23/03/2010

« Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus. »

Chers amis, bonjour !


L'Evangile de ce cinquième dimanche du carême est extrait de Jean (Jn 8, 1-11): Jésus et la femme adultère

Jésus s'était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner.

Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer,

et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère.

Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? »

Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.

Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. »

Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.

Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui.

Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t'a condamnée ? »

Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »



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Le scénario de cette situation n’est pas ans rappeler celui de la passion que Jésus lui-même va vivre dans quelques temps: accusations sommaires et jugements tout aussi lapidaires. Alors que Jésus est en train d’enseigner (ce qui est sa vraie mission), voilà que les Scribes et les Pharisiens s’emploient à le « coincer » dans la posture d’un juge. Délicate situation que celle de fouler aux pieds la loi mosaïque en matière d’adultère. Le piège est là, et Jésus est, comme la femme adultère, en réel danger. Pourtant, il n’affronte pas directement ses interlocuteurs, il fait silence. Comme pour permettre à chaque personne présence sur cette scène, de faire individuellement son cheminement. «La loi, rien que la loi…», se disent les Scribes et les Pharisiens. «Justice et amour», leur répond Jésus qui a été envoyé par son Père non pas pour juger les hommes, mais pour les sauver par son incommensurable amour…: «Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre.» Un appel à l’examen de sa propre vie. Au fond, Jésus dit à son auditoire (et particulièrement aux Scribes et aux Pharisiens) : vous qui vous gargarisez de la Loi de Moïse, avez-vous toujours été fidèles aux engagements de l’Alliance. Et lorsque Jésus se retrouve seul face à la femme, il lui révèle le visage du vrai Dieu de miséricorde: «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.» Certes, le péché est dans le fond du cœur de l’homme… mais Jésus, par son regard aimant et le pardon qu’il accorde par grâce, instille dans la vie de cette femme une lueur qui lui permet de se relever et peut-être de renaître à la vie nouvelle. C’est une femme debout que Jésus dessine ici: «Il ne brisera pas le roseau ployé, il n'éteindra pas la mèche qui s'étiole...», telle était déjà la vision messianique du Prophète Isaïe (Is 42, 3). A l’instar de la croix qui sera dressée sur le Golgotha, Jésus est venu annoncé un monde radicalement nouveau, un monde non pas couché mais debout, un monde non pas mort mais vivant.



Renoncer à tout pour être avec le Christ

Bonjour !


2ème lecture de ce cinquième dimanche de carême:


Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 3, 8-14)


Frères, tous les avantages que j"avais autrefois, je les considère maintenant comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j"ai tout perdu ; je considère tout comme des balayures, en vue d"un seul avantage, le Christ, en qui Dieu me reconnaîtra comme juste. Cette justice ne vient pas de moi-même - c'est-à-dire de mon obéissance à la loi de Moïse - mais de la foi au Christ : c'est la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.

Il s'agit de connaître le Christ, d'éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort,

dans l'espoir de parvenir, moi aussi, à ressusciter d'entre les morts.

Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j'ai moi-même été saisi par le Christ Jésus.

Frères, je ne pense pas l'avoir déjà saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l'avant,

je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus.



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On devient quelqu’un d’autre, un homme nouveau dès lors que l’on a été saisi par le Christ. Oui, il y a toujours un avant et un après. C’est d’ailleurs tout le sens de cette référence au-delà du simple marquage historique. Le monde et chacun de nous n’est plus le même depuis la venue du Christ en ce monde. Paul a rencontré le Christ : ce n’est plus par et pour lui-même qu’il vit mais par et pour le Christ. Il est devenu une créature nouvelle. Autrement dit, la connaissance du Christ, — au sens de l’aimer et de partager sa vie, son intimité, son être profond, ses valeurs… — désormais le seul but de sa vie qui en vaille la peine, consiste à vivre en communiant aux souffrances de sa passion, pour in fine partager les joies de sa résurrection. Paul, qui est le symbole même de la renaissance dont il a été question dans le Psaume 125, nous exhorte à nous laisser prendre, capter, saisir par le Christ afin que, greffés à lui, nous le suivions dans ses chemins y compris les plus risqués mais tout aussi exaltants : par le baptême, nous vivons cette rupture avec l’ancien monde et ses pratiques pour entrer dans ce monde nouveau dans lequel le Christ seul nous reconnaîtra comme des «justes», c’est-à-dire ceux dont la foi en Dieu a irrigué toute leur vie parce qu’ils ont revêtu le Christ, et qui croient qu’«auprès du Seigneur est la grâce, près de lui, la pleine délivrance» (Ps 129,7).



«Ne songez plus au passé.
Voici que je fais un monde nouveau.»

Chers amis, bonjour !

Voici les références bibliques des textes que la liturgie nous propose en ce cinquième dimanche de carême:

Livre d'Isaïe: 43. 16 à 21: «Ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau.»

Psaume 125: «Il s'en vient, il s'en vient dans la joie, il rapporte les gerbes.»

Lettre de saint Paul aux Philippiens: 3. 8 à 14: "Je cours en oubliant ce qui est en arrière et lancé vers le but je cours en avant."

Evangile selon saint Jean: 8. 1 à 11: «Va et désormais ne pèche plus.»


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1ère lecture : Promesse du nouvel exode (Is 43, 16-21)


Lecture du livre d'Isaïe


Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit une route à travers la mer, un sentier au milieu des eaux puissantes,

lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; et les voilà couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, ils se sont consumés comme une mèche. Le Seigneur dit :

Ne vous souvenez plus d'autrefois, ne songez plus au passé.

Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides.

Les bêtes sauvages me rendront gloire — les chacals et les autruches — parce que j'aurai fait couler de l'eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer le peuple, mon élu.

Ce peuple que j'ai formé pour moi redira ma louange.


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Rappelons d’abord le contexte de cet écrit : Les chapitres 40-55 du Livre d’Isaïe constituent la seconde partie de «son» œuvre : le Prophète y évoque la montée en puissance de Cyrus II, le roi de Perse, annonçant la fin de l'exil à Babylone, un exil qui dura de 587 à 538 av. J.C.

Appelés aussi le "livre de la consolation d'Israël" [d'après les premiers mots du chapitre 40 "Consolez mon peuple"], il s'adresse aux juifs déportés à Babylone vers la fin de leur captivité. Car YHWH le Tout-Puissant est aussi le Rédempteur de son peuple. Grâce à Cyrus, le roi des Perses, le Tout-Puissant va délivrer son peuple pour le retour en Terre Promise mais seul un petit reste entend son appel (chapitre 48-50). Face à des auditeurs sceptiques, le prophète annonce un nouvel Exode, un nouveau Sinaï, sans danger ni menaces où la présence de Dieu transformera toute chose (55, 12-13). A cette occasion la perspective devient eschatologique et la grandeur de Dieu est affirmée nettement (40, 12-17 et 21-26; 43, 10-13) : il n'y a qu'un seul dieu, maître de l'histoire de tous les peuples de la terre, et tous les autres dieux ne sont que des idoles. Isaïe fait ainsi se rejoindre l'universalisme et le monothéisme.

Notons que dans quatre poèmes (42, 1-7; 49 ,1-9; 50 , 4-10 et surtout 52,13-53, 12) de ce «Deuxième Livre» se détache une figure mystérieuse, celle du serviteur du Seigneur, souffrant pour le salut d'une multitude d'hommes. Unr figure interprétée tantôt comme une personnification du peuple d'Israël, tantôt comme le prophète lui-même, ou plus tard comme une figure de l'avenir annonçant le Christ (Mt 12,17-21; Mc 10, 45; Jn 1, 29).


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Il est clair que dans ce contexte d’exil et de maltraitance, le peuple juif était pris d’une désespérance totale. La tentation est forte de vouloir se replier dans un passé nourri des œuvres de la bienveillance de Dieu. Dans ce texte, bien qu’il rappelle l’exploit (entre autres) de Yavhé en faveur de son peuple lors de sa libération d’Egypte, le prophète tourne son peuple résolument vers l’avenir, vers ce monde nouveau qui vient. D’une espérance traditionnellement fondée sur le mémorial, le souvenir, il demande au peuple israélien de vivre cette présence du Dieu qui sauve dans un continuum passé-présent-avenir. Si donc le Seigneur nous a accompagnés par le passé, faisons-lui confiance dans notre espérance de cet avenir ouvert et à construire avec lui. Ce Dieu fidèle est unique et, parce qu’il est fidèle à sa promesse, il l’est avec nous à travers le temps.


Cette fidélité de Dieu pour son peuple est ressentie comme une résurrection à la fois véritable et permanente. Longtemps après l’exil, le psalmiste dont (justement) les images du retour d’exil de Babylone renvoient à celles de la libération de l’Egypte (l’exode) met en valeur la puissance de Dieu qui fait renaître son peuple à la vie, «comme les torrents dans le désert» font germer la semence.



• Psaume : Ps 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6


Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,

nous étions comme en rêve!

Alors notre bouche était pleine de rires,

nous poussions des cris de joie;


Alors on disait parmi les nations :

« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur!»

Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous

nous étions en grande fête!


Ramène, Seigneur, nos captifs,

comme les torrents au désert.

Qui sème dans les larmes

moissonne dans la joie :


Il s'en va, il s'en va en pleurant,

il jette la semence;

il s'en vient, il s'en vient dans la joie,

il rapporte les gerbes.


15/03/2010

"Je vais retourner chez mon père…"

Chers amis, bonjour !


L’Evangile de ce dimanche — la Parabole du père et de ses deux fils — est extrait de Luc au chapitre 15, 1-3 et 1-32. Le psalmiste nous en révèle le sens lorsqu’il clame: «Comme la tendresse d'un père pour son enfant, le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour». (Ps 102, 8.13)


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Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter.

Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: «Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!»

Alors Jésus leur dit cette parabole :

Jésus disait cette parabole: «Un homme avait deux fils.

Le plus jeune dit à son père: 'Père, donne-moi la part d'héritage qui me revient.' Et le père fit le partage de ses biens.

Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre.

Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère.

Il alla s'embaucher chez un homme du pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs.

Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.

Alors il réfléchit: 'Tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !

Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi.

Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Prends-moi comme l'un de tes ouvriers.'

Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.

Le fils lui dit : 'Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils...'

Mais le père dit à ses domestiques: 'Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds.

Allez chercher le veau gras, tuez-le; mangeons et festoyons.

Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé.' Et ils commencèrent la fête.

Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.

Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait.

Celui-ci répondit: 'C'est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a vu revenir son fils en bonne santé.'

Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait.

Mais il répliqua: 'Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.

Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras!'

Le père répondit : 'Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.

Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé!»


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En réalité, cet épisode de «L’enfant prodigue» fait partie de ce qu’on appelle « les trois paraboles de la miséricorde », avec celles de «La brebis perdue» et de «La drachme perdue».

Les juifs ont la mémoire courte car ils oublient souvent les œuvres de Dieu dans leur histoire. En effet, le Dieu de l’Alliance a toujours réalisé ce qu’il a promis, et lorsqu’il a été invoqué par Moïse et les autres prophètes, il n’a cessé de révéler à son peuple ses attributs divins, et singulièrement sa miséricorde. Moïse plus que tout autre le sait qui crie: «Yavhé, Yavhé, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et fidélité, qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché mais ne laisse rien impuni et châtie la faute des pères sur les enfants et les petits-enfants, jusqu’à la troisième te la quatrième génération.» (Ex 15, 6-7).

Ce visage du Père miséricordieux sera l’épine dorsale de la pédagogie de Moïse envers son peuple (voir également dans Nb 14, 18 | Dt 5, 9-10); le psalmiste la reprendra, entre autres, dans les psaumes 15 et 33 (le psaume de ce dimanche) ainsi que Jean dans son prologue où il assène cette vérité de la foi: «Et le Verbe s’est fait chair (c’est-à-dire l’homme dans sa condition de faiblesse et de moralité), et il demeuré parmi nous (à la présence invisible et redoutable de Dieu dans le temple de l’ancienne alliance, à sa présence spirituelle de la Sagesse dans la Loi mosaïque… succède, par son Incarnation, une présence personnelle et tangible de Dieu parmi les hommes), et nous avons vu sa gloire (manifestation de sa gloire par son éclat redoutable), gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité (c’est-à-dire amour et fidélité, selon la définition que révèle de lui-même à Moïse)». C’est le visage de ce Dieu fidèle et profondément aimant que Jésus est venu montrer aux hommes. Et ici, dans la parabole de cet enfant prodigue, Jésus nous décrit cette attitude miséricordieuse du père, symbole de la miséricorde divine, à laquelle s’oppose, dans le fils aîné, la posture des pharisiens et des scribes.

Ce temps de carême est propice pour «nous laisser réconcilier avec Dieu», selon la juste expression de Paul, non pas nécessairement par des actes exceptionnels mais par de petits pas dont la valeur profonde réside en ce qu’ils nous rapprochent de Dieu et de nos frères… Oui ! pour mériter d’être appelés «ils de Dieu» pour partager la joie de la fête pascale.

Se laisser réconcilier avec Dieu par le Christ…

Bonjour !


La deuxième lecture de ce dimanche est extraite de la lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens:

Réconciliés avec Dieu par le Christ, nous devenons des créatures nouvelles (2Co 5, 17-21)


Frères, si quelqu'un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s'en est allé, un monde nouveau est déjà né.

Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation.

Car c'est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui ; il effaçait pour tous les hommes le compte de leurs péchés, et il mettait dans notre bouche la parole de la réconciliation.

Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.

Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.

Frères, si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s"en est allé, un monde nouveau est déjà né

Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c"est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.


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La beauté de ce texte de Paul, autant que sa force théologique, doivent nous interpeller, plus particulièrement en ce temps de carême. L’idée de Paul est (apparemment) simple et limpide : par Jésus Christ son fils, Dieu avait créé toutes choses et, dans le Christ il restaure son œuvre déréglée par le péché. Le Christ est donc au cœur de cette œuvre : par lui, avec lui et en lui, Dieu le Père renouvelle toute chose (voir Col 1, 15-20 et Col 3, 10 | Ga 6, 15 | Ep 2, 10 et 15 puis 4, 24 sq). Il s’agit d’une véritable re-création universelle dans laquelle l’homme nouveau est re-créé dans le Christ. Cette nouvelle vie confirmée par notre baptême, c’est-à-dire ce passage de l’ancien monde au nouveau monde, celui de justice et de sainteté (voir Rm 6, 4).

Ce renouvellement, cette restauration, cette re-création… manifestent l’infinie richesse du projet de Dieu pour les hommes, c’est-à-dire le Père qui, par son fils envoyé parmi les hommes, ne joue pas au méchant comptable de nos péchés, mais le Dieu dont le pardon précède toutes nos faiblesses. Christ est venu dans notre monde, il a vécu au milieu de nous pour réconcilier avec son Père qui est aussi notre Père. C’est cet autre aspect de Dieu que les Pharisiens et les Scribes — dans la parabole de l’Enfant prodigue — n’arrivent pas à saisir (ou s’y refusent volontairement). L’amour de Dieu ne calcule pas, il ne mégote pas et c’est toujours Dieu qui s’offre à nous en dépit de nos reniements et de nos infidélités.


«Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur…»

Chers amis, bonjour !


Voici les références bibliques en ce quatrième dimanche de carême :

• Livre de Josué: 5. 10 à 12: “Ils mangèrent les produits de la terre.”

Psaume 33: “Un pauvre crie, le Seigneur entend.”

• 2ème lettre de saint Paul aux Corinthiens: 5. 17 à 21: “Il nous a donné de travailler à cette réconciliation.”

• Evangile selon saint Luc: 15. 1 à 32 :”Quand ton fils que voilà est arrivé... ton frère qui étais mort ...”


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1ère lecture :

L'arrivée en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 10-12)

Après le passage du Jourdain, les fils d'Israël campèrent à Guilgal et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans la plaine de Jéricho.

Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés.

A partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu'ils mangeaient les produits de la terre. Il n'y avait plus de manne pour les fils d'Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu'ils récoltèrent sur la terre de Canaan.


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Nous savons tous que ce n'est pas Moïse qui a fait entrer le peuple d'Israël en Palestine, mais son serviteur et successeur, le nommé Josué. La traversée du désert dans la marche vers Canaan est terminée, et avec elle la pluie de manne (voir Ex 16, 1). C’est la fin de la période du désert. De nomades, les israéliens sont désormais des sédentaires sur la terre qu’il ont reçue de Dieu ; ils se nourrissent du fruit de leur travail, du produit de la terre : ils sont des agriculteurs.

Le fait de manger des azymes et du grain grillé non seulement marque l’entrée d’Israël en terre de culture, mais en plus revêt un caractère religieux à cause de la Pâque. C’est ce regard tourné vers l’avenir qui doit nous révéler le sens de ce texte. Cette exode que le peuple d’Israël a vécu en trois étapes principales — la traversée de la Mer Rouge lors de la sortie d’Egypte, la longue traversée du désert, puis l’entrée en Terre Promise depuis la traversée du Jourdain — est à relire sous l’éclairage de la présence et de la fidélité de Dieu. Ce Dieu dont nous recevons tout, ce Dieu qui nous libère et nous accompagne dans ce pèlerinage. Mais aussi ce Dieu qui nous respecte dans notre processus de maturation. Si le temps de la manne s’est terminé, si maintenant les produits de la terre font leurs délices, la célébration de la Pâque annonce une nourriture hautement plus estimable: le corps et le sang du Christ, Verbe de Dieu et gage du salut du genre humain.

C’est la leçon que Josué fait aux enfants d’Israël : le Dieu qui agissait pour libérer son peuple de l’esclavage du Pharaon, c’est le même Dieu qui l’a soutenu dans le désert et qui l’a mené sur la Terre de Canaan. Un Dieu dont nous devons jamais oublier les œuvres.

Il est intéressant de noter que, après le passage de la Mer Rouge, du Désert et du Jourdain, le baptême sera en réalité la nouvelle traversée, l’acte d’entrée dans la nouvelle vie, la nouvelle Terre Promise en Jésus Christ. Et l’autonomie qu’acquiert les Hébreux dans la jouissance des produits de la terre est aujourd’hui encore, à chaque messe, rappelée dans l’offrande que nous faisons à Dieu du fruit de notre travail. En effet, à l’offertoire, c’est au nom de la communauté de louange que le prêtre clame: «Tu es béni, Seigneur, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes». Cette célébration de la Pâque nouvelle n’est donc pas anecdotique, elle est permanente parce que ancrée dans la vie quotidienne de chaque chrétien.


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Et le psaume 33 (qui est un psaume sapientiel dit «alphabétique», d’action de grâce) résume fort à propos cette invite faite à chacun d’entre nous: «Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur». Pressentiment de la vraie nourriture qui nous sera livrée du ciel en la personne du Christ lui-même. Et lorsque le psalmiste dit : « Je me glorifierai dans le Seigneur | Que les pauvres m’entendent et soient en fête», il faut entendre cette invite comme une exhortation à la louange permanente du Dieu dont les œuvres dans la vie des hommes ont toujours manifesté sa fidélité et sa puissante miséricorde. Dans sa propre histoire, Israël a fait l’expérience de la pauvreté; il se souvient que chaque fois qu’il a levé les yeux vers le Seigneur, celui-ci l’a regardé d’un regard paternel. Dieu, fidèle éternellement… Dieu qui accueille et recueille son peuple dans la joie du festin pascal.

Psaume : Ps 33, 2-3, 4-5, 6-7

Je bénirai le Seigneur en tout temps,

sa louange sans cesse à mes lèvres.

Je me glorifierai dans le Seigneur :

que les pauvres m'entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,

exaltons tous ensemble son nom.

Je cherche le Seigneur, il me répond :

de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,

sans ombre ni trouble au visage.

Un pauvre crie ; le Seigneur entend :

il le sauve de toutes ses angoisses.

08/03/2010

Sans cesse, Dieu nous invite à nous convertir…

Chers amis, bonjour !


Dans l’Evangile de ce dimanche, la fidélité de Dieu pour l’homme pécheur se traduit par sa tendresse et sa pitié, par sa patience («lent à la colère et plein d’amour», dit le psalmiste dans le psaume de ce dimanche). Car devant la souffrance qui sévit (ici, les galiléens massacrés par Pilate et les dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé) non pas du fait du péché, mais de notre éloignement de Dieu, Jésus exhorte ses disciples à la conversion ; il ne leur demande pas de changer leur comportement mais plutôt leur représentation de Dieu.

En effet, là où tous (y compris les apôtres) pensent qu’il suffirait que Dieu élimine les pécheurs qui vivent avec nous, Jésus met en garde: «Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort?», et plus loin: «Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem?». «Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu'il se convertisse et qu'il vive», disait déjà Ezéchiel (Ez 18, 23 ; 33, 11). La parabole du vigneron vient donc tempérer l’opinion « des gens » partagée par les apôtres : Dieu, dans son projet de salut, donne à l’homme, à tout homme le temps de la conversion, le temps qu’il bêche autour pour y mettre du fumier, «peut-être donnera-t-il du fruit à l'avenir»! Se convertir, c’est vivre dans la confiance en Dieu, c’est croire en la bienveillance de son dessein pour chacun d’entre nous.


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• Evangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 13, 1-9)


Un jour, des gens vinrent rapporter à Jésus l'affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu'ils offraient un sacrifice.

Jésus leur répondit: «Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort?

Eh bien non, je vous le dis; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux.

Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem?

Eh bien non, je vous le dis; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière.»

Jésus leur disait encore cette parabole: «Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n'en trouva pas.

Il dit alors à son vigneron: 'Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n'en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol?'

Mais le vigneron lui répondit : 'Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.

Peut-être donnera-t-il du fruit à l'avenir. Sinon, tu le couperas.'»



Les leçons de l'exode

Bonjour !


• Deuxième lecture :

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1Co 10, 1-6.10-12)


Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer ce qui s'est passé lors de la sortie d'Égypte. Nos ancêtres ont tous été sous la protection de la colonne de nuée, et tous ils ont passé la mer Rouge.

Tous, ils ont été pour ainsi dire baptisés en Moïse, dans la nuée et dans la mer ;

tous, ils ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle ;

tous, ils ont bu à la même source, qui était spirituelle ; car ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c'était déjà le Christ.

Cependant, la plupart n'ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert.

Ces événements étaient destinés à nous servir d'exemple, pour nous empêcher de désirer le mal comme l'ont fait nos pères.

Cessez de récriminer contre Dieu comme l'ont fait certains d'entre eux : ils ont été exterminés.

Leur histoire devait servir d'exemple, et l'Écriture l'a racontée pour nous avertir, nous qui voyons arriver la fin des temps.

Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu'il fasse attention à ne pas tomber.


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Le parallèle est frappant entre ce texte de Paul et l’extrait du chapitre de l’Exode ci-dessus. Bien entendu les situations ne sont plus les mêmes ; d’un côté, des israéliens pris en rude esclavage par le Pharaon, mais que Dieu secourra par la main de Moïse… un peuple qui, tout au long de la sortie d’Egypte et de sa marche vers la Terre promise, vacillera entre confiance et désobéissance, entre fidélité et trahison… Et de l’autre, des Corinthiens que Paul instruit des leçons de cet exode même: «Leur histoire devait servir d'exemple, et l'Écriture l'a racontée pour nous avertir, nous qui voyons arriver la fin des temps.»

En effet, c’est le même Dieu que l’on accusait jadis de tout ce qui survenait de mal («Pourquoi donc, dit-il, nous as-tu fait monter d'Egypte? Pour me laisser mourir de soif, moi, mes fils et mes troupeaux?»), et contre lequel les Corinthiens récriminent sans cesse. Ces derniers oublient de relire l’histoire de leurs pères et de s’en instruire, car eux, ils savent que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est «tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour».

C’est donc au courage et à la fidélité à l’engagement de leur baptême que Paul exhorte les nouveaux chrétiens de Corinthe, quelle que soient les tentations et les difficultés. Et surtout, précise-t-il, il faut savoir se reconnaître «pauvres pécheurs» devant Dieu et les hommes, et ne pas présumer de ses seules forces. Car c’est Dieu qui appelle, c’est aussi Dieu qui donne la force de croire. Tout se passe en quelque sorte comme avec le buisson ardent: Dieu est celui qui est, c’est-à-dire qui nous invite dans l’intimité de sa présence intense. Mais il est Dieu, et nous autres, créatures… Et s’il nous dit: «N’approche pas», ce n’est pas pour nous exclure ou nous éloigner de lui, bien au contraire ! Nous ne pouvons le voir, mais c’est pour mieux de chercher sa face, l’écouter, lui parler… Dieu se donne, s’offre, se livre à nous par sa présence et son Nom, à nous de savoir répondre à cet appel à connaissance et à communication. Le carême est un moment qui se prête bien à une telle quête.

Le Seigneur est tendresse et pitié

Bonjour !


Le psaume qui nous est proposé en méditation reprend en fait cette idée de la présence libératrice de Dieu, présence intense mais non envahissante. Le peuple d’Israël rappelle ici cette relation privilégiée à ce «Dieu qui sauve». Devoir de mémoire, certes !, mais appel à une action de grâce permanente, individuelle et collective, devant les bienfaits de son amour : un Dieu juste, miséricordieux… un Dieu qui nous révèle son nom et son plan de salut pour l’humanité tout entière.

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• Psaume : Ps 102, 1-2, 3-4, 6-7, 8.11


Bénis le Seigneur, ô mon âme,

bénis son nom très saint, tout mon être !

Bénis le Seigneur, ô mon âme,

n'oublie aucun de ses bienfaits !


Car il pardonne toutes tes offenses

et te guérit de toute maladie ;

il réclame ta vie à la tombe

et te couronne d'amour et de tendresse.


Le Seigneur fait œuvre de justice,

il défend le droit des opprimés.

Il révèle ses desseins à Moïse,

aux enfants d'Israël ses hauts faits.


Le Seigneur est tendresse et pitié,

lent à la colère et plein d'amour ;

Comme le ciel domine la terre,

fort est son amour pour qui le craint.


Le Dieu Sauveur se révèle à Moïse

Chers amis, bonjour !


Le carême, une expérience à vivre sur les chemin s de la foi. Voici les références bibliques des textes que la liturgie nous propose pour ce dimanche.


Lecture du livre de l'Exode : 3, 1-8a.10.13-15 : "Le Dieu Sauveur se révèle à Moïse"

Psaume 102 : 1-2, 3-4, 6-7, 8.11: " Le Seigneur est tendresse et pitié"

• Lettre de saint Paul aux Corinthiens : 10, 1-6.10-12 : "Les leçons de l'Exode"

Évangile selon saint Luc : 13, 1-9 : "Sans cesse, Dieu nous invite à nous convertir"


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• 1ère lecture du livre de l'Exode : (Ex 3, 1-8a.10.13-15)


Moïse gardait le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à l'Horeb, la montagne de Dieu.

L'ange du Seigneur lui apparut au milieu d'un feu qui sortait d'un buisson. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer.

Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? »

Le Seigneur vit qu'il avait fait un détour pour venir regarder, et Dieu l'appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! »

Dieu dit alors : « N'approche pas d'ici ! Retire tes sandales, car le lieu que foulent tes pieds est une terre sainte !

Je suis le Dieu de ton père, Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob. » Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu.

Le Seigneur dit à Moïse : « J'ai vu, oui, j'ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j'ai entendu ses cris sous les coups des chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances.

Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre spacieuse et fertile, vers une terre ruisselant de lait et de miel, vers le pays de Canaan.

Et maintenant, va ! Je t'envoie chez Pharaon : tu feras sortir d'Égypte mon peuple, les fils d'Israël. »

Moïse répondit : « J'irai donc trouver les fils d'Israël, et je leur dirai : 'Le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous.' Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »

Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d'Israël :'Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est : JE-SUIS.' »

Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d'Israël : 'Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est YAHVÉ, c'est LE SEIGNEUR, le Dieu de vos pères, Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob.' C'est là mon nom pour toujours, c'est le mémorial par lequel vous me célébrerez, d'âge en âge.


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Un feu qui brûle sans consumer le buisson, signe de l’éternité de celui dont il est la manifestation, un appel nominatif auquel Moïse répond sans hésiter «Me voici !», une mission de libération du peuple élu en terre d’Egypte que l’ange du Seigneur (c’est-à-dire Dieu lui-même) confie à ce jeune homme, et enfin une révélation de Dieu par son nom, le mémorial par lequel il demande que les hommes le célèbrent d'âge en âge.

Mais tout d’abord, à titre de rappel, le contexte : l’enfant Moïse, caché par sa mère dans une corbeille en osier, est recueilli par et adoptée par la fille du Pharaon et élevé à la cour. Il échappe ainsi miraculeusement à l’extermination programmée par le roi d’Egypte des petits garçons hébreux nés en captivité (ceci pour empêcher les Hébreux de se reproduire). Cependant, il n’en oublie pas pour autant ses origines et, chaque fois que son peuple est maltraité et soumis aux pires sévices, chaque fois que son peuple se rebelle de ses conditions d’esclavage, le jeune Moïse est écartelé. A tel point qu’un jour, pour venger un frère hébreu victime des violences d’un égyptien, il tue ce dernier, prenant ainsi le parti de ses origines. Alors, renseigné du fait que le Pharaon avait décidé de le punir de ce meurtre, il s’exile dans le désert du Sinaï. C’est là qu’il rencontre et épouse Madianite, la fille de Jéthro.

Ce texte est riche de tellement d’enseignements que nous nous limitons à en retenir trois principaux :

1)- C’est Dieu qui prend l’initiative d’appeler Moïse. Et lorsque ce dernier, intrigué par ce buisson qui brûlait sans se consumer, décide de s’en rapprocher, il est «stoppé net»: «N'approche pas d'ici ! Retire tes sandales, car le lieu que foulent tes pieds est une terre sainte! Je suis le Dieu de ton père, Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob.» Dieu marque ainsi les limites de sa relation à l’homme. A la fois proche et «tout-autre», il se révèle à Moïse comme le Dieu fidèle et compatissant.

2)- Dieu voit la misère de son peuple, mais il appelle Moïse et l’envoie libérer ses frères de l’esclavage du Pharaon. Cela signifie que Dieu ne nous sauve pas sans nous. Son amour est fécond lorsque nous l’acceptons et lui faisons confiance, y compris dans les situations les plus sombres. Dieu nous envoie en mission et nous assure de sa présence: «Et maintenant, va ! Je t'envoie chez Pharaon: tu feras sortir d'Égypte mon peuple, les fils d'Israël.» Moïse répond à l’appel de Dieu, il s’affirme ainsi comme collaborateur de son œuvre de salut.

3)- « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d'Israël :'Celui qui m'a envoyé vers vous, c'est: JE-SUIS.'» Notre Dieu a un nom, fût-il imprononçable (YHWH). Plus tard, le Christ nous apprendra comment le prier, comment lui parler comme à un Père.