16/05/2008

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit…

Nous fêtons la Trinité en ce dimanche et la liturgie nous propose un très court extrait de l'Evangile de Saint Jean, certes ! mais une véritable révélation du dessein de Dieu aimant sur l'homme au cœur de ce monde qu'il a créé de ses propres mains.


Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 3, 16-18)

3
16i Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
18 Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
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Quelques repères pour notre méditation

Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte sont des fêtes que nous pouvons aisément situer dans les Ecritures, mais pas celle de la Trinité. Nulle part en effet dans la Bible on trouve le mot « Trinité ». D’ailleurs, nos frères protestants nous le rappellent à l’occasion. 1+1+1 = 1 Equation impossible, d’autant que chaque entité est différente de l’autre. Dieu : Père, Fils et Esprit… Trois personnes distinctes en Une, voilà qui ne facilite pas notre présomptueuse tentative de compréhension et de théorisation de ce fascinant mystère [Rappelons que pour les chrétiens, un Mystère est une vérité que nous ne comprenons pas et que nous ne pouvons pas comprendre pleinement. Nous pouvons seulement en dire quelque chose, quelques paroles qui approchent le Mystère, sans le circonscrire pleinement].

Les Pères de l’Eglise ont inventé le terme et la théologie de la Trinité pour essayer d’exprimer commodément l’identité de Dieu l’Unique qui est, agit et entre en relation avec nous en tant qu’il est Père, Fils et Esprit. Aucune formule de notre savoir ne peut explorer, expliquer et épuiser définitivement l’essence de Dieu. Pourtant, c’est Jésus lui-même qui nous donne les mots pour parler de Dieu, des mots aussi simples que Père, Fils, Esprit, Amour, don, vie… C’est avec ces mots qui nous fait entrer dans son intitimité, dans son mystère.

«Dieu a tant aimé le monde» : par ces propos, Jésus révèle l’identité de Dieu qui est Amour. Son action et sa puissance de Créateur nous sont pareillement montrées à travers le don qu’il nous fait de son Fils. Ainsi, Dieu le Père est «source» d’Amour, Jésus le Fils «Réponse d’amour et de vie» et l’Esprit Saint «Don d’Amour et de Vie». Et chacun des trois est en «regard vers l’Autre» : la nature de Dieu est donc d’exister dans l’altérité et le don de soi. Le Dieu Trinité est par conséquent «communion», «famille». On peut dire que Dieu (qui pourtant se suffit à lui-même) nous associe à sa vie, il ne cesse de se donner, de s’offrir à l’humanité qu’il a créée.
Dans la famille, l’enfant se blotit entre ses parents pour s’immerger dans la tendresse qui les unit ; l’amour de ses parents le fait exister, le rend heureux et ancre en lui les racines de son développement affectif et humain. Et nous chrétiens, dès notre baptême, nous sommes plongés dans la vie trinitaire. Il n’y a donc rien à cacher, rien à maquiller. Christ l’affirmera par ailleurs : «Je leur ai fait connaître ton nom, je le leur ferai connaître encore afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux» (Jn 17, 26).

Enfin, la Sainte Trinité est une signature de Dieu au cœur de notre vie de chrétien. «Au nom du Père, du Fils et du Saint Epsrit» : ces paroles qui accompagnent notre signe de croix sont une profession de foi ; elles disent en même temps l’identité de Dieu et, à un autre niveau, la nôtre propre, car elles revendiquent notre dignité de fils et filles de Dieu, de frères et sœurs du Seigneur Jésus, et d’hommes et de femmes aimés et sanctifiés par l’Esprit Saint. C’est dire que le signe de croix (tracé hélas ! trop souvent mécaniquement et furtivement) est l’expression de notre fierté chrétienne, de notre appartenance à la famille trinitaire. Plus encore, ces mots sont un engagement. Parler et agir au nom de quelqu’un comporte une responsabilité ; en faisant le signe de croix, le baptisé signe sa propre vie et s’engage à la rendre conforme à ce que le Père, le Fils et l’Esprit Saint accomplissent pour l’Eglise et pour le Monde. Une vie signée de la sorte implique de se tourner vers les autres : il s’agit de vivre la paternité et la maternité à la lumière de l’Amour du Père ; agir en solidarité et en fraternité comme le Christ ; témoigner de la force de l’Esprit ; gérer l’environnement dans le respect du dessein du Créateur ; défendre la vie, expression de l’Amour de Dieu…

Il ne s’agit pas, pour nous, d’expliquer le mystère de Dieu, mais de le connaître, c’est-à-dire d’en vivre, comme nous le dit Saint Jean dans sa première Lettre : « Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour…». Puisse l’Amour qui unit le Père et le Fils dans l’Esprit Saint inspirer notre unité et notre communion en Eglise, et faire de tous les baptisés des bâtisseurs d’un Monde nouveau et des témoins de l’Amour de Dieu pour nos frères.



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