15/12/2008

Es-tu Celui qui doit venir?

Bonjour !
L'Evangile de ce troisième dimanche de l'Avent est de saint Jean (Jn 1, 6-8.19-28)


1
06 Il y eut un homme envoyé par Dieu.
Son nom était Jean.
07 Il était venu comme témoin,
pour rendre témoignage à la Lumière,
afin que tous croient par lui.
08 Cet homme n'était pas la Lumière,
mais il était là pour lui rendre témoignage.
19 Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander: « Qui es-tu ? »
20 Il le reconnut ouvertement, il déclara : «Je ne suis pas le Messie.»
21 Ils lui demandèrent : «Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie?» Il répondit : «Non. — Alors es-tu le grand Prophète ? » Il répondit: « Ce n'est pas moi. »
22 Alors ils lui dirent: «Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même?»
23 Il répondit: «Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe.»
24 Or, certains des envoyés étaient des pharisiens.
25 Ils lui posèrent encore cette question: «Si tu n'es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu?»
26 Jean leur répondit: «Moi, je baptise dans l'eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas:
27 c'est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale.»
28 Tout cela s'est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l'endroit où Jean baptisait.
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«Soyez dans la joie ; soyez toujours dans la joie ; rendez grâce à Dieu en toutes circonstances…»

La Parole de Dieu en ce 3ème Dimanche de l’Avent nous invite donc à la joie. D’ailleurs, autrefois, ce dimanche était appelé «le dimanche “gaudete !“ », c’est-à-dire “réjouissez-vous !“. Et pourquoi cet appel à la joie ? Notre Dieu serait-il donc un Dieu joyeux ? Difficile de comprendre un appel aussi «décalé» face au flot de mauvaises nouvelles qui nous arrivent de par le monde : guerres par-ci, famine par-là, crise financière partout, inégalités scandaleusement grandissantes entre riches et pauvres (individus et Etats), catastrophes naturelles, épidémies de toutes sortes dues à la malnutrition, à l’insalubrité, à l’irresponsabilité des hommes, dont certains politiciens qui ne reculent devant rien pour s’accrocher au pouvoir et s’arroger des richesses pourtant dites « nationales »… Dieu ne voit-il pas cela quand il nous invite néanmoins à la joie ?
«Ouvez-vous à la lumière, applanissez le chemin du Seigneur», nous a encore dit saint Jean dans l’Evangile. C’est que le Dieu que nous attendons et que nous devons annoncer au monde est un Dieu de joie. Et bien mieux qu’une simple annonce, la joie doit transparaître à travers notre vie de chrétiens. Or quand on regarde autour de soi, y compris dans nos communautés paroissiales, il n’y a pas encore vraiment beaucoup de visages illuminés, pas beaucoup d’yeux qui brillent de joie… Alors, comment faire pour vivre cet appel? Pour essayer de répondre à ces interrogations, voici une petite histoire qui pourrait illustrer particulièrement la lettre de saint Paul: elle nous parle du Père Noël. Aujourd’hui, le Père Noël va nous aider en quelque sorte à donner du sens à notre existence…
“Une année, le brave et bon vieux Père Noël regarde avec frayeur son carnet de carnet de commandes ; sa fabrique de jouets dans laquelle s’activent anges et autres bonnes fées pour réaliser les cadeaux de tous les enfants de la terre est en plein tumulte. Pas une seule catégorie de jouets n’est terminée alors que le calendrier vient lui rappeler que l’on est déjà en octobre. La cause de cette situation catastrophique, il la connaît bien. Face aux disputes et aux dissensions entre hommes, il avait dû envoyer ses meilleurs anges sur terre pour être des anges gardiens, une sorte d’armée pour la paix. En effet, les hommes étaient devenus si mauvais qu’ils se disputaient sans cesse entre eux ; ils étaient si méchants qu’un ange par personne ne suffisait plus pour les empêcher de commettre toutes les bêtises qui leur passaient par la tête: c'est ainsi que de plus en plus d’anges étaient envoyés sur terre pour convaincre les hommes de rester dans le bien… mais en vain !
Les nouveaux anges embauchés, peu habitués ou peu professionnalisés pour le travail à la fabrique, ont du mal à tenir la cadence. Bon Papa Noël a beau se creuser les méninges, il ne sait plus comment satisfaire ses clients dans les délais. Le travail n’avance donc pas… C’est alors que l’un des anges ouvriers trouve une idée astucieuse: «plutôt que de tourner en rond ici, je vais descendre sur terre». Et, sans en réferrer à son patron, le voilà qui s’y rend discrètement. Après en avoir fait le tour, il retourne à la fabrique où le Père Noël l’attend de pied ferme. Sortie non autorisée, et plus grave encore, voyage sur terre. Dorénavant il lui est interdit non seulement de sortir de la fabrique, mais même certains endroits lui en sont désormais inaccessibles sans autorisation expresse des responsables du ciel. Cependant, notre jeune ange se met à raconter les péripéties de son voyages sur terre dont il a tiré quelques idées pour le travail à la fabrique. Les chefs d’équipe et les responsables n’en reviennent pas. Pris de frayeur, leurs visages palissent, leurs gorges se nouent et leurs voix deviennent tremblantes; leur regard d’habitude si doux est rempli de colère. Ils décident alors de couper les ailes à l’angelot qui ne comprend pas du tout leur énervement. Qu’a-t-il donc fait de si mal ?
Sur terre, notre jeune ange était notamment tombé sur un groupe d’hommes préoccupés par la sauvegarde de la nature; aussi avait-il pensé leur offrir un paquet-surprise avec quelques voix électorales en prime, pas forcément pour emporter les prochaines élections, mais au moins pour qu’ils soient mieux entendus, plus influents. Notre angelot ne s’était pas renseigné pour savoir si ces hommes étaient du bon parti, il avait juste été touché par leur préoccupation pour la santé de la terre. A une communauté chrétienne, en complément de leur abonnement aux revues «Challenge» et «La semaine sociale», il voulait ajouter «La vie», «Pélerin magazine», «Témoignage chrétien», «La Croix», «Messages des paroisses». A une communauté paroissiale qui chantait «Réjouissez-vous, soyez toujours dans l’allégresse», il voulait offrir les visages qui vont avec, car l’assemblée n’avait pas conscience qu’elle chantait avec tristesse et sans conviction. A un petit groupe de pacifistes, il voulait offrir la force de persuasion pour convaincre les politiques et vaincre les querelles de toutes sortes. A un groupe d’adultes qui vivaient près d’eux, il voulait la capacité de comprendre et de souscrire à leur idées, plutôt que de les craindre et de les diaboliser. A ceux qui se sentaient provoqués par tous ceux qui n’étaient pas comme eux, il souhaitait offrir un peu d’amour, de respect et de découverte-connaissance de ce qui était bon et beau chez l’autre. Aux grands prédicateurs et moralisateurs, il voulait offrir des petites actes, des petits pas dans la bonne direction. A ceux qui se mettaient en colère chaque fois qu’un tort leur était causé, il s’apprêtait à offrir un peu de sainte colère, un peu de pardon de Dieu, du feu purificateur de son Esprit Saint. Et ainsi de suite… C’est dans ce contexte que, durant son tout du monde, notre angelot avait eu des idées vraiment dans l’esprit des cadeaux célestes. Mais pour les responsables de la fabrique, il en était autrement. Les destinataires des cadeaux étaient pour certains des idéalistes que l’on traite souvent de rêveurs ou de fous ; d’autres passaient pour d’affreux libéralistes, d’autres encore pour des gens bien éloignés de l’Eglise… «Alors, disaient les responsables et les chefs de la fabrique, avec de tels cadeaux, les anges célestes, si braves et si gentils, n’avaient plus rien à faire». Mais le jeune ange rétorqua: «Je ne dis pas qu’il faut reconnaître tous ces hommes comme des saints; ils en sont pour la plupart et souvent bien loin. Mais ce qui est bon en eux ne devons-nous pas le reconnaître et l’encourager? D’ailleurs, nous pourrions peut-être même apprendre de ces hommes des choses intéressantes si nous laissons de côté le mauvais qui est en eux.» Mais tout le monde le traitait de naïf ou bien de vouloir la perte du ciel.

Voilà que tout est dit en ces quelques mots : savoir et être capable de reconnaître ce qui est bon et ce qui est mal. Cependant, voyez-vous, l’histoire ne nous dit pas ce qu’avait pensé le Père Noël en apprenant ce qu’avait fait ou proposé ce jeune ange. Attendons le soir de Noël et regardons les cadeaux au pied du sapin. N’oublions pas les autres, souvent moins visibles. Je suis sûr que nous découvrirons que le Père Noël n’a pas réagi comme les chefs d’équipe de sa fabrique de cadeaux. Lui s’est certainement souvenu des propositions de son angelot et des paroles de l’Apôtre Paul: «N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le» (1 Th 5, 16-24).

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