24/11/2008

Seigneur, fais-nous vivre et invoquer ton nom !

Bonjour !
Il est préférable de lire ce psaume en entier pour en saisir à la fois le rythme et le message. Invocation du Dieu puissant et misécordieux pour un peuple souvent infidèle et peu confiant, il crie l'espérance intarissable qui naît de la connaissance de ce Dieu qui pardonne et qui aime toujours.

Psaume (79, 2.3bc, 15-16a, 18-19)

02 Berger d'Israël, écoute,
toi qui conduis Joseph, ton troupeau :
resplendis au-dessus des Kéroubim,
3b Réveille ta vaillance
3c et viens nous sauver.

15 [R / ] Dieu de l'univers reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
16a celle qu'a plantée ta main puissante,

18 Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l'homme qui te doit sa force.
19 Jamais plus nous n'irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
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Ce psaume est en réalité une prière pour la restauration d’Israël dans sa globalité, c’est-à-dire aussi bien Israël du Nord (dévasté par les Assyiriens) que Juda après le sac de Jérusalem par les armées du cynique roi Nabuchodonosor. La restauration invoquée ici induit la réunification du Royaume dans es limites géographiques naturelles, «jusqu’à la mer et du côté du Fleuve» (v. 12). Il est intéressant de noter que le psalmiste impute la situation désastreuse que vie le peuple d’Israël à son éloignement de Yavhé. Se séparer de Yavhé ou même s’éloigner de lui est donc la cause de toute errance, parce qu’on se retire soi-même de l’ombre de ses ailes protectrices. Vers Dieu dont il pense qu’il s’est retiré de la scène humaine, vers celui dont il n’aperçoit plus la face, le psalmiste lance un cri de détresse et d’espérance à la fois: «Dieu de l'univers reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois: visite cette vigne, protège-la, celle qu'a plantée ta main puissante…».
Et puis, il y a cette image de la vigne, symbole d’Israël et de la joie nourrie par le vin qu’elle produit. Mais aussi cette vigne à laquelle le Christ, par son incarnation, s’identifiera comme cette plante vivante au cœur de l’humanité et de son Eglise: «Je suis le vrai cep et mon Père est le vigneron » (Jn 15, 1 et sq). Nous savons également qu’il fera du «fruit de cette vigne» l’Eucharistie de la nouvelle Alliance. Rappelons-nous les paroles du célébrant au moment des offrandes pendant la messe: «Tu es béni, Dieu de l'univers, Toi qui nous donnes ce pain et ce vin, fruits du travail des hommes; nous te les présentons pour qu'ils deviennent le corps et le sang de l'alliance nouvelle»… Lui le cep, la vraie vigne ne décevra pas l’attente divine.

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• Note complémentaire

Notons également l’usage par le psalmiste de divers mots et expressions pour dire une pensée précise : il parle d’Israël (c’est-à-dire le peuple élu dans son ensemble) puis de Joseph (c’est-à-dire le Royaume du Nord, dont Ephraïm et Manassé sont les tribus dominantes) — Dans la représentation juive, l’Arche de l’alliance était placé au-dessus des chérubins et des autres puissances célestes, comme lieu du trône de Dieu — «Dieu des armées»: ce terme désignant celui qui commande les armées des anges et des étoiles et qui assigne sa place à toute chose dans l’univers, qui le contrôle, le régit et donc peut sévir toute “effraction“ à l’ordre par lui établi (voir aussi dans le Ps 24, 10) — Israël, le fils que Dieu a rendu fort (“Israël est mon fils, mon premier-né“ – Ex 4, 22) par la puissance de la main droite de Dieu: étonnante association des mots fils et droite qui rappelle la signification même du nom de Benjamin, à savoir “Fils de ma droite“ (voir Gn 35, 18). — “Le Fils de l’homme“: ici, cette expression désigne Israël, Ben adam, tiré de la terre et du milieu des hommes. — «Invoquer le nom de Dieu» est en soi un gage de salut; le psalmiste l’invoque et même le convoque dans la vie d’Israël qui l’appelle par son nom de chef : “Eternel, Dieu des armées“.

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