ à l'interprétation chrétienne de ce psaume : « Voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie. » Le jour par excellence est celui de la résurrection, ce jour unique, source de la joie et de l'espérance chrétienne. Par ailleurs, le v. 22 était déjà appliqué à Jésus dans Mt 21,42 (voir aussi Mc 12,10-11; Lc 20,17; Ac 4,11). Jésus est identifié à la pierre rejetée par les constructeurs, c'est-à-dire par le peuple juif, mais établie par Dieu comme fondement du nouveau peuple, l'Église. Partant de là, il est facile d'appliquer à Jésus les passages du psaume qui évoquent la délivrance d'un péril extrême, en particulier les versets 17-18 qui mentionnent la délivrance de la mort elle-même. Lus dans une perspective chrétienne, ces versets s'appliquent à l'initiative de Dieu qui n'épargne pas la mort à son Fils, mais qui le délivre même dans la mort.
Dans la résurrection de Jésus, c'est toute l'humanité qui est délivrée de la mort. C'est donc le Christ total - tout le corps mystique, depuis Jésus lui-même jusqu'au dernier des croyants - qui peut entonner cet hymne et dire à Dieu: « Je te rends grâce, car tu m'as exaucé; tu fus pour moi le salut. » (verset 28)

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Note
Au verset 25, on trouve, en hébreu, les mots hoshiah-na, sauve donc! Cette formule est passée dans la langue latine, puis française et est encore utilisée dans la liturgie sous la forme Hosanna. D'ailleurs, la deuxième partie du Sanctus de la messe latine est inspirée directement des versets 25 et 26 de ce psaume.



• DEUXIEME LECTURE - 1 Jean 5, 1 - 6
Tout homme qui croit que Jésus est le Christ,
celui-là est vraiment né de Dieu ;
tout homme qui aime le Père
aime aussi celui qui est né de lui.
2 Nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu
lorsque nous aimons Dieu
et que nous accomplissons ses commandements.
3 Car l'amour de Dieu, c'est cela :
garder ses commandements.
Ses commandements ne sont pas un fardeau,
4 puisque tout être qui est né de Dieu
est vainqueur du monde.
Et ce qui nous a fait vaincre le monde,
c'est notre foi.
5 Qui donc est vainqueur du monde ?
N'est-ce pas celui qui croit
que Jésus est le Fils de Dieu ?
6 C'est lui, Jésus Christ,
qui est venu par l'eau et par le sang :
pas seulement l'eau,
mais l'eau et le sang.
Et celui qui rend témoignage, c'est l'Esprit,
car l'Esprit est la vérité.
Cet extrait de la Première Épître de Saint Jean nous recentre à la source de la charité et de la foi. Les mots et leur combinaison rappellent la fameuse « Prière sacerdotale » de Jésus avant son entrée dans la Passion (voir Jn 17, 1-26). C’est le même credo que reprennent tous les apôtres dans leurs prêches : qui croit véritablement est né de Dieu, il aime donc Dieu comme son Père d’un amour qu’il étend à tous ses autres frères. Ce qui renvoie au plus grand commandement édicté par Jésus lui-même : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » Un précepte repris par Paul lorsqu’il affirme que la charité est le résumé de la Loi de Nouvelle alliance : « Tous les autres (préceptes) se résument en cette formule : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Rm 13, 9 et Ga 5, 14). En relisant l’histoire du Peuple choisi, nous pouvons noter que le message des prophètes n’était pas si différent non plus. Les divers oracles ont toujours été des appels à la fidélité au Dieu de la Révélation et à la traduction de ses commandements dans la vie de chaque fils d’Israël : « Car cette Loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au delà de tes moyens ni hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans les cieux qu’il te faille dire : “Qui montera pour nous aux cieux nous la chercher, que nous l’entendions pour la mettre en pratique ?“ Elle n’est pas au delà des mers, qu’il te faille dire : “ Qui ira pour nous au delà des mers nous la chercher, que l’entendions pour la mettre en pratique ?“ Car la Parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 11-14).  Il est intéressant de noter dans cet extrait du Deutéronome l’idée que si la Sagesse (source de bonheur) est inaccessible, Dieu se révèle cependant dans la Loi. De même, la personnification de la Parole, c’est-à-dire Dieu lui-même, sera reprise dans la théologie du Verbe par Jean dans le Prologue du quatrième Évangile et aussi par Paul lorsqu’il évoquera « La Parole de la foi » (Rm 10, 6-8). Écouter la Parole de Dieu n’est pas simple capacité d’appréhension “sonore », c’est la vivre, la mettre en pratique de sorte qu’ainsi transformés par elle, nous soyons transformés et reconnus comme tels par nos frères…
 Oui, c’est à cela que l’on reconnaîtra que nous sommes disciples et fils de Dieu. Disciples parce que renouvelés dans une nouvelle naissance en Jésus-Christ par l’eau et le sang qui coulèrent de son côté transpercé par la lance du soldat romain. Fils de Dieu en Jésus-Christ le Nouvel Adam qui nous a faits dignes de recevoir son Esprit Saint, l’Esprit de science et de vérité. Nous retrouvons ici le triptyque de Jean : l’Esprit, l’eau et le sang. L’eau ne va pas sans le sang ; en même temps elle ne peut être dissociée de l’Esprit dont elle est le symbole [Jn 4, 1 dans le magnifique épisode de la rencontre de Jésus avec la Samaritaine au bord du puits : « Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle » (v. 14)]
Donc, qui croit en Dieu n’y parvient pas par ses propres forces. Non ! C’est l’Esprit Saint de Dieu que nous avons reçu par la grâce du baptême qui nous donne le pouvoir de dire que Jésus-Christ est le Fils de Dieu envoyé parmi nous pour le pardon de nos péchés, lui le Messie de Dieu qui, pour notre salut, a souffert la passion, est mort et ressuscité le troisième jour, s’est manifesté auprès de ses disciples, est monté au Cieux en nous faisant la promesse de son retour pour nous prendre dans la gloire de son Royaume. Et, si nous sommes capables d’une telle déclaration de foi, et surtout de sa traduction dans chacun des gestes de notre vie, c’est bien parce que par  et en Jésus-Christ nous sommes nés de Dieu. Et ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde, de ce monde du péché et de la mort.
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• ÉVANGILE - Jean 20, 19 - 31
C'était après la mort de Jésus,
19 le soir du premier jour de la semaine.
Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient,
car ils avaient peur des Juifs.
Jésus vint, et il était là au milieu d'eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
20 Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
21 Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie.
22 Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle
et il leur dit : « Recevez l'Esprit Saint.
23 Tout homme à qui vous remettrez ses péchés,
ils lui seront remis ;
tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils lui seront maintenus. »
24 Or, l'un des Douze, Thomas
(dont le nom signifie : « jumeau »)
n'était pas avec eux, quand Jésus était venu.
25 Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je n'y croirai pas. »
26 Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison
et Thomas était avec eux.
Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d'eux.
Il dit : « La paix soit avec vous ! »
27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-là dans mon côté :
cesse d'être incrédule,
sois croyant. »
28 Thomas lui dit alors :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
29 Jésus lui dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
30 Il y a encore beaucoup d'autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 Mais ceux-là y ont été mis
afin que vous croyiez
que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu,
et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.

Chaque année, cet évangile nous est proposé le deuxième dimanche de Pâques. Lorsqu’il apparaît à ses disciples, Jésus veut les rassurer, les apaiser, car depuis sa mort et sa résurrection, ils sont terrés dans une maison, toutes portes closes, dans la crainte d’éventuelles représailles de la part du pouvoir romain qui redoute que les disciples de Jésus continuent de lever des foules avec des paroles d’un autre monde. Mais Jésus vient au milieu d’eux pour leur confirmer également ce qu’il leur avait annoncé avant sa passion. Leur mission en quelque sorte : «  “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie“. Cela dit, il souffla sur eux et leur dit : “Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus“ ».
Cet épisode a été diversement relaté par les trois autres évangélistes :
1)- Chez Matthieu : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer ce que je vous ai prescrit. Et moi, je serai avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20).
2)- Chez Marc : « Et il leur dit : “ Allez par le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné » (15, 15-16)
3)- Chez Luc : « Ainsi était-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et qu’en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamée à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins » (Lc 24, 46-48).

Ce souffle que Jésus leur transmet est le symbole même de l’Esprit qu’il envoie, principe de la nouvelle création. C’est aussi le « premier don fait aux croyants ».

Tel un coach qui a senti que son équipe est « sonnée » par la tournure des événements, il vient les secouer, leur remonter le moral. Car ce jour est un point de départ, de renaissance pour sortir de toute torpeur et aller partout, chez les croyants et les non-croyants, apporter la paix du ressuscité et annoncer  la Bonne Nouvelle du salut. L’Esprit qu’il leur insuffle les amènera progressivement à la connaissance parfaite du dessein de Dieu pour les hommes, c’est-à-dire de la vérité. Le monde a soif de vérité, il l’attend comme un veilleur attend l’aurore. Il ya aura des embuches, des persécutions de toutes sortes… mais leur foi, leur puissance de croire sont plus fortes que les barrages que dressera le monde sur leur chemin. Le Christ ne sera plus là physiquement avec les disciples. Désormais, la foi qui est don de Dieu, sera nourrie du témoignage des apôtres et de ceux qui ont vécu avec lui durant sa vie sur terre : « Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».



En Jésus, blessé à mort dans ses mains et son côté, Dieu n’est jamais absent de nos histoires personnelles faites de trahisons, d’échecs et de peurs.
En Jésus ressuscité, une espérance inespérée nous est offerte, celle de pouvoir échapper à tous nos enfers.
Enfer de la haine et de la violence.
Enfer de ne pouvoir se pardonner à soi-même, se regarder avec douceur, s’aimer.
Jésus est bien, et reste bien, celui dont le côté ouvert par la lance peut transformer  nos vies par l’eau vive de l’Esprit.
En le regardant s’offrir ainsi à nos prises, comment ne pas être rempli de joie, comme les disciples ? Comblé de joie et de foi, comme Thomas ?

En situant l’apparition du Seigneur à ses disciples au « soir du premier jour de la semaine » (v. 19a), l’évangéliste Jean pense évidemment au jour du rassemblement liturgique des chrétiens, temps privilégié de la présence du Seigneur Jésus à sa communauté.
« Jésus vint, il se tint au milieu d’eux » (v. 19c).
Il est bien là, devant eux, comme il le leur avait promis dans son discours d’adieu : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous » (14, 18).
Il est là, souhaitant et offrant la paix. Comme il l’avait aussi promis : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre » (14, 27).

La foi des disciples et amis de Jésus ne commence pas par un éblouissement ; c’est lentement, péniblement qu’elle se fraie un passage à travers leurs cœurs meurtris.
« Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté » (v. 20a).
Certes Jésus est ressuscité, et le temps de sa présence physique est désormais passé.
Mais il est là, au milieu d’eux.
Et cette rencontre s’épanouit maintenant en mission.
Jésus souffle sur ses disciples (v. 22a) leur communiquant l’Esprit Saint, leur offrant de renaître en humanité et en divinité.
Envoyé par Dieu le Père, à son tour, il envoie ses disciples. Avec mission de pardon.

Puis, l’évangéliste Jean nous rapporte l’épisode de la rencontre de Thomas et du Ressuscité.
Thomas refuse le témoignage des autres disciples. Il demande à voir, à toucher, à vérifier par lui-même pour croire.
On présente souvent Thomas comme celui qui doute.
On peut le voir aussi comme le disciple qui cherche à tâtons, perdu, certitudes et projets en lambeaux, cheminant lentement, laborieusement, vers la foi authentique.
Jésus est là à nouveau. Il montre à Thomas ses mains et son côté.
Insistant ainsi sur la continuité de sa vie, et la cohérence entre sa condition passée de crucifié et sa condition actuelle de ressuscité.
L’évangéliste Jean ne nous dit pas que le disciple touche les plaies des mains et du côté de Jésus.
Comme les autres disciples, Thomas n’avait rien compris au mystère des souffrances et de la mort de Jésus. Mais voilà qu’il articule maintenant une profession de foi absolue : oui, Jésus, tu es « mon Seigneur et mon Dieu » (v. 28).
Et la scène s’achève par cette bénédiction offerte à tous ceux qui vivent dans le temps de l’absence physique de Jésus : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (v. 29b).

Par-delà les disciples présents devant lui, Jésus s’adresse à tous ceux qui leur succéderont dans la suite des temps. A tous les enfants de Dieu qu’il est venu rassembler dans l’unité.
Jésus, on le rencontrera désormais en vivant dans la fraternité, la paix et la prière. En marchant derrière lui avec les autres, beaucoup d’autres.
Et inutile de nous fatiguer à le chercher dans des événements extraordinaires, des signes sensationnels, voire même des apparitions ou des visions.
Nous avons les évangiles. Laissons-nous guider par les paroles de Jésus. Elles nous conduisent vers les rivages où le feu de l’amour peut embraser nos vies.
Nous savons Jésus Christ présent dans les pauvres et les malades, les prisonniers et les exclus.
Pourquoi le chercher dans le ciel, alors qu’il est au plus près de notre quotidien, au cœur même de nos cœurs ? Oui, heureux sommes-nous de « croire sans l’avoir vu » de nos yeux.

Raymond Harguindéguy  — St Priest – avril 2012


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