16/07/2008

"Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple
que le juste doit être humain…"

Bonjour !

Écrit en grec – probablement un trentaine d’années avant notre ère - le livre de la Sagesse est resté longtemps en dehors de la Bible hébraïque. Il est pourtant l’expression nouvelle de sa foi et de ses traditions séculaires par un juif d’Alexandrie. Pour les juifs ou les païens de l’époque, il s’agit là d’une forme originale de la proclamation du mystère de la Sagesse qui prendra corps en le Messie dont la venue est proche. Ainsi, la Sagesse n’est pas qu’une simple capacité intellectuelle à chercher à comprendre et à discerner le bien et le mal : elle est un attribut divin. L’homme est donc appelé à rechercher sans cesse et acquérir cette sagesse qui est au cœur de sa destinée individuelle et collective. Plus qu’un savoir, plus qu’un savoir-faire ou un savoir-être caractéristiques de cette capacité humaine (presque innée) à bien conduire sa vie, la vraie Sagesse est elle-même une forme de la foi en Dieu : la crainte de Dieu devient sagesse. (Pr 11, 1 ; 15, 18 ; 16, 11) " Par la crainte de Dieu, on évite le mal " (11, 6). C’est cette même Sagesse qui sera comptée parmi les sept dons de l’Esprit Saint de Dieu.

Le premier texte que nous propose la liturgie de ce 16ème dimanche du temps ordinaire est justement extrait du Livre de la Sagesse (Sg 12, 13.16-19).
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12

13Il n'y a pas de Dieu en dehors de toi, Seigneur,
13toi qui prends soin de toute chose,
13et montres ainsi
13que tes jugements ne sont pas injustes.
16Ta force est à l'origine de ta justice,

13et ta domination sur toute chose
13te rend patient envers toute chose.
17Il montre sa force,

13l'homme dont la puissance est discutée,
13et ceux qui la bravent sciemment, il les réprime.
18Tandis que toi, Seigneur, qui disposes de la force,
13tu juges avec indulgence,
13tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement,
13car tu n'as qu'à vouloir pour exercer ta puissance.
19Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple
13que le juste doit être humain,
13et tu as pénétré tes fils d'une belle espérance :
13à ceux qui ont péché tu accordes la conversion.
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Quelques pistes pour notre méditation

Dimanche dernier, nous avons pu lire dans l’évangile : «Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits.» (Mt 11, 25). Cest dire que Dieu seul connaît le fond des êtres et des choses, lui seul les possède et ce, en dépit des efforts que déploient les hommes pour tenter d'en percer les secrets avec leur intelligence, leur raison (comme diraient les grecs). Dieu puissant (il domine, dispose de la force, réprime, juge et gouverne), mais également Dieu patient (il prend soin, il fait montre d’indulgence, il ménage ceux qui pourtant bravent sa puissance, il accorde son pardon et la conversion des pécheurs car le juste doit être humain). Cette coexistence de la puissance de Dieu et de son pardon ne peut être attribuée à un vil usage de la carotte et du bâton. Dieu est puissant mais juste, il est dominateur mais laisse sa place à l’homme : sa patience est celle-là même qui vient de l'Amour. Et l’espérance dont il a pénétré ses fils préfigure cette humanité que Dieu lui-même investit ainsi que cette nouvelle alliance qu’il construit avec force pédagogie dans sa relation avec son peuple.
Si donc l’homme se donne les moyens (volonté et espérance) de sa ressemblance à Dieu, alors il doit changer complètement sa vision sociologique et religieuse des rapports humains. Une vision et un idéal humains qui, jusqu’à présent, étaient à l’opposé de ce que Dieu propose tout au long de sa relation avec le peuple d'Israël et, au-delà, de tous les peuples de la terre : indulgence, non-violence, pardon et amour. N’oublions pas que nous sommes dans des contrées où les conquêtes sont rudes, aggressives et dévastatrices : le vaincu n’est plus considéré comme un homme, comme un semblable, il n’est désormais qu’un soumis, un esclave. Or la puissance de Dieu ne montre que douceur et patience, élévation et respect, fécondation et libération…

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