10/04/2012

« Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts »


Le 8 avril 2012 - Dimanche de Pâques

Chers amis, bonjour !

Au cours de la Veillée pascale, la liturgie nous a donné de parcourir le dessein de Dieu pour les hommes, depuis l’Exode jusqu’aux temps de la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ. En ce matin du Dimanche de Pâques, le ton des textes qui nous sont proposés est à l’espérance joyeuse d’une réalité que les Apôtres constatent (« Détruisez ce Temple et je le rebâtirai en trois jours »). « Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia ! », chantera le psalmiste. Oui, aujourd’hui le Seigneur est ressuscité… Car il fallait qu’il ressuscite pour que s’accomplissent les Écritures et qu’ainsi se manifeste la gloire de Dieu. Autrement,  comme le dira sans cesse l’Apôtre Paul, vaine aurait été notre foi.
Je vous propose quelques repères de méditation pour les trois textes de ce dimanche de Pâques (Ac 10, 34... 43 ; Ps 117 ( 118 ) ; Colossiens 3, 1-4 et 1 Corinthiens 5, 6b - 8 puis l’Évangile selon Jean 20, 1 – 9) suivis de l’Homélie du Pape Benoît XVI en 2009 et de celle de cette année.
 
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• Première Lecture - Ac 10, 34... 43
Quand Pierre arriva à Césarée
chez un centurion de l'armée romaine,
34 il prit la parole :
37 « Vous savez ce qui s'est passé à travers tout le pays des Juifs
depuis les débuts en Galilée,
après le baptême proclamé par Jean :
38 Jésus de Nazareth,
Dieu l'a consacré par l'Esprit Saint et rempli de sa force.
Là où il passait, il faisait le bien
et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon.
Car Dieu était avec lui.
39 Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins
de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem.
Ils l'ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
40 Et voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour.
41 Il lui a donné de se montrer,
non pas à tout le peuple,
mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d'avance,
à nous qui avons mangé et bu avec lui
après sa résurrection d'entre les morts.
42 Il nous a chargés d'annoncer au peuple et de témoigner
que Dieu l'a choisi comme Juge des vivants et des morts.
43 C'est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage :
Tout homme qui croit en lui
reçoit par lui le pardon de ses péchés. »


Pour bien saisir la portée apostolique de ce texte, il convient de le resituer dans son contexte historique immédiat. Souvenons-nous d’abord que, peu après avoir appelé ses douze disciples, « il leur donna autorité sur les esprits impurs, avec pouvoir de les expulser et de guérir n’importe quelle maladie ou langueur » (Mt 10, 1) ; il leur fit entre autres recommandations celles-ci : « … Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Chemin faisant, proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Mt 10, 6-8).
Même si les Juifs — c’est-à-dire le peuple ou la maison d’Israël — en tant qu’héritiers de l’élection et des promesses doivent recevoir en premier l’offre du salut messianique, aux yeux de l‘apôtre Luc (qui a écrit les « Actes des Apôtres »), la conversion de Corneille, le centurion romain, n’est pas un cas individuel. En effet, Pierre vient de réaliser deux miracles : la guérison à Lydda d’un paralytique nommé Énée (Ac 9, 34), avec une formule qui révèle la foi profonde et agissante de l’apôtre (« Énée, Jésus Christ te guérit. Lève-toi et fais toi-même ton lit »), et la résurrection d’une femme nommée Tabitha à Joppé (« Tabitha, lève-toi ». Elle ouvrit les yeux et, voyant Pierre, se mit sur son séant – Ac 36-43).

Cette conversion du centurion romain est donc symbolique de deux messages distincts : 1)- la réalisation des miracles est, pour Pierre lui-même, la preuve indubitable, de la présence en lui de l’Esprit Saint qui agit et manifeste. Mais ces miracles sont portés sur autre que soi. L’entrée dans la maison de Corneille est en quelque sorte un miracle que Pierre se réalise en lui-même, lui le Juif qui franchit la frontière invisible de l’exclusion pour montrer que Dieu veut désormais que les païens soient reçus dans l’Église sans conditions préalables, sans astreintes aux prescriptions de la Loi mosaïque, et que leur soit annoncé l’Évangile. 2)- Dieu lui-même a montré à Pierre qu’il devait accepter l’hospitalité d’un incirconcis. Les païens qu’il appelle désormais à se convertir et à croire en Jésus Christ, mort et ressuscité pour tous les hommes, seront purifiés par Dieu lui-même dans leurs cœurs, bien que leur corps demeure encore impurs (du fait de leur incirconcision). Pierre s’affranchit ainsi des scrupules relatifs à ce qu’on appelle « la pureté légale » : c’est la foi en Christ qui purifie.

Un autre aspect fondamental de cette déclaration de Pierre le juif dans la maison de Corneille le romain est qu’elle énonce comme une formule embryonnaire de la prédication et due ce qui deviendra le Credo de l’Église chrétienne : « Dieu l’a ressuscité le troisième jour » — «  … pour les vivants et pour les morts » (les premiers désignant ceux qui seront en vie au moment du retour du Seigneur et les seconds ceux qui, déjà morts, ressusciteront alors pour le jugement) — « … quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés ». Ces fondements de la foi chrétienne en Jésus Christ mort et ressuscité, ce Jésus qui a vécu au milieu des apôtres et qui a partagé avec eux la condition humaine excepté le péché, cette Bonne Nouvelle est annoncée et révélée à tous les peuples, bien au-delà des seuls juifs. La résurrection déborde les frontières de la seule Galilée, elle est un feu qui brûle et se propage jusque chez les Païens, les incirconcis. En cela, Pierre a le courage et l’audace d’annoncer à ces derniers la grâce promise et accordée par Dieu à tous les hommes. D’ailleurs, ce qui se réalise en ces lieux est extraordinaire : Pierre entreprend de baptiser les premiers païens. Mais il « parlais encore quand l’Esprit Saint tomba sur ceux qui écoutaient la parole. Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils les entendaient en effet parler en langues et magnifier Dieu … » (Ac 10, 44-46).


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• Psaume 117 ( 118 )
Rendez grâce au SEIGNEUR car il est bon :
Eternel est son amour !
4 Qu'ils le disent, ceux qui craignent le SEIGNEUR :
Eternel est son amour !

16 Le bras du SEIGNEUR se lève,
le bras du SEIGNEUR est fort !
17 Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du SEIGNEUR.

22 La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d'angle.
23 C'est là l'œuvre du SEIGNEUR,
la merveille devant nos yeux.

Ce psaume, écrit longtemps avant le Christ, était chanté au temple de Jérusalem, à l’occasion de la fête des Tentes. Il clôt le Hallel du psaume 113, appelé « Hymne pascal ». Il est l’expression d’action de grâce de toute une communauté, de tout un peuple qui, en dépit de ses erreurs à travers l’histoire, reconnaît la proximité, la fidélité et la main tendue du seul Dieu de gloire, puissant et miséricordieux. Oui, la droite du Seigneur l’a relevé et libéré lorsqu’il a été en esclavage en Egypte, ou lorsqu’il a marché pendant quarante ans dans le désert et qu’au bout de cette terrible épreuve, le Seigneur les a reconnus dignes de rebâtir le Temple de Jérusalem, merveille des merveilles, œuvre de Yahvé lui-même.
Mais cette pierre angulaire qui avait été déjà prophétisée par Isaïe (« Voici que je pose à Sion une pierre témoin, angulaire, précieuse, fondamentale » - Is 28, 16) et plus tard Zacharie dans sa cinquième “Vision“ (« ¬ Il arrachera la pierre de faîte, tandis qu’on criera : “Bravo, bravo pour elle ! … On se réjouira en voyant la pierre choisie en la main de Zorobabel“  - Za 4, 7-10) préfigure le Christ en personne. Celui qui affirmera pouvoir rebâtir ce le Temple e trois jours parlera de sa résurrection, certes ! mais aussi de son Église qui sera bâtie sur du roc, une Église dont il sera la tête et le tronc, et nous les membres.
Ce psaume transpire l’espérance dont a besoin un peuple d’Israël déboussolé et défaitiste, tant les tribulations sont nombreuses et pesantes. Face à un horizon obscurci, le psalmiste entonne cette hymne d’action de grâce pour consolider la foi de ses frères. Dieu est là, toujours là aux côtés de ceux avec lesquels il a passé son Alliance indéfectible, sûre et éternelle. C’est lui qui prend l’initiative du projet et c’est pourquoi ce sera son œuvre. Pierre méprisée, pierre rejetée par les bâtisseurs, le Christ, rejeton d’Israël, sera la pierre de la fondation de l’humanité nouvelle.

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• Deuxième Lecture - Col 3, 1-4 et 1 Corinthiens 5, 6b - 8
La liturgie pascale nous propose deux lectures au choix, mais il est très intéressant de les lire et de les méditer toutes les deux ensemble !
Lecture de quelques versets de saint Paul dans la lettre aux Colossiens et dans la 1ère lettre aux Corinthiens

Colossiens 3, 1-4
1 Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ.
Recherchez donc les réalités d'en haut :
c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu.
2 Tendez vers les réalités d'en haut,
et non pas vers celles de la terre.
3 En effet, vous êtes morts avec le Christ,
et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
4 Quand paraîtra le Christ, votre vie,
alors vous aussi,
vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

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1 Corinthiens 5, 6b - 8
Frères,
6 vous savez bien qu'un peu de levain suffit
pour que toute la pâte fermente.
7 Purifiez-vous donc des vieux ferments
et vous serez une pâte nouvelle,
vous qui êtes comme le pain de la Pâque,
celui qui n'a pas fermenté.
Voici que le Christ, notre agneau pascal,
a été immolé.
8 Célébrons donc la Fête,
non pas avec de vieux ferments :
la perversité et le vice ;
mais avec du pain non fermenté :
la droiture et la vérité.


Il est sans conteste que Paul est l’Apôtre de la résurrection du Christ dont il fait le fondement même de notre foi. Si le christ, mort sur la croix n’était pas sorti vivant du tombeau, alors vaine serait notre foi. C’est pourquoi le chrétien doit, comme par nécessité vitale, rechercher à vivre l’Évangile de Jésus Christ dans l’attente de sa venue dans la gloire. Cette union au Christ céleste est désormais le principe énergétique de la vie nouvelle. Paul développera ce même thème dans plusieurs autres de ses lettres et prédications (Ep 2, 6 + ; Ph 3, 20 + ; Rm 8, 19) : « Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu : quand le Christ sera manifesté, lui qui est votre vie, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui pleins de gloire ». Morts avec le Christ, nous sommes désormais vivants avec lui et nous serons glorifiés avec lui lorsqu’il reviendra juger les vivants et les morts.
La vie nouvelle nous fait obligation d’être dignes des grâces dont le Christ nous comble chaque jour. Ainsi, nous devons être : levain de la pâte, du Pain de la Pâque, de la droiture et de la vérité. Mais à une condition préalable : nous purifier des vieux ferments, du vieil homme pour endosser les habits de l’homme nouveau affranchi en Christ. Unis au Christ par le baptême, le chrétien participe déjà à sa vie céleste, concrètement et à travers les expériences de notre existence. Mais cette vie céleste est en réalité encore cachée ; elle ne se manifestera dans toute sa gloire qu’à la venue du Christ (la Parousie). Cette œuvre de mort et de résurrection opérée par le baptême, est immédiate et absolue ; elle fait de nous des enfants de Dieu à part entière. Encore plongé dans ce monde terrestre, nous faisons alors l’expérience d’une mise à mort lente du vieil homme en nous, jour après jour… mais avec la certitude de la promesse du salut en Christ qui nous a libérés du péché.
Les « réalités d’en haut » dont parle Paul, ce sont les qualités mêmes de celui qui a vécu au milieu de nous, qui a été persécuté, mis à mort… mais qui est ressuscité d’entre les morts et qui nous a promis de revenir nous prendre dans sa gloire. Ce Christ était obéissant, humble, serviteur, patient, doux, déterminé, aimant, fort, fidèle, miséricordieux…


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• Évangile - Jean 20, 1 - 9
Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau
de grand matin, alors qu'il fait encore sombre.
Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
2 Elle court donc trouver Simon-Pierre et l'autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau
et nous ne savons pas où on l'a mis. »
3 Pierre partit donc avec l'autre disciple
pour se rendre au tombeau.
4 Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l'autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
5 En se penchant, il voit que le linceul est resté là ;
cependant il n'entre pas.
6 Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là,
7 et le linge qui avait recouvert la tête,
non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
8 C'est alors qu'entra l'autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit et il crut.
9 Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu
que, d'après l'Ecriture,
il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts.
 

Si la Croix est « le lieu de manifestation de l’identité parfaite de Dieu » (RP aubin Mouyoula, Curé de Saint-Priest), cela signifie qu’elle a porté au plus haut point la souffrance humaine dans ce qu’elle a de plus profond, de plus douloureux… Cela veut dire aussi qu’elle est le symbole de la victoire de la Vie sur la mort, de l’Amour sur la haine… « Victoire, tu règneras, Ô Croix, tu nous sauveras ! ». Oui, c’est la Croix qui nous sauve. Avec le Christ, nous sommes morts au péché et c’est avec Lui et en Lui que nous revenons à la Vie par sa résurrection. Le dernier soupir du Christ sur la Croix a préfiguré l’effusion de l’Esprit sur les hommes. L’eau et le sang qui avaient coulé de son côté transpercé d’une lance non seulement ont attesté la réalité du sacrifice de l’Agneau, celui qui lave le péché du monde, ils ont scellé la fécondité spirituelle de la Parole du Dieu Sauveur. On pourrait même dire que cette eau est symbole du baptême purificateur, que ce sang est celui de l’Eucharistie (rappelant ainsi sa parole prononcée durant la cène : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission du péché : vous ferez cela en mémoire de moi »). Sang et eau sont désormais les signes des deux sacrements du baptême et de l’Eucharistie, c’est-à-dire des signes de l’Église, nouvelle Ève naissant du nouvel Adam.

Ce nouvel Adam qui surgit et transperce de sa lumière les ténèbres de la mort. Car la résurrection est réellement une lumière qui resplendit sur un monde de ténèbres. Jésus n’est plus là où on avait déposé sa sépulture, Marie-Madeleine est en témoin lorsqu’elle se rend au tombeau, au lever du jour. Pierre et Jean le constatent à leur tout quand ils ne retrouvent que les bandelettes et le linceul avec lesquels on avait recouvert le corps du Seigneur. Pour eux, ce sont là des preuves indiscutables de la libération du Maître. Ils sont en face d’un mystère dont ils percent soudain la signification non pas du seul moment de la non présence de Jésus dans son tombeau, mais le sens trans-historique, général, englobant du dessein de Dieu pour les hommes. Un plan dans lequel Jésus était la figure centrale. Mais les apôtres ne le comprennent pas d’eux-mêmes, tant le doute est naturel devant un tel miracle. Et des miracles, ils en ont été témoins quand Jésus était au milieu d’eux en chair et en os. C’est l’Esprit qui déjà est à l’œuvre en eux. Car rien de ce qui dépasse l’entendement de l’homme ne peut être saisi pas la seule force de sa raison. Jésus l’avait déjà dit à  Pierre : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux… » - Mt 16, 18). C’est par la force de l’Esprit que Jean « vit et crut », et il en sera de même pour tous les autres. A ceux qui doutent (voir Lc 24, 36-42), comme Thomas (Jn 20, 24-28), Jésus lui-même rappellera : « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu ».

Un dernier point, et non des moindres : il faut souligner la particularité des personnes sur les lieux de la résurrection. Marie de Magdala est la première venue sur les lieux, c’est elle qui constate le tombeau vide et la on présence de la sépulture du Seigneur. Elle est prise de stupeur, de colère aussi car elle pense d’abord que le corps du Seigneur a été enlevé. C’est également elle qui court informer Simon-Pierre et Jean : « on a enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis ». Les deux apôtres accourent vers le tombeau et, naturellement Jean, plus jeune, arrive le premier ; mais il attend Simon-Pierre qu’il laisse entrer en premier (par respect et par préséance) pour constater les faits en second, puis à son tour il s’approche.

C’est encore une fois à Marie de Magdala que Jésus ressuscité apparaît pour lui dire : « Ne me retiens pas ainsi, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver les frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). [Il ne faut surtout pas croire que Jésus transfiguré après sa résurrection est devenu un « sans domicile fixe ». Assurément, non ! Par sa résurrection, c’est-à-dire à l’instant même de sa libération du tombeau et des forces du Mal, Jésus est entré corporellement dans la gloire promise pas son Père, gloire à laquelle il nous a associés. L’ascension dans le ciel proprement dite signifiera que le temps des entretiens familiers avec le Christ est terminé]. Soulignons ici de nouveau que c’est à cette femme que Jésus confie une mission d’information de première importance : l’annonce de son retour vers le Père. Ainsi que le souligne Marie-Noëlle Thabut : « C'est Marie-Madeleine qui a assisté la première à l'aube de l'humanité nouvelle ! Marie de Magdala, celle qui avait été délivrée de sept démons... elle est l'image de l'humanité tout entière qui découvre son Sauveur. Mais, visiblement, elle n'a pas compris tout de suite ce qui se passait : là aussi, elle est bien l'image de l'humanité ! Et, bien qu'elle n'ait pas tout compris, elle est quand même partie annoncer la nouvelle aux apôtres et c'est parce qu'elle a osé le faire, que Pierre et Jean ont couru vers le tombeau et que leurs yeux se sont ouverts. A notre tour, n'attendons pas d'avoir tout compris pour oser inviter le monde à la rencontre du Christ ressuscité »… C’est dire la place particulière de la femme dans l’œuvre de salut du Christ. Elles sont nombreuses celles qui l’ont suivi dans ses nombreux voyages, nombreuses celles qui l’ont pleuré et soutenu sur le chemin du Calvaire… Par Marie sa mère il est venu à la vie en notre monde… A Marie de Magdala, il fait l’honneur de constater sa résurrection en premier et d’apporter la nouvelle de sa future ascension dans le Ciel.



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Homélie de Benoît XVI pour la messe de Pâques
place Saint-Pierre
Precedet suos in Galileam

ROME, Dimanche 12 avril 2009 — Homélie que le pape Benoît XVI a prononcée ce dimanche matin, Dimanche de Pâques, au cours de la messe, qu'il a présidée sur le parvis de la Basilique Saint-Pierre.

Chers Frères et Sœurs !
« Le Christ, notre agneau pascal, a été immolé » (1 Co 5, 7) ! Cette exclamation de saint Paul que nous avons écoutée dans la deuxième lecture, tirée de la première Lettre aux Corinthiens, retentit en ce jour. C'est un texte qui date d'une vingtaine d'années à peine après la mort et la résurrection de Jésus, et pourtant - comme c'est typique de certaines expressions pauliniennes - il reflète déjà, en une synthèse impressionnante, la pleine conscience de la nouveauté chrétienne. Le symbole central de l'histoire du salut - l'agneau pascal - est ici identifié à Jésus, qui est justement appelé « notre Pâque ». La Pâque juive, mémorial de la libération de l'esclavage en Égypte, prévoyait tous les ans le rite de l'immolation de l'agneau, un agneau par famille, selon la prescription mosaïque. Dans sa passion et sa mort, Jésus, se révèle comme l'Agneau de Dieu « immolé » sur la Croix pour enlever les péchés du monde. Il a été tué à l'heure précise où l'on avait l'habitude d'immoler les agneaux dans le Temple de Jérusalem. Lui-même avait anticipé le sens de son sacrifice durant la Dernière Cène en se substituant - sous les signes du pain et du vin - aux aliments rituels du repas de la Pâque juive. Ainsi nous pouvons dire vraiment que Jésus a porté à son accomplissement la tradition de l'antique Pâque et l'a transformée en sa Pâque.
À partir de cette signification nouvelle de la fête pascale, on comprend aussi l'interprétation des « azymes » donnée par saint Paul. L'Apôtre fait référence à un antique usage juif : selon lequel, à l'occasion de la Pâque, il fallait faire disparaître de la maison le moindre petit reste de pain levé. Cela représentait, d'une part, le souvenir de ce qui était arrivé à leurs ancêtres au moment de la fuite de l'Égypte : sortant en hâte du pays, ils n'avaient pris avec eux que des galettes non levées. Mais, d'autre part, « les azymes » étaient un symbole de purification : éliminer ce qui est vieux pour donner place à ce qui est nouveau. Alors, explique saint Paul, cette tradition antique prend elle aussi un sens nouveau, à partir précisément du nouvel « exode » qu'est le passage de Jésus de la mort à la vie éternelle. Et puisque le Christ, comme Agneau véritable, s'est offert lui-même en sacrifice pour nous, nous aussi, ses disciples - grâce à Lui et par Lui - nous pouvons et nous devons être une « pâte nouvelle », des « azymes » libres de tout résidu du vieux ferment du péché : plus aucune méchanceté ni perversité dans notre cœur.
« Célébrons donc la fête... avec du pain non fermenté : la droiture et la vérité ». Cette exhortation qui conclut la brève lecture qui vient d'être proclamée, résonne avec encore plus de force dans le contexte de l'Année paulinienne. Chers Frères et Sœurs, accueillons l'invitation de l'Apôtre ; ouvrons notre âme au Christ mort et ressuscité pour qu'il nous renouvelle, pour qu'il élimine de notre cœur le poison du péché et de la mort et qu'il y déverse la sève vitale de l'Esprit-Saint : la vie divine et éternelle. Dans la séquence pascale, comme en écho aux paroles de l'Apôtre, nous avons chanté : « Scimus Christum surrexisse a mortuis vere » - « nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts ». Oui, c'est bien là le noyau fondamental de notre profession de foi, c'est le cri de victoire qui nous unit tous aujourd'hui. Et si Jésus est ressuscité et est donc vivant, qui pourra jamais nous séparer de Lui ? Qui pourra jamais nous priver de son amour qui a vaincu la haine et a mis la mort en échec ?
Que l'annonce de Pâques se répande dans le monde à travers le chant joyeux de l'Alléluia ! Chantons-le avec les lèvres, chantons-le surtout avec le cœur et par notre vie, par un style de vie similaire aux « azymes », c'est-à-dire simple, humble et fécond en bonnes actions. « Surrexit Christus spes mea ! precedet suos in Galileam - le Christ, mon espérance, est ressuscité ! Il vous précédera en Galilée ». Le Ressuscité nous précède et nous accompagne sur les routes du monde. C'est Lui notre espérance, c'est Lui la paix véritable du monde ! Amen.

© Copyright 2009 - Libreria Editrice Vaticana 





Homélie de Benoît XVI pour la messe de Pâques
Basilique Saint-Pierre de Rome

Samedi Saint, 7 avril 2012 


Chers frères et sœurs!
Pâques est la fête de la nouvelle création. Jésus est ressuscité et ne meurt plus. Il a enfoncé la porte vers une vie nouvelle qui ne connaît plus ni maladie ni mort. Il a pris l’homme en Dieu lui-même. « La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu » avait dit Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens (15, 50). L’écrivain ecclésiastique Tertullien, au IIIsiècle, en référence à la résurrection du Christ et à notre résurrection avait l’audace d’écrire : « Ayez confiance, chair et sang, grâce au Christ vous avez acquis une place dans le Ciel et dans le royaume de Dieu » (CCL II 994). Une nouvelle dimension s’est ouverte pour l’homme. La création est devenue plus grande et plus vaste. Pâques est le jour d’une nouvelle création, c’est la raison pour laquelle en ce jour l’Église commence la liturgie par l’ancienne création, afin que nous apprenions à bien comprendre la nouvelle. C’est pourquoi, au début de la Liturgie de la Parole durant la Vigile pascale, il y a le récit de la création du monde. En relation à cela, deux choses sont particulièrement importantes dans le contexte de la liturgie de ce jour. En premier lieu, la création est présentée comme un tout dont fait partie le phénomène du temps. Les sept jours sont une image d’une totalité qui se déroule dans le temps. Ils sont ordonnés en vue du septième jour, le jour de la liberté de toutes les créatures pour Dieu et des unes pour les autres. La création est donc orientée vers la communion entre Dieu et la créature ; elle existe afin qu’il y ait un espace de réponse à la grande gloire de Dieu, une rencontre d’amour et de liberté. En second lieu, durant la Vigile pascale, du récit de la création, l’Église écoute surtout la première phrase : « Dieu dit : ‘Que la lumière soit’ ! » (Gen 1, 3). Le récit de la création, d’une façon symbolique, commence par la création de la lumière. Le soleil et la lune sont créés seulement le quatrième jour. Le récit de la création les appelle sources de lumière, que Dieu a placées dans le firmament du ciel. Ainsi il leur ôte consciemment le caractère divin que les grandes religions leur avaient attribué. Non, ce ne sont en rien des dieux. Ce sont des corps lumineux, créés par l’unique Dieu. Ils sont en revanche précédés de la lumière par laquelle la gloire de Dieu se reflète dans la nature de l’être qui est créé.
Qu’entend par là le récit de la création ? La lumière rend possible la vie. Elle rend possible la rencontre. Elle rend possible la communication. Elle rend possible la connaissance, l’accès à la réalité, à la vérité. Et en rendant possible la connaissance, elle rend possible la liberté et le progrès. Le mal se cache. La lumière par conséquent est aussi une expression du bien qui est luminosité et créé la luminosité. C’est le jour dans lequel nous pouvons œuvrer. Le fait que Dieu ait créé la lumière signifie que Dieu a créé le monde comme lieu de connaissance et de vérité, lieu de rencontre et de liberté, lieu du bien et de l’amour. La matière première du monde est bonne, l’être même est bon. Et le mal ne provient pas de l’être qui est créé par Dieu, mais existe en vertu de la négation. C’est le « non ».
A Pâques, au matin du premier jour de la semaine, Dieu a dit de nouveau : « Que la lumière soit ! ». Auparavant il y avait eu la nuit du Mont des Oliviers, l’éclipse solaire de la passion et de la mort de Jésus, la nuit du sépulcre. Mais désormais c’est de nouveau le premier jour ­ la création recommence entièrement nouvelle. « Que la lumière soit ! », dit Dieu, « et la lumière fut ». Jésus se lève du tombeau. La vie est plus forte que la mort. Le bien est plus fort que le mal. L’amour est plus fort que la haine. La vérité est plus forte que le mensonge. L’obscurité des jours passés est dissipée au moment où Jésus ressuscite du tombeau et devient, lui-même, pure lumière de Dieu. Ceci, toutefois, ne se réfère pas seulement à lui ni à l’obscurité de ces jours. Avec la résurrection de Jésus, la lumière elle-même est créée de façon nouvelle. Il nous attire tous derrière lui dans la nouvelle vie de la résurrection et vainc toute forme d’obscurité. Il est le nouveau jour de Dieu, qui vaut pour nous tous.
Mais comment cela peut-il arriver ? Comment tout cela peut-il parvenir jusqu’à nous de façon que cela ne reste pas seulement  parole, mais devienne une réalité dans laquelle nous sommes impliqués ? Par le sacrement du Baptême et la profession de foi, le Seigneur a construit un pont vers nous, par lequel le nouveau jour vient à nous. Dans le Baptême, le Seigneur dit à celui qui le reçoit : Fiat lux ­ que la lumière soit. Le nouveau jour, le jour de la vie indestructible vient aussi à nous. Le Christ te prend par la main. Désormais tu seras soutenu par lui et tu entreras ainsi dans la lumière, dans la vraie vie. Pour cette raison, l’Église primitive a appelé le Baptême « photismos » ­ illumination.
Pourquoi ? L’obscurité vraiment menaçante pour l’homme est le fait que lui, en vérité, est capable de voir et de rechercher les choses tangibles, matérielles, mais il ne voit pas où va le monde et d’où il vient. Où va notre vie elle-même. Ce qu’est le bien et ce qu’est le mal. L’obscurité sur Dieu et sur les valeurs est la vraie menace pour notre existence et pour le monde en général. Si Dieu et les valeurs, la différence entre le bien et le mal restent dans l’obscurité, alors toutes les autres illuminations, qui nous donnent un pouvoir aussi incroyable, ne sont pas seulement des progrès, mais en même temps elles sont aussi des menaces qui mettent en péril nous et le monde. Aujourd’hui nous pouvons illuminer nos villes d’une façon tellement éblouissante que les étoiles du ciel ne sont plus visibles. N’est-ce pas une image de la problématique du fait que nous soyons illuminés ? Sur les choses matérielles nous savons et nous pouvons incroyablement beaucoup, mais ce qui va au-delà de cela, Dieu et le bien, nous ne réussissons plus à l’identifier. C’est pourquoi, c’est la foi qui nous montre la lumière de Dieu, la véritable illumination, elle est une irruption de la lumière de Dieu dans notre monde, une ouverture de nos yeux à la vraie lumière
Chers amis, je voudrais enfin ajouter encore une pensée sur la lumière et sur l’illumination. Durant la Vigile pascale, la nuit de la nouvelle création, l’Église présente le mystère de la lumière avec un symbole tout à fait particulier et très humble : le cierge pascal. C’est une lumière qui vit en vertu du sacrifice. Le cierge illumine en se consumant lui-même. Il donne la lumière en se donnant lui-même. Ainsi il représente d’une façon merveilleuse le mystère pascal du Christ qui se donne lui-même et ainsi donne la grande lumière. En second lieu, nous pouvons réfléchir sur le fait que la lumière du cierge est du feu. Le feu est une force qui modèle le monde, un pouvoir qui transforme. Et le feu donne la chaleur. Là encore le mystère du Christ se rend à nouveau visible. Le Christ, la lumière est feu, il est la flamme qui brûle le mal transformant ainsi le monde et nous-mêmes. « Qui est près de moi est près du feu », exprime une parole de Jésus transmise par Origène. Et ce feu est en même temps chaleur, non une lumière froide, mais une lumière dans laquelle se rencontrent la chaleur et la bonté de Dieu.
Le grand hymne de l’Exultet, que le diacre chante au début de la liturgie pascale, nous fait encore remarquer d’une façon très discrète un autre aspect. Il rappelle que ce produit, la cire, est du en premier lieu au travail des abeilles. Ainsi entre en jeu la création tout entière. Dans la cire, la création devient porteuse de lumière. Mais, selon la pensée des Pères, il y a aussi une allusion implicite à l’Église. La coopération de la communauté vivante des fidèles dans l’Église est presque semblable à l’œuvre des abeilles. Elle construit la communauté de la lumière. Nous pouvons ainsi voir dans la cire un rappel fait à nous-mêmes et à notre communion dans la communauté de l’Église, qu’elle existe afin que la lumière du Christ puisse illuminer le monde.
Prions le Seigneur à présent de nous faire expérimenter la joie de sa lumière, et prions-le, afin que nous-mêmes nous devenions des porteurs de sa lumière, pour qu’à travers l’Église la splendeur du visage du Christ entre dans le monde (cf. LG 1). Amen. 

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