11/09/2009

… celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile
la sauvera.

Bonjour !


EVANGILE du 24ème dimanche ordinaire - Marc 8, 27 - 35


27 Jésus s'en alla avec ses disciples

vers les villages situés dans la région de Césarée de Philippe.

Chemin faisant, il les interrogeait :

« Pour les gens, qui suis-je ? »

28 Ils répondirent :

« Jean-Baptiste ;

pour d'autres, Elie ;

pour d'autres, un des prophètes. »

29 Il les interrogeait de nouveau :

« Et vous, que dites-vous ?

Pour vous, qui suis-je ? »

Pierre prend la parole et répond :

« Tu es le Messie. »

30 Il leur défendit alors vivement

de parler de lui à personne.

31 Et pour la première fois, il leur enseigna

qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup,

qu'il soit rejeté

par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes,

qu'il soit tué,

et que, trois jours après, il ressuscite.

32 Jésus disait cela ouvertement.

Pierre, le prenant à part,

se mit à lui faire de vifs reproches.

33 Mais Jésus se retourna

et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre :

« Passe derrière moi, Satan !

Tes pensées ne sont pas celles de Dieu,

mais celles des hommes. »

34 Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit :

« Si quelqu'un veut marcher derrière moi,

qu'il renonce à lui-même,

qu'il prenne sa croix,

et qu'il me suive.

35 Car celui qui veut sauver sa vie

la perdra ;

mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile

la sauvera. »

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Depuis des lustres, les prophètes ont annoncé la venue d’un Sauveur, d’un Messie, d’un Roi qui viendrait libérer le peuple d’Israël de toutes les tribulations (violences des occupants, déportation, exil, calamités de toutes sortes, etc.) qui s’abattaient sur lui. Dans ses moments d’infidélité, de reniements, de subversions et de renonciations, particulièrement après que Moïse eut reçu les Tables de la Loi sur le Mont Sinaï, Dieu n’eut de cesse de lui témoigner sa miséricorde, le préparant patiemment à la mission universelle qu'il allait lui confier. Mais le peuple d’Israël vivait sur un quiproquo: le Messie qu’il espérait était un roi au pouvoir politique. Grande fut sa déception lorsque Jean le Baptiste avoua: «celui qui vient après moi est le plus grand ; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ». Or, depuis quelques temp, voilà que ce Jésus, fils de Joseph et Marie, qu’ils ont vu grandir et dont la renommée commençait à courir au-delà de la Judée, s’est mis à révéler progressivement sa véritable identité à ses disciples et aux foules nombreuses qui le suivent. Au-delà des miracles qu’il réalise pour soulager les faibles et manifester sa puissance divine, le discours du Pain de vie en a été la substance: Pain vivant descendu du ciel, Messie, c’est-à-dire envoyé de Dieu, Fils de l’homme. Jésus appelle Dieu : Père. Mais, même les disciples — les douze qui sont restés auprès de lui après le miracle de la multiplication des pains — pensent que la royauté et la souveraineté de leur Maître sont d’ordre politique. Pour deux d’entre eux, leur mère sollicite déjà des postes haut placés dans le futur pouvoir de régence. Pour Jésus, il est désormais temps de franchir un nouveau palier; il sait ce que pensent de lui les gens du peuple et le pouvoir romain, les pharisiens et les scribes… Il déçoit les uns et inquiète sérieusement les autres.

«Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je?», demande-t-il alors à ses disciples. Pierre prend la parole et répond: «Tu es le Messie.» Ce qu’il vient de proclamer est « énorme » et presque dangereux. Et Jésus de les rappeler tous au silence strict ou tout au moins à la plus grande discrétion sur ce sujet. Car non seulement les gens ne sont pas prêts et suffisamment instruits pour entendre et accueillir une telle affirmation, mais également parce que les disciples eux-mêmes ne réalisent pas encore à sa juste mesure l’immensité de la mission de celui qui s’est révélé comme le Fils de l’homme. Mais en même temps, Jésus leur indique le chemin de sa royauté: «Et pour la première fois, il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.» ( 31).

Pour les disciples, c’est là un choc, une désillusion peut-être… mais en tout cas ils savent désormais que le règne dont parle Jésus n’est pas un règne de possession ni de domination, de mise en esclavage ni de vengeance. Il s’agit plutôt du règne de la souffrance salvatrice par la Croix, de l’Amour-tendresse qui pousse jusqu’à donner sa vie pour le monde des pécheurs. La réaction de Pierre est parfaitement compréhensible; le Messie triomphant qu’il attend, il ne peut se l’imaginer souffrant et mourant. Non ! Jésus vient de faire des miracles, y compris de ressusciter des morts: il est donc maître de la vie et de la mort. Pierre refuse (et c’est son premier reniement) de suivre Jésus sur le chemin de la souffrance et de l’humilité, celles que décrit Isaïe dans la Première lecture de ce dimanche. Mais ce sont là des influences du démon. Saisissant personnage que ce Pierre sur qui souffle l’Esprit-Saint de Dieu et la malice de l’esprit mauvais.

Mais, les choses étant désormais dites, Jésus pose les conditions pour le suivre: «Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit: «Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Evangile la sauvera.» Une parole qui, aujourd'hui encore plus qu'hier, nous est destinée à nous chrétiens, dans notre monde lancé dans un processus impitoyable de formatage et d'homogénéisation, notre monde que l'on prétend décloisonner sous prétexte de "libération", notre monde que le matérialisme de consommation assèche jusque dans ses valeurs spirituelles fondamentales. Croire aujourd'hui et surtout vivre sa foi en actes, comme le demande Saint Jacques, est devenu périlleux, anachronique, voire démodé. Pourtant, la Parole du Christ n'a jamais été aussi actuelle et son urgence aussi vitale. A nous de la vivre et de l'annoncer au monde, là où nous sommes, en dépit des risques de toutes sortes… à l'exemple du Christ lui-même.


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