23/03/2010

«Ne songez plus au passé.
Voici que je fais un monde nouveau.»

Chers amis, bonjour !

Voici les références bibliques des textes que la liturgie nous propose en ce cinquième dimanche de carême:

Livre d'Isaïe: 43. 16 à 21: «Ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau.»

Psaume 125: «Il s'en vient, il s'en vient dans la joie, il rapporte les gerbes.»

Lettre de saint Paul aux Philippiens: 3. 8 à 14: "Je cours en oubliant ce qui est en arrière et lancé vers le but je cours en avant."

Evangile selon saint Jean: 8. 1 à 11: «Va et désormais ne pèche plus.»


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1ère lecture : Promesse du nouvel exode (Is 43, 16-21)


Lecture du livre d'Isaïe


Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit une route à travers la mer, un sentier au milieu des eaux puissantes,

lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; et les voilà couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, ils se sont consumés comme une mèche. Le Seigneur dit :

Ne vous souvenez plus d'autrefois, ne songez plus au passé.

Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides.

Les bêtes sauvages me rendront gloire — les chacals et les autruches — parce que j'aurai fait couler de l'eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer le peuple, mon élu.

Ce peuple que j'ai formé pour moi redira ma louange.


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Rappelons d’abord le contexte de cet écrit : Les chapitres 40-55 du Livre d’Isaïe constituent la seconde partie de «son» œuvre : le Prophète y évoque la montée en puissance de Cyrus II, le roi de Perse, annonçant la fin de l'exil à Babylone, un exil qui dura de 587 à 538 av. J.C.

Appelés aussi le "livre de la consolation d'Israël" [d'après les premiers mots du chapitre 40 "Consolez mon peuple"], il s'adresse aux juifs déportés à Babylone vers la fin de leur captivité. Car YHWH le Tout-Puissant est aussi le Rédempteur de son peuple. Grâce à Cyrus, le roi des Perses, le Tout-Puissant va délivrer son peuple pour le retour en Terre Promise mais seul un petit reste entend son appel (chapitre 48-50). Face à des auditeurs sceptiques, le prophète annonce un nouvel Exode, un nouveau Sinaï, sans danger ni menaces où la présence de Dieu transformera toute chose (55, 12-13). A cette occasion la perspective devient eschatologique et la grandeur de Dieu est affirmée nettement (40, 12-17 et 21-26; 43, 10-13) : il n'y a qu'un seul dieu, maître de l'histoire de tous les peuples de la terre, et tous les autres dieux ne sont que des idoles. Isaïe fait ainsi se rejoindre l'universalisme et le monothéisme.

Notons que dans quatre poèmes (42, 1-7; 49 ,1-9; 50 , 4-10 et surtout 52,13-53, 12) de ce «Deuxième Livre» se détache une figure mystérieuse, celle du serviteur du Seigneur, souffrant pour le salut d'une multitude d'hommes. Unr figure interprétée tantôt comme une personnification du peuple d'Israël, tantôt comme le prophète lui-même, ou plus tard comme une figure de l'avenir annonçant le Christ (Mt 12,17-21; Mc 10, 45; Jn 1, 29).


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Il est clair que dans ce contexte d’exil et de maltraitance, le peuple juif était pris d’une désespérance totale. La tentation est forte de vouloir se replier dans un passé nourri des œuvres de la bienveillance de Dieu. Dans ce texte, bien qu’il rappelle l’exploit (entre autres) de Yavhé en faveur de son peuple lors de sa libération d’Egypte, le prophète tourne son peuple résolument vers l’avenir, vers ce monde nouveau qui vient. D’une espérance traditionnellement fondée sur le mémorial, le souvenir, il demande au peuple israélien de vivre cette présence du Dieu qui sauve dans un continuum passé-présent-avenir. Si donc le Seigneur nous a accompagnés par le passé, faisons-lui confiance dans notre espérance de cet avenir ouvert et à construire avec lui. Ce Dieu fidèle est unique et, parce qu’il est fidèle à sa promesse, il l’est avec nous à travers le temps.


Cette fidélité de Dieu pour son peuple est ressentie comme une résurrection à la fois véritable et permanente. Longtemps après l’exil, le psalmiste dont (justement) les images du retour d’exil de Babylone renvoient à celles de la libération de l’Egypte (l’exode) met en valeur la puissance de Dieu qui fait renaître son peuple à la vie, «comme les torrents dans le désert» font germer la semence.



• Psaume : Ps 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6


Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,

nous étions comme en rêve!

Alors notre bouche était pleine de rires,

nous poussions des cris de joie;


Alors on disait parmi les nations :

« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur!»

Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous

nous étions en grande fête!


Ramène, Seigneur, nos captifs,

comme les torrents au désert.

Qui sème dans les larmes

moissonne dans la joie :


Il s'en va, il s'en va en pleurant,

il jette la semence;

il s'en vient, il s'en vient dans la joie,

il rapporte les gerbes.


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