23/05/2009

«Qu’ils soient consacrés en vérité.»

L'Evangile de ce dimanche 24 mai 2009 est extrait de Jean 17, 11b - 19

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
les yeux levés au ciel, il priait ainsi :
« Père saint, garde mes disciples
dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné en partage,
pour qu'ils soient un, comme nous-mêmes.
Quand j'étais avec eux,
je les gardais dans la fidélité à ton nom que tu m'as donné.
J'ai veillé sur eux, et aucun ne s'est perdu,
sauf celui qui s'en va à sa perte
de sorte que l'Ecriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, en ce monde,
pour qu'ils aient en eux ma joie,
et qu'ils en soient comblés.
Je leur ai fait don de ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu'ils ne sont pas du monde,
de même que moi je ne suis pas du monde.
Je ne demande pas que tu les retires du monde,
mais que tu les gardes du Mauvais.
Ils ne sont pas du monde,
comme moi je ne suis pas du monde.
Consacre-les par la vérité :
ta parole est vérité.
De même que tu m'as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me consacre moi-même,
afin qu'ils soient eux aussi consacrés par la vérité. »
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Cet extrait fait partie de la grande prière sacerdotale, prière d’oblation et d’intercession du Sauveur à l’heure de son sacrifice. Jésus demande sa glorification non pas par égocentrisme, mais parce que sa gloire cet celle de son Père ne font qu’un. La révélation, jusque là liée à la Loi mosaïque, vient désormais aux hommes par Jésus, le fils de Dieu. Et, parce que le Père est en lui et lui dans son Père, tout ce qu’il demande à celui-ci il l’obtient… lui qui a été envoyé au milieu des hommes pour révéler la personne du Père et son visage d’amour.
Oui, Jésus le fils de Dieu est bien venu dans notre monde ; il a vécu au milieu de nous et nous ne l’avons pas reconnu. Ainsi donc, croire que Jésus est le fils de Dieu est nécessaire à cette reconnaissance de l’amour de Dieu pour nous les hommes. Jésus a vécu dans ce monde sans être du monde, et il demande à son Père, non pas de nous retirer de ce monde qui est la scène de notre salut, mais de nous préserver du Mal et nous «consacrer par la vérité».
Mais qu'est-ce que la vérité? A cette question de Pilate, quelques jours plus tard, Jésus restera silencieux. La révélation de l'identité profonde de Jésus aurait ulcéré le chef romain. «Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie». Pour Jésus, la Vérité est Chemin de fidélité quotidienne à l'Alliance, son projet d'amour sur l'homme. La Vérité n'est donc pas un concept éthéré, objet de spéculation rationnelle ou simple idée philosophique. Elle est l'Esprit qui agit au cœur de chaque personne, dans ses multiples choix, y compris les plus humbles; elle est le Chemin de vie. C'est Christ lui-même.
Oui, Jésus demande à son Père de garder ses disciples dans la fidélité à son nom afin qu'ils restent unis. Durant toute sa vie au milieu d'eux, il avait une autorité naturelle pour contenir les querelles, lesjalousies, les ambitions des uns et des autres; il sait donc, il sent les risques de son absence physique. L'unité qu'il demande à son Père, il la prolonge sur tous les membres de son Eglise à travers les sicècles. Et, puisqu’il nous a fait don de sa parole et nous a envoyés l’annoncer à tous les peuples du monde, en dépit de la haine des méchants, il demande que sa joie soit en nous et que nous en soyons comblés.

Cela n’y ressemble pas, mais il y a du «Notre Père» dans l’esprit de cette prière sacerdotale. L’évangile de Jean ne rapporte pas cette prière de Jésus, mais on y retrouve cependant tous les fondamentaux: le Nom de Dieu, sa sanctification, la préservation du Mal. La symétrie est également saisissante entre le «Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés» avec le «Je ne prie pas pour eux seulement, mais pour ceux-là aussi qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient Un.» (20-21).

Fidélité, unité, vérité… tels sont les maîtres-mots de cette prière. Fidélité à la Parole que Jésus nous lègue. Unité de nos communautés face aux tribulations et persécutions des incroyants et des puissants de ce monde. Enfin, vérité, c’est-à-dire amour et lumière de Dieu en nous et au milieu de nous: «Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité». Autrement dit, ceux qui ont reçu mission de porter la Bonne Nouvelle du Christ ne seront crédibles que s’ils sont unis entre eux, à l'instar de l'unité du Père et du Fils dans l'Esprit. C’est à cela que le monde reconnaîtra que nous sommes des chrétiens, des Christ. Et c’est ce qui transformera le cœur des hommes afin qu’ils croient en vérité. Difficile mission que celle de ces femmes et hommes qui, dans ce monde affolé par un matérialisme effréné, acceptent et s’engagent à prendre le relais de Jésus pour être témoins de son amour.
Mais la récompense est immédiate et tout aussi paradoxale: «je parle ainsi, en ce monde, pour qu'ils aient en eux ma joie, et qu'ils en soient comblés» (13). Avoir en soi la joie du Christ en sa plénitude, telle est l’énergie des missi Domini, les envoyés de Dieu, telle est leur seule arme. Et celui qui parle ainsi à son Père, c’est son propre fils qui sait qu’il va, dans quelques jours, vivre la passion jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. N'est-ce pas là la preuve que notre foi n'est pas vouée à un Dieu triste et mortifère, mais plutôt à un Dieu d'amour, de vie, de paix et de joie?

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