16/05/2012

L’AMOUR est l’autre nom de DIEU

Dimanche 13 mai : sixième dimanche de Pâques

Chers amis, bonjour !

En ce sixième dimanche de Pâques, la liturgie nous propose de méditer sur l’universalité de l’Évangile annoncé à tous les peuples de la terre. Avec un seul leitmotiv, le plus grands des commandements que nous a laissés le Christ : « Ce que je vous demande, c’est de vous aimer les unes les autres », car lui le Seigneur, qui nous a élevés au rang de fils de Dieu se définit intrinsèquement comme « AMOUR ».

• Première Lecture - Actes des Apôtres 10, 25 ... 48

Quand Pierre arriva à Césarée
chez Corneille, centurion de l'armée romaine,
celui-ci vint à sa rencontre,
et se jetant à ses pieds, il se prosterna.
26
Mais Pierre le releva et lui dit :
« Reste debout. Je ne suis qu'un homme, moi aussi. »
34
Puis il s'adressa à ceux qui étaient là :
« En vérité, je le comprends :
Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ;
35
mais, quelle que soit leur race,
il accueille les hommes qui l'adorent
et font ce qui est juste. »
44
Pierre parlait encore
quand l'Esprit Saint
s'empara de tous ceux qui écoutaient la parole.
45
Tous les croyants qui accompagnaient Pierre
furent stupéfaits, eux qui étaient Juifs,
de voir que même les païens
avaient reçu à profusion le don de l'Esprit Saint.
46
Car on les entendait dire des paroles mystérieuses
et chanter la grandeur de Dieu.
Pierre dit alors :
47
« Pourrait-on refuser l'eau du baptême
à ces gens qui ont reçu l'Esprit Saint
tout comme nous ? »
48
Et il donna l'ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ.
Alors ils lui demandèrent
de rester quelques jours avec eux.

Il est bon de rappeler le contexte dans lequel se déroulent les événements qui se sont relatés ici. Partout en Judée, en Galilée et en Samarie, les Églises (au sens de “communautés“) jouissent d’une paix réelle après une période de persécutions. Pierre se rend partout pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ et, partout il fait des miracles : il guérit à Lydda un paralytique nommé Énée ; il ressuscite à Joppée, une bourgade voisine de Lydda, une dénommée Tabitha qui venait d’être lavée et déposée dans la chambre funéraire. Et tout cela à l’invocation du seul nom de Jésus. Tout cela est extraordinaire et entraîne la conversion de plusieurs personnes… Puis, pierre se rend à Césarée, chez un centurion de l’armée romaine.
Il faut se souvenir que c’est le pouvoir romain qui a organisé la mort de Jésus et qui a traqué les apôtres après la résurrection et l’ascension du Seigneur. Car en effet il craignait, plus que tout, ces disciples dont il ne savait pas trop ce que ce Jésus leur avait légué comme pouvoir. Voici donc que Pierre se rend chez un soldat romain. Or Corneille, puisque c’est de lui qu’il s’agit,  est un craignant Dieu, il a longtemps prié Dieu qui l’a exaucé. Il vient d’avoir une vision au cours de laquelle l’Ange de Dieu lui annonce que ses prières et ses aumônes sont montées devant Dieu, et qu’il s’est souvenu de lui. Et c’est l’Ange qui lui demande de faire venir à lui Pierre qui séjourne non loin de là, à Joppée. A l’apôtre, ses messagers disent : « Le centurion corneille, homme juste et craignant Dieu, à qui toute la nation juive rend bon témoignage, a reçu d’un ange saint l’avis de te faire venir chez lui et d’entendre les paroles que tu as à dire » (Ac 10, 22).
La conversion de Corneille n’est pas un cas individuel et isolé. Plusieurs païens, des non juifs, demandent à se faire baptiser pour intégrer l’Église de Jésus-Christ. De plus, plusieurs païens reçoivent l’Esprit Saint de Dieu. Une « petite pentecôte », en quelque sorte ! Mais le centurion est ici l’image par excellence de celui qui, ayant écouté l’Évangile de Jésus-Christ, y est resté indifférent dans un premier temps, mais par et travers la prière, a trouvé le chemin de Dieu. La grâce dont le Seigneur lui fait don ne peut lui être apportée que par un homme qui est déjà en grâce : l’apôtre Pierre. Ce dernier lui délivre deux messages importants :
1)- Premièrement, le Jésus que les Juifs et les Gentils ont crucifié a été établi de Dieu juge des vivants et des morts. Corneille en sait tous les détails et connaît sûrement certaines personnes qui y avaient participé à l’humiliation et à la crucifixion de Jésus, et lui-même y a  joué un rôle. Or, le Jésus méprisé et supplicié par les hommes apparaîtra, le moment venu, comme le Juge universel. Le destin de tous les hommes est donc entre ses mains !
2)- Cependant, avant la survenue de ce temps du jugement, tous les prophètes rendent témoignage que le pardon est offert en son nom à toute personne qui se repent et croit en lui. Le Juge des derniers temps est devenu le garant des pécheurs de toute race et de toute nation : qui croit en lui reçoit la rémission de ses péchés.

Or Corneille et ses amis crurent. La foi était déjà en eux et dès qu’ils entendent le message de la Bonne Nouvelle, c’est cette foi qui s’en saisit instantanément, cette même foi qui est sanctionnée par Dieu en leur envoyant son Esprit Saint. Eux, les croyants d’entre les Gentils rejoignent la famille des croyants d’entre les Juifs. Et c’est parce qu’ils avaient reçu l’Esprit Saint en eux que le baptême de l’eau ne pouvait pas leur être refusé. Dieu a précédé la démarche des hommes en répandant son Esprit sur les Gentils pour leur ouvrir la porte de la foi, en le exonérant des astreintes de la Loi mosaïque. Autrement dit, Dieu lui-même a montré à Pierre qu’il devait, en surpassant ses propres scrupules (surtout ceux touchant à la pureté légale), accepter l’hospitalité d’un incirconcis. Il lèvre ainsi les barrières qui séparaient les chrétiens issus du judaïsme et ceux issus du paganisme.

• Psaume 97 (98), 1....6

Chantez au SEIGNEUR un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

2
Le SEIGNEUR a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
3
il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu

la victoire de notre Dieu.
4
Acclamez le SEIGNEUR, terre entière.
6
Acclamez votre roi, le SEIGNEUR !


Rappelons que derrière la première personne du singulier s’exprime le psalmiste, certes ! Mais aussi et surtout tout le peuple d’Israël. C’est pourquoi l’on pourrait traduire ce psaume à la première personne du pluriel : « Chantons au Seigneur un chant nouveau… Acclamons le Seigneur, terre entière, acclamons notre roi, le Seigneur ! ».
Ce psaume est un chant de louange adressé au Juge de la terre, il est clamé « devant Yahvé », comme dans le psaume précédent. Il est en parfaite harmonie avec le texte de la première lecture en ce sens qu’il proclame la merveilleuse actualité de la Pentecôte universelle, cet élan dans lequel l’Esprit de Dieu se répand à travers le monde, dans les cœurs des Juifs et des Païens. On peut y voir également une sorte d’hymne eschatologique que l’on peut lire en symétrie de la fin du Livre d’Isaïe. En effet, le prophète y chante la libération de Jérusalem concomitant avec le réveil de Yahvé lui-même (comme s’il s’était endormi à la suite des nombreuses infidélités de son peuple). Car l’ère nouvelle que le prophète annonce avec force et espérance, c’est le Retour non pas d’un roi terrestre, mais celui de Yahvé lui-même, roi dans Sion et sur toute la terre. Ce règne annoncé par les tout premiers prophètes (Mi 2, 1-3 ; So 3, 15 ; Jr 3, 17  -  8, 19 ; Ez 20, 33, Za 14, 9 etc.) est célébré dans ce qu’on appelle ‘les psaumes du Règne » (Ps 47 ; 93 ; 96 ; 97 ; 98 ; 99) : « Éclatez toutes en cris de joie, ruines de Jérusalem ! Car Yahvé console son peuple, il rachète Jérusalem. Yahvé met à nu son bras de sainteté sous les yeux de toutes les nations, et toutes les extrémités de la terre verront le salut de notre Dieu » (Is 52, 9-10). Le bras du Seigneur, signe de sa puissance, lorsqu’il le déploie pour combattre, comme au temps où à la « force du bras » il arrachait Israël à la servitude du Pharaon en Égypte. Ou encore un peu plus loin (Is 59, 16) : « … Alors son bras devint son soutien, et sa justice, son appui.
Dans ce psaume, il est donc question du Roi véritable, sauveur d’Israël et de tous les peuples de la terre, juifs et païens. Ce roi de l’univers est acclamé et accueilli avec des sonneries réservées en Israël à l’avènement des rois, des sonneries qui accompagnent ici l’intronisation de Yahvé, pour qui elles avaient déjà retenti au Mont Sinaï. Ce Roi, les apôtres et beaucoup d’autres personnes, l’ont vu vivre au milieu d’eux. Mort et ressuscité, c’est de Roi de gloire que tous les chrétiens acclament dans leurs louanges d’action de grâces, par la force de son Esprit Saint, et dans l’attente de sa venue à la fin des temps.

• Deuxième Lecture - 1 Jean 4, 7 - 10

7 Mes bien-aimés,
aimons-nous les uns les autres,
puisque l'amour vient de Dieu.
Tous ceux qui aiment
sont enfants de Dieu,
et ils connaissent Dieu.
8 Celui qui n'aime pas
ne connaît pas Dieu,
car Dieu est amour.
9 Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde
pour que nous vivions par lui.
10 Voici à quoi se reconnaît l'amour :
ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu,
c'est lui qui nous a aimés,
et il a envoyé son Fils
qui est la victime offerte pour nos péchés.

Le texte de la deuxième lecture et l'extrait de l'Évangile de Jean proposés en ce dimanche parlent d'une même réalité. En effet, aux sources de la charité et de la foi se trouve l’amour, telle une eau vive qui jaillit des profondeurs mêmes de Dieu : source du salut, source de joie, source d’espérance… Dieu est au cœur de chaque être, à la fois alpha et oméga de toute existence. Nous savons que le thème de l’amour de Dieu pour le peuple d’Israël a inspiré les plus belles pages de l’Ancien Testament, et nous savons que la mission du Fils unique pour sauver le monde a manifesté que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob s’identifie à l’Amour.
Un chant traduit substantiellement cette identité Dieu – Amour :
« Dieu est Amour, Dieu est Lumière, Dieu nitre Père. En Toi Seigneur point de ténèbres, ton Esprit est vérité. Nous nous aimons les uns les autres, le premier Dieu nous aima. » Cet amour, c’est la sève qui irrigue et nourrit le tronc du cep auquel sont entés les sarments. La condition de cette vie promise en dedans de Dieu, c’est de garder ses commandements, à l’exemple du Christ qui a gardé les commandements de son Père. Demeurer en son amour afin qu’il demeure en nous, tel est le secret de la joie messianique promise par Jésus lui-même, la joie de Fils de Dieu.

Mais de l’amour, Jésus n’a pas fait qu’en parler ; toute sa vie a été un déploiement d’amour. Dans sa grande prière d’oblation et d’intercession (Jn 17) du Sauveur à l’heure de son sacrifice, Jésus demande sa glorification par le Père, non pas une glorification personnelle mais plutôt une glorification dans laquelle il associe tous les hommes qui ont cru en sa Parole. C’est-à-dire tous les hommes qu’il a adoptés pour demeurer avec lui dans le Père tout autant que le Père demeure désormais en eux : « tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié en eux » (Jn 17, 10). Celui qui a été envoyé au milieu des hommes pour leur révéler le nom, la personne même du Père, à savoir AMOUR, c’est Jésus qui s’offre en sacrifice pour les siens. Quiconque accueille sa Parole et la met en pratique se laisse ainsi habiter par son Esprit Saint ; il devient alors demeure de Dieu.

Cet amour fraternel dans le respect des commandements de Dieu est le signe manifeste de la vie de l’Esprit Saint qui est l’Esprit de Vérité menant à la vérité tout entière. Cet amour fraternel nous fait connaître la personnalité mystérieuse du Christ, la manière dont il accomplit les Écritures, le sens de ses paroles, de ses actes et signes, bref toutes ces choses que les apôtres n’avaient pu comprendre auparavant. L’amour fraternel, c’est la preuve matérielle de la présence de l’Esprit de Dieu dans le monde, un témoignage qui confondra toujours l’incrédulité du monde.

 

• Évangile Jean 15, 9 - 17

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père,
il disait à ses disciples :
9
« Comme le Père m'a aimé,
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour.
10
Si vous êtes fidèles à mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour ;
comme moi,
j'ai gardé fidèlement les commandements de mon Père,
et je demeure dans son amour.
11
Je vous ai dit cela
pour que ma joie soit en vous,
et que vous soyez comblés de joie.
12
Mon commandement, le voici :
Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés.
13 Il n'y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ses amis.
14
Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande.
15
Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ;
maintenant, je vous appelle mes amis,
car tout ce que j'ai appris de mon Père,
je vous l'ai fait connaître.
16
Ce n'est pas vous qui m'avez choisi,
c'est moi qui vous ai choisis et établis
afin que vous partiez,
que vous donniez du fruit,
et que votre fruit demeure.
Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous l'accordera.
17
Ce que je vous commande,
c'est de vous aimer les uns les autres. »

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